Ça ne Signifie Rien

Des sanglots résonnaient dans le couloir où venait d’arriver Drago Malfoy. Poudlard avait été totalement détruite par l’attaque. Chaque couloir, chaque salle, chaque escalier était en ruine…

Il se baladait à travers les restes, le teint livide.

Tous les élèves, ainsi que les professeurs, avaient été évacués il y a de cela deux heures. Mais le blond était resté entre les murs de cette école, qui l’avait abrité durant sept longues années.

Il se sentait tellement coupable de ce qui était arrivé.

Il se détestait. Il se dégoûtait.

Et par-dessus tout, il haïssait la marque qui ornait son bras gauche.

Il s’arrêta en percevant les sanglots étouffés, tentant de savoir d’où ils venaient, mais surtout de qui ils venaient.

Derrière un tas de débris, il découvrit, recroquevillée sur elle-même, une lionne à la crinière flamboyante qu’il avait méprisée, jalousée et insultée pendant des années.

Hermione Granger pleurait à chaudes larmes, tenant fermement son avant-bras droit de sa main.
Ses reniflements étaient la seule chose qui brisait le silence. Poudlard était totalement vide, excepté eux. Les deux survivants les plus blessés psychologiquement de cette guerre.

D’un côté, son appartenance forcée aux ténèbres envahissait le bras du jeune homme qui fit tous les mauvais choix à cause de sa famille.
Et de l’autre, le rang de son sang était gravé à jamais sur son bras, reflétant la guerre et tout le mépris qu’une partie du monde sorcier avait pour la jeune femme.
 
Le Serpentard posa doucement une main, qui se voulait apaisante, sur l’épaule de son « ennemie ». Celle-ci sursauta et se retourna vivement lorsqu’elle reconnut le blond. Cachant toujours fermement son avant-bras, elle dit, d’un ton qui se voulait dur, mais dont la tristesse transparaissait très nettement :

-Qu’est-ce que tu fais là, toi ? Tu veux venir achever la Sang-de-Bourbe ? Vas-y, ne te gêne pas ! Tu ne seras pas le premier de toute façon… Ajouta-t-elle, plus bas, dévoilant sa cicatrice au grand jour.

-Granger…

Le vert et argent n’avait aucune mauvaise attention, la guerre l’avait, lui aussi, ravagé. Il se rapprocha doucement de la jeune fille qui, par miracle, ne recula pas.

Il prit délicatement son avant-bras, et caressa les mots inscrits : « Sang-de-Bourbe ». Hermione regardait en l’air ne voulant plus voir cette infâme chose. Malgré tout, une larme coula sur sa joue.

-Granger. Appela-t-il, afin qu’elle le regarde dans les yeux.

Mais ladite Granger s’obstinait à fixer l’horizon. Alors, tout doucement pour ne pas la brusquer, il réitéra :

-Hermione… Regarde-moi.

Elle tourna enfin son regard vitreux vers lui, et il accrocha son regard au sien, la fixant intensément.
Des yeux bleus, accrochés à des yeux noisettes.

Lorsqu’il sut, à travers son regard, qu’il avait sa confiance, il asséna d’une voix grave et sûre :

-Ça ne signifie rien.

-C’est faux. Répondit la lionne, d’une voix tremblante.

-Cette insulte ne vaut rien. Tu es peut-être une née-moldue, ce sont tes origines, mais ça ne fait pas de toi une mauvaise sorcière, tu n’es pas du tout inférieure aux autres…

Une seconde larme fit son apparition et Hermione leva les yeux au ciel, tentant de détourner le regard. Elle souffla un « c’est toi qui dit ça ». Mais le serpent continua son discours coûte que coûte, redressant le menton de son interlocutrice gentiment, afin qu’elle raccroche ses yeux aux siens.

-Je sais que je t’ai beaucoup insultée à ce sujet et, de fait, je ne suis pas le mieux placé pour te réconforter. Mais j’ai été vraiment idiot de croire et de suivre mon père. Tout cette mascarade autour du sang n’est qu’un ramassis de bêtises, si tu savais comme je m’en veux. Mais lorsque je m’en suis rendu compte… C’était trop tard, on était trop loin, ma famille était en danger permanent, je ne pouvais plus reculer. Mais crois-moi, cela fais des années que je n’y crois plus. Toi, et tous les autres sorciers, nous sommes égaux, peu importe nos origines ou notre sang. Tu es même la plus brillante de toutes les sorcières que j’ai pu rencontrer ! Et Salazar sait que j’en ai vu du beau monde.

La jeune fille laissa échapper un léger rire après la pointe d’ironie, ce qui réchauffa le cœur de Drago. Mais elle avait été très ému par le discours de ce dernier.

Elle murmura un « Merci » et baissa les yeux sur la main du sorcier, tenant toujours son poignée.
Ses manches ne dévoilaient rien, mais Hermione savait que lui aussi souffrait d’une marque, et ce, pour la vie.

Elle renversa les rôles en attrapant doucement son bras à lui. Elle remonta lentement le tissu jusqu’à ce que la marque des Mangemorts soit totalement visible. Elle asséna :

-Alors… Ça ne signifie rien non plus.

Les yeux de Drago fixaient la tête de mort tatouée sur son bras.

Il secoua la tête et remis sa manche vivement, décrétant :

-Ça n’a rien à voir. Ça veut tout dire : je suis un monstre.

Il commença à s’en aller mais la lionne le rattrapa, le prit par les épaules et le retourna de force vers elle :

-Au contraire ! Tu me l’as dit toi-même, cela fait des années que tu n’y crois plus, tu as fait ça pour protéger ta famille, tu n’as pas eu le choix ! Cette marque ne veut rien dire, tant que tu n’y adhérais pas, tant que tu avais de bonnes raisons…

-Mais Hermione ! Hurla le jeune sorcier. Je suis un Mangemort ! Je suis comme eux ! Je fais partie des monstres qui ont fait ça !

Il montra les ruines de Poudlard, puis ajouta, plus doucement, pointant le bras droit de son interlocutrice :

-Je fais partie de ceux qui t’ont fait ça.

-Non tu n’es pas du tout comme eux ! Cria-t-elle.

Elle s’avança, le prit dans ses bras, l’empêchant de s’en aller et de continuer à déblatérer autant de calomnies. Elle chuchota, la tête contre son torse :

-Plus important encore, tu n’es pas un monstre Drago…

A ces mots, il referma ses bras autour de la jeune fille, laissant aller sa tristesse.
 
Ils restèrent une heure comme cela, avant que Drago ne propose de partir d’ici.

Ils allèrent dans la maison d’enfance d’Hermione, n’ayant nul autre endroit où aller pour être tranquille.
A cette période, ses parents étaient partis loin en vacances, ne se souciant pas de leur fille unique dont ils ne se rappelaient malheureusement pas l’existence…

Les deux sorciers entrèrent dans un calme plat. Leurs pas résonnaient dans la maison vide des Granger.

Hermione prépara des lits pendant que le jeune homme se lavait.
Toujours dans un silence parfait, elle partit prendre sa douche après le retour de Drago.

Une fois tous les deux lavés et habillés, la lionne débarqua dans la chambre, munie de bandages à la main.

Elle passa trente minutes à enrouler leur bras meurtris avec le tissu blanc. Puis elle prit la main du Serpentard et ils reparlèrent pour la première fois, en chœur :

-Ça ne signifie rien.

Hermione offrit un sourire timide au beau jeune homme en face de lui, qui fondit immédiatement sur ses lèvres.

Leur baiser passionné prit fin quelques instants plus tard, alors que leur amour naissant ne prit jamais fin.
 

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