Chapitre 7

On toque à ma porte. Je me lève pour aller ouvrir, traînant des pieds. Je me sens totalement mou. Je n'ai aucune énergie, rien. Je n'ai pas envie de bouger.

J'ouvre la porte et mon amie Julia se trouve derrière.

- Oh, salut.

- Oulaaa ! T'as pas l'air en forme mon vieux !

- Disons que j'ai déjà connu mieux... Viens, entre.

Des banalités, des phrases de politesse que tout le monde dit... et qui pourtant me rappellent cette fille. Des images, des souvenirs qui me hantent à chaque fois que quelqu'un dit quelque chose qu'elle a pu dire. Même quand c'est moi qui le dis, ça me rend mal. Tout me relie à elle... Tout.

Elle entre dans mon appartement et nous allons dans la salle à manger.

- Tu te sens comment ? demande-t-elle en s'asseyant.

- Bizarre. J'ai l'impression que le monde tourne au ralenti, et ces...

J'allais parler des images, mais je ne peux pas. Elle me poserait trop de questions. Je n'ai pas la force de lui répondre. Je ne l'ai jamais, de toute façon...

- Ces quoi ?

- Rien...

- Julio...

Trouve une excuse, trouve un truc.

- Ces questions que je me pose... Pourquoi cette crise d'angoisse ? Pourquoi à ce moment-là ?...

- T'es sûr de ne pas savoir ?

Je hoche la tête même si c'est faux. Bien sûr que je sais pourquoi j'ai fait ça. Les paroles d'Andrea... Les mêmes que celles qu'elle avait dites... Rien que d'y penser, je me sens trembler. Non, il ne faut pas que ça recommence... Je dois me détendre.

- Bon, si tu veux rien me dire, je ne forcerai pas. Mais tu peux me faire confiance.

- Merci...

Elle se lève de sa chaise et me prend dans ses bras. Je crois que c'est ce dont j'avais besoin, un câlin. J'enfouis ma tête dans son cou et la serre fort contre moi. Ses petits bras autour de moi, elle me chuchote que ça va aller, et que tant que des personnes m'aiment, je peux tout surmonter. Cette fille est vraiment réconfortante.

Je suis enfin de retour au studio, et Isabela ne manque pas de me sauter dessus, alors que je n'ai manqué qu'un jour de tournage. Elle me prend dans ses bras en disant à quel point c'était ennuyeux sans moi, mais je sais qu'elle le fait pour que je me sente bien et que je ne pense pas aux choses qui me rendent mal. Je ne remercierai jamais assez mes amis pour ça d'ailleurs : ils me comprennent presque parfaitement. Je vais vers Rhener avec qui je n'ai pas parlé depuis notre discussion à l'hôpital. J'ai peur qu'il ne me fasse la gueule, mais lorsque je le vois m'accueillir avec un grand sourire, mes craintes s'envolent.

- Amigo ! dit-il avec son accent brésilien. C'est cool de te revoir ici. Une journée c'était long !

- Vous pouvez bien vous passer de moi pendant une journée, rigolé-je.

- Figure-toi que non, dit Jorge, le producteur, en posant sa main sur mon épaule. Ton absence s'est bien faite ressentir hier, et on a du pain sur la planche. Tu dois rattraper deux scènes. On s'est organisés pour que tu en rattrapes une aujourd'hui et l'autre demain. Mais en attendant, pas le temps de discuter, allez vous préparer !

- Reçu, chef !

- Heureux de te voir en forme.

Il me sourit et s'en va. Je suis bien obligé de l'être... Ma vie ne doit pas s'arrêter à cause du passé. J'ai dû avancer avec tout ça sur la conscience, et je continue de le faire, même si c'est très difficile...

- Comment tu vas mon chéri ? Tu t'en es remis ?

- Oui maman, ne t'inquiète pas, c'était sûrement le stress ou quelque chose comme ça, mais tout va bien, j'ai seulement manqué une journée de travail.

- Bien sûr que je m'inquiète ! On m'appelle pour me dire que mon fils a fait une crise de panique en plein milieu d'une boite de nuit ! C'est normal que je m'inquiète mon fils. Et ton père aussi est inquiet. C'est difficile de ne pas t'avoir près de nous, surtout dans ce genre de moments...

Je vois à travers l'écran d'ordinateur que ma mère est triste. Parfois je m'en veux de les laisser comme ça, seuls, alors que je suis à des milliers de kilomètres de l'Espagne. Surtout après tout le soutien qu'ils m'ont apporté durant la période la plus compliquée de ma vie. Je me sentais prêt à partir, prendre mon envol, mais je dois admettre que c'est très difficile sans eux, surtout sans ma maman. J'ai envie de la prendre dans mes bras, de la serrer fort contre moi, de sentir sa chaleur réconfortante et de l'entendre me dire que tout ira bien, que je sortirai de cette passe difficile le poing levé. J'ai déjà pensé à tout plaquer et rentrer en Espagne, mais je ne peux pas me permettre de faire ça. J'ai une dizaine d'amis et des milliers de personnes qui comptent sur moi pour rester. Je ne peux pas partir de la série, elle ne serait pas la même sans moi, vu que je suis le protagoniste. Mais parfois je voudrais vraiment pouvoir prendre une pause, retourner en Espagne pendant quelques mois, reprendre une vie normale... J'aime à peu près ma vie actuelle, mais la vie de quand j'avais quinze ans me manque. Là, je n'avais aucun problème, aucun secret, aucun passé à cacher. J'étais juste là, vivant ma vie d'adolescent comme tous les autres. C'était une belle époque...

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