Remember - Taehyun


C'était un mardi soir. J'attendais depuis des heures déjà. J'étais là, dans cette ville qui m'était complètement étrangère. Tout était si différent. La langue, l'architecture, l'atmosphère, la température, la couleur...je haïssais tout de cet endroit, je maudissais ce pays, du moins...je détestais ce qui en émanait. Parce qu'il l'avait enlevé à moi. Pourtant même si rien de tout ça ne m'était familier, rien que le fait de savoir qu'elle habitait ici, dans cet immeuble, me réchauffait le cœur. J'avais comme l'impression d'être auprès d'elle, et cela faisait bien des semaines et des mois que nous ne nous étions plus revu alors j'étais comme qui dirait...soulagé. J'avais vraiment lutté avant d'aller jusque là-bas. Pas parce que j'avais peur de l'inconnu mais parce que j'avais surtout peur de faire face à la réalité. Emma avait rompu trois mois auparavant. En réalité, cela faisait trois mois, deux semaines, cinq jours et dix-sept heures qu'elle était partie. Nous étions incompatibles, trop inassimilables d'après elle. Pour moi, ce n'était que de la foutaise. J'avais cru entendre un appel à l'aide à l'époque où elle avait prononcé ces mots, un cri de secoure comme si elle ne me repoussait que parce qu'elle était trop effrayée pour essayer de s'adapter à la vie à Séoul, comme si toute cet écart, cet éloignement la pétrifiait. J'avais tord...

Après avoir patienté dans le froid, en plein hiver, elle avait finir par arriver. Son bras entourant celui d'un homme bien plus grand et costaud que moi. Il était barbu, beau garçon et aussi bien mieux habillé que moi. En fait, il avait tout pour lui. Honteux et complexé par mon physique, je m'étais empressé de me cacher derrière un mur pour ne pas me faire remarquer. Devant la porte principal du bâtiment, l'énergumène l'a langoureusement embrassé avant de la pousser à entrer, un énorme bouquet de rose en main. Si je ne m'étais pas retenu, je crois bien qu'à ce moment-là, j'aurai pleuré comme un idiot, j'aurai laissé coulé toutes les larmes de mon corps pour exprimer la souffrance qui m'habitait. J'avais fais mes plans, j'avais prévu nos retrouvailles dans les moindres détails et là, lorsque je les avais vu aussi intimement proches, j'avais réalisé que toutes mes espérances s'effondraient avant même d'avoir eu la chance d'entendre les explications d'Emma. Un quart d'heure plus tard, je me retrouvais devant la porte, à sonner, attendant impatiemment qu'elle me fasse entrer.

– « Allô ? Qui est-ce ? » avait-elle dit en décrochant à l'interphone. J'avais angoissé, angoissé à l'idée qu'elle ne veuille même pas me voir... Peut-être bien qu'un silence de plus de quinze secondes avait pris place après sa question. Mon cœur tambourinait contre ma poitrine, mon souffle s'accélérait, j'étais angoissé, perturbé et complètement perdu dans mes pensées. D'un souffle lourd et pesant, j'avais répondu même si je savais parfaitement que tout cela était une mauvaise idée. Puisqu'elle ne m'avait pas vu, j'aurai encore très bien pu quitter le pays et rentrer chez moi, sans pour autant connaître l'humiliation ou la déchéance mais non. C'était comme si j'étais prêt à me faire du mal à moi-même, rien que pour elle. J'avais encore envie de croire qu'elle désirait me voir arriver vers elle et qu'elle ne faisait que perdre son temps avec cet homme en attendant que je revienne la chercher. « Taehyun... » Sa voix était bien différente. Elle était presque inaudible et faible. En fait, je pouvais ressentir toute la culpabilité qu'elle portait dans sa voix. Devoir m'annoncer qu'elle était passé à autre chose après les choses que nous avions vécu ensemble était trop difficile pour elle. Mais je pensais tout de même avoir le droit de connaître la vérité.

– « Fais-moi entrer. » ordonnais-je, en me frottant les mains. J'étais gelé après avoir attendu tout ce temps, je ne sentais presque plus mes doigts tellement le froid s'attaquait à moi si durement mais rien n'était pire que la sensation qui m'habitait à cause d'elle. Une sonnerie stridente a annoncé l'ouverture de la porte principale et alors, je suis entré, sans remerciement, sans attendre un seul instant de plus.

Nous nous étions rencontrés au travail. Mon entreprise avait collaboré avec la sienne, et alors que nous étions censés faire connaissance lors d'un séminaire, elle avait fini dans ma chambre, complètement nue, allongée sur mon lit de façon tout à fait charmante. Je l'avais désiré dès le premier regard. Elle était dynamique, souriante, intelligente et sexy pourtant aucun homme n'allait vers elle. Elle était trop directe, trop déterminée, ce qui effrayait assez les hommes coréens. Mais pas moi. J'avais envie de vivre quelque chose de fou avec cette étrangère qui ne ressemblait en rien aux autres femmes avec qui j'avais eu une aventure. Plus les jours étaient passés, plus nous avions appris l'un sur l'autre et c'est de façon tout à fait anodine et simple que nous avions commencé à ressentir des sentiments amoureux l'un envers l'autre. Elle avait été la première à me déclarer sa flamme et pour continuer dans la lancée, je lui avais proposé de rester ici, avec moi. Cette histoire qui était, selon mes amis vouée à l'échec avait tout de même duré plus de sept mois. Et c'est par la suite qu'elle avait mis un terme à notre histoire d'amour à laquelle je m'étais bien trop rattaché.

En longeant le couloir, ma tête était lourde, mes pieds traînaient, indéterminés à lui faire face, à la revoir après la douleur que je venais de connaître il y a à peine une demi-heure. Les mains moites, la gorge sèche, les yeux grands ouverts, j'approchais de plus en plus, vers cette porte entrouverte. Elle m'attendait...elle m'attendait vraiment...c'était enfin le moment...

– « Qu'est-ce que tu fais là ? » avait-elle demandé en prenant place sur l'une des chaises de sa cuisine. Moi, sans répondre, j'observais les alentours pour m'imprégner de son odeur, de son habitat. Voir à quoi ressemblait sa demeure après trois mois de séparation me faisait me sentir étrange. « Taehyun, je suis passé à autre chose, je suis... » Je ne savais plus pourquoi j'étais là mais une chose était sûre...je n'avais pas envie de repartir maintenant. Pas après l'avoir détaillé de haut en bas, pas après avoir croisé le bleu de ses yeux, pas après avoir entendu sa voix si douce et apaisante. Non, je ne voulais plus jamais repartir d'ici. Alors pour la faire taire, pour ne pas avoir à attendre cette maudite phrase, j'étais venu l'embrasser. J'étais venu baiser ses lèvres chaudes pour empêcher de foutre en l'air le peu de souvenir agréable qu'il me restait en mémoire.

Je n'avais pas de place dans ta réalité... Je le sais... J'ai pris place à cause d'un soudain souffle de mes sentiments. A cause d'une putain d'envie de me lier à toi, le jour de notre première rencontre. Depuis que tu m'as quitté, j'ai peur... Je suis effrayé par le monde qui se remplit au fil du temps mais...je t'ai aimé. Je sais que je... Je suis un fardeau pour elle. Elle a encore des rêves mais les souvenirs brillant de quand on s'aimait ont triomphé... Peu importe combien de fois je me suis battu contre lui, le mur solide qu'est l'amour m'anéantis. Je sais que tu dois aussi faire ta vie, que tu dois aussi passer à autre chose... Je le sais dans ma tête mais mon cœur ne peut pas te laisser partir... Même si tout ce qui m'est cher est anéanti, je t'ai aimé. Parce que tu es mon premier amour.

Emma ne m'avait pas repoussé. Elle m'avait laissé faire. Alors j'avais saisi l'opportunité de l'aimer encore. De l'aimer et de me sentir en connexion avec elle une dernière fois...au moins pour les prochaines minutes... Je l'avais mené jusqu'à sa chambre, sans même savoir où c'était. Nos bouches l'une contre l'autre, nous nous étions débarrassés de nos plus gros vêtements. J'avais comme le besoin inexpliqué de la ressentir contre moi, de la toucher, de la caresser, de l'étreindre, de l'enlacer. Et rien que de pouvoir câliner la peau de ses bras me faisait frissonner. Son souffle contre mon visage, ce grain de beauté juste à côté de son œil gauche, cette peau pâle mais parfaitement lisse, ce petit nez, ses pommettes, ses lèvres, le trait de ses sourcils...ses yeux... Je pense que je m'en souviendrais toute ma vie...que cette image restera infiniment gravé en moi.

Les yeux dans les yeux, Emma m'avait lentement déshabillé admirant mon torse, le griffant même. Elle me détestait, j'en avais conscience. Son regard était mélancolique, profond et désireux. Pourtant cela ne l'empêchait pas de penser à ce que nous nous apprêtions à faire comme un pécher mortel. Je l'entraînais du mauvais côté en baisant son cou, je la faisais dévier du droit chemin en massant sa poitrine, en m'exaltant sur son fin corps, ses longues jambes. Mes mains s'étaient brusquement saisies de son postérieur, une fois son jean au sol. Bien que je n'ai jamais cru à la perfection, Emma était selon moi la personne qui s'en approchait le plus. Elle était différente et irrévocablement attrayante.

– « Taehyun... » avait-elle soufflé lorsque j'avais attrapé ses cuisses pour la coller contre moi. Elle ne voulait pas aller plus loin, elle ne voulait certainement pas faire souffrir un autre homme en couchant avec moi une dernière mais je n'en avais que faire. Honnêtement, je me fichais bien de sa conscience et de ce qu'elle allait penser d'elle par la suite, tout ce que je voulais c'était oublier. Oublier toute cette histoire en rencontrant le plaisir avec elle. Je l'avais délicatement allongé sur le lit, avant de venir m'allonger sur elle pour l'empêcher de fuir. Ses joues pourprées, son entre-jambe échauffé, je savais qu'elle me voulait...à contrecœur. Nos langues n'avaient plus cessé de tournoyer l'une contre l'autre. Ma main s'était habillement faufilé sous son sous-vêtement pour effleurer son intimité, jusqu'à la pénétrer complètement. Ses gémissements presque inexistants étaient parvenu à mon oreille lorsque de mes deux doigts, j'avais débuté mes vas-et-viens. Elle ne voulait pas se l'avouer, mais elle adorait ça. Et moi aussi, putain... La voir se faire plaisir rien qu'avec mes caresses me faisait bander... J'étais trop à l'étroit dans mon boxer...mais de toute façon...j'étais toujours trop coincé et renfermé sur moi-même depuis qu'elle m'avait quitté...

Même si j'essaye de te rejeter, de t'oublier, je t'aime quand même...je t'aimais quand même. Avec l'amour en tant qu'unique raison, on se répétait et jurait qu'on garderait notre couple. Mais plus on grandi, plus on est anéanti devant le haut mur de la réalité qui nous étouffe.

Alors qu'elle s'agrippait à moi, me faisant part de son envie, je me détachais d'elle pour la mettre complètement à nu. C'était dans un silence complet, bercé par le bruit de sa respiration, que je commençais à suçoter ses seins, comme si c'était la chose la plus délicieuse au monde. Nos caresses, nos baisers, la façon dont nos deux corps ne demandaient qu'à se rencontrer s'intensifiaient au fil des secondes... C'est fou comme j'étais amoureux de cette fille à ce moment même... Une main sur mon membre, je me masturbais alors qu'elle se frottait contre ma main qui s'activait à me faire plaisir. Savoir qu'elle m'admirait faire m'excitait davantage. Mon pouce s'est amusé à jouer avec ses lèvres tandis que je tirais de plus en plus fort sur mon sexe. Emma s'était emparé de mon doigt pour le mordre, le sucer sensuellement, titillant mes fantasmes bien plus qu'elle ne le voulait.

Je m'étais par la suite emparé de ses deux mains pour les plaquer au-dessus de sa longue chevelure alors que mon désir insatiable s'est lentement mais profondément introduit en elle. J'ondulais contre elle, comme si ma vie en dépendait sans pour autant en devenir trop brusque. Emma a toujours aimé le fait que je sois prévenant et doux avec elle... Je n'ai pas quitté son visage une seule seconde alors qu'elle, elle avait refermé ses paupières pour se laisser porter par la culpabilité et le bonheur qui s'emparait de son corps. Elle pleurait. Elle pleurait toutes les larmes de son corps, gémissant de satisfaction en même temps. J'aurai dû m'arrêter, cessé mes mouvements mais j'en voulais tellement plus d'elle... J'étais idiot, le plus connard qu'il existait sur terre à ce moment-là...pourtant, je l'ai trouvé sublime. Les larmes dévalant ses joues, cette bouche pulpeuse qui m'offrait des bruits plus qu'obscènes et excitants...tout ça l'a rendait indéniablement magnifique.

J'avais fais durer le moment le plus longtemps possible, tentant d'absorber ce souvenir, de me saisir de cet instant, d'inonder mon cœur de cette sensation si agréable. La sentir se resserrer contre moi lorsque je ressortais et rentrais complètement en elle était indéfinissable. Lorsque je tapais contre son point G, la faisant gémir ouvertement, toutes les cellules de mon corps s'éveillaient. C'était incroyable, exquis, merveilleux...la meilleur baise de toute ma vie...

Ça ira...je te console, encore et encore... Mais à tes mots disant voir la fin...je ferme doucement mes deux yeux...et par mes larmes coulantes, je relâche tous nos souvenirs.

Je me suis vidé en elle en lâchant toutes mes larmes en même temps. Puis se fût la fin. Définitivement. Je l'ai abandonné, m'allongeant complètement près d'elle, attendant un mot, un regard...mais rien. Elle évité mon contact visuel, elle évité ma personne, mon cœur, mes sentiments...jusqu'à ce que je quitte son appartement, sa ville, son pays...sa vie... C'était les adieux les plus douloureux de toute ma vie. Des adieux que je ne voudrais plus jamais connaître.

° ° °

– « Qu'est-ce que vous ressentez lorsque vous pensez à elle aujourd'hui ? » me demande-t-il, les jambes croisés, un stylo dans sa main. Ce que je ressens ? Je ferme les yeux, essayant de trouver les mots juste pour définir mon ressenti.

– « Je lui en suis reconnaissant. » dis-je simplement. Il m'interroge du regard, attendant que je développe un peu plus ma pensée. « Même si plus jamais je ne veux connaître l'amour...je suis heureux d'avoir pu aimer...au moins une fois. »

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