Regina s'extirpa des draps froissés par les ébats de la vieille. Le chasseur était parti depuis longtemps. Elle était seule. 

Elle attrapa un peignoir plié sur un siège et s'en vêtit. La soie était froide sur la peau et elle frissonna. Son regard croisa alors celui de son reflet et elle sursauta. Sans tous ses atouts de reine, ses robes à faire damner un prête, elle ressemblait à celle qu'elle avait été. La jeune fille innocente et amoureuse. Ses longs cheveux coulaient dans son dos, cascade ébène. Mais ses yeux, jadis emplis d'amour et de joie, ne reflétaient plus que la haine et la vengeance. Elle se détourna du miroir et ouvrit son armoire, attrapant une tenue au hasard. Sa main saisit une robe en velours rouge qu'elle appréciait particulièrement. Elle laissa tomber le peignoir et enfila la robe. Une fois la dernière couche de maquillage ajouté, une rouge à lèvres écarlate, elle se sentit enfin comme celle que tout le monde voyait. La méchante reine. 

Sa colère et sa motivation à réduire à néant le bonheur de Snow-White brillait dans ses iris noisettes. Un soldat entra, tout vêtu de noir. C'était le général de ses armées. Un homme bien plus cruel qu'elle, qui savourait chacune des vies qu'il prenait et qui se donnait corps et âme pour satisfaire celle qui le gouvernait. Pourtant, aussi avide de sang était-il, face à Regina, ce n'était plus qu'un chien baissant la queue quand il déçoit sa maîtresse. 

– Ma reine, mes hommes ont aperçu Snow-White à la frontière avec le royaume de Nottingham, dit-il après une brève révérence. 

– Et l'ont-ils arrêté ?

– Malheureusement non ma Reine, elle leur a échappé.

Elle laissa échapper un grognement de frustration et se rapprocha de l'homme, posant une main sur son torse.

– Vous venez donc me déranger, seulement pour me faire miroiter sous le nez la capture de Snow-White, avant de m'annoncer qu'elle est toujours en fuite ?

Ses doigts se resserèrent autour de son pectoraux, au niveau de son cœur, ses ongles s'enfonçant   dans le tissu de son uniforme. 

  – Je suis désolé Majesté. Si je peux faire quoi que ce soit pour me faire pardonner ma misérable erreur, ajouta-il le regard empli de désir. 

Regina eut envie de jouer avec ça, avec le désir qu'il avait pour elle, et, lui tournant le dos, s'avança jusqu'à son lit, mouvant son corps telle une panthère souple et sensuelle. Elle s'y assit et d'un geste de la main fit disparaître la dentelle qui recouvrait sa poitrine, dévoilant un décolleté qui laissait peu de place à l'imagination. 

  – Qu'attendez-vous ? demanda-t-elle au général de sa voix la plus érotique. 

Il avança alors d'un pas rapide et se trouva face à elle en trois enjambées. Elle lui attrapa le menton, ses lèvres à quelques centimètres des siennes.

– A genoux. 

Il lui obéit, comme toujours, et posa les deux genoux à taire, tête baissée. Un rire échappa à la jeune femme, un rire de satisfaction. Quoi de plus jouissif que le pouvoir ? Savoir que cet homme si puissant était près à faire tout ce qu'elle lui dirait la rendait heureuse. Ou lui donner une impression de bonheur, car elle avait banni ce mot de son esprit et de sa vie. 

– Qu'es-tu près à faire pour ta reine ? lui murmura-t-elle à l'oreille. 

– Tout ce que vous voudrez. 

– Bien. 

Elle l'attira à elle et l'embrassa fougueusement, fourrant sa langue dans sa bouche. Sa réponse fut si intense, si animal, qu'elle en fut surprise. Il la caressa de long en large, à travers le tissu qui recouvrait sa peau. Elle fit disparaître leurs vêtements et le bouscula sur le lit, le dominant. Quand elle attendit le jouissance, quelques secondes après, une image fusa dans sa tête. Elle retomba aux côtés du soldat, bien plus satisfait qu'elle d'avoir enfin pu coucher avec son plus grand fantasme. 

– Sortez. 

– Ma Reine... 

– Sortez !!

Il attrapa ses habits avec rapidité et sortit, la tête basse et la queue battante, comme le chien qu'il était. 

Regina se prit la tête entre les mains, retenant un cri de colère. Encore une fois, alors qu'elle prenait du plaisir, cela était revenu hanté son esprit. Encore une fois, auprès d'un homme qu'elle désirait, elle avait vu celui qu'elle ne connaîtrait jamais. L'homme au tatouage de lion. 

Fin.