"Ça ne marche pas avec moi"

C'était un de ces soirs d'été. Le genre de soir où la nuit tombe tardivement sur les rues de Paris, et où le soleil décide de dominer le ciel pendant encore de longues heures. Le genre de soir où l'air est chaud, presque étouffant, obligeant nombre de Parisiens à activer la climatisation, ou à mettre des ventilateurs un peu partout dans leur maison.

Marinette Dupain-Cheng n'échappait pas à la règle. Actuellement assise à son bureau, un ventilateur lui soufflant sur le visage et faisant virevolter quelques-unes de ses mèches de cheveux, elle semblait plongée dans un travail qui l'accaparait. Pourtant, la jeune fille mourrait de chaud et n'avait qu'une envie : se jeter sous la douche pour sentir de l'eau froide couler contre sa peau.

Malheureusement pour elle, elle s'était faite la promesse de terminer une partie de sa robe avant de s'autoriser toute autre activité. Marinette s'était inscrite à un club de couture pour occuper ses vacances d'été, et cela lui faisait on ne peut plus plaisir. Grâce à ce club, elle s'épanouissait au quotidien et faisait de nouvelles rencontres. Cela lui avait également permis de progresser. Son but étant de devenir une styliste renommée, elle ne pouvait laisser passer cette occasion de s'entraîner toujours plus.

La jeune demoiselle avait déjà cousu les principaux endroits et arrangé la globalité du tissu, mais il lui restait beaucoup de finitions à terminer.

Cependant, les pensées de Marinette divaguaient, ce qui l'empêchait de se concentrer pleinement. L'adolescente songeait à un certain Adrien Agreste, un beau blond aux yeux verts qui lui avait fait tourner la tête pendant de longs mois.

Marinette sentit alors sa gorge se serrer. L'année de 3ème s'était terminée sans qu'elle n'ait trouvé le courage d'avouer ses sentiments à Adrien. Une année entière à l'observer, à fantasmer, à à rougir, à trembler et à bégayer, pour... pas grand-chose au final. Marinette n'avait jamais réussi à lui dire ce qu'elle ressentait au plus profond de son cœur, et elle avait désormais la nette impression d'avoir raté quelque chose.

En effet, le jeune mannequin allait, dès la rentrée de Septembre, poursuivre sa scolarité dans un Lycée privé. Marinette, elle, irait dans un Lycée publique. Les deux adolescents se verront donc être contraints de suivre deux voies différentes. Au plus grand désespoir de Marinette.

Lorsque celle-ci avait appris qu'Adrien n'irait pas dans le même Lycée qu'elle, elle avait bel et bien tenté de lui proposer de se voir pendant l'été : en vain. Elle n'avait pas réussi à aligner trois mots, et, comprenant qu'elle ne parviendrait pas à s'exprimer convenablement, avait fini par lâcher un « ce n'est pas grave, laisse tomber », avec un air dépité.

Le mois de Juillet était donc bien entamé, et Marinette n'avait pas revu l'ombre d'Adrien depuis la fin du Brevet. Evidemment, elle avait fait des sorties avec Alya, parfois avec Nino. Mais Adrien, lui, n'avait jamais pu venir, par manque de temps à cause de toutes ses séances photos.

Marinette avait alors fini par essayer de se faire une raison. Elle devait mettre ses sentiments de côté et s'avouer vaincue. Pourtant, ce n'était pas vraiment son genre de baisser les bras : elle était Ladybug après tout ! La valeureuse et courageuse héroïne de Paris ! Celle qui n'abandonnait jamais !

Et pourtant.

Marinette commençait à perdre espoir. Plus le temps passait, et plus ses chances de vivre quelque chose avec Adrien, s'amenuisaient. Oh, l'adolescente était persuadée qu'elle ferait de nouvelles rencontres au Lycée. Qui sait, peut-être même retombera-t-elle amoureuse ! Mais... cet amour sera-t-il aussi fort que celui qu'elle ressent actuellement envers le blond ?

Marinette soupira et se laissa s'avachir sur le dossier de sa chaise, abandonnant ce qu'elle était en train de faire. Elle se passa une main sur le front, grimaça en sentant la sueur perler sur sa peau, et lâcha un nouveau soupir. Alertée, Tikki, qui était restée sur le coin de son bureau, à moitié endormie, ouvrit les yeux et alla virevolter devant le visage de sa porteuse. Elle posa ses deux minuscules pattes sur le bout du nez de Marinette, avant de lui sourire.

« Ça ne va pas ? »

La jeune fille aux cheveux de jais rendit son sourire à la petite kwami, et ouvrit ses mains pour que la coccinelle puisse venir s'y lover.

« Si, si... enfin je crois. C'est juste... que...

- Tu penses à Adrien. »

Surprise, Marinette piqua un fard, ce qui fit comprendre à Tikki qu'elle avait visé juste. La petite créature éclata d'un rire cristallin, avant de venir se frotter contre la joue de Marinette. Après quelques secondes d'échange d'affection, Tikki retourna s'asseoir entre ses mains, et, de ses grands yeux bleus, tenta de rassurer sa porteuse.

« Ça va aller, Marinette. Tu sais, ce n'est pas parce qu'Adrien n'est pas disponible ce mois-ci, qu'il ne le sera pas non plus le mois prochain ! Il reste de longues semaines avant la rentrée des classes, je suis sure et certaine que tu finiras par trouver un créneau pour le voir ! »

L'adolescent rigola légèrement avant de secouer la tête. Tikki avec raison. Même si Adrien n'était pas en possibilité de se déplacer pour venir voir ses amis, cela ne voulait pas dire que cette situation allait perpétuellement durer. Elle finirait par trouver un moyen de voir Adrien !

Elle en était persuadée.

Marinette se surprit alors à bâiller, et décida malgré elle, d'abandonner définitivement son projet de robe pour ce soir. Elle avait encore une petite semaine pour la terminer, et elle savait qu'elle trouverait largement le temps nécessaire pour la finaliser. Pas d'inquiétude, elle sera dans les temps.

La future Lycéenne s'étira en maugréant, avant de se lever de sa chaise et de se diriger vers le miroir central de sa chambre pour remettre un peu d'ordre dans ses cheveux. Cependant, lorsqu'elle fut arrivée à hauteur du miroir (et donc de sa fenêtre par la même occasion), elle fit l'erreur de tourner la tête pour regarder dehors. Marinette manqua alors de s'étrangler avec sa salive lorsque ses yeux rencontrèrent deux iris verts électrique, la fixant d'une manière.... étrange.

Cependant, Marinette savait pertinemment QUI se trouvait derrière la vitre. La stupeur étant passée, l'étudiante soupira et ouvrit sa fenêtre pour se retrouver nez à nez avec un Chat Noir tout souriant.

« Chat Noir, qu'est-ce que tu fiches ici ?

- Bah super, bonjour l'accueil, merci Princesse. »

Le superhéros afficha une moue vexée, avant de bondir à l'intérieur de la chambre (tout en ayant pris soin de ne pas se prendre l'escalier du lit dans la figure). Marinette haussa un sourcil avant de marmonner dans sa barbe et de refermer la fenêtre. 

Ce chat avait de ces manières... !

« Chat, je te le redemande : qu'est-ce que tu fais ici ? Tu ne devrais pas... je sais pas, faire des trucs de superhéros ? »

Le concerné croisa ses mains dans son dos et prit un air faussement coupable. Il afficha un sourire en coin, et se laissa tomber sur la banquette de la chambre de Marinette.

« Bah j't'en prie, fais comme chez toi... murmura Marinette, agacée. »

Chat Noir, qui restait silencieux, commençait sérieusement à faire bouillir le sang de Marinette. L'adolescente avait espéré pouvoir passer une soirée tranquille, et voilà que cet abruti de chat débarquait de nulle part.

« Chat...

- Je m'ennuie. »

Marinette « bugua » pendant un court instant, avant de se pincer l'arête du nez avec son pouce et son index.

« Ecoute, quand je m'ennuie, je ne m'incruste pas chez les gens sans leur demander la permission. Et puis tu n'as pas... d'autres chats à fouetter ?

- Oh, la Princesse fait des jeux de mots ?

- Ferme-la. »

Chat Noir explosa littéralement de rire, avant de se relever de la banquette et de se diriger vers son bureau. Marinette eut un mouvement de panique, ne sachant pas si Tikki s'était cachée à temps. Heureusement, lorsque Marinette arriva à hauteur du bureau, elle remarqua l'absence de sa kwami, ce qui eut pour effet de la rassurer.

Chat Noir, quant à lui, se pencha vers l'écran de l'ordinateur de sa camarade, et se tourna vers elle, le regard pétillant.

« Ça te dit une partie de console ?

- ... Chat, tu es sérieux ? »

A l'air surpris et presque déconfit du matou, Marinette capitula. Après tout, cela lui permettrait de prendre une petite pause dans son travail, et puis... si cela pouvait faire plaisir à Chat Noir...

Misère, mais qu'est-ce que je m'apprête à faire ?

« OK, maugréa Marinette en levant les mains en signe de défaite. A quoi tu veux jouer ?

- Je sais pas. T'as Mario Kart ?

- Oui. »

N'ajoutant rien, la jeune fille aux cheveux ébène alla chercher la disquette de jeu, et l'inséra dans sa console de jeux vidéo. Elle attrapa deux manettes (une pour elle, une pour Chat Noir), et invita ensuite son « invité surprise » à s'asseoir à côté d'elle. Enjoué, le félin attrapa la manette et son sourire s'élargit encore lorsque le jeu se lança.

Marinette semblait, quant à elle, perdue. L'incongruité de la situation la mettait mal à l'aise. Il y a dix minutes encore, elle bossait sur son projet de robe et discutait avec Tikki, au calme. Et à peine quelques secondes après, bam Chat Noir faisait irruption sans prévenir et venait perturber ses plans d'une soirée tranquille. En plus, la voilà qui était sur le point de se lancer dans une partie de Mario Kart avec son partenaire de combat ! Chat Noir !

C'était irréel. Et complètement stupide.

Malgré tout, Marinette n'avait pas vraiment le cœur à vouloir tout arrêter. Chat Noir semblait SINCÈREMENT heureux d'être ici avec elle, et de pouvoir jouer à un jeu vidéo. C'était comme si... comme si, dans sa « vraie vie », on ne lui permettait jamais de faire ce qu'il voulait. Comme si on lui interdisait tout temps libre.

Il me rappelle quelqu'un.....

Marinette secoua la tête pour chasser ses pensées hasardeuses, et tenta de se concentrer sur la partie qui venait d'être lancée. La jeune fille avait choisi son personnage préféré : Luigi. Chat Noir, lui, avait opté pour Bowser.

Les deux camarades de jeu ne cessaient d'exploser de rire (tout en tentant de rester le plus discrets possible, ni l'un ni l'autre n'ayant envie de se faire surprendre par les Dupain-Cheng), et se lançaient sans cesse des carapaces vertes, rouges, et bleues, sur la figure.

Les deux premiers circuits furent gagnés par Chat Noir, qui jubilait. Mais Marinette n'avait certainement pas dit son dernier mot, et donna tout ce qu'elle avait dans les deux derniers circuits.

Arrivés au dernier tour de la course finale, Marinette était largement en tête et dépassait Chat Noir de plusieurs places. Agacé par l'audace de sa compagne de jeu, le matou eut alors une idée. Une idée saugrenue, mais une idée quand même.

Il se mit à ricaner silencieusement (ou presque), et fit rouler sa chaise jusqu'à être presque collé contre Marinette. Après quelques secondes d'hésitation, il finit cependant par faire ce qui le démangeait depuis le début de la partie : titiller sa partenaire.

Vicieux, Chat Noir avança lentement son visage vers celui de Marinette, pour finalement venir frôler son cou du bout de son nez. La concernée sursauta, serra les dents, mais ne quitta pas l'écran du regard. Elle ignorait ce que Chat Noir était en train de faire, mais une chose était sure : elle n'allait pas se laisser déconcentrer aussi facilement.

Le superhéros se mit alors à insister, avant de finalement (et carrément) déposer un léger baiser sur l'épaule de la jeune fille

« Prrrrincesse... murmura-t-il d'une voix qu'il tenta de faire paraître la plus séduisante possible. »

Marinette sentit son cœur s'accélérer légèrement, mais elle ne flancha pas. Elle était consciente qu'il s'agissait là d'un stratagème pour la faire perdre, et elle s'était faite la promesse qu'elle ne céderait pas.

« Ça ne marchera pas avec moi, Chat. Désolée. »

Et en effet, rien ne semblait pouvoir venir perturber Marinette, qui continuait sa course comme si de rien était. Chat Noir, de son côté, avait et ce malgré lui, totalement oublié le jeu qui se passait devant lui. A vrai dire, il était en train de réaliser quelque chose qu'il n'avait clairement pas prévu. Si au début, le frôlement de son nez dans le cou de Marinette n'avait été fait que dans l'unique but de la déstabiliser, il devait bien admettre quelque chose qui le faisait frissonner : ce contact lui avait PLU.

Pire encore, il voulait recommencer.

Chat Noir sentit sa gorge se nouer à cette pensée. Il s'agissait de Marinette, sa camarade de classe de Collège. La douce et timide Marinette, celle qu'il avait toujours considérée comme une amie et rien de plus. Alors pourquoi diable avait-il envie de recommencer ce qu'il avait fait ? Pourquoi avait-il envie d'effleurer à nouveau sa peau laiteuse ?

Prenant finalement conscience de ses pensées, Chat Noir recula précipitamment et lâcha sa manette. L'objet alla s'écraser au sol en un fracas épouvantable, ce qui fit sursauter Marinette. Les deux adolescents restèrent par la suite silencieux, pour être sûrs et certains que les parents de la jeune fille ne les avaient pas entendu.

Une fois que les deux compagnons se furent assurés que le bruit de la manette n'avait pas été relevé, Marinette soupira et se tourna pour foudroyer Chat Noir du regard.

« A quoi tu joues ?! »

Le matou afficha un sourire gêné, avant de se gratter la nuque.

« A Mario Kart.

- Chat, je suis sérieuse.

- La manette m'a échappé des mains, se défendit le héros en croisant les bras sur son torse. J'ai pas fait exprès. »

Le regard de Marinette s'attarda sur la manette qui était restée au sol, avant de relever la tête pour planter son regard dans celui de Chat Noir.

« Je... je ne te parlais pas de ça. »

Oh.

Chat Noir déglutit avec peine, et détourna le regard. Lui, d'habitude si fier et si sûr de lui, avait l'impression d'être devenu un petit garçon que l'on venait de prendre la main dans le sac.

Marinette avait raison. A quoi jouait-il exactement ? Que s'était-il passé dans sa caboche, pour qu'il prenne l'initiative d'aller déposer un baiser furtir dans le creux formé par l'espace entre l'épaule et le cou de Marinette ?

Adrien, reprend-toi.

Prenant le silence de Chat Noir comme un « je ne vois absolument pas de quoi tu parles », Marinette montra alors son épaule du bout de son doigt tout en maintenant avec difficulté le contact visuel avec le félin.

« Je te parle de ÇA. »

Aucune réponse ne lui parvint. Chat Noir, déboussolé, finit par hausser les épaules et se leva de son siège pour tourner le dos à Marinette. Son cœur battait la chamade, et il ignorait pourquoi. Il avait toujours été amoureux de Ladybug, et il savait qu'il n'y aurait jamais personne d'autre dans sa vie. Alors pourquoi, oui pourquoi, avait-il envie d'embrasser Marinette ? Sa camarade de classe, bon sang ! Son amie !

Resté immobile, l'attitude de Chat Noir alerta la jeune styliste, qui se leva à son tour pour venir s'approcher du héros à pas feutrés. Elle ne comprenait pas vraiment la réaction du félin, et voulait s'assurer qu'elle ne l'avait pas blessé.

« Chat... ? »

Puis, avant que la future Lycéenne n'ait le temps de dire ou faire quoi que ce soit de plus, Chat Noir fit volte-face pour se retrouver presque nez à nez avec Marinette. L'étudiante fit quelques pas en arrière, mais Chat Noir réduisit l'espace entre eux avant d'attraper le visage de la jeune fille avec ses mains griffues. Après une minuscule seconde d'hésitation, il se pencha en avant pour effleurer ses lèvres des siennes.

Et ce qui n'était pour le moment qu'un furtif baisé volé, se transforma ensuite en une réelle offrande. Ceci déclencha un torrent de nouvelles sensations dans la poitrine de Marinette, qui sentit littéralement son cœur exploser, libérant un feu incandescent dans sa cage thoracique.

Sur le coup, l'adolescente aux cheveux de jais ne réagit pas. Elle resta juste figée, perdue, et complètement déroutée. Prise au dépourvue.

Les lèvres de Chat Noir étaient douces, chaudes, presque rassurantes, mais.... mais par le ciel, qu'était-il en train de se passer ?

Reprenant ses esprits, Marinette posa ses mains sur le torse du matou, et le repoussa violemment. Les yeux brillants et les lèvres humides, Marinette était au bord de la suffocation et lançait un regard assassin à Chat Noir.

« Mais qu'est-ce qui te prends ??! »

Une fois de plus, aucune réponse ne lui parvint.

Agacée, piquée au vif, Marinette éleva alors la voix, ne se préoccupant plus de savoir si ses parents l'entendraient ou non.

« Je peux savoir pourquoi est-ce que tu m'as sauté dessus comme un sauvage ? Tu fais ça avec toutes les filles que tu vas voir le soir quand tu t'emmerdes ? Tu te prends pour QUI exactement ? »

Chat Noir se mordit la lèvre inférieure et planta ses prunelles vertes dans celles bleues océan de Marinette. Les deux adolescents s'échangèrent un long, très long regard, et Marinette se rendit alors compte au bout d'une bonne trentaine de secondes, qu'elle avait cessé de respirer. Ses poumons la brûlaient, et elle fut obligée de prendre une profonde goulée d'air pour ne pas s'étouffer.

« Écoute, je... Chat Noir, je pense qu'il vaut mieux que tu partes. Maintenant, murmura l'étudiante, le regard fuyant. »

Chat Noir, lui, resta immobile avant de finalement hocher la tête. Il avait été trop loin, il le savait pertinemment. Lui-même ne savait absolument pas ce qui lui était passé par la tête. C'était n'importe quoi, il s'était comporté comme le dernier des abrutis. A cet instant, Chat Noir n'avait qu'un seul désir : se foutre une baffe.

Sans rien ajouter ou même chercher à s'excuser (il savait que c'était inutile), le superhéros lança un sourire forcé à Marinette, se passa une main dans les cheveux, et se dirigea vers la fenêtre. Alors qu'il contournait l'escalier menant au lit de Marinette, pour sortir par la fenêtre, il se sentit subitement retenu par sa ceinture en cuir.

Marinette avait ressenti une point de frustration grandir en elle au moment où elle avait vu Chat Noir sur le point de partir.

Au fond, voulait-elle vraiment qu'il s'en aille ?

« Chat Noir. »

Retenu par la queue de son costume, l'interpellé fut forcé de s'immobiliser, mais ne se retourna pas. Il avait peur, bien trop peur pour affronter une nouvelle fois le visage en colère de Marinette. Pourtant, l'expression de cette dernière avait changé du tout au tout. L'adolescente se mordait la langue jusqu'au sang, et tendit la main jusqu'à effleurer l'épaule du héros.

« Regarde-moi. S'il te plait. »

Chat Noir obtempéra. Il se retourna doucement, pour faire face à la jeune demoiselle. Cette dernière planta ses iris dans ceux du félin, et ouvrit la bouche.

« Écoute... je suis désolée. Je ne sais pas si tu ressens quelque chose pour moi, honnêtement je ne pense pas étant donné que tu as toujours clamé que tu étais amoureux de Ladybug, mais... sache juste que je suis amoureuse de quelqu'un. Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais cette fameuse nuit où je t'ai avoué mes sentiments, peu avant que mon père ne se fasse akumatiser... ce n'était pas vrai. Mon cœur appartient à quelqu'un d'autre, et... enfin. Bref.

- Princesse...

- Chat, pourquoi m'as-tu embrassé ? »

Le concerné serra les poings et lâcha un énième soupir. Il ne pouvait malheureusement guère donner de réponse à Marinette, parce que lui-même ne savait pas ce qu'il lui avait pris. Il ignorait tout de la raison qui l'avait poussé à embrasser sa camarade.

Les deux compères se fixèrent sans rien dire. Marinette sentait, malgré elle, son cœur tambouriner dans sa cage thoracique comme s'il menaçait d'exploser à tout moment. Elle le sentait battre à ses tempes, dans son cou, dans son torse. C'était comme si de la lave incandescente circulait dans ses bras dans ses veines.

Chat Noir, la bouche entrouverte, finit par tendre la main pour déposer ses doigts gantés sur la joue de Marinette. Celle-ci se figea brusquement. Elle sentit tous ses muscles se tendre, et sa mâchoire se crispa. Les yeux écarquillés, la bouche fermement close, Marinette sentait la panique s'influait en elle.

Pourtant, elle ne broncha pas lorsque Chat Noir l'embrassa une nouvelle fois. Et cette fois-ci, l'adolescente ne broncha pas.

Un peu perdue, ne sachant pas vraiment comme s'y prendre, la jeune fille resta stoïque. Puis, elle finit par faire se mouvoir ses lèvres contre celles de Chat Noir, avant de porter ses mains à la chevelure dorée du héros. Ses doigts se perdirent dans les boucles blondes du félin, pendant que celui-ci continuait de l'embrasser avec ferveur. Il se délectait du goût fruité qu'avaient les lèvres de Marinette. Il en voulait plus. Toujours plus.

Ses mains descendirent délicatement jusqu'aux hanches de la jeune fille, avant de passer un de ses doigts sous son tee-shirt pour venir exploser sa peau nue. Progressivement, le vêtement remonta le long de son corps, pendant que Marinette se mit instinctivement à mordiller la lèvre inférieure de Chat Noir. Ceci eut pour effet de déclencher une décharge électrique dans tous les membres du héros. Il tenta de réprimer un gémissement de plaisir, mais faillit lamentablement. Ses lèvres finirent par quitter les lèvres de sa partenaire pour venir lui embrasser le cou et les clavicules.

Marinette fut finalement obligée de reculer, puis finit par buter contre le rebord de la banquette de sa chambre. Elle perdit l'équilibre et, après avoir chancelé quelques secondes, tomba à la renverse avec un petit cri, entraînant Chat Noir dans sa chute. Les deux adolescents se retrouvèrent alors allongés sur la banquette, Marinette sur le dos et Chat Noir la surplombant de tout son corps.

Les deux héros restèrent ainsi quelques secondes, se regardant fixement. Marinette était essoufflée, et ses joues étaient rosies. Chat Noir, quant à lui, avait les cheveux ébouriffés et semblait peiner à réaliser ce qui était en train de lui arriver. Ses prunelles vertes luisaient d'un éclat que Marinette n'avait jamais vu.

Après une petite hésitation, le félin repartit à la rencontre de la bouche de Marinette, avant de caresser doucement ses épaules de ses mains. Ses doigts vinrent frôler les bretelles du soutien-gorge de la jeune fille, et le félin sentit son bas-ventre se tordre.

Chat Noir finit par s'allonger par s'allonger contre Marinette, prenant appui sur ses coudes pour ne pas l'écraser, pendant que celle-ci eut l'audace de croiser ses jambes autour de la taille du héros.

Marinette ne savait pas réellement ce qu'elle était en train de faire. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle appréciait le moment présent.

Mais peut-être était-elle ivre ? Sous l'effet d'un sortilège. Cela expliquerait surement pourquoi elle se retrouvait là, allongée sur sa banquette, à embrasser Chat Noir avec une ferveur qui lui était encore jusqu'à aujourd'hui inconnue.

Marinette tenta de chasser ces pensées en dehors de sa tête, et lâcha un soupir lorsque Chat Noir la mordilla légèrement au niveau de l'épaule. La jeune styliste raffermit sa prise avec ses jambes autour de la taille de Chat Noir, forçant le matou à fermer les yeux pour se concentrer et ne pas succomber au désir qui l'envahissait. C'était comme si Marinette ne voulait plus le lâcher. Comme si elle ne voulait pas qu'il parte.

Marinette était finalement sur le point de caresser à nouveau les cheveux blonds du héros, lorsqu'elle eut un bref éclair de lucidité. Paniquée, elle se mit à crier, à gesticuler, et poussa Chat noir si fort qu'il tomba sur le côté et au sol en un énorme « boom ».

La styliste en herbe se mit sur ses genoux, haletante, regardant Chat Noir d'un air perplexe. Elle porta son index à ses lèvres, et frémit lorsqu'elle repensa au contact de celles du félin contre les siennes.

Les yeux exorbités et sentant la panique prendre le dessus sur elle, Marinette remit son tee-shirt correctement et se précipita vers sa fenêtre (manquant de s'assommer contre l'escalier au passage), pour l'ouvrir et intimer à Chat Noir de s'en aller « illico-presto ». D'abord décontenancé, le superhéros sembla finalement se rendre compte de la situation dans laquelle il s'était fourré, et se redressa pour se diriger rapidement vers la fenêtre entrouverte.

« Marinette, je—

- Va-t'en, Chat. »

Le matou se mordit la langue, avant de capituler, de lancer un bref « au revoir » à sa camarade, avant d'étirer son bâton pour s'enfuir comme un voleur.

Une fois que Marinette fut certaine qu'il soit parti, elle referma la fenêtre en vitesse et se laissa tomber par terre, sous le choc. Cette simple soirée s'était transformée en quelque chose de terriblement inattendu. La jeune adolescente tremblait encore, et elle se sentait brûler de l'intérieur.

Son regard s'aventura sur la manette de la console de jeu qui traînait encore sur le sol, et elle se releva pour aller ranger le matériel.

A peine remise de ses émotions, l'adolescente entendit brusquement son portable se mettre à vibrer. Il s'agissait d'un SMS d'Alya.

« De : Alya, à : Marinette : Dis, je passais dans ta rue et... dis-moi, je rêve ou j'ai vu Chat Noir sortir par la fenêtre de ta chambre ? »

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