Le Jeu de l'Organisation (1)

Hermione Granger était en septième année à l’école de Poudlard pour la deuxième fois.

La première avait été tellement mouvementée qu’elle en avait recommencé une après la grande guerre pour finir correctement ses études et passer ses examens dans de bonnes conditions.

Pour sa plus grande joie, la plupart des élèves avaient fait pareil, Ginny était à présent dans sa classe (n’ayant pas souhaité recommencer sa sixième année, bien que chaotique) et pour couronner le tout la lionne avait été choisie par McGonagall pour être non seulement préfète mais surtout préfète-en-Chef !

Pourtant, en ce milieu d’année, peu avant les fêtes de Noël, c’était la troisième fois déjà qu’elle regrettait ce poste.

Tout d’abord, elle avait déploré ce grade en apprenant que son homologue de Serpentard serait Drago Malfoy, lui aussi de retour à Poudlard en liberté conditionnelle et censé se repentir de ses crimes.

La deuxième fois qu’elle regretta son nouveau titre fut quand elle sut qu’elle devrait partager un appartement avec lui. Ce qui signifiait le croiser tout le temps et ne plus être avec tous les Gryffondors qu’elle aimait tant, dont ses trois meilleurs amis.

Et la dernière remontait au matin-même quand la directrice leur avait annoncé qu’ils devraient coopérer pour préparer un bal de Noël qui ferait du bien à tous les élèves et qui rendrait cette année un peu plus joyeuse.


Ils étaient censés avoir une semaine pour terminer toute l’organisation des préparatifs, mais Hermione avait soigneusement fui leur salle commune toute la semaine pour éviter d’avoir à faire cette horrible tâche : coopérer avec son ennemi.

Ledit ennemi n’avait pas été spécialement méchant avec elle depuis le début de l’année, mais dès qu’elle le voyait, la brune ne pouvait s’empêcher de repenser aux horreurs de la guerre et à la cicatrice sur son bras où l’on pouvait lire ‘sang-de-bourbe’.

C’était comme si, à la simple vue du Serpentard, sa cicatrice se rouvrait et la faisait souffrir encore et encore…

Mais samedi matin, alors qu’elle commençait ses devoirs pour le vendredi suivant, confortablement installée au petit bureau de sa chambre de préfète, son homologue toqua et rentra sans même attendre de réponse.

- Je ne te permets pas de rentrer dans ma chambre comme ça ! Lui lança-t-elle avec un regard dur et méprisant.

Le jeune homme debout au milieu de la pièce leva un sourcil et souffla d’exaspération.

- Granger, j’ai bien remarqué que tu m’as évité toute la semaine pour ne pas avoir à organiser ce stupide bal, mais on y est obligé alors viens dans la salle commune, ça prendra pas longtemps.

Elle leva les yeux au ciel et asséna, en se replongeant dans ses grimoires :

- Parce que tu crois que c’est l’organisation que j’évite ? Et non pas ta sale tête de fouine et de traître.

Le Serpentard s’approcha du bureau et ferma violemment le livre sous le nez de sa colocataire.

- Mais ça ne va pas dans ta tête ? Qu’est-ce qui te prends ?

- Je fais tout mon possible pour rester courtois, tu pourrais au moins essayer de faire pareil et venir organiser cette fête avec moi.

Il n’avait pas haussé le ton, mais l’agressivité contenue fit frissonner la lionne qui ne se démonta pas pour autant et répliqua :

- Comment pourrais-je être courtoise avec un lâche comme toi ?

- Tu es tellement agaçante Granger !

- Pourquoi ? Parce que je suis une Sang-de-Bourbe ? Hurla-t-elle sur Malfoy, bien décidée à révéler sa vraie nature et à le faire virer de sa chambre, de cet appartement et même de Poudlard.

- Ne prononce plus ce mot et viens dans la salle commune, on a du travail.

- Non.

- Arrête de faire l’enfant ! S’exaspéra le vert et argent.

Hermione se leva de sa chaise en bois mais resta plantée au milieu de la pièce, les bras croisés sur sa poitrine et les sourcils froncés.
Une enfant de cinq ans en somme, il ne manquait plus qu’elle tire la langue.

Au lieu d’énerver Malfoy, ce qui était le but escompté, cela lui donna une idée.

- Puisque tu es une enfant, je vais te traiter comme tel.

Cette simple phrase fit lever un sourcil interrogateur à la lionne trop curieuse, mais ne la fit pas bouger de son poste, trop têtue pour cela.

- Tu ne sortiras pas de cet appartement de tout le week-end, tant qu’on n’aura pas fini les préparatifs !

- Mais…

- Pas de ‘mais’ jeune fille ! Je t’attends en bas dans un quart d’heure, et avec le sourire en prime !

Cet échange surréaliste et amusant fit sourire et se résigner la lionne qui ne voulait quand même pas décevoir son professeure préférée et actuelle directrice de l’établissement.

Aussi, elle prit son dernier quart d’heure de liberté pour s’habiller et rassembler les quelques idées qu’elle avait eu malgré elle dans la semaine pour le bal qui se déroulerait dans quelques jours seulement.

Et puis, si Drago Malfoy était devenu ‘courtois’ comme il disait et plaisantin comme elle venait de le voir, ça n’allait pas être aussi terrible qu’elle se l’imaginait.

Mais ça, c’était sans compter sur leur deux caractères têtus, leur esprit de contradiction, l’éternel combat Gryffondor/Serpentard ainsi que leur haine mutuelle…

Donc à peine dix minutes après s’être assis devant la table basse du salon avec leurs idées respectives, les cris, les insultes et les indignations fusaient déjà comme des lutins de Cornouailles.  

- Non mais ça va pas, les couleurs principales ne seront pas rouge et doré !

- Ce sont des couleurs de Noël ! Se défendit la jeune fille, courroucée de tant de répulsion pour son idée.

- Ne me prends pas pour un Véracrasse, ce sont surtout les couleurs de Bouffondor !

- Ah ouais ? Et on en parle de tes idées ?

- Qu’est-ce qu’elles ont mes idées ? Riposta le vert et argent sur un air de défi.

- Tu te fiches de moi, n’est-ce pas ? Tu veux qu’on affiche un immense portrait de toi au-dessus d’une fontaine pour que tout le monde jette une Noise et fasse un vœu ?

- Oui et donc ? Demanda le Serpentard, ne comprenant pas en quoi sa suggestion était absurde.

- C’est le bal de Noël Malfoy, pas ton anniversaire ! Comment ai-je pu oublier que ton ego faisait la taille d’un géant… Se lamenta-t-elle.

- Granger, ne rêve pas, le thème ne sera pas ‘Princes et Princesses’…

- Les tenues ne seront pas en peau de serpents !

- Les parents ne seront pas conviés, un point c’est tout !

- Alors ça ne se passera pas dans les cachots. Asséna la lionne, refusant l’idée d’un Noël aussi lugubre.

- Il n’y aura pas tous les portraits des gens morts pendant la guerre, ce bal est fait pour redonner de la joie, pas pour refaire tomber en dépression !

- Tu préfères sûrement un portrait de Voldemort, sale fouine !

A ces mots, ils se toisèrent mutuellement d’un regard méchant, puis se mirent de dos en boudant pour pas que cela ne dégénère encore plus.

Après vingt longues minutes d’un silence plus que pesant, les deux préfets se retournèrent l’un face à l’autre et soufflèrent d’épuisement.

- Tu as refusé toutes mes suggestions… Fit la rouge et or, tristement.

- Et toi, toutes les miennes.

Elle se retint très fortement de lui dire que c’était parce qu’elles étaient toutes stupides comparées aux siennes car elle ne voulait pas raviver le débat.

- Comment on va faire, il est déjà l’heure de manger et je n’ai pas le droit de sortir d’ici tant que ce n’est pas fini. Sourit tristement la lionne.

Le serpent en face d’elle pouffa du nez, se leva et annonça :

- Je vais descendre à la Grande Salle pour nous prendre des trucs à manger et quand je reviens on s’y remet sérieusement.

Elle hocha la tête, voyant qu’elle n’avait vraiment pas le droit de sortir mais ne voulant surtout pas réprimer cet acte de gentillesse de la part de Malfoy.


    Pendant qu’elle attendait le blond, enfin plutôt la nourriture qu’il allait rapporter, elle essaya de trouver d’autres idées, qui pourraient plaire à tout le monde.

Mais c’était beaucoup plus dur qu’il n’y paraissait, aussi, lorsque le portrait s’ouvrit sur un Drago Malfoy les bras chargé d’aliments en tout genre, sa liste de suggestions était encore maigre :

    Quatre sapins, un de chaque couleur de maison

    Plusieurs petites tables rondes pour que chacun s’assoit où il veut

   Tenues chics sans contraintes

   Pas d’alcool

Le Serpentard déposa toutes ses trouvailles sur la table et arracha la feuille des mains de son homologue pour la lire à son tour.

Cette dernière ne riposta pas et se jeta sur son déjeuner.

- Tu rayes : « pas d’alcool » et les autres me vont.

- C’est déjà ça, mais alors, s’il y a des dégâts dû à l’alcool, c’est toi qui nettoie Malfoy !

- Je demanderai à un des elfes de maison. Fit-il nonchalamment en haussant les épaules.

Hermione leva les yeux au ciel mais ne répliqua pas.

- J’ai eu une idée moi aussi pendant que je traversais le château.

- Non Malfoy, les Gryffondors ne seront pas interdits de bal ! Rit la jeune fille, en s’attendant tout de même au pire.

Ledit Malfoy fit semblant de rayer cette idée d’une liste imaginaire et pesta en plaisantant :

- Franchement Granger, c’était ma seule condition !

Ils rirent de bon cœur en passant presque un bon moment avec leur plus vieil ennemi, avant qu’il ne reprenne :

- Non sérieusement, j’ai une idée pour nous mettre d’accord : le hasard !

- Comment ça ?

- On dit un thème, puis chacun énonce son idée pour le thème et on tire à pile ou face laquelle sera gardée.

La lionne haussa les épaules, ce devait être en effet le seul moyen pour les mettre d’accord rapidement alors elle accepta...

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- Hum… La musique ?

- Facile, les Bizzar’ Sisters !

- Ça fait un peu déjà vu Malfoy, non ?

- T’as quoi de mieux ? Rétorqua-t-il, sûr de lui.

- Celestina Moldubec !

- Mais c’est pour les minettes ça, roh…

- De toute façon, c’est la pièce qui décide.

Il lança le Gallion qui tournoya dans les airs avant de retomber sur le dos de sa main :

- Face ! Ah ah ! Les Bizzar’ Sisters Grangy !

- Mais c’est injuste, ça fait trois fois que je perds… Pour la musique, pour la nourriture et pour les boissons… Pour le prochain je choisis face !

- Mauvaise joueuse ! La nargua le Serpentard assis en face d’elle, et visiblement très fière de lui.

Résignée, elle nota « Bizzar’ Sisters » sur le parchemin qu’ils comptaient rendre à McGonagall le lendemain puis proposa :

- La piste de danse ? Moi je pense devant la scène avec les musiciens et les tables derrière, vers la grande porte.

- Mais non, au milieu de toutes les tables, Miss-je-sais-tout. Donc toi face, et moi pile.

Ladite Miss-je-sais-tout regarda attentivement la pièce s’envoler puis retomber dans les mains pâles de son colocataire et croisa les doigts :

- Pile ! Désolée Grangy !

- Mais c’est pas possible ! J’ai pas de chance aujourd’hui…

Elle griffonna sur son parchemin et demanda :

- La déco ? Hormis les quatre sapins que tu as déjà validés, et que je vais noter dès maintenant…

- Tout en différentes teintes de verts, et les tabourets seront des gros cadeaux !

- N’importe quoi, les tables et chaises en neige aussi douce que du coton, des flocons qui tombent du plafond et une grande sculpture de glace en forme d’hippogriffe sur l’estrade.

- Tu vois grand dis donc ! Plaisanta le blond avant de lancer la pièce de monnaie, persuadé qu’il allait encore gagner.

- Yes ! Face ! Cette fois c’est mon idée, enfin ! Cria la Gryffondor, heureuse d’enfin gagner surtout sur un thème aussi important que la décoration.

Ils continuèrent toute l’après midi et même jusqu’à tard dans la soirée, avec un taux de victoires Malfoy si impressionnant qu’Hermione dû vérifier si la pièce n’était pas truquée ou même ensorcelée.


     Le lendemain matin, Drago se réveilla avec une douleur lancinante dans le crâne et dans le dos. Il releva la tête et découvrit qu’ils s’étaient tous les deux endormis sur la table recouverte de parchemins en tout genre.

Une table étant un lieu très peu confortable pour dormir, cela expliqua l’état de son dos et de sa tête.

Il s’étira, puis son regard tomba sur la Gryffondor encore profondément endormie en face de lui.

Il en profita pour détailler son visage paisible, ses cheveux désormais assagis, ses mains pleines d’encres et sa bouche inspirant et expirant lentement…

Oui, il l’avait admis il y a déjà quelques mois de cela, Hermione Granger était belle. Mais elle était bien plus que cela.

Elle était belle, intelligente, compétitive, battante, courageuse et il l’admirait.

Pendant les événements de la Guerre, elle l’avait impressionné, et maintenant qu’il partageait un appartement avec elle, la lionne le fascinait de plus en plus.

Mais dès qu’elle le voyait, son regard changeait, son visage se fermait, elle avait toujours des mouvements de recul et il n’aurait su dire pourquoi, mais ces petits gestes inconscients piétinaient les cendres de son cœur de pierre déjà abattu par la guerre, sa famille, le procès et tant d’autres horreurs dont il était témoin et parfois même acteur…

Soudain, la lionne qu’il détaillait, perdu dans ses pensées, papillonna des yeux et releva la tête, sortant d’un long et profond sommeil.

Drago fit alors semblant de se réveiller pile en même temps pour ne pas qu’elle sache qu’il l’observait depuis cinq bonnes minutes.
Elle lui adressa un regard interrogatif, ne comprenant pas ce qu’ils faisaient tous les deux autour de la table au réveil, lorsque le blond explosa d’un rire spontané.

- Qu’est-ce qu’il t’arrive, Malfoy ? Demanda la jeune fille en bâillant et en tentant de se recoiffer.

- Tu… Tu… Ah ah ah…

- Mais arrête de te moquer et explique-moi enfin  ! S’impatienta-t-elle.

En fait, la lionne s’était endormie, la joue plaquée sur un des parchemins, et avait désormais marqué « jette une Noise et fais un vœu » sur la joue gauche, ce qui faisait se bidonner le serpent assis en face d’elle.

Entre deux éclats de rire, il lui montra sa joue, alors elle se précipita devant un miroir et après avoir gémit de honte, elle se rendit compte du ridicule de la situation et se mit à rire avec son colocataire.

Ils prirent la salle de bain, chacun leur tour, puis se rassirent devant la table pour fignoler les derniers détails.

Une fois la liste complète entre les mains, les deux préfets se rendirent jusqu’au bureau de la directrice pour la lui remettre.

Pendant que les escaliers se dévoilaient lentement derrière la gargouille, Hermione scruta la fameuse liste de préparatifs pour le bal de Noël et soupira en montant les premières marches :

- Je suis vraiment une perdante, je n’ai presque jamais gagné…

- Ce n’est pas vrai. Rétorqua le jeune homme sur ses pas.

- Nomme un truc que j’ai gagné.

Ils étaient arrivés devant la porte du bureau, alors le Serpentard toqua puis regarda son « ennemie » et sourit :

- Mon cœur.

A suivre...

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