-|14|- « C'est juste un jeu. »
Cassiopée souffla tout en s'affalant sur le canapé le plus proche tandis qu'elle enleva avec douleur ses chaussures à talons.
-Mon dieu, quelle journée. Soupira-t-elle.
Anastasia sourit tout en s'installant à ses côtés. Les deux amies se retrouvaient au Silence, dans un étage interdit au public, là où se trouvait le lieu de vie des Silencieux. Car en effet, chaque Silencieux vivait dans ce club, dans les étages supérieurs à ce qui paraissait être une simple boite de nuit.
Alors assissent dans ce qui était le salon commun. Cassiopée attacha ses cheveux dans un vulgaire chignon alors que Ana se mit simplement à rire en la voyant faire.
-Tu as fait du bon boulot, aujourd'hui. La félicita la blonde.
-Tu penses vraiment ce que tu dis ou alors tu ne fais qu'être sympa avec moi ? Répondit Cassie.
-Je le pense et je suis sûr que Red aussi, lorsqu'elle le saura.
Cassie jeta un œil à son téléphone, affichant déjà plus de 16h.
-D'ailleurs je devrais l'appeler pour lui faire le rapport et après ça, j'irai prendre un bain rempli de bulles avec une de ses petits boules effervescente toute colorée.
Malgré son apparence de femme fatale et son look légèrement gothique à cause de ses mèches bleues, Cassie était en réalité encore une grande enfant qui aimait tout ce qui sortait du commun. C'était un des points qui avait fait dire à Red que la prendre chez les Silencieux serait un point positif pour eux, même si ce n'était pas l'avis de Franck qui n'avait jamais aimé la jeune femme.
Ce dernier rentra d'ailleurs dans le salon, faisant face à Cassiopée quittant la pièce avant de se tourner vers Anastasia, retirant à son tour ses chaussures et sa veste en cuir, laissant apercevoir son débardeur bleu électrique ainsi que les bretelles de son soutien gorge noire en dentelle.
-Relèves les yeux, Franck. Le surprit Ana.
Mais Franck ne nia pas, il n'était pas de ce genre. Il aimait simplement les belles femmes et ici, au Silence, le fait de porter une arme rendait les Silencieuses encore plus sexy que d'habitude.
-Comment s'est passé ce petit repas ? Demanda-t-il en s'asseyant à ses côtés.
-Bien, enfin, bien quand on pense que ce n'est pas Red qui y est allait. Cassie a fait de son mieux mais elle n'a fait que retarder l'inévitable. On a besoin de Red pour enterrer cette rancœur avec Raphaël.
Franck hocha simplement la tête, espérant que sa patronne reviendrait bientôt de on-ne-sait-où, car en effet, lui aussi n'avait aucune idée de où Red avait pu disparaître. Elle lui avait seulement annoncer qu'elle devait partir quelques jours, hors de la ville, pour des raisons personnelles. Ce qui avait étonné Franck, car il pensait que Red ne lui avait jamais rien caché.
En effet, Franck avait été le premier Silencieux à être recruté par Red. Lorsque cette dernière avait monté son gang et qu'elle recherchait du monde, Franck été apparu à elle avec un passé plus que sombre. Mais contrairement à la plupart des Silencieux, Franck n'était pas passé par la case prison.
-Des nouvelles d'elle, d'ailleurs ? Demanda Ana.
-Non, pas un message et pas un appel. Avoua Franck en se relevant.
Il alla vers un petit meuble en bois et l'ouvrit, laissant apparaître des bouteilles d'alcool, tous différentes les unes que les autres. Franck prit son péché mignon, à savoir le whisky, qu'il mit dans le fond d'un verre. Il se retourna ensuite vers sa collègue.
-Tu penses que quelque chose de mauvais lui ai arrivé ?
-J'espère que non.
Ana soupira à son tour, profitant de la place sur le canapé pour s'étaler de tout son long. Elle mit la tête en arrière, observant le plafond.
-Raphaël a dit que si on le remboursait pas complètement, il nous tuerait tous. dit-elle d'un ton neutre.
Malgré les révélations de la jeune femme, Franck se contenta de fermer les yeux tout en méditant sur ses paroles, prenant une petite gorgée de sa boisson comme pour l'aider à réfléchir.
-Cette vente aux enchères, il devait y avoir pour au moins 2 millions de dollars.
-Est ce qu'on a au moins tout cet argent ? Demanda Anastasia.
Elle se tourna vers Franck qui croisa son regard.
-Peut être, ce n'est pas moi qui gère les comptes. On devrait demander à Jenny.
-C'est une perte de temps. Si on avait tout cet argent, Red aurait pas fourni l'information de la vente de Raphaël contre la libération de Cassie.
-Ça veut dire qu'elle sait qu'on a plus un sous.
-C'est peut être pas aussi dramatique mais je suis presque sûr qu'on a pas 2 millions de dollars, planqué quelque part ici.
Anastasia se releva et alla près de la fenêtre, contemplant la vue sur le quartier rouge qui à cette heure de la journée, n'avait pas encore ses néons d'allumés.
-Alors qu'est ce qu'on est censé faire ? Se laisser faire tuer pour une histoire de fric ?
-J'en sais rien, Anastasia.
Or la jeune femme se retourna directement vers lui avant d'avancer à grand pas en sa direction. Elle prit le verre des mains de l'homme, ce qui fit grincer les dents ce dernier.
-Tu es le chef pendant que Red n'est pas là, c'est à toi de prendre les décisions !
-Je ne suis pas Red !
-J'avais remarqué parce que si c'était le cas, elle aurait trouvé un moyen de nous sortir de cette merde depuis un moment !
Franck souffla, essayant de réduire la colère qui grandissait en lui, mais il ne résista pas et attrapa le cou de Anastasia avant de la plaquer contre un mur, alors que ses pieds étaient à quelques centimètres au dessus du sol, tandis que la jeune femme ne prit même pas la peine de se débattre.
-Je t'aime bien, Ana. Tu as du cran et tu es même carrément canon mais si tu me cherches alors tu vas me trouver. Je ne suis peut être pas le fin stratège qu'est Red mais je me débrouille beaucoup mieux qu'elle quand il s'agit d'utiliser une arme à feu, alors tu la fermes.
Ana se mit à rire, alors que Franck la lâcha soudainement tandis qu'elle tomba au sol, mettant ses mains autour de son cou, sentant encore la marque des grosses mains de l'homme en face d'elle dessus. Elle reprit une respiration normale alors que Franck quitta la pièce, résistant à l'envie de finir le travail.
Il attrapa son téléphone, vérifiant qu'il n'avait manqué aucun appel de sa patronne. Mais malheureusement, cette dernière ne l'avait toujours pas rappelé. Alors Franck insista, composant son numéro sans cesse. Et soudain, alors qu'il s'apprêtait à abandonner, les sonneries se coupèrent jusqu'à qu'une voix se fasse entendre.
-J'espère que c'est une urgence pour que tu ne cesses de me harceler de la sorte.
Franck soupira de soulagement, heureux de savoir que celle qui l'avait accueilli était encore vivante et semblait ne pas avoir perdu sa bonne humeur habituelle.
-Pourquoi tu n'as pas appelé ? Je m'inquiétais.
-J'allais le faire mais j'ai eu une journée chargée. Qu'est ce qui se passe ? Quelqu'un est mort ?
-Pas encore mais ça ne serait tarder.
Red souffla avant de trouver une chaise pour s'asseoir.
-Racontes-moi.
-Le rendez-vous avec ce con d'italien s'est mal terminé. Il veut récupérer tout le pognon qu'il a perdu et il y en aurait pour près de 2 millions.
Franck vérifia son téléphone lorsqu'il n'entendit aucune réponse de Red mais selon son écran, elle était toujours en ligne.
-Tu savais qu'il demanderait ça, hein ? conclut-il.
-Je m'en doutais.
-C'est pour ça que tu es partit ? Pour nous laisser dans la merde ?!
-J'espère que tu n'es pas sérieux, Franck. Tu penses réellement que j'allais laisser ma famille derrière moi, dans le pétrin, tandis que je barrerais aux îles Caïman ?!
-Tu es aux îles Caïman ?
-C'est une image, je suis pas à Elysium mais j'en suis pas loin. Vous pensez pouvoir vous en sortir tout seul ou est ce que je dois revenir pour reprendre les choses en mains ?
Franck ne répondit rien. D'un côté, il y avait la vérité et le fait qu'elle devait retrouver les siens pour tous les sauver mais de l'autre, il y avait la fierté de Franck qui lui disait qu'il pouvait se débrouiller seul et qu'il gérait la situation, ce qui était bien sûr, totalement faux.
-Non, c'est bon. Continues ce que tu as à faire.
-Super, je serais de retour dans quatre jours, en attendant, essayez de réunir le plus d'argent possible.
-Comment ? En empruntant aux fantômes ?
-Non, on ne mêle pas Anderson à nos histoires de pognon.
Soudain un sourire prit place sur les lèvres de Red qui à l'autre bout du fil, se mit à rire légèrement, comme idiote de ne pas avoir pensé à cette possibilité plus tôt.
-A quoi tu penses ? Lui demanda l'homme.
-Je me disais que ça faisait longtemps que tu n'avais pas braquer une banque. Tu t'en sens encore capable ?
Franck sourit à son tour, n'ayant pas besoin de mot pour savoir que sa patronne avait comprit la réponse.
-Un braquage à l'ancienne ? Tu penses que ça sera suffisant ?
-Si ça l'est pas, alors appelles-moi et je m'occuperais de réunir l'argent restant.
Sur ce, Red raccrocha immédiatement. Elle arrangea rapidement ses cheveux qu'elle avait coloré en brun, grâce à une coloration temporaire. Elle souffla et rejoignit la cuisine.
-Qui c'était ? Intervint une voix.
-Rien, grand-mère. Seulement le boulot.
Red sourit tout en s'installa à la table où était assise sa grand-mère, côté maternelle, en train de découper des pommes pour espérer en faire une tarte.
-Ils t'appellent alors que tu es en congé, ils sont gonflés.
Red se mit à rire tout en attrapant une pomme et un couteau, elle commença à découper les fruits avant de les placer dans un grand plat.
-Que veux-tu ? Ils ont besoin de moi, même quand je leur dit que je ne veux pas être dérangé.
-Si c'était si important, tu aurais pu rester chez toi.
-Grand-mère, j'ai pas été assez présente dernièrement alors je n'avais pas le droit de ne pas venir pour fêter ton anniversaire.
-Mais tes collègues ont l'air d'avoir besoin de toi, on aurait pu repousser.
Red sourit tristement, malheureusement, elle avait peur qu'en repoussant encore et encore, elle n'ai plus l'occasion de fêter les 93 ans de sa grand mère.
Une larme vint dévaler le long de sa joue en pensant à ça. Elle baissa la tête immédiatement, avant de la retirer, puis refit face à sa grand mère, absorbée dans l'épluchage de ses pommes.
-Tu aurais pu inviter ton petit ami, aujourd'hui. Lança-t-elle finalement sans relever les yeux de ses fruits.
Red leva les yeux au ciel, ne pouvant s'empêcher d'esquisser un demi-sourire.
-Je t'ai déjà dit que je n'avais personne dans ma vie.
-Et ce Franck ?
-C'est seulement un de mes employé, rien de plus.
-Alors dis-moi avec qui tu es en ce moment, tu es beaucoup trop belle et intelligente pour n'avoir personne dans ta vie actuellement.
Red sourit, aux yeux de sa grand-mère, elle était la petite fille parfaite ainsi que la personne parfaite. C'est pour ça que Red avait inventé cette histoire de boulot, pour cacher le fait qu'elle dirigeait un gang, elle avait fait croire à sa grand-mère qu'elle avait fait des études d'avocat et qu'elle avait monté son propre cabinet. En réalité, tout ça n'était qu'une grosse métaphore au Silencieux. Le cabinet représentait le Silence et ses employés n'étaient autres que les criminels qu'elle avait recruté.
Red ne voulait pas que sa grand-mère soit au courant de sa vie de criminel, alors elle ne lui avait jamais raconté sa double vie. Annabella, sa grand-mère savait que sa petite fille avait eu une enfance difficile à cause de ses parents, et lorsque Red s'était retrouvée à la rue, Annabella n'a jamais su le destin tragique de sa petite fille, pour cause, elle avait été placé dans une maison de retraite miteuse par sa propre fille, la mère de Red. Elle avait été tenue hors de la vie de sa fille et de sa petite fille. Et lorsque Red s'était évaporée dans la nature, ses parents l'avaient pensé morte tout comme le reste du monde hormis Annabella. 12 années étaient passées sans que Red ne puisse rendre visite à sa grand-mère mais lorsqu'elle eu atteint ses 18 ans et que son gang fut monté, l'argent avait commencé à rentrer dans ses caisses. Red avait finalement retrouvé sa grand-mère qui avait été diagnostiqué Alzheimer, cela avait été un terrible choc pour la jeune femme qui s'en était voulu de ne pas avoir pu être auprès d'elle.
Lors de ses retrouvailles, Annabella avait sauté de joie, heureuse de retrouver sa petite fille même si à cause de sa maladie dégénérative, elle avait eu seulement l'impression de ne pas l'avoir vu depuis seulement 6 mois.
Malgré son changement de physique, Annabella ne la voyait pas comme une adulte mais bien comme une enfant. Ce qui expliquait pourquoi Red prenait plusieurs heures à son arrivée pour lui expliquer qu'elle avait grandit, mais elle savait parfaitement que la prochaine fois qu'elle reviendrait rendre visite à sa grand-mère, elle devrait lui répéter ses paroles.
Red avait vécu 12 ans sans la seule personne encore vivante de sa famille qui l'ai vraiment aimé, tandis que cette dernière n'avait eu l'impression que de passer 6 mois loin d'elle.
C'était pour ça que Red se retrouvait ici aujourd'hui, elle savait qu'elle n'avait plus beaucoup de temps pour profiter d'elle, alors elle essayait de se rattraper. Elle avait acheté à sa grand-mère, une maison plain-pied dans un coin tranquille de la ville voisine, dans un quartier résidentiel où vivaient principalement des personnes âgées, et elle où avait engagé une infirmière pour qu'elle lui rende visite trois fois par jour, et l'avertir si jamais quelque chose n'allait pas.
Et il y a quelques jours, Red avait reçu un de ses fameux appels qui lui faisait froid dans le dos, disant que sa grand-mère n'en avait sûrement plus pour très longtemps, peut être deux ou trois mois avec un peu de chance, avait dit l'infirmière.
Red sortit de ses pensées lorsque sa grand-mère lui donna une pomme pour la couper en morceau dans un saladier en verre. Elle la vit sourire et fit de même, heureuse de pouvoir être à côté d'elle, loin du gang, des problèmes et de ses responsabilités de chef.
-Alors, tu ne m'as pas répondu, tu es sûr qu'il n'y a personne ?
Red souffla d'un air fatigué même si Annabella savait qu'elle ne faisait que retarder l'inévitable.
-Et bien, il y a un bien quelqu'un mais ce n'est pas sérieux.
-Quel est son nom ?
-Tu ne me lâcheras pas, hein ?
Pour toute réponse, la vieille dame se contenta de secouer la tête de gauche à droite tout en ancrant son regard vert dans celui similaire de sa petite fille.
-Il s'appelle Léon mais je te l'ai dit, ce n'est pas sérieux. C'est juste un jeu.
-Qui joue ? Toi ou lui ?
Le sourire de Red suffit à faire comprendre à Annabella que c'était elle qui avait les commandes de ce jeu sordide.
-Attention avec ça, ma luciole. Ne tombes pas dans ton propre piège, sinon, c'est lui qui se jouera de toi.
Le sourire de la belle jeune femme s'estompa progressivement alors qu'elle changea rapidement de sujet, voulant écarter ce Léon de ses pensées ainsi que de celle de Annabella.
Mais sans le savoir, avoir parler de Léon à sa grand-mère ne faisait que lui faire avouer que c'était plus qu'un jeu.
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Vous avez aimé ?
Cassie et Ana ?
Franck qui menace Ana ?
Un futur braquage en vue ?
Red qui a prit quelques jours de congé pour voir sa grand-mère ?
La vie qu'elle s'est inventé ?
Sa mention de Léon ?
Des théories pour la suite ?
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