Les mots pour le dire
Je veux écrire sur ces pages jaunies abîmées par le temps et griffonnées par mes ébauches aussi bien que par mes hésitations. Mon dernier testament. En cette fin d'après-midi le ciel était gris et couvert par les nuages. Il étouffait. J'avais endossé par habitude mon rôle de lycéenne quelconque. Je n'avais pas pour autant laissé de côté celui de l'étudiante malheureuse qui avance dans les couloirs, les yeux toujours portés sur le sol. Je remonte ce chemin qui mène au désordre et à la haine. La haine des élèves, celle des notes, des professeurs, des amis, des ennemis aussi, des études ... Celle de la vie. Je me vois faisant quotidiennement face à cette masse sans âme aucune qui avance comme un seul corps : immonde et répugnante. Un désordre sans nom. Un désordre qui pourtant bien malgré moi me contient aussi. Je suis cette partie d'un tout incompréhensible. Cette chose qui se meut sans raison dans les couloirs ou qui se rue pareillement dans son huit clos attitré. Ce spectacle vivant, quotidien et permanent. Cette représentation sans fin où chacun y joue son rôle à la perfection. Là où notre nature profonde de marionnette connaît sa place et aime à s'y trouver. Si jamais quiconque venait à arrêter son jeu ce serait tout le spectacle qui prendrait fin. Il s'écroulerait sous le poids du rideau qui tombe. Chacun endossant parfaitement son costume et prenant avec lui son accessoire, il ne pouvait ainsi dire rien arriver.
Je voulais changer de rôle. Désormais, je rêve de céder ma place. Lâcher l'accessoire, quitter le costume, disparaître ou couper les fils qui me prennent à la gorge : pour respirer à nouveau.
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