Sea, sand and sun
🌸
- C'est si agréable, soupire satisfait Jooheon.
- Des journées parfaites comme celle-ci, j'en veux bien tous les jours, souris-je, le visage flanqué derrière mon appareil photo. Souris ! ordonné-je à mon ami en le fixant de mon objectif.
- Tu les aimes hein, sourit-il chaleureusement en parlant des deux petits creux, proches de ses lèvres.
- Si tu savais à quel point je suis jaloux de ta bouille innocente et de tes magnifiques fossettes, soufflé-je, mélancolique.
- Tu pourrais écrire une thèse sur mes fossettes tellement tu les observes, pouffe-t-il, le regard vers l'horizon.
- Tu as raison, il serait peut-être temps que je passe mon master en Jooheon, ris-je.
- Tu deviens gênant hyung, se moque-t-il.
- Tu es touché, n'ai pas honte de le dire, souris-je en balançant mes pieds, assis sur ce muret face à la plage.
- Tu as raison, pouffe-t-il doucement. J'aime tellement venir ici, place-t-il ensuite. Je pourrais rester ici des heures. Merci d'avoir programmé cette journée Kihyunnie hyung.
- Je t'en prie, après tout, c'est ta journée aujourd'hui, souris-je.
Les fossettes visibles, a contrario de ses yeux, il s'approche de moi et enroule son bras autour de ma nuque, collant ainsi sa joue contre la mienne.
- C'est le cadeau parfait ! T'es l'meilleur hyung !
- Je sais, je sais, placé-je, en glissant mon bras autour de ses épaules.
Il finit par faire de même, et nous partageons un sourire détendu, chaleureux et simplement heureux.
- Hyung, murmure-t-il, sa tête posée contre la mienne.
- Mmh ?
- J'ai faim, râle-t-il d'un air enfantin.
- Il est temps de manger, viens, j'ai aperçu un restaurant de poulet pas loin en arrivant, dis-je, en me mettant debout.
Il se lève, la moue boudeuse, les sourcils froncés, et s'apprête à répliquer.
- T'es sérieux là, hyung ? Du poulet ? Mais on est à la mer ! s'écrie-t-il. La mer !
- Et alors ? Pourquoi ça m'empêcherait de vouloir du poulet ? levé-je un sourcil.
- C'est mon anniversaire ! me contredit-il.
- Très bien, soupiré-je en levant les yeux au ciel. Je te suis.
Heureux d'avoir pu avoir le dernier mot, il agrippe mon poignet et me tire vers un endroit calme mais fréquenté, rempli de petites rues touristiques regorgeant de restaurants en tous genres.
Son choix effectué, nous nous retrouvons dans une petite salle chaleureuse et accueillante où règne le calme et l'odeur alléchante de bonne nourriture. Il faut reconnaître que Jooheon à l'air d'avoir bien choisi.
- On va prendre le plat B12, D6 ainsi que le D9, et bien entendu, pour l'entrée le A4, énumère la bouille angélique face à moi.
- Ce sera tout ? demande la vieille dame.
- C'est déjà pas mal, pouffé-je. Oui se sera tout, merci beaucoup, souris-je poliment.
- Tu vas voir, on va se régaler ! Fait confiance à tonton Honey, se flatte-t-il.
- Je n'en doute pas une seule seconde, levé-je les yeux au ciel, amusé.
☀️
- Kihyunnie hyung ! Regarde ! crie mon ami, en me montrant un stand d'attrape-peluche.
J'avance vers l'endroit indiqué par Jooheon et glisse une pièce dans la fente prévue à cet effet, tentant ainsi ma chance.
- Tu veux lequel ? demandé-je.
- Celui-là ! montre-t-il, sautillant sur place comme l'enfant qu'il est.
- Je l'aurais parié, souris-je.
Plus les essais ratent, plus je m'énerve, et plus mon meilleur ami devient triste.
Je ne peux pas échouer, pas aujourd'hui. Il faut que je lui offre tout ce qu'il désire, plus que n'importe quel autre jour. Parce qu'aujourd'hui, c'est la journée qu'il attend le plus dans l'année. Lui qui aime par-dessus tout être choyé, aimé, et protégé, cette journée doit être parfaite.
Rien ne pourra me faire changer d'avis, quitte à dépenser tout ce qu'il me reste d'argent, j'attraperai cette peluche, pour le voir sourire à nouveau !
- Hyung, souffle la petite abeille. Viens, on y va, sourit-il tristement en tirant le bas de ma veste.
- Va nous chercher un truc à boire, j'ai presque fini, insisté-je.
- Non, je préfère t'attendre, souffle-t-il.
Après une dizaine d'autres tentatives, le petit cochon avec une tenue d'abeille atterrit dans le trou et il m'étouffe automatiquement de ses bras, le sourire aux lèvres.
- Merci Kihyunnie hyung ! T'es le meilleur !
- Je t'en prie, réponds-je en lui caressant affectueusement le dos.
Je récupère la peluche une fois Honey détaché de mon cou, et la lui tends.
- Joyeux anniversaire Jooheonnie, souris-je alors qu'il prend son cadeau, heureux comme jamais.
- Merci hyung ! C'est un anniversaire que je ne suis pas prêt d'oublier !
- J'espère bien ! Allons-y, on a de la route à faire, signalé-je.
- Moui, pas le choix, souffle-t-il tristounet.
- Ne t'inquiète pas trésor, on reviendra bien vite. Et puis, avec moi dans ta vie, c'est tous les jours ton anniversaire ! souris-je amusé.
- Oui, oui, bien évidemment hyung, bien évidemment, lève-t-il les yeux au ciel en avançant dans les rues d'une ville qu'on ne voulait pas quitter.
Après avoir acheté une glace, nous entrons dans la voiture, Jooheon au volant et moi côté passager, histoire de lui indiquer facilement le trajet du retour, l'esprit et le cœur apaisé et satisfait de la journée formidable qu'on venait de passer.
La musique à fond, nous chantons comme si la terre entière ne faisait pas attention à nous. Les fenêtres fermées nous réconfortent dans l'idée que nous étions seuls au monde et que rien ni personne ne pourrait nous empêcher de profiter ainsi de la vie.
Après trois pauses le long de la route, un dernier sandwich sur une aire d'autoroute et quelques routes mal empruntées, nous nous retrouvons devant mon ancienne maison, celle de mes parents, là où, bizarrement, Jooheon me dépose.
- Merci beaucoup pour cette merveilleuse journée Kihyun hyung, sourit-il. Tu réussis toujours à trouver comment me faire plaisir, j'ai bien choisi mon meilleur ami !
- Tant que tu es heureux, moi ça me va, réponds-je simplement. Allez, montre-moi une dernière fois tes magnifiques fossettes et ensuite je file.
Un sourire jusqu'aux oreilles, je l'observe de longues secondes, avant d'ouvrir la portière.
- Fais attention à toi en rentrant, et n'oublie pas de manger le gâteau que je t'ai fait avec amour, souris-je en sortant du véhicule.
- Tu m'as fait du gâteau ? s'étonne-t-il, ravi.
- Bien sûr, ce matin tu étais tellement excité et pressé de partir que tu n'as même pas vu que j'étais venu te chercher avec quelque chose dans les mains, pouffé-je.
- Wow ! Tu es vraiment le meilleur ! souffle-t-il ébahis.
- Je sais, aller, file !
Je claque la porte, remet la sangle de mon sac à dos correctement sur mon épaule, et le regarde redémarrer. Après quelques mètres de parcouru, je continue de lui faire signe, le sourire aux lèvres.
Une fois par an ce n'est vraiment pas suffisant. Il faut qu'on se fasse ce genre de sortie plus souvent !
La prochaine fois, je pense que je l'inviterai au Japon. Il adore ce pays et est accro à leur nourriture. En plus, ce pays regorge de magasin offrant tout un étalage de peluches différentes. Le paradis pour Lee Jooheon.
Alors que je suis perdu dans mes pensées, mon cœur rate un battement lorsque je comprends enfin ce qu'il se trame devant moi.
La voiture que je viens de quitter, est en train de tournoyer irréellement sur la route !
Sur les roues, sur le toit, sur les roues, sur le toit. Le véhicule, complètement déformé, continue ses loopings indéfiniment.
Mon cœur s'arrête totalement, et, tétanisé, je la vois enfin s'arrêter, complètement à l'envers sur cette gigantesque autoroute désormais vide de toute autre présence.
Je n'arrive pas à bouger, seules mes larmes courent sur mes joues. La main contre ma poitrine, j'essaye difficilement de ne pas me concentrer sur la douleur que j'ai à l'intérieur de celle-ci.
Il faut que je bouge, il faut que j'avance, que je m'approche, que j'aille voir s'il va bien, voir s'il, s'il est en vie. Il faut que j'appelle les urgences, mais je n'arrive à rien. Ma tête me fait un mal de chien, et tous les moments que j'ai vécus avec lui me reviennent en tête, créant plus encore un épouvantable trou à l'intérieur de ma cage thoracique.
Mais pourquoi diable les gens ont disparu ? Nous sommes en plein centre-ville de Séoul ! Il y a toujours énormément de circulation, de jour comme de nuit !
Je ne comprends pas, je ne comprends plus.
C'est sa journée aujourd'hui ! Rien ne peut la gâcher ! Pas même un accident de voiture imprévu !
Après ce qui semble être une éternité, mes jambes me portent enfin, et sans plus penser à rien, les larmes formant d'interminables sillons sur mon visage continuent inlassablement de tomber. Je cours, comme jamais je n'avais couru auparavant. Les mètres défilent sous mes pieds, et le cœur et le souffle en pagaille, je m'accroupis et observe l'intérieur de l'habitacle.
Mes larmes double de volume et je ne vois plus que le visage ensanglanté de mon meilleur ami de manière floue.
Je vous en prie, dites-moi que c'est un cauchemar, par pitié, je veux me réveiller !
Réveillez-moi !
Il ne bouge plus, n'a plus l'air de respirer, et je compose difficilement le 119, les pleurs de plus en plus bruyants.
- 119, quel est votre urgence ? demande une femme au téléphone.
- M-mon, mon ami, a eu, un-un accident de voiture, il n-n'a plus l'air de respirer, on est sur l'autoroute XX et, et, je v-vous en prie, dépêchez-vous, pleuré-je au bout du fil. Je ne veux pas perdre ma moitié.
- Les ambulances seront là dans quelques minutes monsieur, gardez votre calme, et surtout, ne le déplacez pas, ordonne l'assistante téléphonique.
- O-oui, d-d'accord, respiré-je difficilement.
- Les secours vont arriver, je vous laisse monsieur, conclut-elle.
- D'accord, m-merci infiniment, soufflé-je en raccrochant.
Son front est entaillé à énormément de reprises. Il est toujours attaché par sa ceinture, la tête à l'envers, laissant ainsi le sang s'écouler lourdement contre le toit de la voiture. Je n'ai qu'une envie, celle de le détacher pour le prendre dans mes bras.
Mes larmes ne veulent pas s'arrêter de couler, mes mains tremblent et j'ai froid, tellement froid. Accroupis, les genoux compressés contre ma poitrine, j'observe le corps blessé de mon ami.
Qu'est-ce que je vais devenir sans lui ?
On faisait tout ensemble, on était inséparable. Il a toujours été à mes côtés, je ne me rappelle même pas avoir vécu un jour sans le connaître.
Quand il sourit, je souris, quand il pleure, je pleure, si quelqu'un ose lui faire du mal, c'est moi qui m'en occupe, et je sais combien il a besoin de moi lui aussi. Il a toujours été mon double, ma moitié. Mon petit bébé que je protège du monde, celui qui me fait rire, qui me demande de prendre soin de lui, et qui prends soin de moi à sa manière.
Les sirènes commencent à se faire entendre, et sans le vouloir, mon cœur s'autorise un moment de répit, tandis que mon cerveau lui, s'autorise un élan d'espoir.
Je me redresse difficilement, et les attend, impuissant face à tout ça.
Ils accourent avec un brancard et des dizaines d'autres trucs dont je ne connaissais pas l'utilité, et se mettent rapidement au travail.
- Bonsoir jeune homme, vous n'étiez pas dans la voiture, vous n'avez rien ? demande un pompier, tandis que les autres essayaient de le sortir de la carcasse.
- Bon-bonsoir, articulé-je durement à cause de la crise d'angoisse que je faisais et des larmes qui refusaient de s'arrêter. Non, je venais de quitter, l-la voiture. Je ne sais pas ce qu'i-il s'est passé, j'comprends pas, tout allait bien, il n-n'y avait rien sur la route. Je vous en prie, imploré-je en m'accrochant au haut de la personne face à moi. Sauvez-le, c-c'est son anniversaire, expliqué-je, comme si cela changeait la donne. J'ai besoin de lui, il ne peut pas me laisser, pas comme ça, dis-je, la voix tremblante et larmoyante.
- Mes collègues font tout ce qu'il est possible de faire pour sauver votre ami, essaye de me rassurer le pompier.
Après ces sages paroles, le corps de Jooheon est installé sur le brancard, et celui-ci s'éloigne à vitesse affolante vers l'ambulance. Je les suis en trottinant comme je peux, et monte avec eux dans la camionnette.
Allongé dans cette petite pièce roulante, je lui tiens la main, tout en le regardant, priant de toutes mes forces pour que le pire n'arrive pas, et alors que j'étais concentré, une machine s'emballe d'un coup, et l'un des membres du personnel d'hôpital me pousse dans l'empressement, pour m'éloigner de ma petite abeille. Il tente un massage cardiaque, tandis que l'un de ses collègues essaye de lui insuffler de l'air dans les poumons.
- Non, non, non, non, non, paniqué-je, les larmes de plus en plus incontrôlables. Jooheon, m'écris-je. Lee Jooheon, t'as pas intérêt à me laisser, parce que je te jure que ça va aller mal, hurlé-je, à bout.
La machine ne se calme pas, les infirmiers s'emballent et ma force mentale est à bout. Ils gigotent dans tous les sens, faisant tourner ma tête plus fort encore que les secondes précédentes.
Soudain, comme une réponse à mes plaintes, la machine se calme. Et bizarrement, cela ne me réconforte pas, que du contraire.
Le massage cardiaque finit par s'arrêter, et ils débranchent totalement l'appareil de mon ami.
Je ne bouge plus, assis dans un coin de l'ambulance, les larmes toujours présentes et les suppliques dépassant toutes les secondes la barrière de mes lèvres.
Je marmonne d'inlassables choses incompréhensibles, tandis que les ambulanciers tentent de me dire des choses.
Nous arrivons à l'hôpital et ils sortent le corps sans vie de Jooheon.
Ils foncent vers je ne sais où, le drap posé sur le précieux visage de mon ami éternellement endormi, alors que je reste là, sans vie moi aussi, assis dans cette camionnette emplie d'un sentiment immonde de froideur et de mort.
Quelqu'un est là, face à moi, et me fait des gestes, tout en me parlant, mais je n'arrive à rien.
Laissez-moi, laissez-moi du temps, j'ai besoin de temps, je vous en supplie, ignorez-moi.
Je viens de perdre l'une des personnes les plus précieuses de ma vie, à jamais. Je ne pourrai plus jamais le voir, l'observer. Ses fossettes parfaites, ses yeux rieurs, sa gentillesse, son innocence, sa naïveté, son humour, sa bouille adorable d'enfant. Il ne viendra plus vers moi en souriant pour que je le prenne dans ses bras. Lorsqu'il se fera mal, il ne me demandera plus de le soigner avec sa bouille d'enfant déprimé. Ses yeux émerveillés ne s'illumineront plus jamais. Plus rien ne s'illuminera en lui parce qu'il n'est plus de ce monde. Il m'a quitté, m'a laissé tout seul, avec ma peine. Je suis anéanti, et je ne sais pas si un jour je pourrai sourire à nouveau.
Toi qui aimais être le centre du monde, toi qui aimais l'attention et l'amour que ton entourage t'offrait, pour une fois, j'aurais aimé que tu penses à moi et que tu restes à mes côtés.
Mais je ne t'en veux pas, parce que tu n'es en rien responsable. J'en veux au monde entier. J'en veux à ce monde injuste. Ce monde dégueulasse qui garde en vie les meurtriers, les violeurs et toutes les personnes profondément mauvaises, pour en contrepartie, faire partir des êtres innocents, doux et profondément gentils.
Je ne veux pas d'un monde où seuls les pires êtres existent. Si c'est pour vivre dans un monde comme celui-là, alors je ne préfère pas vivre.
Un monde sans Jooheon, est un monde sans couleur.
Et une vie en noir et blanc, personne ne devrait subir ça.
- Putain ! soufflé-je, la respiration erratique et le corps transpirant.
Le visage trempé, je hoquète durant de longues minutes, les genoux repliés contre ma poitrine, les mains tremblantes et les larmes inépuisables.
Finalement, après réflexion, je me lève d'un bond et cours à toute vitesse dans la chambre voisine. J'ouvre violemment la porte et allume la lampe, les larmes coulants toujours à flot.
La boule enroulée dans sa couette face à moi dort toujours, et je souris, soulagé, tout en pleurant continuellement.
Mon cœur me fait tellement souffrir que je pourrais m'effondrer à tout moment.
Je me glisse au côté de mon colocataire, et le serre de toutes mes forces dans le creux de mes bras.
Il marmonne quelques paroles sous sa couette et finit par se retourner, calant ainsi sa tête contre mon cou.
- Tu n'étais pas obligé de me réveiller pour me souhaiter mon anniversaire hyung, ça aurait pu attendre, murmure-t-il de sa voix enrouée.
- Désolé, tu sais que je n'ai aucune patience, soufflé-je, quelques sillons humides s'échappant toujours de mes paupières.
- Oui, pouffe-t-il. Je le sais plus que n'importe qui.
- Joyeux anniversaire Jooheonnie, soufflé-je. J'espère que cette journée te comblera de bonheur.
- J'en suis déjà certains Kihyunnie hyung. Elle l'est toujours quand je suis avec toi, souffle-t-il, heureux.
- On va s'éloigner un peu de la ville, ça nous fera le plus grand bien, confié-je. Tu n'auras à t'occuper de rien, j'ai déjà tout préparé hier, et c'est moi qui conduirai.
- Tout est déjà planifié, comme à ton habitude, dit-il, amusé et heureux. Je te suis hyung, je te suivrai jusqu'au bout du monde les yeux fermés.
- Et je ferai toujours tout ce qu'il m'est possible de faire pour te guider correctement, complété-je, en m'endormant.
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𝓔𝓷𝓭
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