l'intru omega part1
Écrite par cherokeeNY
Tut Tut Tut Tut
La sonnerie du réveil m'agresse.
Je claque ma main droite à plat dessus. Il se tait.
Je m'assieds. Je mets mes cheveux en arrière, j'essaie d'ouvrir entièrement les yeux.
Je suis quelqu'un qui est du matin d'habitude. Mais depuis quelques semaines je dors mal, et donc je vis mal le réveil.
Je me traine jusque dans la salle de bain. J'allume la lumière. Je me positionne devant le lavabo pour me mouiller le visage. Je laisse l'eau couler à flot et je le frotte avec cette eau bien fraîche. Je ferme le robinet, redresse la tête, et observe mon visage devant le miroir. J'étudie mes pores, mes traits, le haut de ma carrure.
Et comme chaque matin, je me pose cette même question absurde.
Pourquoi? Pourquoi? Je ne comprends pas!
Comment un garçon de 18 ans, aussi grand, bien bâti, imposant, que moi, peut être un Oméga?
J'ai compris qui j'étais vers 14 ans. Maintenant que j'en ai un peu plus de 18, j'ai peur.
J'ai peur car je sais ce qu'être un Omega implique, signifie:
- La soumission à un alpha.
- L'attraction que je vais devenir pour eux.
- L'attraction que je ressentirais pour eux.
Je n'ai pas encore eu mes premières chaleurs, je suis très très en retard. Et je prie pour qu'elles n'arrivent jamais.
J'ai assisté à ce que sont "devenus" d'autres Oméga, autour de moi.
Je le vois clairement dans ma mémoire.
Un exemple: Tyler!
Tyler, petit Oméga discret, que personne ne remarquait, solitaire. Il s'est pointé au lycée, un beau matin, avec un début de chaleur. Quand il est passé dans les couloirs du lycée, la totalité des Alphas se sont retournés sur son passage, attirés par l'odeur, le reniflant sans pudeur. Tels des loups sauvages et franchement dégueulasses, attirés par la luxure et la bestialité. Beurk! Ils l'ont fait exactement comme ils se seraient retournés sur une pom-pom girl, blonde, avec une minijupe tombant au dessus des fesses sans culotte, et des seins essayant de s'échapper de son haut. Je dirais que c'était même pire que ça!
Tyler a subi les regards lubriques des Alphas, les repoussant poliment. Mais au final, le lendemain, c'est lui qui est allé s'en chercher un, voir plusieurs, conduit par ses pulsions trop grandes.
Hors de question!
Hors de question que je devienne comme lui. Négatif! Je ne serais pas comme lui, comme du miel au milieu d'une meute d'ours, loup en l'occurence ici, s'offrant aux plus tentants, au fil des mois, conduit par l'envie. Beurk!
Mon "Beurk" me rassure, mes chaleurs ne sont pas prêtes d'arriver tant ça me dégoute. Les Alphas me dégoûtent. Il n'y a pas beaucoup d'Alphas et d'Omégas, dans notre communauté. Il y a surtout des bétas tranquilles, comme Zayn, mon ami. Zayn a de la chance, il est neutre, il est béta.
Je sais qu'un jour je serais lié à un Alpha. Ce n'est pas tellement ça, encore, qui me dérange. J'en trouverai bien un qui soit convenable, qui me plaira.
Ce qui me dérange ce sont nos Alphas les plus populaires. Ceux d'ici.
Je les appelle les LLN. La League des Nullos! Louis, Liam, Niall! Je les méprise!
Ils ont leurs airs supérieurs et suffisants.
Et oui, voilà, je l'avoue, je ne veux pas finir dans les bras de l'un d'eux, dans un moment de chaleur incontrôlé. C'est ma hantise number one!
Je me rince encore le visage. Ce serait la déchéance ultime pour moi!
Je les hais!
Surtout l'autre minus, Louis!
Comment, mais comment un gars aussi petit et teigneux peut être un Alpha?
Sincèrement, ça me dépasse!
Je sors de ma chambre en même temps que Louis sort de la sienne. Je ne veux pas faire de vagues de bon matin, alors je baisse la tête et le laisse emprunter en premier les escaliers.
Je suis tellement un veinard de la vie, qu'en plus d'être un Oméga, de haïr Louis, je vis avec.
Ma mère s'est éteinte en me mettant au monde. Mon père, un Alpha puissant, s'est sacrifié lors de la guerre des meutes quelques semaines après. J'ai été élevé par ma grande tante. J'ai été très heureux. Jusqu'à mes 16 ans.
A 16 ans, elle est devenue très fatiguée, et a préféré faire poursuivre mon éducation par Mme Tomlinson, la mère de Louis. Ma mère et Mme Tomlinson étaient amies d'enfance. Jusqu'à ce que cette dernière quitte notre meute pour suivre son futur et actuel mari, père de son Louis.
Du coup, quand j'ai "atterri" chez elle, j'ai changé de meute aussi, inévitablement. Depuis deux ans je suis là. Là, à la merci de cet Alpha minus nimbus qui me terrifie par sa beauté grandissante et son caractère de merde.
Il a beau être la plus grande gueule, le plus convoité, le plus adulé, le plus remarqué, le plus...tout. Il n'aura jamais mon derrière!
Mme Tomlinson, que je n'arrive toujours pas a appelé Diane, me surveille comme l'huile sur le feu. Je crois qu'elle rêve secrètement que je finisse avec son Cumulo-Nimbus de Louis.
Il faut dire que tout le monde me trouve poli et adorable. J'ai été bien éduqué, et je suis foncièrement gentil, moi!
Mais bon, ça pourrait être pire. Louis et moi respectons une espèce de trêve. On ne se calcule pas à domicile.
Je parle de trêve, mais c'est lui qui me rejette depuis mon arrivée et qui me rabaisse devant les autres en m'appelant "la grande chose", "le grand Omé". Bon, certes, c'est un peu la vérité et ce n'est pas très très méchant, voir pas du tout même, mais c'est son regard moqueur et narquois qui m'insupporte. Des fois, voir toujours, il fait comme si j'étais invisible, un fantôme. Je parle il fait comme s'il ne m'entendait pas, il me frôle en faisant comme si je n'étais pas là. Elle est vraiment optimiste sa mère! Ca se voit depuis la lune qu'on peut pas se saquer! Et c'est lui qui a commencé!
J'arrive dans la cuisine en lançant un "bonjour". Seuls Mr et Mme Tomlinson me répondent en souriants. Qu'est-ce que je disais!
- Vous allez faire quoi de beaux les enfants aujourd'hui? Demande de son air enjoué Diane.
- On n'est pas des enfants maman! Râle Louis, gracieusement. Je te rappelle on en a 18. Bien que, je t'accorde, pour l'autre grandeur d'Omé, là, y a de quoi avoir des doutes. C'est parti! Je souffle, mais je ne dis rien. Ca ne sert à rien. Il a plus de réparti que moi de toute manière. Et puis tu veux qu'on fasse quoi de beaux? On a cours! Il fait une bise sur la joue de sa mère et s'assoit.
Ouais, elle est vraiment optimiste d'espérer que je finisse avec son fils. Elle va pouvoir rêver longtemps!
- Allez, c'est l'heure! Diane me sort de la contemplation de mon chocolat. Je me redresse et prends mon sac à l'entrée. Comme j'ouvre la porte, Louis se faufile et en profite pour sortir, comme si je l'avais fait pour lui. Je soupire doucement.
Il se dirige à gauche, vers sa voiture, et je me dirige à droite, vers l'arrêt de bus.
Oui! Louis a sa propre voiture, mais il ne m'amène pas au lycée. Je prends le bus.
Pourquoi?
Car, il ne me l'a jamais proposé. Puis ce serait bien trop dangereux! 10 minutes à se subir dans l'habitacle étroit de sa bagnole. On risquerait de s'entre-tuer avant même le panneau indiquant la sortie de notre quartier. Et si en plus je dégage un semblant de chaleur....
Non, non, non. Le bus c'est bien. D'ailleurs je ne sais pas ce qui me dérangerait le plus? Qu'on s'entre tue dans sa caisse, ou qu'on se saute dessus en proie à nos instincts malsains.
Je préfèrerais qu'on s'entre tue! Il n'arrivera jamais, le jour où Louis Tomlinson posera une lèvre sur moi! Beurk!
En descendant du bus, je reconnais la voiture de Louis garée au milieu du parking. C'est sûr, lui ne s'est pas encombré des multiples arrêts sur le parcours de la ligne de bus. Il a le temps de discuter avec ses amis et de prendre son temps, tout simplement. Enfoiré!
Zayn lache sa clope et me rejoint.
- Toi tu rumines encore Louis!
Comment il sait?
- Je le hais, ce n'est pas de ma faute, c'est de la sienne.
- Un jour vous allez vous réveiller nus l'un dans l'autre, et je vais bien me marrer.
- Bien tu devrais commencer à chercher autre chose pour "bien te marrer", car ça n'arrivera jamais. Je passe dans un couloir, un gars me fait un clin d'oeil. Qu'est ce qu'il a lui? Je renifle rapidement mon bras. Je ne sens rien de plus que d'habitude, Dieu merci! Il est con avec son clin d'oeil, il m'a fait peur.
Zayn qui rit de mon attitude, en me suivant, répond:
- Tu ne sens rien, Harry. Il a juste eu sous les yeux un beau mec, à qui il a fait un clin d'oeil. Toi!
- Pfff. Je renifle.
- Si tu n'étais pas obnubilé par ton coté Oméga, tu verrais dans ton miroir un beau mec. Toi! Tu es très beau Harry.
- Quoi tu me dragues? Je m'arrête. Il s'éclate de rire.
- Non, j'ai des vues ailleurs. Mais saches qui tu es un beau mec, Harry.
- Je ne suis pas un "beau mec"! Je suis un putain d'Oméga, et je déteste ça.
- Tu m'agaces, souffle Zayn, un sourire en coin.
On s'assied en cours, et la leçon ennuyeuse du prof me fait oublier un instant mon quotidien.
...
J'ouvre la porte de "chez moi". En passant devant le salon, pour me rendre à la cuisine, j'aperçois Louis affalé sur le canapé, un paquet de chips plein la gueule.
Je râle. Bien sûr, lui il arrive plus tôt, avec sa bagnole qui ne ressemble à rien. Et en plus, il peut se permettre de bouffer n'importe quoi. Je claque mon sac sur la table de la cuisine. Il peut bouffer ses sales chips grasses, barbecue, paprika, bolonaise, fromage, ou autres. Il ne prend pas un gramme, lui. Je l'ajoute à la longue liste des choses que je méprise chez lui.
Depuis l'îlot de la cuisine, d'où je commence à savourer un petit sandwich avec des tranches de tomates et de l'huile d'olive, accompagné d'une pointe de basilic, j'ai une vue totale sur l'autre Alpha miniature.
Il est là, avec ses chips. Il en est à combien de paquets? Il les mange, lentement, en fixant la télé. Il est sexy! Non c'est faux, il n'est pas sexy, il est moche! Je secoue la tête. La faim me fait penser n'importe quoi.
Mon regard dévie sur ses lèvres et je lèche les miennes par réflexe. Je secoue la tête. Non, c'est du goût des chips dont j'ai envie, certainement pas de ses lèvres biens trop fines qui ne savent dire que des trucs vexants, ou des imbécillités.
En bougeant, il envoie maladroitement voler la télécommande au sol. Il se redresse et se penche pour la saisir.
J'obtiens une belle vue panoramique de son corps. Je bloque dessus.
Je regarde intensément la courbe rebondie, et je dois l'avouer parfaite, de son fessier. Je me sens bizarre. Je sens bizarre. Une légère odeur d'envie, une légère bouffée de chaleur. Je fixe mon sandwich quand je le réalise. Pourvu que ce que je dégage soit suffisamment léger pour que personne ne s'en aperçoive. Je relève les yeux vers Louis. Il me fixe. Il l'a senti. Je repose précipitamment mon sandwich et je cours dans ma chambre, sans oublier de fermer à clef.
Oh non! Oh non! Ca commence, ça m'arrive. Je souffle, je tente de me calmer. Je fais les cents pas dans ma chambre.
Calme Harry, calme! Ce n'est que le début, juste une petite bouffée. Elles ne sont pas encore vraiment vraiment là! J'ai envie de pleurer. Je le savais pourtant que ça arriverait, que c'était inévitable.
Je m'arrête, m'assieds sur le lit. Je recroqueville mes jambes contre mon torse et me berce. Je me serre fort. J'aimerais que quelqu'un me serre dans ses bras pour me rassurer, mais je n'ai personne. J'éclate en sanglot. Je suis un faible, voilà ce que je suis.
J'essaie de me ressaisir. Je vais dans la salle de bain. Je fais couler l'eau dans la baignoire et me calme en remuant mes doigts dans les vagues que crée la coulée du robinet. L'eau est à bonne hauteur et bonne température. Je me déshabille. Le simple fait de me mettre nu me donne une autre bouffée de chaleur. Je rentre vite dans l'eau. Pourvu que Louis ne me sente pas! Je ferme les yeux, j'essaie de me concentrer sur une orange, ou un arbre. Mais hélas, les fesses de Louis se trémoussent et dansent dans mon esprit, encore et encore. Ma respiration s'accélère. Je sens que mes chaleurs montent. J'ouvre subitement les yeux. Faut que je trouve un truc. D'un coup, je pense à la fois où j'ai dû ramasser le vomi de Zayn, car il avait mangé trop de cochonneries. J'ai la gerbe, ça me calme. Ma respiration aussi.
Quand l'eau du bain devient bien froide, comme mes idées et mes hormones, je sors.
J'ai eu le temps d'y réfléchir, entre deux visions du vomi de Zayn. J'ai une solution.
Je ne peux pas refouler mes chaleurs éternellement. Par contre, je peux fuir les LLN. Surtout l'autre tâche de Louis!
J'ai 18 ans maintenant, et ma tante est bien moins fatiguée. Et puis, je pourrais l'aider aussi.
Demain, je demanderais à Mme Tomlinson et à ma tante Penny, si je peux retourner vivre dans mon vrai chez moi.
Là-bas, je n'avais que des amis, Bétas, Alphas, Omés. J'avais même un crush tout gentil sur mon voisin Nolan. Un alpha. Il me "dragouillait" gentiment. Je rougissais toujours.
Ouais, excellente idée. Demain je m'en occupe. Et puis pourquoi attendre demain? Au plus vite. Je dois me barrer au plus vite.
Je me sèche et me mets vite en pyjama. J'attrape mon téléphone, j'appelle ma tante.
Elle est ravie de mon envie de revenir vivre avec elle. Elle m'a même expliqué qu'elle souhaitait que je revienne depuis longtemps, mais que ma vie semblait plus stable dans une famille composée. C'est ça oui! Il ne me reste plus qu'à en discuter avec Mme Tomlinson, en mettant les formes bien arrondies pour ne pas la vexer.
- A table! En parlant de Mme Tomlinson, la voilà qui m'appelle.
Je me concentre. Je peux descendre à table et rester 10 minutes sans que mon corps ne fasse de vagues! Hein? Je mangerais vite, très vite. Et entre deux bouchées, je glisserais mon envie de déménager. Voilà!
Je descends prudemment les escaliers. J'ai peur de me heurter à Louis et d'en perdre mon self contrôle. Déjà que je hais ce mec, là je le hais encore plus. Je sais que ce n'est même pas lui qui me déclenche tout ça, ce sont juste ses hormones prédestinées à enflammer les miennes depuis des générations. Mon instinct le veut, mais mon esprit, mon cerveau, mon coeur et la totalité de mon corps, mises à part quelques parties, le rejettent.
J'arrive dans la cuisine, ils sont déjà tous à table.
Machinalement et totalement involontairement, mes yeux se posent sur Louis, qui relève justement les siens à ce moment précis. Il me fixe, je détourne le regard. Je m'assois. Je repense à combien je le déteste, au vomi, et ça va déjà mieux.
Mme Tomlinson me sert une bonne cuillère de son risotto aux champignons. Je mange deux bouchées et me lance.
- Hum hum. Je...J'ai un truc à vous dire, à vous demander.
J'obtiens l'attention de toute la famille, même celle de l'autre naze. Comme je semble hésiter, Diane m'encourage.
- Vas-y, nous t'écoutons.
- J'ai eu ma tante au téléphone. Et je pense qu'il est temps pour elle, comme pour moi, que je rentre à la maison. Je baisse les yeux. Je n'ai pas envie de voir le regard vexé de Diane ou de son mari. Ni le probable sourire enjoué et soulagé de l'autre-là.
- Tu n'es pas bien chez nous? Voilà, je le savais, elle le prend pour elle. Alors que c'est la faute de Louis!
- Non, non, du tout. C'est juste que...maintenant que j'ai plus de 18 ans, je peux m'occuper de moi, et éventuellement l'aider. Et puis, ma meute me manque. Je la regarde, elle se pince les lèvres. C'est sûr que je ne finirais officiellement plus avec son louis en partant!
- Si tel est ton choix, nous le respectons.
- Merci. Et merci pour votre accueil ces deux dernières années.
Mr Tomlinson pose sa main sur mon épaule en signe d'affection, Diane sourit, et Louis....me fixe. Le gars zéro expression, vous connaissez? Je pensais qu'il allait me tacler, ou faire semblant d'être déçu: Rien. Stoïque. En bref, ça lui fait ni chaud ni froid. Il baisse la tête et replonge dans la dégustation de son risotto. J'ai envie d'enfoncer sa face d'Alpha sournois et sûr de lui dedans. Je ne sais pas pourquoi, parmi le sentiment de soulagement de me barrer d'ici, je sens une pointe, un soupçon de peine.
...
J'ai dormi d'un sommeil agité. Je me réveillais souvent, en sursaut, pour m'assurer de mon odeur neutre. Mes rêves étaient entrecoupés de valises, de la tête de Louis, d'un sourire ravi que je me barre, de ses fesses, de vomi, de ses yeux, de vomi, de ses mains, de vomi. Je sais pourquoi j'ai cette mine fatiguée.
Avant d'aller me coucher, Diane m'a dit que Tom, son mari, me ramènerait chez moi le surlendemain, dans la matinée. Donc, ce sera demain matin.
Elle tape à ma porte.
- Harry! Qu'est-ce que tu fais, tu ne descends pas? C'est bientôt l'heure de partir en cours.
- Je...je préfère rester là, pour mon dernier jour.
J'ai l'angoisse de mes chaleurs, je n'ai pas envie d'y aller à cause de cette peur, et de la flemme, et je suis fatigué.
- Tu es sûr? Tu ne veux pas en profiter pour dire au revoir?
- Euh, non, c'est bon.
- Comme tu veux. Je vais dire à Louis de partir sans toi.
Comme si ça faisait une différence par rapport à d'habitude!
Je passe ma journée tranquille, tout seul. Je réussis à dormir paisiblement grâce à ça.
A midi j'ai eu Zayn au téléphone. Il était triste, mais il me comprenait. Et puis, de chez ma tante à ici, il n'y a que 2 heures de route. Ce n'est pas si loin. On se reverra.
Des bruits se font entendre au rez-de chaussée. La famille Tomlinson rentre petit à petit de son quotidien. Je reste silencieux, dans ma chambre. Les heures défilent.
- Harry! Encore Diane. Tu, tu ne viens pas manger?
- Oh, non, merci Mme Tomlinson. Je n'ai pas faim. J'ai peur de croiser Louis surtout! Je...On se verra demain matin avant mon départ!
- Bonne nuit alors! Je sens qu'elle est déçue. Mais tant pis! Je ne veux plus voir la face de gland de son fils.
Mon estomac vide fait passer le temps encore plus lentement. J'aurais dû y penser et prévoir des provisions dans l'après midi, quand la cuisine était encore accessible, sans danger.
Je guette les bruits.
Depuis une bonne heure, plus rien.
Ils sont maintenant tous couchés, c'est certain. Je regarde l'heure: 1h10. Je peux aller faire une descente au frigo.
Avec lenteur et prudence, je passe ma tête dans l'encadrement de porte. Gauche, droite, pas de bruits, pas de lumière. Je souffle.
A pas de loup, je descends les marches.
La cuisine est là. Je n'allume pas la grande lumière. J'éclaire seulement la petite, située sous la hotte aspirante. J'ouvre le frigo. Des restes de poulet!
Je me saisis de l'assiette. Je la pose sur l'îlot. Je n'attends même pas d'être de nouveau dans ma chambre, je me saisis d'une cuisse et je la mange goulûment. J'aime le poulet froid! Puis le micro-onde, ça ferait trop de bruit. Il y a des restes de patates sautées avec. Elles sont un peu grasses, mais je m'en fous. Ca se marie parfaitement avec le poulet. Je mange comme un vrai cochon, mais ce n'est pas grave. Je veux faire vite et je meurs de faim. Je m'écarte de l'îlot pour prendre un morceau d'essuie-tout. Je me retourne en entendant du bruit. Sur le moment je n'ai pas peur, je pense que c'est Gizmo, le chat.
Non! C'est mon cauchemar personnifié, Louis!
Je reste figé dans le temps et dans l'espace. Mon morceau d'essuie-tout dans une main, mon bout de patate dans l'autre, ma bouche pleine de gras.
Je fais les yeux ronds.
Au regard insistant de Louis, je me rappelle que je suis en boxer. Sans rien d'autre. Je suis débile! Je suis resté aussi dévêtu pour avoir moins chaud, dans l'espoir d'atténuer mes chaleurs. Mais là, je crains.
Louis porte un vieux short en coton, il est torse nu. Il a les cheveux en pétard... et non, il n'est pas sexy accoutré ainsi!
Comme le mot "sexy" traverse mes pensées, j'engloutis le bout de patate. La bouffe, ça aide!
- Qu'est-che que chu fais là? Je tente de dire, décontracté, en mastiquant nerveusement ce que j'ai dans la bouche.
- J'avais faim. Je suis surpris qu'il ne me lance pas une réponse cinglante, comme "Ca te regarde!" ou "Avec le bordel que tu fais tu m'as réveillé, intrus Omé!"
Il s'avance, et le mot "sexy" résonne dans mon cerveau à m'en filer mal au crâne. Je ferme les yeux afin d'éviter certaines conséquences fâcheuses. Quand je les rouvre, il est devant MON assiette de poulet, et grignote un petit morceau d'aile, sans me quitter des yeux.
Je le fixe. Il termine de mastiquer, il me fixe aussi. Je ne sais pas s'il le ressent, mais la tension monte.
Je prends la sage décision de remonter me cacher.
Comme je bouge d'un millimètre, Louis se précipite sur moi.
Ses lèvres s'entrechoquent sans préavis sur les miennes. Son corps tout chaud se colle au mien.
Ses lèvres m'embrassent, aspirent les miennes, et je ne m'aperçois que quelques secondes plus tard que j'y réponds.
"Jamais il ne posera une lèvre sur moi!". Bon ok! Ce sont justes deux lèvres, ce n'est pas un drame en soi. Je peux savourer ça encore quelques minutes. Juste parce qu' il a un bon goût de poulet, rien de plus.
Il me presse contre lui en passant ses bras derrière mon dos.
Oh mince! C'est trop puissant, je veux ça. Je n'arrive même plus à entrevoir le vomi de Zayn. Mes propres mains hésitent, mais elles se referment autour de la nuque de Louis, pour accentuer ce baiser qui devient de moins en moins innocent.
Il gémit, et je suis son exemple en me rendant compte de façon très contrariée que ce n'est pas le goût du poulet qui est si divin, c'est le baiser de Louis. Son odeur, son haleine, son goût...lui.
Il n'empêche que je le hais!
Un moment de conscience, je romps notre échange buccal.
Je le regarde dans les yeux....bleus....à m'en noyer....enfin non, je ne m'y noie pas...
Tout en me regardant dans les yeux aussi, il resserre plus mon corps contre le sien. Je devrais préciser "ses hanches" contre les miennes.
Mes yeux se révulsent, et c'est, à ma plus grande honte, moi qui reprend l'assaut de sa bouche.
La tension monte de dix crans au moins. Ce baiser sauvage devient bestial.
Mes bras et mes mains cherchent à l'agripper partout. Les siens me touchent et me caressent sans répit. Mon dos heurte l'îlot de la cuisine, poussé par Louis, impatient et plus entreprenant que jamais.
- On va dans ta chambre! Il susurre. J'hoche la tête. Au point où on en est. Et puis ça ne veut rien dire. On va juste s'embrasser en haut! Rien de plus.
C'est en pensant à ça que je m'aperçois que mon odeur a pris le dessus sur ma retenue. Je sens le boxer me coller aux fesses. Mes chaleurs sont officiellement là.
Louis me soulève en attrapant mes cuisses. Costaud pour un Cumulo-Nimbus. Je m'agrippe à lui pendant qu'il monte lentement, mais sûrement, les marches. Mes lèvres caressent son cou pour emmagasiner un maximum son odeur, lui aspire la peau de mon épaule.
Je sens le moelleux du matelas derrière mes mollets, quand il me repose au sol.
Qu'est ce que je fais? Bordel c'est Louis! Tout ce que je ne veux pas et méprise.
Comme je commence à me poser ces questions inutiles: Inutiles car je sens bien que je suis sous l'emprise de Louis, de mon désir, de ses hormones et des miennes....Il pose ses deux mains sur chacune de mes fesses. Il les presse.
Il déclenche une sensation de désir, de soulagement, d'envie de plus, qui me fait totalement basculer. Mon esprit bascule.
JE VEUX LOUIS, ET JE LE VEUX MAINTENANT.
Et je n'en ai rien à faire que je le hais, qu'il me hait, que ce soit bestial, que ce soit de la luxure pure et dure....je le veux. Et tant pis si je suis un trophée dont il n'a rien à faire.
JE LE VEUX QUOIQU'IL EN SOIT! JE VEUX TOUT!
Je vous laisse rêver à votre propre ��
Des mains qui glissent et sculptent le corps de l'autre.
Des langues qui se goûtent et se découvrent, partout.
Des sensations inédites pour moi. Tellement fortes et puissantes.
De l'envie "ravageuse et intense", mais tant de douceur.
Des gémissements retenus, et beaucoup moins retenus.
Des choses tellement intimes.
Aucune douleur, que du plaisir.
Une possession qui ne me dérange pas.
Des mouvements frénétiques, incontrôlés, puissants, répétés.
Des griffures.
Des spasmes....beaucoup de spasmes.
Des caresses, des baisers.
De la fatigue.
Un réveil!
J'ouvre les yeux.
Je sais que Louis est là, que je n'ai pas rêvé. Que tout cela n'était pas un méga rêve érotico-pornographique. Je sens son odeur à coté de moi, autour de moi, partout sur moi.
Je ne dégage plus l'odeur de ma vague de chaleur. Du coup, j'ai l'esprit bien clair et plus du tout embué et brouillé par le désir.
Il est là, à coté. J'entends un petit sifflement sortir de ses lèvres, il dort bien.
J'agrippe mes cheveux avec ma main droite. Ma gauche étant bloquée sous le corps nu de Louis.
Mais qu'est ce que j'ai fait? Qu'est-ce qu'il m'a pris de faire ça? Avec Louis bordel!
Lui que je déteste tant et qui me hait.
Tout ce dont j'avais peur, tout ce que je craignais. Mon pire cauchemar.
Même si c'était le cauchemar le plus agréable et bon de la galaxie, c'est quand même tout ce que je ne voulais pas.
Je me suis donné à un homme, un Alpha, que je hais et qui me hait!
Je le regarde. C'est vrai qu'il est si beau et que...
...Oh comme il va bien rire de moi avec ses potes aujourd'hui au lycée. Il va se vanter d'avoir réussi à se faire "Big Omé" avant son départ.
Je l'entends déjà dans ma tête, se moquer, rire et se vanter:
"Il a voulu fuir, mais je suis irrésistible qu'est ce que vous voulez".
" Je vous avais dit que je me le ferais!"
" Je l'ai bien défoncé"
"Il s'est laissé dominer doux comme un agneau"
"Il fait son farouche mais....je vous l'avais dit"
"J'allais pas le renvoyer à sa meute vierge!"
"Ah Ah Ah, moi j'ai passé une excellente nuit, j'ai bien baisé!"
Je m'essuie les yeux.
Je me redresse et retire ma main de dessous lui sans ménagement.
Je l'entends se réveiller en sursaut. Je suis dos à lui, assis sur le lit. Je sais qu'il est réveillé, et il ne dit rien. Je suis certain qu'il sourit de la situation avantageuse pour lui. Alors, sans avoir le courage d'observer cette expression peinte sur son visage, je me lève.
- Tu vas ou?
- Douche! Je réussis à souffler.
Je m'enferme. Je me mets de suite sous le jet d'eau. Je n'attends même pas que l'eau se réchauffe. Je veux retirer les marques, les restes de notre nuit. Son odeur et tout ce qui va avec. Je pleure un peu de frustration face à la situation. Quand je sens complètement l'odeur du gel douche, je suis étonné. Je pensais me sentir mieux. Mais non! C'est pire. Je me sens encore plus mal sans l'odeur de Louis sur moi. Je ne me l'explique pas.
Je termine de me préparer. Quand je me décide à sortir de la salle de bain, je suis persuadé que Louis s'est enfui.
Je suis surpris de le trouver là. A la même place. Il a juste remis son short.
Je n'arrive pas à le regarder dans les yeux. Pourtant lui, il me fixe.
Qu'est-ce qu'il veut? Un round 2! Non! Je me suis assez fait passer pour un gars facile et sans vertu cette nuit.
Je reste silencieux pendant que j'enfile les seules affaires laissées exprès hors de mes valises.
- Tu pars alors? Je suis tellement à cran que je sursaute.
Je continue d'enfiler, avec difficulté à cause de la tension que je ressens, mon slim.
- Oui, pourquoi?
Il y a quelques instants de silence.
- Pour savoir. Je n'ose pas le regarder. Pourtant ses yeux brûlent mon dos. Je le protège en enfilant mon t-shirt. Je prends mon courage à bout de bras et je me retourne.
On se regarde. Mes yeux ont tendance à se baisser, mais ce n'est pas par rapport à mon rang d'Oméga. C'est de la gène et autre chose que je ne saurais définir.
- Pourquoi je resterais? J'enchaine.
- Je ne sais pas.
- Le seul ami que j'ai ici, c'est Zayn. C'est le seul qui compte.
- Je sais.
- J'aurais pu en avoir plus, beaucoup, autant d'amis que j'en ai dans ma vraie meute. Mais non! Je déballe ma rancoeur. Les autres se sont rangés à ton opinion. Et comme toi tu me hais et me snobe en me rabaissant au statut d'Omé débarqué d'ailleurs, bien trop "corpulent", et disproportionné, moche. "L'intrus". Tu te rappelles? Je suis "l'intrus Oméga", rejeté par sa meute car je faisais "tâche". Il baisse les yeux quelques instants et ça me gonfle de courage.
- J'ai jamais dit "moche", il marmonne.
- Ouais, peut être pas en ce terme exact, mais je ne cite pas tout ce qui a été dit depuis deux ans, je n'ai plus le temps, là. J'attrape deux sacs. Tu pourras te vanter de m'avoir mis dans ton lit! A moins que ça te fasse autant honte qu'à moi, finalement. Fais comme tu veux, de toute façon je m'en fiche, je me barre, je ne serais plus là pour l'entendre. J'essaie péniblement de me faire passer, moi et mes deux gros sacs, dans l'encadrement de porte pour partir. Au fait! Merci pour toutes les fois où tu m'as accompagné au lycée et raccompagné, avec ta voiture, pour m'éviter d'attendre le bus sous la canicule, le vent, la pluie, la neige, ou car je l'avais raté.....ah non, je suis bête....c'était Zayn ça. T'aurais préféré crever que de me tendre la main. Il baisse encore les yeux. Merci de gonfler encore mon courage, je n'en ai pas terminé! Je te faisais chier à être là, ok. Mais je n'ai pas demandé à venir. On me l'a imposé à moi aussi. J'espérais être accueilli avec au moins le sourire, pour quand même me sentir bien ici. Ici, loin de chez moi. Mais grâce à ta grâce, ta gaité et cette amabilité dont tu es dépourvu uniquement en ma présence, j'ai vite senti que je serais tel que tu m'as baptisé "l'intrus!". Alors...pas merci! Pas merci d'avoir contribué à la honte que j'ai de moi. J'aurais dû me barrer une nuit plus tôt. J'aurais préféré que ce soit Nolan. Il plisse les yeux. Allez, sans rancune Louis. De toute façon, je ne pense pas qu'on ait l'occasion de se recroiser un jour. Je lui adresse un sourire faux et forcé. Et j'ai comme le poids d'une pierre sur mon coeur. Si je n'avais pas été aussi gonflé de courage, de rancoeur, d'amertume, j'aurais éclaté en sanglots.
Je serre Mme Tomlinson dans mes bras et je suis Tom jusqu'à la voiture. Louis n'est pas descendu me saluer. Il est resté dans sa chambre ou dans la mienne. Je ne sais pas. Je m'en moque. C'est du Louis tout craché de toute manière.
- Oh, mais tu n'as pas dit au revoir à Louis, s'écrie Tom, en ouvrant sa portière pour monter et nous conduire loin d'ici.
- On s'est dit au revoir en haut, je marmonne. Je souris pour cacher le fait que j'ai envie de mourir.
La voiture s'éloigne et je ne me retourne même pas.
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