-|9|- « Qui est ce que tu as perdu ? »

A 9 heures précise, Léon se tenait en bas de son appartement alors qu'un van noir aux vitres teintées se gara devant lui. Le policier hésita quelques instants alors qu'un chauffeur sortit du véhicule pour lui ouvrir la porte, il découvrit Red installée sur la banquette arrière, tapotant la place à ses côtés tout en le saluant d'un sourire.

-Monsieur, si vous souhaitez bien monter.

Tout en lui faisant un signe de la main, le chauffard fit bouger sa veste de costume, laissant apercevoir une arme à feu, accrochée à sa ceinture. Léon essaya de rester neutre, ne voulant pas leur faire remarquer qu'il avait vu le pistolet.

Il se contenta de rentrer dans la voiture alors que la portière se ferma derrière lui. Le chauffeur reprit sa place et démarra la voiture.

-J'espère que tu as passé une bonne nuit. lui dit Red.

-Oui, très reposante.

Le mensonge se lisait dans les traits fatigués de Léon. En réalité, l'homme n'avait pas dormi de la nuit, pour la simple et bonne raison qu'il n'avait pas pu oublier le moment sous haute tension qu'il avait partagé avec Red, lorsque ses mains étaient encore sur lui et qu'elle murmurait à son oreille.

-Alors c'est quoi le plan de la journée ?

-On va aller revoir le scène de crime, voir si on trouve quelque chose même si il y a très peu de chance et ensuite on fera les maisons aux alentours, peut être que des gens auront été témoins de cette nuit là et ensuite on ira manger, je rêve de sushis depuis plusieurs jours.

Léon se demandait comment elle pouvait penser à manger après avoir ressasser les souvenirs de la mort de Josh, car pour lui, il lui semblait impossible d'avaler quelque chose tout en pensant à la disparition de son frère.

-Madame Red ? L'appela le chauffeur.

L'intéressée se tourna dans sa direction.

-Oui Elijah.

-Franck vient d'appeler, il a trouvé les trois hommes d'hier soir et il demande l'autorisation de faire justice sois-même.

Red souffla tout en collant son dos contre le siège, elle passa ses mains dans ses cheveux pourpres.

-Il peut pas faire ça, il doit les livrer à la police. S'indigna Léon.

-Et qu'est ce que va faire la police, dis-moi ? Les mettre en cellule, à la limite les emprisonner pour quelques mois pour ensuite les libérer et refaire la même chose sans pouvoir espérer qu'un gars comme Franck viennent sauver toutes ces femmes.

Léon ne répondit rien car il savait qu'elle avait raison mais si il commençait à accepter ce genre de choses, alors il savait que ce serait le début de la fin. Il devait faire régner la justice, même si elle était injuste.

-Je t'en pris Red, tu n'es pas la justice à toi même, tu n'as pas le droit de vie ou de mort.

-Pourtant c'est ce que j'ai toujours fait, je ne fais que répéter ce que l'on m'a instruit et je le retransmettrais aux générations futurs. Dans une ville comme celle là, il n'y a pas de criminels, seulement des survivants. Et pour survivre, on doit avoir le courage de se salir les mains de temps en temps. Tu es policier, tu le sais. Je suis sûr que tu as déjà tué de nombreuses fois en employant le terme de légitime défense. C'est pareil ici, sauf qu'on a pas de plaque comme les flics.

Red se tourna ensuite vers Elijah, écoutant attentivement la conversation depuis tout à l'heure.

-Dis à Franck de les garder en vie, que je me garde du temps pour prendre la décision. Mais je l'autorise à leur refaire leurs portraits.

-Très bien, madame Red. Je l'avertis immédiatement.

Elijah plaça ensuite sa main près de son oreillette et contacta Franck en lui retransmettant les paroles que venait de lui dicter sa patronne.

-Merci. Dit-alors Léon.

-Je n'ai pas fait ça pour toi. Avoua Red en se tournant vers lui. Je tiens à préserver Franck au maximum. Si je décide de leurs morts, ce ne sera pas Franck qui les exécutera mais moi-même. Mon choix, ma responsabilité.

Le silence prit ensuite place à l'intérieur de la voiture alors que Léon essaya d'éviter de croiser le regard de Red, alors que ce dernier était perdu hors du véhicule, regardant par la fenêtre les rues et les allées qui défilaient sous ses beaux yeux verts.

Léon se contenta d'observer l'intérieur en cuir du van, tandis que ses doigts touchèrent la matière d'un froid glacial.

Au bout de plusieurs minutes de route, la voiture s'arrêta et le chauffeur descendit directement pour ouvrir la portière du côté de Red qui le remercia tout en glissant un billet dans sa poche. Elijah la remercia d'un signe de tête alors qu'il laissa Léon s'avancer pour descendre du même côté. Le jeune policier regarda autour de lui pour découvrir le quartier rouge, qui de jour, ressemblait à un quartier banal.

Ce même quartier où résidait le quartier général des Silencieux à savoir leur club de nuit appelé « le Silence. »

Red se retourna vers son chauffeur.

-Vous n'avez qu'à rentrez, je t'appellerais lorsque nous rentrerons.

-Vous êtes sûr ? Je peux vous accompagnez, j'ai mon arme sur moi. Je veux vous protéger madame Red.

Léon fut surprit d'une telle dévotion dont faisait preuve Elijah, mais il se rappela rapidement qu'il n'était pas la seule personne prête à donner sa vie pour celle de la jeune femme. Tous les hommes de mains de Red, toutes les personnes qui travaillaient pour elle avaient ce même point commun.

Alors Léon se demanda comment tant de personne pouvait autant l'aimer alors que de son point de vue, elle semblait être quelqu'un de diabolique, manipulatrice et voir quelque peu cinglée sur les bords.

-Je ne veux pas que tu risques ta vie pour moi, tu rentres au Silence.

-Madam-

-C'est un ordre, Elijah.

-Très bien, madame Red. Mais n'hésitez pas à m'appeler si vous avez le moindre problème.

Red hocha la tête avant de lui serrer la main en signe de remerciement à sa dévotion sans pareille, interpellant toujours Léon à leurs côtés, observant la scène avec interrogation et questionnement.

-Dis à Talia d'annuler tous mes rendez-vous de la journée, je ne sais pas pour combien de temps est ce que j'en ai. Dis-lui aussi de relayer tous les appels et de ne me les transférer qu'en cas d'urgence, je ne veux pas être dérangée.

-Bien, madame Red.

-Merci Elijah, rentres bien et fais attention à toi.

-De même.

Red sourit gentiment alors que Elijah souleva sa veste pour lui tendre son arme qu'elle accepta avec plaisir. Elle prit plaisir à manipuler l'objet d'un métal froid entre les mains. Elle se retourna ensuite vers Léon et commença à marcher vers la ruelle, tout en mettant son pistolet dans son dos, entre son t-shirt et son pantalon. Léon la suivit sans réfléchir pendant seulement quelques instants avant que la femme ne s'arrête, tandis que Léon manqua de lui foncer dedans.

Il releva les yeux et aperçu la ruelle qui avait été fatale pour son frère, celle où il avait lâché son dernier soupire tandis que sa vie s'était arrêtée à cet endroit précis.

Red se retourna vers Léon, voulant vérifier qu'il tenait le coup face à ce choc, tandis que le garçon se contentait de fixer une trace de sang séchée au sol. Il voulut taper dans la première poubelle qui venu mais se retenu et se contenta de serrer les poings, en contrôlant la colère qui ne cessait d'augmenter en lui.

-On va voir si on trouve quelque chose mais comme je te l'ai dis, il y a peu de chance. On aura sûrement plus de résultats avec des témoignages.

Red fixa l'homme qui ne répondit pas, alors elle fit simplement son travail et regarda partout, passant au dessus de la trace de sang. Elle chercha simplement derrière les poubelles, à l'intérieur et sur les murs. Puis quand elle n'eut rien trouver, comme elle l'avait prévu, elle regarda les possibles habitations donnant sur la rue, elle en vit plusieurs et s'apprêta à s'y rendre mais elle remarqua que Léon n'avait toujours pas bougé. Alors elle s'approcha rapidement de lui et déposa une main sur son épaule.

Le jeune homme dirigea ses yeux vers les siens, sortant enfin de ses pensées macabres. Il fut étonné cette fois-ci de ne voir aucune once de malveillance, de folie ou de sous-entendu dans le regard et les gestes de la criminelle aux cheveux pourpres. Comme si elle était quelqu'un d'autre.

-Je suis passé aussi par là, enfin, la personne à qui je tenais n'est pas morte dans une ruelle mais je sais que c'est dur de se dire que c'est cet endroit qu'elle a vu en dernier avant de s'endormir à jamais.

Léon fronça les sourcils, il ignorait que la femme devant lui avait perdu quelque de chère à ses yeux et pourtant c'était le cas, c'était son deuil qui avait endurci Red et l'avait en partie fait devenir comme ça.

-Qui est ce que tu as perdu ? Demanda Léon.

Red sourit tristement tout en baissant les yeux.

-Quelqu'un, je ne souhaite pas en parler et de toute façon, nous ne sommes pas là pour ça. J'ai perdu cette personne il y a très longtemps, à tel point que je ne ressens presque plus rien lorsque je repense à elle maintenant.

Léon plissa les yeux, se demandant vraiment si dans quelques années, lorsqu'il repenserait aux bons moments qu'il avait passé avec son frère, il arriverait à faire comme elle et à ne plus rien ressentir à son propos, à seulement devenir froid et dur comme une pierre.

-Je vais aller voir le voisinage, si tu as besoin d'un peu de temps seul ici, je te l'accorde. Mais ne traînes pas.

Léon n'eut pas le temps de la remercier qu'elle fila, comme elle l'avait fait hier soir ou plutôt ce matin lorsque l'homme était rentré chez soi et qu'elle était partit en utilisant les escaliers de services. Il la vit s'éloigner de plus en plus tandis que Léon se contenta de rester là, fixant toujours la même tâche au sol.

Et plus il y repensait, plus il se demandait si il s'agissait du sang de son frère ou alors d'une autre personne qui s'était simplement fait tabasser dans ses rues ou peut être même qui avait seulement saigné du nez en traversant cette ruelle.

Alors Léon décida qu'il avait prit assez de temps pour se lamenter sur son sort et partit à la poursuite des pas de Red, dans l'espoir d'en savoir plus sur le meurtre de son frère avant la fin de cette journée.

Il retrouva la femme, discutant avec un homme dans la cinquantaine, ayant des cheveux sales et des vêtements dans le même état. Léon devina rapidement qu'il s'agissait d'un sans abri. Il approcha d'eux tandis que les deux individus continuèrent leurs conversations.

-Et vous étiez dans le coin la nuit où ce flic a été abattu dans la ruelle à côté ? Demanda Red.

-Non, je ne suis ici que depuis quelques jours, j'étais chez les Italiens au départ mais avec la rumeur de la bombe, je préfère m'éloigner le plus loin possible d'eux.

Red hocha la tête avant de sortir quelques billets de sa poche, elle les compta rapidement avant de les tendre vers l'homme qui la remercia du plus profond de son cœur.

-Un petit conseil, si les Italiens prévoient de faire sauter la bombe, ce sera sûrement sur un des gangs rivaux, ça me tue de dire ça mais en ce moment, le territoire de Raphaël est le plus sûr de tous, il n'oserait jamais bombarder son propre territoire.

-Mais le quartier rouge est sous votre responsabilité et vous savez toujours tout à l'avance, si quelque chose de mal arrivait, vous nous le diriez, n'est ce pas ?

-Bien sûr. dit Red en souriant doucement. Passez une bonne journée.

-Vous de même, madame.

Red partit vers un autre squat de sans abris tandis que Léon était sur ses talons.

-Tout le monde te connaît ici, hein ?

-Oui, je gère tout le quartier rouge alors ils ont intérêt à savoir qui je suis. Si il y a des problèmes, ils savent que j'envoie mes hommes ici pour régler ce qui ne va pas.

Léon hocha simplement la tête. Depuis son arrivé, il avait été en effet étonné de n'être jamais aller dans ce quartier pour une arrestation, malgré qu'il soit géré par un gang.

-Tu dis que je ne suis pas la justice mais ici, je suis la seule personne qui fixe les règles et jusqu'à maintenant, il n'y jamais eu de problèmes.

-Comment tu fais ?

Red se retourna vers lui en souriant doucement.

-C'est tout simple. Ils ont peur de moi.

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Vous avez aimé ?

L'arrivé d'un nouveau personnage, Elijah ?

La dévotion de tous envers Red ?

Red et Léon un bon duo ?

Red qui avoue avoir perdu quelqu'un ? Qui ?

Les citoyens qui ont peur de Red ? Est-ce vraiment le cas ?

Des théories pour la suite ?

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