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Zayn et moi avons traversé la moitié de la ville.
Quand nous entrons dans le cabinet du docteur, il y a deux vieilles dames.
- On attend, et quand il sort, on lui saute dessus pour lui demander de te voir. Il me chuchote. Les vieilles vont surement râler, mais on s'est fiche, ok?
- Ok! J'ai mal au ventre de stress.
Dix minutes plus tard, Dr "Spécial" sort.
- Mme Pao...
Zayn le coupe.
- Docteur, excusez moi. Je sais qu'on n'a pas rendez-vous, mais, Louis a besoin de vous voir, c'est important, c'est grave. S'il faut on attend jusqu'à tard, mais il faut vraiment qu'il vous voit.
Une des deux vieilles femme s'offusque, car Zayn lui a fait perdre 17 secondes et qu'elle a peur qu'on la double.
Le Médecin relève la tête, me voit, me reconnait.
- Ce sont mes deux derniers rendez-vous. Si vous voulez attendre, je vous prends après.
- Oui on attend, merci, merci! Souffle Zayn. Il revient s'asseoir près de moi. Il me tapote le genou. Ca va aller, Louis!
Une vingtaine de minutes plus tard, la première vieille dame ressort et la seconde entre.
- La râleuse numéro un a fini, plus que la seconde, il dit. Mais celle qui sort l'entend.
- Vous me traitez de râleuse?
- Bien oui, vous avez râlé quand j'ai parlé deux secondes au médecin. Si on est ici c'est que quelque chose ne va pas...ce n'est pas pour le plaisir!
- Moi j'avais rendez-vous.
- Nous on l'a dans trois semaines, et il ne peut pas attendre aussi longtemps.
- Chacun ses problèmes, moi j'avais ma petite visite annuelle.
- C'est certain que vous, vous n'allez pas le voir pour une MST ou une grossesse. Elle s'offusque.
- Zayn, calme toi, je soupire. Je suis déjà à cran à cause du stress.
- Bah quoi, il dit, alors que la dame est toujours là. Nous on a un vrai problème. Qu'elle ait sa "petite" visite annuelle une minute plus tard que prévu, ce n'est pas la mort.
- C'est une question de politesse.
- Il est hermaphrodite et peut-être enceint! Il s'énerve. Ca pouvait attendre une minute que je parle au médecin. Elle semble s'offusquer encore plus.
- Oh ciel!
- Bah ouais. Et c'est moi le père du gamin....il en rajoute pour aggraver son air outré. Fait bisou, Louis! Je grogne de désespoir, et la dame s'en va.
- Elle va faire des cauchemars maintenant, Zayn.
- Ca lui apprendra à râler sans savoir! Je suis sûr, c'est le genre de femme qui a manifesté contre le mariage gay! Au moins ça nous a fait passer le temps, soupire Zayn, en regardant son portable.
La seconde dame part enfin.
- Venez.
- Je t'attends là, dit Zayn.
Je suis le médecin.
- Alors Louis, qu'est-ce qu'il t'arrive?
- Je crois que j'ai fait une bêtise.
- Quel genre?
- J'ai eu ...une relation sexuelle non protégée. Je suis très très mal à l'aise.
Il me fixe. Comme je suis muet, il demande.
- Avec une fille?
- Un garçon! Je corrige. J'ai mal au ventre et...c'était il y a un mois environ....je vomis.
- On va regarder ça!
Je m'installe, il m'examine. Ensuite, il me met ce gel froid et gluant sur le ventre. Il passe son appareil. Il l'arrête et passe et repasse sur un endroit précis.
- On va passer des examens sanguins, on va se revoir souvent Louis. Il me regarde, navré. Il me montre un point sur l'écran. Il est là.
Je laisse ma tête retomber sur le fauteuil d'examen. Je passe mes mains dans mes cheveux, nerveusement.
"Au diable les capotes", j'ai dit! Maintenant je suis en enfer!
...
Le médecin me raccompagne jusqu'à la salle d'attente. Il m'a renseigné, il a répondu à toutes mes interrogations. Zayn se relève en nous voyant. A ma tête il comprend. Comme le médecin le fixe, il dit:
- Me regardez pas comme un coupable, ce n'est pas moi! Je l'ai engueulé de ne pas avoir mis de préservatifs avec Harry.
- Zayn, il ne va pas te mettre au piquet. Au revoir Docteur.
On rentre jusqu'à chez moi. Zayn et moi restons silencieux. J'essaie de digérer la nouvelle.
J'annonce à ma mère que Zayn reste manger, puis on s'enferme dans ma chambre. Je m'écroule sur le lit, sur le dos.
- Parle, Louis!
- Je suis trop con de ne pas avoir attendu, avec Harry! Et de l'avoir fait sans capote.
- Je sais que j'en rajoute une couche, mais je te l'avais dit...
- Parce que si Niall te saute dessus comme Harry l'a fait, toi tu dis "non j'ai pas de capotes"?
- Niall est vierge comme la forêt, il n'a pas de pseudo vagin, et à part me faire vomir dessus en le secouant trop, je ne risque rien.
- Qu'est-ce que je vais faire....
- Je ne peux pas décider pour toi, il est très nerveux. Mais, je veux que tu saches, sans t'influencer, c'est TA décision, mais je vais te dire ce que je ferais à ta place. C'est horrible, mais...je le ferais partir. Je me redresse. Tu as 18 ans, tu es encore à l'école, tu es un garçon, tu as une grossesse à hauts risques, Harry est aux abonnés absents. Fais comme tu veux, mais moi je ne pourrais pas assumer ça, à ta place.
- Zayn, je ne te parle pas de le garder ou pas. Je sais ce que je veux faire depuis des jours. J'y ai déjà beaucoup réfléchi, je te parlais d'annoncer "ça" à ma famille.
- Tu comptes faire quoi, alors, pour le bébé?
- Le garder! Depuis la confirmation de ce dont je me doutais, hors de question de le faire partir. Je veux dire, j'ai l'instinct maternel et paternel, j'ai les deux! Le premier qui y touche, je le bute!
- Oh merci mon Dieu! J'avais trop peur que tu le fasses partir.
- Mais il y a deux secondes tu...
- Il fallait que je sois un vrai ami...que tu comprennes que tu avais aussi cette possibilité. Il a l'air soulagé.
- Je suis dans la merde! Je me mets à pleurer.
- On est dans la merde! Je ne t'abandonne pas Louis! Il essaye de me calmer et je me cale dans ses bras.
Au bout d'un moment, je réussis à me ressaisir.
- Je suis désolé d'avoir pleuré dans tes bras. En plus j'ai mouillé ton tricot.
- Ne t'en fait pas. Et puis, si ça avait dérapé on ne craignait rien. Tu es déjà en cloque. Je pouffe.
- J'annonce ça comment à ma mère?
Hey! Devinez qui débarque dans 8 mois?
Hey! Devinez qui a pris son pied et va en chier maintenant?
Vous connaissez la meilleur, votre fils est enceint?
Vous savez, mon pseudo vagin...et bien il fonctionne!
J'ai couché avec un mec, il a dit que ça a été une connerie....et bien c'est vrai...en parlant de connerie...
- Tu t'assois, tranquillement, et tu en parles calmement.
Je cache ma tête sous les coussins.
- Je suis hermaphrodite, gay, amoureux d'un connard fini, et en plus je suis enceint maintenant...de mieux en mieux!
...
Zayn est rentré tard chez lui. On a décidé que j'en parlerais ce week-end, à mes parents. On est Vendredi...donc, c'est proche.
Je suis à la bourre. J'ai eu du mal à me lever car j'ai très mal dormi. Le bahut est vide à l'extérieur. J'avance quand même sans me presser, les mains dans les poches.
Je relève la tête, et je vois Zayn courir un sprint jusqu'à moi. Je m'arrête. Il a quoi?
- Faut qu'on dégage, il lâche, essoufflé.
- Pourquoi? Non!
- Ils savent tous que tu es hermaphro.
- Qu...comment?
- Ché pas, ça ne vient pas de moi en tout cas. Il se bat avec les antivols de sa moto, et le cadenas gardant les casques. Ils ne savent pas pour le bébé, en tout cas.
- M'en fout. Je vais entrer la tête haute. J'en ai marre. Je suis en cloque, si je n'assume pas le simple fait d'être hermaphrodite, comment tu veux que j'assume mon enfant? J'affronterai les regards et critiques. Il me retient par le bras.
- Tu ne comprends pas. Ce ne sont pas les élèves du lycée le problème. On est moins cons que dans ton ancien bahut. Ils sont curieux mais semblent l'accepter parfaitement, sans moqueries ni mépris.
- Bah alors?
- Harry! Il dit comme si c'était une évidence.
- Qu'est ce que je m'en tape!
- En attendant, il l'a appris aussi, il a tapé comme un malade sur tous les casiers à portée de bras. Il est dans une colère monstre. Oh putain! Il regarde vers l'entrée du lycée, on aperçoit Harry qui en sort. Il nous fixe. Attrape ça. Zayn me tend un casque, il porte déjà le sien et démarre vite sa moto. Grimpe bordel! Je vois Harry commencer à courir vers nous. Mon instinct de survie me dit de grimper, alors je grimpe derrière Zayn à la vitesse de la lumière, en enfilant le casque. On démarre. J'entends juste Harry hurler.
- Louis, reviens bordel!
Quand Zayn se gare devant chez moi, j'ai les mains et les jambes qui tremblent à cause de l'adrénaline.
- Tu te sens bien, ça va? Je retire nerveusement mon casque et hoche simplement la tête.
- Raconte moi mieux ce qu'il s'est passé.
- Je suis arrivé, et on t'attendait avec Niall, dehors. Un gars de l'équipe de foot est venu et a demandé si on le savait. J'ai demandé "quoi". Il a dit qu'un bruit disait que tu es hermaphrodite. Je lui ai demandé "en quoi ça gêne". Il a répondu "en rien". Il rit. Il a dit que si être hermaphrodite pouvait lui permettre d'avoir ton excellent jeu de jambes avec un ballon de foot, il voulait bien l'être aussi. Je souris. Ce n'est pas le même discours que dans mes anciens établissements. Les élèves sont curieux, mais ils ne riaient pas, rien. C'était positif. Je voulais t'attendre pour te prévenir. Niall est rentré, après que je lui ai expliqué longuement ce qu'était "hermaphrodite", car il ne savait pas. Bref, il est revenu en courant, il m'a dit qu'Harry avait pété un cable. Je suis allé voir. Il tapait partout comme un dingue. Il a abimé pas mal de casiers avec ses poings. Et....il criait "Putain c'est pas vrai, putain c'est pas vrai, je vais le tordre!". J'ai vite compris le rapport de cause à effet. Il grimace. Viens on rentre Louis, je ne te sens pas bien, et ça se comprend. Je descends de la moto et m'installe à la cuisine. Zayn me sert un verre d'eau. Boit un peu, ça va te passer. Je tremble toujours. Je m'essuie les yeux.
- Les hormones! Je soupire. Il hoche la tête pour me faire croire qu'il me croit. Au moins j'ai moins de regrets. Je sais qu'Harry m'aurait largué de toute façon. S'il ne m'avait pas jeté de suite comme il l'a fait, il l'aurait fait maintenant, je le dégoutte.
- Ca nous conforte dans l'idée que c'est un gros con!
- Et c'est le père de mon enfant! Je pleure carrément. Il me caresse le dos. Même Zayn ne sait plus quoi dire! Je suis minable. Je suis allé avec un mec qui s'est joué de moi. Il me hait pour ce que je suis, maintenant. Je me suis débrouillé pour tomber en cloque de lui. Le lycée va me regarder comme une curiosité. Mes parents vont me tuer verbalement. Harry veut me tuer physiquement. Tu penses qu'un truc pire peut arriver? Mon Dieu, et s'il découvre que je suis enceint de lui. S'il me fait du mal et que je perds le bébé? J'ai peur Zayn. Tout ça m'effraie.
- Viens. Va te coucher un peu. On monte dans ma chambre.
Une demi heure plus tard, alors que je me repose et que Zayn soupire chaque minute, en pensant à ma situation bien délicate, la sonnette de chez moi ressentit.
- Mon Dieu, je crie, et si c'est Harry!
- Il ne sait pas où tu habites. Il regarde par la fenêtre. Ca va, c'est ma pucelle.
Il s'absente pour aller lui ouvrir.
- Louis, comment tu vas? Il me demande, suivi de près par Zayn, quand il entre dans ma chambre.
- Mal, Niall, mal!
- Non, mais les autres de l'école le prennent bien. T'inquiète pas!
- Ce n'est pas ça. Lui dit mon ami, en s'asseyant près de moi. Je peux lui dire? J'hoche la tête. Au point où j'en suis! Louis est enceint.
- Quoi? Niall passe de blanc à rouge. Tu as osé petite merde. Mes yeux s'agrandissent et je vois Niall se jeter sur Zayn et le taper sur les épaules, rageur. Je te déteste. Il le tape, et Zayn qui ne comprend rien, ne se défend même pas. Il faut avouer que même moi je ne sais pas si ce sont des tapes ou des caresses.
- Mais arrête! Réagit enfin Zayn. Il agrippe les mains de Niall, après avoir reçu une vraie claque énergique.
- T'es qu'une merde! Je suis autant étonné que Zayn du comportement de Niall. C'est la première fois que je le vois vulgaire, en colère, non souriant, triste, et pseudo violent.
- Mais arrête, pourquoi tu me tapes et m'insultes?
- Comment tu as pu coucher avec Louis? Il est toujours tout plein de rage. T'avais pas le droit! Je savais qu'il y avait un truc louche entre vous! Il va pour se re-jeter sur Zayn et recommencer, quand je coupe.
- C'est Harry! Niall arrête tout mouvement.
- Quoi?
- C'est avec Harry que j'ai couché, pas Zayn. Jamais de la vie, on est juste ami.
Niall passe son regard de Zayn à moi et de moi à Zayn. Zayn ne sait plus quoi dire. Il est perdu face à la réaction extrême de son blondinet.
- Mais Harry...on est en froid avec lui.
- Car il a couché avec Louis et qu'il l'a jeté comme une merde. Ajoute Zayn.
- Oh!
- Merci Zayn pour ce résumé, je lui dis en soupirant, sarcastique.
- Oh! Niall regarde son ex victime, honteux. Pardon. Je suis désolé de t'avoir frappé. Il se penche sur lui et lui fait un bisou sur la joue. Désolé pour la claque. Zayn se caresse la joue à l'endroit où Niall l'a embrassé. Il me regarde en souriant, et je ne peux que sourire face à ça, moi aussi. Je suis désolé de t'avoir traité de "merde" et de mettre énervé. Pardon!
- Si, si tu me fais un autre bisou...ça sera ok pour moi. Niall rit et l'embrasse encore sur la joue. Zayn est rouge, et ce n'est pas de colère!
- Tu vas faire quoi? Demande Niall, en se mettant lui aussi près de moi. Je lui résume la situation. Je vois, ce n'est pas facile. Zayn est muet. Il ne fait que regarder Niall de façon fascinée. Et j'aurais explosé de rire, si je n'allais pas aussi mal.
...
Je n'ai pas attendu le week-end.
Quand ma mère est rentrée, vers 17H00, je lui ai tout dit. Je lui ai demandé de me laisser parler jusqu'au bout, avant de m'interrompre. Elle sait tout pour Harry, elle sait pour le lycée, elle sait pour le bébé.
Elle est restée muette cinq bonnes minutes. Comme elle voyait que je pleurais, elle a finalement dit un "Ok". Puis un "Ok, on va se débrouiller, ça va aller". Je me suis senti mieux. Mais ça a duré dix minutes.
Bettie, ma soeur, est rentrée de l'école, et a dit avec un grand sourire.
- Alors ta journée, Louis?
Vu qu'elle ne me parle plus depuis le déménagement, et sa rupture avec son Nathan, ma mère et moi avons compris que l'info sur mon hermaphrodisme a été lâché par elle.
J'ai été trahi par ma propre soeur. Et c'est dur à encaisser.
Elle a vu l'état dans lequel j'ai été, à cause de Steeve. Elle m'a vu dépérir, souffrir, avoir envie de mourir, me faire du mal....et elle a quand même souhaité re-déclencher ça.
Le garçon dont je suis amoureux me rejette et me hait, et ma propre soeur, mon sang, me trahit et me méprise, au point de vouloir me détruire une seconde fois.
Je m'arrache presque les cheveux, silencieux, alors que ma mère s'égosille contre Bettie. Elle lui hurle dessus, elle lâche verbalement sa colère qu'elle a dû aussi un peu contenir face à ma situation absurde.
Je pleure de déception face au mépris de ma soeur. Et j'en ai marre de ne faire que pleurer depuis deux jours.
J'entends ma mère lui parler d'Harry, bien qu'elle ne prononce pas son prénom. Je l'entends lui cracher que je suis enceint, et que dans mon état je n'avais, en plus, pas besoin de ça!
Ma mère la congédie dans sa chambre, en lui promettant de sacrées représailles.
Mon père entre en territoire de guerre et de crise, le soir. Je suis assis en haut des escaliers et j'écoute ma mère lui expliquer la totalité de la situation. Puis je vois mon père serrer ma mère dans ses bras en promettant qu'il trouverait une solution.
A ses mots, je me lève et je rejoins ma chambre. Ma soeur se tenait dans l'encadrement de sa porte, elle écoutait aussi. Je suis passé devant elle sans la calculer. Je n'ai plus de soeur, pour moi elle n'existe plus.
...
Mon père tape à ma porte quelques minutes plus tard.
- Entre, je crie.
Il s'assoit près de moi. Et je me retiens de, encore, pleurer. Je n'ose pas le regarder dans les yeux. Il sait que je suis gay d'un mec, que j'ai couché avec, qu'il m'a jeté aussitôt, et que je suis en cloque. J'ai légèrement honte, et ça doit faire beaucoup à encaisser d'un coup, pour lui.
- Et ce garçon, qui t'a mis dans cette situation...Tu crois qu'il...
- Maman, te l'a dit, je soupire fataliste, il m'a lâché après avoir...dès le Lundi. Quand il a appris que j'étais différent, ce matin, il a pété un cable. Imagine s'il découvre que je suis enceint, en plus. Je ne veux plus lui parler, ou le voir. Il me fait limite peur, maintenant. Je veux partir. Mon père se redresse. Je ne vous demande pas de venir avec moi. Vous m'avez assez soutenu et aidé, et sacrifié de choses pour déménager jusqu'ici. Maintenant que vous y êtes biens....J'ai réfléchi. Je pourrais partir un peu chez mamie.
- Tu veux retourner à San Francisco? Et...Steeve?
- Pas au lycée! Hors de question que je me balade, moi, un garçon enceint avec du bide, dans les couloirs d'un lycée, ou dans le rue. J'ai peur. Je veux juste rester cacher là-bas. Je reviendrais quand j'irais mieux. Je ne veux pas rester là. J'ai encore plus peur d'Harry et je hais Bettie.
- Elle, elle va m'entendre, dès que je sors de ta chambre! Il soupire. Comme tu veux, Louis.
- Merci. J'ai déjà appelé l'ancien Docteur. Il me suivra de nouveau. Et j'ai eu mamie, elle est d'accord. J'ai eu peur qu'elle fasse un infarctus, mais elle était super contente pour moi. Elle est vraiment bizarre ta mère, papa. Je ris.
- Non, ce sont tout ceux qui le prennent mal, qui sont bizarres, pas elle, il rit.
- C'est vrai!
J'ai dit au revoir à Zayn, et Niall, et je suis parti vivre quelque temps chez ma grand-mère.
....
Trois mois que je suis chez elle. Je la soupçonne de tenter de m'engraisser, mais j'arrive à conserver un poids que je juge correct.
Mon ventre s'arrondit. J'ai du mal à gérer ça, psychologiquement. Alors, deux fois par semaine, je vais voir un psy. Il me fait parler, il m'aide à "encaisser" mon coté féminin, ma différence, ma grossesse, mon rejet par Harry, la trahison de Bettie, et surtout, le traumatisme subit par Steeve et ses potes.
Je reste la journée chez mamie, à travailler mes cours à distance, cuisiner avec elle, regarder tous ses vieux films télé, que je me surprends à aimer. Je ne sors que pour aller chez le psy ou le doc.
J'ai souvent Zayn au téléphone. Il m'a appris qu'Harry a été viré trois semaines, suite à sa crise de nerfs contre les casiers. Puis il est revenu comme si rien ne c'était produit. Il a demandé une seule fois à Zayn où j'étais. Il lui a répondu que j'étais reparti vivre quelques temps chez ma grand-mère. Il n'a pas parlé de mon état, évidement. Le lycée a su, par Zayn, ce que j'avais enduré dans mon ancien bahut, et il dit qu'ils sont autant outrés que lui de ce que j'ai subi. Ca se serait donc bien passé, si je n'étais pas enceint et loin!
Je sors de chez le psy. Je m'arrête dans une supérette pour m'acheter des donuts au sucre. J'ai envie de donuts. J'en prends pour ma grand-mère aussi.
Alors que je m'approche de la caisse, je le reconnais: Steeve. Il a l'air toujours aussi con que la dernière fois que je l'ai vu. Et lui me voit aussi. Machinalement, je referme bien ma veste sur mon ventre. Je garde mes bras sur mon corps, ou plutôt sur mon ventre. J'ai peur qu'il me fasse mal. Pas pour moi, mais pour la petite. Oui, c'est une fille. Harry m'a fait une fille.
- Louis! Quelle surprise! Je fais un pas en arrière par réflexe.
- Laisse moi tranquille, Steeve.
- Je ne vais rien te faire. Tu as disparu du jour au lendemain...tu étais où?
- Loin de toi. Je me rapproche subtilement d'un vigile. Je ne peux pas trop me défendre dans mon état. Il se pince les lèvres.
- Tu vas bien?
- Qu'est-ce que tu en as à branler?
- Je me suis inquiété.
- Mon cul! Bon barre toi, je dois aller à la caisse là!
Il pose une main sur mon épaule, je la dégage vite fait.
- Louis...
- Me touche pas! J'ouvre ma veste. Je suis enceint de quatre mois. Si tu me fais du mal, et que par conséquent, tu LUI fais du mal, je viens la nuit dans ton sommeil, et je t'égorge. Il recule d'un pas.
- Je ne compte pas te faire de mal ou te frapper.
- Avec toi, on est certain de rien!
- Tu...waw...je ne savais pas que tu...et avec un garçon....
- Vas-y, régale toi! Demain tu pourras aller au lycée, raconter que tu as vu Louis en cloque de quatre mois, qui par conséquent s'est fait sauter par un mec, et vu ma joie de vivre apparente, j'ironise, est heureux en couple. Pousse toi. Je le contourne. Je me sens mieux. Le psy m'aide vraiment. J'ai affronté Steeve et les anciens démons qu'il traine autour de lui. Je m'en fous de lui. Je sais qu'il ne me fera plus de mal. Je l'ai lu sur sa tronche.
- Louis!
- Quoi? Je me retourne, le regard dur.
- Je suis désolé. Je n'ai pas bien géré que tu sois...comme ça. J'ai ...j'ai pas géré.
- Tu as même merdé grave.
- Pardon.
- Si je ne vois plus jamais ta gueule de connard qui m'a fait subir tout ça, j'arriverais peut-être à t'oublier et par conséquent, te pardonner. Je m'éloigne. Il revient vers moi.
- Pardon. Je m'en veux...je pense souvent à toi.
- Bien oublie-moi.
- J'étais inquiet. J'ai réalisé trop tard.
- Ouais c'est trop tard en effet. Je m'éloigne encore.
- Je voudrais me faire pardonner.
- Alors laisse moi tranquille maintenant. J'ai entendu tes excuses. Il hoche la tête et s'en va.
Cette discussion anodine m'a fait un bien incroyable.
Je me sens près à affronter ma vie, à rentrer chez moi, à Philadelphie.
Si j'ai eu le courage d'affronter Steeve, je pourrais affronter Harry, si je le croise.
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