Chapitre 12


Malek doit être en pause déjeuner donc pas de client dans la boutique. Tant mieux, j'ai besoin d'un peu d'air. Je croise un peu trop de monde en ce moment. Et moi, le gens, moins je les vois, mieux je me porte. J'espère qu'il aura pu glaner quelques infos sur la mémé de la télé.

Sur la porte, la pancarte indique « fermé ». Je suis sauvée. J'entre sans frapper, en priant que son copain black n'ait pas décidé de refaire son apparition pour poursuivre leur entrevue et plus si affinités. En avançant dans les rayons, je perçois deux voix masculines. Et merde. Je freine des quatre fers. Je suis tombée une fois sur Malek en pleine action. Plus jamais ça. J'en ai cauchemardé pendant des semaines.

- Malek, c'est moi.

Quelques secondes plus tard, sa tête fait son apparition entre les attrape-rêves. Il avance vers moi, d'une démarche enjouée, un sourire stupide sur les lèvres. Qu'est-ce qu'il trame encore ?

- Baby Doll ! Je commençais à m'inquiéter. Tu m'as dit que tu allais récupérer le collier et ça fait deux heures que tu es partie.

- J'ai dû faire un petit détour avant de rentrer. Mais j'ai ton machin. Tu es... occupé ?

- Si seulement... mais non, ça peut attendre.

- Tu as des infos pour moi ?

- Non, pas vraiment. Mes sources sont étonnamment silencieuses. Ca ne me dit rien qui vaille. Par contre, j'ai eu une idée.

Ah ! Je me disais bien qu'il y avait anguille sous roche. Le génie et ses idées lumineuses. En général, ça tourne toujours mal. Il part d'un bon sentiment en voulant m'aider la plupart du temps. Mais ça se termine en merdouille que je suis obligée de nettoyer ensuite.

- Ne fais pas cette tête, chérie. Pour une fois, je pense que tu vas la trouver géniale.

- Allez, accouche ! Que je puisse aller manger et retourner travailler.

- Alors, voilà. J'ai remarqué qu'en ce moment, tu es débordée. Tu dois tout mener de front et toute seule. Même si je suis là pour te sauver les miches avec mes « machins » magiques comme tu dis. Enfin, bref. Alors je me suis dit que ce serait bien que tu te trouves quelqu'un d'autre qui pourrait alléger ta charge de travail.

Je me mets à froncer fortement les sourcils, sentant le coup fourré arrivé.

- Tu comprends. Même si je suis d'une aide précieuse, je ne peux pas toujours être là. J'ai mon business qui me prend beaucoup de temps. Si tu avais quelqu'un d'autre sur qui compter, tu pourrais interroger plus de monde, avoir un autre point de vue, voire même mener des attaques coordonnées pour appréhender les méchants.

- Tu veux en venir où ?

Malek m'attrape les mains et me sort son regard de chien battu. Exactement celui qu'il m'a fait quand j'ai voulu refourguer sa lampe pour me débarrasser de lui. Evidemment, il m'a encore eu au sentiment.

- Vas droit au but, Malek. Je sais que tu as quelque chose de précis en tête.

- Plutôt quelqu'un...

Je le vois prendre une grande inspiration. Qu'est-ce qui va encore me tomber sur la tronche ?

- Pourquoi ne demanderais-tu pas au flic de bosser avec toi ?

Non mais je rêve ! Malek a fumé ! non, il s'est carrément envoyer une boite entière de pilules arc-en-ciel. Je le dévisage, attendant qu'il éclate de rire devant sa blague douteuse. Mais non, il est, on ne peut plus, sérieux. Je retire avec force mes mains dans les siennes et me mets à faire les cent pas, avalant ma rage tant bien que mal.

- Red, je te jure que c'est une bonne idée. Je le sens bien ce mec. Il a l'air d'être réglo et prêt à s'investir à fond.

- Tu te rends compte de ce que tu dis ! C'est un humain, pas un chasseur. Avant de faire quoi que ce soit, il faudrait que je le forme. Et j'ai autre chose à faire.

Le génie fait la moue, pas convaincu par mon argumentation.

- Et même s'il montre de bonnes capacités, il m'a fallu pratiquement dix-huit ans pour être capable de chasser seule. Et tu as vu le résultat. Je me suis faite avoir par Wolf, dès ma première chasse. Et là, tu veux que je le prenne comme partenaire. J'ai des choses trop importantes à gérer pour me trimballer un bleu.

Je me suis mise à hurler, tout en m'agitant dans tous les sens. Sérieusement, j'ai l'air de vouloir avoir quelqu'un dans les pattes. Je me le suis déjà farci une soirée entière. C'était largement suffisant. Bon, ok, il m'a été utile pour coincer Rumple, mais j'y serais parvenue toute seule aussi. Et puis c'est quoi cette idée qui traverse le cerveau de tout le monde en ce moment ? Blondinet et maintenant Malek. Ils se sont donnés le mot, ma parole. Ce n'est pas... Et là, un éclair de lucidité. Je pousse Malek et me dirige vers le fond du magasin.

- J'en étais sûre !

Tranquillement installé dans un fauteuil, une tasse de café encore fumante à côté de lui, le petit flic écoutait notre conversation, se faisant le plus discret possible. Quel enfoiré ! venir jusqu'ici pour embobiner Malek. Mon Malek ! Je vais lui casser la gueule, lui refaire le portrait. Il va regretter d'avoir croisé ma route. En me voyant approcher, il se met debout. Ses mains levées en signe de reddition, il s'apprête à ouvrir la bouche. Attends un peu, connard. Tu vas dérouiller.

- Red, écoutez...

Avant qu'il ne finisse sa phrase, mon poing est déjà en l'air. Mais, alors que je l'abats sur sa mâchoire carrée, ma main reste en suspens. J'ai beau tirer de toutes mes forces, rien n'y fait. Bordel de merde !

- Malek ! Lâche-moi.

A quelques pas derrière moi, le génie utilise sa magie pour m'empêcher de laisser déferler ma colère. Je me mets à vociférer, à l'insulter dans toutes les langues que je connais, mais il ne me relâche pas. Le petit flic recule, surpris par ma hargne. Et moi, je continue à gesticuler.

- Je ne céderai pas tant que tu seras dans cet état, Red.

- Putain ! Laisse-moi lui arracher la tête. Tu fais chier, Malek.

Je crie de rage, excédée de ne pouvoir prendre le dessus.

- Rasseyez-vous, Gabriel. Je m'occupe d'elle.

- Moi aussi je vais m'occuper de toi, Génie de mes deux. Tu vas regretter d'être né.

- Aïdenn, la grossièreté ne t'aidera pas. Bien au contraire, calme-toi, conduis-toi en personne civilisée et je te rends ta liberté.

Je tente encore quelques mouvements accompagnés de noms d'oiseaux. Mais je dois me rendre à l'évidence, Malek est un génie puissant. Je suis en train de me fatiguer pour rien. Hors de moi mais résignée, je finis par me calmer et me laisse porter par sa magie.

- Voilà qui est mieux.

Malek fait signe au blondinet de se rasseoir tandis qu'il me fait léviter jusqu'à un fauteuil lui faisant face. Tranquillement, il s'installe entre nous deux.

           - Maintenant que tu as retrouvé la raison, nous allons pouvoir discuter.    

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