Esquisse

Il était déjà tard, presque minuit, et Marinette était toujours penchée sur une feuille blanche, un crayon à papier à la main, l'air complètement perdu. La jeune fille désespérait, et c'était l'euphémisme de l'année. En effet, Marinette était victime d'un cruel manque d'inspiration, qui n'arrivait évidemment pas au bon moment.

Marinette, qui avait désormais presque 18 ans, était en dernière année de Lycée et s'était évidemment orientée dans une filière artistique. La Lycéenne avait toujours pour objectif de devenir une styliste renommée, mais elle savait que le chemin à parcourir était encore bien long. Et ce n'était pas en restant plantée comme une idiote devant sa feuille, qu'elle allait réussir à récolter une bonne note pour la fin de son trimestre !

Marinette maugréa et se donna une claque mentale. Pourquoi l'inspiration ne venait-elle donc jamais quand on en a besoin ?!

C'était un véritable mystère pour la styliste en herbe. En cours, là où il fallait écouter le professeur et prendre des notes, Marinette débordait toujours de créativité et ses cahiers étaient tous remplis de gribouillis tous plus jolis les uns que les autres. Malheureusement, lorsqu'on lui demandait de faire quelque chose de précis, c'était généralement le néant total.

Pourtant, ça n'avait pas toujours été comme ça ! Au Collège, elle était une étudiante brillante, qui réalisait toujours à la presque perfection tout ce qu'on lui demandait de faire. Elle suivait les consignes, assimilait les règles comme il le fallait, et reproduisait exactement ce que le professeur attendait.

Cependant, le temps passant, la créativité débordante de Marinette a fini par lui jouer des tours ; et pour cause ! Elle se retrouvait dans l'incapacité d'effectuer un devoir d'art qui était à rendre pour... demain.

Autant dire que la jeune fille savait qu'elle serait complètement exténuée demain matin, et si en plus elle venait en cours les mains vides, cela serait inévitablement sa fête.

Marinette soupira et posa son front contre son bureau. Elle fut prise d'une envie de frapper le crâne contre ce dernier, espérant peut-être que cela activerait ses neurones et ferait fonctionner ses méninges.

Mais heureusement pour elle, elle se ressaisit et souffla pour se donner du courage. Ça ne devrait pas être si compliqué !

Mais alors pourquoi ça l'était... ?

Marinette regardait, impuissante, la feuille sous ses yeux, toujours immaculée. Le devoir qu'elle devait rendre constituait à réaliser plusieurs esquisses d'un buste de la même personne, sous différents angles. Il était donc préférable de trouver un modèle que l'on connait en vrai pour que la personne puisse se tourner et offrir de nombreux angles à l'artiste.

La jeune styliste avait tenté le coup avec sa meilleure amie, Alya. Puis avec Nino, avec qui elle avait toujours contact malgré le temps qui était passé. Mais sans succès cependant. Toutes ses esquisses s'étaient soldées par un échec, Marinette ne parvenant pas à trouver l'inspiration. Tous ses traits lui semblaient maladroits, indécis, et elle n'était jamais satisfaite de ce qu'elle faisait.

Marinette avait bien pensé à un garçon qui aurait pu l'inspirer, mais... elle préférait rendre une page blanche plutôt que de lui demander de poser pour elle. Rien qu'à y penser, la jeune fille sentait ses joues la brûler.

Adrien Agreste. C'était bien le garçon auquel elle pensait.

Parce que oui, même après plus de trois ans à côtoyer le mannequin, il lui avait toujours été impossible de lui avouer ses sentiments. Marinette avait toujours le cœur qui battait la chamade lorsqu'elle le voyait ou pensait à lui. C'était... inexplicable.

Marinette avait beau avoir essayé une relation amoureuse avec Luka lorsqu'elle était en 1ère, cela s'était soldé par un échec. Bien que Luka ressente de profonds sentiments sincères pour Marinette, ceux de la styliste n'étaient pas aussi forts ni aussi concrets. Durant toute sa relation avec le guitariste, elle n'avait pu cesser de penser à Adrien, et avait donc fini par rompre avec Luka.

D'un autre côté, sous son alter-ego, Marinette avait également essayé de se rapprocher de Chat Noir, pour essayer de céder à ses avances et de flirter avec lui. Mais elle s'était rapidement rendue compte qu'elle se forçait, et ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle avait donc fini par s'expliquer platement avec le matou, et lui faire comprendre que rien ne sera jamais possible entre eux.

Non, Marinette était amoureuse d'un seul et même garçon : Adrien.

Elle avait cru que, lors de son entrée au Lycée, elle parviendrait à faire de nouvelles rencontres, à tomber amoureuse d'un autre garçon ! Mais non. Son cœur restait lié à celui du blond, qu'elle le veuille ou non.

Marinette lâcha finalement son crayon à papier, et poussa un profond soupir. Tikki finit par sortir de sa cachette et alla déposer ses petites pattes sur la feuille blanche de Marinette.

« Tu vas y arriver, Marinette ! Je crois en toi ! »

La concernée soupira à nouveau, las.

« Et comment ? Ce devoir est à rendre demain ! Je n'ai personne à ma disposition pour me servir de modèle. J'ai bien essayé de me remémorer le visage d'Adrien pour tenter de le dessiner de mémoire, mais... c'est impossible, il me FAUT un modèle direct. Et je n'en ai pas ! »

Tikki afficha un air triste, ne sachant trop quoi faire pour aider sa porteuse. La kwami savait que ce devoir comptait beaucoup pour Marinette, et elle ne voulait vraiment pas la voir échouer.

Cependant, comment faire pour l'aider ? Elle ne pouvait pas faire apparaître quelqu'un par magie ! Même si elle l'aurait voulu, c'était impossible.

Marinette bâilla, s'étira, avant de se lever de sa chaise et de se passer une main sur son visage fatigué.

« Je vais prendre l'air sur le balcon. Ça va me détendre, enfin j'espère. »

La jeune fille aux cheveux bleutés enfila un gilet pour éviter d'attraper un rhume, et alla finalement sur son balcon auquel elle pouvait accéder par une petite trappe.

Une fois à l'extérieur, Marinette ferma les yeux et inspira profondément. L'air frais s'immisça dans ses poumons, ce qui eut pour effet de la détendre immédiatement. Elle s'avança d'un pas lent vers le rebord de son balcon, croisa ses mains sur les sortes de barrière, et se mit à observer Paris qui était endormi.

Ses pensées divaguèrent malgré elle vers Chat Noir. C'était à son tour ce soir de faire une patrouille nocturne, et elle se demandait comment sa ronde se déroulait. Si il avait rencontré quelques imprévus, ou si tout s'était déroulé correctement. Si c'était le cas, alors le félin devait déjà être bien au chaud chez lui, en train de dormir. En revanche et dans le cas contraire, il était sûrement encore en train de bondir de toits en toits, profitant de son habileté féline.

Marinette laissa son regard se perdre sur l'horizon, espérant que ce moment de « vide » lui amènerait un peu d'inspiration. Cependant, au moment où son esprit était sur le point de se déconnecter complètement pour la laisser rêver en paix, un bruit sourd retentit derrière elle. Marinette revint immédiatement sur terre et fit volte-face en hurlant, terrifiée.

Mais lorsqu'elle aperçut Chat Noir, debout sur le toit de sa maison, ses iris verts brillant dans la pénombre, elle se détendit. Ce n'était ni un cambrioleur, ni un tueur en série. C'était simplement un... « chat errant ».

La surprise passée, Marinette haussa les sourcils en regardant le nouveau venu.

« Chat Noir ? Que me vaux l'honneur de ta visite ? »

Le héros laissa un sourire naître sur ses lèvres, et il bondit jusqu'à atterrir à la hauteur de Marinette.

« Je finissais ma patrouille nocturne, et je suis passé près de chez toi. J'ai vu que la lumière dans ta chambre était encore allumée, chose étrange au vu de l'heure tardive et le fait que nous sommes en semaine. On a des troubles du sommeil, Princesse ? »

Marinette croisa les bras sur sa poitrine et leva les yeux au ciel.

« Tsss. Non, pas de soucis de sommeil. En revanche, mon inspiration me joue de sacrés tours. »

Chat Noir s'accouda au balcon, et plongea son regard étincelant dans celui de Marinette.

« Des problèmes d'inspiration ? Toi ? Ça m'étonne.

- Et pourtant, c'est la vérité, soupira Marinette, frustrée. »

Le héros resta un instant sans répondre, l'air songeur, avant de reprendre la parole.

« Tu manques d'inspiration sur quoi ? Je peux peut-être t'aider.

- Heu merci Chat Noir, mais non, ça ira. Je ne pense pas que tu sois apte à m'aider. »

Chat Noir pris alors un air faussement vexé, et commença à faire rouler ses muscles sous sa combinaison de cuir, au plus grand damne de Marinette qui se retint de se pincer l'arête du nez.

« Attend, tu plaisantes ? Je suis ton valeureux chevalier venu à ta rescousse ! J'ai beaucoup de potentiel, tu sais. Je pourrais t'étonner. Allez, montre au matou ce qui te cause tant de tracas. »

Marinette souffla, et se mit à rire jaune.

« Non. »

Chat Noir ouvrit la bouche pour rétorquer, mais Marinette ne lui en laissa pas le temps.

« Tu ne vas m'être d'aucune utilité, Chat Noir. Ce devoir est propre aux artistes. Et je ne pense pas que tu en sois un.

- Là, tu me vexes, Princesse. »

La jeune styliste haussa les mains en l'air en secouant la tête.

« OK ! Comme tu veux. Je veux bien te montrer, mais je suis sûre que tu ne vas pas pouvoir m'aider.

- Je suis un chat plein de surprises ! Allez, montre-moi l'objet de tes soucis. »

Marinette haussa à nouveau les yeux en soupirant, agacée, avant de conduire Chat Noir à l'intérieur de sa chambre. Lorsque le matou eut posé ses pieds sur le sol de la pièce, Marinette fit volte-face pour le foudroyer du regard.

« Tu fais du bruit, t'es mort ! Mes parents dorment, et j'ai clairement pas envie qu'ils voient que j'ai invité un chat de gouttière dans ma chambre.

- « Un chat de gouttière » ? Eh ! répliqua Chat Noir en posant les mains sur ses hanches. »

Marinette hocha la tête, avant de guider Chat Noir vers son bureau. Elle lui montra sa feuille blanche et son crayon à papier, et n'ajouta rien. Chat Noir, quant à lui, ne comprenait pas trop le problème.

« Heu...

- J'te la fais courte : je dois faire plusieurs esquisses d'un visage d'une personne, sous différents angles. Et j'y arrive pas.

- Bah... t'as une meilleure amie, non ? Tu ne lui as pas demandé de poser pour toi ? »

Marinette se claqua le front avant de lancer un regard blasé au matou.

« T'es sérieux ? maugréa-t-elle, agacée. Bien sûr que si j'y ai pensé ! Mais j'ai pas l'inspiration... J'ai essayé avec plusieurs personnes, sans succès. Tous mes croquis sont ratés, je n'arrive pas à trouver LA personne qui me donne de l'inspiration. Je désespère. »

Un silence accueillit les paroles de la jeune styliste.

« Hmf, tu vois. Je t'avais dit que tu ne me serais d'aucune utilité.

- Je ne dirais pas ça, ronronna Chat Noir en attrapant la feuille et le crayon, et en les collant de force dans les mains de Marinette. »

Cette dernière haussa les sourcils sans vraiment comprendre, jusqu'à ce que Chat Noir ne s'immobilise au milieu de la pièce en la regardant avec des yeux presque séducteurs.

« Tu me fais quoi là ? s'énerva Marinette.

- Je prends la pose.

- Attend, quoi ?! Tu... tu crois que c'est TOI qui va me donner l'inspiration pour mes esquisses ?! »

A ces mots, Marinette explosa de rire. Rire qu'elle tenta de camoufler dans ses mains pour ne pas alerter ses parents. Une fois son fou-rire passé, les larmes aux yeux, Marinette tenta de reprendre son sérieux.

Chat Noir, de son côté, était resté silencieux et n'avait pas bougé.

« Chat Noir... tu... enfin je... t'es sérieux ?

- Oui. »

Le cerveau de Marinette se mit à fonctionner à cent à l'heure, et finalement, son choix fut vite fait. Au point où elle en était... Elle était désespérée, alors...

La Lycéenne finit par hausser les épaules.

« Bon, d'accord, capitula-t-elle en souriant à Chat Noir, malgré elle. »

Satisfait, le félin prit une pose héroïque tout en bombant le torse, fier.

« Oui bon, pas la peine d'en rajouter.

- Quoi ? T'es pas encore charmée, Princesse ? »

Mais c'est pas vrai.

Marinette roula des yeux (pour la énième fois depuis l'arrivée de Chat Noir), et finit par prendre une pochette cartonnée pour s'appuyer dessus pour dessiner. Elle tourna sa chaise de façon à être en face de Chat Noir, et se prépara à dessiner.

Elle plissa les paupières, et se racla la gorge en se rendant compte que le héros tenait toujours sa pose héroïque trop exagérée.

« Dis, tu pourrais te montrer un peu plus naturel ? Genre, je sais pas... arrête de crâner ! »

Le chat fut pris d'un fou-rire, avant de prendre une profonde inspiration et d'offrir son visage de profil à la jeune fille. Il sourit légèrement, le regard levé vers le ciel, et resta immobile.

« Parfait, murmura Marinette pour lui intimer de ne plus bouger. »

La jeune fille commença alors à tracer quelques traits. Elle commença par le nez de Chat Noir, qu'elle esquissa rapidement. A sa plus grande surprise, elle était pour le moment satisfaite de ce qu'elle faisait. Elle sentait l'inspiration revenir en elle à toute vitesse, et se rendit soudainement plus confiante.

Elle continua à tracer le contour du visage du félin, avant de s'arrêter lorsqu'elle arriva au moment de dessiner les contours de sa mâchoire. Lorsque Marinette releva la tête pour l'observer minutieusement, elle se surprit alors à se mordre la lèvre inférieure. La mâchoire de Chat Noir était sculptée à la quasi perfection, lui donnant un visage masculin et adulte.

Marinette déglutit avec difficulté, et se secoua lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était restée bloquée sur Chat Noir pendant une bonne minute, sans plus rien dessiner.

Reprend-toi Marinette. Reprend-toi.

La jeune styliste se força à se re-concentrer sur son dessin, et parvint à terminer l'esquisse. Elle avait fait une chevelure un peu plus en bataille que celle que Chat Noir avait réellement, mais elle trouvait que cela lui allait bien.

Marinette souffla, et redressa la tête.

« Chat ? Tu peux me donner un autre profil s'il te plait ? De face, ça serait bien cette fois.

- A vos ordres. »

Une fois cette phrase prononcée, Chat Noir se tourna pour faire face à Marinette. Il fut obligé de la regarder droit dans les yeux, et devant ce regard acéré et profond, Marinette sentit son cœur rater un battement. Elle entrouvrit légèrement la bouche, et sentit ses yeux la piquer.

Chat Noir s'était mis de face, et avait mis une main derrière sa nuque, pendant que l'autre était sur ses hanches. La posture n'avait rien de vraiment sensuel en soi, mais pour Marinette, c'était la catastrophe. Elle ne comprenait ABSOLUMENT rien à ce qui était en train de lui arriver. Elle était censée dessiner quelques croquis du héros, pas le mater comme une fille dont les hormones s'échauffent !

Et pourtant.

Force était d'avouer que Chat Noir était bel homme. Le temps avait sculpté son corps et son visage, laissant place à un véritable chef d'œuvre. Chat Noir avait également beaucoup grandi, et avait laissé ses cheveux pousser légèrement. Marinette avait également l'impression que son regard s'était approfondi, laissant entrevoir une lueur qu'elle ne lui connaissait pas.

Et sa gorge, parlons de sa gorge. Sa pomme d'Adam était visible à chaque fois qu'il déglutissait, et les doigts de Marinette la brûlaient tant elle se surprit à vouloir effleurer la peau nue qu'elle pouvait voir et qui lui semblait accessible.

Le héros avait baissé un tout petit peu son grelot, laissant place à un nouvel endroit de peau que Marinette mourrait d'envie de tester, de toucher, de frôler.

Mais qu'est-ce qui m'arrive ?!

Marinette prit une grande goulée d'air, et tenta de remettre de l'ordre dans son esprit. Il fallait qu'elle reste concentrée ! Et puis, depuis quand Chat Noir lui faisait-il un tel effet ? C'était à n'y rien comprendre !

Même si d'un côté, Marinette n'avait jamais pris le temps d'observer son partenaire de la sorte. Elle ne l'avait scruté aussi minutieusement et aussi longtemps. C'était comme si, désormais, elle prenait le temps d'admirer toutes les qualités physiques que Dame Nature lui avait offert.

Et c'était bien à ce moment que Marinette réalisait combien Chat Noir était un homme... désirable.

Plus encore qu'Adrien. Et jamais elle n'aurait cru le dire un jour.

Peut-être était-ce à cause (ou grâce) à son masque de cuir noir qui recouvrait une partie de son visage. Cela lui donnait un air mystérieux et séduisant. Ou peut-être était-ce à cause de ses yeux verts semblables à ceux d'un chat ? Ou encore peut-être était-ce à cause de—

« Marinette ? »

Prise au dépourvue, interpellée sursauta et, par surprise, lâcha son crayon un petit cri. Voyant que Chat Noir la regardait avec un air interrogateur sur le visage, elle s'empressa de tourner la tête pour ne pas que le matou voit ses rougeurs naissantes.

« D-Désolée.

- Je rêve ou tu me matais ? s'amusa le félin en reprenant une posture normale et se passant une main dans ses boucles blondes. »

Marinette secoua violemment la tête en signe de « non » et se racla la gorge avant de se lever de sa chaise. Ce ne fut qu'à ce moment qu'elle se rendit compte que ses jambes tremblaient frénétiquement, et que tout son corps était engourdi. Son cœur tambourinait dans sa cage thoracique, et elle sentait ses joues être en feu.

Bon sang, bon sang.

Marinette regarda sa feuille, avant de soupirer. Elle n'avait eu le temps de ne faire qu'un seul croquis, mais c'était sûrement mieux que rien. De toute façon, elle n'était clairement pas en état de continuer à esquisser Chat Noir.

Rouge d'embarras, la jeune fille alla déposer ses affaires sur son bureau, et resta appuyée dessus pendant quelques secondes. Elle tentait de reprendre le contrôle de ses pensées, et de retrouver une respiration convenable.

« Princesse ? Je-je ne voulais pas te vexer, je disais ça pour rire. »

Cependant, et de manière brusque, Marinette de retourna pour regarder Chat Noir dans les yeux. Celui-ci fut choqué de voir que le visage de sa Princesse était ravagé par les larmes.

En effet, la styliste en herbe était secouée par des sanglots incontrôlables, et des larmes roulaient sur sa peau.

Chat Noir ne comprenait plus rien. Qu'avait-il dit de mal pour blesser Marinette à ce point ?

« Marinette... ? »

La concernée ne pouvait plus s'arrêter de pleurer. En réalité, elle pleurait de honte. Elle pleurait d'embarras. Elle pleurait parce que... elle ne savait pas trop en fait. Fatigue ? Surcharge émotionnelle ? Burn out ? Elle n'en savait rien elle-même.

Elle ne comprenait pas pourquoi elle s'était mise à pleurer de la sorte. Peut-être s'était-elle sentie trop honteuse de ressentir une certaine attirance physique pour le félin. Ou peut-être était-ce simplement parce qu'elle était bien trop fatiguée.

Marinette finit cependant par reprendre le contrôle de ses émotions, et s'essuya les yeux avant de prendre un air coupable.

« Je... je m'excuse. Mais... tu devrais partir, Chat. »

Aucune réponse.

Chat Noir resta immobile, avant de finalement se mordre la langue et d'avancer vers Marinette. Celle-ci, lorsqu'elle remarqua que le héros s'avançait vers elle, se mit à reculer jusqu'à ce que ses fesses ne rentrent en collision avec son bureau.

« Chat Noir... ? »

Une fois arrivé à sa hauteur, le blond alla passer une main gantée sur une des joues humides de la jeune fille, avant de la prendre dans ses bras. Marinette hoqueta de surprise lorsque les bras de Chat Noir se resserrèrent contre son dos. Le corps du matou dégageait une forte chaleur réconfortante, ce qui eut pour effet de détendre Marinette. Elle ne savait pas trop pourquoi elle se laissait faire, mais tout ce dont elle était consciente, c'était qu'elle était bien.

Très bien même.

Marinette, crispée au début, réussit à se détendre et lâcha un soupir d'aise. L'étreinte de Chat Noir était si paisible, si chaleureuse. Jamais elle ne s'était sentie aussi bien dans les bras de quelqu'un qui ne faisait pas partie de sa famille.

Elle ne voulait plus partir. Elle aurait voulu que ce moment dure pour l'éternité.

Après un moment d'hésitation, Marinette finit par oser déposer son front sur le torse du félin, et elle sentit la ceinture de Chat Noir s'enrouler autour de sa taille.

Jamais elle n'avait été si réconfortée par un simple câlin. C'était comme si elle redécouvrait pour la toute première fois la chaleur d'une étreinte humaine.

Les mains de Chat Noir commencèrent à doucement caresser le dos de Marinette, pour tenter de la calmer davantage. La jeune fille était sur le point de s'endormir debout, ce que le blond ne tarda pas à remarquer. Doucement, il fit se guider Marinette jusqu'à la banquette de sa chambre. Celle-ci se laissa s'y asseoir, les yeux dans le vague et la tête endormie.

Elle reprit cependant ses esprits lorsque Chat Noir la lâcha, et elle hoqueta lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'il venait de se passer.

Elle commença alors à paniquer, à s'agiter, avant que Chat Noir ne revienne vers elle avec une couverture pour lui envelopper les épaules avec.

« Qu'est-ce que tu fais... ? murmura Marinette, complètement désorientée et perdue. »

Le félin prit place à côté de l'adolescente, avant de passer un bras autour des épaules de Marinette. Celle-ci fut rassérénée en sentant à nouveau la chaleur s'infiltrer dans son corps, et elle fut alors prise d'une immense bouffée d'affection pour le héros qui prenait si soin d'elle ce soir.

Chat Noir ôta une mèche de cheveux du visage de Marinette, avant de lui sourire tendrement.

« Tu devrais dormir, Princesse. Tu es épuisée. »

Marinette savait qu'il avait raison, mais elle refusait de l'admettre. Déjà qu'elle ne comprenait pas comment elle avait pu être aussi fatiguée d'un coup. Oui, c'est vrai, elle ignorait totalement d'où lui était venue cette soudaine fatigue. Mais elle était sûre de quelque chose en revanche : c'était qu'elle ne voulait pas que Chat Noir parte.

Alors au moment où le félin était sur le point de se lever de la banquette, Marinette le retint par le poignet.

« Reste.

- Je ne peux pas. Je dois rentrer, Princesse. Et toi, tu dois vraiment dormir. Ta crise de larmes me prouve que tu dois vraiment être épuisée. »

Marinette hésita encore quelques secondes, avant de capituler. Elle soupira, resserra la couverture sur ses épaules, et se redressa. Chat Noir l'imita rapidement, et il se pencha pour faire la bise à Marinette. Cependant et contre toute attente, ce ne fut pas la joue de Marinette qu'il rencontra, mais plutôt ses lèvres.

En effet, la jeune femme avait tourné la tête au mauvais moment et s'était donc retrouvé bouche contre bouche avec Chat Noir.

Les deux jeunes gens restèrent un instant immobile ainsi, les yeux écarquillés. Puis, comme s'ils furent frappés par un éclair de lucidité, tous deux se reculèrent précipitamment, bafouillant des excuses incompréhensibles.

Paniqué, Chat Noir recula et se racla la gorge. Il bénissait son masque qui devait très sûrement réussir à cacher ses rougeurs. En revanche, les joues de Marinette, elles, étaient écarlates.

« Je... hum... je vais y aller, d'accord ? balbutia le matou, terriblement gêné. »

Marinette se gratta la nuque avant de rire nerveusement.

« B-Bonne idée. »

La jeune fille aux cheveux de jais était terriblement gênée par tout ce qui venait de se passer, et elle ne parvenait pas à mettre de l'ordre dans son esprit. Tout était embrouillé, flou, et elle avait l'impression d'être saoule.

Malgré tout, elle réussit à reprendre la parole avant que Chat Noir ne disparaisse par la trappe qui menait à son balcon.

« Chat Noir ! »

Silence. Chat Noir s'immobilisa et tourna la tête vers Marinette, surpris.

« Oui ?

- M-merci. »

Le héros, gêné et ne sachant trop quoi penser de ce remerciement, se contenta d'hocher la tête avec un sourire, et de disparaître dans la nuit.

Marinette, elle, restait choquée par la tournure qu'avaient pris les événements. Elle ne parvenait pas à réaliser qu'elle venait littéralement de dessiner Chat Noir, puis de l'avoir observé avec envie, pour finalement se retrouver dans ses bras. Et pour clôturer le tout, elle l'avait embrassé ! Par mégarde, certes, mais elle l'avait embrassé quand même.

Et elle n'arrivait pas à regretter.

En fait, elle ne regrettait pas un seul instant de cette soirée.

Alors que Marinette était sur le point d'aller chercher la couverture qui était restée sur sa banquette, Tikki sortit de sa cachette et se mit à virevolter autour de sa porteuse, l'air goguenard.

« S'il te plait, Tikki, ne fais pas de remarques... la supplia Marinette, terriblement gênée. »

La kwami émit alors un rire cristallin, et se posa sur la feuille de croquis de Marinette.

« Au moins, maintenant, tu as fait quelque chose pour ton devoir !

- Oui mais... ce n'est pas assez. Avec un seul croquis de la sorte, je n'aurai jamais la moyenne. »

Tikki haussa ses petites épaules, avant d'aller poser le bout de ses pattes sur le nez de Marinette.

« Peut-être, mais tu as quand même appris quelque chose ce soir.

- Qui est... ?

- Chat Noir ne te laisse pas indifférente. »

A ces mots, Marinette manqua de s'étrangler littéralement avec sa salive, et elle se mit à suffoquer, prise au dépourvue.

« Q-Quoi ? Arrête, c'est n'importe quoi ! J'étais juste fatiguée ! Et puis, c'est Adrien que j'aime ! Pas ce foutu matou !

- Mmh mmh, s'amusa Tikki, les yeux remplis de malice. »

La kwami regarda alors sa porteuse se mettre en pyjama et monter dans son lit, avant de se permettre de murmurer une seule et unique phrase.

« Pourtant, si seulement tu savais que Chat Noir et Adrien ne font qu'un... »


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