Forêt ³

🍃

_ Hoho ? m'écris-je, à peine arrivé.

Il a peut-être du retard.

Cet endroit me semble si grand maintenant.

Sans son corps contre l'arbre où je suis posé, tout semble vide et gigantesque.

Je n'aime pas ça.

Moi qui n'avais aucune envie de marcher aujourd'hui, ma motivation est encore redescendue.

Le sac à dos posé à mes côtés, je sors un livre et mon ordinateur portable.

Après avoir avalé une gorgée d'eau, je me pose correctement contre le cèdre derrière moi et ouvre mon pc pour y retoucher quelques photos.

Les heures défilent, et même si mon ami me manque, je prends un réel plaisir à retravailler un peu mes clichés.

Ça fait longtemps que je ne l'avais plus fait, ça me manquait.

Vers quinze heures, après avoir mangé et lu une centaine de pages du livre acheté il y a de cela deux ans, un craquement de branche me fait lever la tête, tout sourire.

Wonho dépasse lentement d'un arbre, et d'un geste vif, il s'approche et s'allonge à mes côtés.

Après quelques caresses et baisers sur sa bouille poilue, je pose la tête sur son crâne, lui-même posé sur ses pattes.

_ Tu en avais des choses à faire, dis-je, amusé.

Son soufflement de nez me le confirme, et après m'être installé au creux de son flanc, j'ouvre à nouveau mon bouquin et pose ma tête confortablement contre lui.

_ Tu n'as rien raté d'essentiel, je n'avais pas envie de bouger aujourd'hui, lui dis-je, en le regardant fermer ses paupières et respirer calmement.

Quelques heures plus tard, les yeux fatigués, je ferme mon ouvrage presque terminé, le pose un peu plus loin, et me couche sur le dos de mon ami endormi.

Il bouge quelque peu, renifle, et se réinstalle correctement, les paupières closent tout comme moi.

Durant de nombreuses minutes, mes doigts caressent ses flancs de chaque côté de son grand corps bouillant.

Dans un sursaut à peine contrôlé, je le surprends à hurler timidement, le museau pointé vers le ciel.

Rien ne se passe ensuite et puis à force d'attendre que quelque chose n'arrive, il se tourne vers moi, me pointe d'un coup de tête, pour se remettre ensuite à hurler.

Il réitère cette action plusieurs fois, et enfin, les sourcils froncés et l'esprit fusant de tous les côtés, je comprends.

_ Ah ! Est-ce que tu veux que je chante ?

Son geignement en signe d'acquiescement me fait pouffer, et sans plus attendre, je commence à chantonner, pour finir par chanter sans retenue.

Nous nous réinstallons ensuite confortablement, et je continue de faire défiler les chansons de mon répertoire, les doigts voyageant toujours sur sa peau d'une couleur aussi pure que son coeur.

À peine ai-je terminé la dernière note d'une mélodie que déjà, impatient, il souffle pour que je continue.

Entre rire et chant, la fin de journée passe à vitesse folle.

_ Je suis flatté que tu aimes à ce point ma voix, pouffé-je, heureux. Il est déjà dix-neuf heures ? m'écris-je, en regardant enfin mon téléphone. Le temps passe trop vite quand je suis avec toi, souris-je. Il faut que je file Hoho, mes parents voulaient m'appeler et on avait convenu de vingt-heures, dis-je, en me levant pour ranger mes affaires.

Il me suit des yeux, assis sur ses pattes arrière et geint timidement plusieurs fois.

_ Moi aussi tu vas me manquer, soufflé-je, triste, en lui caressant les joues. On se voit demain vers dix-neuf heures trente. Si entre-temps tu as trouvé un moyen, n'hésite pas à me rejoindre, je vis dans la rue juste en face de la sortie de la forêt, numéro quatorze, souris-je, en lui embrassant le museau. À demain petit ange.

Il gémit une dernière fois, et le cœur douloureux, je lui fais signe jusqu'à ne plus le voir.

Une vingtaine de minutes plus tard et me voilà sorti de mon paradis de zénitude.

Cherchant déjà mes clés dans les poches de ma veste, j'aperçois une silhouette connue au loin, au début de la rue.

Les yeux plissés, éclairés seulement par la lumière de la lune, j'observe de plus en plus sceptique et stressé la personne qui se dirige vers moi.

Ses épaules paraissent si larges sous sa veste en cuir.

Mon Dieu.

_ Oh bonsoir Kihyunnie, salue l'un des hommes rencontrés au café.

Son sourire m'éblouit alors même que je ne le vois qu'à moitié.

Il est si impressionnant.

_ Oh, bonsoir, soufflé-je, légèrement gêné.

_ Je suis Hoseok, tu sais, on s'est rencontrés sur ton lieu de travail, insiste-t-il, comme s'il savait que je n'avais pas retenu son prénom.

  

Comment j'ai pu ne pas le retenir ?

Tu es un idiot Yoo Kihyun.

_ Oui, je t'avais reconnu, souris-je, mal à l'aise.

_ Oh, heureux de l'apprendre ! dit-il, tout sourire. Mais dis-moi, tu es du genre à te balader seul dans la forêt, la nuit ?

_ Ouais, je trouve ça, apaisant, pouffé-je, de plus en plus stressé.

_ Ça semble juste très effrayant, rien que d'y penser et ça me file des frissons, avoue-t-il, en faisant trembler ses épaules, une grimace peu enchantée sur le visage.

_ Je me suis fait attaquer quelques fois par des chacals et des pumas, mais ça va, j'ai su gérer, c'est pas ça qui va m'empêcher de me balader entre les arbres de cette magnifique forêt, signalé-je, sérieux.

Ses yeux sombres me fixent durant de longues secondes, et enfin, il se tient le ventre et rigole bruyamment.

Ce son est si pur.

_ Ça ne m'étonne pas de toi, tu as l'air de ne pas être quelqu'un qui se laisse faire, conclut-il, les yeux humides.

_ Tu m'as bien cerné, souris-je, plus détendu.

_ En vrai, tu le caches à tout le monde, mais tu es un vampire ! m'accuse-t-il, les sourcils froncés. On ne me l'a fait pas à moi Kihyun, je suis trop intelligent pour être dupé !

_ Comment puis-je le cacher à quelqu'un comme toi, c'est impossible ! haussé-je les épaules, amusé.

_ Ah ! Je le savais ! s'écrie-t-il. Ne me dévore pas, s'il te plaît ! supplie-t-il ensuite, les mains levées et tendues vers moi.

_ Je ne suis pas certain que ma force de vampire dépasse la tienne, plaisanté-je.

_ En effet, je ne pense pas, souffle-t-il, en bombant le torse, le cou tendu de manière hautaine.

Amusé par son humour enfantin, je l'observe de longs instants, un sourire attendrit aux lèvres.

Comme je l'avais deviné, sa carrure impressionnante n'est rien comparé à son coeur tendre.

Il semble aussi innocent que mon Hoho.

_ J'ai quelque chose sur le visage ? demande-t-il alors, intrigué.

_ Non, excuse-moi, c'est juste que tu me fais penser à un ami, confié-je.

_ Oh, dit-il, enjoué. Il doit être très beau alors ! plaisante-t-il à nouveau.

_ Magnifique, avoué-je, perdu dans mes pensées.

_ Je prends ça pour un compliment, pouffe alors la personne face à moi, flattée.

_ Tu peux, souris-je, amusé de son léger côté narcissique. Tu habites dans le coin ?

_ Non, je rendais visite à un ami, mais il est occupé, donc je suis parti. Et comme je n'ai pas très envie de rentrer, je me balade un peu.

_ Oh, dis-je, attristé. Tout va bien chez toi ?

_ Oui, ne t'inquiète pas, s'empresse-t-il de signaler. C'est juste que mes frères sont très envahissants, et j'avais besoin d'un break, avoue-t-il, fatigué.

_ Et aucun de tes amis n'est libre ?

_ Non, malheureusement pour moi, soupire-t-il, malheureux.

Il est tellement adorable.

Les mains dans les poches de son jean noir serré, le regard noir perdu sur ses pieds. 

Tellement attendrissant.

_ Le café où tu travailles est fermé à cette heure ? pose-t-il alors, en plongeant ses iris tendres dans les miens.

_ Tu veux venir chez moi ? tenté-je.

Étonné et ravi, le sourire jusqu'aux oreilles, il souffle, timide, et se gratte la nuque, gêné.

_ Je te suivrais avec plaisir, mais on se connaît à peine, ça ne te dérange pas ? marmonne-t-il, de son regard innocent bloqué dans le mien.

_ J'aime jouer avec le feu, je suis un vampire je te rappelle, souris-je. Allez viens, on y va, conclus-je, en me dirigeant vers mon appartement.

Wonho me grognerait dessus pour avoir fait ça.

Mais je sais que je prends une décision rationnelle malgré ce qu'il y paraît.

Je le sais. 

Hoseok est quelqu'un de bien.

Et même plus que ça.

Wonho, s'il te plaît, ne viens pas ce soir, je ne tiens pas à te mettre en danger.

  

  

_ Wow, on voit super bien les arbres d'ici ! s'extasie-t-il, après avoir couru jusqu'à la fenêtre.

_ C'est comme ça que j'ai eu l'envie d'y aller, signalé-je alors, souriant, le téléphone à la main. Fais comme chez-toi, tu peux visiter un peu plus si l'envie te prend, je vais dans ma chambre, j'en ai pour un petit moment, je dois appeler mes parents.

_ Il n'y a aucun souci, je t'attends sagement ici, sourit-il, assis sur le canapé.

_ Ça marche, pouffé-je, n'hésite pas à trouver de quoi t'occuper, conclus-je, en quittant la pièce principale.

Trente minutes plus tard et me voilà de retour dans le salon.

  

Une musique douce passe en fond sonore, et mon nouvel ami est posé sur le sofa, le téléphone à la main. 

Il se redresse dès qu'il ressent ma présence, et me sourit de toutes ses dents en se levant pour se poster debout face à moi.

  

_ Ça a été, tes parents vont bien ? s'enquit-il.

_ Oui, ils sont en pleine forme, merci, souris-je, touché par sa question.

_ Tu ne leur manque pas trop ? demande-t-il alors.

_ Si, ça malheureusement, ça ne changera jamais, soufflé-je, mélancolique. Je les ai déjà quittés une première fois pour m'installer dans la capitale, alors ce n'est pas très récent, mais le manque est toujours présent.

_ C'est mignon et triste à la fois, conclut-il, d'une moue attendrissante. Tu as quitté la grande ville parce que tu ne t'y plaisais plus ? Et tes parents ? Tu n'aimais plus la ville où tu es né ? questionne-t-il d'une traite, la tête penchée et le regard curieux.

Tu en pouffant de rire, je marche en direction de la cuisine.

Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'aussi curieux.

Je suis certain qu'il m'écoutera tout aussi bien que Wonho.

_ Tu as faim ? Tu as déjà mangé ? Préparons quelque chose pendant que je te raconte ma vie, souris-je, en sortant quelques produits du frigo.

_ J'ai toujours faim ! s'écrie-t-il, en me rejoignant. Faisons comme ça !

Comme prévu, durant un instant infini, j'ai passé mon temps à lui narrer mon passé, touché par son écoute attentive, et amusé par ses réactions tout au long de mon monologue.

Son rire est vraiment un son mélodieux et angélique, et je me rends compte que je suis chanceux de pouvoir l'écouter.

Il est amusant et tellement adorable.

Il est très expressif et adore taper dans ses mains quand il est content ou amusé. 

Ses réactions sont parfois disproportionnées, mais ça ne le rend que plus chou.

Il a mangé comme un ogre et n'a cessé de complimenter mon goût pour la décoration et mes talents de cuisinier. 

Mes joues se sont teintées d'un rouge discret lorsqu'il m'a dit que je ferais une excellente épouse. 

C'était complètement idiot comme réaction. Il m'a comparé à une femme, et moi tout ce que je trouve à faire, c'est rougir ?

C'est ridicule Kihyun, vraiment.

_ Et toi ? posé-je alors, assis par terre, adossé au canapé. Raconte-moi un peu ta vie.

_ Oh, tu sais, rien de bien spécial, sourit-il. J'ai un petit frère, et mes parents sont toujours mariés et heureux. Je suis né ici, mes parents ont déménagé pour rejoindre ma grand-mère qui avait besoin de surveillance quotidienne il y a de cela deux ans, mais étant déjà majeur,  j'ai préféré ne pas les suivre, confie-t-il, d'un sourire triste.

_ Ils doivent beaucoup te manquer, souris-je de la même manière.

Assis à mes côtés, le regard perdu sur l'écran de télévision allumée, il semble triste.

_ Ils me manquent énormément, souffle-t-il. Mais je voulais absolument rester ici. Mes amis comptent beaucoup pour moi, eux aussi sont mes frères, je n'aurais jamais pu les abandonner.

_ C'est triste et beau à la fois, soupiré-je. Je ne vous ai vu qu'une fois, mais vous aviez l'air si soudés. J'aimerais avoir la même relation avec quelqu'un, mais quelque chose me dit que je ne saurai jamais vous rivaliser, pouffé-je, attristé.

_ Ne dit pas de bêtise, je suis sûr que c'est possible ! s'enjoue-t-il, sa bonne humeur retrouvée. Et puis, on est ami maintenant, conclut-il, en entourant mes épaules de son bras.

_ Oui, c'est vrai, pouffé-je.

Ce n'est pas parce qu'on discute ensemble et que je t'ai invité chez moi qu'on va devenir meilleur ami, ou même frère.

Vous êtes ensemble, tous les six depuis tant d'années, comment puis-je rivaliser ?

Il est impossible pour quelqu'un de nouveau de s'ajouter dans un groupe comme le vôtre.

Impossible.

_ Ne doute pas Kiki, sourit-il de toutes ses dents, je suis certain qu'on va devenir de très bons amis !

Sans aucune conviction, je continue de lui sourire, et lassé de me fixer, il se tourne vers la télévision.

_ Oh ! Tout à l'heure tu m'as dit que je ressemblais à l'un de tes amis, dit-il, curieux, est-ce qu'il n'est pas important pour toi ?

_ Il m'est plus précieux que n'importe quel être humain, soufflé-je, pensif et sentimental.

_ Il a l'air de compter beaucoup pour toi, ce n'est pas là l'amitié que tu voulais avoir ? tente-t-il, incompréhensif.

_ C'est plus compliqué qu'il n'y paraît, mais oui, c'est une amitié en or que je compte ne jamais perdre, confié-je, nostalgique.

_ C'est adorable, votre lien semble aussi fort que celui de mes amis et moi, dit-il, content, en tapant dans ses petites mains. Est-ce qu'il vit loin d'ici ?

_ Oui, soufflé-je, hésitant, il me manque beaucoup.

J'espère que vous aurez bientôt l'occasion de vous retrouver, conclut-il, empathique.

_ Demain, si tout va bien, avoué-je, excité.

_ Oh, vraiment ? Je suis si content pour toi ! s'écrie-t-il, sincèrement heureux.

_ Oui. Merci beaucoup.

_ Au fait ! Pendant le repas, tu m'as dit que tu prenais plein de photos de la forêt. Est-ce que je peux les voir ? demande-t-il, timide.

_ Bien sûr ! Je vais chercher mon ordinateur.

Durant des heures, nous avons discuté de tout et n'importe quoi.

Il n'a pas arrêté de me dire combien j'étais talentueux, et ça m'a fait beaucoup de bien.

À ses côtés, j'ai l'impression d'avoir de la valeur, l'impression que ma vie n'est pas qu'une routine triste.

Hoseok me donne confiance en moi, et pour ça, je ne pourrai jamais suffisamment le remercier.

Après de longs moments de rire et douceur, j'ai rejoint mon lit pour un repos bien mérité. Mon ami, lui, a choisi le canapé pour y faire sa nuit.

Je me demande s'il va parler de moi à ses amis.

Ils sont tous si imposants à leur manière.

Jamais je ne pourrai être à l'aise avec eux.

Pourtant, s'ils sont tous aussi gentils et attentionnés que Hoseok, ce serait un sacré gâchis.

  

Ah, c'est si frustrant !

Je suis totalement tiraillé entre l'envie de les approcher et la peur d'envisager le faire.

Je vais laisser la personne sur le canapé décider, ça va être bien plus facile comme ça.

J'espère sincèrement qu'il choisira la bonne solution.

Je meurs d'envie d'être leur ami, même si je crève d'angoisse.

  

Wonho, je vais avoir besoin de ta force.

J'ai tellement hâte de te retrouver demain.

🍃

『  Bonjour Kihyunnie ♡

J'espère que tu as bien dormi ^^

Merci encore pour cette merveilleuse soirée

Comme je l'avais prédit, tu es quelqu'un d'absolument génial, je suis tellement heureux que tu aies décidé de me faire confiance en m'invitant chez toi. J'espère sincèrement qu'on pourra rester aussi proche qu'on l'a été hier soir

Merci pour tout

Voilà mon numéro, n'hésite jamais à l'utiliser

+82-2-592-4000

À très bientôt

Hoseok ♡                                              』

  

Il est si adorable.

J'avais raison.

Hoseok est aussi digne de confiance que Wonho.

Ils se ressemblent tellement.

Mon instinct ne s'est pas trompé. 

Je suis content et chanceux d'avoir ces deux personnes dans ma vie.

J'espère que ce n'est pas des paroles en l'air, et qu'on pourra réellement être proche.

Je sais que ça va être le cas.

J'ai confiance en lui, confiance en nous.

Bon !

Dépêche-toi Kihyun, il faut que tu retrouves ton meilleur ami !

Sans même prendre le temps de manger ou prendre un sac à dos, après une grasse matinée un peu trop longue, je sors en quatrième vitesse, à peine habillé d'un jean et pull, et ne m'arrête pas de courir tant que mes yeux ne tombent pas sur lui.

Une fois chose faite, le sourire aux lèvres, je plonge sur son corps moelleux et bouillant, et ferme instantanément les yeux, les narines humant son odeur sucrée si délicieuse.

Ma main lui étant accessible, il la lèche et gémit timidement, pour me saluer et me dire tout un tas d'autres choses.

_ Bonjour petit ange, murmuré-je, dans son pelage. Tu m'as tellement manqué ! J'espère que tu as passé une bonne nuit. Moi elle était parfaite, continué-je de sourire, de manière niaise.

Il souffle une énorme goulée d'air et me fixe de son regard curieux et attentif.

_ J'ai passé la soirée avec Hoseok, tu sais, celui dont je t'ai parlé.

Un souffle désapprobateur passe ses narines.

_ Je sais, c'était déraisonnable, mais j'ai passé une soirée merveilleuse ! Il est génial, et même plus génial encore que tout ce que j'avais pu imaginer ! m'écris-je, heureux comme un enfant qui raconte à sa maman sa première amitié. Il est adorable, attentionné, mignon comme tout, et il m'apprécie à ma juste valeur. Il a un petit côté innocent que j'adore, et je crois bien que notre amitié ne fait que commencer, dis-je, excité par ce constat.

Son regard ne me lâche pas, alors que je m'assieds confortablement contre son flanc.

_ Je l'apprécie beaucoup, soufflé-je. Vraiment, beaucoup.

Il ne bouge toujours pas.

Son regard me transperce, il ne dit ou ne fait rien, et mentalement, ça m'angoisse de plus en plus.

Que se passe-t-il ?

Est-il jaloux ?

C'est insensé, comment peut-il déjà me comprendre aussi bien ?

Ce n'est qu'un animal, alors même en admettant qu'il me comprenne, être jaloux me semble exagéré.

Enfin, j'ai déjà vu des animaux de compagnie devenir agressif à cause de la jalousie, alors finalement, ça me semble plausible.

_ Qu'est-ce qu'il y a Hoho ? tenté-je, le plus doucement possible, tout en caressant sa joue, un regard tendre plongé dans le sien, livide. Hey, ça va ?

Soudain, sans crier gare, il se dresse sur ses quatre pattes. Mon dos manque de peu de heurter le sol, mais j'arrive par chance à me redresser avant. Incompréhensif, je m'installe en tailleur, juste à côté de lui. Sa grande taille me fait pencher la tête, mais je n'en ai pas peur pour autant.

Alors que ce moment semblait durer une éternité, il penche la tête, tend le museau vers son dos, et pointe ensuite mon corps. Il recommence plusieurs fois, et finalement, je crois comprendre.

Je me lève en douceur, et lui pose la question avant de m'activer.

_ Est-ce que je dois monter sur ton dos ?

Il acquiesce une seule fois, et le coeur battant à vive allure, j'enjambe difficilement son corps.

Posé correctement sur lui, j'entoure son cou de mes bras, les jambes maintenant fermement ses hanches.

Un soufflement de nez plus tard, et nous voilà en route.

Il court vite, bien trop vite.

Les yeux clos, je sens le vent me fouetter le visage, alors que je suis bien caché derrière sa tête.

Mon estomac se tord dans tous les sens, des hauts le coeur me viennent même quelquefois, et enfin, après de très longs instants de cette effrayante course, il se stoppe, en plein milieu d'une énorme clairière.

Je descends difficilement, les jambes tremblantes et l'envie de vomir très proche.

Assis sur cette herbe d'un vert éclatant, les jambes remontées et la tête bloquée entre, je tente quelques respirations profondes.

En relevant la tête, je remarque enfin ce qui m'entoure.

Des centaines d'arbres, tout autour de moi.

Une grande maison en bois est plantée en plein milieu de ce gigantesque rond d'herbe, et non loin d'elle, Wonho s'y trouve.

Il avance calmement, presque avec crainte, comme s'il vérifiait que personne n'était caché à l'intérieur.

Est-ce qu'on est chez lui ?

Non, ce serait ridicule. Pourquoi un loup vivrait-il dans une maison ?

J'ai envie de me lever, pour le suivre et visiter cet endroit qui me ronge de curiosité, mais mes jambes refusent encore de me porter.

Le regard perdu sur mon ami, je me crispe d'inquiétude lorsque je le vois tourner la tête en quatrième vitesse, tout en hurlant.

Suivant son regard, avant même que je ne comprenne quoi que ce soit, un autre loup sort de la forêt, et fonce vers moi, les babines frémissantes et les grognements bien trop nombreux.

L'organe sur le point d'exploser, je suis tétanisé, comme à ma première rencontre avec mon petit ange.

Il est plus gros que Wonho. Son pelage est entièrement noir, et son aura sombre m'effraie autant qu'elle m'apaise.

Hoho continue de hurler, tout en courant vers nous.

Il semble communiquer avec lui.

Le loup blanc est calme et très stressé, et tente, encore et encore de raisonner son frère.

La colère de ce dernier ne désempli pas, peu importe ce que hurle Wonho.

Il ne semble pas l'écouter. Son regard perçant et brûlant m'observe, jauge le moindre de mes gestes, comme pour s'assurer que je ne fasse de mal à personne.

Après des secondes, paraissant durer des heures, mon ami se positionne devant moi, face au membre de sa famille.

Ils se jaugent du regard, et ne bougent plus d'un centimètre.

Le loup inconnu continue de grogner, alors que son frère tente de l'apaiser.

De plus en plus angoissé à l'idée qu'ils se fassent du mal, je me relève difficilement, me maintiens sur mes jambes tremblotantes, et avance en douceur pour me poster devant l'effrayant canidé.

La respiration saccadée, je fixe cette grande bête sombre, et tends la paume de mes mains face à lui.

Inspirant une énorme goulée d'air, je tente de le détendre en lui parlant, d'une voix tremblante et fragile.

_ Est-ce que tu me comprends toi aussi ? S'il te plaît, ne lui en veux pas, il voulait simplement me faire découvrir son monde, comme j'ai tenté de lui faire découvrir le mien.

Son petit nez tout noir frémis, et ses babines cachent enfin ses dents pointues et impressionnantes.

Il semble se calmer.

_ Je ne ferai jamais rien qui puisse vous porter préjudice, confié-je, la poitrine douloureuse, et le crâne prêt à exploser, si je suis à ses côtés aujourd'hui, c'est parce qu'il est mon ami, et parce que j'aime plus que tout être à ses côtés.

Il bouge légèrement. Ses pattes ne sont plus écartées, il semble moins méfiant.

La curiosité et l'inquiétude semblent le ronger.

S'ils sont plus de deux, il doit à coup sûr diriger sa meute.

Son aura de leader se ressent fortement.

_ Tu n'as rien à craindre de moi. Vu la différence de taille entre nous, mes paroles semblent vraiment ridicules, pouffé-je, le coeur battant toujours à vive allure, mais je suis sincère.

Cet instant est arrêté dans le temps. 

Tout le monde est extrêmement tendu, et chaque secondes sembles importantes.

À court de mots susceptible de le dérider, j'attends qu'il fasse quelque chose, et au bout de longs instants de longue réflexion, il jette un coup d'œil à son frère, toujours placé derrière moi, puis s'avance.

Wonho gémit derrière mais se fait très vite couper par un grognement court et menaçant de son alpha.

Je n'entends plus rien, tandis que le gigantesque loup face à moi continue d'avancer. 

Son regard profond et intense est plongé dans le mien, et arrivé à une cinquantaine de centimètres de moi, il me souffle au visage. 

Les yeux fermés instinctivement face à ce puissant souffle, je n'arrive à les ouvrir qu'après tout l'air sorti de ses poumons.

Plus aucun loup ne se trouve devant moi.

Plus de loup noir charbon.

Plus d'animal.

À la place, un homme grand et musclé, à la chevelure noire semblant incroyablement soyeuse.

Il est nu, ses prunelles sérieuses et froides sont toujours plongées dans les miennes, et tétanisé, je me rends lentement compte des choses.

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