Chapitre 5
- Julio ! Tu vas bien ?
Bien sûr ! Je tremble, je suffoque, je sue, je panique, mais je vais bien ! Je ne sais même pas qui me parle, je ne sais plus rien, à part que ça m'arrive de nouveau. Je n'arrive pas à me calmer.
- Julio putain !
La personne prend mon visage entre ses mains. Je vois flou mais je crois que c'est Isa. Je commence vraiment à ne plus tenir debout et instinctivement, je pose ma tête sur son épaule histoire de calmer mes vertiges. Je ferme les yeux mais ça ne change rien, mes jambes sont sur le point de me lâcher, je vais tomber. Et au moment où ça arrive, deux bras me prennent sous les bras et me rattrapent. Ce n'est pas Isa, mais je ne sais pas qui c'est. Je rouvre les yeux et tout continue de tourner. Je n'arrive toujours pas à respirer, et je revois toutes les images qui ne devraient pas réapparaître. Je dois les oublier définitivement.
- Calme toi Julio...
Cet accent brésilien, cette voix... c'est Rhener. Mais je ne le vois pas bien. Je suis assis contre un mur, je crois qu'on me regarde mais je n'en suis pas sûr.
- J'appelle une ambulance, dit Isa.
Je l'entends vaguement. Sa voix résonne comme un écho dans ma tête.
- Il fait une crise de panique...
Je sens quelque chose de froid sur mon visage. Probablement de l'eau. Je ne comprends plus rien à tout ce qu'il se passe autour de moi. Je sens juste des mains me secouer. La dernière chose dont je me souviens c'est d'avoir vu son visage à elle, appelant à l'aide...
"Comment tu vas ?" "qu'est-ce qu'il s'est passé ?" "je suis désolée Julio, c'est de ma faute..." "parle moi"... Je ne veux pas parler. Je ne veux pas répondre à ses questions, ses excuses. J'essaye simplement de me défaire de toutes ces images qui reviennent me hanter. Ma tête me fait affreusement mal. Pourquoi est-ce que tout ça doit me revenir maintenant, trois années plus tard ?
- Ils ont dit que c'était bien une crise de panique. On s'est juste embrassés, Julio, je ne comprends pas...
- TU m'as embrassé, Andrea.
- Tu me réponds juste pour dire ça ?
Je ne réponds rien, encore une fois. Le silence est mon seul échappatoire. Je ne veux rien dire. Et en réalité, je ne peux rien dire.
- T'es vraiment incompréhensible Julio.
- Jandino. Je me sens mal pour lui, et j'ai l'impression que tu t'en fous de lui.
- On n'est plus ensemble.
- Mais il t'aime.
- C'est faux.
- Où est Rhener ?
- Dans la salle d'attente. Isa et lui ont dit qu'on devait parler.
- Tu leur as raconté ?
- J'étais obligée...
- Je veux voir Rhener. J'ai besoin de lui parler, à lui...
Elle soupire mais sort de la chambre sans rien ajouter de plus. Heureusement. Je ne supporte pas toutes ses questions et remarques. Putain... Je pensais que ma vie était mieux, que je pouvais avancer, et maintenant il se passe ça, pour me rappeler que non, rien n'est réglé. Du moins... pas pour moi.
La porte s'ouvre enfin et Rhener entre, le visage rongé par l'inquiétude.
- Comment tu vas ? demande-t-il en s'asseyant sur une chaise à côté de mon lit.
- Difficile de dire comment je vais...
- Andy m'a raconté...
- Y a rien de passionnant... Je l'ai repoussée, je ne ressens rien envers elle... Et Jandino est mon ami, je ne me permettrais pas de lui faire ça.
- Mais le baiser n'est pas le plus préoccupant Julio. C'est le fait que tu aies fait une crise de panique juste après...
- Je... je suis claustrophobe c'est pour ça...
- C'est quand que tu vas arrêter de nous mentir et nous dire ce que tu nous caches ?
Ma tête me lance. Je grimace de douleur et Rhener semble se détendre.
- Je suis désolé de te foutre la pression... mais on s'inquiète pour toi Julio... T'es mon ami, mon meilleur ami. Te voir comme ça ce soir ça m'a... waw... Je t'ai jamais vu si mal de toute ma vie, j'en suis encore remué.
- Je suis désolé Rhener... Je voulais pas que ça se finisse comme ça...
- C'est pas de ta faute, mais t'as besoin de te sentir mieux. Les médecins pensent... enfin... On pense tous que tu devrais consulter un psychologue...
- Quoi ? Non ! Je peux pas ! Enfin... je veux pas ! J'en ai pas besoin et puis... il est cinq heures du matin, t'as passé toute la nuit à m'attendre... les filles aussi. Vous devriez rentrer chez vous et dormir.
- Un jour Julio, un jour tu vas péter un câble. Tous ces secrets vont te bouffer de l'intérieur...
Puis il sort de la pièce sans ajouter un mot de plus.
- Ils me bouffent déjà...
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