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cherokeeNY

Louis, Louis Tomlinson n'est donc pas le fils d'Aldrick Tomlinson. Il n'est pas le fils de l'Alpha.

Il est son Omega.

Il est son mari.

Cette évidence tourne en boucle dans ma tête. Tant que je pense à ça, je ne repense plus au comportement honteux que j'ai eu envers lui tout à l'heure.

Je l'ai insulté. Je lui ai clairement dit que je pensais qu'il se servait des prisonniers, comme moi, comme objets sexuels, pour ensuite les jeter et les laisser mourir. Je l'ai rabaissé.

Je tente de me souvenir depuis combien de temps j'entends parler de Louis, dans les récits Tomlinson. Deux, trois ans tout au plus. Mais je n'ai pas plus entendu parlé des vrais fils Tomlinson. Ca ne veut rien signifier.

Louis, fils d'un esclave du château, devenu l'Omega de son maître. J'imagine bien l'impasse dans laquelle il a dû se trouver, quand il a tapé dans l'oeil du vieil Alpha maléfique.

Si mes rêves de m'échapper un jour d'ici, avec lui, n'étaient jusque là pas beaucoup réalisables, maintenant que je sais que ce n'est pas son fils, mais son Omega, ceux-ci sont réduits à néant.

De toute façon, avec l'affront que je lui ai fait, il ne reviendra plus. J'en suis sûr. Il ne m'aime pas. Quand je lui ai avoué que j'étais fou de lui, il m'a simplement regardé. Il n'a rien répondu, comme s'il s'en foutait. Pour moi ça veut tout dire. Même si Louis n'a pas d'autres Alphas dans les cachots, avec lesquels il s'amuse, il ne m'en aime pas plus. Je suis juste sa "seule" distraction. Et que fait-on avec une distraction qui ne nous amuse plus? On la délaisse, on l'abandonne dans un coin.

Au bruit de mon estomac, et de sa douleur qui est de plus en plus grande, je devine que ça fait un moment que Louis n'est plus revenu. Moi, j'ai perdu la notion du temps, mon estomac pas. Il me rappelle ainsi la triste réalité. Je vais mourir ici, seul, dans une lente agonie, abandonné par Louis, abandonné par la personne que je connais peut être le moins, mais que j'aime le plus sur terre. Et c'est inexplicable. Pourquoi je l'aime autant alors que je le connais à peine? Je pense que c'est une évidence, le destin, la fatalité, l'alchimie, je ne sais pas. Mais c'est ainsi, et c'est à sens unique.

J'ai réussi à m'endormir pour oublier la douleur dans mes entrailles, mais un bruit bref et fracassant me réveille. Je sursaute et me tourne par réflexe. Je vois le pichet d'eau au sol, pas loin de ma tête. Louis est à la grille. Je devine qu'il l'a lancé exprès contre un mur pour me réveiller.

- Oh! Raté! Dit Louis, amer. Je visais ta tête. Il déplie son chiffon et jette au sol, à coté de l'assiette, des pommes de terres et des épis de maïs. Tu m'excuseras d'avoir été si long mais j'ai tellement d'autres esclaves sexuels à visiter... Et, pas de viande: Dernier servi, plus mal servi! Voilà l'eau. Il jette négligemment une gourde au sol. Je suis tellement surpris de le voir là, et d'entendre son sarcasme douteux, que j'en reste muet. Quand il s'éloigne, je me réveille enfin mentalement.

- Louis! Attends. Louis attends, je veux parler. Attends! Il est déjà parti, sans un mouvement d'hésitation.

Le lendemain, cette fois-ci, je l'entends arriver de loin. Il s'avance dans un vacarme surprenant. Je le vois devant la grille, l'ouvrir et déposer à l'intérieur de mon cachot le contenu de ce qu'il porte à bout de bras: Un énorme seau d'eau. Il fait un autre va et viens et amène en tout, deux seaux d'eau.

- Tu te laveras un peu, il annonce, en jetant un carré marron que je devine être du savon, à mes pieds. Tu pues c'est incroyable. Tu en empestes même toutes les catacombes. Aies du respect pour les morts. Je suis vexé, mais je n'ai pas le temps de me ressaisir qu'il est déjà repartie.

Je l'attends. Je le guette. Je n'ai que ça à faire... Au bout d'un temps interminable, sûrement le lendemain, il revient. Je saute sur mes pieds, me précipite au plus près possible de la grille.

- Louis, je suis désolé. Pardon. Discutons. Il accélère ses mouvements, et je comprends qu'il se dépêche pour vite décamper. Et malgré mes suppliques, il part, encore, sans mot dire.

C'est le même refrain et le même manège pendant plusieurs "visites". Il vient, jette la bouffe, une gourde et détale aussi vite qu'il le peut.
Mes "Pardon", "je regrette", "j'étais en colère car je t'ai dit que j'étais fou de toi et toi t'as rien répondu", n'ont rien changé. J'ai même tenté un nouveau "Je suis fou de toi Louis" un peu plus tôt aujourd'hui. Rien. Il m'ignore et il s'échappe à une vitesse incroyable. Je n'ai même pas eu droit à une remarque, un sarcasme, un mot, comme quoi j'étais tout propre. J'ai usé un seau entier pour lui! J'ai même lavé mes dents. (✏️Tout le monde se sent mieux avec cette toilette 😏, moi d'abord!)

Mais je ne m'avoue pas vaincu. J'ai une idée.

J'entends ses pas. Je reste allongé au sol, au fond de mon cachot, sur le dos, mes jambes et mes bras dans une posture assez bizarre. Un bras tendu, un autre perpendiculaire, pareil pour les jambes. Il ne dit rien et déverse mon repas au sol, comme d'habitude. Je l'entends pourtant marquer un temps d'arrêt pour m'observer, par terre, dans ce coin.

Lorsqu'il est parti, je me rassois. Mon plan est en marche. Je sens l'odeur délicieuse du pain chaud, du fromage, du lard, mais je n'y touche pas. L'eau de la gourde m'allèche aussi, mais je reste loin. Il les retrouvera tel quel demain, comme moi, dans cette même position improbable.

Je l'attends, encore et toujours quand je le devine déboucher en haut des escaliers. Je ferme vite les yeux. Cette fois-ci, je l'entends s'arrêter, me regarder, avant même de déposer, voir jeter, la nourriture au sol. Le silence est pesant. Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir que son regard fait des vas et vient de la nourriture non touchée, à moi, immobile, dans la même position que la veille.

Je l'entends souffler.

- Harry! Tu dors? Oh! Il crie et cogne la grille. Il souffle encore. J'entends la grille s'ouvrir. Je sais ce qu'il va faire, je le connais mieux que ce que je pensais. C'est pour cela que je ne bouge pas d'un millimètre, quand je reçois le second seau d'eau sur le corps.

- Ha..rry. J'entends sa voix mal assurée et tremblante. Je sais que tu le fais exprès. Harry. Je ressens l'inquiétude dans le timbre de ses mots. J'ai envie de sourire. Son inquiétude me fait savoir que quelque part je compte un peu pour lui. Il ne s'en moque pas de mon sort. Bon, d'accord Harry, je veux bien t'écouter et parler, mais relève toi, et arrête ça. Trop facile, il ne va pas s'en tirer comme ça. Harry. Je sens qu'il hésite. S'il avance encore, il sera dans le périmètre qui m'est accessible malgré ma chaine. Mais il approche. Doucement, lentement. Je ne sais pas de quoi il a le plus peur: Que je sois mort, ou que je puisse me relever d'un geste et le saisir. Je sens son pied secouer une de mes jambes. Il donne de petits coups. Harry! Il appelle. Harry! Il soupire. Je l'entends s'agenouiller lourdement à coté de moi. Je sens ses deux mains agripper ma chemise, me secouer. Harry! Mon prénom n'est plus qu'un murmure. Je sens la chaleur de son corps se pencher vers moi. Je comprends qu'il veut essayer d'écouter les battements de mon coeur. Quand je le sens au plus proche de mon torse, avec calme et douceur pour ne pas l'effrayer, je l'entoure de mes bras. Je le presse avec délicatesse contre moi, enfouissant au plus vite mon nez dans son cou qui m'a tant manqué. Il émet un petit cri de surprise et de soulagement. Son premier réflexe est de poser ses deux mains sur mes épaules pour se sortir de mon étreinte. Mais ses mains restent posées, simplement, ne poussent pas.

- Louis je suis désolé, je murmure dans son cou. Tu ne peux pas te douter des âneries qu'on peut dire quand on a peur et qu'on a mal. Il se laisse entièrement retomber sur moi, vaincu. Je l'étreins un peu plus.

- Et toi tu ne peux pas te douter des choses qu'on ne dit pas quand on a peur et qu'on a mal.

Je nous fais pivoter, il se retrouve en dessous de moi. Mais mon corps ne s'appuie pas sur le sien. Il le touche juste. On se regarde dans les yeux. Le moment est troublant.

- Je suis désolé Louis! Je murmure encore. Tu m'as fait perdre la raison. Il cache son visage dans mon cou.

- Tu me hais?

- Quoi! Pourquoi? Non!

- Je...je ne suis pas celui que tout le monde croit. Je ne suis pas le fils d'Aldrick. Il est mon...

- Je sais. Je le coupe. J'ai bien compris.

- Et tu ne me hais pas? Tu sais que je...il n'ose pas dire les mots.... car je suis son Omega, lié à lui, et....tout ce qui va avec. Je le sens trembler entre mes bras. Je le serre plus fort. Je suis méprisable. Je me répugne, alors comment toi tu n'es pas rebuter par moi? J'ai pas eu le choix.

- Louis! Je me doute bien que tu n'as pas eu le choix. Depuis combien de temps tu...vous...

- Quand mon père est mort, je l'ai remplacé au château. J'étais jusqu'alors en cuisine, j'aidais les cuisinières, loin de lui, des soldats, des Alphas. J'étais protégé et caché. Mais il est mort et j'ai dû reprendre sa place. Quand Aldrick est tombé sur moi, un matin, alors que je débarrassais les tables, j'ai su que j'étais cuit. Il rit, nerveux. Je venais d'avoir 19 ans. Et il n'est pas homme à qui on refuse quelque chose, même pas soit même, même pas son âme. Etre à lui ou mourir, j'ai choisi. Je me dégoute tellement.

- Non Louis! Tu as fait ce que tu as pu pour survivre. Il relève sa tête et me fixe de nouveau.

- Mais je suis dégoutant. Je couche avec lui. Je suis l'Omega du mal incarné. C'est pour ça que je cache au maximum mon visage avec un capuchon. J'ai trop honte. Je caresse sa joue. Je souris devant son visage si pur.

- Tu n'es pas dégoutant. Tu es tout le contraire Louis. Il se mord la lèvre.

- Tu ...tu es le premier avec qui j'ai couché....par envie. Il est gêné, il fuit mon regard un instant.

- Pitié Louis, je dis un peu fort. Dis moi qu'il n'y a que lui qui te touche, ou t'a touché! Ses yeux s'agrandissent.

- Oui, oui. Bien sûr. Il est bien trop possessif avec moi. Malheur à celui qui oserait poser une main sur moi! Je souffle. Je suis soulagé. Je suis déjà condamné à mourir alors autant ne pas me priver de toucher Louis. Et, je porte cette grande cape épaisse pour masquer mon odeur souvent mélangée à la sienne, ainsi que pour ne pas qu'on voit qu'on ne se ressemble pas. .....Et toi? Tu as un Omega, un Beta....quelque part dehors? Il demande ça de façon détachée en évitant mes yeux, comme s'il me demandait une banalité.

- J'ai été avec des Omega. Comme ça. Il se pince les lèvres. Aux traits de son visage qui se durcissent, je sais qu'il n'aime pas ce que je viens d'avouer. J'entre perçois de la jalousie. Mais je ne me suis jamais lié à aucun d'eux. Son visage se détend. Je n'ai jamais eu envie de me lier à aucun d'eux. Je n'ai jamais été amoureux d'aucun d'eux. Je n'ai jamais aimé aucun d'eux. Je n'ai jamais été près à mourir pour aucun d'eux. Jusqu'à toi. Il me fixe de nouveau un instant. Il réalise ce que je viens de lui dire.

- Je suis fou de toi moi aussi. Il marmonne. Il touche le bouton de ma nouvelle chemise, en le regardant. Il n'ose, encore une fois, plus me regarder moi. J'avais peur.

- De quoi? Ma voix est dure. Je me donne cette intonation pour masquer l'euphorie qui se balade dans mes boyaux depuis son "Je suis fou de toi moi aussi".

- J'avais peur que si tu le savais tu l'utilises contre moi pour me convaincre de te libérer. J'avais peur qu'une fois le collier retiré tu partes, sans moi. J'avais peur que tes paroles ne soient pas vraies, ne soient que vent, et que tu en profites en fait. Il est honteux. Que tu profites de ma faiblesse pour toi, pour te jouer de moi, et...

- J'ai compris Louis, c'est bon. Et je vais te montrer combien mes paroles ne sont pas des mensonges pour user de toi. Je l'embrasse. Son corps se colle instantanément au mien.

- Tu sens presque bon en plus, il rit entre deux baisers sauvages pleins d'envie. Je m'attaque déjà à ses vêtements, tentant de ne pas les déchirer cette fois-ci. J'y vais doucement. Mes mains n'ont jamais été plus difficiles à contrôler. Le déshabiller, lentement: Un supplice.

Je le laisse nu, sous moi, sans le toucher. Je le regarde. Je savoure cet instant qui me rend complet. Je détaille son corps, ses yeux qui me regardent se demandant clairement qu'est-ce que j'attends. J'attends qu'il commence lui. Je veux le faire languir autant que je me languis. A la façon dont il se tortille, au mouvement de ses mains qui se pressent l'une sur l'autre, je sais qu'il est impatient.

- Tu es beau, Louis. Je murmure.

- Qu'est ce que tu attends alors?

- Que tu en aies envie.

- Mais j'en meurs déjà d'envie, il chuchote.

- Alors savoure. Savoure le fait de se regarder, de se désirer. Savoure ce moment. Le moment d'avant. Maintenant, commence à imaginer l'après, quand je vais te sauter dessus avec fougue et passion, te prenant jusqu'à épuisement. Je souris

- Ca fait un moment que j'imagine l'après. Il marmonne en déglutissant. Je ris. Et pour avoir déjà testé ta fougue et ta passion, je n'attends plus que ça, recommencer. Prends moi comme si tu étais mon alpha, et moi ton Omega. Comme si c'étaient mes chaleurs. Je ne veux rien contrôler. Je veux que ce soit toi qui me contrôle. Il pose une main à plat sur mon torse.

J'ai fait tout le reste.

J'ai possédé Louis comme je n'ai encore jamais possédé aucun Omega. Avec amour tout d'abord, puis avec passion, puis avec force et puissance, puis pour la luxure, puis une dernière fois avec amour et douceur.

Louis est reparti, très très très longtemps après son arrivée. Je l'ai regardé s'éloigner avec crainte. Il était si épuisé qu'il tenait tout juste debout, à viser un pas devant l'autre. Mais il a puisé dans ses forces pour retourner dans ses appartements, auprès d'Aldrick qui ne tardera pas à rentrer. Auprès de son Alpha.

...

Je deviens fou.

Louis vient souvent, dès qu'il le peut. On ne fait pas que parler, et on ne fait pas que baiser. Mais quand il repart, j'ai l'impression que mon coeur se scinde en deux. Mon coeur, mais aussi mon être entier. Car Louis est la moitié de moi. De le savoir rejoindre Aldrick, de deviner le vieil Alpha le posséder, me rendent fou.

Les jours passent et on entre dans une impasse.

Ca fait 3 semaines que je suis là. Dans une semaine l'Alpha enverra ses gardes, et ils s'apercevront que je suis vivant et en bonne santé. Je sais que je serais alors exécuté. Et Louis, qui croyait avoir la clé de mon collier, ne l'a pas. Du moins il en a une qu'il croyait la bonne, mais elle tourne dans le vide. Depuis il cherche. Il essaie de fouiner partout dans les appartements d'Aldrick. Mais il ne trouve rien.

Louis pleure souvent dans mes bras. Il répète que quand ils viendront me chercher et me tueront, il se tuera aussi juste après moi. J'essaie de le calmer et de le convaincre que lui, quoiqu'il advienne, doit survivre. Mais il est têtu comme une mule. Il dit qu'il arrive à supporter sa vie parce que je suis là. Qu'après avoir touché au bonheur d'être à moi, il ne pourra plus revenir à son existence d'avant. Ca m'effraie, car si je m'en moque de mourir, je ne me moque pas du fait que lui meure. Même si je ne serais plus là pour en souffrir, je veux qu'il vive.

Des bruits de pas se font entendre. Je me redresse à vive allure, car ces pas ne sont pas créer par deux pieds, mais plusieurs.

Trois gardes s'afférent devant ma grille. Quoi? Déjà! Il me restait une semaine. Il nous restait une semaine. Je suis rempli d'une immense tristesse de perdre ainsi les sept derniers jours que je comptais passer auprès de Louis. Je ne lui ai pas dit à quel point je l'aime. Je ne lui ai pas fait mes adieux. Je serre les poings. Je me lève et me dresse fièrement devant eux. Je dois laisser mes sentiments pour Louis de coté, je dois me montrer fier, digne du dernier Styles, de mon clan, de ma renommée.

Harry Edward Styles va mourir aujourd'hui, mais il passera l'arme à gauche avec dignité, et la tête plus haute que celle d'Aldrick Tomlinson.

Ils défont mon collier, et me trainent à travers ce labyrinthe de couloirs sombres et moisis.

Je plisse les yeux devant la luminosité qui m'entoure. Je suis poussé au sol. Mais je me relève aussitôt. Mes yeux s'habituent à la clarté, et je le vois, Aldrick, en face de moi, sur son trône funeste. Mais surtout je le vois lui, Louis, assis sur son fauteuil rouge, près de son Alpha, le capuchon sur son visage, tel que je l'ai découvert la première fois.

- Toujours en vie! S'exclame la petite voix démoniaque du maitre.

- Quelle perspicacité! Je crache. Le traits de son visage ridé se plient devant mon arrogance.

- Epées! Il crie. Je me mets encore plus droit, masquant ainsi ma peur face aux trois gardes qui sortent de leur fourreau leur arme.

Je ne crains nulle douleur, nulle fin. Je crains pour Louis. Il est en face de moi, il va tout voir. Je voudrais le regarder, croiser une dernière fois son si beau regard. Mais j'ai peur que mes yeux se voilent de l'ombre de la mort en le fixant. Si l'image du visage de Louis serait pour moi la meilleur chose à observer au moment de ma mort, pour lui ce serait trop dur. Je le sais. Il a tant sangloter dans mes bras. Je l'ai tant bercé en l'embrassant, le rassurant. Je veux que Louis parte, je ne veux pas qu'il voit ça.

- Vous ne vouliez pas qu'il meure d'une mort lente, père? Coupe haut et fort la voix de mon Louis.

- Il ne semble pas vouloir crever, s'énerve l'Alpha. Et je le trouve vaillant pour quelqu'un qui est enfermé au cachot depuis trois semaines sans manger ni boire. Ca a assez duré. Tuez le!

- Attendez! Crie Louis. Les gardes arrêtent tout mouvement, alors que moi je venais de fermer lâchement mes yeux.

- Qui t'autorise à commander? Hurle l'Alpha à son Oméga, qui est aussi le mien un petit peu.

- Laissez moi faire, père. Quoi de mieux que de répandre la nouvelle de sa mort, donnée de la main de Louis Tomlinson. L'Alpha semble se calmer et réfléchir.

- Excellent, excellent! Il marmonne. Gardes, une épée! Il crie.

Le garde le plus proche de l'Omega lui tend son arme brillante et lourde. Comme elle semble immense entre les mains de mon petit Louis.

Il s'approche lentement. Il se poste devant moi. Relève la tête que je vois ton visage encore une fois, je prie intérieurement. Et comme s'il m'avait entendu, il le fait. Je croise sa bouche si rose, son nez si fin, ses yeux si profonds. Ses traits ne laissent paraitre aucune émotion. Il est froid et serein. Je reconnais celui que l'on m'a décrit comme "le couperet". Je m'en moque. Je lui adresse un sourire. Un sourire plein d'amour et de tristesse. Seul un pincement de lèvres parcoure son visage. Alors je le fais. Je lui facilite la tache. Je m'agenouille à ses pieds.

Je ne m'agenouille pas devant Aldrick, pas devant le clan Tomlinson, pas devant la barbarie, je m'agenouille devant l'homme que j'aime et à qui je pourrais tout donner, tout offrir, même ma vie.

Quitter ses yeux est un supplice, mais je le fais. Je baisse le regard, je baisse la tête, je ferme les yeux.

J'attends.

A la respiration de Louis, qui est la seule chose qui résonne dans la salle, je sais qu'il redresse l'épée au dessus de sa tête afin de pouvoir l'abattre avec force sur ma nuque. Cet Omega m'aura fait perdre la tête dans les deux sens possibles, je rigole intérieurement pour me calmer.

Rien ne se passe.

J'entends du mouvement, j'ouvre les yeux. J'ai juste le temps d'apercevoir Louis se précipiter vers l'Alpha, épée en joue dressée vers lui. Mais il ne réussit pas à atteindre Aldrick. Il est bloqué par les gardes qui ont réagi plus rapidement que personne n'aurait pu le croire.

Louis est maitrisé.

- Que te prend t'il? Hurle l'Alpha d'une voix plus grave, d'une voix de loup. Ils se fixent.

- Tu n'es qu'une abomination sanguinaire. Crie Louis, d'une colère surhumaine. C'est toi qui mérite de crever. Je veux te crever! Ce monde sera si beau, toi ne le foulant plus! Aldrick le regarde, je crois que c'est la première fois de sa vie qu'il se fait parler ainsi. J'aime Harry. Il est plus mon Alpha en deux semaines, que toi en trois ans. J'écarquille les yeux, cessant d'être le spectateur ébahi de cette scène. Louis vient de s'enfoncer avec ses propos. Déjà, tenter de tuer son "mari", c'était mal barré. L'insulter, c'était presque pire. Annoncer qu'il le trompe avec un autre Alpha, en l'occurence moi, son ennemi juré, c'est le trop de trop. Je sais l'ainé assez accro à notre Omega pour lui pardonner tout le reste. Mais pas "ça", pas "nous".

Je secoue frénétiquement la tête quand Aldrick pose ses yeux sur moi.

- Non, non, non. N'importe quoi! Faux! Totalement faux!

- Tu insinues que Louis ment, en plus! Hurle l'Alpha hors de lui.

- Je pense qu'il a un peu perdu la raison. Tentative d'assassinat impulsive, non réellement souhaitée, euh...insultes qui ne sont pas du tout justifiées...et ça! Non, non, non. Votre "fils" est fatigué, Sir! Envoyez le se reposer.

Je regarde Louis de la façon la plus détachée qu'il soit possible. Il me rend un regard offusqué et furieux. S'il avait encore son épée, c'est moi qu'il viserait maintenant. J'essaie de sauver ta peau Louis!

- Ceci expliquerait que tu te portes aussi bien après tout ce temps en cachot.

- Je suis simplement de constitution solide! Je pince mes lèvres. Je ne suis pas fier de moi.

- Louis et toi...

- Sir! Si j'avais eu la possibilité de baiser votre "fils", c'est sans aucune gêne que je vous le cracherais au museau, là, maintenant. J'ai un faux sourire en coin. Mourir pour mourir, autant tenir une petite vengeance sur vous, en avouant avoir souillé votre progéniture. Mourir pour mourir, autant sauver Louis. Il semble réfléchir et peser mes mots.

Mes arguments semblent solides, et le fait d'appeler Louis "son fils" y est sûrement pour quelque chose. Si je l'avais appelé "son Omega", il aurait compris.

- Louis, dans ses appartements. Il n'a pas le temps de protester oralement que des gardes le saisissent. Il se débat. Je sais qu'il cherche une dernière fois mon regard. Je l'ignore. Une fraction de seconde yeux dans les yeux suffirait à nous démasquer devant son Alpha. Styles, au cachot! Il tranche. Et tu y resteras jusqu'à ce que tu y crèves! 

Louis ne vient plus. Je devine que c'est contre sa volonté. Je pense qu'il est pisté, surveillé. Je n'ose pas imaginer pire, même si je suis terrorisé. Je suis terrorisé par la simple idée que ce dernier soit en train de souffrir, tout seul, dans un coin de ce château maudit. Je suis mal, je souffre pour Louis.

Je souffre d'inquiétude, d'impuissance, de manque.

De l'agitation, de nouveau.

Je ne me retourne pas. Je sais que qui que soient ces hommes qui arrivent, il n'y a pas Louis parmi eux. Son odeur...Son odeur me manque tellement que je la sentirais parmi mille hommes. 
- Harry! Je me retourne en roulant sur ma paille.

- Liam? Je me relève d'un bond. Je reconnais mon meilleur ami et quelques uns de nos guerriers.

- Comment vous...L'un d'eux fait sortir la grille de ses gonds. Un autre s'approche de mon cou. Il introduit dedans une clef, ça tourne, je suis libre. Comment...

- Une servante du château, alliée. Elle a suivi le parcours de la clef il y a quelques jours en pistant un garde....et un peu plus. Faut se dépêcher. On est passé par les égouts. Le champs ne sera pas longtemps libre.

- Je dois aller chercher Louis avant. Je n'avance que d'un pas. Liam attrape mon bras.

- De quoi tu parles?

- Je ne partirais jamais sans Louis!

- Louis Tomlinson, le fils de l'Alpha?

- Non, pas son fils, son Omega. Mon Omega.

- Il faut partir Harry. C'est une question de minutes.

- M'en fout, pas sans Louis! Je crie, perdu. Il me retient une seconde fois de sa poigne musclée. Si je n'étais pas aussi faible, je l'aurais dégagé d'un revers de force.

- Tu les entends arriver, les gardes. Ils savent déjà qu'on est là. Je tire encore sur son bras. Je veux tout de même tenter le tout pour le tout. Louis est plus important que ton salut, ton clan, la liberté et la paix?

Oui! ....Oui, mais Non! Je ne peux pas condamner la seule chance qu'il me reste de reprendre le dessus sur cette guerre, cette barbarie.

- Par où on sort? Je souffle. Si je réfléchis trop, je vais changer d'avis.

Liam me relâche.

Je le suis à travers les égouts, les catacombes.

On pue, on n'a pas de respect pour les morts.

En m'enfuyant je pense à Louis. Je laisse des larmes laver mon visage pour la première fois de ma vie.

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