紅線
🌸
_ Hyunnie ! m'écris-je, en sortant de la salle de bain. Hyunnie ?
_ Ici ! s'écrie-t-il, accroupi dans sa chambre, les mains se baladant à l'intérieur de son sac à dos.
_ Est-ce que tu veux bien qu'on aille se balader un peu avant d'aller dormir ? demandé-je, d'un regard enfantin.
_ Bien sûr. Allons-y, dit-il, sans plus de réflexion, tout en enfilant un t-shirt blanc, et une veste légère.
Un sourire niais aux lèvres, je l'observe s'éloigner.
Il est si facile de lui faire dire oui.
Je suis certain qu'il me suivrait au bout du monde, si je lui demandais.
_ Merci Hyun, t'es le meilleur ! dis-je, euphorique, tout en rattrapant les mètres qui nous séparaient déjà.
_ Je sais, conclut-il, nonchalant.
Le ciel est d'un noir pur et mélancolique, et les milliers d'étoiles qui habillent cette noirceur rendent le tout encore plus parfait.
La chaleur est moins désagréable qu'en journée, et le silence apaisant de cette île contraste énormément avec celui de la capitale.
C'est si calme, on se croirait seuls au monde.
J'aimerais tellement.
_ Assieds-toi là-bas, lui suggéré-je, après quelques minutes de marche, c'est magnifique, je vais faire une photo ! Souris-moi Hyunnie, l'incité-je, après qu'il se soit installé. Elle est parfaite ! Regarde ! dis-je, heureux et satisfait, en m'asseyant à ses côtés.
Amusé, il sourit simplement, et prend mon téléphone, l'appareil photo encore en fonction, tout en se levant.
_ Prends la pose, je vais en faire une de toi aussi.
Souriant, et le coeur tantôt apaisé, tantôt nerveux, je m'exécute.
_ Parfait, marmonne-t-il, en fixant le téléphone, tout en revenant lentement.
_ Viens t'asseoir ! soufflé-je, en tapotant la surface boisée du banc à côté de moi.
Je ne pensais pas que le contraste entre la chaleur de la journée, et la froideur de la nuit serait si fort. Je suis content d'avoir mis ce sweat.
Inspirant une énorme goulée d'air, je fixe le ciel, le sourire aux lèvres.
_ Il fait si bon, et la vue est si belle, murmuré-je, nostalgique et anxieux.
_ C'est vrai.
_ Je suis heureux de partager ça avec toi, avoué-je, d'un sourire léger, en fixant son profil aux proportions délicates et parfaites.
_ Moi aussi, Seokkie, confie-t-il, en se tournant à son tour vers moi.
Son fin sourire me fragilise bien trop. Cela ne fait que diminuer le peu de courage que j'avais réussi à emmagasiner durant la journée.
_ Regarde, dis-je, sans plus tarder. J'ai fabriqué ça cette après-midi.
Le coeur au bord de l'arrêt cardiaque, je sors de ma poche de petits bouts de tissu.
Un dans chaque main, je tends la paume de celles-ci vers lui, la respiration haletante et un sourire, je l'espère, tout sauf crispé.
_ Il y en a deux ? pose-t-il, calme. Ils sont très beaux, tu as très bien fait ça, me complimente-t-il, en touchant de son index la surface tissée de celui qui lui plaisait sans doute le plus.
_ C'est celui que tu préfères ? demandé-je alors, de manière purement rhétorique, tout en lui entourant le poignet de celui-ci. Je l'aurais parié, pouffé-je, amusé. Tiens, mets-le-moi, proposé-je ensuite, en plaçant le deuxième sur mon poignet, tout sourire.
_ Ils sont vraiment beaux, marmonne-t-il, en s'affairant à la tâche. Ce sont des bracelets d'amitié ?
_ Quelque chose comme ça, baragouiné-je, en fixant le bijou. Hyun, promets-moi de le garder, même si nous devons l'enlever une fois de retour chez nous, soufflé-je, désespéré, en fixant ses iris calmes et rassurants.
_ Je te le promets.
_ Merci.
_ Merci à toi pour ce merveilleux cadeau, sourit-il, en le touchant, encore et encore, le regard perdu entre son cadeau et mon regard timide et nerveux.
Il faut que je le fasse.
Il faut que je me lance, sinon, je n'y arriverai jamais.
J'ai besoin de le faire. Il le faut.
Il le faut.
_ Allons-y, suggère-t-il, après quelques minutes de silence, en se levant, il se fait tard, on se lève tôt demain.
Déjà à quelques mètres de moi, alors que je tente encore et encore désespérément de trouver la force nécessaire pour affronter ce qui me terrorise, mais dont je ne mesure plus la force, il se retourne, curieux de ne pas me voir à ses côtés, et me regarde, interpellé.
_ Hyun, soupiré-je, les yeux vissés sur mon nouveau bijou, trifouillant nerveusement celui-ci de mes doigts.
_ Mmh ?
_ Ce ne sont pas des bracelets d'amitié.
_ Ah non ? Ont-ils une autre signification ? questionne-t-il, curieux.
_ Oui, avoué-je, la poitrine douloureuse et l'estomac en vrac.
_ Je dois deviner tout seul ? insiste-t-il alors, perdu.
Les mains moites et tremblantes, j'inspire une nouvelle fois à grande goulée, et me lance enfin, le courage apparu par je ne sais quel miracle.
_ La grand-mère qui m'a appris à les faire, m'a dit qu'ils avaient la même signification que celui du fil rouge, confié-je, d'une voix fragile et peu assurée.
_ Le fil rouge ? répète-t-il, interrogatif. Tu parles, de cette légende chinoise ?
La voix de plus en plus tremblante, et la gorge pratiquement nouée, je tente de me faire comprendre, avec les dernières forces mentales et physiques qu'il me reste.
_ Elle m'a dit qu'il fallait que j'offre... que j'offre le deuxième bracelet, hésité-je, le noeud coincé dans la gorge de plus en plus volumineux.
_ À ton âme soeur ? souffle-t-il, de manière presque inaudible.
Alors que je hoche la tête, angoissé et à deux doigts de m'évanouir face au ton incrédule de sa voix, il s'approche lentement, et silencieusement, s'assied à nouveau.
_ Lee Hoseok, commence-t-il, d'un ton calme, presque solennel. Suis-je ton âme soeur ?
_ J'en ai la conviction, avoué-je, déterminé et angoissé.
Les yeux clos, la tête baissée, la respiration désordonnée, et la voix tremblante, je soupire bruyamment, tentant ainsi de retrouver un brin de force, caché quelque part en moi.
_ Elle m'a dit que d'après la détermination et la sincérité que j'avais lorsque je les ai fait, il y avait de très forte probabilité pour que je ne me trompe pas.
De mon regard humide, je fixe les étoiles, perdu entre l'idée de tout arrêter et fuir, ou affronter avec courage ce que j'ai commencé.
_ Je la crois Hyunwoo, chuchoté-je, faiblement. J'y crois.
_ Hoseok, essaye-t-il de débuter, d'une voix calme et qu'il espère rassurante, tu te rends compte de ce que tu me dis, là ?
_ Il est tard hyung, m'écris-je alors pratiquement, en tapant violemment mes mains contre mes cuisses, avant de me lever, nous devrions rentrer.
_ Hoseok.
_ Tu pourras l'enlever une fois rentré, d'accord ? proposé-je, en avançant à vive allure, les larmes cédant discrètement la barrière de mes paupières.
_ Seok.
Heureusement pour moi, notre maison de vacances n'est qu'à quelques dizaines de mètres de là.
Silencieux à présent, il me suit sans broncher, sûrement à un mètre ou deux de moi, et à peine ai-je passé la porte d'entrée, que sans un mot de plus, je fonce vers ma chambre, les joues mouillées, et le cerveau en bouillie.
_ Bonne nuit hyung, soufflé-je, avant de fermer la porte derrière moi.
🌸
_ Tout le monde est réveillé ? pose Hongshik hyung, en arrivant dans le séjour, nous observant tous éparpillé aux quatre coins de la grande pièce.
_ Il manque Hyunwoo hyung, Won et Joo, explique Kiki. Je vais aller les réveiller, conclut-il, en terminant son café.
_ Ok, ok. Soyez tous prêts à l'heure, on démarre pour rejoindre l'aéroport dans quarante minutes.
_ On sera prêt, souffle Kihyun, assuré.
D'habitude, c'est moi qui réveille Hyun. Parfois pour lui dire qu'on part s'entraîner, parfois simplement parce qu'il est l'heure de l'être.
On a longtemps partagé la même chambre, dans des lits superposés, l'un en face de l'autre, alors c'est une habitude que j'ai prise. Qu'on a prise.
Mais pas ce matin.
Ce matin, je préfère me concentrer sur mon repas, que je tente difficilement de ne pas rendre en pensant au moment où il descendra les escaliers.
Quelques secondes plus tard, comme un amusant signe du destin, de lourds pas résonnent sur ceux-ci, et alors que je fixe la table, de plus en plus tassé sur moi-même, une porte s'ouvre et se ferme.
Armé d'un courage dont je n'avais pas connaissance, je relève la tête, et aperçois une nouvelle tête dans le canapé.
Joo, les yeux fermés, affalé dans ce dernier, tente encore d'émerger.
Amusé, cette image me détend légèrement.
Je sursaute lorsque la porte de la salle de bain s'ouvre après de longues minutes, sur un Hyunwoo déjà habillé, les cheveux encore humides.
Je baisse à nouveau la tête, avant que son regard ne traverse le mien, et tente de calmer les battements affolants de mon coeur.
Les larmes aux yeux, je tente difficilement de me contrôler.
_ Tu y vas Joo ? pose-t-il, à l'enfant décédé sur le sofa.
_ Mmh, râle la personne concernée.
Il est encore autour de son poignet.
Il l'a gardé.
Respire Hoseok. Il faut que tu prennes le temps de respirer, sinon tu vas mourir.
Heureux, et le visage en feu, je termine mon petit-déjeuner en quatrième vitesse, et fonce vers ma chambre, ne sachant réellement pas comment me comporter.
_ Je n'ai pas fini de ranger mes affaires, placé-je simplement, en trottinant vers le premier étage.
Je vais m'évanouir avant d'avoir pu mettre les choses au clair avec lui.
Je vais m'évanouir tout court.
Mon courage a disparu à l'instant où sa voix réprobatrice a tenté de me faire entendre raison, hier soir.
_ Seokkie, entends-je murmurer derrière moi, alors que la porte se ferme.
Dans un sursaut à peine contrôlé, je reste de dos, le ventre se tordant violemment, la poitrine et le cerveau sans dessus dessous, tout en tentant de faire croire que je termine ma valise, les genoux posés devant celle-ci.
_ Mmh ? tenté-je, la voix tremblante, pensant être serein.
_ On peut discuter ? place-t-il, presque nonchalant.
Le coeur au bord de l'arrêt, et l'estomac prêt à remettre le repas ingurgité il y a quelques minutes, je me relève dans un geste rapide et tremblant, et passe à ses côtés, le regard fixe sur le parquet.
_ N-ne nous mettons pas en retard hyung, on discutera plus tard, tenté-je, fuyant.
_ Ça ira vite, claque-t-il, en agrippant mon bras de sa forte poigne.
Sans en avoir le choix, j'accepte d'affronter ce qui m'effraye le plus au monde, et me place devant lui, mes yeux humides évitant les siens.
_ Tu- Tu as gardé le bracelet, soufflé-je, timide, en fixant ce dernier, bien attaché autour de son poignet.
_ J'ai gardé le bracelet, répète-t-il alors, calme.
_ P-pourquoi ?
_ Pourquoi ? continue-t-il. Sans doute parce que je le trouve très beau. Et sans doute parce que je pense que tu as raison.
_ R-raison ? marmonné-je, la vision de plus en plus floue, dirigée vers ses douces lèvres pulpeuses.
_ C'est moi qui répète tout, pas toi, plaisante-t-il, les mains maladroitement placées dans les poches de son short.
_ Pourquoi j'ai raison, H-Hyun ? insisté-je, au bord de la crise nerfs, ou de larmes.
Après de longs instants d'hésitation, l'un de ses bras se lève, pour ensuite poser délicatement sa main contre ma joue.
La paume totalement appuyée contre ma peau, son pouce caresse avec une douceur insoupçonnée celle-ci.
Étonné et perdu, je relève le regard, et plonge mes prunelles angoissées dans les siennes, douces et sincères.
La poitrine martelée par mon organe vital, j'attends, impatient, qu'il me donne la réponse que je rêve d'entendre depuis bien trop longtemps, terrorisé à l'idée qu'elle puisse être négative.
D'un sourire rassurant, il se lance finalement.
_ Je vais garder précieusement ce cadeau Seokkie, parce qu'il est magnifique, mais surtout parce qu'il symbolise et représente ce qui nous lie, toi et moi.
La main agrippée à la sienne, caressant toujours mon visage, je ferme les yeux, et laisse le torrent de larmes que je retenais depuis bien trop longtemps, enfin couler.
_ Hyunwoo, arrivé-je à sortir, de ma gorge nouée par le stress et le bonheur.
_ Arrête de soupirer mon prénom ainsi, ça me rend bien trop faible, avoue-t-il, en prenant mon visage en coupe, pour tenter d'essuyer de ses pouces mes joues trempées.
Alors que mes pleurs doublent de volume, sous le réel bonheur qui m'assaille, je pouffe timidement, amusé, lorsque je le sens tenter d'essuyer plus efficacement mon visage, avec le bas de son t-shirt.
Une fois calmé, il replace ses mains au même endroit que précédemment, et tout en ouvrant les yeux, pour pouvoir admirer l'homme que j'aime, je le vois s'approcher.
Crispé, et étonné, je m'agrippe à son haut, et le laisse poser ses croissants de chair tendres et moelleux contre les miens.
Mon ventre gargouille atrocement, et ma poitrine va sans doute éclater sous la force des battements de mon coeur.
Quelques larmes timides reviennent à la charge, tandis que l'une de ses mains se love contre mon cou, alors que l'autre glisse délicatement jusqu'au bas de mes reins.
Mes doigts sont férocement accrochés à son t-shirt, alors que mes lèvres bougent de moins en moins innocemment contre les siennes.
Sa bouche caresse la mienne, durant de longues, si longues minutes.
Le souffle court, c'est après un gémissement timide et gênant, que je me décolle de l'homme qui est maintenant officiellement mien.
La respiration hachée, je reste là, les yeux clos et les jambes tremblantes, accroché à son haut de plus en plus tiraillé.
_ Merci, soufflé-je, au bout d'une éternité.
_ Merci à toi, me répond-il, tendre, et à cette vieille dame.
Le regard désormais plongé dans celui de l'autre, nous nous sourions amoureusement, alors que l'une de ses mains s'amuse à caresser l'endroit que ses lèvres ont touchés plus tôt.
Apaisé, je clos de nouveau les paupières, un sourire niais au coin de la bouche.
_ Est-ce que tu crois que je dors encore ? soufflé-je, curieux et dubitatif. Aïe ! m'écris-je, alors qu'il me pince sans délicatesse le ventre.
_ Allons-y, pouffe-t-il, en m'embrassant le front, avant de se tourner.
D'une poigne ferme placée sur son épaule, je l'empêche de me tourner le dos, et place rapidement ma bouche contre la sienne, pour un nouveau baiser chaste et empli d'amour, exprimant ainsi par ce simple geste, tout ce que j'ai envie de lui confier depuis bien trop longtemps.
_ Je te suis, conclus-je, le sourire jusqu'aux oreilles.
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𝓔𝓷𝓭
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