Together - Taehyung x Leeteuk
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– « Leeteuk, tu veux bien veiller sur les filles deux minutes ? On me demande à l'entrée. » m'interrompt Junhee alors que j'étais complètement absorbé par mon livre. Je me contente d'hocher la tête avant de m'avancer un peu plus des jumelles pour mieux pouvoir les surveiller.
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours étais en manque d'une famille. C'est une sensation de solitude que je ne saurai concrètement décrire mis à part le fait que ce sentiment est bien plus affligeant qu'on ne puisse l'imaginer. Parce que c'est douloureux. En permanence. C'est le genre de douleur immonde qui vous fait constamment douter d'un bonheur possible... Je suis arrivé ici lorsque j'avais cinq ans. Mes deux parents sont mort dans un accident de voiture quelques mois après ma naissance. N'ayant aucun parent proche, aucune tuteur, les services sociaux m'ont d'abord trouvé une famille d'accueil. Je n'ai pas beaucoup de souvenir de cette période-là, je sais simplement qu'à mes cinq ans, la famille qui m'accueillait ne pouvait plus m'héberger. Alors, n'ayant aucun autre endroit où aller, c'est ici que l'on m'a emmené il y a maintenant neuf ans. Ce n'était censé être que provisoire mais j'y suis finalement resté dans le but de pouvoir y être adopté. J'ai donc été élevé par Junhee et Sœur Minha, deux femmes aux grands cœurs qui ne vivent que pour le bonheur des enfants comme moi. Elles nous éduquent, nous consolent, nous font rire mais surtout elles nous aiment. Malgré l'optimisme dont elles ont toujours fais preuve, je n'ai jamais réussi à combler ce traumatisme existentiel. Toute mon enfance, je me suis demandé qui j'étais, d'où je venais, qui j'étais censé aimer et chérir. Je n'ai jamais vraiment été seul car beaucoup d'enfant ont comme moi passé énormément de temps ici mais la majorité d'entre eux, notamment lorsqu'ils arrivent aussi jeune que je l'étais à l'époque, finissent par trouver une nouvelle famille, de nouveaux parents et s'en vont vivre une vie des plus banale qui, je l'espère, les fera oublier l'abandon qu'ils ont connu. Moi, j'ai grandis ici mais a aucun moment je n'ai réellement espéré pouvoir être adopté. C'était comme si j'enviais trop les autres enfants et leurs parents pour que cela ne m'arrive réellement un jour, comme si j'avais déjà conscience de la déception que je connaîtrais pour le reste de ma vie. J'ai finis par accepter mon sort quand je suis entré dans l'adolescence. Alors je me suis investi auprès de Junhee et Sœur Minha en attendant la majorité. Avoir de nouveaux frères et de nouvelles sœurs ne me faisait pas oublier le vide immense que je n'arrivais pas à combler mais leurs présences soulageaient en partie ma souffrance.
Je n'ai jamais réussi à effacer cette perte mais rencontrer de nouveaux enfants, écouter et apprendre de leur passé, de leur histoire, me faisait parfois prendre conscience que je n'étais pas le plus à plaindre. Contrairement à moi, beaucoup d'enfant ont été abandonné par volonté. Mes parents à moi ne m'auraient sûrement jamais laissé là comme si je n'étais qu'un animal dont on ne veut plus s'ils n'étaient pas décédés. C'est pourtant ce qui est arrivé à presque tous mes autres frères et sœurs ici... Au fur et à mesure que je grandissais, ma haine se développait. Je n'étais plus à maudire le karma, le destin ou même le bon Dieu pour ce qu'on m'avait volé sans que je ne demande rien. Non. J'étais bien trop préoccupé à rager sur ces soit-disant parents qui étaient assez pitoyables, assez lâches pour abandonner leurs enfants sans aucun remord, aucun scrupule. Alors je me suis promis de tout faire pour que ces enfants ne souffrent pas autant que moi. J'ai traité ces enfants cédés comme s'ils étaient ma famille. Je leur ai donné tout mon amour, tout mon temps, toute mon énergie. Avec Yeri et Seulgi, qui ont toutes les deux seulement un an de moins que moi, nous sommes devenu les grand-frères et grande-sœurs des autres orphelins. On veille sur eux, on les lave, les habille, les éduque. Bien heureusement, certains nous quittent en route mais ce n'est jamais à contre-cœur. Ici chaque enfant rêve d'être aimé par un père et une mère, même si certain garde ce désir parfois impossible au plus profond d'eux-même. Nous sommes un peu plus d'une trentaine à vivre ici. C'est l'un des plus grands orphelinat de la région mais seul les enfants de plus de quatre ans sont gardés, les plus jeunes sont envoyés à Séoul pour avoir plus de chance d'être adopté.
– « Leeteuk ! Tu peux venir me voir s'il te plaît ? » s'écrit notre maman en me faisant signe de la rejoindre. Je passe le relais à Siwon, de trois ans mon cadet, afin de veiller sur les jumelles. Elles ont cinq ans, ce qui nous oblige à redoubler d'intérêt pour elles. Je voudrais leur éviter le traumatisme de la solitude. Je n'aimerais pas qu'elles se sentent différentes, trop à part comme je l'étais déjà inconsciemment à leur âge. Siwon vient s'asseoir à leur côtés pour dessiner avec elle, sans rechigner. Curieux que Junhee me fasse venir un peu plus loin pour me parler, je m'empresse d'accourir jusqu'à elle. Junhee me conduit silencieusement jusqu'au hall d'entrée. C'est à ce moment précis que je comprends ce qui se passe.
– « Bonjour, Leeteuk. » me sourit tristement Mme Han. Mme Han travaille pour l'aide social à l'enfance. C'est une quadragénaire originaire de Séoul qui ne vit que pour son travail. C'est une femme douce mais tellement rongée par la cruauté du monde qu'il est presque rare de la voir sourire, sauf lorsqu'elle est accompagnée de sa fille. Junhee m'a une fois raconté que Mme Han avait finit par adopter une petite fille qui avait autrefois habité ici. Cela n'a fait que conforter mon admiration pour elle... C'est une inspiration à mes yeux. Une inspiration qui me fait comprendre que tout les Hommes ne sont pas fichtrement des causes perdues...
– « Bonjour, Mme Han... » marmonnais-je, les yeux rivés sur ce jeune garçon qui se tient derrière elle. Encore un nouvel orphelin... Je sens mon cœur se contracter douloureusement. Le garçon semble tellement apeuré qu'il se cache la moitié du visage derrière Mme Han, les doigts agrippés au blazer de cette dernière.
– « Taehyung...dis bonjour. » murmure presque Mme Han. Il n'est pas aussi jeune que les jumelles ce qui bien évidement signifie qu'il aura plus de mal à se faire adopter, comme presque tout ceux qui ont fêté leur dix années de vie cette année. Junhee s'approche délicatement avant de venir s'accroupir face à lui. A ce geste, Taehyung se recule un peu plus pour se dérober complètement derrière Mme Han. Il est sûrement méfiant, ce qui est parfaitement justifiable.
– « Taehyung, je te présente ton grand-frère. Il s'appelle Leeteuk et il va veiller sur toi. Si tu as besoin de quoique ce soit et que je ne suis pas là ou que je suis trop occupée, tu peux te tourner vers lui. D'accord ? » sourit-elle chaleureusement pour le rassurer. Taehyung, les larmes aux yeux se contente de la regarder sans rien dire, sans aucun signe de compréhension ou de réconfort. J'ai mal au cœur, affreusement mal. C'est toujours un calvaire les premiers jours, ils sont perdus, se sentent abandonnés et se demandent même parfois s'il cela vaut vraiment la peine d'être en vie. Nous ne sommes jamais préparé à ce qui nous attends. On se retrouve malgré nous confronter aux impacts à long terme de ce traumatisme, aux répercussions profondes qu'il aura sur nous tout au long de notre vie. Je sais ce qu'il vit, ce qu'il ressent parce que moi-même j'ai parfois baisser les bras, trop désespéré. La tristesse, la colère et l'angoisse sont des sentiments qui nous habitent et nous consument quotidiennement. Ils nous fatiguent, petit à petit. Puis, on se met à culpabiliser, comme si nous avions commis le pêcher irréparable. Et puis il y a ceux qui abandonnent, trop las de continuer et ceux qui connaissent finalement la volonté de se dépasser, le sentiment de devoir prouver que leur vie en vaut la peine comme si l'humanité toute entière depuis notre premier souffle, nous faisait comprendre que nous ne méritions tout simplement pas de vivre.
– « Il ne parle que très rarement. Je ne l'ai entendu qu'une ou deux fois... Il est très réservé... » nous explique Mme Han. Junhee se redresse, préférant certainement le laisser tranquille pour ne pas le brusquer de trop. « Taehyung, tu veux bien suivre Leeteuk ? Je dois discuter avec Mme Park quelques instants. Je repasserai te voir la semaine prochaine pour être sûr que tout se passe bien. » Mme Han s'écarte du jeune garçon pour l'inciter à s'avancer vers moi mais ce dernier ne bronche pas. Plutôt gêné, je ne sais quoi lui dire pour le convaincre de me suivre. Je sais à quel point il doit se sentir perdu et seul. Je veux qu'il sache que je ne le laisserai plus jamais ressentir de telles émotions...
– « Tu veux bien monter ses affaires et lui montrer son lit ? » me demande Junhee de sa douce voix. J'acquiesce, attrape son sac à dos et viens lui tendre la main, peu sûr de savoir quoi faire pour le mettre plus à l'aise. Poussé par Mme Han, Taehyung ignore la main que je lui tends pour finalement venir s'accrocher à mon t-shirt. C'est déjà un début... Je monte donc avec lui jusqu'au premier étage, d'une lenteur incroyable mais pour être honnête, j'ai tellement peur de le bousculer que je me contente simplement de suivre son rythme.
– « Voici ton lit. Le mien est à l'autre bout de la pièce, j'serai pas loin... » Taehyung me lâche finalement pour analyser la pièce. Il arbore toujours cet air affligé qui lui donne mauvaise mine. Je me demande vraiment ce qu'il a dû vivre pour se retrouver dans un tel état. Chaque abandon revêt des conséquences différentes pour tout le monde, même si d'extérieur ils semblent se ressembler, l'abandon connu par chaque enfant est unique et c'est d'autant plus délicat d'être abandonné ou délaissé à un si jeune âge. Alors même si je pense pouvoir partager sa déception et sa souffrance, son histoire est certainement bien pire que la mienne... « Tu veux aller te doucher ? Généralement on se douche avant de dîner puis après manger les plus de dix ans regardent un film avec Junhee... Quel âge est-ce que tu as, au fait ? » l'interrogeais-je rapidement. Taehyung hésite quelques secondes avant de me lever ses dix doigts, sans pour autant venir croiser mon regard. C'est presque comme s'il m'évitait... « Je vois...j'suis sûr que Junhee fera une exception pour ce soir. Sinon, j'irai me coucher en même temps qu'toi, j'te prêterai un de mes livres. » lui souriais-je alors que je vide son sac et range ses affaires dans la petite commode près de son lit. Je t'attends en bas si tu veux... Prends ton temps pour te doucher. » Alors que je m'apprête à quitter la chambre, Taehyung me retient silencieusement. Il ne veut apparemment pas rester seul. « Tu...préfères que j'attende ici ? » Le petit brun reste sans réponse, les yeux rivés sur le sol. Il a relâché mon t-shirt mais ne bouge pas. Je crois alors comprendre ce qu'il essaie de me dire... « Tu veux que j'vienne avec toi ? » murmurais-je presque. Taehyung hoche la tête doucement, comme presque honteux d'avoir à me faire ce genre de requête. Il a sûrement peur... Après tout, c'est un nouvel endroit, une nouvelle maison, l'inconnu total... « Prends tes affaires, j'vais chauffer l'eau de la douche. » lui dis-je tout en pénétrant dans la salle de bain reliée à la chambre. J'allume l'eau de la baignoire et commence à ramasser les affaires des autres garçons qu'ils ont laissé traîner derrière eux. Taehyung vient muettement me rejoindre ses vêtements dans les bras, attendant certainement mon feu vert. « Vas-y, fais comme chez toi... J'vais te frotter le dos si tu veux. » Malgré le fait que je sois légèrement mal à l'aise face à son éternel silence, j'essaie tant bien que mal de ne pas le montrer. Je ne voudrais pas qu'il s'imagine que je me force ou autre. Je veux simplement qu'il se décoince un peu, qu'il s'ouvre à moi, qu'il ai au moins quelqu'un avec qui parler ici. Taehyung se déshabille, toujours aussi mollement avant de monter dans la baignoire, légèrement recroquevillé sur lui. Une fois ses cheveux mouillés, je viens lui verser un peu de shampooing dans le creux de sa main et entreprends de lui savonner le corps. Cela n'a rien de nouveau pour moi, j'ai l'habitude de m'occuper des autres garçons, c'est presque devenu une habitude... Dos à moi, je reste pétrifié quelques secondes en analysant les nombreuses cicatrices qui recouvrent sa peau. Bordel... Mais qu'est-ce qui lui est arrivé ? Taehyung ne s'est pas retourné une seule fois, se douchant, à ma plus grande surprise, d'une vitesse bien plus rythmée. Je lui tends une serviette et le laisse quelques secondes se rhabiller pendant que je fais mine de mettre de l'ordre autour des lavabos. C'est assez stressant de ne pas savoir quoi dire. Je devrais parler à n'en plus pouvoir respirer, ne pas lui laisser le temps de penser à sa tristesse, sa souffrance mais à vrai dire, les cicatrices sur son corps m'ont bouleversé. Il n'a que neuf ans et comme beaucoup d'autre ici, il connaît déjà la violence... « Tu es prêt ? Viens, on va descendre, je vais te faire faire le tour du rez-de-chaussée... » avançais-je lorsque je remarque qu'il patientait silencieusement derrière moi. Taehyung me suit jusqu'en bas, presque collé à moi même si cette fois, il ne s'agrippe pas à mon vêtement. Je lui fais visiter la salle de jeu, le salon, la salle à manger, la cuisine et les toilettes. J'en profite également pour lui présenter le jardin bien qu'il fasse déjà trop nuit pour qu'il ne prenne conscience de l'étendu du terrain. Taehyung ne semble pas vraiment du genre sociable. Il n'a toujours pas décroché un mot et à chaque fois qu'un enfant se met à hurler ou à parler un peu trop fort, il se cache derrière moi, effrayé. Je comprends son silence. Et en réalité, il m'angoisse légèrement. Parce que j'étais comme lui au début. Je ne parlais pas, j'évitais toute conversation et quand Junhee, Sœur Minha ou un autre enfant s'adressait à moi, je me contentais de mimer mes réponses, trop las de laisser sortir un mot. J'étais surtout tellement malheureux que j'avais le sentiment que si j'ouvrais la bouche, je ne pourrai plus m'arrêter de gémir. J'étais écarté de tout, du monde, des autres, de la réalité. Parce que je souffrais de me sentir différent des autres enfants, d'être dans l'ignorance totale en ce qui concernait la Famille et les rituels affectueux qui y étaient associés. Alors pour ne pas me faire plus de mal, parce que je sentais que m'interroger ou en parler avec autrui serait plus que destructeur, je me taisais. C'est sûrement ce qui m'a empêché d'être adopté d'ailleurs. Parce qu'il évident qu'un enfant qui ne parle pas, c'est inintéressant voire presque effrayant. Je savais que j'empirais ma situation. J'en étais parfaitement conscient, même à huit ou neuf ans. Mais j'ai laissé ce mal être s'installer en moi. J'ai laissé les choses se faire. Et je crois qu'avec un peu de recul, j'aurai sûrement agis autrement. C'est pour ça que la loi du silence à laquelle Taehyung semble avoir prêté serment me paralyse. J'ai peur qu'il ne finisse comme moi.
– « Tout le monde à table ! » s'exclame Sœur Minha, tout en faisant sonner la petite cloche accroché au mur du salon. Évidemment, comme chaque soir, ils se ruent tous vers la salle à manger, faisant même sursauter Taehyung. Je lui tends la main et lui adresse un sourire réconfortant. Je m'occuperai de lui, quoique cela m'en coûte. Je l'ai installé à mes côtés sous le regard curieux des autres enfants. C'est sûrement la phase la plus difficile lorsqu'ils arrivent à l'orphelinat : accueillir un nouveau, apprendre à le connaître, à lui faire confiance. Les enfants ici sont déjà tous déçus par la vie alors il leur est très difficile d'accepter quelqu'un et de croire en lui aveuglement. « Taehyung, comment vas-tu ? Je suis ravie de te revoir. » lui adresse Sœur Minha. J'imagine que c'est elle qui s'est occupée de son transfert ici... « Je vous présente votre nouveau frère. Il s'appelle Taehyung, il a neuf ans et il va désormais faire partie de cette famille. Je vous demande donc de bien prendre soin de lui comme nous l'avons fais pour vous à votre arrivée. Soyez conciliant, patient mais surtout attentif. N'oubliez pas, aidez-vous et le ciel vous aidera. » s'exclame-t-elle lorsque chacun est assit autour des grandes tables de la salle à manger. Tous acquiescent en cœur avant de joindre leurs mains pour réciter le bénédicité.
– « Bénissez-nous, Seigneur. C'est par la grâce du Seigneur que nous sommes tous réunis aujourd'hui. Bénissez ce repas et ceux qui nous l'ont préparé et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas. Seigneur, bénissez notre nourriture et purifiez nos cœurs. Que votre grâce se répande en nous. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen. » acclamons-nous tous en harmonie. La prière avant le repas est un rituel auquel tient énormément Sœur Minha. Alors chacun y donne du sien, qu'il soit réellement porté par l'espoir que peut lui apporter Dieu ou tout simplement par mimétisme pour ne pas trahir son désespoir. Pour ma part, je ne prie que pour remercier Junhee et Sœur Minha pour tout ce qu'elle font pour nous. Tout espoir que ce Dieu aurait dû m'apporter ne m'a jamais réellement comblé... Tous les autres enfants se jettent envieusement sur leur assiette de soupe tandis que Taehyung, lui, reste observer le liquide comme s'il n'en avait jamais vue. Il semble loin de nous, sûrement à des kilomètres de la réalité. Peut-être ne prend-il pas encore conscience de l'endroit où il est, de ce qui lui est arrivé...
– « Tu devrais manger tant que c'est chaud. » lui soufflais-je discrètement. Taehyung détourne son regard sur moi toujours de cet air las avant de s'asseoir plus confortablement pour se mettre à manger.
Taehyung n'a pas fais le difficile pour le reste du repas et s'est simplement contenté de manger sans prendre la parole. J'étais plutôt soulagé qu'il se nourrisse aussi facilement. Déjà que le faire parler risque de me prendre du temps si en plus je devais me battre avec lui pour lui faire avaler les repas n'aurait pas été de tout repos. J'aide à débarrasser avec les plus grands d'entre nous. Les autres sont tous partis en courant une fois l'autorisation donné pour profiter du temps qu'il leur reste pour jouer. Taehyung, lui, n'a pas bougé. Il est resté assis sur le banc, les yeux rivés sur ses pieds.
– « Je vais lui parler un peu. Ne t'inquiète pas. » me souffle Soeur Minha, sûrement après avoir remarqué que j'étais bien plus préoccupé par notre nouveau venu que par les assiettes que j'ai dans les mains. J'acquiesce et me dirige l'esprit un peu plus léger vers la cuisine.
– « Qu'est-ce qui lui est arrivé, Junhee ? » demandais-je, alors que cette dernière s'active à remplir les lave-vaisselles. Junhee soupire, un large sourire sur les lèvres. Elle se doutait que je ne resterai pas dans l'ignorance bien longtemps. Soeur Minha et Junhee me disputent à chaque fois que j'essaie d'en savoir plus sur le passé des nouveaux arrivants. Ce n'est pas de la curiosité mal placé mais plutôt de l'intérêt, de la crainte. Parce que plus j'en sais, mieux je peux m'occuper d'eux et de leurs ressentis.
– « Tu sais ce que Soeur Minha va dire si j'en dis trop, Leeteuk... » soupire-t-elle, un large sourire sur les lèvres. « Je savais que tu t'attacherais à lui immédiatement. La première fois que j'ai lu son dossier, le profil de son caractère, j'ai tout de suite pensé à toi. Malgré les différences de vos passés, son attitudes, ses émotions sont identiques aux tiennes lorsque tu es arrivé ici... Il te ressemble beaucoup. » m'apprend-t-elle, visiblement bouleversée bien qu'elle ne laisse rien paraître réellement.
– « Il a des cicatrices sur tout le dos. Est-ce qu'il a été retiré de sa famille pour violence ? » continuais-je bien que je ne sois pas réellement sûr qu'elle m'en dise davantage.
– « Non. Même si ça n'aurait été que mieux pour lui... Taehyung a été retrouvé il y a de cela six mois. Il errait seul dans la rue, pieds nus. Il avait fui de chez lui... Sa mère s'était suicidée, pendue au beau milieu de leur salon. Son père, sûrement fou en a fait de même après avoir frappé et étranglé son fils. Taehyung a survécu aux coups et blessures et s'est enfui... Il se faisait battre régulièrement. Ses parents étaient psychologiquement instables... » me raconte Junhee, tout en surveillant les alentours. Mon cœur se resserre de nouveau. Ça fait déjà six mois et il ne parle toujours pas... Son angoisse ne me surprend plus. Qui serait capable d'endurer de telles choses, de tels traumatismes et de survivre à tout ça sans aucune cicatrice ?
– « Et personne n'a rien remarqué ? » m'indignais-je, d'une voix un peu trop vigoureuse. Parfois j'ai l'impression que les gens sont bien trop imbu d'eux-même, bien trop nombriliste pour ne serait-ce que lever les yeux sur ce qui les entoure...
– « Taehyung ne sortait jamais de chez lui. Il n'allait pas à l'école et déménageait beaucoup... Ses parents avaient beaucoup de problèmes et étaient en conflit avec de nombreuses institutions... Ils désertaient constamment. » Et personne n'a été foutu de les arrêter ? Je boue totalement, hors de moi. J'ai presque envie de tout casser tellement cette histoire m'attriste.
– « Je peux lire son dossier ? » exigeais-je presque. Junhee refuse catégoriquement. Je m'y attendais. Ce n'est pas mon rôle, je n'en ai aucun droit et elle pourrait avoir des ennuis si cela se faisait savoir mais...je veux l'aider. Je veux absolument tout savoir même si ce n'est sûrement pas mon droit.
– « Leeteuk, tu sais que j'apprécie ton investissement mais... »
– « Je veux qu'il s'en sorte. Même s'il ne quitte jamais cet endroit. Laisse-moi l'aider comme il le faut... » Junhee a finit par craquer. C'était la première fois qu'elle succombait à mes caprices. Et même si me retrouver face à son dossier ne me réjouissait pas vraiment, j'éprouvais comme une sorte de soulagement, comme si j'avais la conviction que lire ses quelques feuilles m'apporterait réponse aux blessures de Taehyung.
Je suis retourné au salon lorsque l'heure du film pour certain et du coucher pour d'autre fut annoncé. Taehyung était assit sur un petit fauteuil orange qui malgré la vive couleur de son tissu ne faisait que ressortir la froideur du visage du garçon qui l'occupait. Je me suis approché de lui, je lui ai tendu la main et nous sommes montés jusqu'à notre chambre, même si nous étions autorisés à regarder le film avec les autres. Je voulais me retrouver seul avec lui, profiter du silence de la chambre pour le rassurer. Nous nous sommes brossés les dents dans un silence bien moins pesant que celui de la douche. Puis j'ai attrapé un livre et lui ai fais signe de s'asseoir à mes côtés sur mon lit. Toujours sans rien laissé paraître, il a obtempéré, il m'a écouté lire six ou sept chapitres de mon bouquin, sans questionner les détails de mon histoire.
– « Je veux dormir avec toi. » rétorque-t-il lorsque je repose mon livre sur ma table de chevet. Sa voix m'a paru si désespérée, si apeurée que j'ai bien évidemment accepté sa requête. J'ai éteins la lumière, je me suis allongé et naturellement, sans me poser de question, je l'ai serré dans mes bras. Taehyung n'a pas mis plus de dix minutes à s'endormir. Moi, bien trop frustré par les détails de son histoire que j'avais eu l'horreur de lire, je n'ai pas pu fermer les yeux. La moitié des cicatrices sur le dos de Taehyung sont dû aux cigarettes que sa mère fumait, l'autre moitié à la ceinture que son père portait. Le poids qu'il fait aujourd'hui a très certainement été doublé depuis le jour où ils l'ont retrouvé. Sous-nourris, Taehyung avait le malheur de dormir dans la crasse à même le sol. Aucune visite médicale n'a été faite depuis sa naissance, ce qui traduit certainement le fait que son état mental et physique était des plus médiocre il y a encore six mois. Il y avait tellement de détail, tellement de précision que la cruauté de ses deux parents m'a tout simplement chamboulé. A tel point que je me suis surpris à verser quelques larmes, moi qui n'en avait plus versé depuis si longtemps...
Un an est passé. Puis deux. Plus le temps passait, plus je m'attachais à lui. Au point de ne plus pouvoir me séparer de lui. Taehyung a désormais 12 ans. Moi, 16. Il est toujours aussi réservé envers les autres mais plus vraiment avec moi. Nous passons toutes nos journées ensemble, rare sont les moments que nous nous accordons en solo. Chaque jour durant lesquels je me réveillais avec lui dans mes bras, je prenais conscience de l'importance qu'il prenait dans ma vie. Alors chaque jour, je me promettais de veiller sur lui, plus que quiconque, je me promettais de le faire rire, de le faire sourire, de le rendre heureux. C'était mon objectif de chaque jour, ma principale obsession.
– « Hyung, pourquoi est-ce qu'il dort toujours avec toi, lui ? » me demande Kyuhyun, neuf ans, les autres derrière lui, attendant certainement une réponse. Je me suis maintes et maintes fois demandé quand est-ce que l'un d'entre eux aurait le courage de me poser la question. Je me le suis imaginé des centaines de fois, pas parce que j'étais impatient qu'il me le demande, simplement parce qu'à chaque fois que mon imaginations se mettait en marche, je me voyais là, muet, à nerveusement chercher la raison du pourquoi. Je jette un œil en direction de la salle de bain pour m'assurer que Taehyung n'a rien entendu.
– « C'est...compliqué à expliquer. Quand Taehyung est arrivé, il n'allait pas vraiment bien. Alors pour le rassurer, je dormais avec lui. Aujourd'hui, même si ça fait déjà un moment qu'il est là, il souffre toujours beaucoup. Alors, je lui apporte du réconfort en dormant avec lui... » déblatérais-je maladroitement. Ce que je viens de dire est si ridicule que je n'ose même pas venir croiser le regard de Kyuhyun. La vérité, c'est que c'est surtout moi qui me suis habitué à dormir avec lui... Mais j'imagine que même un gamin de neuf ans peut se rendre compte de mon mensonge. Je ne suis même pas sûr que Taehyung refuserait si je lui proposais de retrouver son lit. Un lit qu'il n'a jamais emprunté depuis son arrivée...
– « Et les autres alors ? Qui nous apporte du réconfort avant qu'on ne s'endorme ? » me lance Heechul, onze ans. Les autres garçons acquiescent visiblement d'accord avec sa remarque. Embarrassé de ne rien trouver à répondre, je les regarde sortir de la chambre en groupe, tous à marmonner contre moi.
– « Qu'est-ce que tu fais ? » me surprend Taehyung alors que j'étais toujours à réfléchir à ce que j'aurai mieux fais de répondre. Gêné pour je ne sais quelle raison, je me contente de lui sourire et de me diriger vers le petit-déjeuner avec lui. Je sais que ce que je fais n'est pas correct. J'ai été un grand-frère pour tous ces garçons à leurs arrivées. J'ai passé beaucoup de temps avec certain d'entre eux puis Taehyung a débarqué et j'ai fini par tous les négliger, bien trop aveuglé par le mal-être de ce dernier. Ce n'est pas juste et ce n'est pas sûrement pas bons pour eux comme pour moi. Mais malgré ça, je continue de ne vouloir passer du temps qu'avec Taehyung, en total conscience d'égoïsme.
– « Tu n'es pas avec Taehyung... » Je sursaute, surpris. Affalé sur l'un des énormes coussins de la salle de repos, mon livre en main, j'étais perdu dans mes pensées à retourner la conversation de ce matin avec les autres dans tous les sens. « J'aime bien le voir jouer avec les autres. Ça le rend plus humain. » remarque Sœur Minha, un léger sourire en coin.
– « Parce qu'il ne paraît pas humain quand il est avec moi ? » m'interrogeais-je sérieusement, plutôt irrité par sa remarque bien que je ne sache vraiment pourquoi.
– « Bien sûr que si. C'est juste qu'il semble plus...renfermé sur lui-même. » m'explique-t-elle simplement. Sœur Minha s'approche de la fenêtre, jette un coup d'œil par la fenêtre sur le jardin extérieur puis revient sur ses pas. « J'espère qu'il ne pleuvra pas. Un peu d'air frais lui fait le plus grand bien. » conclu-t-elle, me laissant de nouveau seul dans la pièce. À la fois agacé et vexé, je m'affale plus aisément. Est-ce qu'elle voulait vraiment dire qu'avec moi, il est comme enfermé, comme emprisonné ? C'est moi qui lui ai dis d'aller jouer avec les autres, c'est moi qui l'ai incité à aller dehors prendre l'air... Je n'ai pas un effet si négatif sur lui... Du moins...je l'espère. Vraiment.
– « Hyung. » me sourit adorablement Taehyung en entrant dans la pièce, tout juste quinze minutes après la visite de Sœur Minha. Je l'imagine alors, une expression d'une certaine supériorité sur le visage à se féliciter d'avoir eu raison sur le fait qu'il finirait sûrement par revenir vers moi. Ce n'est pas vraiment de notre faute, c'est devenu presque instinctif pour nous.
– « Tu joues plus dehors ? » énonçais-je, presque remonté contre lui de me faire me sentir coupable de je ne sais quoi. Taehyung secoue simplement la tête puis s'immisce sous mes bras pour venir s'allonger sur moi. « T'es tombé ? » remarquais-je, plus que curieux lorsque je remarque que son jean est troué au niveau de son genou.
– « C'est rien. Le foot, c'est pas pour moi, c'est tout. » plaisante-t-il. Il s'empare de mon livre et se met à tourner les pages sans grand intérêt. « Tu lis tout le temps... Toi tu restes dans ton coin à lire tranquillement et personne te l'reproche... Pourquoi c'est différent pour moi ? » me demande-t-il de sa voix grave. Je ne peux pas voir son visage mais j'arrive malheureusement à supposer l'air préoccupé qu'il arbore.
– « Qu'est-ce qu'ont t'a dit ? » Si c'est Sœur Minha qui s'est subitement trouvé un intérêt nouveau pour la relation que nous entretenons tous les deux au point d'aller l'embêter avec son côté réservé ou autre, je risque de réellement m'énerver. Qu'est-ce qu'il y a de si mal à s'entendre aussi bien ? Taehyung et moi, nous nous comprenons sans même avoir besoin d'ouvrir la bouche. Nous sommes pareils, nous sommes compatibles... Taehyung reste silencieux, toujours à tourner les pages du bouquin. Presque effrayé qu'il ne veuille m'en dire davantage, je viens étreindre son corps, mon menton prenant place sur son épaule. Par pitié, Taehyung, ne m'éloigne pas de toi à cause de ce qu'ils peuvent dire...
– « Ils le disent tout le temps. Parfois dans mon dos, parfois juste en face, quand ils sont sûr que j'entends bien... » murmure-t-il, toujours concentré sur ces fichues pages. Je lui arrache le livre et le jette au sol pour capter toute son attention. Je l'oblige à détourner le regard sur moi.
– « Dis-moi ce qu'ils te disent. » exigeais-je autoritairement. Taehyung baisse les yeux, pensant sûrement que je ne remarque pas son expression attristée. « Regarde-moi, Tae. » commandais-je de nouveau. Il vient me serrer dans ses bras et enfoui son visage dans mon cou. Même si je voulais le meilleur pour lui, même si je voulais qu'il réussisse à s'ouvrir aux autres, à aller vers eux...je n'ai pas réussi pas à le lâcher complètement. J'aime l'avoir rien que pour moi. Je me sens chez moi lorsque je l'ai dans mes bras. Et j'aime tellement cette sensation de sécurité que j'ai finis par tout gâcher. Je n'ai fais qu'empirer sa relation avec autrui. Je l'ai poussé à se retrancher davantage. C'est à cause de moi s'il subit la jalousie des autres enfants, c'est parce que je n'ai plus réussi à lâcher sa main qu'il n'a aucune autre relation que la nôtre.
– « Ils disent que j'suis faible...que sans toi, j'suis personne. » bougonne-t-il d'une voix presque inaudible. Blessé qu'il puisse finir par penser une telle chose, je l'étreins plus intensément. Ils se trompent. C'est moi qui ne suis personne sans lui désormais... Taehyung se dégage de mes bras et renifle fortement. Il fait mine de ne rien entendre, de ne pas être atteins par leur méchanceté mais en réalité, il souffre. Je le vois.
– « N'écoute pas leurs bêtises. C'est de ma faute s'ils sont méchants. Je les ai délaissé, c'est contre moi qu'ils sont remontés... » lui dis-je en essuyant toute trace de ses larmes. Le savoir mal me rend fou. J'avais promis qu'il ne serait plus jamais blessé et me voilà responsable de ses pleurs.
– « Ils disent que je t'ai volé à eux. Et ils ont raison. J'me suis accroché à toi... Mais j'y peux plus vraiment grand-chose maintenant que c'est fait... » déclare-t-il plus fermement. À l'entente de ces mots, mon cœur s'accélère. Une certaine pression, sortie de je ne sais où se fait ressentir en moi. C'est presque comme si j'étais satisfait, soulagé, réjoui de savoir que rien ni personne ne le forcera à s'éloigner de moi.
– « Moi non plus. » soufflais-je malgré moi. Sans que je ne puisse anticiper quoique ce soit, Taehyung s'approche de mes lèvres pour venir les baiser tendrement. Stupéfait qu'il agisse de manière si intime, je reste figé, attendant simplement qu'il revienne à lui. Mais Taehyung ne s'arrête pas. Il m'embrasse à répétition, toujours avec délicatesse, prenant le temps de me transmettre toute son affection à chacune de ses caresses. Je ferme finalement les yeux, savourant la douceur de sa bouche contre la mienne. Mon sexe s'éveille bien que je tente de renier mes envies. Lorsque mon besoin oppressant de devenir plus entreprenant, je prends l'initiative de l'arrêter gentiment. Je ne veux pas qu'il aille s'imaginer que je n'ai pas apprécié, bien au contraire...c'est juste qu'à mon âge, il devient de plus en plus difficile de réprimer mes désirs.
– « T'énerve pas. » supplie-t-il, apparemment anxieux face à ma réaction. Je nie puis étire un sourire réconfortant. Bien sûr que non...comment pourrais-je ?
– « C'est toujours toi qui gagne ! » se plaint Taehyung, à la fois frustré et amusé. Assit sur mon lit, l'un face à l'autre, nous jouons une partie d'échec comme il nous arrive souvent de le faire lorsque le film du soir ne nous intéresse pas. L'échec en soit n'est pas vraiment un jeu très amusant mais lorsque Taehyung s'énerve de ne jamais pouvoir gagner, c'est une toute autre affaire.
– « Donc, je rajoute cette défaite aux trois autres du jour, ce qui signifie qu'avec la totalité de tes défaites, tu me dois désormais 49 291 wons. » notais-je, satisfait. Taehyung soupire, exaspéré.
– « C'est trois mois d'argent de poche ! Junhee ne veut plus me faire d'avance, en plus... » lésine-t-il. Cet idiot est si bon acteur. Il pense vraiment pouvoir réussir à m'amadouer avec son visage de grand plaignant. « Tu me ruines, Leeteuk... » L'entendre m'appeler par mon prénom me fait frémir. C'est la première fois qu'il le fait. « Ah, on dirait qu'il est l'heure de dormir... Tu n'me ruineras pas plus ce soir. » remarque-t-il adorablement lorsque les autres garçons entrent dans la chambre. Nous nous allongeons l'un à côté de l'autre puis une fois la lumière éteinte, mes bras viennent naturellement le serrer contre moi, comme à chaque fois. J'ai remarqué qu'en sa présence, je m'endormais beaucoup plus facilement. Avant qu'il ne débarque dans ma vie, il m'arrivait de me tyranniser l'esprit en imaginant ce que ma vie aurait pu être si mes parents n'avaient pas périt si brutalement. Les autrefois, je me faisais peur moi-même en me créant une vie future dans laquelle j'aurai été seul, sans famille. Je travaillerai, je ferai mes courses et j'irai au cinéma seul, dans une solitude oppressante et meurtrière parce que jamais je n'aurai appris ce qu'était l'esprit de famille. Mais désormais, j'imagine un futur plus ambitieux. Même si je n'aurai certainement personne, j'ai le sentiment que Taehyung, lui, sera toujours présent pour moi. Il y a un an, lorsque Taehyung m'a embrassé pour la première fois, j'ai passé la nuit a angoissé. Parce que j'avais pris conscience qu'à dix-huit ans, plus rien ne me permettrait de rester ici. Alors je serai dans l'obligation de l'abandonner derrière moi en attendant impatiemment qu'il puisse lui aussi avoir son autonomie de jeune adulte. J'essaie de ne plus y penser depuis. Je viens tout juste d'avoir dix-sept ans, ce qui signifie qu'il ne me reste plus beaucoup de temps en sa présence. Lui n'a que treize ans alors, attendre cinq ans après lui me fera sûrement perdre la tête... N'y pense plus, Leeteuk. Pas cette nuit, du moins... J'ouvre les yeux et lis trois heure vingt-sept sur le réveil. Bordel...ça fait déjà autant de temps que j'y réfléchis ? Je me retourne vers Taehyung et me colle contre lui pour calmer ses gigotements. Il lui arrive de faire de mauvais rêve lorsque je ne le serre plus dans mes bras... Je perçois alors quelques gémissement, inquiet que Taehyung se batte contre son passé douloureux, j'ouvre les yeux pour l'obliger à se réveiller lorsque je constate que ce dernier est bien plus qu'éveillé. Effrayé à l'idée que ma stupide imagination ne me joue des tours, je n'ose ouvrir la bouche ou faire ne serait-ce qu'un geste. Mon cœur tambourine furieusement contre ma poitrine, mon corps tout entier se met en état d'alerte. C'est impossible... Taehyung est allongé sur le côté, sa main directement plongé sous son short de pyjama et à en croire par les gémissements qu'il m'offre, cet imbécile est en train de se faire plaisir. Mon bas ventre réagit à la scène que j'ai sous les yeux. Toujours collé contre lui, je reste pétrifié bien que toutes les cellules de mon corps soient en alerte. Bordel de merde, Leeteuk, surtout ne réagit pas. Je referme les yeux, tentant vainement de ne rien entendre. Peut-être devrais-je me retourner dos à lui, ce serait sûrement moins dangereux pour moi mais en réalité, je suis tellement surpris que je n'arrive à rien. Je n'avais pas pris conscience du fait que Taehyung ait autant grandi. Ses hormones lui donnent de nouvelles envies, de nouveaux désirs et jamais je n'avais pu imaginer que les miens finiraient par être stimulé par celui que je considère comme ma famille. Taehyung termine son affaire, la respiration saccadée. Moi, le sexe de plus en plus endurci, je décide de quitter le lit et d'aller m'enfermer dans la salle de bain. Il va falloir que je m'occupe de moi mais après ce que je viens d'imaginer, je ne suis pas sûr que ce soit réellement correct. Appuyé contre le mur, je me laisse glisser jusqu'au sol, l'esprit torturé.
– « Hyung... » Sa voix m'oblige à lever les yeux. Taehyung pénètre dans la pièce, visiblement tout aussi gêné que moi. Ne sachant quoi faire, je violente mes lèvres, anxieux. Taehyung vient me rejoindre et s'agenouille face à moi. « T'énerve pas contre moi. J'étais en train de rêver et je... J'ai eu besoin... » Il me supplie de nouveau, comme l'autre fois, comme la fois où il m'a embrassé pour la première fois. Nous n'avons jamais ré-échanger de baiser depuis, comme s'il ne s'était rien passé. Et bien sûr, nous n'en avons plus jamais parlé.
– « Je-Je suis pas énervé. C'est...naturel alors, j'ai pas à être énervé. J'voulais juste te laisser tranquille...pour...enfin... »
– « Alors tu veux que j'te laisse tranquille ? » me questionne-t-il sans aucune retenue. Son regard se baisse sur la bosse qui se forme sous mon pantalon. Et instantanément, lorsque je prends conscience qu'il sait que je suis en ce moment même en train de bander, mon sexe me fait davantage souffrir. « Ou peut-être que je pourrai rester... » murmure-t-il, d'une voix qui me fait totalement frémir. Taehyung se penche sur moi, sa bouche venant rencontrer la mienne avec assurance. Puis il m'embrasse, toujours avec attention et délicatesse mais de manière plus affirmée. Je perds alors le total contrôle de ma raison. Je me saisis de son visage pour intensifier nos échanges bien que je ne me permette pas de venir goûter à sa langue. Taehyung lui, faufile sa main sous mon vêtement, venant trouver mon membre d'une rapidité excitante. Désemparé par son initiative et son audace, je me sépare de ses lippes pour soupirer toute ma satisfaction. Il secoue sa main sur mon intimité m'offrant la plus agréable des masturbations de ma vie. Ma main sur sa joue, je le contemple d'un nouvel œil. Il a les joues rouges même si elles ne le sont sûrement pas autant que les miennes, ses yeux sont rivés sur moi, ils me dévorent littéralement. Du moins, c'est l'impression que j'ai. Bouillonnant de l'intérieur, je tente de calmer mes ardeurs alors que lui, maîtrisant apparemment la situation avec impudence, fait ressortir mon membre pour mieux l'admirer.
– « Taehyung... » soufflais-je, au bord de l'explosion. Je le regarde faire désormais. Comment fait-il pour me rendre aussi désireux ? Il est si confiant, si sûr de lui. Assoiffé, je viens poser ma main libre sur la sienne pour l'inciter à le faire plus brutalement. J'y suis presque... Taehyung vient reposer ses lèvres sur les miennes, aggravant mon état mental. Puis j'éjacule...dans sa main, repu. Taehyung me libère le sexe et vient immédiatement me serrer dans ses bras.
– « C'est normal, c'est normal... C'est naturel, hyung...c'est humain... » répète-t-il à plusieurs reprises comme pour me conforter de l'avoir laissé faire sans rien dire. Malheureusement, j'ai parfaitement conscience que c'était déplacé. Si quelqu'un nous avait surpris, nous aurions été séparés et j'aurai eu de graves ennuies, des ennuis qui aurait pu me ruiner la vie. Après près de dix minutes à se serrer l'un l'autre, sans ajouter un mot, Taehyung s'éloigne de moi, me faisant même frissonner de froid par le vide que laisse ses bras. Je le regarde se laver les mains puis me redresse, attendant nerveusement qu'il ne termine. Toujours sans prononcer un mot, il m'adresse un sourire et se dirige vers la chambre, signe qu'il souhaite sûrement retourner se coucher sans évoquer ce que nous venons tous les deux de faire. Je n'ai pas dormi de la nuit. Mon angoisse était telle que j'avais presque la nausée. Je me répugnais à vouloir de lui alors qu'il n'était encore qu'un enfant, si jeune...si naïf. Et moi, j'étais resté planté là, comme un con, à profiter de lui. Taehyung n'a pas cherché le réconfort de mes bras. Nous nous sommes simplement allongés dos l'un à l'autre, moi trop apeuré de le perdre pour oser dire quoique ce soit...
– « Leeteuk. Tu peux venir avec moi ? » m'interrompt Sœur Minha alors que j'étais en train de lire un livre à Donghae, Joohyun et Sooyoung. Je fais signe à Siwon de reprendre là où je me suis arrêté et suis Sœur Minha jusqu'à son bureau. Junhee est déjà là, assise face au secrétaire de la pièce. Je prends place à ses côtés alors que Sœur Minha, elle, s'assoit de l'autre côté. Ce n'est sûrement pas une bonne chose que je me retrouve seul, ici, avec elles. Alors immédiatement, je ne peux m'empêcher de repenser à ce qui s'est passé cette nuit. Taehyung a peut-être tout avoué... Peut-être regrette-t-il ce qui s'est passé... « Kim Taehyung va quitter l'orphelinat demain, en fin d'après-midi. » m'apprend froidement Sœur Minha. Je jette un coup d'œil rapide vers Junhee comme pour vérifier ses dires. Non...pas ça... Pourquoi...pourquoi ai-je fais ça ? « Il nous a été rapporté que toi et Taehyung aviez un comportement étrange l'un envers l'autre. Nous avons donc décidé de vous séparer. J'ai fais appel à l'une de mes Sœurs et nous avons prévu son transfert pour demain. Et puisque dans un an tu quitteras cet orphelinat, le lieu de son transfert ne te sera pas dévoilé. » continue-t-elle sèchement. Les larmes ont déjà roulé sur mes joues. Je souffre affreusement de l'annonce de notre séparation mais je suis bien plus préoccupé par les ressentis de Taehyung. Est-ce lui qui leur a tout raconté ? S'est-t-il réellement senti utilisé ? L'ai-je blessé ? « Tu es quelqu'un de bien, Leeteuk. Depuis toutes ces années, j'ai vu quel garçon formidable tu devenais. Mais un tel comportement, qu'il soit véridique ou simplement supposé n'a pas sa place dans mon établissement. Supplie le pardon du Seigneur, Leeteuk. Expie tes actes et tes sentiments, tu ne te sentiras que mieux. » Chaque mot est comme un poignard qu'elle m'enfonce dans le cœur. J'ai tout gâché, absolument tout. Et tout ça pour quoi ? Mon putain de propre plaisir ? Ils vont me retirer ma famille et tout ça par ma faute... Sa rancœur se fait largement ressentir dans le timbre de sa voix. Je l'ai déçu, je le sais. Et il en est sûrement davantage pour Junhee.
– « Laissez-moi partir, moi. Ne lui imposez pas un nouvel endroit, il aurait le sentiment de devoir tout recommencer à zéro, je n'sais pas s'il le supporterait... » quémandais-je pitoyablement, la voix tremblante.
– « On ne peut pas, Leeteuk. Tu es trop âgé pour te faire transférer... Nous y avons pensé, bien sûr... Ils prendront soin de lui, ils veilleront à ce qu'il ne retombe pas dans la solitude. » m'assure Junhee, les larmes aux yeux. Ses mains viennent s'emparer des miennes sûrement pour me réconforter mais à vrai dire, j'ai plutôt l'impression que son geste me fait l'effet inverse.
– « Je te laisse reprendre tes esprits. Je vais mettre Taehyung au courant. » déclare Sœur Minha avant de sortir. Le cœur en miette, je fonce immédiatement dans les bras de Junhee. Je ne vais pas le supporter. Je n'ai jamais été séparé de lui, je ne sais pas si j'arriverai à surmonter ça...
– « Ça va aller, mon grand. Je te l'promets... » J'ai la certitude qu'elle-même ne croit pas en sa promesse. Comment pourrait-elle savoir si tout va vraiment bien aller ? Plus rien ne sera jamais plus pareil sans Taehyung... « Ce n'est pas de ta faute, d'accord ? Tu ne dois pas te haïr pour ça... Tout ira bien... » Ses mots ne me réconfortent pas. J'ai tellement mal au cœur que je ne peux cesser mes gémissements. La respiration saccadée, la vision brouillée, Junhee m'a raccompagné jusqu'à l'étage pour m'allonger dans mon lit. En rôle de mère, cette dernière a pris place à mes côtés et m'a caressé les cheveux jusqu'à ce que je trouve le sommeil. Bien sûr, il m'a fallu énormément de temps pour me calmer. À chaque fois que je me sentais trop épuisé pour pleurer, je repensais à Taehyung et à la réaction qu'il aurait pu avoir à l'annonce de cette nouvelle.
Lorsque j'ouvre les yeux, mon réveil indique minuit et demi. Tous les autres garçons sont déjà couchés et profondément endormi. Même Taehyung, allongé dans son lit pour la première fois en trois ans. Alors qu'il n'est qu'à quelques mètres de moi, j'ai déjà le sentiment qu'il se trouve à des kilomètres et des kilomètres d'ici. Je me suis rallongé et me suis emmitouflé dans mon épaisse couverture. Sans ses bras, je n'ai pas réussi à retrouver le sommeil...
Taehyung m'ignore depuis notre réveil. Alors que tous les autres s'excite à l'idée d'aller pouvoir jouer à l'extérieur, Taehyung reste indifférent. Lorsque je reviens dans la chambre pour chercher mon livre, ce dernier est avec Sœur Minha et prépare son sac. Aucun des deux ne lèvent les yeux pour me regarder, c'est presque comme si je n'existais déjà plus. Le fait que Taehyung ne soit pas venu me trouver pour me parler de son départ traduit sa colère envers moi. Et moi qui pensais que jamais nous ne pourrions être en froid lui et moi... J'étais loin d'imaginer que tout ce finirait aussi pathétiquement...
– « Oppa ! Leeteuk oppa ! » hurle Minhee en courant vers moi. Je pose Kwanghee sur le sol et attends son explication, plutôt inquiet par son comportement. « C'est Taehyung, il est par terre. Ils s'est battu avec Yesung ! » m'apprend-t-elle rapidement. J'accours jusqu'au fond du jardin, à l'endroit indiqué par Minhee. Taehyung est allongé sur le sol, les yeux rivés vers le ciel comme si c'était parfaitement normal. Il est recouvert d'herbe et de boue et ses cheveux partent dans tous les sens.
– « Qu'est-ce que tu fais allongé par terre ? Relève-toi. » prononçais-je distinctement. Il peut m'en vouloir autant qu'il le veut mais je ne vais pas laisser faire n'importe quoi alors que l'assistante sociale peut débarquer d'une minute à l'autre. « Taehyung, dépêches-toi de t'lever, il faut que t'ailles te laver et changer de vêtement. » continuais-je malgré son ignorance plus que blessante. Yesung et les autres sont un peu plus loin, tous à nous épier curieusement. « Rentrez à l'intérieur. Je m'occuperai de vous plus tard ! » m'écriais-je, empli de rage. Ils lui font déjà assez de mal comme ça, inutile de rester admirer la scène pour en rajouter. Taehyung n'a pas bougé d'un pouce, il est toujours allongé de tout son long, le regard fixé sur un point vide. Impatient mais surtout remonté contre lui, je l'attrape et l'oblige à se relever.
– « Lâche-moi ! » hurle-t-il plusieurs fois alors que je le tire avec moi à l'intérieur de la maison. Je monte les marches et atteint la salle de bain avec lui. Bien sûr, cette tête de mule continue de se plaindre et de froncer les sourcils. Ma présence l'insupporte, visiblement...
– « Déshabille-toi et lave-toi. » commandais-je rudement. J'essaie de ne pas lui montrer à quel point son comportement me fait souffrir. Je ne peux pas penser à moi. En ce moment, tout ce que je veux, c'est qu'il soit propre et présentable lorsqu'ils viendront le chercher. Parce que je ne veux pas qu'il ait des ennuis par ma faute.
– « Non. » prononce-t-il sèchement. Ses yeux rencontrent enfin les miens mais je crois que j'aurai préféré qu'il ne le fasse pas. Je vais finir par le serrer dans mes bras. Je vais finir par craquer et supplier son pardon, égoïstement.
– « Bien, j'vais le faire à ta place alors. » Je me saisi de son t-shirt et le retire brusquement, j'abaisse son pantalon et son sous-vêtement mais Taehyung ne bronche toujours pas, jouant les indifférents. Il est si froid, si glacial que j'ai l'impression d'être face à quelqu'un d'autre. Lui qui est toujours si adorable avec moi.
– « Lève tes pieds. » exigeais-je. Taehyung reste muet, les bras croisés. Je m'agace et lui soulève les pieds comme à un petit garçon de cinq ans. Je lui demande de se laver mais comme j'aurai pu m'en douter, il continue de répondre par le négatif. Je le porte et l'oblige à entrer dans la baignoire.
– « Tu m'fais mal ! » se plaint-il exagérément.
– « Assieds-toi. Fais-le sinon je t'oblige à le faire. » le menaçais-je. Taehyung obéit, le visage crispé. Je m'empresse d'allumer l'eau et de le mouiller. Puisqu'il veut jouer les enfants dépendants, je commence à lui laver les cheveux pour qu'il se débarrasse de cette boue. Il va vraiment falloir qu'il se bouge s'il veut pouvoir être prêt dans les temps. Par pitié, faite qu'ils n'arrivent pas maintenant...
– « Aïe, tu m'fais mal ! » rechigne-t-il de nouveau alors que je lui rince sa chevelure malgré son manque de coopération. Je le laisse seul et m'en vais chercher des vêtements propres pour lui. Nu et le corps dégoulinant d'eau, Taehyung ne bronche toujours pas. Il va vraiment me rendre fou à jouer à ce jeu ridicule... Je l'essuie et l'habille le plus vite possible. Il faudrait que je puisse lui sécher les cheveux avant qu'on ne se rende compte de notre disparition. Je pourrai avoir des ennuis pour être resté enfermé dans cette foutue salle de bain avec lui. Taehyung n'ouvre plus la bouche depuis cinq minutes. J'ai terminé de le coiffer et lui ai même mis un peu de mon parfum. Dos à moi, les bras le long du corps, Taehyung attend. Je ne sais quoi...
– « Pourquoi tu t'es battu avec lui ? » Je ne voulais pas poser la question. Parce que j'ai bien trop peur qu'il me réponde que c'est à cause de moi s'il en est arrivé là. « Dis-moi ce qui s'est passé, Taehyung. J'ai besoin de le savoir. »
– « Pourquoi ? Pourquoi tu voudrais savoir ? » s'énerve-t-il, les larmes aux yeux. Il s'est retourné face à moi mais ne viens pas croiser mon regard. Je ne m'attendais pas à ce qu'il laisse tomber le masque aussi facilement. Il paraissait si imprégné dans son rôle de colère que je ne pensais même pas avoir une réponse de sa part. Son visage attristé est un supplice. Il me fait penser à celui qu'il arborait lors de son arrivée ici...
– « Qu'est-ce qu'ils t'ont dit pour que tu t'battes ? » ripostais-je, sans prendre en compte ses mots. Il n'a toujours pas daigner poser les yeux sur moi, sûrement trop honteux ou en colère. T'ai-je définitivement perdu ?
– « Ils ont dis que j'étais dégueulasse...et bizarre. Et que je t'avais volé à eux. Mais c'est de ta faute aussi ! C'est toi qui m'a laissé faire ! C'est toi qui m'a laissé te voler à eux ! C'est toi qui m'a fais croire alors que jamais...jamais... » pleur-t-il de rage sans pouvoir finir sa phrase. J'ai tellement honte, je ne sais même quoi lui dire. Il a raison, c'est moi qui nous ai conduits jusqu'ici. C'est moi qui l'ai enfermé dans ce cocon pernicieux...
– « Je suis désolé, Taehyung... » murmurais-je stupidement...
– « T'es désolé, hyung ? Alors pourquoi tu fais rien ? Pourquoi tu dis rien ? Tu vas vraiment me laisser partir sans bouger le petit doigt ? » s'écrit-il, rouge de colère. Je n'ai qu'une envie c'est de le serrer dans mes bras mais je n'en trouve pas le courage. Nous entendons tous les deux la voix de Sœur Minha et Junhee dans la chambre d'à côté, Taehyung se dirige promptement vers la porte.
– « J'peux rien faire, Taehyung... Je... » L'espace d'un instant, j'ai cru qu'il allait simplement sortir et me laisser là mais non. Taehyung vient de verrouiller la porte pour empêcher Sœur Minha et Junhee de nous interrompre. Il n'en a apparemment pas encore finis avec moi...
– « Dis-le. Dis c'que j'veux entendre, Leeteuk. » réclame-t-il, complètement à bout. Et même si je fronce les sourcils comme si je ne voyais pas de quoi est-ce qu'il parle, je crois savoir ce qu'il attend de moi.
– « C'est mieux comme ça. J'étais pas bon pour toi... C'est moi qui t'ai volé à ta vie. C'est moi qui t'ai obligé à ne voir qu'à travers mes yeux... » soufflais-je. Je me sens idiot de ne rien pouvoir faire d'autre. Je me sens stupide de me rendre compte de ce que j'ai fais tout ce temps avec lui comme si Taehyung m'appartenait, comme s'il était ma propriété...
– « Leeteuk, Taehyung ! Ouvrez cette porte ! » revendique Sœur Minha. Sûrement folle de me savoir de nouveau seul avec lui.
– « Sérieusement ? C'est tout c'que tu trouves à dire ? » ricane-t-il bien qu'il soit loin d'être amusé par ma réponse.
– « Taehyung ! Sors immédiatement ! Il est l'heure d'y aller ! » Sœur Minha frappe contre la porte comme si sa vie en dépendait. Que peut-elle bien s'imaginer en ce moment pour être aussi vive ? Ne suis-je qu'un pervers, qu'un monstre à ses yeux ? Peut-elle imaginer une seule seconde que je ferai du mal à Taehyung, que je serai intentionnellement capable de le faire souffrir ?
– « Bien... D'accord. » bougonne-t-il, abandonnant subitement la conversation. Taehyung ouvre la porte et en sors comme si de rien n'était. Junhee l'interroge sur ce que nous faisions, bien plus inquiète vis-à-vis de nos sentiments que par ce que Sœur Minha pensait que nous faisions. « On se disait juste adieu. » Sœur Minha me lance un regard jugeur et suis Taehyung. Junhee, compatissante s'avance doucement vers moi. Et à la vue du regard qu'elle me porte, je baisse les bras face à toutes mes émotions. Je pleurs de nouveau. Parce qu'il est évident que je ne le reverrai plus jamais.
– « Ne te retiens pas, mon grand. Évacue, ça te fera du bien... » me console-t-elle de sa douce voix, me serrant dans ses bras de toutes ses forces.
– « J'veux pas le perdre... » réussis-je à prononcer bien que mes gémissements ne s'accentuent. L'espace d'une minute, mon cœur était si douloureux, si meurtri que j'ai bien cru que plus jamais ce sentiment ne réussirait à me quitter.
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– « Hyung... » Cette voix résonne dans ma tête. Timide, presque apeurée. Je ne la reconnais pas tout de suite même si je sais que je l'ai plusieurs fois entendu dans mes rêves. Je me retourne lentement, le cœur serré, la respiration accélérée. Plus les secondes défilent plus je prends conscience de ce qui est sur le point de se produire. Dos à la porte de mon immeuble, complètement trempé et congelé par la neige, je fais un premier pas vers lui. Je voulais être sûr que je ne me faisais pas de film mais comment aurais-je pu. Même si des années sont passées, même si nous avons tous les deux grandi et vieilli, je le reconnais immédiatement. C'est lui. Oui, c'est lui...c'est Kim Taehyung.
– « Taehyung... » commençais-je. Le souffle coupé, il me faut quelques instants pour retrouver mes esprits. Je pensais ne plus jamais le revoir. Mais le voilà. Juste là, face à moi, dans son long manteau beige. C'est un homme désormais. Un si bel homme... Je m'approche de lui, avec douceur comme pour ne pas brusquer davantage les sentiments qui s'emparent de moi. Taehyung me sourit, les yeux inondés de larmes. Son sourire est encore plus beau qu'avant. Moi qui croyais avoir oublié son visage, ses traits, ses expressions... Rien n'a changé, il est exactement le même petit garçon qu'il y a onze ans. J'ouvre les bras pour l'appeler à moi. Je suis tellement désemparé par ces retrouvailles que je n'ai même pas le courage d'aller le serrer moi-même.
– « Hyung... Tu m'as tellement manqué... » chouine-t-il, m'étreignant avec force. Je lui rends son accolade, tout aussi chamboulé. Je retrouve son odeur, sa chaleur, son aura sécurisante. C'est presque comme si je me retrouvais téléporté dans le passé. Après son départ, j'ai été détruit, anéanti. Ma vie était complètement vide de sens. Kim Taehyung était mon premier amour mais aussi celui que je considérais comme ma famille moi qui n'en avais plus et qui n'en a jamais eu par la suite... Je n'avais plus revu sa bouille d'ange depuis ce fameux jour. Et alors tout ce qu'il me restait de lui, c'était ses mots, ses gémissements, sa colère. Le tenir dans mes bras me semble irréel. Je pensais qu'il m'en voudrait pour le reste de sa vie, que jamais il ne pourrait me pardonner ma lâcheté et mon égoïsme. Je souffle, j'expire, je reprends vie et abandonne ce poids qui m'a hanté ces dernières années. Je me sens soulagé, enfin moi-même. Ces putains de onze années ont été les pires. Vivre sans Taehyung quand on a été habitué à sa présence, c'est l'enfer.
– « Toi aussi...toi aussi... » murmurais-je. Je me détache de lui pour mieux pouvoir l'admirer. C'est lui, c'est bien lui, putain... Il est si beau, si grand, si...charismatique. Le retrouver alors que j'ai vingt-huit ans et lui vingt-quatre ne change en rien à ce que je peux ressentir pour lui. Jamais je n'ai cessé de penser à lui.
– « J'suis tellement heureux de t'revoir. J'te cherche depuis tellement longtemps ! » gémit-il de joie, toujours en pleurs. Mes mains viennent caresser ses joues. Je ne peux détacher mon regard de lui. Je suis hypnotisé, trop effrayé à l'idée qu'il ne disparaisse si je cligne des yeux.
– « Par pitié, faite que je n'me sois pas saoulé à mort et que mon esprit ne soit pas de nouveau en train de m'jouer des tours... » pleurnichais-je pathétiquement. Taehyung en rit, sûrement amusé par mes dires. Il n'imagine pas le nombre de fois où s'est arrivé et à quel point je souffrais à chaque réveil pour me rendre compte que ce n'était que des mirages...
– « Je suis là, hyung. C'est réel... » m'assure-t-il avant de venir s'emparer de mes lippes. Rien n'a réellement changé depuis notre séparation, je l'aime toujours. Exactement comme avant. Je réponds à ses baisers, emplit de joie et de désir. J'ai espéré connaître ce moment tellement de fois, j'en ai rêvé jour et nuit et voilà qu'enfin, Taehyung est là, en bas de chez moi.
– « Bordel, tu m'as tellement manqué... » sanglotais-je. Je n'arrive même pas à m'arrêter, je suis tellement heureux que je ne peux m'empêcher de pleurer encore et encore. Je suis tellement reconnaissant qu'il soit là, qu'il soit venu jusqu'à moi, qu'il m'ait cherché... Je reviens l'embrasser langoureusement, caressant sa langue pour la première fois. Moi qui en avait eu envie mais qui n'avait pas osé me lancer à cause de son jeune âge... Taehyung répond activement à mon geste. Plus rien ne nous empêchera de nous affectionner comme nous le souhaitons. « Taehyung, je... »
– « Fais-moi entrer, hyung. J'ai tellement de chose à te dire... » susurre-t-il, envieux. Je lui attrape la main et l'oblige à courir avec moi jusqu'à l'intérieur. À toute vitesse nous montons les escaliers, riant et pleurant en même temps. Je m'empresse d'ouvrir la porte d'entrée et de le faire entrer à l'intérieur. Taehyung reprend les reines de notre échange et plaque contre le mur du hall d'entrée. J'étais dépourvu de sentiment depuis tellement longtemps, ce n'était pas qu'un manque, c'était pire, bien pire...comme si j'avais cessé de vivre à l'annonce de son départ. « Qu'est-ce que c'est qu'ce costume, hyung ? Tu sembles si sérieux et autoritaire... » se moque-t-il en défaisant ma cravate. Il m'arrache ma veste de costume et ma chemise, les faisant valser avec adresse sur le sol. Moi, impatient, je lui déboutonne son jean et le débarrasse de son manteau.
– « Ne puis-je pas l'être ? » plaisantais-je, haletant déjà de désir pour lui.
– « Non, pas toi. Toi, tu es mon hyung, celui qui veille sur moi et qui va tendrement me faire l'amour ce soir... J'ai tellement envie de toi... » m'avoue-t-il retirant le reste de ses vêtements avec sensualité. J'en fais de même, sous son regard affamé. Il est si sexy, si beau... Son corps est merveilleusement taillé, me faisant même regretter de ne plus faire de sport depuis quelques années déjà. C'est surtout son torse et son membre qui captive mon intérêt. Il a si bien grandi. Il doit en faire tourner des têtes, cet imbécile. Lui qui n'a jamais eu confiance en lui. Lui qui pensait que personne ne pourrait l'aimer. Mais moi je t'ai aimé, Taehyung. Et je t'aime toujours aujourd'hui. Je le mène jusqu'à ma chambre sans détacher mes lèvres des siennes. Je ne veux plus perdre une seule seconde... Taehyung s'allonge de tout son long, presque comme s'il s'offrait à moi. Je viens m'asseoir sur ses cuisses, dérobant son intimité et la mienne pour venir les cajoler l'une contre l'autre. « Non...laisse-moi faire...comme autrefois. » me demande-t-il charnellement contre mes lèvres. Je cède à son caprice refaisant tournoyer ma langue contre la sienne pendant que j'en ai encore la possibilité. Je vénère la douceur de sa langue, la façon dont réagi son corps sous chacune de mes caresses, la manière dont se défend son plaisir à chaque fois qu'il tire sur nos deux bâtons de chairs avec tant de ferveur. Tout restera à jamais gravé dans ma mémoire, je me souviendrai de cette nuit pour toujours. Je quitte ses lèvres pour venir l'admirer faire. C'est différent de la première fois. Je me souviens de ces gémissements alors qu'il se faisait plaisir à côté de moi, son visage en pleine exaltation à peine illuminé par la lumière de la lune. Je me ressasse ses mouvements lents et longs et à de nombreuses reprises je me suis demande à quoi pouvait-il bien penser en caressant sa queue... Aujourd'hui ses mouvements sont plus assurés, plus brusques, plus virils...
– « À moi... » souriais-je malicieusement. Je dégage sa main et vient engober son intimité sans plus attendre. Je la suce affectueusement, salivant avec impudence. Taehyung gémit, s'agrippant à la couverture, la bouche ouverte. L'une de mes mains s'active à stimuler ses bijoux de famille tandis que l'autre câline son torse de bas en haut. Qui aurait cru que je finirai dans cette position, à m'occuper des caprices de mon dongsaeng ? Personne. Et sûrement pas Sœur Minha. Mais c'est sans doute ce qui rend la situation plus excitante aujourd'hui. C'est comme si nous franchissions l'interdit à deux.
– « Prépares-moi...hyung, arrêtes-toi... » souffle-t-il attrapant ma main pour m'obliger à me stopper et venir enfoncer deux de mes doigts dans sa bouche. C'est exquis et très affriolant de le regarder faire. Je me délecte de son expression de fauve. Lui me reluque avec tant d'animosité qu'il me fait même douter de l'existence de l'enfant innocent dont j'étais autrefois amoureux. Mais j'aime ça. J'aime me dire qu'il est un homme aujourd'hui et que j'ai le droit de venir m'enfoncer en lui sans aucune peur, aucune culpabilité. Mes doigts viennent trouver sa boule de nerf, perdu quelque part dans son antre. Ses gémissements arrivent même à me faire plaisir sans que je n'ai encore rien fais. Alors que je joue avec son anus, Taehyung vient recommencer son exquise torture sur ma queue, la faisant gonfler, prête à l'explosion.
– « À toi...fais-toi plaisir, Tae... » annonçais-je alors que je fais basculer nos deux corps pour qu'il se retrouve sur moi. Sans plus attendre, un large sourire sur les lèvres, mon amant attrape ma bite pour la mener directement à son intimité. Puis il se relâche en toute liberté sur moi, enflammant ma libido plus que quiconque auparavant.
– « Ah...ah...oui... » jouit-il érotiquement. « Si tu savais depuis combien de temps j'attendais de pouvoir te ressentir, Leeteuk. » Le fait qu'il m'appelle par mon prénom rend son aveu plus sincère et important à mes yeux. J'ai attendu ça impatiemment, moi aussi. Alors je ne me priverai pas de te le faire savoir. Je viens poser mes deux mains sur ses hanches, me contentant de balancer mon bassin lentement mais profondément, nous transportant tous deux dans un autre monde. Un monde rien qu'à nous. Taehyung s'agite sur moi, l'une de ses mains masturbant sa queue, l'autre caressant sa cuisse. Il sautille, les yeux mi-clos, hurlant des encouragements sans aucune effronterie. La couleur de sa peau, la chaleur de son corps, la mélodie de son souffle, l'expression de ses yeux, tout est parfait. Beaucoup plus exaltant que ce que je n'aurai pu imaginer. Il est si affriolant que le regarder se branler me suffirait à éjaculer sans même me toucher. « J'vais bientôt venir... Putain, oui... Hyung...arrête-toi... Hyung...j'te veux... Laisse-moi...te prendre... » supplie-t-il. Il me faut encore quelques coups de hanche pour trouver la force de m'arrêter. C'est un putain de supplice, c'est si douloureux que sans penser à la douleur que cela risque de m'infliger, je me retourne en toute hâte sur le ventre.
– « Fais vite, Taehyung... » susurrais-je timidement. Taehyung exécute et pénètre brutalement en moi. Un hurlement de douleur s'échappe d'entre mes lèvres tandis que lui exclame un râle de bienfaisance. Je souffre affreusement, c'est la première fois que je me fais prendre. « Pense à moi, hyung. J'vais t'faire oublier la douleur... » dit-il de sa petite voix. Je ne lui en veux pas pour son initiative, bien au contraire...c'est juste que je suis excité que me retrouver figer sans pouvoir rien faire n'arrange en rien les choses à mon état. Taehyung vient croiser ses doigts avec les miens et commence peu à peu à pousser en moi. La sensation est nouvelle mais plutôt satisfaisante. Je suis sur le point d'assouvir ce désir insatiable qui m'a hanté toute ma vie jusqu'ici. La béatitude qui me consume ne pouvait pas être plus grande lorsque Taehyung vient m'embrasser la nuque délicatement. « Dis c'que j'veux entendre, Leeteuk. » me demande-t-il Mon cœur fait un bon énorme, me ramenant onze ans en arrière. Les choses auraient-t-elles été différent si j'avais prononcé ces mots ? Était-ce réellement ce qu'il attendait de moi ?
– « Je t'aime. Je t'aime Taehyung. » Même si notre amour l'un envers l'autre n'était pas à remettre en question à l'époque, jamais nous ne nous sommes risqués à nous l'avouer l'un l'autre. Surtout parce que nous étions tous les deux des garçons, parce qu'il était plus jeune que moi et que nous vivions tous les deux dans un orphelinat catholique. Mais certainement davantage par peur de ne faire fuir l'autre. Qui aurait pu m'assurer avec certitude que Taehyung aurait accepté mes sentiments amoureux à l'âge de treize ans ? Personne. Sauf peut-être Junhee. Parce qu'à cette époque, elle était la seule à être au courant, peut-être même avant nous...
– « Je t'ai toujours aimé, hyung... » C'est à ce moment même que j'explose, savourant cette nouvelle sensation de bonheur et de plaisir alors que Taehyung se cambre pour m'habiter entièrement. Nos corps ne se séparent pas pour autant. Allongé sur mon dos, son membre aillant libéré mon intimité, mon nouvel amant me caresse les cheveux avec tendresse. « J'vais plus jamais bouger d'ici. » bougonne-t-il tel un petit garçon capricieux.
– « Il n'y a aucune raison pour que tu le fasses... » confiais-je, souriant. L'ivresse que je connais en ce moment est infiniment grande. J'ai presque du mal à me sortir de cet état second tellement il me semble illusionniste. « Taehyung... » appelais-je après quelques minutes. Ce dernier marmonne une réponse pour m'inciter à continuer, toujours à câliner ma chevelure. Je me retourne pour mieux pouvoir l'observer, analysant et mémorisant son visage pour être sûr de ne plus jamais l'oublier, quoiqu'il arrive. « Tu t'souviens de la conversation qu'on a eu dans la salle de bain ? » commençais-je doucement.
– « J'ai été horrible avec toi. Bien sûr que j'm'en souviens... Pour être honnête, quand elles m'ont annoncé que j'allais devoir partir à cause de la relation que nous avions, j'ai cru vivre un cauchemar. J'étais tellement attristé, tellement perdu que j'ai même été jusqu'à provoquer les autres garçons. » raconte-t-il sérieusement.
– « C'est toi qui a commencé ? Je les ai pas cru, j'ai vraiment été dur avec eux. » Quand je repense à la dureté de mes mots et l'injustice de mes actes vis-à-vis d'eux mais surtout de Yesung. Je savais qu'ils n'avaient pas été tendre avec Taehyung et qu'ils étaient plus que réticent envers notre complicité à lui et moi alors j'en ai simplement conclu qu'ils avaient commencé, malgré leur protestation. Je pense surtout qu'il me fallait m'en prendre à quelqu'un autre que moi après que Taehyung soit parti, alors c'est ce que j'ai fais. Comme le plus grands des connards...
– « Ils étaient méchants avec moi. Constamment... Mais ça me passait au-dessus, parce que je savais qu'ils avaient en parti raison. » Ils n'avaient pas raison. Personne n'a raison quand il s'agit de juger l'amour des autres parce qu'il sonne bien trop différemment de ce que la société ou la religion nous dicte... Jamais nous n'avons été immonde ou dégueulasse comme ils aimaient tant le dire. Au contraire, j'ai la certitude qu'il n'y avait pas plus sincère et plus pur que notre affection...
– « Pourquoi... Est-ce que j'ai l'droit de savoir pourquoi est-ce que tu as tout raconté à Sœur Minha et Junhee ? » m'avisais-je. Je sais que c'est sûrement parce qu'il ne s'était pas senti à l'aise en agissant aussi intimement avec moi. Mais l'avais-je réellement forcé à le faire ? Je m'en étais convenu que oui, d'une certaine manière, sûrement...
– « Je n'ai rien raconté du tout ! Au début, je pensais que c'était toi qui leur avait tout dit. Puis...en faisant mes recherches y'a quelques années, Junhee m'a expliqué que c'était Siwon qui nous avait surpris. D'abord la première fois, quand nous nous sommes embrassés puis il nous a entendu dans la salle de bain alors il a tout rapporté... Il pensait que tu étais dangereux, on comprend mieux pourquoi cet imbécile passait son temps à te coller... » m'explique-t-il. Siwon ? Sérieusement ? Bordel, je n'aurai jamais pensé à lui ! L'enfoiré... Il a continué à faire comme si de rien n'était jusqu'à mon départ de l'orphelinat. Il me faisait même des discours d'encouragement après le départ de Taehyung... Peut-être avait-il finir par comprendre à quel point nous étions important l'un pour l'autre.
– « Il me collait pas... » pensais-je subitement. Je m'entendais bien avec lui généralement mais nous ne passions pas non plus énormément de temps ensemble...
– « Bien sûr que si ! À chaque fois que tu faisais la lecture ou que tu dessinais avec les plus jeunes, il était là. À l'époque ça me rendait déjà fou... » confie-t-il en faisant la moue. C'est si bon de retrouver mon Taehyung... Je fonds complètement. Un Taehyung jaloux, c'est tellement sexy...
– « Tu ne m'en voulais pas vraiment alors ? » finis-je par demander. Moi qui me suit fait tellement de scénario et d'idée. Il faut croire que j'avais totalement tord... Quel idiot j'ai été de ne pas lui poser directement la question ce jour-là.
– « Non. J'étais seulement effrayé à l'idée de devoir te perdre pour toujours. Les autres pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient. Je me fichais d'être dégueulasse ou quoique ce soit d'autre. Je savais que ce que je ressentais pour toi était sincère même si c'était sûrement ma naïveté plus qu'autre chose qui me faisait penser comme ça... » s'amuse-t-il en repensant au passé. J'étais sûrement naïf moi aussi, à l'époque. Mais j'étais sûr d'une chose : Taehyung était la meilleure chose qui me soit jamais arrivé.
– « Tu m'as toujours aimé alors ? » l'interrogeais-je en le serrant contre moi, plaçant mon oreille contre sa poitrine pour pouvoir entendre son cœur battre, ce cœur qui rythmait déjà mes nuits onze ans auparavant.
– « Hm... Même si j'avais envie de te maudire d'être parti vivre aussi loin et de me compliquer la tâche pour te retrouver. » ricane-t-il adorablement. J'avais fais le choix de quitter la Corée pour ne pas avoir à me tourmenter en pensant à lui chaque jour. Finalement, même au Japon Taehyung hantait mon esprit. J'imagine que c'est Junhee qui lui a dit par où commencer. Je n'ai jamais cessé d'échanger avec elle après mon départ. Elle était la seule à me comprendre et à me connaître réellement. Jamais elle n'a cherché à juger mon amour pour un autre garçon. Elle comprenait et l'acceptait, tout simplement.
– « J'voulais partir loin de toi. J'avais peur de te faire souffrir en venant te chercher. Puis j'avais rien à t'offrir à dix-huit ans... Tu as...été adopté finalement ? » osais-je demander. Lorsque je suis sorti de l'orphelinat, j'ai fais tout ceux de la région pour tenter de savoir où est-ce qu'il était. Puis j'ai réalisé qu'il avait sûrement trouvé une famille et que plus jamais nos chemins ne viendraient à se croiser...
– « Non. Mais je crois que de toute façon, je n'en avais pas envie. J'avais déjà trouvé ma famille... » assure-t-il, m'offrant un léger baiser. Plus jamais je ne le quitterai, plus jamais je ne le laisserai partir. C'est avec lui que je suis bien, c'est avec lui que je me sens vraiment chez moi. Taehyung est ma famille, mon homme. Et même si je ne devrai pas le considérer comme tel, Taehyung est mien. Il l'a toujours été. Je l'aime éperdument...
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