Chapitre 7
Il avait froid et était seul, avait envoyé quatre messages à Louis et essayé de l'appeler cinq fois mais il ne lui répondait pas du tout, Harry pensa donc sarcastiquement que décembre avait merveilleusement bien commencé.
Le matin après que Louis soit parti, il était arrivé à ne pas en parler jusqu'à ce que quelqu'un demande, et ce fut au dîner ce soir-là - quand Leigh-Anne avait innocemment demandé si Louis mangeait à l'appartement ce soir car elle devait lui parler de quelque chose - que Harry avait craqué. Il avait éclaté en sanglots devant la cuisinière, causant Leigh-Anne et Jesy à rapidement le rejoindre, lui tendant du vin et du chocolat avant de l'emmener dans la chambre de Leigh-Anne (qui était très violette, sentait le fruit et était magnifique) alors qu'il s'essuyait furieusement les yeux. Il avait fait brûler ses fajitas mais elles avaient pris correctement soin de lui, et lorsque Niall et Liam étaient revenus du pub plus tard, ils avaient regardé Scarface dans la chambre de Liam, ce qui l'avait aidé à se vider un peu la tête.
Mais ça n'avait pas aidé qu'il doive aller se coucher dans un lit trop grand (enfin, toujours assez petit) et trop froid dans une trop grande chambre.
Après ça, personne ne lui disait rien en face mais il était sûr qu'ils se chuchotaient des choses sur lui derrière son dos. Grâce à Perrie, il était sûr que tout le monde savait que Louis et lui étaient ensemble - ou peu importe ce qu'étaient ces quelques jours de bonheur absolu - et ils ne voulaient sûrement pas le blesser, mais c'était pire. Il voulait juste faire comme si de rien n'était.
Il était assis dans sa chambre pendant un après-midi frais trois jours après que Louis soit parti - et trois jours après qu'il ait complètement arrêté de lui parler - lorsqu'on tapa doucement à sa porte. Il l'ignora presque - à ce stade, il préférait autant rester dans sa propre pitié, merci beaucoup - mais il finit par se lever pour ouvrir à Perrie.
"Salut, chéri," dit Perrie en lui souriant doucement. "Je peux rentrer ?"
Harry haussa les épaules, laissant la porte ouverte alors qu'il retournait se vautrer sur son lit. Elle s'assit sur l'oreiller, se tenant contre le mur et croisa les jambes, puis Harry eut un élan de jalousie lorsqu'il vit qu'elle portait le bonnet de Zayn.
"Comment tu vas ?" Demanda-t-elle. Il fronça son nez, se rappelant que la jalousie était un très mauvais défaut et qu'il ne devrait pas être jaloux de Perrie, et haussa les épaules.
"J'ai été mieux."
"Tu lui as parlé ?"
"Même pas un Snapchat quand il était bourré," dit doucement Harry. Perrie s'avança et lui pressa le genou.
"C'était Mark, tu sais. Quand tu m'as demandé à propos de ces choses d'avant, après l'émission." Harry s'en rappelait assez bien, repensant au temps où il revenait dans une chambre chaude, son meilleur ami avec des lèvres douces dans son lit, sa mèche lui chatouillant le front quand il était penché au-dessus de lui lorsqu'il l'embrassait comme si c'était la chose la plus importante au monde. "Il m'en a parlé il y a longtemps, avant Halloween, qu'il y avait ce gars hétéro avec qui il était en quelque sort impliqué. Je lui ai dit qu'il devrait t'en parler parce qu'il parlait toujours d'à quel point tu étais bon pour donner des conseils-" Harry ne pouvait même pas sourire à ça. "-et il arrêtait pas de dire qu'il le ferait, mais je suppose qu'il ne l'a jamais fait."
"J'en ai fait une grosse histoire," dit-il doucement, une boule se formant dans sa gorge, et putain, il avait assez pleuré, mais son corps ne semblait pas comprendre le message. "Je - quand Nick me l'a dit, j'ai juste, j'ai réagi plus que j'aurais dû. J'en ai fait tout un drame alors que j'aurais pas dû. Je-" Il ferma les yeux, sa lèvre inférieure tremblait.
"C'est pas de ta faute, Harry, ça ne l'est pas du tout - ne remets pas ça sur toi. Oh, chéri, viens ici."
Il ne pouvait pas s'en empêcher - les larmes dévalaient silencieusement ses joues, puis les bras chauds et parfumés de Perrie l'entourèrent, les mains frottant son dos.
"Pourquoi il me parle pas ?" Arriva à formuler Harry, reniflant fortement et s'essuyant le visage avec la manche de sa veste - il refusait de la laver même si elle avait été inondée par les larmes de ces derniers jours car Louis avait l'habitude d'aimer la porter et, s'il y faisait attention, elle sentait encore un peu son odeur. "Il sait - il sait que c'était pas moi, je le mettrais jamais dehors, et je - je m'en fiche un peu de s'il veut être avec Mark, je veux juste lui reparler-"
"Je sais pas, chéri, je sais pas. Il veut pas me le dire et Zayn me le dira pas non plus, je sais pas."
Harry fronça les sourcils et plia ses manches dans ses mains. "Vous lui avez parlé ?"
Perrie se figea d'un coup et arrêta de caresser le dos de Harry avant de se reculer et de prendre une expression coupable. "Je suis tellement, tellement désolée, c'était ce qu'il avait demandé-"
"Quoi ?" Demanda Harry. Il avait l'impression qu'un étau compressait sa poitrine.
"On est allés le voir hier," dit-elle doucement en lui attrapant la main. Il ne bougeait pas. "Chéri, je t'aurais dit quelque chose mais t'étais sorti avec Nick et - bah, Zayn a dit que Lou ne voulait pas venir. C'était juste moi, Zayn, Jesy, Niall et Liam. On y était pas tous. S'il te plaît, ne nous en veux pas, Harry, on voulait pas-"
"Je vous en veux pas," marmonna-t-il, la gorge et la poitrine incroyablement serrée. "Je comprends juste pas."
"Si ça te fait aller mieux, il déteste ses nouveaux colocataires et il - enfin, il a pas l'air bien, vraiment, il a l'air crevé et il était pas comme d'habitude même si on l'a emmené manger au pub pour lui remonter le moral." Elle lui sourit tristement. "Tu sais comment il est, il est têtu comme une mule. La seule chose qu'il a dite était que tu lui as dit quelque chose que tu ne pouvais pas retirer, et que les choses ne pouvaient pas revenir comme elles étaient. Je suis sûr que c'était pas si mal, je suis sûr qu'il va revenir..."
Il la laissa déblatérer pendant qu'il pensait aux conséquences des mots. Tu lui as dit quelque chose que tu ne pouvais pas retirer, les choses ne pouvaient pas revenir comme elles étaient.
"Je lui ai dit que j'étais amoureux de lui," dit-il doucement. Le visage de Perrie se décomposa.
"Oh, Harry," fut tout ce qu'elle pouvait lui dire tandis qu'elle lui refaisait un câlin, et c'était vraiment la confirmation pour Harry que la seule chose que cela voulait dire était que Louis ne pouvait plus être près de lui, tout ça car Harry l'aimait et qu'il ne l'aimait pas en retour, même pas un minimum.
Le Jour Cinq Sans Louis était froid et glacial et gris.
Le choses n'allaient pas vraiment mieux.
C'était assez bizarre d'être avec ses amis loin de Louis. Enfin, ce n'était pas qu'il ne savait pas comment être avec eux sans Louis, c'était juste qu'ils étaient une sorte de package: Louis et Harry, Harry et Louis, jamais l'un sans l'autre. C'était bizarre d'être battu à FIFA par Niall, Liam et Zayn sans Louis pour attaquer son adversaire quand il était proche des cages pour qu'il puisse marquer, et perdre n'était pas aussi marrant quand il n'avait pas Louis qui mettait sa tête sur ses cuisses et caressait son visage en dégageant les autres garçons qui l'embêtaient en punition.
Mais il devait passer à autre chose, être Harry Sans Louis, car sinon il allait finir enfermé dans sa chambre à pleurer sur du Adèle - toutes les paroles de chansons étaient plus douloureuses maintenant, et il allait passer ses soirées sur Spotify à écouter toutes les playlists de chansons d'amour et essayer de ne pas pleurer, ce qui était, il réalisa, une évolution extrêmement mauvaise - donc il accepta l'invitation de Niall pour aller à la soirée karaoké au bar un vendredi soir. Il avait la ferme intuition que c'était une invitation de pitié car ça avait toujours été le truc de Niall avec ses amis de la musique. Il se lava les cheveux et glissa soigneusement ses doigts dedans pour les coiffer, mit son pantalon et un pull propre qu'il avait trouvé au fond de son tiroir, et alla toquer à la porte de Niall.
"Ça va ?" Demanda Niall en le laissant rentrer. Il était seulement en caleçon. Ce n'était pas vraiment une très bonne vue.
"Hum, t'as besoin d'une... minute ?"
"Nah, faut juste que je trouve mon jean. T'es bien habillé, au fait."
"Hum, merci." Il était appuyé contre la porte - le lit était un bordel monstre, les habits et les sous-vêtements étaient entassés sur la couverture défaite alors que Niall fouillait parmi eux. Il s'habilla rapidement et ils sortirent; ils retrouvèrent ses amis au pub, qui était environ à une demie heure. Sur le chemin Niall était bavard, évitant tout ce qui avait un rapport avec Louis, ce que Harry apprécia, et lorsqu'ils arrivèrent au pub, Harry était de bonne humeur, surtout quand Niall paya la première tournée.
"Oh, Harry, ils sont là. Ed et Josh, c'est mon colocataire Harry." Harry leur hocha la tête lorsqu'ils s'approchèrent, un était roux avec une guitare dans le dos. "Harry, c'est Ed et Josh, ils sont dans mon cours. Et des musiciens géniaux aussi."
"On veut t'entendre chanter, mec," dit Josh en lui serrant la main. Harry fronça les sourcils, la pinte à mi-chemin de sa bouche.
"M'entendre chanter ?"
"Oh, ouais, euh." Niall devint soudainement intéressé. "Bah, le truc est que, cette soirée karaoké... c'est un peu un truc important. Il y a cinq grands prix pour la meilleure performance, tu vois ? Enfin, c'est pas vraiment du karaoké. C'est un peu une battle de groupes. Et on a besoin d'un quatrième membre. Je t'ai entendu chanter dans la douche donc..."
"Je suis contraint de rentrer dans un groupe pour te faire gagner de l'argent ?"
"Bah, c'est pas vraiment pour moi. C'est pour Ed." Harry n'était pas moins confus. "C'est un musicien putain de bon, Harry, tu devrais écouter ses trucs. Il veut être signé et tout ça. Donc on le fait pour lui. T'as juste à te tenir debout et être beau si tu veux, Ed et moi on peut chanter si tu veux... mais tu as une belle voix rauque donc on pensait que ça nous donnerait de la versatilité."
"C'est fou," dit Harry, et Ed lui sourit.
"Mais t'es d'accord, hein ?"
"Ouais," répondit-il en souriant à sa pinte alors qu'ils allaient s'asseoir.
Comme il l'avait dit, ce n'était pas vraiment du karaoké, plus des performances amateurs; il y avait de bons groupes et d'autres spectaculairement mauvais, mais tout le monde avait l'air d'y prendre très au sérieux. Ils avaient tous une feuille où ils marquaient leurs groupes préférés pour qu'ils atteignent la prochaine étape en janvier: apparemment c'était mensuel, avec la finale en mai.
"C'est un genre de X Factor merdique," expliqua Josh.
"J'ai hésité à aller à X Factor quand j'avais seize ans," dit Harry avec un petit rire. "C'est pas une blague. Je suis allé aussi loin que les inscriptions et j'ai abandonné."
"Eh bah, c'est évidemment le deuxième plus gros concours de chant," répondit Josh avec un clin d'oeil. Harry était assez nerveux mais la bière l'aidait, et quand Ed lui a dit qu'ils allaient faire Use Somebody de Kings Of Leon, il devint excité.
"J'adore cette chanson," s'exclama-t-il. Niall lui donna un petit coup dans les côtes.
"C'est pas vraiment un secret, c'est ce que je t'ai entendu chanter dans la douche. T'as une voix géniale. Peut-être qu'on peut te laisser une partie, si tu veux ?"
Harry y réfléchit, un peu saoul et le monde plein de possibilités: peut-être que c'était car il s'amusait et qu'il ne pensait pas du tout à Louis qu'il dit oui.
Quand ce fut leur tour de monter sur scène, Harry ne put s'empêcher de ressentir cette chose comme quand il avait seize ans: qu'être sur scène à faire plaisir aux gens était pour quoi il était né, pas être assis derrière un bureau à l'école à apprendre l'algèbre. Le côté sensible de son cerveau avait gagné cette fois, lui disant qu'il était temps de devenir une star planétaire après avoir fini l'école, parce que si ça ne marchait pas ? Il devait avoir des options. Mais il avait passé ses A-Levels et ses inscriptions UCAS et maintenant il était là, à étudier quelque chose dont il ne se voyait même pas dedans et toujours sans carrière de star planétaire en vue. Ce n'était même pas une carrière planétaire qu'il voulait, vraiment. Il voulait juste rendre les gens heureux.
A la surprise de Harry - même s'il se sentait mal - ils avaient absolument géré la cover de Use Somebody, et les applaudissements qu'ils eurent rendirent Harry heureux. Il acheta à tout le monde une autre bière et parla avec Ed, qu'il commençait à apprécier.
"C'était incroyable," dit-il, incapable de s'arrêter de sourire. Ed haussa les épaules.
"Ça allait, pour une foule de cette taille. Mais t'étais génial, mec. Tu devrais venir quand on joue. Tu joues ?"
"Hum. Un peu de guitare. Mais," dit-il en regardant la guitare d'Ed, "sûrement pas aussi bien que toi ou Niall."
"C'est pas grave, tu peux juste chanter. Des fois c'est juste pour combler, je reconnais."
"Ouais, peut-être," dit Harry en buvant. "Hey, c'est quoi ce truc avec ta propre musique ? J'aimerais bien y écouter. Je suis à la radio de l'université les weekends - Je veux dire, c'est tard le soir, donc il n'y a pas beaucoup d'auditeurs, mais quand même, si je peux aider."
Ed lui sourit, semblant positivement surpris. "Wow. J'adorerais. J'ai quelques CD dans ma voiture que je peux te donner, si tu veux. Mais sans pression, tu sais. Je sais à quel point c'est chiant d'être obligé d'aimer des choses que tu n'aimes pas."
"Je te promets. Je les mets que si j'aime. Promesse du petit doigt." Ed rit en prenant son petit doigt.
"D'accord. Je te crois. Santé."
"Pas de problème."
A sa surprise, Harry ne pensa pas à Louis pendant le reste de la soirée, donc il y compta comme un succès.
Harry écoutait des chansons d'Ed sur son ordinateur le lendemain, complètement captivé, quand son téléphone sonna sur son genou. Zayn. Il retira ses écouteurs, fronçant les sourcils en répondant.
"Oui ?"
"Ecoute, mec." Il semblait ennuyé. "Je sais que t'es là-dedans. Je veux juste parler, ok ?"
"Je suis pas..." Harry regarda la porte, écartant son ordinateur sur le côté et alla l'ouvrir. Zayn était là, à regarder le sol et semblait assez énervé. Il releva la tête lorsque Harry dit, toujours avec son téléphone contre l'oreille. "Salut. J'avais mes écouteurs."
"D'accord." Zayn mit son téléphone dans sa poche et croisa les bras. "Je peux rentrer deux minutes ?"
"Bien sûr." Harry se recula et regarda Zayn rentrer, s'asseoir sur sa chaise de bureau et ronger son ongle. Harry se rassit sur son lit, tenant son oreiller contre son torse. "Qu'est-ce qu'il y a ?"
"Je pense qu'il faut que tu parles à Louis."
Harry fronça les sourcils, ressentant une de ces vagues d'agacement qu'il avait beaucoup ressenti depuis que Louis était parti. "Tu penses que j'ai pas essayé ? Il ignore tous mes messages et à chaque fois que je lui téléphone je tombe directement sur sa messagerie-"
"Non, non." Zayn se recula sur la chaise, faisant taper ses doigts sur les accoudoirs. "Genre, lui parler. Le voir."
Harry reposait son menton sur le dessus de l'oreiller. "Il veut pas me voir," dit-il doucement. Zayn secoua la tête.
"Si, Harry. Je sais qu'il le veut. Tu lui manques comme un fou. Il ne le dira pas mais il le pense. Il est misérable et il a arrêté d'aller en cours donc c'est pas marrant d'être avec lui. Je sais pas ce que tu lui as fais-"
"J'ai rien fait," interrompit Harry.
"-mais il faut que tu arranges ça, d'accord ? Vous êtes tous les deux insupportables. De la façon la moins insultante possible," dit-il après un moment. Harry était silencieux. Il ne pouvait pas voir Louis car il ne s'arrêterait jamais et ne lui donnerait pas de temps pour avoir une conversation, dans laquelle il pouvait dire désolé d'avoir dit que j'étais amoureux de toi même s'il n'était pas sûr qu'il le pensait. "Harry, mec. Louis t'aime à mourir."
Harry voulait dire non il ne m'aime pas, il m'aime pas sinon il l'aurait dit, mais au lieu de ça, il dit, "Il a une façon assez merdique de le montrer."
"T'as déjà rencontré Mark Fennelly ?" Harry le regarda donc il ajouta. "Je suis juste curieux. C'est tout. Alors ?"
"Une fois. En quelques sortes."
"C'est un gars bien, tu sais. L'alcool fait ressortir le pire de lui. Je suis pas sûr qu'il se rappelle la moitié des fois où il s'est passé quelque chose entre lui et Louis."
"C'est pas très réconfortant, Zayn, merci," dit Harry, la tête tournant à l'image de Louis et de Mark Parfait. Zayn sourit avec regret.
"Ok. Regarde. C'est ce que j'essaye de dire. Louis aime les garçons qu'il ne peut pas avoir. Comme ça il a toujours une excuse pour quand ça ne marche pas ou que quelque chose se passe mal. Il ne m'a jamais parlé d'ex, du moins pas d'ex petits-amis. Je ne crois pas qu'il se fasse confiance avec toi, Harry. Je crois qu'il a été blessé une fois et qu'il se fait confiance avec personne."
"Et je suis supposé faire quoi avec ça ?" Demanda-t-il tristement. "Je lui ai dit que je l'aimais. Je m'en fiche de ce que les autres lui ont fait. Je le traiterais correctement. Il devrait savoir que je le ferais."
Il leva le regard et vit l'expression de Zayn, s'étant considérablement adoucit depuis qu'il était rentré. Il sourit, secouant la tête et se gratta l'intérieur du bras.
"Merde."
"Quoi ?"
"Tu lui as dit que tu - oh, il est trop con, putain de merde. Ecoute, je connais le code de la porte de son appartement, je vais te l'envoyer en message. Tu sais où il habite maintenant, hein ?"
"Bah - c'était dans ses lettres, mais je sais pas-"
"Pars et va le voir. Allez. Il en a besoin, t'en as besoin, notre groupe entier en a besoin. Allez," l'urgea-t-il, se levant et ouvrant ses bras. "Putain de merde, Harry, laisse-moi te faire un câlin. Je suis désolé qu'il soit con, mec. Vraiment désolé." Quelque peu confus, Harry se glissa dans les bras de Zayn alors qu'il tapotait son dos. "J'aime Louis mais des fois j'ai envie de lui taper la tête contre un mur de briques. Ça va ?"
"Je suis perdu," répondit honnêtement Harry tandis que Zayn se reculait, et haussa les épaules. "Je sais pas. Je suis pas bien. Il me manque. Je pensais pas que tout ça le rendrait si... distant."
"Pars et va le voir," fut le dernier conseil de Zayn. Harry ne pouvait s'empêcher de penser que ça allait rendre les choses mille fois pires.
"Donc on va terminer avec nos propositions," dit Harry dans le micro tandis que les dernières notes de Miracles de Hurts s'atténuaient. "Si vous avez des chansons que vous aimeriez qu'on passe, ou juste que vous avez envie de nous parler, vous pouvez nous tweeter sur Pulse Radio ou aimer notre page Facebook-"
"Ou, si vous êtes magnifiques et que vous cherchez l'amour, vous pouvez aller voir Harry sur son compte sur Match.com-"
"-pour-" Harry ne put s'empêcher de rire, faisant un bruit peu attrayant avant de recouvrir immédiatement sa bouche avec sa main, sous le choc. "Non, non, attendez, j'ai pas de compte Match.com-"
"Il aime les garçons aux yeux bleus et les promenades dans le parc," ajouta Perrie en lui souriant, mais Harry n'arriva pas à sourire en retour car il se rappela soudainement de la semaine précédente, embrassant un garçon aux yeux bleus sur un banc mouillé dans le parc au centre de la ville.
"J'en ai marre de toi," dit-il, content qu'il était à la radio pour que personne ne puisse voir son visage. "On va finir avec une chanson d'un des étudiants. Il est vraiment talentueux et il est a surveiller."
"Harry a une vue sur lui," dit Perrie avec un clin d'œil. Harry leva les yeux au ciel et l'ignora.
"C'est Little Bird de Ed Sheeran, et c'était l'émission de Perrie et Harry. Bonne soirée, buvez bien, et on se retrouve la semaine prochaine."
"Bonne soirée mes amours. Et souvenez-vous, Harry est célibataire et à la recherche de quelqu'un !"
"C'était pour quoi ça ?" Dit Harry une fois les micros coupés et que la démo de Ed était lancée. Perrie lui sourit.
"On sait jamais, chéri. Tu vas peut-être recevoir l'appel d'un homme mystérieux."
"Je veux pas vraiment un 'appel d'un homme mystérieux', merci," dit-il en enlevant son casque et attrapant son portable. Il ne savait pas trop à quoi s'attendre: il n'y avait rien de Louis, évidemment, seulement un message d'il y a quinze minutes de Nick. Je vais être vers le studio pendant un petit moment, tu veux de la compagnie si t'es dans le coin ?
"Peut-être que ça va te distraire de te morfondre sur Louis," dit-elle en levant un sourcil. Harry grimaça.
"Oh, merci. Morfondre maintenant, je fais vraiment ça ?"
"Ouais, tu fais ça. Zayn m'a dit ce qu'il t'a dit, tu sais. Va le voir. Il a arrêté de bosser parce qu'il ne te voit pas. Tu devrais voir l'état de sa chambre, vraiment."
Harry allait répondre je vais pas m'excuser pour ce que je ressens quand quelqu'un toqua à la porte, et le visage de Nick apparut. Harry se leva et sortit calmement, se tenant contre le mur avec les bras croisés.
"Tout va bien ?"
"Ouais, tout va bien, je m'assure juste que mes jeunes prodiges vont bien," dit Nick avec un sourire. "Bon show ce soir. Je l'écoutais au pub. Ils ont adoré quand t'as mis la macarena."
"Cool." Harry était toujours distrait, toujours énervé contre Perrie même s'il savait au fond de lui qu'elle essayait juste de détendre l'atmosphère, de se débarrasser des nuages noirs qui étaient au-dessus de sa tête depuis que Louis était parti. Il avait l'impression d'être énervé contre tout le monde maintenant, contre tous ceux qui avaient des messages de Louis ou qui pouvaient entendre sa voix ou ceux à qui il commentait les publications Facebook, même les choses les plus stupides.
"Hey. T'es sûr que tu vas bien ?"
Harry mordait ses ongles, il haussa les épaules. Il ne savait pas comment il se sentait. Il ne s'était jamais senti comme ça de sa vie, si... indifférent de tout. Il flancha presque lorsque la main de Nick se posa sur son épaule.
"J'ai quelque chose qui peut peut-être te remonter le moral. Ça te dit le Christmas Ball ?"
Harry fronça les sourcils, la main de Nick toujours sur son épaule. "Qu'est-ce que tu veux dire, si ça me dit ? C'est pas le gros truc avec les clubs de sport ?"
"Non, c'est tous les clubs, donc tu peux y aller, et à part ça, j'ai un ticket en plus parce que Scott ne peut plus y aller. Ça vaut de l'or, Harry, crois-moi." Il leva les sourcils, penchant sa tête sur un côté. "Tenté ?"
"J'allais rentrer plus tôt chez moi vendredi-"
"Harry. C'est la dernière soirée. Tu peux attendre un autre jour pour rentrer, non ? Ça va être de la pure bombe," dit Nick alors que Harry reposait son regard sur l'intérieur du studio, regardant Perrie tout éteindre et attraper leurs deux manteaux. "Tout le monde se bourre la gueule et tous les gars du rugby se déshabillent et boivent leur bière sur le cul des autres. C'est génial."
"Ça a l'air... intéressant," dit Harry tandis que Perrie sortait du studio.
"Salut, Nick, comme tu vas ?" lança-t-elle en tendant à Harry son manteau.
"Très bien merci. J'essaye de convaincre Harry de prendre ce billet pour le Christmas Ball. Dis-lui à quel point il va être bourré."
"Et si elle veut y aller ?" Demanda Harry. Perrie sourit et baissa la tête.
"Non, je peux pas y aller, hum. Zayn a dit qu'il m'emmènerait manger, comme tout le monde allait au Ball."
"Tout le monde sauf moi !"
"Sauf que maintenant tu y vas !" S'exclama Nick, radieux. Harry soupira, et Perrie lui lança un regard remplit de sous-entendu.
"Bon, bon, d'accord. Je vais y aller. Combien coûte le ticket ?"
"Vingt-cinq livres."
"Vingt-cinq ?" Répéta Harry, atterré, cherchant dans son porte-feuille. "On a à manger au moins ?"
Nick fronça les sourcils. "A manger ? Quoi ? Je crois qu'on a un shot gratuit, ou une boisson gratuite. Je sais pas. C'est dans un endroit chic, Harry, râle pas. Merci," dit-il en prenant l'argent de Harry. Harry n'avait aucune idée de ce qu'il faisait - il n'avait pas du tout envie de sortir, sans parler d'un endroit chic où apparemment des rugbymen étaient connus pour boire sur le cul des autres. Il voulait juste que les vacances arrivent. "Si tu viens dans notre maison vers 20 heures on va faire une pré-chauffe et prendre un taxi ensemble. Et des trucs classes, tu sais, costard cravate et tout ça. Si t'as rien je suis sûr que tu peux emprunter un des miens."
"Pimpant," dit Perrie en mettant son écharpe.
"C'est pas genre," demanda lentement Harry, en prenant le billet. "un rencard ou autre, hein ?"
"Pas besoin de s'accrocher aux aspects techniques, Harry," répondit-il, ce qui n'était pas un oui mais pas un non non plus. "Allez, on va au pub. La première tournée est pour moi tant que tu commandes quelque chose de pas cher, d'accord ?"
"D'accord," répondit Harry, sentant son cœur inexplicablement lourd en pliant son billet pour le mettre dans son porte-feuille. Plus que cinq jours et il allait pouvoir rentrer chez lui.
Il se réveilla le dernier mercredi avant les vacances avec la pire gueule de bois au monde, sa bouche était sèche et pâteuse, ses cheveux collés à son front. La pièce tournait encore lorsqu'il se battait pour sortir du lit, s'appuyant contre le mur pendant un moment avant de décider que la salle de bain était trop loin et d'uriner dans le lavabo. Une fois fait, il se replongea tête baissée dans le lit, son cœur battant dans ses oreilles à cause de tout l'exercice, se demandant s'il allait vomir ou si sa tête allait éclater de douleur. Il essaya de se rappeler comment il était rentré la nuit dernière, ou se rappeler tout court: c'était le Quids In Tuesday dans un des bars étudiants en ville, et les filles voulaient sortir et l'avaient forcé à les accompagner. Il avait fini la vodka qu'il avait l'habitude de partager avec Louis - ce qui, maintenant qu'il y repensait, était beaucoup - et tout ce qu'il se rappelait était qu'il avait chanté à tue-tête sur toutes les chansons et avait fait des shots avec les filles. Beaucoup de shots.
Et... Mark Fennelly.
Il gémit dans son oreiller, son estomac se tordant au souvenir. Il était sorti avec des personnes que Harry n'avait pas reconnues, et il n'y avait définitivement pas de Louis en vue, mais il était - putain. Il était tellement attrayant, avec son bras autour d'une brune mince que Perrie avait l'air de connaître, il n'y avait aucun doute que Louis le voulait plus que Harry. Putain, putain, putain, putain.
Il avait dormi au lieu d'aller à son cours de trois heures car la moindre pensée de quitter sa chambre lui donnait des haut-le-cœur, et lorsqu'il se réveilla de nouveau à une heure, sa gueule de bois s'était atténuée jusqu'à ne ressentir que quelques grondements dans son ventre et il se sentait capable de s'asseoir et de manger quelques chips de mangue qu'il avait trouvées sur son bureau. Il s'assit en tailleur sur son lit et attrapa son portable - urgh, collant à cause de l'alcool, il ne voulait pas imaginer ce qu'il s'était passé la nuit dernière - pour voir qu'il avait environ quinze Snapchats. Il n'avait aucune idée de ce qu'il avait envoyé pour provoquer ça, mais défila en étant assez amusé, jusqu'à ce qu'il tombe sur le dernier. Louis Tomlinson. Il s'arrêta de mâcher, son estomac se tordant alors qu'il tenait son doigt dessus.
Ce n'était pas une photo de Louis, ce qui était assez décevant: ça ressemblait à un essai sur un écran d'ordinateur, avec la légende: t'embrasses des mecs et moi jbosse, comme les choses changent.
Harry le fixa, ne remarquant pas le temps qui s'écoulait jusqu'à ce qu'il s'efface. Embrasser des garçons. C'est quoi ce bordel ? Il ne se rappelait pas du tout de ça.
Il sortit de son lit, mit un boxer - pas le temps pour un jean - et ouvrit sa porte, se retrouvant dans la cuisine vide avant d'aller toquer doucement à la porte de Jesy.
"C'qui ?" Demanda une voix de l'intérieur.
"Moi, Harry, j'ai besoin - je peux rentrer, Jess, j'ai besoin de te demander quelque chose-"
Il fut coupé par Jesy qui ouvrit la porte, les yeux gonflés et ne portant seulement qu'un maillot trop grand de Chelsea.
"Quoi ? Qu'est-ce qu'il s'passe ?" Dit-elle en se frottant les yeux. "Harry, quel corps que tu caches derrière toutes ces fringues hipsters-"
"J'ai fait quelque chose avec quelqu'un la nuit dernière ?" Jesy fronça les sourcils en continuant de regarder son ventre. Par reflex, il couvrit ses tétons. "C'est important, Jess-"
"Je ne - oh, ça se pourrait," dit-elle en balançant son poids sur une jambe. "Je me rappelle que tu envoyais des Snapchats - attends, j'ai pas encore regardé mon portable-"
Il s'avança dans la chambre - qui avait une odeur entêtante et assez nauséabonde de pêche - tandis qu'elle attrapait son portable sur le bureau et le déverrouillait. Elle sourit en lui montrant.
"Joli."
Harry écarquilla les yeux, sous le choc lorsqu'il vit la photo: elle était floue, c'était lui et un autre garçon qu'il ne reconnaissait pas, leurs lèvres n'allaient pas ensemble sous la lumière UV de la boîte de nuit.
"J'ai envoyé ça à Louis," chuchota-t-il, horrifié. Jesy regarda la photo avant que le temps ne soit écoulé.
"Eh bah bien fait pour lui. Après tous les garçons qu'il a embrassés devant toi, c'est un peu une revanche."
"Je crois que je l'ai agacé," dit-il alors que Jesy roulait les yeux.
"Chéri, s'il te plaît. Il n'a pas le droit d'être énervé contre toi. Il t'a rejeté, tu te rappelles ?"
"Comment je pourrais oublier," dit Harry en passant une main dans ses cheveux et soupira bruyamment. "Ok. Merci. Désolé de, hum, t'avoir réveillée."
"C'est pas grave, je vomis mes tripes depuis environ 7 heures. J'adore la vie," dit-elle en couvrant sa bouche avec sa main. "J'aimerais bien me recoucher maintenant, par contre, si ça te dérange pas."
"Ouais, ouais, c'est bon. On se voit plus tard."
Il retourna dans sa chambre, juché au pied de son lit en se rongeant les ongles, avant de faire une décision. Il s'habilla et sculpta ses cheveux en quelque chose d'à peu près acceptable, mit son pull le plus épais pour qu'il puisse sortir sans manteau, et attrapa son téléphone et ses clés avant de sortir de l'appartement.
Weston Hall n'était pas trop loin: il y était déjà allé pour des pré-chauffes et même si c'était environ dix fois plus grand que son appartement, c'était toujours assez joli. D'après Zayn, le nouvel appartement de Louis était le numéro 15, donc lorsqu'il y arriva, il s'introduit dans le bâtiment, tapant le code que Zayn lui avait envoyé quelques jours avant avec le message va le voir !!! et s'accéléra dans les escaliers.
Son cœur était remonté dans sa gorge lorsqu'il toqua à la porte de l'appartement: personne ne répondit donc il retoqua une nouvelle fois, et enfin, une blonde apparut d'une des chambres et ouvrit la porte en fronçant les sourcils.
"Oui ?"
"Salut, je suis juste, hum, ici pour Louis ?"
Elle continuait de froncer les sourcils. "Qui ?"
"Tu sais, hum, Louis ? Il a emménagé ici il y a environ une semaine."
Son visage se détendit lorsqu'elle comprit. "Oh, oui. Bah, je sais pas s'il est là, mais il est dans la chambre au fond." Elle pointa le fond du couloir, laissa la porte ouverte et retourna dans sa chambre. Harry prit son souffle et commença le long chemin jusqu'au bout du couloir.
Il toqua à la porte. Il attendit un moment et puis - puis la porte s'ouvrit et révéla Louis, le beau Louis, toujours aussi magnifique même avec ses cheveux plats et pas coiffés, une fine barbe sur le menton, et Harry ouvrit la bouche pour parler mais arriva seulement à sortir un petit "Salut-" avant que la porte ne lui claque au nez.
"Louis," dit Harry en pressant sa main contre la porte. "Louis, s'il te plaît ne fais pas ça." Silence. "Je veux te voir, j'ai besoin de te parler. Je comprends pas pourquoi t'es si énervé. Lou." Toujours rien. Il soupira, sa main lâchant la porte. "D'accord. Je vais attendre ici jusqu'à ce que tu sortes. Je le fais vraiment."
Cinq longues minutes s'écoulèrent en regardant la porte; à la fin, il s'assit avec le dos contre la porte, défilant sur son téléphone et recevant des regards étranges des autres colocataires quand ils passaient. Sa résolution commençait à s'effacer lorsque, tout d'un coup, la porte disparut derrière lui et il finit étalé sur le dos dans la chambre de Louis.
"Jésus Christ, Harry," l'entendit-il dire derrière lui, et la deuxième vision de Louis qu'il eut ce jour était de lui le surplombant, semblant étrangement blanc. "Je pensais que tu étais parti."
"Je le pensais vraiment, je pars pas tant qu'on n'a pas parlé." Il se remit sur pieds, s'attendant à ce que Louis le mette dehors, mais tout ce qu'il fit était de hausser les épaules, retournant s'asseoir dans son lit défait. Perrie avait raison: la chambre était un bordel monstre. Louis n'avait pas défait ses valises, elles étaient toutes les deux alignées contre le mur sous la fenêtre, les vêtements étaient étalés sur le sol et sur la chaise de bureau, les chaussures et autre bazar jonchaient le sol. Il observait tandis que Louis prétendait être concentré sur l'écran de son ordinateur - il pouvait dire qu'il faisait semblant car ses yeux ne bougeaient pas.
Se donnant du courage, il traversa la pièce et s'assit sur le lit. Louis ne bougea pas. Il pouvait voir les poches sous ses yeux, et le survêtement baggy et la veste Adidas étaient loin d'être le Louis qu'il connaissait avant, qui passait cinquante minutes à décider quel jean mettait plus en avant ses fesses.
"Lou," dit-il en caressant le genou de Louis avec le dos de sa main. Il vit sa main bouger mais il ne le regardait toujours pas. "Je suis tellement désolé. Pour peu importe ce qui t'a fait me détester comme ça. J'aimerais y retirer. Tu me manques."
Il y eut un long silence, puis Louis ferma enfin son ordinateur et rencontra son regard. Harry lui fit un petit sourire, mais il ne réagit pas.
"Je te déteste pas," dit-il. Les mots étaient comme un baume apaisant sur l'âme irritée de Harry. "Putain de merde, Harry, comment tu peux penser ça ?"
"Je sais pas, peut-être parce que tu m'ignores ? Parce que tu veux pas me voir mais tu veux que les autres viennent ici ?"
Louis se frotta les yeux et se laissa tomber contre le mur. "Harry, c'est pas ça-"
"Eh bah, je vais pas mentir, mais on dirait vraiment," dit-il, ses mains se tordant sur ses cuisses. Louis le regarda une nouvelle fois, et son expression était si triste qu'il voulut pleurer.
"Je, hum. J'ai parlé à ma mère, la nuit où j'ai - hum, quand je suis parti. Elle m'a dit que c'était elle qui arrêtait pas de demander à la fac de me donner une nouvelle chambre. Je lui ai jamais parlé des lettres, tu vois, donc elle croyait - enfin, naturellement elle pensait que j'avais oublié ou un truc du genre. Donc premièrement. Je suis désolé de m'être emporté contre toi pour ça. C'était inacceptable."
Harry hocha la tête, regardant toujours ses mains. "C'est bon. Je m'en fiche."
"Putain mais Harry, comment tu peux t'en foutre ?" Il releva le regard vers lui à cet élan alarmant, la première fois depuis ces dix dernières minutes que Louis montrait une quelconque émotion.
"Quoi-"
"Pourquoi t'es pas énervé contre moi ? J'ai été un gros connard, et tout ce que tu - tout ce que tu fais est de revenir me voir ? Des fois je te comprends vraiment pas, Harry, tu me laisses partir en étant le mec le plus con et merdique au monde et je-"
"Je pense que je suis agacé, oui, mais tu me manques, Lou. Mon meilleur ami me manque. Je suis désolé d'avoir lancé le sujet sur Mark. Je suis désolé d'avoir rendu les choses bizarres en disant - disant ce que j'ai dit. Je suis vraiment désolé."
"Harry, s'il te plait," dit-il avec un gloussement choqué, "s'il te plaît, ne t'excuse pas. Laisse-moi faire ça, d'accord ? Je suis désolé de t'avoir ignoré. J'étais gêné. J'étais gêné de comment je me suis comporté, et je suis désolé."
Il y eut un long moment de silence, le cerveau de Harry tiraillé de décisions, avant qu'il ne s'approche un peu plus près dans le lit, ouvrant ses bras.
"Je te pardonne," dit-il doucement. "On peut revenir en arrière ? Pas à la semaine dernière, peut-être. Mais avant ça ? Avant que j'aie, hum, rendu les choses bizarres."
Louis lui lança un regard étrange et indéchiffrable et pendant un moment, Harry était sûr qu'il avait encore tout merdé, avant qu'il lui hoche doucement la tête et s'avance pour que Harry puisse lui faire un câlin. C'était tellement bien d'avoir Louis dans ses bras de nouveau que Harry cria presque je ne le regrette pas je t'aime comme je l'ai toujours fait mais il se retint, serrant Louis plus fort, enfouissant son visage dans son cou et respira l'odeur familière et légèrement différente de Louis. Ils se câlinèrent pour ce qui avait l'air d'être des heures, jusqu'à ce que le ventre de Louis gargouille entre eux et les fit rire. Rire. Il se sentait bien.
"Désolé," murmura Louis lorsque Harry le laissa partir à contrecœur. "J'ai trop faim. Je suis trop feignant, je peux vraiment pas prendre soin de moi."
"Je vais te faire à manger," dit Harry en attrapant son poignet et le levant. "T'as quoi ?"
"Hum, du fromage, des céréales et du pain," dit-il en souriant légèrement - le cœur de Harry se tordit en le voyant, voir Louis sourire de nouveau, et il se força à l'ignorer. S'il allait avoir de nouveau Louis dans sa vie, il devait se reprendre. "J'ai vraiment que ça. Le loyer ici est tellement cher que je suis à découvert."
"C'est bon. Des toasts au fromage."
"Harry," protesta-t-il alors qu'il le sortait de sa chambre et l'emmenait dans la cuisine vide, "Je pense que je peux me faire du fromage sur des toasts-"
"Laisse-moi faire. C'est bon." Louis fut surplombé par Harry pour attraper le pain, coupant la croûte où elle était devenue légèrement moisie et mit quatre tranches dans le four. C'était presque comme avant, et Harry devait résister à l'envie urgente de porter Louis sur le plan de travail, les cuisses entre ses jambes et de l'embrasser comme la dernière fois qu'il lui avait fait des tartines de fromage après une soirée à l'extérieur. Il se demandait si Louis s'en rappelait, puis il se tapa mentalement. Il faut que tu passes à autre chose, lui disait son esprit.
"Harry, honnêtement," dit Louis doucement, enlevant ses cheveux de son visage tandis que Harry découpait précautionneusement le fromage en tranches, le pain grillait dans le four. "Je peux me faire des toasts au fromage, je suis pas si nul que ça-"
"Pas un mot de plus," l'alarma dramatiquement Harry, retournant les toasts et mettant le fromage dessus, il y eut un moment après ça où leur regard se rencontrèrent et ils éclatèrent de rire, et ça effaça tout l'embarras qu'il restait. Louis s'avança et lui fit un autre câlin, le visage pressé contre son épaule alors qu'ils se balançaient d'une jambe à l'autre: c'était moins un câlin de je suis désolé cette fois, plus un câlin de tu m'as manqué, tu m'as tellement manqué, et Harry se demanda s'il allait un jour s'en remettre, ou s'il allait passer sa vie entière dans un état de semi-dépression à aimer Louis avec acharnement et sans arrêter de se sentir sur le bord de l'auto-destruction.
"Tu sais ce qui égayerait tout," dit Louis en se reculant. Harry le regardait avec ce genre de regard respectueux dont il était sûr que ses pupilles prenaient une forme de cœur, "de la Marmite."
"Mm, bonne idée," dit Harry en surveillant les tartines: le fromage était correctement fondu donc il éteignit le four et transféra les toasts dans une assiette pendant que Louis sortait un pot de Marmite de nulle part. Il en mettait beaucoup trop au goût de Harry, mais ça sentait quand même bon et il était assez affamé maintenant que sa gueule de bois était partie. Ils retournèrent dans la chambre de Louis et Harry finit par manger deux des tranches en regardant des vieux épisodes de Inbetweeners dans un silence agréable, les bras et les jambes collés l'un contre l'autre.
"Putain," dit Louis après avoir baillé pour au moins la dixième fois, l'obscurité de décembre s'infiltrait dans la chambre même s'il était seulement 15 heures. "Je suis crevé. J'étais debout jusqu'à 3 heures du mat' à faire ce putain d'essai hier soir."
"Oui, je suis assez fatigué moi aussi," dit Harry en regardant Louis poser l'ordinateur sur le sol, son cœur sautant à la vue. Il fut plus qu'amusé lorsque Louis essaya de faire le lit - gêné par Harry qui était toujours assis au milieu de la couverture chiffonnée - et plus qu'un peu choqué lorsque Louis lui fit signe de se coucher à côté de lui.
"Merci pour les toasts au fromage," murmura-t-il lorsque Harry se cala à côté de lui, sur le côté pour avoir une meilleure vue. Il était beau avec sa barbe fine, et Harry voulait vraiment l'embrasser comme ça, lui pincer les lèvres et ressentir la brûlure sur les siennes. (Il n'avait jamais vraiment eu de barbe ou de moustache alors qu'il était sûr que c'était un signe de virilité.)
"C'est bon. J'aime cuisiner pour les gens. Maintenant que t'es parti, c'est plus drôle."
"Désolé." Louis colla son nez contre l'épaule de Harry, et oui, on aurait dit comme avant. "On est réconciliés maintenant, hein ?"
"Oui. Réconciliés. T'avais pas besoin d'être gêné, tu sais. Je m'en fiche. Je voulais juste te revoir."
"Mm." Louis prit sa lèvre inférieure entre ses dents. "Harry, tu sais qu'on peut pas - enfin, ça peut pas être comme avant. Tu comprends ça, pas vrai ?"
Harry essaya de garder une expression neutre en disant, "Hum, ok ?"
"Je vais pas faire le con avec toi. Tu comptes beaucoup trop pour moi, ok ?" Harry sentit son cœur se gonfler, se glacer, et tomber de sa poitrine. "Enfin, toute cette histoire - ça m'a fait réfléchir. Et te voir aujourd'hui, gum - c'est comme ça, ça a rendu les choses plus claires pour moi. Je pensais que peut-être ne pas te voir rendrait les choses plus faciles mais vraiment - je peux pas merder et te perdre. Je veux que tu sois avec moi tout le temps. Mais je ne veux pas ce... ce truc, qu'on fait, je ne... je ne veux pas de ça pour pas te perdre."
Harry le regardait, l'expression sur son visage, si douce et vulnérable, le visage que seul lui pouvait voir, quand ils étaient seuls et qu'ils parlaient comme ça, se touchant des côtes aux hanches aux genoux. Il l'aimait tellement qu'il pouvait difficilement le supporter, mais peut-être que Louis avait raison. Peut-être que leur amitié était trop importante. Dieu savait à quel point il pouvait à peine fonctionner correctement la semaine précédente sans lui.
"Je comprends," dit-il avec sa voix qui se craqua légèrement. Le soulagement sur le visage de Louis était presque insupportable. "Mais, ça serait mal ? Si on essayait juste ?"
Il y eut un long silence. Il remarque que les mains de Louis tremblaient lorsqu'il dit, "Je te l'ai déjà dit, Harry. Je suis pas bon pour ce genre de chose. Pas... pas maintenant. Si on essayait - alors j'y ferais correctement. Putain, Harry, t'as seulement 18 ans. Je suis le mec de 20 ans le moins mature au monde. Je veux arriver à comprendre les choses. Ce qui marche et ce qui ne marche pas. Faire des histoires que je pourrais raconter quand j'aurais 30 ans. Je ne..." Il s'arrêta là, et Harry se demandait pourquoi Louis était toujours si éloquent, avait toujours les bonnes choses à dire mais que dans les moments comme celui-ci, il pouvait à peine former une phrase cohérente. Il hocha juste doucement la tête, même s'il ne le comprenait pas, il ne pouvait pas imaginer une relation sans l'attente à ce qu'elle dure pour toujours, il voulait que toutes les histoires qu'il allait raconter quand il aurait 30 ans soient à propos de Louis. Mais cette fois, il décida de se taire, il décida que cette fois peut-être, Louis avait raison, et que ce qu'il disait n'était pas exactement un rejet. C'était un 'pas encore'. Et peut-être que ce n'était pas bon pour son état mental, mais Harry pouvait faire avec.
"Je vais pas le redire, car je pense - ça ne va sûrement pas aider, mais." Harry toussa légèrement, sa gorge le piquant. "Je comprends ce que tu dis, je pense. Je suis d'accord, je crois. Mais tu dois savoir que je t'aime et je pense que je t'aimerais sûrement toujours, donc quand tu penses que tu as fait assez d'erreurs et as assez d'histoires ou peu importe... Je t'attendrais toujours."
Louis hocha la tête, puis encore, et Harry grogna de surprise quand Louis lui fit un long câlin. Et ce n'était peut-être pas ce qu'il voulait mais c'était mieux que rien, et il ne voulait pas faire faire à Louis quelque chose qu'il ne voulait pas faire, donc il supposait qu'il devait faire avec ça.
Louis s'endormit avec sa tête sur le torse de Harry et la main de ce dernier dans ses cheveux; Harry se demandait s'il pouvait ressentir comment son cœur battait plus fort juste pour lui, ressentit à quel point il le voulait désespérément, et essayait d'être juste heureux avec ce qu'il avait.
Les choses étaient revenues comme elles étaient, mais pas vraiment; Louis venait pour le dîner, que Harry cuisinait, mais quand ils étaient seuls dans sa chambre, Louis ne lui faisait plus de câlins, leur corps étaient collés côte à côte mais il ne mettait plus sa main autour de sa cuisse ou reposait sa tête sur son épaule. Louis ne restait jamais dormir, même si quelques fois il ne partait pas avant 1 ou 2 heures du matin, et Harry avait toujours l'impression qu'il se retenait: ils parlaient de leur journée, de leur travail, du Ball vendredi, mais jamais de Nick ou Mark ou n'importe quel autre garçon, rien qui avait à voir avec des relations.
En fait, ce ne fut pas avant vendredi que Louis aborda le sujet Mark: timidement et hésitant, lorsque Harry arriva à son appartement déjà en costume, demandant, "Tu me trouves comment ?"
Tu es magnifique, voulait-il dire, mais Harry ravala ses mots et dit, "T'es bien."
"T'es sûr ?" Demanda Louis en relevant un sourcil tandis qu'ils marchaient dans le couloir pour atteindre sa chambre. Harry s'assit sur son lit - défait, comme toujours - et ouvrit sa bière sur le bureau.
"Je mentirais pas, Lou," fut tout ce qu'il avait à dire, puis Louis fouilla dans sa valise pour chercher quelque chose et ne le regardait pas.
"Ok. Super," dit-il rapidement en trouvant sa laque et mit des coups de spray. "C'est juste, hum. Mark et moi on va manger ensemble, avant. Je pense. Enfin, il a dit que ça allait sûrement être au McDo, mais c'est juste lui et moi." Il rougit violemment lorsqu'il se retourna; Harry trouvait qu'il était plutôt pas mal pour cacher ses émotions, et arriva même à faire un petit sourire, même s'il n'était sûrement pas convaincant.
"Tu es beau, crois-moi."
"Merci. Toi aussi, au fait. Grand et fin." Il rougissait toujours. Harry se regarda puis reposa son regard sur Louis, et cette fois-ci, son sourire était réel.
"Merci."
"Pas de problème. Hum. Je peux te prendre de la bière ?"
"C'est pour ça que je les ai amenées," dit Harry en lui en tendant une. Il avait décidé de ne pas aller aux pré-chauffes chez Nick pour rester ici avec Louis et il pensait qu'ils auraient pris un taxi ensemble, mais ça n'allait visiblement pas se passer, à part s'il voulait être la troisième roue du peut-être-rencard de Mark et Louis. C'était toujours un peu étrange, cette amitié retenue et timide, mais Louis le faisait toujours rire plus que tout le monde et les quelques moments étranges étaient compensés par le plaisir qu'il avait à juste être avec lui.
"Aussi, j'ai peut-être pas mentionné," dit Louis tandis que Harry mettait sa playlist Spotify sur son ordinateur, se rongeant les ongles, "Mark va sûrement venir aussi. Pas longtemps. Hum. Ça va pas être bizarre, hein ?"
Harry fixait l'écran de l'ordinateur, se demandant si ce n'était pas une sorte de punition pour quand ils étaient "ensemble". Il avala difficilement sa salive et répondit, "Non, c'est bon. Je pense que, hum, j'aimerais bien le rencontrer. Pour voir comment il est."
Louis rit. "Ne le tape pas. Ou ne le juge pas d'être pas assez bien pour moi."
"Seulement si tu promets de faire la même chose si je sors avec Nick ce soir." Il se sentit légèrement nerveux en le disant, car il n'avait aucune intention de sortir avec Nick ce soir, mais il se tourna pour voir le visage de Louis: son expression était aigrie, mais il l'effaça au moment où il vit Harry le regarder.
"Ouais. Peu importe."
Ce n'était pas que les choses étaient tendues après ça, mais l'alcool rendait Harry morose et il attendait qu'on toque à la porte: Louis passa la plupart de son temps sur son portable, et lorsqu'on frappa à la porte, Harry serra plus fort sa bouteille de bière et essaya de ne pas lancer de couteaux avec ses yeux lorsque la porte s'ouvrit.
"Salut, Lou," dit Mark d'un ton jovial, et Harry se rappela que finir la soirée avant qu'elle n'ait commencé avec des bouts de verre plantés dans la main n'était pas une bonne idée, donc il changea sa bouteille de main et se leva pour voir Mark et Louis se faire un câlin, il ressentit un élan de jalousie dans sa gorge. Bon commencement pour la soirée. "Ah. Tu dois être Harry."
Harry hocha doucement la tête, ne se faisant pas confiance pour parler, tandis que Mark se détachait de Louis et vint lui serrer la main. "Ravi de te rencontrer. Louis parle tout le temps de toi."
"Il te mentionne rarement," dit Harry avant de pouvoir se stopper, mais Mark rigola simplement, un rire coincé qui faisait rappeler à Harry les écoles et grands domaines privés.
"Je suis pas surpris, je suis difficilement remarquable. T'as un tire-bouchon, Lou ? J'ai une bouteille de vin."
"Ouais. Je vais le chercher," dit Louis en se dirigeant vers la porte. "Vous pouvez faire connaissance." Harry était sûr d'avoir pu lire un sois gentil sur ses lèvres avant qu'il ne parte, mais il n'était plus vraiment sûr d'avoir le contrôle de ses actions. Mark s'assit sur la chaise de bureau, lui souriant. Il était éblouissant.
"J'écoute ton émission de radio, tu sais," dit-il en faisant taper ses doigts sur les accoudoirs de la chaise. "La musique est toujours bien. Tu devrais faire un playlist ou quelque chose du genre."
"Elle est en train de jouer, là," fut tout ce que Harry pensa à dire, pointant du menton son ordinateur. Mark se tourna pour voir.
"Oh, génial. Tu pourrais m'envoyer le lien ? J'adore le mec que tu mettais ce weekend. Ed quelque chose."
"Sheeran," dit Harry de mauvaise grâce tandis que Mark commençait à regarder sa playlist. "Bien sûr, je t'enverrai le lien."
Heureusement, Louis revint, et soit c'était l'alcool soit Mark était un gars cool avec qui traîner: il ne put empêcher la montée de jalousie à chaque fois que Louis mettait sa main sur son genou, ou quand Mark pressait son épaule, et pendant un moment, tout ce à quoi il pouvait penser était que Louis l'avait une fois réveillé en ramenant un garçon dans la chambre et il se demandait si c'était Mark. Il se rappelait exactement de comment sonnait Louis, bourré et épuisé, le suppliant de l'embrasser, et Harry avait eu un avant-goût de ça mais jamais assez: peut-être que rien ne serait jamais assez, mais il devait essayer. Au moins, Mark était gentil, c'était la seule chose qu'il n'arrêtait pas de se répéter. Au moins, Zayn avait raison, au moins ce n'était pas un connard, au moins il était gentil.
Ils étaient tous légèrement saouls au moment où Louis décida d'appeler un taxi, et Harry se sentait comme paralysé lorsque Mark l'attrapa autour de la taille alors qu'il attrapait son portable en pressant son visage contre son oreille d'une façon qui n'était définitivement pas juste amicale. Harry finit sa bière et les bouscula pas-si-accidentellement-que-ça lorsqu'il se dirigeait vers les toilettes, et il fit presque demi-tour pour sortir de l'appartement quand il revint dans la chambre de Louis et qu'il les vit s'embrasser.
"Hum." Harry sentit son visage rougir et se racla bruyamment la gorge. Pour la défense de Louis, il avait l'air sincèrement désolé et se sortit de l'étreinte de Mark, rougissant et fixa le sol.
"Ouais, je pense - je crois que le taxi est là, on devrait y aller-"
Harry n'essaya même pas de cacher son agacement lorsqu'ils descendaient les escaliers, repoussant le bras de Louis quand il essayait de le ralentir et se dirigea immédiatement vers le siège passager du taxi. Il pensait qu'ils auraient aimé avoir la chance d'être seuls, mais tout ce que fit Louis était d'essayer de lui parler. Il n'était pas d'humeur à se livrer à lui, lui donnant un billet de £5 lorsqu'ils arrivèrent sur l'avenue, et partit sans dire un mot.
Nick lui avait envoyé un message pour lui dire où il était donc il attrapa sa boisson gratuite à l'entrée - vin pétillant, qu'il détestait habituellement, mais qu'il descendit d'une traite - et monta les escaliers, retrouvant Nick, Greg et Fearne discuter vers un grand sapin de Noël.
"J'ai besoin d'une grande boisson," annonça Harry, et Nick entoura son bras autour de ses épaules, le ramenant vers lui.
"Ah, Harry. C'est le but. Suis-nous."
Sur leur chemin vers le bar, ils virent Leigh-Anne et Jesy, qui étaient magnifiquement bien habillées dans leur longue robe, et virent Liam et Niall assis à une table vers les toilettes: Harry prit plusieurs shots avec l'équipe de la radio avant que le monde ne semble légèrement plus prometteur. Il était à la moitié de son double Coca/vodka lorsque Niall lui attrapa le bras, l'écartant du groupe.
"Nialler !" Lança-t-il. Le monde était flou et accueillant. "Joyeux Noël !"
"T'as vu Louis ?" Niall n'avait pas l'air très jovial, ce qui était décevant car c'était Noël, il devait être heureux ! Harry haussa les épaules
"Aucune idée. Sûrement en train de sucer le parfait Mark Fennelly dans les toilettes. Mark Fennelly, c'est quoi ce nom ? Il est pas turc ? C'est pas très turc-"
"C'est le nom de sa mère," dit Niall en ayant l'air légèrement inquiet avant d'ajouter, "Ecoute, si tu le vois, dis-lui de venir me voir, ok ? Ou surveille-le. Il aime quand tu prends soin de lui. Il est juste - enfin, fais-ça, d'accord ?"
"C'est plus mon problème," lâcha Harry, toujours bon menteur. "Je m'en fous complètement."
Niall secoua la tête avant de disparaître dans la foule. Harry revint en reprenant à la moitié de l'histoire de Greg sur son travail d'été en Afrique du Sud, mais il n'était pas vraiment intéressé et son cerveau déviait toujours sur Louis et pourquoi Niall lui avait dit qu'il devait être surveillé. Il avait trop bu ? Et s'il s'était enfermé dans des toilettes quelque part ?
"Oh, regarde," lui dit Nick en le tapant dans les côtes, lui pointant quelqu'un dans la piste de dance. "C'est pas le mec de Louis ?"
"Hmm ?" Harry se tourna par reflex pour voir Mark sur la piste, les bras autour de - eh bien, définitivement pas Louis, à part s'il s'était complètement changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. La personne avec qui il dansait portait une longue robe blanche et avait des cheveux bruns et ondulés, une petite chaîne était déposée sur sa tête, et ils avaient l'air beaucoup plus qu'amis, à en juger par la main de Mark sur ses fesses et ses lèvres dans son cou.
Puis il percuta.
"Hum," dit Harry en tendant sa boisson à Fearne, "Désolé, il faut que j'aille aux toilettes. Je reviens."
Il retrouva Niall et Liam, qui n'avaient pas vu Louis de la nuit, donc ils décidèrent de tous les trois se séparer: Niall dit qu'il prenait le sous-sol, Liam surveillait l'étage et Harry dit qu'il allait voir aux toilettes. Il n'y avait pas de verrou dans le premier mais le deuxième était occupé et quelqu'un dit, "Dégage, Harry !" lorsqu'il appela "Louis ?"
"Louis, ouvre la porte," dit-il en se tenant contre la porte en retoquant.
"Je chie. Dégage."
"C'est pas vrai. Laisse-moi rentrer. S'il te plait. Je sais pourquoi t'es énervé." Il y eut une longue seconde d'indécision avant que la porte ne s'ouvre, faisant presque tomber Harry avec, et Louis apparut, les yeux rougis et reniflant.
"Pas ici," dit-il avec raideur, et Harry le suivit en traversant la piste de dance et sortirent dans l'air frais de la nuit. Il avait commencé à neiger, laissant une fine couche sur les routes et cristallisant leur souffle.
"Putain, c'est glacial ici," se plaignit Louis - Harry était bien, l'alcool lui tenait chaud, donc il enleva sa veste et la tendit à Louis en s'asseyant sur un banc. Ils étaient au milieu de la ville, les lumières traversant les fenêtres des hauts immeubles autour d'eux, les voitures conduisant à travers l'épais brouillard. "Bon, avec ça," dit-il en claquant des dents. "Tu me l'avais dit. Tu m'avais dit que Mark était un connard. Tu m'avais dit de ne rien attendre de lui. Eh bien, félicitations, Harry. Tu avais putain de raison à 100%."
"Je dis rien," dit Harry en posant ses coudes sur ses genoux en regardant Louis trembler sous sa veste. "Je préférerais qu'il te rende heureux plutôt qu'il te fasse ça."
Louis soupira, son souffle faisant de la fumée devant lui. "Oui, évidemment. Parce que t'es Harry."
"C'est supposé vouloir dire quoi ?"
"Rien," marmonna Louis en frottant ses mains contre ses yeux. "Tu sais ce que le 'Mark m'emmène manger' s'est avéré être ? Un putain de McDo. Et j'ai dû payer ma part. T'as déjà... tu t'es déjà demandé si tu voyais des choses qui n'existaient pas ? Si tu devenais fou parce que tu voyais seulement les choses que tu voulais voir ?"
Harry pensa à toutes les fois qu'il avait passées à agoniser sur les mêmes questions à propos de Louis, et secoua tristement la tête. "Lou, tu n'imaginais pas des choses. J'ai vu comment il était avec toi, ce soir. Il y a quelque chose, je te le promets." Parce que j'agis comme ça avec toi. Parce que tu agis comme ça avec moi.
"C'est plus drôle," dit doucement Louis en refermant la veste de Harry sur ses épaules. Harry y pensa pendant une minute, puis glissa sa main dans son dos, le rapprochant d'où il était assis. Il était saoul et sa tête tournait et il voulait toujours, toujours embrasser Louis mais ce soir, même son cerveau bourré savait que ce n'était pas la bonne chose à faire. Il devait être le meilleur ami dont Louis méritait, pas celui qui était désespérément amoureux de lui et qui ne pouvait penser à rien d'autre que ça les 90% du temps.
"Ça va aller," dit Harry tandis que Louis déposait délicatement sa tête sur son épaule.
"C'est pas drôle, tout ça. C'était drôle au début. Voir jusqu'où je pouvais le pousser. Avec tous les autres c'était un peu une blague, mais avec lui... il le voulait. Je crois que j'ai fini par sucer genre cinq gars dans l'équipe. Il est allé si loin que je pense que ça nous a tous les deux prit par surprise." Harry regardait les pointes de ses chaussures, les doigts caressant le bras de Louis tout en écoutant. "Et après c'est un peu devenu un truc entre nous. Combien de fois je pouvais le rendre si dur qu'il ne pouvait plus marcher correctement. Combien de fois je ferais en sorte qu'il me sorte de la boîte et me fasse me mettre à genoux. Mais après, c'était genre... je voulais quelque chose en retour. Je voulais au moins qu'il m'embrasse. Je sais pas si tu t'en rappelles mais-"
"Je m'en rappelle," murmura Harry. Ils furent silencieux pendant un moment, la neige tombant autour d'eux. Harry pouvait le voir sur les cils de Louis, fondant sur ses joues.
"Ouais," dit doucement Louis. "Tu sais ce qui est drôle ? Je lui ai parlé de toi. Je lui ai dit que j'avais un coloc hétéro, et que même lui m'embrassait. Puis les choses ont changé, bizarrement. Après il m'embrassait, et je l'ai laissé me baiser plusieurs fois, mais tout était - hum." Sa voix se brisa légèrement, et il s'essuya le nez avec le dos de sa main. "Je savais qu'il avait commencé à sortir avec cette fille, et il continuait de me dire que c'était rien, qu'il allait casser avec elle. Et il ne l'a jamais fait, et j'en ai eu marre, et après - après il y a eu toi et moi. Donc j'ai." Il fit une pause pendant plusieurs secondes, la main de Harry faisant toujours des petits dessins sur son bras, regardant toujours la neige s'amasser sur le sol. "Je lui ai dit de dégager. Je l'ai vraiment fait. Plus de fellations, plus de bisous, plus de sexe. Et il y a eu nous, Harry, et c'était, putain - c'était tellement mieux, et tu étais si différent de lui, t'as eu ta petite... crise de sexualité, ou peu importe ce que c'était, tellement tendrement, tellement mieux que lui. Tu es toujours-" Sa voix commença à trembler, ses mains se nouant sur ses cuisses. "-Tu prends toujours soin de moi, depuis le premier jour, tu m'as toujours fait me sentir comme si j'étais la meilleure chose au monde, et même si Mark était la chose pour laquelle j'aurais dû me battre, je suis venu et j'ai - commencé à baiser mon meilleur ami, car c'était - ça avait toujours si bien marché pour moi dans le passé-" Il ne pouvait pas continuer, de grosses larmes coulaient sur ses joues tandis que Harry le serrait dans ses bras, le nez pressé sur le haut de sa tête, le serrant fort.
"Je suis désolé que personne ne te traite comme tu le mérites," dit-il en essayant de garder une voix normale, essayant de ne pas parler d'eux, de Louis et Harry, mais de Louis. "Je suis désolé que tout le monde soit si égoïste. Tu mérites mieux qu'eux."
"Je sais pas, je sais pas si c'est vrai, Harry, je sais pas," dit-il en prenant une longue respiration tandis que Harry fouillait dans sa poche pour trouver des mouchoirs et lui les tendit. "Je suis égoïste aussi, je prends trop et je repousse les gens et je les utilise. Je suis tombé amoureux de mon meilleur ami quand j'avais 17 ans et comment j'y ai fait face ? Non, non, je ne l'ai pas c-contenu comme les gens normaux, non, j'en ai fait un jeu, je m'en suis servi pour le chauffer et en faire une blague et après j'étais s-surpris quand il a paniqué quand je lui ai dit que j'étais amoureux de lui quand on se suçait, j'é-étais surpris quand il ne m'a plus jamais reparlé. Oh, putain de merde, je suis désolé, tu m'as jamais rien demandé à propos de ça-" Il s'essuya les yeux en prenant un souffle profond.
"C'était un connard," dit Harry après un long moment. Louis rit sous ses larmes.
"Merci, Harry, pour ça. On dirait exactement Stan."
"C'était lui ? Le mec ?"
Louis secoua la tête. "Non, non, c'était celui avant Stan. Stan était le seul à l'école qui savait que j'étais gay et il était juste incroyable à propos de ça. Vraiment cool. J'aime Stan. Enfin, évidemment pas de cette façon,"ajouta-t-il rapidement. Harry rit, résistant à l'envie urgente de déposer un bisou sur le haut de la tête de Louis.
"Je peux te demander quelque chose ?" Demanda-t-il. Louis s'essuya les yeux en reniflant.
"Ouais, pourquoi pas."
"Pourquoi t'as recommencé avec Mark ?"
Louis secoua tristement la tête. "Oh, parce qu'il a été jaloux de nous voir manger des gaufres ensemble. Il a commencé à m'envoyer des messages tout le temps quand il était bourré, il me demandait de venir le voir, mais je l'ignorais toujours. Après quand - quand j'ai déménagé, j'ai acheté beaucoup de vodka et je me suis bourré tout seul, et je l'ai laissé me baiser. C'était pas un super moment, vraiment, dans le schéma général des choses. Je suis tellement désolé, Harry. Tellement désolé. Pour t'avoir ignoré et avoir été un connard quand tu m'as dit ce que tu ressentais. C'est juste que..." Il mordit sa lèvre, et Harry le serra encore plus fort alors que la neige s'épaississait, quelques filles dans la rue criaient et trébuchaient les unes sur les autres, les bouts de ses chaussures étaient recouverts par une fine couche de neige. "J'ai pas compris. Je comprends pas. Ça a l'air débile mais, enfin, je pensais... Pourquoi tu m'aimes ? Je comprends pas. Qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis pas différent de comment j'étais avec les autres avant - en fait, je suis sûrement pire avec toi, tu as vu tous les trucs merdiques que j'ai fait et tu ne t'arrêtais jamais, tu t'arrêtes jamais, et ça me fait peur parce que je comprends juste pas-" Il se coupa, relevant le regard vers Harry avec les yeux mouillés. "Putain, Harry, tu peux dire quelque chose, s'il te plaît ?"
Il regarda Louis, ses yeux, ses cils recouverts de minuscules flocons de neige, la douce courbe de son nez et ses lèvres sèches, les quelques tâches de rousseur sur ses pommettes, et pensa à l'énorme trou noir d'amour qui s'était ouvert en lui et qui le consumait de l'intérieur.
"Je sais pas," dit-il honnêtement. "Je sais pas pourquoi je t'aime plus que tout le monde. Peut-être que c'est juste comment on s'est rencontré ou comment tu fais ce que tu veux quand tu veux et que tu t'en fous de ce que les gens pensent, ou comment on s'amuse à chaque fois qu'on est ensemble, ou que même quand on s'assoit juste et regarde la télé toute la soirée je ne voudrais toujours pas être ailleurs qu'avec toi. Je sais pas s'il y aurait quelqu'un d'autre mieux que toi mais, s'il te plaît, Louis, tu dois au moins - s'il te plaît, dis-moi qu'au moins tu me comprends."
"Oui. Je comprends. Je pense que je comprends... beaucoup plus que je le pensais avant la semaine dernière." Louis regarda de nouveau ses mains, roses à cause du froid, et le cœur de Harry battait dans sa gorge. "Mais on rentre chez nous demain."
"Peut-être que ça serait bien pour nous d'être séparés. Enfin, pas comme la semaine dernière. On parle, mais on est séparés. Je pense que tu as besoin de réfléchir à ce que tu veux faire. Et j'ai besoin de... je sais pas." Il rigola doucement. "D'arrêter d'être si éperdument amoureux de toi et de penser à quelque chose d'autre pendant un moment."
Louis laissa ses mains tomber sur la cuisse de Harry, souriant légèrement. "D'accord. Ok."
Sentant que c'était le moment, Harry se baissa pour embrasser le front de Louis une fois, puis deux. Il sentit la main de Louis venir entourer son poignet, puis ils s'embrassèrent: simple, rapide et sec.
"J'ai peur d'à quel point je veux te rendre heureux," murmura Louis, leur nez se touchant. L'estomac de Harry tourna tellement doucement qu'il avait l'impression qu'il était tombé du banc et était dans les airs, volant au-dessus des bâtiments de Manchester.
"N'aie pas peur. Pense-y. Profite de Noël avec ta famille. On reste en contact," murmura Harry, les doigts caressant le bras de Louis de haut en bas. "Mais, hum, moi aussi. Je veux toujours que tu sois heureux."
"Oh." Rit Louis en cachant son sourire avec le dos de sa main. "Eh bien. Je suis content que ça soit réciproque."
"Yep. Moi aussi."
Ils se sourirent pendant quelques secondes avant que Louis ne frissonne violemment, se rapprochant de Harry et dit, "Tout ça a pris... un tournant pour le mieux, Harry, mais je suis vraiment congelé et je pense que je ferrais mieux de te ramener avec moi vu ton état."
"Hey. Je suis pas si bourré que ça. Je me rappelle de tout ce que t'as dit."
"Mm, t'as toujours une bonne mémoire pour un saoul, mais je peux dire que t'es défoncé, t'as ce sourire débile sur ton visage et ton regard est flou," dit Louis en embrassant le bout de son nez avant de se lever. Harry se demanda s'il devait être offensé ou excité, et décida d'être un mélange des deux. "Allez. On va prendre un taxi. Ou, encore mieux, des frites."
"Oui. Des frites," dit joyeusement Harry, et encore plus lorsque Louis l'aida à se lever et entremêla leurs doigts. "Harry Christmas, Lou."
Louis rigola, et Harry ne réalisa presque pas ce qu'il avait fait de mal avant que Louis ne lui prenne le visage avec sa main libre et l'embrasse délicatement.
"Harry Christmas à toi aussi, idiot. Maintenant, allons au fast-food."
Le lendemain matin, Harry se réveilla avec des frites froides collées sur son visage et Louis enroulé autour de lui. Son réveil sonnait et il n'avait encore fait aucune de ses valises et il pouvait voir que la neige avait recouvert les arbres à travers la fenêtre ouverte, mais il se fichait un peu de tout ça, se retournant dans le lit, entourant ses bras autour du corps chaud et dénudé de Louis, embrassant son cou. Peut-être que rentrer à la maison pouvait attendre encore un peu.
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