Thé ou Café ? 4/8

Sanji regardait ses muffins cuire en sifflotant. Il ouvrirait dans dix minutes maintenant, et tout était prêt. Il était arrivé un peu plus tôt que d'habitude ce matin-là et toutes ses préparations s'étaient enchaînées avec fluidité. Il avait préparé les pâtes à tarte, mis à jour la carte, coupé les fruits et préparé les muffins en question en un rien de temps. Il avait même eu le temps de jeter un coup d'œil à son stock et de noter dans un coin de sa tête les produits qu'il allait devoir bientôt commander.

Il laissa les dernières minutes de cuisson terminer toutes seules et alla ouvrir les portes et retourner le petit panneau indiquant qu'ils étaient ouverts. Il n'y avait habituellement personne les premières minutes, et aujourd'hui ne dérogea pas à la règle.

Il eut le temps de sortir sa fournée et d'arranger sa vitrine de pâtisseries avant que le premier client n'arrive enfin. Il lui servit avec le sourire un café à emporter et se retrouva ainsi embarqué pour une nouvelle journée de travail.

A midi et quart, pile à l'heure, Zoro entra dans le café un sac à la main. Ils avaient pris l'habitude de déjeuner ensemble, et Zoro se chargeait d'aller leur acheter des sandwiches à la boulangerie située au bout de la rue.

Il combla les quelques mètres jusqu'au comptoir en quelques enjambées, puis le contourna pour aller planter un bisou sur la tempe de Sanji. Il s'assit ensuite sans cérémonie sur le comptoir et commença à fouiller dans son sac.

Au début, Sanji avait eu du mal à le laisser l'embrasser comme ça, devant tout le monde. C'était son travail après tout, et il n'avait pas envie de perdre des clients à cause de ça, cela ne faisait pas très professionnel. Mais il s'était vite rendu compte que personne n'y prêtait attention. Et puis Zoro arrivait bien souvent quand il n'y avait personne pour commander, et les clients en salle étaient dans leur petite bulle, sans se soucier de ce qui se passait autour d'eux.

Zoro lui présenta son sandwich et il tendit le bras pour l'attraper. Sans un mot, ils commencèrent à manger. Sanji regardait en souriant son petit-ami engloutir son repas. Il finissait toujours en quelques minutes, alors que lui-même en prenait bien dix. Cela aurait été quelqu'un d'autre que son petit-ami, il aurait certainement trouvé ça répugnant, mais il trouvait au contraire que c'était mignon chez Zoro. Cela montrait qu'il était suffisamment à l'aise avec lui pour ne pas avoir peur d'avoir de la sauce sur les lèvres. En fait, c'était autre chose qui le dérangeait.

— Tu vas finir par me faire perdre des clients à t'asseoir là, remarqua-t-il, toujours souriant.

Zoro releva le regard vers lui et leva un sourcil circonspect.

— Pas grave, je suis sûr que je pourrais t'en faire gagner dix fois plus que ceux que tu auras perdu.

— Et comment tu t'y prendrais ? demanda-t-il, curieux et amusé.

— En commençant par enlever cette pendule, répondit-il du tac au tac.

Sanji se retourna et regarda l'objet en question. Qu'est-ce qu'elle avait cette pendule? Elle était très bien ! Il l'avait choisie exprès pour coller avec l'ambiance du lieu, et point important à ses yeux, elle ne faisait aucun bruit !

— Qu'est-ce qu'elle a ma pendule ? demanda-t-il, sur la défensive.

— Tu as déjà vu des pendules dans les salles d'attente de médecin, ou à la banque ?

— Non..., répondit-il prudemment sans comprendre où il voulait en venir.

— Et pourquoi à ton avis ?

Il prit quelques secondes pour y réfléchir, mais rien ne lui vint à l'esprit.

— C'est le meilleur moyen pour rappeler à tes clients le temps qui passe. S'il n'y a pas de pendule, ils ne se rendent pas compte du temps qu'ils passent chez toi, ou à attendre à la banque.

— Donc ils restent plus longtemps et consomment plus ?

— Exactement !

— Mais ils ont des montres, des portables, ils savent quelle heure il est non ?

— Oui mais ils ne l'ont pas sous les yeux continuellement. Si tu veux qu'ils restent plus longtemps ici, il faut qu'ils oublient le temps, que ton café se transforme en espace intemporel.

Sanji fit une moue dubitative. Il devait bien avouer que ça se tenait.

— Donc tu penses que je devrais l'enlever ?

— Oui.

— Mais ça ne me fera pas gagner de nouveaux clients.

— Non, mais c'est un début.

— Ok...

Il lui lança un regard étonné que Zoro ne vit pas, trop occupé à finir son repas. Est-ce qu'il connaissait d'autres petits trucs comme celui-ci qui pourraient améliorer sa petite affaire ? Il essaierait de lui en reparler un peu plus tard, pour l'instant, une autre question lui vint à l'esprit.

— C'est toujours bon pour ce soir ?

— Oui, je devrais finir à l'heure aujourd'hui.

— Super.

Ils avaient prévu de passer la soirée ensemble, et Sanji avait même demandé à Conis de faire la fermeture pour pouvoir partir un peu plus tôt. Ils n'avaient rien de vraiment prévu, mais Sanji pensait à emmener Zoro au restaurant. En trois semaines, ils n'y étaient pas encore retournés, et il avait hâte de lui rendre la faveur. Il n'avait pas encore décidé dans quel restaurant ils iraient. Ils choisiraient ensemble le moment venu.

Son petit-ami avait fini de manger et il le regardait à présent ouvertement. Sanji se força à penser à autre chose pour ne pas rougir. Il avait toujours du mal à se contenir quand il le regardait comme ça. Son regard avait quelque chose qui l'embarrassait. Il n'aimait pas trop être le centre d'attention comme ça, mais dans un sens, c'était aussi flatteur. Il se doutait de ce que Zoro pensait. Lui aussi pensait à la même chose quand il regardait son petit-ami ces derniers temps. Il y avait comme une faim dans ces yeux gris qui le fixait. Peut-être que ce soir...

Il frissonna et décida de ne pas partir sur cette voie. Là encore, il verrait le moment venu. S'il devait se passer quelque chose, alors il se passerait quelque chose.

Ils passèrent le reste de leur pause déjeuner à discuter de choses et d'autres, Sanji s'interrompant parfois pour servir un client. Il aimait beaucoup ces moments passés avec Zoro. Cela leur permettait de se voir tous les jours. Si bien que maintenant, il se demandait comment il avait pu vivre sans lui. Non pour la dernière fois, il se dit qu'il avait été bien seul avant sa rencontre avec lui, et il réalisait maintenant que cette solitude lui avait pesé. Avec son travail, il avait rarement le temps de penser, donc il ne s'en était pas rendu compte. Mais maintenant qu'il avait une autre vie, maintenant que Zoro était là, c'était comme une évidence.

En plus d'un petit-ami, Zoro était aussi devenu un ami. Il n'en avait pas eu depuis l'école, et encore, c'était plus des camarades de classe que des amis à proprement parler. Il n'avait jamais vraiment été très populaire, et il était souvent montré du doigt. Sans parents, avec juste un vieux cuisinier comme tuteur, il était différent des autres enfants, et c'était toujours le meilleur moyen pour ne pas être inclus dans leurs jeux. De toute façon, il préférait être seul dans son coin, et ça non plus, ça ne l'avait pas vraiment aidé, que ce soit à l'école primaire ou plus tard au lycée. Mais il ne regrettait rien. Il n'était pas du genre à avoir cinquante amis, toujours fourrés ensemble. Il en avait forcément un peu souffert quand il était gamin, mais c'était vite passé.

Pourtant, depuis la mort de son tuteur, il s'était retrouvé véritablement seul pour la première fois. Il s'était débrouillé seul pour monter son coffee shop et pour le gérer jusqu'à ce jour. Il avait été bien occupé et n'avait pas ressenti la solitude peser sur son cœur. Depuis sa rencontre avec Zoro, tout avait changé, et il espérait vraiment que les choses marchent bien entre eux aussi longtemps que possible. Il n'avait pas du tout envie de se retrouver à nouveau seul.

— Ça va ?

Sanji sursauta légèrement. Il avait oublié la présence de Zoro et il avait dû voir son changement d'expression alors que tous ces souvenirs remontaient. Il s'empressa de le rassurer.

— Oui oui, tout va bien.

Il esquissa même un sourire pour être plus convaincant.

Zoro ne lui demanda pas s'il en était vraiment sûr, et Sanji lui en était reconnaissant, mais il le regarda d'un air suspicieux pendant encore quelques secondes avant d'hausser les épaules et de passer à autre chose.

— Je dois y aller dans cinq minutes, continua-t-il en levant les yeux vers la fameuse horloge.

Sanji ne répondit pas, mais il se sentait triste qu'il doive déjà partir. L'heure passait toujours trop vite.

— Viens, je veux te montrer quelque chose dans la cuisine, annonça-t-il après avoir fait un tour de salle des yeux pour s'assurer que tout était en ordre.

Sans un mot de plus, il se dirigea vers la porte et fut content de constater que Zoro était sur ses talons.

Ils entrèrent tous les deux dans la pièce, puis Sanji poussa la porte derrière eux en prenant soin de laisser une légère ouverture, histoire d'avoir tout de même un œil sur son commerce.

Pas que cela serve vraiment à quelque chose, puisqu'il se retourna ensuite et attrapa Zoro par le cou pour l'amener contre lui et l'embrasser. Revenu de sa surprise, son petit-ami passa ses bras autour de sa taille pour rapprocher encore plus leur corps, et Sanji pouvait sentir son sourire contre ses lèvres. Ils passèrent leurs dernières minutes de pause ainsi, aveugles et sourds à tout ce qui se passait autour d'eux. C'était selon Sanji le meilleur moyen de se quitter.

Ils finirent sur un câlin, Sanji enfouissant son visage dans le creux chaud du cou de Zoro, puis ils se séparèrent. Ils savaient tous les deux que s'ils n'étaient pas fermes, ils passeraient l'après-midi ainsi.

— A ce soir, murmura Zoro avant de l'embrasser une dernière fois.

— A ce soir, répondit-il en souriant.

Il le regarda sortir de la cuisine et s'éloigner, puis il sortit lui-même et retourna derrière son comptoir. Heureusement, personne n'était venu durant ce laps de temps et il put reprendre le cours de sa journée, tout en espérant que le temps passe vite jusqu'au soir.

Ils se retrouvèrent à 19h30 chez Sanji, et ils se mirent d'accord pour un restaurant italien. L'avantage était qu'il se situait non loin de là, aucun des deux n'ayant une voiture, et l'idée de prendre le bus n'étant attrayante ni pour l'un ni pour l'autre. Ils s'y rendirent donc au pas de promenade, se racontant chacun leur journée.

Sanji éteignit sa cigarette dans le cendrier prévu à cet effet, et ils purent entrer dans l'établissement. Il y avait déjà pas mal de monde, mais la serveuse qui s'occupa d'eux n'eut aucun problème à trouver une table libre. Ils s'y installèrent et prirent aussitôt le menu pour choisir leur repas. Zoro prit une pizza Regina tandis que Sanji opta pour un risotto.

Ils continuaient leur discussion sur leurs journées respectives en attendant leurs plats quand ils furent interrompus. Un homme, que Sanji trouva aussitôt grossier, interpella son petit-ami.

— Zoro, ça faisait longtemps ! lança-t-il d'une voix forte en donnant une claque sur son épaule, attirant l'attention des tables voisines.

Sanji vit Zoro serrer les dents et lui lancer un regard d'excuse. Il releva ensuite la tête vers le nouvel arrivant.

— Jordan, répondit-il d'un ton sec.

Sanji ne savait pas qui c'était, mais Zoro ne semblait pas le porter dans son cœur.

— Ça fait plaisir de te voir, comment tu vas ? demanda l'opportun d'une voix toujours aussi forte, se souciant peu de gêner les autres clients.

— Jusque-là très bien.

Sanji discerna du sarcasme dans son intonation, mais il ne savait pas si ce Jordan l'avait remarqué, apparemment pas.

— Ça fait un bail, continua-t-il, qu'est-ce que tu deviens ? Tu sais, j'ai enfin réussi à monter en grade...

Il n'avait même pas laissé le temps à Zoro de répondre, et il était maintenant parti sur une tirade que Sanji écouta à moitié. Ce qu'il en perçut fut qu'il avait apparemment pris du galon, et qu'il touchait maintenant beaucoup de fric. Il mentionna une Porsche toute neuve, un appart de haut standing en plein centre-ville... bref, il était le nouveau riche typique qui ne pensait qu'à lui et à gagner toujours plus d'argent. Sanji détestait ce genre de personne. Il se concentra sur Zoro et remarqua qu'il se contenait à peine. Il était sur le point d'exploser et Sanji sentit qu'il serait préférable d'intervenir. Il posa son pied contre le sien pour lui rappeler qu'il était là, et qu'il pouvait compter sur lui si besoin. A ce contact, Zoro releva la tête vers lui et sembla le remercier du regard.

— Ecoute Jordan, le coupa-t-il, c'est très intéressant tout ça, mais je suis occupé.

Sa remarque sembla lui avoir cloué le bec et il tourna ensuite la tête vers Sanji, dont il sembla découvrir la présence.

— Ah oui, désolé, de toute façon on m'attend, répondit-il en désignant une table un peu plus loin, table où était installé un homme qui lui aussi respirait le fric.

Sanji supposa qu'il s'agissait de son rencard, et il plaignit ce type. Il n'aimerait pas du tout être à sa place.

Ce Jordan s'éloigna enfin après avoir promis à Zoro de l'appeler, chose que, ils le savaient tous les deux, il ne ferait certainement pas. Retrouvés seuls, Zoro soupira et prit quelques secondes pour reprendre ses esprits.

— Désolé, dit-il finalement.

— C'est rien, répondit Sanji, compatissant.

Il posa sa main sur la sienne pour le rassurer encore plus.

— Je ne sais pas qui c'est, mais je suppose que ce n'est pas un ami, remarqua-t-il en souriant.

— Pas vraiment non, répondit Zoro.

Il sembla hésiter quelques instants, puis se décida à lui expliquer la situation.

— Tu as eu l'immense plaisir de rencontrer Jordan, mon ex.

L'information lui causa un petit choc et il ne put s'empêcher de regarder dans la direction de ce Jordan. Comment Zoro avait-il pu sortir avec un mec comme ça ?

— Je sais ce que tu penses et tu as parfaitement raison, continua Zoro. Pour ma défense il n'était pas aussi con à l'époque.

— Vous êtes sortis longtemps ensemble ?

— Un mois. Techniquement ce serait même plus près de deux semaines. J'ai vite découvert qu'il ne sortait pas qu'avec moi.

— L'enfoiré, grinça Sanji.

Comment pouvait-on tromper quelqu'un comme Zoro ?

— Mais assez parlé de lui, reprit Zoro pour clore le sujet.

Sanji garda alors le silence, se demandant si Zoro en avait souffert. Il lui avait déjà dit ne pas être du genre à avoir de relation, alors pour qu'il accepte de sortir avec ce Jordan, il avait dû lui trouver quelque chose de spécial. A moins que ce soit lui, et ce qu'il lui avait fait, qui avait décidé Zoro à ne plus avoir de relation. Quoi qu'il en soit, il était heureux que Zoro ait choisi de briser cette règle pour lui, et il était bien résolu à lui montrer ce que c'était d'avoir un vrai petit-ami aimant.

Leurs plats furent apportés et ils passèrent le reste de la soirée agréablement, ce Jordan complètement sorti de leurs esprits. Zoro retrouva rapidement le sourire, et Sanji passa, en vain, de longues minutes à tenter de le convertir au café. Mais c'était plus de la taquinerie qu'autre chose, chacun était bien sûr libre d'aimer la boisson qu'il voulait. Il n'était pas du genre à s'arrêter sur un détail pareil.

Sanji régla leur note et ils se retrouvèrent à nouveau dans la rue, faisant le chemin inverse en direction de chez Sanji.

Ils s'arrêtèrent devant la porte de l'immeuble.

— Tu veux monter ? proposa-t-il, espérant vraiment qu'il dise oui.

— Ça dépend, répondit Zoro.

— De quoi ? demanda-t-il, surpris.

— Si tu me proposes un café je vais être obligé de refuser.

Sanji respira plus facilement en reconnaissant le ton joueur de Zoro. Il avait eu peur l'espace d'un instant.

— J'ai de la tisane, répondit-il en souriant, tout en posant une main sur le torse de son petit-ami.

Celui-ci se rapprocha de lui et posa ses mains sur sa taille.

— C'est diablement tentant, reconnut-il alors d'une voix séductrice.

Sanji frissonna. Leurs visages étaient maintenant si proches qu'il pouvait sentir le souffle de Zoro sur sa peau. Ils se regardaient dans les yeux, chacun lisant la même chose dans le regard de l'autre. Puis, impatient, Sanji s'écarta de ce corps si attirant pour ouvrir la porte. Plus tôt ils seraient dans son appartement, mieux ce serait. Zoro semblait être du même avis car il le suivit rapidement dans les escaliers, une main toujours sur sa hanche comme si rompre le contact physique entre eux était trop difficile à faire.

A peine deux minutes plus tard, ils étaient à l'intérieur, la porte refermée derrière eux. Zoro ne perdit pas un instant et le plaqua contre le panneau de bois branlant, prenant aussitôt possession de ses lèvres. Sanji ne se fit pas prier et lui répondit tout aussi avidement, laissant ses mains parcourir le dos musclé de son petit-ami.

Mais bientôt, Sanji le repoussa doucement, tout en continuant à l'embrasser. Zoro se laissa guider à reculons, jusqu'à ce qu'il percute le canapé. Sanji se détacha alors complètement de lui et se débarrassa de ses chaussures et de son manteau en quelques secondes, avant de prendre la direction de sa chambre. Il sentait le regard brûlant de Zoro sur lui, et il sourit à nouveau lorsqu'il entendit ses lourdes bottes tomber au sol. Un instant plus tard, Zoro était à nouveau contre lui, son torse collé à son dos et sa bouche à son cou. Sanji tenta tant bien que mal de retenir un gémissement, son cou avait toujours été une zone sensible chez lui.

Il se laissa aller contre Zoro pendant plusieurs minutes, inclinant la tête de côté pour lui faciliter la tâche. Puis il sentit les bras de son petit-ami s'enrouler autour de sa taille et le soulever, et il se retrouva bientôt allongé sur son lit, plaqué contre le matelas par le corps de Zoro.

Deux bonnes semaines d'attente et il se retrouvait enfin là où il voulait être. La bouche de Zoro malmenait maintenant sa gorge avant de remonter sur sa mâchoire et de finir à nouveau sur ses lèvres. Sanji sentait son cœur battre de plus en plus vite, il sentait son sang parcourir ses veines à une vitesse ahurissante. Il perdit ses mains dans les cheveux verts, massant le cuir chevelu ce qui tira un grognement sourd à Zoro. Celui-ci s'écarta légèrement et leurs regards se croisèrent. Ils se sourirent, et Sanji se sentit plonger dans les sensations et les émotions, bougeant comme si son corps ne lui appartenait plus. Tout lui arriva en flashes, la peau nue de Zoro, ses yeux gris, la gêne, le plaisir, sa main dans son cou et sa bouche contre la sienne.

Sanji se réveilla de bonne heure le lendemain matin. Il n'avait pas oublié de mettre son réveil, et c'est celui-ci qui le sortit de sa torpeur. Pourtant, il n'avait aucune envie de bouger et de se lever. Un cocon de chaleur l'entourait, et il sourit en se rappelant la veille. Zoro était encore là, collé contre lui. Il avait passé la nuit ici. C'était la première fois qu'ils dormaient ensemble. Sanji avait un peu craint de trouver l'expérience étrange. Il n'avait jamais vraiment dormi avec quelqu'un avant. Mais au contraire, tout lui sembla naturel. Après leurs... activités, ils n'avaient pas vraiment discutés et s'étaient simplement allongés l'un contre l'autre. Sanji avait posé sa tête contre le torse de Zoro, écoutant son cœur reprendre un rythme normal. Et il avait fini par s'endormir ainsi, bercé par la respiration de Zoro.

Il ne regrettait rien et aurait été très déçu que Zoro décide de rentrer chez lui. On était aujourd'hui samedi, et son petit-ami ne travaillait pas. Il pourrait rester au lit autant qu'il le voudrait, et Sanji était un peu jaloux.

Pourtant il le sentit remuer contre lui. La sonnerie avait dû le réveiller lui aussi.

— Bonjour, marmonna-t-il contre sa peau, d'une voix plus grave que d'ordinaire.

— Bonjour, répondit Sanji en souriant.

Zoro n'avait pas encore ouvert les yeux, et il semblait vouloir les protéger de la lumière du soleil levant en enfouissant son visage sous les cheveux de Sanji. Il trouva cela incroyablement mignon et il pivota sur le côté pour lui faire un peu plus d'ombre. Le soleil n'était pas encore très violent, mais il était bas dans le ciel et les rayons entraient plus facilement par la fenêtre. Aucun des deux n'avait pensé à fermer les volets la veille.

— Je vais devoir y aller, remarqua Sanji après quelques minutes de silence.

— Reste encore...

Il resserra son étreinte autour de lui, mais au son de sa voix, Sanji comprit qu'il était sur le point de se rendormir.

—Dors, chuchota-t-il en lui caressant la tempe.

Bercé par ses caresses, il ne mit pas longtemps à sombrer, et Sanji prit le temps de l'observer un peu avant de sortir du lit avec précaution. Il prit une douche en quatrième vitesse et avala son petit-déjeuner à la va-vite. Il écrivit ensuite un petit mot à Zoro, lui disant de faire comme chez lui et de venir lui rendre ses clés au café quand il voudrait partir. Il vint le placer doucement sur son oreiller vide, juste à côté de lui, puis il se pencha et déposa un baiser sur son front avant de partir.

La journée commençait bien et il espérait qu'ils pourraient passer un peu plus de temps ensemble ce week-end. Peut-être que Zoro pourrait passer encore la nuit chez lui. Ou bien il pourrait se voir le lendemain après la fermeture du café. Sanji voulait passer le plus de temps possible avec lui, et ce fut la première fois en trois ans qu'il pensa qu'il aurait bien aimé ne pas travailler ce jour-là.

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