Les contusions et les écorchures ont guéri rapidement, ont disparu sans laisser de trace, et maintenant je ne me souviens même plus où elles se trouvaient exactement. Les côtes cassées ont guéri. L'œil voit à nouveau, comme avant, et il ne reste même plus une cicatrice sur le sourcil.

Plus rien dans l'apparence de Cosette ne rappelle le jour où le troisième fils rebelle de la famille Vinsmoke retrouva brièvement ses proches.

Personne dans le château de Jerma ne se souvient de ce jour.

Même les domestiques, libres de bavarder, ne discutent pas de tout ce qui s'est passé à Tottland. Personne ne raconte confidentiellement une conversation entendue accidentellement entre le roi et ses enfants à ce sujet. Ces conversations n'ont tout simplement pas lieu. En Allemagne, on ne parle plus beaucoup. Le château est trop calme.

Personne ne se souvient parce que personne n'a oublié. Tout le monde s'en souvient. Ils ne le disent tout simplement pas à voix haute.

Dès que Cosette se débarrasse des pansements et des bandages, ils commencent à l'inviter à nouveau dans la salle du trône : pour lui reprocher que la nourriture a un goût dégoûtant, pour qu'elle ne prépare plus de desserts aussi sucrés, pour qu'elle réfléchisse la prochaine fois. , une idiote sans cervelle, avant de se faire frapper à la tête.

Non pas que la famille royale était satisfaite de tout avant cela. Les pansements et les bandages ont tout simplement disparu - et l'apparence de Cosette ne lui ressemble plus .

Elle s'incline habituellement, s'excuse, jure de faire mieux la prochaine fois, sachant que, malgré tous ses efforts, ils ne seront jamais satisfaits. Un rituel dénué de sens, une bonne tradition du royaume de Jerma, un spectacle tous les jours après le déjeuner et le dîner, les touristes ne sont pas autorisés, la participation n'est possible que sur invitation spéciale.

Les soucoupes ne volent cependant plus vers Cosette.

Elle essaie d'attirer l'attention de M. Niji, mais elle n'y parvient jamais. Il ne la regarde pas, reste silencieux, ne se plaint pas de la nourriture et laisse l'assiette presque propre.

Même quand Cosette sursale drastiquement sa part.

Une autre fois, elle n'y met pas du tout de sel. Puis la coriandre, qui ne convient absolument pas au poisson... C'est une chef royale, elle s'y connaît en épices.

M. Yonji la gronde, mais d'une manière ou d'une autre tristement, sans étincelle, et elle répète mentalement les mots après lui : une fille pathétique, une poule mouillée, a une idée d'elle-même on ne sait quoi, stupide, sans bras, inutile...

"D'accord, ça suffit déjà", demande doucement Mme Reiju.

Cosette lance un regard suppliant à M. Niji. Il ne la regarde pas, mâche en silence.

Il y a tellement de piments forts dans son assiette aujourd'hui qu'une personne ordinaire s'évanouirait déjà, étoufferait à cause de la sensation de brûlure insupportable, mais les princes de Germa ne sont pas des gens ordinaires. M. Niji avait quelques gouttes de sueur sur le front et c'était tout.

Cosette sait à quel point il n'aime pas la nourriture épicée, mais continue silencieusement de s'étouffer avec sa portion.

- Monsieur Niji, vous vous taisez. Aimes-tu la nourriture?

...peur stupide, stupide, complètement perdue...

"Ça fera l'affaire", dit M. Niji avec indifférence, continuant de regarder son assiette.

Il serait possible de mettre un gros mot avec la sauce, mais cela serait certainement remarqué.

« Perdez-vous », commande M. Yonji.
"Vous pouvez y aller", lâche Lady Reiju.

Le reste de la famille royale reste silencieux. Cosette regarde toujours avec pitié M. Niji, attendant une réaction. Sans attendre, il s'incline précipitamment et s'enfuit.

La nuit, le château de Germa est encore plus calme que le jour, ce silence est oppressant, comme une épaisse couche d'eau aux grandes profondeurs, et à tout moment vous vous étoufferez. Cosette, ce jour-là, au milieu du silence et de l'obscurité, saisit avec ses doigts la peau de son poignet, la tord brusquement et aussi fort qu'elle peut, la supporte aussi longtemps qu'elle le peut. La zone pincée devient immédiatement rouge. Si vous avez de la chance, il y aura un bleu.

À ce moment-là, tous ses poignets étaient couverts de contusions et d'écorchures, elle a mis ses mains devant elle, essayant de se protéger des coups. Il y avait une ecchymose sombre à cet endroit même, et une autre égratignure ici, juste en dessous...

Cosette passe un couteau sur la peau, essayant de laisser une égratignure, mais la peau reste intacte. Il faut faire un peu plus d'effort. Les couteaux sont émoussés, il faut les affûter... Il est difficile de se faire du mal, l'instinct stupide de conservation fait obstacle, il faut faire des efforts pour le surmonter. Cosette se scie le poignet avec un couteau émoussé. Si quelqu'un vient maintenant dans la cuisine, il y aura beaucoup de questions.

Si quelqu'un de la famille royale a faim au milieu de la nuit et décide de prendre une collation, si M. Niji vient chercher de la bonne nourriture et non les conneries qu'il a mangées pour le dîner, s'il voit Cosette...

Lorsqu'une petite goutte de sang apparaît sur la peau, mais cela ne devient pas plus facile, Cosette ne jette pas le couteau, ne le laisse pas tomber de ses doigts affaiblis, mais le pose simplement calmement sur la table à côté du couteau. planche à découper. Se faire du mal est complètement différent.

Stupide M. Sanji, pourquoi est-il retourné aux Germa, pourquoi s'est-il occupé de ses propres affaires ? Qui est le plus heureux à cause de cela ?

Lui-même chef, il doit comprendre qu'il est quasiment impossible de manger des aliments fades sans épices.

La vie n'est pas différente de la nourriture. Larmes salées, peur amère, douleur brûlante, désir épicé... La vie de Cosette est désormais insipide et insipide, car personne ne veut la regarder et replonger une nouvelle fois dans des souvenirs désagréables.

Le goût de la vie lui manque-t-il suffisamment pour faire une bêtise, se demande Cosette. Un couteau sur une planche à découper est plus éloquent que n'importe quelle réponse.

M. Niji ne verrouille jamais la porte de sa chambre - elle s'en souvient de sa vie passée et délicieuse . Elle ne frappe pas, ouvre la porte, entre sans invitation, et M. Niji est surpris quand il la voit et fronce immédiatement les sourcils de mécontentement. Cosette sourit légèrement et ferme les yeux. Désormais, la vie sera assaisonnée d'épices, remplie de saveurs, deviendra amère, salée, épicée... douce.

Cela lui manquait tellement.

Fin.