Mon unique défaut était d'avoir été un génie.

Pourtant j'aurais aimé être un grand perdant.

J'aurais attiré son regard.

Elle l'aurait posé sur moi et m'aurait peut-être souri.

Mon cœur aurait alors continué à battre.

Mais j'ai été ce génie.

Ce génie que tout le monde enviait.

Que tout le monde aimait.

Et que tout le monde haïssait.

Amour et Haine ont toujours côtoyé mon existence.

Je n'avais pourtant rien fait.

Si ce n'est exister.

Je voulais vivre et mourir.

J'aurais voulu vivre comme lui, insouciant.

Ou mourir, comme lui, innocent.

Mon innocence à moi s'est envolée.

Perdue.

Dans la nuit.

Maintenant je m'accroche à la vie, pour lui, pour eux.

J'aurais voulu dire pour elle.

Mais elle ne me voit pas.

Pas avec les yeux avec lesquels je voudrais qu'elle me voie.

Ses yeux blancs illuminant mes ténèbres.

Ses yeux blancs pareils aux rayons lunaires.

J'aurais voulu être le point noir dans la lune blanche.

Elle aurait été le point blanc dans ma nuit noire.

Mais elle ne me voit pas.

Je ne suis qu'un génie.

Et elle aime les grands perdants.

J'avais fermé les yeux.

Je ne voulais plus les rouvrir.

Je refusai les mains tendues.

Alors c'est ma main qui a été saisie.

J'ai enfin ouvert les yeux.

Et je les ai vus me sourire.

Et je l'ai vue me sourire.

J'ai voulu baisser les yeux.

Je ne pouvais plus le soutenir.

Ce regard emplit de compassion.

Ce regard de lune dans mon regard de nuit.

Je voudrais te dire merci.

Je voudrais te détester.

Je voudrais seulement te partager,

Tout ce que je n'ai jamais aimé.

Ta main dans la mienne

Et aller de l'avant.

Mais c'est trop demander.

Je ne suis qu'un génie

Et tu aimes les grands perdants.

Je ne suis qu'un génie,

Un ami de la nuit,

Et un rebut de la vie.

Mais je ne suis que la nuit,

Qui s'est épris de la lune.