Cet OS est dédié à Kookie_Exo avec comme personnage WonWoo de SEVENTEEN.

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-Carolina, est-ce que tu peux me donner les encyclopédies qui se trouvent sur ta droite, s'il te plait ?

-Bien, monsieur Kim.

Je tendis les encyclopédies une à une au bibliothécaire qui les rangeait sur une étagère plutôt élevée au sein de sa boutique. Cet été, j'avais décidé, dans le but de me faire un peu d'argent, de travailler dans un commerce. Mais pas n'importe lequel ! Je travaillais chez un antiquaire spécialisé dans les vieux livres. J'avais donc le privilège d'approcher de près de vieux ouvrages datant parfois d'un siècle ! Le toucher du papier parlait de lui-même, il avait traversé tant d'années pour en arriver là, j'avais parfois l'impression de m'entretenir avec de vraies personnes. Quand nous fermions la boutique, que nous éteignions les lumières, je leur souhaitais une bonne nuit du fond de mes pensées.

-Est-ce que tu as vu que nous avions un bel arrivage aujourd'hui ?

-Oui ! Ca va nous faire un petit coup de jeune, enfin, si je puis me permettre puisque ce sont de vieux livres.

Amusé de ma petite plaisanterie, monsieur Kim sourit de toutes ses dents et me rejoignit au sol, descendant un à un les barreaux de la vieille échelle de bois. Vous savez, celle que l'on voit dans les films qui glissent le long de la bibliothèque ! C'est très amusant quand on range des livres de différentes catégories, parce que l'on voyage d'un bout à l'autre sans avoir peur de tomber (la première fois, c'est assez surprenant quand même).

La petite sonnette retentit pour la première fois de la journée sur le coup de dix heures. Il s'agissait d'un jeune homme âgé de quelques années de plus que moi, semblant s'intéresser aux livres basé sur les technologies de la Renaissance. De taille moyenne, à la chevelure brune, habillé dans un style bûcheron avec son jean, sa chemise et ses chaussures beiges, il avait sûrement la côté dans sa faculté ou bien était-il l'un de ces nombreux personnages discrets à ne pas laisser un seul mot franchir la barrière de leurs lèvres de peur d'attirer l'attention sur eux. Quitte à aller voir leur professeur en fin d'heure si et seulement si tout le monde est sorti de l'amphithéâtre.

-Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

-Oh, bonjour mademoiselle. Vous travaillez ici ?

-Oui.

-Ah, heu... bien sûr, puisque vous venez de me dire cette phrase que toutes les vendeuses disent aux clients.

Il se mit à rire, hébété, puis se racla la gorge.

-A vrai dire, j'aime venir ici pour passer du temps avec les vieux livres. Chacun possède une histoire différente, et même s'il se trouve y avoir un double, chaque exemplaire n'a pas la même histoire car il ne traverse pas le même parcours. Voyez-vous, celui-ci a le côté droite écorné tandis que celui-là, c'est la quatrième de couverture qui est un peu jauni. Vous... voyez où je veux en venir ?

J'étais fascinée. C'était rare de trouver quelqu'un aussi proche de ses ouvrages comme je l'étais !

-Mademoiselle ?

-Excusez-moi, je suis juste surprise de vos mots. A vrai dire, je n'ai personne avec qui partager mon goût pour la littérature et encore moins mon amour pour les livres. Il est rare de trouver une personne comme vous, auquel je comprends tout à faire le registre et le vocabulaire que vous empruntez pour décrire ce que vous ressentez dans un tel environnement.

Il cligna un instant des yeux puis un sourire se dessina lentement sur ses lèvres.

-Enchanté, je m'appelle...

-Tiens, mon petit WonWoo ! Qu'est-ce qui t'amènes ici, mon garçon ?

-Vos vieux livres, monsieur Kim, et votre accent du Nord de notre pays.

-Ahah, je vois. Je te présente Carolina, c'est une saisonnière dans ma boutique. Elle est arrivée il y a deux semaines. C'est fou ce que sa personnalité me rappelle la tienne ! Je reviens, je vais conseiller la dame que voici et je suis à vous dans un instant, les jeunes.

Il nous quitta sur la pointe des pieds, nous faisant bien rire, puis rejoignit la dame âgée qui était penché sur un ouvrage de Confucius.

-Carolina, je n'ai jamais entendu un nom comme celui-ci.

-J'ai des origines occidentales, c'est pour ça.

-Oh, je vois. Enchanté !

-De même !

-Moi aussi j'ai travaillé chez monsieur Kim avant de m'engager dans des études supérieures de lettres après mon baccalauréat. Il est très agréable et son amour pour les vieux trucs se communique facilement. Ici, on se sent comme envoûté par les livres qui nous entourent.

-C'est vrai.

Nous parlions encore longtemps, bientôt rejoints par monsieur Kim qui prit des nouvelles de son "petit protégé" comme il aimait l'appeler. Bientôt, il fut temps pour WonWoo de nous quitter mais il promit de revenir très bientôt.

Chose promise, chose due ! Quatre jours après, nous étions un samedi, et WonWoo vint nous rendre visite. Mais pas les mains vides ! Il avait apporté quelques viennoiseries que nous partagions tout en discutant littérature. Il nous expliquait ce qu'il avait étudié en cours, monsieur Kim lui prêta un ouvrage qu'il pourrait mettre en lien avec ses leçons, tandis que moi je les écoutais avec passion. C'était si intéressant de parler avec des gens animés par un amour si intense pour quelque chose !

-J'aimerai te montrer quelque chose, Carolina. Tu me suis ?

J'interrogeai monsieur Kim du regard qui hocha de la tête tout simplement, une lueur de malice dans les yeux. Emporté par son le secret de sa quête, il me prit doucement la main en me souriant puis m'emmena au fin fond de la bibliothèque. De sa main libre, il fit glisser ses doigts sur les reliures des vieux livres chinois, en fermant les yeux. Bientôt, son index et son majeur s'arrêtèrent sur un livre d'un vieux vert, qu'il retira de la bibliothèque. Tout à coup, le sol en-dessous de nos pieds se mit à pivoter avec la bibliothèque et nous nous retrouvâmes dans une pièce cachée derrière les étagères de la boutique.

-Wow.

-Nous nous trouvons ici dans ma petite cachette secrète ! A vrai dire, j'ai travaillé si longtemps avec monsieur Kim qu'il a lui-même créé ce petit endroit secret pour moi. Parfois, j'avais besoin de m'évader, alors je venais à la boutique et j'entrai ici, à l'abri de tout ce qui pourrait m'arriver.

-Tu fuyais quelque chose ?

Il laissa place à un silence pendant quelques minutes avant de s'asseoir dans l'un des vieux fauteuils du style victorien. Les murs étaient tapissés d'un papier peint rouge et or, comme si nous nous trouvions dans une chambre du château de Versailles.

-Mes parents sont décédés quand j'étais tout petit. Je vivais dans une famille d'accueil avec d'autres enfants. J'avais besoin de calme, mais aussi besoin de me retrouver. Grâce à tout cela, j'ai pu rester dans le droit chemin et ne pas céder à la dérive comme tous ces enfants terribles qui n'ont pas réussi et qui sont maintenant des adultes immatures. Désormais, je suis diplômé, je fais des études supérieures et j'ai mon propre appartement et un job dans un resto en-dessous de celui-ci. Tout va pour le mieux.

-Tes parents seraient si fiers de toi.

-Hm, peut-être.

Voyant qu'il ne voulait pas plus en parler, je m'assis à côté de lui, silencieuse. Il se tourna vers moi et décocha un petit sourire malin.

-Est-ce que tu aimes la philosophie ?

-Oui, pourquoi ?

-Alors plongeons-nous dans un ouvrage aussi vieux que les rues, allongés sur le tapis !

Il courut chercher son livre dans sa petite étagère personnelle puis le rapporta. Nous nous penchions alors sur l'ouvrage, captivés par les lettres, les mots, les phrases, les pages qui s'enchaînaient à mesure qu'on lisait. Les aiguilles de la pendule au coucou défilèrent si vite que nous oublions presque d'aller déjeuner. Il m'invita alors à partager un repas afin que l'on puisse discuter de ce que nous venions de lire ensemble.

Les jours puis les semaines passèrent, je m'étais beaucoup rapprochée de WonWoo qui se trouvait être un garçon charmant et attendrissant. Jamais je n'avais rencontré un pareil garçon qui avait ce penchant pour les vieux livres, c'est ce qui me faisait craquer chez lui, à vrai dire. Nous nous retrouvions souvent dans sa petite cachette secrète, toujours dotés d'un livre différent. Il me faisait également part de ses exposés et des notes qu'il obtenait en cours. Monsieur Kim voyait d'un très bon œil notre relation qu'il avait prédit dès le départ, m'avait-il dit un jour que nous rangions des livres anglais datant de Shakespeare.

Une fois de plus, j'attendais l'heure de la fermeture pour partager un petit moment avec mon ami proche. Il attendait que je finisse le travail en faisant ses devoirs dans la réserve. Il mettait un point d'honneur à rentrer dans sa cachette seulement en ma compagnie les jours où je venais avec lui dans son univers. Comme si c'était le fait de prendre ma main qui donnait tout son sens à vouloir m'emmener là où il se sentait bien.

-Carolina, ça fait un bout de temps qu'on se connaît et je voulais te dire que j'aime beaucoup ta présence quand je suis ici. Comme si je pouvais te parler de tout, que tu allais comprendre et trouver les mots que je veux entendre.

Je rougis, attendrie par ce qu'il venait de me dire. Il me fit signe de m'allonger à ses côtés sur le tapis témoin de nos si nombreuses lectures.

-Que veux-tu lire aujourd'hui ? lui demandai-je.

-Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu me proposes ?

-Une histoire d'amour.

-Ah... ah bon ?

-Oui.

-Laquelle ?

-Celle-là.

Il glissa sa main sur ma joue puis déposa ses lèvres sur les miennes. Je fermai mes yeux, profitant pleinement de ce moment de douceur. Quand il recula, il m'offrit un si beau sourire qu'il fut communicatif et arriva sur mes lèvres.

-Ecrivons ensemble une nouvelle histoire, Carolina.