le loup et le renard




OS Noël SKZ [Jeongchan] - fluff

(j'ai une playlist sur Deezer du même nom de l'OS si jamais ;) )


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" Quand on laisse mourir le feu de Noël, il n'y a plus qu'un moyen de le rallumer. C'est d'aller chercher le feu des étoiles." - Pierre Jakez Hélias - Les autres et les Miens


🎄🎄🎄


Jeongin s'observa pour la millième fois dans le miroir. Quelque chose clochait, mais il ne savait pas quoi. Alors qu'il allait abandonner, trois coups donnés sur sa porte ouverte le coupèrent.

— Coucou toi !

    Chan.

Le jeune homme à la chevelure brune bouclée s'avança dans la chambre de Jeongin. C'était le fils des meilleurs amis de ses parents. Ils avaient quasiment grandi ensemble, tels des cousins ou des frères. Mais ce n'était pas du tout comme ça que Jeongin voyait Chan.

    Leurs pères s'étaient connus lors de l'échange de son papa en Australie. Il avait vécu un an là-bas, chez les Bahng. Ils s'étaient tout de suite entendus. Étant d'origines coréennes, les Bahng devenant très proches des Yang, ils voulurent rentrer auprès de leur famille, ainsi que de leurs amis.

    Naturellement, les parents de Jeongin étaient devenus les parrains et marraines de Christopher à sa naissance, et inversement pour lui quelques années plus tard, ainsi que les autres enfants des fratries et sorories.

Christopher était son prénom international, celui que Chan portrait partout sur ses papiers d'identité. Tout le monde l'appelait par son prénom coréen par facilité.

— Tu t'en sors ?

Jeongin fronça les sourcils.

— Pas trop. Y a un truc qui ne me plait pas.

Chan pouffa, regardant de plus près le plus jeune.

— C'est normal, t'as mal noué ta cravate.

Jeongin retira celle-ci dans un grand geste et la jeta sur son lit. Il avait beau vouloir montrer un côté plus mature à Chan qu'il ne le voit plus comme un petit frère, il ne pouvait s'empêcher de réagir de manière immature parfois.

Chan récupéra la cravate, releva le col de la chemise de Jeongin. Frôlant son cou de ses longs doigts, Chan le fit déglutir.

— Je vais t'aider.

Il lui expliqua comment nouer correctement ce bout de tissu, tout en lui montrant. Une fois fait, Chan recula de deux pas pour observer le jeune homme.

— T'es beau comme ça Innie.

Piquant un fard, il partit dans sa penderie prendre une veste. Sentant la présence du brun dans son dos, le cœur de Jeongin rata quelques battements.

— Tu devrais plutôt prendre celle-là, elle t'irait mieux.

Les mains moites, Jeongin reposa la veste dans ses mains, pour prendre celle de Chan. Il l'enfila sans grandes difficultés et se tourna vers le plus âgé. Tournant sur lui-même, il demanda :

— Alors ? Comment c'est ?

Le brun ne dit rien, fixant le plus jeune longuement. Jeongin ne savait plus où se mettre.

— T'es vraiment magnifique.

— Merci, bredouilla Jeongin.

— Je comprends pas que tu n'aies toujours pas de copine.

Peut-être parce que c'est toi que j'aime depuis la troisième du con.

Jeongin n'eut plus assez de temps pour juré sur son aîné, puisqu'il vint lui accrocher une broche avec une branche houx sur son cœur, qu'il avait sorti de sa poche.

— Comme ça pour Noël, je serais tout le temps avec toi, dans ton cœur.

Son palpitant n'en fit qu'à sa tête, cherchant à sortir de sa cage thoracique. Si cela continuait comme ça Jeongin ne survivrait pas à ce réveillon de Noël.

Les Yang et les Bahng fêtaient le réveillon ensemble depuis le retour des Bahng sur le territoire coréen. C'était leur tradition. Les Bahng ramenaient les fruits de mer, les légumes grillés, les puddings et les pavlovas et les Yang s'occupaient des bulles et du vin, ainsi que du poulet frit et de la bûche.

Dans ces moments-là, Chan racontait toujours à quel point les BBQ de Noël lui manquaient. Petit, ils rentraient souvent en Australie, ils fêtaient cette fête en plein été, ils allaient sur la plage, mangeaient des produits de la mer ou de viande grillés, et ils finissaient par déguster des fruits exotiques le soir près du feu dans le sable.

Chan avait promis qu'un jour il amènerait Jeongin là-bas pour Noël.

— Tu viens ? Nos parents doivent nous attendre.

— J'arrive, bredouilla Jeongin.

Chan hocha la tête avant de disparaître.

Jeongin soupira. Jamais il ne survivrait cette année. Pourtant, cela faisait déjà plus de quatre ans qu'il vivait son amour à sens unique dans son coin. Il savait bien que s'il voulait un jour sortir avec Chan, il devrait passer la deuxième. Mais voilà, il avait peur de le perdre. Il l'avait toujours connu, sa vie sans Chan, il ne pourrait pas. Après, c'était déjà un peu le cas depuis que ce dernier était parti faire ses études il y a quatre ans, juste un peu après que Jeongin ait réalisé ses sentiments pour le brun.

Heureusement Chan rentrait un week-end sur deux, mais ce n'était plus pareil. Ils ne passaient plus tout leur temps ensemble. Chan était occupé. Il avait beaucoup de travail à faire, entre les cours et son petit boulot. Il passait aussi du temps avec sa famille et ses amis. Alors oui, Chan avait moins de temps pour Jeongin, à son plus grand désarroi.

Il lui manquait. En permanence.

Jeongin fouilla dans son armoire et sortit un petit paquet emballé maladroitement dans du papier rouge vif. Il caressa ce dernier. Il espérait que Chan aimerait.

Le jeune homme descendit enfin, retrouvant ses frères, ses parents, la sœur et le frère de Chan, ainsi que ses parents. Ils étaient déjà tous attablés, n'attendant plus que Jeongin. Cela gêna ce dernier, il s'assit la tête baissée à la seule chaise libre, à côté de Chan. C'était loin de lui déplaire.

— T'inquiète pas, on t'attendait.

— C'est bien ça qui me gêne.

— Arrêtez vos messes basses les enfants.

— Mom ! We aren't kids anymore.

— I know my little cub.

Madame Bahng sourit, et croisa le regard rempli d'amour de son mari. Entre eux, c'était toujours l'amour fou. Jeongin rêvait de ça, de ce genre de relation.

— J'adore quand elle t'appelle louveteau, c'est trop mignon.

— C'est un peu gênant quand même.

Chan devint un peu rouge, il cacha son visage derrière ses longues mains et fuit le regard de leurs familles.

— Qui veut du vin ?

Le papa de Jeongin s'était relevé pour servir tout le monde.

— Moi ! s'exclama Lucas, le petit frère de Chris.

— Tu attendras d'être majeur minus.

La cadette des Bahng, Hannah, adorait taquiner ses deux frères.

— Hannah ! Don't make fun of your brother.

— Surtout que tu étais à sa place l'année dernière.

Sous la table, les jambes de Jeongin et Chan n'arrêtaient pas de se frôler, se toucher, rendant fou le jeune homme. Voyant la main de Chris, posée, paume vers le ciel, sur sa cuisse, Jeongin n'avait qu'une idée en tête, entrelacer leurs doigts.

— Innie ? Je te sers ?

Jeongin sursauta, sentant seulement la présence de son père dans son dos.

— Euh, oui, bredouilla-t-il.

— Chan ?

— Oui Monsieur Yang.

— Chan ! Je te connais depuis que tu es né, et tu sais qu'étant tombé amoureux de l'Australie, tu peux laisser tomber les formules de politesse avec moi.

Jeongin savait que Chan n'y pouvait rien. Ces termes lui tenaient à cœur. Il avait toujours été très poli, avec tout le monde. Jeongin avait peur que la société coréenne n'ait trop déteint sur lui. Heureusement que Felix, un de ces amis déjà à l'université, mais aussi l'ami de Chan, venant d'Australie, aidait ce dernier à se rappeler de certaines choses logiques là-bas.

Il n'avait jamais trop su ce que Chan pensait de l'homosexualité, il n'était jamais vraiment sorti avec quelqu'un à part quelques filles au lycée. Mais plus rien depuis quelques années, il disait qu'il manquait de temps avec l'université.

Était-ce vraiment le cas ?

Ses ami.e.s Seungmin et Hyunjin, dans le même campus que Felix, n'avaient pas su lui dire. Seungmin était dans des études de photographie, quant à Hyunjin, iel, était en sciences et techniques du théâtre, de la musique et de la danse avec Felix. Chan lui était en audio visuel, quelques années au-dessus des garçons.

L'année dernière, en terminale, quand Jeongin ne finissait pas trop tard, il allait à l'université, il prétextait attendre l'un de ses ami.e.s  à la sortie, espérant croiser Chan. C'en était désespérant tout ce que faisait le jeune homme pour attirer l'attention de son voisin et ami d'enfance.

Parfois, le soir, tard, il regardait à travers sa fenêtre, espérant voir la silhouette de Chan se dessiner. Mais celui-ci était soit à la BU, soit chez ses amis Minho et Changbin en train de réviser, ou bien en soirée ou en boîte.

— Ça va ? T'as l'air dans la lune ?

— Oui, oui, t'inquiète.

— Tu veux des crevettes ?

— Euh oui, merci.

Chan regarda étrangement Jeongin. Depuis le début de la soirée, le jeune homme était ailleurs. Il fallait vraiment qu'il se concentre et qu'il mette la seconde.

Mais comment faire ?

Alors que tout le monde mangeait joyeusement autour de la table des Yang, Jeongin observait la moindre ouverture.

— Mom ? Dad ? Je peux aller en haut avec Jiyoung et Lucas ? demanda Hannah.

Elle avait beau répéter à tout va qu'elle était adulte, elle aimait encore jouer, surtout le jour du réveillon où ils regardaient, enfants, des films de Noël tous ensemble.

Vite. Jeongin devait en profiter !

— Nous aussi avec Chan ? Je dois lui montrer quelque chose dans ma chambre.

— Oui, mais revenez pour la suite tout à l'heure. On vous appellera.

Jeongin hocha la tête alors que Chan l'observait, intrigué.

Il monta le premier à l'étage, Hannah et les garçons étaient déjà en haut. Seul son grand frère était resté en bas, il discutait d'actualités avec les parents.

Dans la chambre de Jeongin, ils s'assirent sur le lit du jeune homme. Il passa nerveusement ses doigts dans ses cheveux noirs, avant de lécher ses lèvres.

— Tu voulais me montrer quelque chose ?

— Ah oui. Euh. En fait, non, enfin oui. C'est plus que je devais te dire quelque chose, bafouilla le cadet des Yang.

Chan était de plus en plus perdu.

— Tu es sûr que ça va ?

— Ouais, ouais...

Le plus vieux fronça les sourcils, mais acquiesça.

— Si tu le dis.

Au bout de quelques secondes qui en parurent des centaines, Jeongin se décida à parler.

— Ça t'est déjà arrivé de te demander si tu étais attiré par un autre genre que les filles ?

Chan sourit, avant de prendre un air sérieux.

— Désolé si je donne l'air de me moquer, c'est juste que je m'attendais à pire vu comme tu étais étrange depuis tout à l'heure.

Jeongin fit la moue, il jouait avec ses mains, les bras ballants entre ses jambes.

— Non. Mais je crois que c'est parce que je n'ai jamais prêté attention au genre en général des personnes qui m'attiraient ou pour qui je développais des sentiments.

— D'accord.

Chan se tourna vers Jeongin, il avait toujours les yeux fuyants et le rouge aux joues.

— Pourquoi ? Tu crush sur un garçon ?

Jeongin hocha difficilement la tête et s'enfonça dans les couvertures, se laissant tomber sur le lit.

—  Hey... T'as pas à être gêné avec moi, on est presque comme des frères.

Cela déchira le cœur de Jeongin à l'entente de cette phrase.

C'est bien ça le problème Chan...

— Oh mince, c'est parce que tout à l'heure je t'ai parlé de copine. Désolé. C'était pas ouf de partir du principe que tu étais hétéro.

— Non, mais c'est logique, la plupart des gens le sont, marmonna Jeongin.

— Il est beau ? Comment il s'appelle ? Il a quel âge ? Je le connais ?

Jeongin se cacha encore plus sous les couvertures et les coussins.

— Oui, il est beau. Il est même magnifique. C'est le plus bel homme que j'ai pu rencontrer.

— Ah oui, quand même, j'aimerais voir un mec comme ça.

Jeongin pouffa à la réflexion du brun.

— Il a 22 ans.

— Oh, comme moi !

Jeongin acquiesça.

— Je ne peux pas te dire comment il s'appelle, car oui tu le connais.

— Oh putain !

Le brun descendit du lit pour sautiller partout.

— Attends, laisse-moi deviner ! Ne dis rien !

Il déposa son doigt brutalement sur les lèvres de Jeongin qui sentit son cœur louper un battement. Ses mains étaient de nouveau moites.

— C'est Minho ?!

Voyant la tête du jeune homme, Chan changea d'avis.

— Non, non, c'est pas Minho. Il n'a pas encore eu 22 ans. Ça peut pas être non plus Changbin. Mais alors... C'est Jungkook ?

Jeongin secoua la tête.

— C'est quelqu'un dont je suis très proche. Même si ces dernières années on ne se voit plus du tout. De base on se connaît par cœur.

— Attends, mais ça veut dire que ça fait longtemps que tu le connais ?

Jeongin acquiesça.

— Mais comment ça se fait que je ne vois pas qui c'est ?

—  Je peux pas te dire...

Le rouge aux joues, Jongin ne disait plus rien.

— À table !!! On mange la suite !

Un peu déçu, Jeongin se tourna vers Chan. Ils descendirent, après avoir prévenu une énième fois leurs petits frères et sœurs.

De retour dans la salle à manger, l'ambiance était plus tendue.

Qu'est-ce qu'allait dire Chan ? Allait-il finir par deviner ?

Il l'avait dit lui-même tout à l'heure, il le voyait seulement comme un frère de cœur... C'était peine perdue.

Pourtant, il avait envie d'essayer. Il y était presque.

La mère de Chan passa le fromage, pendant que son père servait le pain. Il y en avait aux graines de sésame et pavot, un autre complet et du pain d'épices. Avec le fromage, des kiwis et de la confiture de figue accompagnaient le tout.

Chan lui passa la confiture, un sourire à couper le souffle au visage.

— M... Merci... Chan...

— Eh, tu sais, t'as pas à être gêné avec ce que tu m'as dit là-haut. Je suis content que tu te confies à moi. Ça me manque nos journées tranquilles tous les deux à jouer à la PlayStation pendant des heures, à manger des cochonneries toute la journée et finir par regarder des films ou séries jusqu'aux aurores.

— Moi aussi, confia Jeongin.

Plus bas, il chuchota :

— Surtout quand je me blottissais contre toi, et que tu me serrais autour de ton torse musclé.

— Tu as dit quelque chose ?

— Non, non.

Jeongin piqua un fard se rendant compte qu'il avait pensé tout haut.

Il coupa quelques morceaux de fromages, essayant d'oublier sa gêne. Étalant une partie sur du pain aux graines, il rajouta un peu de confiture de figue, puis dégusta sa préparation.

La nourriture lui fit oublier pendant quelques instants l'état dans lequel il était plus tôt. Néanmoins, il devait tenter quelque chose, plus que ça.

Les parents étaient pris dans un débat houleux, rien de méchant, juste quelques désaccords. Mais au final, ces quatre-là finissaient toujours par s'entendre, trouver des compromis ou se remettre en question, ou juste rester sur leurs positions dans le respect. De quoi faire partir leurs plus jeunes frères et sœurs à l'étage une nouvelle fois, et cette fois-ci tout en discrétion sans demander. Il ne restait plus que le grand frère de Jeongin qui parlait à sa copine sur son téléphone.

La voie était libre.

Chan but un coup, le regard un peu dans le vague, si bien que lorsqu'il reposa sa main sur sa cuisse en dessous de la table, il ne remarqua pas Jeongin qui s'en approchait dangereusement.

Plusieurs fois, il hésita, rapprochant sa paume, puis la reculant. Alors que Chan bougea et faillit changer de position, Jeongin se lança.

Il déposa sa main sur celle du brun. Chan se tourna vers Jeongin, les yeux légèrement écarquillés. Lui regardait le mur du salon, à l'opposé de l'homme qui le mettait dans tous ces états. Son cœur battait si fort dans sa cage thoracique, qu'il avait peur qu'il n'en sorte.

L'attente était si longue, et Chan ne faisait toujours rien, ne disait toujours rien.

Soudain, le brun finit par entrelacer leurs doigts délicatement. Il entamant quelques gestes avec la pulpe de ses doigts et de douces caresses dans le creux de sa paume.

Jeongin piqua par la énième fois un phare.

Il jeta un œil à gauche, puis à droite.

Personne ne regardait.

Ouf.

Puis, il se concentra sur Chan. Ce dernier fixait intensément le sapin de Noël, évitant le regard de Jeongin. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Jeongin n'en savait rien, néanmoins il était heureux de tenir la main de Chan.

— Les enfants ! On va ouvrir les cadeaux ! Le père Noël est passé !

Ni l'un ni l'autre ne savaient qui avait retiré sa main en premier, mais l'appel des parents avait mis un terme à ce moment si doux.

— Come on ! We also want to open our presents !

Jeongin fonça à l'étage récupérer son petit paquet. Il avait mis toutes ces économies là-dedans. Et tant pis pour ses parents, ceux de Chan, ses frères, Hannah et Lucas... Il était bien trop heureux de l'offrir à Chan. Il espérait qu'il ferait son petit effet.

Tous rassemblés autour du sapin, ils s'échangèrent tour à tour leurs cadeaux.

Hannah eut une nouvelle caméra pour filmer ses vlogs. Lucas un jeu de PlayStation. Ses parents eurent un service complet de vaisselles absolument magnifique.  Ceux de Chan reçurent une incroyable bouteille et un foulard dans une matière très luxueuse. Pour Jiyoung sont petit frère, il reçut le même jeu à la mode que Lucas. Et pour son grand frère, Jisung, il reçut un pack de voyage pour deux, pour lui et sa copine.

Alors qu'il allait offrir son paquet à Chan, Jisung le coupa. Il coupa tout le monde d'ailleurs, se mettant au milieu du séjour. Il redonna le pack aux parents de Jeongin.

— Je peux pas accepter. Surtout si vous n'êtes pas au courant de la vérité. Ma copine, bah, c'est pas pas "ma copine".

    — Oh Jisung...

    Leur mère avait les larmes aux yeux.

Jeongin sentit le monde tombé sur ses épaules. Comment avait-il pu passer à côté de ça ? À côté de ce que vivait son propre frère. À côté de ce qu'il vivait aussi.

— Tu sais bien que nous n'avons pas cette mentalité là Jisung. Tout ce que nous voulons c'est le bonheur de nos enfants, peu importe qui ils aiment, peu importe comment ils s'habillent, peu importe le genre qu'ils ont.

— C'est... c'est vrai ?

— Oui, Sungie, c'est vrai.

Jeongin vit son grand frère se mettre à pleurer, et foncer dans les bras de leurs parents, comme quand ils étaient petits.

Après ces larmes de soulagement, de joie et d'amour, leur père eut un sourire taquin.

— Qui est l'heureux élu ?

Jisung piqua un fard.

— C'est... Vous savez, petits, on traînait toujours avec Chan, Hannah...

— C'est Chan ?! s'exclama Lucas.

Chan ne sut plus où se mettre, Jeongin avait peur, il regardait ses pieds et priait pour que cette hypothèse soit fausse, terriblement fausse.

— Je n'avais pas fini Lucas, s'il te plaît.

— Yes, kitten. Let Jisung speak, it's important to him.

Lucas bouda, mais Jiyoung toucha son épaule pour lui signifier que c'était un moment précieux pour leur famille.

— Bon, comme je le disais, petits on traînait beaucoup avec Chan, Hannah, Minho et Changbin. Je me suis rendu compte au lycée que j'étais fou amoureux de Minho, il a toujours été mon idéal masculin. On s'est pas mal rapproché à l'université, depuis un soir où je travaillais à la BU et où Minho bossait aussi. Il allait s'en aller, et il m'a vu et est venu m'aider. De fil en aiguille, on a passé de plus en plus de temps ensemble. Et la copine dont je vous parlais : Minha, bah, c'était lui...

    — Oh, c'est génial mon chéri. Je suis si heureuse pour toi !

    Leur mère vint prendre une nouvelle fois son fils dans ses bras.

— Minho est un gars bien.

Le papa de Jeongin acquiesça.

— Si on avait su, on l'aurait invité !

Jeongin était complètement pris dans le coming out de son frère. Il se rapprocha de lui, allant lui faire un câlin à son tour. Dans son oreille, il chuchota :

— T'es con. T'aurais dû me le dire. Moi aussi, j'aime un garçon.

Jisung se recula les yeux écarquillés, puis il se rapprocha de son petit frère.

— Toi aussi ?

Jeongin déglutit, puis hocha la tête.

— Tu veux me dire qui c'est ou tu préfères attendre, ou garder ça pour toi ?

Jeongin jeta quelques coups d'œil vers Chan entre ceux diriger vers ses pieds ou son frère. Jisung, suivant le regard de son petit frère, comprit. Il posa sa main sur l'épaule de Jeongin. Cela envoya une vague de chaleur au jeune homme, il avait retrouvé cette sensation de bulle.

— C'est Chan, c'est ça ?

Les joues de Jeongin reprirent une couleur rosée.

— Oui...

— Vous sortez ensemble ?

Il tourna sa tête de gauche à droite, perdant le peu de sourire qu'il lui restait.

— J'aimerais tant...

— Tu lui as dit ?

— Pas vraiment. Je l'ai insinué.

Une main rentra dans leur champ de vision, les coupants. La silhouette imposante de Chan apparut. Il avait un grand sourire aux lèvres, le genre de sourire qui te fait complètement craquer, celui quand il rayonne de bonheur.

— Je peux t'emprunter Jeongin, Jisung ?

    Jisung sourit sournoisement.

— Bien sûr.

Ils s'isolèrent un peu plus loin, dans le couloir, à l'abri des regards. Jeongin regarda Chan, penaud. Que lui voulait-il ? Était-ce à propos de leur conversation plus tôt dans sa chambre ?

Se dandinant sur place, Jeongin ne savait pas où  se mettre, les mains derrière le dos, il questionna le brun :

— Tu voulais me parler ?

— Oui...

Tout à coup, c'est Chan qui sautilla sur place, le regard fuyant, la tête baissée, jouant avec les pans de son costume.

— Je... J'ai compris de qui tu parlais... tout à l'heure...

    Jeongin ne put s'empêcher de sourire, reprenant un peu de constance.

    — Ah ?

    — Oui...

    — Et ? Tu penses que c'est qui ?

    Chan devint rouge et balbutia  des mots incompréhensibles.

— Tu...you were...tu parlais de moi, no ?

C'est comme si une pierre était tombée dans l'estomac de Jeongin. Il avait des fourmis dans tout le corps et ses jambes se mirent à flageoler.

— Oui, avoua-t-il.

La pierre se transforma en milliers de papillons s'envolant dans son ventre. Il faisait si chaud, en ce soir du 24 décembre 2019.

    — Écoute Jeongin...

    La peur prit possession du corps de Jeongin, le figeant sur place, alors qu'il n'avait qu'une envie : c'était de partir en courant.

    — Je ne suis pas amoureux de toi. Je t'avoue que je t'ai toujours vu comme un petit frère, et je...

    Ce fut trop, Jeongin partit en direction de l'escalier. Il voulait juste retrouver la chaleur de ses couvertures et pleurer sous un oreiller, dans le noir, la musique à fond dans ses écouteurs et oublier.

    Chan attrapa son bras alors qu'il montait la première marche.

    — Laisse-moi Chris.

    Son ton avait claqué, froid, glacial même.

    Chan sous le choc, lâcha le plus jeune.

    Il courut s'enfermer dans sa chambre.

    Au bout de quelques minutes, bloqué dans les escaliers des Yang, Chan se décida à réagir. Il ne pouvait pas laisser Jeongin comme ça, dans le flou et la détresse la plus totale.

    Arrivant devant la porte close du jeune homme, Chan hésita avant de toquer.

    Il décida de rentrer sans l'autorisation de Jeongin, il avait peur qu'il ne le laisse pas s'exprimer.

    Pénétrant dans la pénombre de la chambre, Chan marcha sur la pointe des pieds jusqu'au lit de Jeongin, roulé en boule sous ses couvertures.

    — Jeongin ?

    — Va-t'en Chan ! Je veux plus te voir !

    — Jeongin ? Jeongin ? Jeongin ?

    — QUOI ?!

— Laisse-moi t'expliquer. Tu ne m'as pas laissé finir en bas. Alors, ne m'interrompt pas, s'il te plaît Foxiny.

La tête de Jeongin sortit des draps, il avait le visage et les yeux rouges à force de pleurer, de la morve coulait de son nez, ses cheveux étaient en pétard, pourtant Chan le trouvait absolument magnifique.

— Tu t'es rappelé ?

— Oui, je voulais attendre que tu ouvres ton cadeau pour te le dire. Je t'ai pris une peluche de renard. La peluche. Celle que tu voulais tant avoir à la fête foraine quand on avait 14 et 18 ans. Celle que je n'ai pas réussi à gagner aux tirs de carabines. Je voulais tellement t'impressionner et surtout voir la joie dans tes yeux. Car tu es magnifique quand tu es heureux Jeongin.

Les papillons qui avaient semblaient mort, au fond de l'estomac de Jeongin, se redressèrent, nettoyant leurs ailes, et repartirent, tout doucement.

— Je t'ai peut-être toujours vu comme un petit frère, mais ces dernières années plus vraiment...

Il tourna sa tête à ce moment-là, cherchant ses mots, les yeux brillants.

— T'es devenu un homme Innie ! J'ai commencé à te regarder d'une autre manière. Si je passais moins de temps avec toi, c'est parce que j'ai été un lâche. Je voulais pas fantasmer sur mon petit frère de cœur, encore moins alors que tu n'étais qu'un adolescent et que moi... bah... moi j'étais devenu un adulte. Je me dégoûtais de ressentir ça pour toi. Je me suis réfugié dans les études, et m'y suis mis à fond. Ça a marché, un temps.

— Tu... Je te... Tu fantasmais sur moi ?

Chan se mit à rire, sans pouvoir s'arrêter, les larmes aux yeux.

— C'est tout ce que tu as retenu ?

— Oui. Du moins, c'est tout ce que j'ai envie de retenir.

Dans la pénombre de la chambre, ils se regardèrent, longuement. Ils auraient pu rester encore longtemps, dans le brun profond de leurs yeux.

Chan lâcha un de ses fameux sourires lumineux dont il était le spécialiste. Il posa sa main délicatement sur la joue de Jeongin.

— Je peux t'embrasser ?

Jeongin se sentit fondre.

— Oui. Putain, oui.

Chan posa sa deuxième main sur l'autre joue de Jeongin, alors que ce dernier enroulait les siennes autour du cou du brun.

Sentant leur souffle, des frissons les parcoururent. Leurs nez se touchèrent, puis Jeongin, tremblant d'impatience, vint déposer ses lèvres contre celles pulpeuses de Chan.

Au début le baiser qui semblait chaste s'emballa, leurs lèvres se séparant, pour venir se toucher de nouveau, leurs lippes se mouvant l'une contre l'autre.

Jeongin sourit dans le baiser, heureux d'embrasser aussi le premier homme qui avait fait battre son cœur.

Les mains de Jeongin descendirent, attrapant la chemise de Chan, la serrant entre ses doigts. Il n'avait pas envie que le moment s'arrête.

Un flash le stoppa dans leur échange.

— Putain ! Ton cadeau !

Chan explosa de rire.

— Arrête !

Il tapa le torse du brun.

— C'est important ! Attends-moi ici, je reviens !

Jeongin courut comme si sa vie en dépendait surprenant toute la famille restée en bas, heureusement qu'ils étaient bien pris par le déballage des cadeaux et que Jisung bredouilla une excuse.

Arrivant enfin en haut, à l'entrée de la chambre, le souffle court d'avoir monté les marches deux par deux, si ce n'est plus, il reprit quelques inspirations goulûment.

— Hey... Fallait pas courir Foxiny...

Chan vint le prendre dans ses bras.

— Moi aussi j'adorais quand tu te blottissais contre moi, enfin contre "mon torse musclé", railla Chan.

Jeongin atteint des teintes de rouge qu'il n'avait pas encore tutoyé de la soirée, battant des records.

— T... Tu... Tu avais tout entendu ?!

— Oui, pouffa le brun.

Jeongin se jeta une fois de plus sur son lit se cachant derrière son oreiller.

— Je veux disparaître sous terre.

— Oh, non, comment je ferais après moi ?

Jeongin bougonna dans sa barbe.

— Et mon cadeau ?

— Oui, c'est vrai !

— T'as tapé le meilleur sprint de l'année, et tu t'en rappelles déjà plus ? ricana à nouveau Chan.

— Mais c'est toi aussi ! Tu me déstabilises !

Il prit le petit paquet et le tendit à Chan.

— Tiens !

Chan, de la malice dans les yeux, ouvrit délicatement l'emballage fait avec amour.

Lorsqu'il sortit une chaîne argentée avec au bout un pendentif de loup au bout, Chan sentit les larmes lui monter aux yeux.

— Innie... Fuck. Are you serious ? It's too much. Fuck. Putain, Foxiny...

— Je t'aime Chan. De tout mon cœur. Depuis tellement d'années. Je ne veux que toi. Je sais à quel point les loups sont importants pour toi. Et puis c'est nous, depuis toujours. Comme quand tu jouais encore avec moi-même si tu étais au collège : au loup et renard. Car c'est nous, le loup et le renard.

Chan sauta presque sur Jeongin, l'enfermant si fort entre ses gros bras musclés. Il ne voulait plus laisser partir Jeongin. Pas après qu'il est compris qu'il ne pourrait pas lutter contre son attirance. Pas après qu'il est compris que Jeongin était bien plus que son ami d'enfance, son frère de cœur. Jeongin avait toujours plus. Bien plus.

— Je ne t'aime pas encore Jeongin, mais tu me fais ressentir des choses que je n'ai jamais ressenties pour personne d'autre. Jeongin, tu es si... tu es incroyable, ne doutes jamais de ta valeur. Et si tu as confiance en moi, malgré le fait que je ne sois pas encore amoureux de toi, j'aimerais que tu me laisses une chance, que tu nous laisses une chance, d'être un couple tous les deux.

Jeongin le regarda, les yeux écarquillés, les joues rouges pour la millième fois de la soirée.

— Oui ! OUI ! Bien sûr que oui Chan ! Je veux !

Chan resserra son étreinte autour du jeune homme, se laissant lover dans l'étreinte.

— I love you so much Chris.

— Me too. Merry Christmas my lovely Foxiny.

Joyeux Noël, chéri.


🎄🎄🎄


Bonsoir tout le monde !
J'espère que vous allez bien en ce réveillon de Noël ❤️
Pour ceux pour qui les fêtes sont synonyme de tristesse, de colère ou de frustration, je vous envoie tout mon amour et ma force durant cette période.
Pour ceux qui ne le fêtent pas, je vous souhaite de passer une belle soirée tout simplement et plein de belles choses pour la fin d'année ✨
J'espère que cet OS de Noël vous aura plu !
Si jamais vous en voulez encore, vous pouvez lire ou relire mon OS Hyunsung : Stay for Christmas 🎇🌠🌌
On se retrouve en janvier pour le retour de la publication de Find a way 🫶🏻
Joyeux Noël 🎁
Bisous 😘 


Camille 💙

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