Seokjin - Trivia : Love Pt. 2

Bonifacio dans le Sud de la Corse, automne, année 1882

Narrateur : Seokjin

Hier soir, Ange étais venue à la crique. Je l'avais attendu treize mois, jour et nuit, sur le même rocher espérant un jour revoir sa magnifique silhouette d'un mètre cinquante-sept, ses cheveux soyeux, sa belle peau douce, ses petites mains toutes mignonnes, son sourire angélique, ses prunelles éclatantes et ses lèvres charnues. Elle m'avait annoncé hier que sa famille allait partir pour la capitale de son Etat. Paris est le nom de cette dernière, la ville se situe beaucoup plus au Nord et surtout, sur une autre « terre ». La jeune femme, sous l'étincelante pleine lune, avait essayé de sourire du mieux qu'elle le pouvait, cependant j'avais bien évidemment remarqué sa peine. C'est pour cela que je l'avais prise dans mes bras puis nous avions versé nos larmes ensemble, pleuré notre désespoir de ne plus se revoir, de se séparer. Mon amante me fit comprendre qu'elle tenterait de revenir dès qu'elle le pourrait, mais que cela n'arriverait pas de sitôt.

Après cela, nous nous étions embrassés passionnément, et ensuite elle était repartie pour une durée indéterminée, traînant des pieds sur le sable fin jusqu'à la falaise.

En ce moment je suis à côté de Hoseok, mon ami d'enfance, nous sommes tous les deux nés sirène et cela ne nous a jamais dérangé ou quoique ce soit.

Hobi (surnom donné à Hoseok) et moi regardons l'horizon, discutant de tout et de n'importe quoi, de véritables enfants qui ont cependant déjà dix-huit ans.

« -Penses-tu que cela existe des poissons qui peuvent vivre sur terre ?

-Aucune idée Hoseok, ce que je sais c'est que les humains ont la capacité d'aller sur l'eau et même dans l'eau ! Seulement pour une courte durée...

-Mais c'est incroyable, ils ont de la chance, nous on ne peut pas.

-Sauf si l'on tombe amoureux d'un ou bien d'une humaine, que cet amour est réciproque, que ce ou cette dernière accepte de nous embrasser et que cette personne accepte aussi de passer sa vie avec nous quoiqu'il arrive sinon cela va être un peu compliqué.

-En plus c'est plus simple pour vous, moi trouver un homme qui pourrait potentiellement m'aimer ce serait déjà un exploit.

-Ne dis pas cela abruti ! Je suis certain que tu trouveras quelqu'un avant de te transformer en tas d'os ou encore en casse-croûte pour les requins.

-Ne parle pas de malheur, je t'en supplie ! »

Nous éclatons de rire, tout cela semble si impensable. Pouvoir vivre hors de l'eau, marcher avec des jambes, se nourrir d'autres aliments que des poissons, des planctons, des algues et une quantité hallucinante de coquillages. Soudain, le visage de ma bien-aimée réapparaît dans ma tête. Des larmes coulent le long de mes joues, je commence à renifler, mes yeux doivent sûrement avoir pris une couleur rougeâtre. Je pose mon front sur mes deux bras croisés, attendant que cette image disparaisse de mon esprit, que je songe à autre chose qu'à elle. Je prends la décision de me lever sur mes mains puis de me propulser à l'aide de celles-ci et ainsi de plonger dans l'eau de la mer. Hoseok me suis, certainement souhaitant des réponses à ses nombreuses questions.

« -Jin ? Hé Seokjin, regarde-moi. Est-ce-que tu vas bien ? Réponds-moi s'il te plaît...

-Ferme-la, j'ai besoin d'être seul. Lui lançais-je froidement. »

Je rentre dans mon petit cocon, ma petite grotte où j'habite et qui contient toute mon existence. Personne ne réside près de « chez moi », les roches transpercent la surface de la mer, elles peuvent être aperçues de la terre comme du ciel, elles ne sont ni cachées ni inaccessibles. Le seul inconvénient est la distance qui les séparent de la côte, si un être humain venait à s'y arrêter sans bateau, il ne pourrait repartir sans y périr au bout d'une dizaine de mètres tellement le courant est fort et les vagues font rages dans cette zone.

La reverrais-je un jour ? Encore une de ces innombrables questions demeurant dans ma tête depuis hier soir. Installé sur mon lit constitué d'une roche plate, froide même dans l'eau chaude de la mer du Sud. Je m'étale de tout mon long sur cette pierre glacée et réfléchis, songe à ma vie sans elle, des pensées négatives envahissent mon esprit meurtri par son absence ainsi que par le fait de ne pas savoir quand est-ce qu'elle reviendra. Un an ? Cinq ans ? Dix ans ? Aucune idée, et cela me désespère au plus haut point.

Hoseok a fini par cesser de m'appeler, j'espère au fond de moi qu'il comprend cette douleur qui me ronge de l'intérieur depuis la veille. Hier soir, cette splendide jeune femme dont je suis certainement tombé amoureux ma offert une pochette qui ne craint pas l'eau contenant son carnet rempli de dessins, paroles, mélodies. En feuilletant les pages (en dehors de l'eau bien évidemment) j'ai aperçu des demi-feuilles où y était représenté des visages d'homme. En inspectant plus en détails les traits de cette personne je me suis rapidement rendu compte que la personne dessiner n'était autre que moi. Cette esquisse est vraiment très bien réalisée, cette dernière est identique à mon reflet dans un miroir. Impressionnant est le seul mot qui me vient en tête en plus de son visage, sa magnifique figure.

Je recommence à pleurer, les larmes coulent le long de mes joues, je vais devoir affronter cette tristesse.

Bonifacio dans le Sud de la Corse, hiver, année 1884

« -Seokjin sors de là ! Il faut que tu sortes sinon du va être malade ! hurle Hoseok à l'entrée de ma chambre.

-Laisse-moi tranquille, toi il ne t'arrive jamais rien...

-eh bien si figures-toi ! Depuis plus de deux semaines, trois jours, quatre heures et cinquante-six secondes je m'embêtes car mon meilleur et seul ami ne daigne pas à montrer le bout de son nez, car je cite : Il ne reverra plus sa bien-aimée qui lui a promis de revenir !

-Hm. »

Hoseok est décidemment quelqu'un qui sait comment convaincre une personne pour faire quelque chose qu'elle n'a absolument pas envie de faire.

Je sors de ma caverne puis mon ami me saute dessus et me prend dans ses bras, son sourire contagieux aux lèvres. Mes lèvres s'étirent contre mon gré, le voir heureux a toujours été un réel plaisir et extrêmement réconfortant dans les moments plus difficiles.

C'est vrai au fond, je la reverrais sûrement un jour par hasard ou non, seulement, c'est ce vide à l'intérieur de moi qui me rend mal, qui me fait souffrir, pleurer, crier jusqu'à avoir l'envie de ne plus jamais me réveiller dans ce monde que je considère réellement exécrable par moment. Ces mauvais jours sont ceux où mon meilleur ami n'est pas là car il a un empêchement, les journées que je passe seul sont vides, sans aucun intérêt, aucune lueur d'espoir.

« -Allez viens Jinnie ! s'agite Hobi, semblant très impatient.

-Patiente un peu le temps que je m'étire. Je ne suis pas aller nager pendant quatorze jours, respecte ton aîné jeune homme ! lui dis-je en ricanant.

-Mais dépêche-toi un peu, en plus on a que sept jours d'écart. Je veux te montrer un rocher duquel on peut observer toute la crique, les couchers et les levers de Soleil, les clairs de Lune et même la plage donc, si elle revient par je ne sais quel miracle tu pourras la revoir avant tout le monde, nager à grande vitesse en direction des falaises, atteindre la côte pour ensuite sauter et lui faire un gros câlin plein d'amour ! »

Hoseok a depuis son plus jeune âge une âme d'enfant, une âme féérique, innocente (oui vraiment innocente) sans aucun dégât comme la dépression, la séparation, le manque ou encore la maladie. C'est pour cela que cette véritable pile électrique apprécie venir en aide à ceux qui souffrent mais malheureusement, il est considéré comme une sirène étrange, qui ne mérite pas d'être parmi nous selon nos congénères aquatiques. Voilà la raison pour laquelle Hoseok reste à mes côtés, car je suis certainement l'unique personne qui l'accepte comme il est. Si seulement je pouvais lui trouver une personne lui ressemblant, Hobi serait tellement heureux.

« -Allez ! Monte! Grosse matière fécale fermentée ! s'écrit Hoseok perché en haut de la pierre, la queue à moitié dans la mer.

-Pardon ? Qu'est-ce-que c'est que ce langage inadapté, jeune fripon ?

-Excuse-moi Seokjin. J'essaie juste de ressembler aux autres, comme je peux... Je t'en prie ne me laisse pas ! dit-il soudainement rongé par la panique de m'avoir mal parler donc de « me perdre ».

-Je ne t'abandonnerais jamais Hoseok, cependant, ne change pas pour plaire aux autres, change pour plaire à toi-même.

-Merci Jin. »

Après notre petite discussion, je le rejoins sur le rocher légèrement chauffé par les rares rayons de Soleil qui on réussit à transpercer l'épaisse barrière de nuages. Mon ami m'explique que depuis plusieurs jours de nombreuses rafales de vent détruisent la côte, les vagues engendrées brisent les coraux, tuent les animaux, refroidissent la température de la mer et bien d'autres conséquences perturbent le système mis en place.

Intérieurement, je prends la décision de me rendre chaque jour ici, sur cette roche. J'ai ce désir insoutenable de vivre à l'extérieur, libre, apaisé, avec elle. Je n'en ai que faire des évènements néfastes sous l'eau, chez moi, je ne souhaite plus me préoccuper d'eux... Ceux qui ne nous acceptent pas.

Bonifacio dans le Sud de la Corse, été, année 1891

Narrateur : Ange

Je pose mes pieds nus sur le sable de la plage. Le clair de Lune nous éclaire, Yoongi mon cousin de vingt-huit ans et moi, maintenant âgée de vingt-sept ans. Cela doit neuve ans que je ne m'étais pas rendue à Fazzio, cette magnifique crique, même sous le ciel nocturne la mer demeure limpide et tout simplement splendide.

« -Cela me rappelle tellement mes années d'enfance et d'adolescence... dis-je dans un murmure qui semble être parvenu aux oreilles de mon cousin.

-Comme ? Des bons, des mauvais, des magnifiques, des horribles, détaille à présent car tu viens d'attiser ma curiosité. Me répond-il.

-Des souvenirs de prison, enfermée chez moi contre mon gré auprès d'un père ingrat mais aussi des merveilleux, comme le jour où je l'ai rencontré et où nous nous sommes embrassés passionnément un an après, avant que je ne parte pour Paris.

-Attends, tu es en couple avec quelqu'un, tu ne m'en a jamais parlé et mademoiselle n'a pas osé me le présenter ?

-C'est plus compliqué que cela Yoongi, vraiment...

-Pourquoi dis-tu cela ? Tu aurais pu l'invité, même en cachette, à la maison ou bien dans un troquet, non ?

-Parce que ce n'est pas un humain à proprement parlé.

-Donc si ce n'est pas un humain « à proprement parlé », qu'est-ce ?

-Une sirène, celle que nos pères avaient capturés en 1881 et que j'avais libéré sans aucune autorisation deux ou trois jours après.

-Je vois, il y eu un court silence qu'il brise tout à coup. Si nous allions partir à la recherche de ta sirène bien-aimée ? Cela nous changera des journées à rien faire en ville !

-Euh pourquoi pas mais je ne sais pas où il est moi.

-Réfléchis deux secondes, s'il te plaît. Tu l'as rencontré à Bonifacio, il venait de Fazzio et depuis tu l'as toujours revu dans CETTE crique toujours à FAZZIO. Après cela tu me demandes encore où l'homme que tu aimes, et qui t'aime réciproquement, se trouve ? Ne te paies pas de ma tête jeune fille.

-D'accord ! J'arrête, j'arrête, promis ! dis-je en levant les mains en signe d'abandon face à lui et ses réflexions.

-Bien, en avant mauvaise troupe ! hurle-t-il à en briser mes tympans tout en courant en direction de la mer. »

Nous repérons un chemin de plusieurs rochers presque parfaitement alignés un peu plus loin sur la droite de la crique. Nous nous en approchons alors. Mon cœur bat à tout rompre, je vais sûrement le revoir dans peu de temps, pouvoir l'embrasser, le prendre dans mes bras sans me soucier de l'homme qui me sert de père. Je présenterais mon amour et Hoseok à Yoongi, je suis certaine qu'ils vont bien s'entendre malgré le fort caractère de mon cousin. Le sourire aux lèvres, je tente tant bien que mal de suivre Yoongi en courant, ce qui n'est pas chose facile vu à la vitesse où il court.

« -Attends-moi Yoongi ! criais-je pour qu'il daigne à se retourner et à ralentir l'allure.

-Bas alors on a perdu sa vitesse de jeune gazelle ?

-Arrête... Ce n'est pas à prendre à la rigolade. »

En effet, depuis que je suis partie de Corse j'ai développé un problème cardiaque. Je ne sais pas si nous pouvons le soigner ou quoi que cela soit, seulement j'ai peur, peur de ne pas m'en sortir et de devoir abandonner ceux que j'aime.

Celui parti devant revient sur ses pas et court dans ma direction. Arrivé à ma hauteur ce dernier m'enlace tendrement, doucement, calmement.

« -Désolé, sur le coup je n'y avait pas pensé, il me relâche un peu puis me regarde dans les yeux. Allez, allons-y, plus lentement cette fois-ci ! »

Nous nous remettons à marcher puis nous parvenons à rejoindre les roches plongées dans l'eau.

Yoongi me prend délicatement la main, je le suis, confiante et persuadée qu'il sait ce qu'il fait. Mon cousin pose en premier son pied, ensuite il saute de pierre en pierre jusqu'à la sixième puis il se retourne et m'incite à le suivre. J'y vais prudemment, je ne suis pas très rassurée mais Yoongi m'encourage du mieux qu'il le peut. J'ai certes vingt-sept ans cependant à force de rester chez sans ne pouvoir rien faire, j'ai comment dire... commencer à craindre toutes les choses que je ne connaissais pas tel que bondir de rocher en rocher remplis d'algues glissantes sur toute leur surface.

« -Je vais y arriver... Je vais réussir à le faire. Me dis-je pour me détendre ainsi que me motiver. »

Cet à cet instant que je m'élance sur les roches et que je parvient à rejoindre mon cousin. Il me félicite, puis me montre le nombre de rochers qu'il reste : pas moins de vingt-et-un rochers... Sérieux ?

« -Alles nous allons y arrivé ! En tout il y a vingt-sept pierres, comme ton âge. Quelle coïncidence ! Si cela en est une. Me dit-il en me lançant un regard qui veut en dire long sur ce qu'il pense en ce moment. »

Je ne lui réponds pas. J'entame de parcourir le reste du chemin, c'est périlleux et certainement dangereux mais je désire le retrouver, je l'aime après tout.

A le dix-septième je manque de tomber dans l'eau, seulement Yoongi est plus rapide que la gravité et il réussit à me relever sans que je n'ai aucune égratignure. Un véritable dieu cet homme, il mérite tellement de trouver la personne qui lui correspond, enfin, l'homme qui lui correspond. Sur cette chute particulièrement ridicule nous nous remettons en route. Je décide de m'asseoir sur le rocher suivant, tiens, quelque chose y est marqué : Angeu saranghae. Je me demande ce que cela signifie.

Les minutes passent, Yoongi et moi nous relevons et finissons le trajet tranquillement sans ne rencontrer un quelconque obstacle. De l'ultime roche, nous pouvons apercevoir au loin une plus grande et vaste pierre sur laquelle se trouvent deux individus admirant la pleine Lune de cette douce soirée d'août. Les deux personnes à l'horizon, leurs écailles sont pour l'une vertes et l'autre oranges avec des nuances de rouge et de corail. Soudain l'une d'entre elles nous pointe du doigt, son « ami » tourne alors la tête vers nous pour ensuite plonger dans la mer. Je ne comprends pas pourquoi ces derniers ont réagi comme cela, cet étrange mais ils ont peut-être tout simplement pris peur.

Tout à coup une ombre passe à la surface, une sirène que je n'avais jamais vu auparavant ; ses écailles sont mauves, une couleur qui ressemble fortement aux crocus corsicus, fleurs que l'on peut trouver dans le maquis de l'île. Une seconde ombre fait son apparition, ses écailles à lui (car il a une silhouette qui semble fortement ressembler à celle d'un homme) sont blanches mais un blanc très doux, qui n'éblouit pas les yeux tel les petites ornithogales d'Arabie. Une troisième ombre apparaît, mais qu'est ce qu'ils ont tous à se ramener comme bon leur semble ?! Ce dernier possède des écailles d'un bleu époustouflant similaire à celui des caryopteris.

Je tourne la tête vers Yoongi qui a les sourcils froncés mais qui en même tant à l'air de contempler ces personnes.

« -Tout va bien Yoongi ? le questionnais-je

-Wow... Ils sont si beaux... prononce-t-il sans m'adresser un regard.

-Yoongi ? Yoongi ! Réponds-moi ! dis-je en commençant à hausser le ton.

-Hum quoi ? dit-il complètement perdu.

-Tu les trouve réellement beaux ? demandais-je.

-Ah cela, euh comment dire... hehe... articule-t-il extrêmement gêné. »

J'arrête alors ma torture pour me redresser tout en restant assise, évidemment vu le mollusque que je suis. Trois têtes apparaissent sur un rocher à environ deux mètres de nous, cela doit être les trois sirènes que nous avons aperçu précédemment. Elles ne nous quittent pas des yeux, leurs regards restent plantés dans les nôtres et cela en devient presque effrayant. C'est au même instant que je remarque que deux des hommes présents devant nous viennent de disparaître, j'ai un mauvais pressentiment.

« -Yoongi, j'ai peur, je ne la sens pas du tout cette histoire. Pourquoi il en manque deux ?

-C'est vrai que ce n'est pas normal, restons sur nos g- ! »

Il est coupé dans sa phrase par l'homme aux écailles mauves qui vient de le plonger dans l'eau par derrière. La main sur sa bouche, mon cousin est emmené au fond de la mer, il se débat mais cela ne sert à rien, je le vois faiblir, je suis effrayée et s'il tuait Yoongi ? Qu'est-ce que je deviendrais ? Et si la prochaine personne sur la liste n'était autre que moi-même, à présent seul sur cette pierre froide ?

L'une de mes nombreuses suppositions se concrétise cependant : je suis actuellement en train de sombrer dans les abysses, la bouche empoignée par une main forte et les yeux clos pour ne pas me les détruire définitivement. Mon dos est posé contre un corps plutôt chaud, j'ai pu apercevoir des écailles bleues juste avant de tomber dans l'eau salée de la crique, l'individu me murmure au creux de mon oreille certaines phrases qui ont le don de me glacées le sang.

« -Reste calme. Il faut seulement que tu saches qu'à partir de maintenant tu es as moi, jeune femme. »

Ma respiration ralentie, je me sens partir, mon cœur ne bat plus aussi vite qu'avant, mes membres s'immobilisent. Je souhaite juste le voir, une dernière fois au moins. Soudain, l'entièreté de mon corps est comme soulevé par une force inconnue. J'ouille seulement mon agresseur hurler de douleur ainsi que mon sauveur me dire qu'il est là et mon « copain » est aussi sain et sauf. Tout à coup je sens le vent frais passer sur mon visage et la fraîcheur d'une roche. A l'aide des dernières forces que je dispose, je crache l'eau de mer rentrée peu de temps avant dans mes poumons. Après cela, je prends de grandes bouffées d'air qui me permettent de me relevée sur mes mains.

« -Ange ! s'écrit une voix que je ne connais que trop bien.

-Yoongi... dis-je alors qu'il me sert tendrement contre lui.

-J'ai bien cru que nous allions y passer, s'ils n'avaient pas été là.

-Qui « ils » ? lui demandais-je dans l'incompréhension.

-Eux. Dit-il avant de prendre ma tête et de la tourner en direction de nos sauveurs.

-Salut Ange !

-Hoseok ? prononçais-je avec un sourire radieux.

-Exactement ! Seokjin est parti car il voulait te laisser toi et ton petit-ami.

-Moi et mon... Quoi ?! puis Yoongi éclate de rire derrière moi.

-Je ne suis pas son petit-ami, je suis son cousin. Lui explique-t-il alors que Hoseok affiche une expression à moitié choquée et à moitié réjouie.

-Tu me rassures Ange. Je fonce prévenir Jin et après nous vous apporterons quelques plats pour vous requinquez ! puis il fait un clin d'œil à mon cousin avant de partir chercher celui que j'aime.

-Il est mignon...

-Yoongi tu parles encore à voix haute !

-Quoi ?! Mince, mais euh tu le connais hum Hoseok ?

-C'est le meilleur ami de Seokjin, si tu veux je peux t'arranger un rendez-vous.

-Vraiment ? tu es sûre qu'il aime les hommes ? Je veux des réponses à mes questions sinon c'est perdu d'avance ! Dit-il tout en mettant son visage pâle entre ses deux mains. »

Soudain j'entends une voix derrière nous, cette voix...

« -Ange c'est bien toi ?

-Seokjin ? prononçais-je en me retournant. Seokjin ! puis je lui saute littéralement dessus.

-Tu m'as tellement manqué...

-Toi aussi, tu ne peux même pas imaginer. Mon Jinnouuuuuuuuuuu !

-Tout va bien. Dit Yoongi toujours là malgré lui. »

Je pivote et le prends lui aussi dans mes bras. Les personnes qui me sont chères sont devant moi, avec moi, comment ne pas être heureuse ?

Après ces retrouvailles Hoseok remmène Yoongi sur la plage, j'espère que mon petit sucre va faire le premier pas. Quant à moi, je demeure aux côtés de Seokjin. Nous nous regardons dans les yeux mais je ne tiens pas très longtemps avant de fondre sur ses lèvres pulpeuses. Nous nous embrassons jusqu'à manquer de souffle, puis il prend la parole.

« -Aimerais-tu être ma petite amie ? me dit-il avec une pointe d'inquiétude dans sa voix qui ne doit pas être dû à l'attente de la réponse à cette question mais peut-être à la suivante.

-Evidemment Jin que je le veux.

-Et, est-ce que tu veux passer le reste de ta vie avec moi, veux-tu m'épouser ? prononce-t-il la voix tremblante en me regardant amoureusement.

-Oui Seokjin, oui je veux t'épouser et rester avec toi jusqu'à la fin. Ensuite je l'enlace de toutes mes forces avec mes faibles bras engourdies.

-Merci... susurre-t-il dans mon cou. »

A la suite de ce merveilleux moment, nous nous dirigeons vers la côte. A peine arrivés que nous apercevons Yoongi et Hoseok en train de s'embrasser avec une douceur sans égal je pense, connaissant mon cousin comme ma poche. Yoongi relève les yeux vers nous et Hoseok aussi, le rouge aux joues, il cache sa tête dans le cou du plus âgé tandis que ce dernier me sourit, heureux de cet instant. Les deux queues de nos amants se transforment, sans prévenir personne, en jambes humaines. Heureusement qu'ils ont un pantalon pensais-je à ce moment. Nous les aidons à se relever puis les dirigeons en mettant leurs bras sur nos épaules dans l'objectif qu'ils prennent appuis dessus. Ce que fait Hoseok mais non Seokjin qui met tout son poids sur moi. Cet ainsi que nous rentrons dans notre calèche pour y passer la nuit et prendre la route, le lendemain, pour la capitale.

Paris, automne, 1892

Je m'avance dans ce long couloir aux murs de marbre, aux splendides tableaux aux cadres dorés à la feuille d'or et au parquet grinçant un peu à chaque fois que nous faisons un pas. Au bout de ce couloir infiniment long, le bureau de mon père où se trouvent déjà Yoongi et Hoseok. Je lui réserve une petite surprise.

J'approche de la lourde porte en bois puis toque à celle-ci.

« -Entrez. C'est la voix de père, j'en suis certaine. »

Je pénètre dans la pièce, mon cousin et son mari sont à ma droite tandis que mon paternel me regarde, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte ainsi que le regard rivé sur Seokjin, la sirène qu'il avait capturé il y a de cela onze ans. Jin me tient la main, certainement pour me rassurer ou encore me donner du courage car il sait que parlé à mon géniteur n'a jamais été une chose facile.

« -Bonjour papa. Lui dis-je poliment.

-Ange ? C'est bien toi ?

-Qui veux-tu que cela soit d'autre. Je lui parle froidement mais c'est cela ou bien je lui en met une très rapidement.

-Et lui ? C'est ton mari ? me demande-t-il après une courte pause.

-Oui, il se nomme Seokjin et-

-C'est la sirène d'il y a onze ans ?

-Exactement.

-Ange... Je ne sais pas quoi dire.

-Ne dis rien alors, je ne suis pas ici pour te parler mais seulement pour récupérer ma part de l'héritage de maman.

-Bien... »

Mon père me tend une enveloppe contenant de nombreux dossiers, de nombreuses lettres sur lesquels sont le testament de mère, les comptes ainsi que leurs mots de passe et aussi la somme d'argent qui me revient. Mais avant que nous puissions partir mon père se lève et s'approche de Seokjin.

« -Prends bien soin d'elle, je compte sur toi.

-Bien. Prononce-t-il l'air indifférent alors qu'au fond il est angoissé à l'idée que mon paternel vienne lui parler.

-Et je lègue ma maison située à Bonifacio à toi et ta famille ainsi qu'à ton cousin ici présent. Dit-il en s'adressant à Yoongi et moi.

-Merci, au revoir. Lui dis-je sans me courber.

-Au revoir ma fille. »

Je ferme la porte derrière moi, je tourne la tête vers Seokjin qui me sourie amoureusement. Il me dit que cela va plaire aux enfants et j'acquiesce tout en reprenant le pas en direction de la sortie du bâtiment.

Nos « enfants » sont au nombre de trois. Il s'agit des trois sirènes aux écailles mauves, bleues et blanches, abandonnées par leurs parents à leur naissance, c'est pourquoi nous avons décidé avec Jin de les accueillir chez nous car malgré ce qu'ils nous ont fait, ils possèdent un cœur et un bon fond. Donc ces trois jeunes hommes âgés de dix-sept vivent chez nous et se nomment respectivement Jimin, Taehyung et Jungkook.

Ainsi nous vivons enfin une vie paisible

fin


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