Thé ou Café ? 8/8
Zoro descendit du bus d'un pas alerte. Le soleil semblait au rendez-vous aujourd'hui, et il se sentait heureux. Il était rentré chez lui hier, pour une fois. Il passait de plus en plus de temps chez Sanji, sous prétexte de travailler sur le site internet avec lui. Mais tous deux savaient que c'était une excuse. Il se demandait s'il était trop tôt pour habiter ensemble. Ils sortaient ensemble depuis seulement deux mois et ils s'étaient déjà dit je t'aime. Allaient-ils trop vite ? Pourtant, s'il le pouvait, il passerait chaque instant avec lui. Il trouvait un certain apaisement en sa compagnie, comme si être avec lui, et graviter autour de lui, était quelque chose de naturel. Il ne croyait pas au destin, mais parfois il se posait la question.
La veille pourtant, il avait décidé de rentrer chez lui. D'abord parce qu'il fallait bien qu'il y aille de temps en temps, histoire de relever le courrier ou de faire une machine, et puis aussi parce qu'il avait voulu que Sanji se repose. Quand il était là, ils finissaient souvent la soirée au lit, et pas pour dormir. Il avait remarqué que Sanji paraissait fatigué ces temps-ci. Il mettait plus de temps à se lever le matin, et des cernes s'étaient formés sous ses beaux yeux bleus. Et il avait peur d'en être la cause. En tout cas en partie. Il travaillait beaucoup plus depuis quelques dizaines de jours, et maintenant que Zoro était dans sa vie, il avait encore moins de temps à lui pour décompresser. Il s'inquiétait pour lui. Il lui avait déjà dit qu'il n'avait jamais pris un seul jour de congé en trois ans, et Zoro ne voulait pas qu'il fasse un burn out. Il était donc bien décidé à veiller sur lui et à s'occuper de lui autant qu'il le pourrait.
Son inquiétude augmenta d'un cran quand il arriva à hauteur d'All Coffee. Quelque chose n'était pas comme d'habitude, et il comprit quoi quand il arriva devant la vitrine. Fermée. Il vérifia l'heure sur son portable. Neuf heure moins dix.
Son cerveau imagina toutes sortes de théories en un instant. Volet métallique en panne, rendez-vous quelque part dont il n'aurait pas été au courant. Mais il rejeta tout de suite ces idées. Si cela avait été le cas, Sanji aurait mis un panneau sur la vitrine s'excusant auprès de ses clients. Redoutant le pire, il s'empressa de téléphoner à Sanji tout en continuant sa route. La sonnerie retentit de nombreuses fois mais personne ne répondit. Il ne laissa pas de message sur le répondeur et retenta une nouvelle fois. Ses grandes enjambées l'avaient déjà amené au pied de son immeuble. Le répondeur se manifesta à nouveau alors il raccrocha et sortit les clés de l'appartement de Sanji tout en montant les marches quatre à quatre.
Il ne prit même pas la peine de sonner. Tant pis s'il s'était alarmé pour rien.
Il ouvrit doucement la porte et sa gorge se noua. L'appartement était sombre. Tous les volets étaient tirés et il n'y avait aucun bruit. Il referma la porte et se dirigea aussitôt vers la partie chambre. Il repoussa le rideau d'une main tremblante. Sanji était là, emmitouflé dans sa couette. Profondément endormi.
Zoro se sentit respirer un peu mieux, même si son cœur battait toujours autant la chamade. Il s'assit doucement sur le rebord du matelas et passa une main sur le visage de Sanji, repoussant quelques mèches blondes. Il n'obtint aucune réaction et il se demanda ce qu'il devait faire. Le laisser dormir ou le réveiller ? Il opta pour le second choix, au moins pour s'assurer que tout allait bien. Il secoua doucement son épaule, mais ce ne fût pas suffisant pour le sortir de sa torpeur.
Il se releva pour ouvrir les volets avant de recommencer. La lumière sembla le déranger, car il le vit plisser des yeux, mais il lui fallut encore cinq bonnes minutes à le secouer pour qu'il commence réellement à se réveiller.
Il ouvrit doucement les yeux, mais Zoro comprit rapidement que son cerveau était encore loin d'être opérationnel.
— Hé, murmura-t-il pour ne pas le brusquer.
— Zoro ? marmonna Sanji en se frottant les yeux.
— Ça va ?
— Hmm, grogna-t-il.
— Il est neuf heure, continua doucement Zoro.
A sa grande surprise, Sanji ne réagit pas. Il avait refermé les yeux et semblait sur le point de se rendormir. Il passa alors à nouveau la main sur son visage pour tenter de le garder avec lui.
— Tu veux faire quoi ? Je te laisse dormir et je mets un panneau sur la vitrine ?
— Quoi ?
Il ne semblait pas du tout percuter ce qu'il disait et l'inquiétude de Zoro monta à nouveau. Etait-il simplement trop fatigué ou bien y'avait-il quelque chose de plus grave ?
— Sanji, regarde-moi, lui dit-il alors sur un ton un peu plus urgent.
Il lui fallut quelques secondes mais il ouvrit finalement les yeux et leva son regard vers lui.
— Sanji, il est neuf heures, répéta-t-il. Ton café...
L'information sembla enfin l'atteindre. Il fronça les sourcils et se retourna sur le dos.
— Merde, murmura-t-il.
— Tu veux que je mette un panneau pour dire que ce sera fermé aujourd'hui ?
Il prit quelques instants pour réfléchir, mais il ne paraissait pas aussi alarmé que ce à quoi Zoro s'était attendu. Comme si sa fatigue inhibait ses réactions. S'il avait été dans son état normal, il serait paniqué et serait déjà debout et à moitié habillé.
— Non, je vais y aller, répondit-il finalement.
— Tu es sûr ? Tu ne préfères pas prendre ta journée et te reposer ?
— Nan, c'est pas le moment. Je peux pas fermer une journée entière...
Il se redressa péniblement en position assise et se frotta le visage. Zoro lui caressa le bras distraitement tout en l'observant attentivement. Ce n'était pas à lui de prendre cette décision, mais il se demandait s'il était en état de tenir son commerce. Il regarda à nouveau l'heure. Lui aussi était en retard maintenant.
Sanji s'en rendit compte également.
— C'est bon, ça va aller. Va travailler, lui dit-il avant de bâiller.
Mais Zoro ne bougea pas pour autant. Il pouvait toujours prétexter un retard de bus pour expliquer son manque de ponctualité. Il ne voulait pas laisser Sanji seul.
— T'inquiète pas pour ça, lui dit-il. J'ai encore un peu de temps.
Sanji ne protesta pas plus. Il rabattit la couette sur ses jambes et se leva enfin. Il frissonnait et enfila rapidement un sweat.
— Va te préparer, je m'occupe du petit déj'.
Il se leva à son tour et après un dernier regard inquiet, se dirigea vers la cuisine. Il restait du café dans la cafetière. Il s'empressa d'en verser une tasse et de la mettre au micro-onde. Il dénicha ensuite une boîte de biscottes et en beurra deux. Quelques minutes plus tard, Sanji le rejoignit. Il avala avidement son café, mais il grignota à peine la moitié d'une des deux biscottes avant de la reposer dans l'assiette. Il était encore à moitié endormi et ses gestes étaient lents, comme engourdis.
Rapidement, ils sortirent de l'appartement. Avant de fermer la porte, Zoro se rendit compte de quelque chose et rentra à nouveau sous le regard amorphe de Sanji. Il revint rapidement et lui fourra son téléphone portable dans la poche. Il ferma à clé et décida de garder le trousseau avec lui. Ils descendirent lentement et, arrivés en bas, Sanji le persuada d'aller à son travail et de le laisser s'occuper du sien. Il le quitta avec un baiser sur la tempe et traversa la route. Avant de fermer la porte de l'immeuble de sa société, il se retourna et vit Sanji à quelques mètres de son café, marchant lentement. Il se détourna finalement, les sourcils froncés, se promettant d'aller voir si tout allait bien dès qu'il aurait cinq minutes.
Nami arriva un peu après dix heures devant All Coffee. Elle avait pris sa journée et avait prévu de passer quelques heures dans le coffee shop qu'elle affectionnait tant. Elle prenait la plupart du temps sa boisson à emporter, alors elle aimait y passer du temps dès qu'elle le pouvait. Et puis Sanji était sympathique et la traitait toujours comme une princesse, ce qui lui boostait toujours le moral. Elle poussa la porte mais fronça les sourcils quasiment aussitôt. Une longue queue s'étendait presque jusqu'à celle-ci. Elle haussa les épaules et entra entièrement, se disant qu'il devait y avoir quelque chose dans le coin pour attirer autant de monde.
Elle patienta en jouant sur son téléphone et ne se rendit compte de l'étrangeté de la situation que quelques minutes plus tard. Elle n'avait pas trop fait attention, mais il n'avait pas dû y avoir plus de deux clients de servis depuis qu'elle était arrivée. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour tenter d'apercevoir le comptoir mais elle ne distinguait rien. Si seulement elle avait mis ses talons aujourd'hui, peut-être qu'elle aurait mieux vu. A la place, elle se décala sur le côté. Son regard balaya la file de clients, dont certains paraissaient particulièrement mécontents, avant de se poser sur Sanji. Il avait le dos tourné pour préparer une boisson. Tout semblait normal. Elle reprit sa place dans la queue et attendit patiemment que celle-ci avance.
La pendule derrière le comptoir ayant étrangement disparu un bon mois auparavant, elle vérifiait l'heure sur son portable à intervalle régulier. Elle n'y connaissait pas grand-chose, mais cinq minutes par client semblait étrangement long, surtout lorsqu'on connaissait Sanji. Elle aimait le regarder préparer ses boissons. Il enchaînait tous ses gestes avec une telle vitesse et une telle habilité ! C'était un spectacle hypnotique à regarder.
Elle se décala à nouveau et observa le barista plus longuement. Aujourd'hui, il n'y avait rien d'hypnotique. Au contraire. Elle grimaça lorsqu'elle le vit renverser quelque chose qui ressemblait à de la crème. Perdue dans sa contemplation, elle sursauta lorsque le jeune homme devant elle perdit patience et partit.
Elle se décida alors et abandonna sa place pour s'avancer vers Sanji. Plus elle s'approcha et plus elle le trouva pâle. Quelque chose ne tournait pas rond. Elle le laissa finir de servir son client, grimaçant une nouvelle fois quand elle le vit renverser un peu de café en déposant la tasse sur le comptoir. Il encaissa l'argent d'une main tremblante et elle le vit s'appuyer presque de tout son poids au meuble, prenant quelques secondes avant de se tourner vers le client suivant.
— Sanji tout va bien ? demanda-t-elle alors, se disant que l'homme d'âge mûr pouvait bien encore attendre quelques secondes de plus.
Elle le fit sursauter et quand il se tourna vers elle, elle découvrit de larges cernes sous ses yeux.
— Nami ? s'étonna-t-il d'une voix blanche.
Elle n'avait pas l'habitude de l'entendre l'appeler uniquement par son prénom.
— Désolé, je fais au plus vite, s'excusa-t-il avant de se tourner vers l'homme qui commençait à souffler d'impatience.
Elle le regarda le servir, les sourcils froncés, notant tout ce qui n'allait pas chez Sanji. Il semblait épuisé et ne tenir qu'à peine sur ses jambes. Il n'y avait aucune chance qu'il tienne comme ça toute la journée. Alors avant que les deux femmes suivantes ne s'avancent pour prendre commande, elle se faufila derrière le comptoir et tira Sanji vers le fond. Il se laissa entraîner sans protester.
— Sanji, est-ce que tout va bien ? répéta-t-elle.
— Bien sûr, répondit-il.
— Tu as l'air fatigué, insista-t-elle, oubliant sur le coup le vouvoiement.
— C'est rien, balaya-t-il d'un geste de la main. Je vous prépare quelque chose ?
— Excusez-nous, on aimerait être servies, interrompit l'une des deux filles.
Nami lui lança un regard noir et elle la vit avoir un mouvement de recul.
— Deux minutes, cracha-t-elle sur un ton qui ne laissait aucune discussion.
Elle pouvait bien attendre, cette pétasse !
Un mouvement en périphérie de son champ de vision attira son attention, et elle ne rattrapa Sanji que grâce à ses excellents réflexes. Ses jambes venaient de lâcher. Fermement, elle l'aida à faire les quelques pas jusqu'au tabouret et le fit asseoir dessus.
— Je ne pense pas que tu sois en état de travailler, l'admonesta-t-elle.
— J'ai pas le choix, répondit-t-il faiblement. Je peux pas fermer.
— Personne ne peut venir te remplacer ? La jeune femme par exemple... Conis c'est ça ?
— Elle est en cours, je ne veux pas la déranger.
— Personne d'autre ?
— Non...
Nami souffla d'exaspération. Elle devait trouver une solution rapidement. Son regard se posa sur la file de clients contrariés et sa décision fut prise. Elle s'avança derrière le comptoir et prit la commande des deux femmes. Elle pouvait le faire ! Ça ne devait pas être si compliqué que ça non ?
Grâce aux instructions de Sanji, elle parvint à servir quelques personnes, mais lorsqu'un jeune homme commanda une boisson compliquée à réaliser, elle admit sa défaite. Elle paniqua, se demandant quoi faire, quand Sanji se releva pour préparer le café. Elle eut tout à coup une idée en le regardant travailler, prête à le soutenir si les forces lui manquaient à nouveau. Elle sortit son téléphone et appela Usopp, le sommant de venir immédiatement ! Elle raccrocha, rassurée. Elle n'avait plus qu'un quart d'heure, vingt minutes tout au plus, à tenir avant que la cavalerie n'arrive.
— Il y a un cahier, là, s'éleva la voix de Sanji dans son dos.
Elle suivit son geste et discerna en effet un cahier. Elle y jeta un coup d'œil et y découvrit toutes les recettes des boissons, avec les étapes à réaliser. Elle soupira et continua à servir les clients, s'excusant pour la gêne occasionnée, s'efforçant de préparer au mieux les boissons. Sanji continuait à l'aider de temps en temps, mais se relever semblait maintenant au-dessus de ses forces. Elle le voyait même vaciller légèrement sur son tabouret. Il devait avoir la tête qui tournait, et elle priait pour qu'Usopp arrive avant qu'il ne s'écroule par terre. Elle n'aurait pas la force de le retenir.
Heureusement, cinq minutes plus tard son sauveur était là. Il l'aida à allonger Sanji sur l'un des canapés puis prit les rênes. Il avait déjà travaillé dans un café donc il savait un peu mieux qu'elle ce qu'il faisait. Elle le laissa s'occuper des boissons et se chargea de la caisse. A eux deux, la queue diminua enfin et elle se sentit plus rassurée. Ils n'avaient plus qu'à tenir jusqu'à ce que Sanji aille mieux !
Vers 11h, Zoro trouva un moment pour descendre la rue et aller voir Sanji. Il n'avait pas eu de nouvelles et était inquiet. Lorsqu'il poussa la porte, il découvrit deux étrangers derrière le comptoir.
— Il est où Sanji ? demanda-t-il un peu brusquement.
— Il dort, répondit la rouquine guère plus gentiment.
Il regarda dans la direction indiquée et découvrit en effet Sanji, allongé dans un canapé, profondément endormi.
Avant d'aller le voir, il reporta son attention sur les deux inconnus.
— Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Vous êtes qui ?
La rouquine ouvrit la bouche pour répondre mais le type aux cheveux frisés la devança.
— Je m'appelle Usopp, et voici Nami, répondit-il avec un sourire.
Il les fixa tour à tour, un sourcil levé, attendant un peu plus d'explication. Leurs noms ne suffisaient pas à lui apprendre ce qu'ils faisaient ici. Même s'il devait reconnaître qu'il était bien content qu'ils s'occupent du commerce de Sanji, qui qu'ils soient.
— Je suis cliente ici, finit par lâcher la rouquine, Nami. Quand je suis arrivée il était dans un sale état. Il tenait à peine sur ses jambes, alors j'ai décidé d'aider.
— Et elle m'a appelée parce que j'ai déjà travaillé dans un café, compléta le dénommé Usopp.
— Je ne savais pas vraiment quoi faire. Sanji m'a dit qu'il n'avait personne pour venir l'aider alors...
La jeune femme s'était radoucie, et paraissait moins sûre d'elle tout à coup. Zoro décida de laisser tomber sa méfiance. S'ils avaient voulu partir avec l'argent de la caisse, ils l'auraient déjà fait depuis longtemps. Et puis maintenant qu'il y pensait, le nom de Nami ne lui était pas inconnu, il était presque sûr d'avoir déjà entendu Sanji parler d'elle.
— Merci, c'est vraiment sympa à vous.
— C'est bien beau tout ça, mais on ne sait toujours pas qui vous êtes.
Zoro lança un regard noir au jeune homme qui venait de parler. Celui-ci sembla se rétracter aussitôt sur lui-même de peur.
— Zoro, répondit-il tout de même.
Puis voyant qu'ils attendaient une suite, il compléta.
— Le petit-ami de Sanji.
L'information sembla attirer l'attention de la rouquine, mais elle resta silencieuse.
Zoro se trouvait avec un dilemme sur les mains et il ne savait pas quoi faire.
— Merci d'avoir pris le relais, les remercia-t-il à nouveau. Je pense que je vais devoir fermer maintenant...
— On peut rester, répliqua Usopp qui semblait avoir repris du poil de la bête.
— Non, vous avez sûrement autre chose à faire.
— Je suis au chômage, répondit le jeune homme, je peux rester ici toute la journée s'il faut. Et Nami est en congé.
La femme acquiesça vigoureusement de la tête.
— Si vous êtes sûrs... ça ira avec les boissons et tout ?
— On a un cahier avec les recettes, répondit Nami, on se débrouillera.
— Je ne sais pas quoi dire, avoua Zoro, c'est vraiment super gentil à vous. Je ne peux rien vous promettre mais je pense que Sanji vous dédommagera...
— On ne fait pas ça pour ça, répondit Nami. Sanji est un peu comme un ami.
Zoro prit le temps de réfléchir quelques secondes. Il ne savait pas vraiment depuis combien de temps ils étaient là, mais ils semblaient en effet se débrouiller. Il devait retourner travailler alors il prit sa décision rapidement.
— Ok, je vais vous laisser mon numéro au cas où, n'hésitez pas à m'appeler. Je vais essayer de revenir à la pause déjeuner.
Après avoir à son tour rentré leurs deux numéros dans son portable, il alla enfin voir Sanji. Il passa doucement sa main dans ses cheveux, mais comme ce matin, il ne réagit pas. Il le vit frissonner légèrement alors il alla chercher un plaid dans la cuisine et le déplia sur lui, avant de retourner bosser. Heureusement que Frédéric était en réunion à l'extérieur pour une bonne partie de la journée, sinon il se ferait probablement lyncher.
Il réussit à prendre une petite heure le midi. Il obliqua aussitôt vers Sanji une fois à l'intérieur du café. Il n'y avait quasiment personne au comptoir, et tout semblait aller bien. Il pouvait donc se concentrer sur lui pour le moment. Il semblait ne pas avoir bougé d'un pouce, ce qui ne le rassura pas.
— Il ne s'est pas réveillé, s'éleva la voix de la rouquine derrière lui.
— J'espère que c'est juste de la fatigue...
Il ne savait pas s'il devait faire venir un médecin, ou simplement attendre qu'il récupère de lui-même. Il savait que s'il le faisait et que le généraliste lui imposait de prendre quelques jours de congé, Sanji ne lui pardonnerait pas. Il exagérait peut-être un peu, mais il lui en voudrait au moins un peu, et il ne voulait vraiment pas que ça arrive. Il fit part de ses réflexions à la jeune femme.
— Je pense que le mieux c'est de le laisser dormir pour l'instant, répondit-elle.
Il acquiesça silencieusement et s'assit sur le rebord du canapé. A nouveau, il passa sa main dans ses cheveux et sur son visage. Il semblait déjà avoir repris un peu de couleurs. Il se pencha et déposa un baiser sur son front, sans se soucier du fait que Nami observait chacun de ses gestes.
Après quelques minutes, il décida de le laisser tranquille et passa le reste de sa pause à aider Nami et Usopp, leur indiquant où telle ou telle chose se trouvait, répondant à leurs questions du mieux qu'il le pouvait.
Avant de partir, il leur apprit que Conis arriverait en fin d'après-midi et qu'ils pourraient alors rentrer chez eux. Il déposa un dernier baiser sur la tempe de Sanji avant de retourner à l'agence, un peu plus rassuré.
A 17h pile, Zoro ferma son sac, éteignit son ordinateur de bureau et termina sa journée. Il avait récupéré son retard du matin à la pause déjeuner et était donc libre de partir à l'heure. Trois minutes à peine plus tard, il était de nouveau à All Coffee. Un coup d'œil lui appris que Sanji dormait toujours.
— Tout va bien ? demanda-t-il en contournant le comptoir pour y déposer ses affaires.
— Ça va, répondit Usopp tout en continuant à préparer une boisson.
Nami finit d'encaisser le groupe d'adolescents, puis une accalmie leur permit de discuter un peu.
— Il s'est réveillé tout à l'heure, lui appris Nami. Enfin, réveillé c'est vite dit, il a ressombré quasiment aussitôt.
— Je vais aller le voir. Encore merci, à tous les deux. Conis ne devrait plus tarder maintenant.
Ils avaient l'air tous les deux fatigués, et Usopp se balançait d'une jambe sur l'autre comme s'il avait mal aux pieds.
Sans un mot de plus, il se dirigea vers Sanji et découvrit qu'en effet, il avait un peu bougé. A nouveau, il s'assit à côté de lui, et cette fois, le mouvement sembla le déranger. Il le regarda se réveiller doucement. Son nez se fronça légèrement, puis ses paupières papillonnèrent et il ouvrit enfin les yeux.
Lorsque les deux iris bleus se posèrent sur lui, un sourire timide éclaira son visage.
— Ça va mieux ?
Il le vit froncer les sourcils avant de regarder autour de lui. Il sembla d'abord décontenancé comme s'il ne savait pas comment il était arrivé ici, puis tout lui revint et il se redressa rapidement.
— Merde ! s'exclama-t-il. Il est quelle heure ?
— Calme-toi, lui dit-il. Tout va bien. Il est 17h, et Nami et son ami Usopp s'occupent de tout.
— Nami ?
Il tourna la tête vers le comptoir et découvrit la jeune femme, qui lui fit signe de la main. Il sembla trop perdu pour lui répondre. Il se tourna à nouveau vers lui et Zoro lui sourit pour tenter de l'apaiser.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Il s'empressa de tout lui raconter, reprenant tout depuis le matin. Pendant son résumé, Sanji s'assit correctement, le plaid sur ses jambes repliées sous lui. Il attira Zoro à lui pour qu'il s'adosse au canapé et ne perdit pas un instant pour se blottir contre lui. Il semblait avoir besoin de réconfort et d'affection.
— Tu devrais aller voir un médecin quand même, conclut Zoro après quelques minutes.
— Je sais pas... et s'il m'arrête ? Je peux pas fermer.
— Je sais, répondit Zoro en soupirant. Mais ce serait rassurant de savoir que ce n'est bien que de la fatigue non ?
Sanji ne répondit pas, mais il sembla percevoir son inquiétude.
— D'accord, se résigna-t-il.
Ils restèrent silencieux quelques temps. Zoro vit Conis arriver et se faire expliquer la situation. Elle reprit les choses en main et il put voir le soulagement d'Usopp et de Nami d'ici. Quand il capta leur attention, il leur fit signe de venir vers eux. Lorsque Sanji le réalisa, il cacha son visage dans son cou.
Zoro le comprenait. Il devait se sentir embarrassé. Il savait qu'il n'aimait pas paraître faible alors ce qu'il s'était passé aujourd'hui devait avoir porté un coup à sa fierté. Il plaqua un baiser sur son front tandis que les deux autres s'installaient dans les fauteuils en face d'eux.
— Merci Nami, et Usopp c'est ça ? remercia Sanji après un silence.
— Ça va mieux ? demanda gentiment Nami.
— Oui, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous. Je vais vous payer bien sûr, s'empressa-t-il d'ajouter. Et vous pouvez prendre quelque chose avant de partir.
— On n'a pas fait ça pour ça, mais quelque chose me dit que tu nous laisseras pas le choix, s'amusa Nami.
— Non, c'est pas négociable.
Il sourit enfin et pour la première fois de la journée, Zoro se sentit apaisé.
— Zoro m'a dit que tu cherchais du travail ? demanda Sanji à Usopp.
— Oui, répondit-il en baissant les yeux, comme s'il avait honte de sa situation. Ça fait quelques mois maintenant...
— Je ne peux pas me le permettre pour l'instant, mais si tu cherches encore d'ici là, je serais heureux de t'embaucher.
Usopp sembla en rester bouche bée.
— Tu es sûr ? Je dois avoir raté la moitié des boissons que j'ai servies aujourd'hui.
— Tout ce que je vois c'est que le café est encore debout et qu'il n'y a pas une file de clients mécontents, c'est le principal.
— Merci alors, répondit-il timidement.
Lorsque Conis passa près d'eux, Sanji leur enjoignit de commander quelque chose et ils passèrent une bonne heure à discuter de tout et de rien en sirotant leurs boissons. A mesure que le temps passait, pourtant, Sanji pesait de plus en plus lourd contre lui. Il décida alors qu'il était temps de le ramener chez lui. Leurs deux nouveaux amis en profitèrent pour prendre congé, et après quelques négociations, il parvint à faire accepter à Sanji l'idée de laisser Conis faire la fermeture. S'il voulait ouvrir demain à l'heure, car Zoro était persuadé qu'il allait quand même travailler le lendemain, alors il devait se coucher tôt ce soir et récupérer au maximum. Il allait aussi lui cuisiner un bon dîner, car à part une demi biscotte ce matin, il n'avait rien dans l'estomac.
Sanji garda le plaid enroulé autour de ses épaules et en quelques minutes, ils furent rentrés.
Sitôt la porte fermée, Sanji se pressa contre lui et enroula ses bras autour de sa taille.
— Merci, lui dit-il avant de l'embrasser.
Zoro se sentit fondre dans le baiser, appréciant la normalité du geste. Après une journée riche en émotions comme celle-ci, c'était le meilleur des remèdes. Il entoura ses épaules de ses bras et l'attira un peu plus contre lui.
— Je suis désolé de t'avoir inquiété, continua Sanji contre son cou. Ça ne se produira plus.
Zoro ne sut quoi répondre. Ce n'était pas vraiment à Sanji de décider si cela se reproduirait ou non.
— Tu as besoin de repos, s'entendit-il dire.
Sanji soupira. Il savait que c'était vrai, mais il le comprenait aussi. Il comprenait qu'il ne veuille pas fermer son café pendant cette période délicate.
— Ça va s'arranger, continua-t-il, se promettant d'accélérer son travail pour aider Sanji à augmenter son chiffre d'affaire.
Plus son commerce se développerait vite, plus rapidement il pourrait embaucher quelqu'un et prendre enfin un peu de repos. Après plus de trois ans de dur labeur, il le méritait bien.
Il frotta son dos de ses mains, puis se détacha presque à regret de lui.
— En attendant, va t'asseoir dans le canapé, je m'occupe du dîner !
— Qu'est-ce que ce je ferais sans toi, répondit Sanji, sur un ton amusé qui ne masqua pas complètement le sérieux de sa remarque.
Zoro décida de ne pas répondre. Il l'embrassa une nouvelle fois à la place, avant de se diriger vers la cuisine pour commencer les préparatifs du repas. Tout en travaillant, il se promit deux choses. La première, il l'avait déjà dit, accélérer son rythme de travail sur le site internet et toutes les autres choses qu'il avait à faire. La deuxième, de rester ici plusieurs jours et de s'occuper de son homme. Il ferait tout ce qu'il pourrait pour qu'il n'ait rien à faire en rentrant chez lui le soir, afin qu'il profite de chaque instant de libre pour décompresser et se reposer. Il avait été seul pendant longtemps, mais maintenant, Zoro était là et il était prêt à assumer pleinement son rôle de petit-ami.
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Voila j'espère qu'elle vous auras plus autant qu'à moins, j'ai vraiment eu un coup de foudre je me suis sentie comme obligé de la partager, peu etre qu'il y en a qu'il ne la connaissait pas !
Je rappelle encore qu'elle se trouve sur internet sur le site Fanfiction.net sous le nom de « thé ou café ». Je remercie encore sa créatrice MaeFanfic pour ce chef œuvre.
Kiss,🔥
Nuitisse🔥
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