La solution

Ça commence toujours doucement, au début.

Comme un grondement lointain qui prend place petit à petit au milieu de ses entrailles. À ce moment là, il hésite à chaque fois. Soit c'est une simple sensation, un peu dérangeante, qui va finir par s'envoler loin de lui, à force de penser à autre chose, soit son corps va être en proie à une crise des plus affreuses.

Il prie de toute ces forces, pour que ce trouble ne soit que passager, et que ça ne vienne pas ruiner toute sa journée. Pourtant, quand il sent ce tremblement devenir de plus en plus féroce, quelque part dans sa poitrine, il est bien obligé de l'admettre : le cauchemars commence.

Sa tête est prise d'une migraine soudaine et tout bonnement insupportable, lui donnant l'impression que son crâne est serré dans un étau, que quelqu'un s'amuse à refermer sur lui, seconde après seconde. Mais, si ce n'était que ça, ce serait encore gérable. Non, à ça viennent s'ajouter les spasmes dans ses mains, qui s'agitent sans qu'il ne puisse en contrôler le mouvement. Et puis, encore après, c'est ce ressenti tout bonnement infernal, d'une boule grossissante au fond de sa trachée, qui le prive d'oxygène petit à petit.

Se sentant atteindre un point de non-retour, il lève ses prunelles, espérant capter le regard de son camarade, qui, avec le temps, à fini par comprendre ce qu'il doit faire dans ces cas là. Incapable de parler, il compte sur ses yeux, ses seuls alliés dans cet instant, pour transmettre le message, en espérant que ceux-ci ne soient pas non plus en train de le trahir, comme le reste de son corps.

Par chance, le jeune homme semble comprendre rapidement, et lui offre un hochement de tête, qui se veut le plus rassurant possible, avant de déguerpir en courant, remplir la mission qui lui est incombé à cet instant. Conscient de la gravité de la situation, il se presse à chaque pas, pour mettre un terme à cette souffrance grandissante, qu'il sait sans limite, si l'on en stoppe pas le processus rapidement.

La victime regarde son acolyte s'enfuir, et tâche de se rassurer. Une fois cette phase ci enclenchée, il ne lui reste plus qu'à tenir bon, juste à négocier avec son corps, jusqu'à ce que la solution ne s'amène à lui. Il doit juste tenir encore quelques minutes, et ordonner à sa gorge de laisser passer encore cet air si précieux, dont il a besoin pour nourrir ses poumons, qui commencent eux aussi à se venger.

Sa poitrine le brûle douloureusement, se rajoutant au cortège de symptômes, dont la liste s'allonge à mesure que les secondes s'égrainent. À l'image d'un sablier de torture, chaque grain qui s'écoule de l'autre côté, rejoignant la seconde sphère en verre, lui inflige un nouveau supplice.

Il sait que les images qui se bousculent dans sa tête, responsables de cette réaction cauchemardesque, ne sont pas réelles. Ce ne sont que des chimères, qui s'agitent devant sa rétine, lui écorchent les yeux, et dansent de façon à le narguer, emportant tout de lui sur leur passage. Mais il n'arrive pas à s'en défaire. Perdu tel un enfant, au milieu de ces clichés à l'allure franchement dérangeante, il fini par confondre la réalité et ses craintes, qui prennent vie autour de lui. Tout le décor autour de lui ne cesse de s'effacer, et rien ne peut lui permettre de se raccrocher à quelque chose de tangible, tout en l'empêchant de sombrer dans cet univers morbide, sans vie.

Les larmes commencent petit à petit, à déborder sur ses joues, venant inonder son visage, et il sent ses dernières forces l'abandonner. Il se laisse tomber à même le sol, pose ses mains nerveusement autour de sa tête, essayant de faire un rempart entre sa personne et ce qui se déroule, ou non, en face de lui. Lorsque ses pupilles tombent sur l'horloge de la pièce, il se décompose un peu plus, constatant que le temps continue de filer, de l'entraîner dans cette spirale de l'enfer, et que la seule chose capable de le sortir de ces atrocités, tarde à arriver.

Ses sanglots prennent de plus en plus de place, jusqu'à s'échouer sur les murs peints d'une couleur criarde, qu'il ne distingue même plus de toute manière. Il a la sensation d'étouffer, entre ses hoquets d'une violence inouïe, et ce tourment, qui prend ses aises dans toute sa poitrine désormais, l'empêchant encore et toujours de respirer.

Ce châtiment, connu sous le nom d'angoisse, l'accompagne depuis plusieurs mois maintenant. Les crises, chaque jours un peu plus violentes, se sont fait une place dans son quotidien suite à une mission bien plus compliqué que les autres. Ses quelques camarades qui l'ont suivi dans cette besogne, en sont tous ressortis plus ou moins amochés également. Mais comment pourrait-on seulement ressortir indemne d'un tel cauchemar, après tout ? Quand on aperçoit des victimes sanguinolentes, des corps en putréfaction, et de pauvres fous qui se délectent d'une telle douleur. L'impression de ne jamais réussir à sortir de cette endroit, d'en être prisonnier depuis qu'il y a mit les pieds, le plonge sans cesse dans cet état catatonique, rendant sa bête noire toujours plus vivante, à mesure que le temps passe.

Allongé au milieu de la moquette de cette salle de réunion, il se donne l'impression d'être minable, et de n'avoir plus rien de ce grand héro que les médias décrivent. Il va même jusqu'à appeler sa mère au secours, suppliant qu'on le sorte de ce supplice. Pourtant, aucun traitement, ni aucune solution connue du corps médical n'a su l'aider jusqu'à aujourd'hui. Et les vidéos de méditation, il n'en parle même pas. À part renforcer davantage son énervement, et faire redoubler d'intensité son trouble, ça ne lui a jamais été d'une grande aide.

Rien ne réussit jamais à le sortir de cette persécution constante, allant même parfois jusqu'à le priver de sommeil, et d'une quelconque forme de repos.

Le temps continue de passer, et il s'impatiente, gesticulant sur son sol, râlant intérieurement après son ami, qui n'est visiblement pas fichu de respecter une seule et unique consigne. À défaut de pouvoir s'égosiller de vive voix, il tente de remettre de l'ordre dans sa boîte crânienne, en hurlant à plein poumons après les souvenirs à l'allure sordides, qui se baladent librement dans la masse visqueuse de son cerveau. Ceux-ci, semblent prendre un malin plaisir à foutre en l'air l'organisation méthodique de sa mémoire, et s'immiscer dans les moments de joie, qu'il garde précieusement dans un coin de sa tête. Ceux qu'il ne se permet de revisionner que lorsqu'il est seul, et sûr qu'il peut se laisser aller à être lui même sans craindre le jugement d'autrui, sans avoir à se justifier auprès de qui que ce soit. Ceux qui lui mettent habituellement du baume au cœur, venant le réchauffer d'une douce chaleur, bienveillante et agréable, à mille lieux de cet instant ravageur qu'il est en train de vivre.

Il continue d'appeler au secours, et sa voix se fait de moins en moins audible. Son timbre viendrait arracher des larmes à quiconque s'approcherait de lui pour l'écouter, et il commence à penser que si on ne le sort pas de là d'ici quelques secondes, il va probablement devoir se taper la tête contre le mur, encore et encore, en espérant que ce calvaire finisse par cesser, quitte à causer quelques dommages collatéraux.

Et pourtant, au milieu de cet enfer, une porte vient claquer et une présence se fait sentir à ses côtés. Le garçon qui est entré soudainement, s'agenouille immédiatement à sa hauteur, et l'encadre de ses bras. L'emmenant contre lui, il se retrouve assis entre ses jambes, bercé contre un torse, la tête posée contre le cou de son sauveur, qui se retrouve rapidement noyé par ce torrent de larmes.

Il lui faut quelques instant, pour entendre cette voix, si singulière à ses oreilles, celle qu'il aime tant écouter, même au beau milieu de la nuit. Pour que celle-ci soit en mesure de briser cette lourde carapace qui l'alourdit, et qui le coupe du monde. Et il lui faut encore plus de temps, pour enfin être capable de comprendre les mots qui sont murmurés au creux de son oreille, de façon à ce que lui, et lui seul soit en mesure de les entendre.

« - Katchan, je suis là maintenant. »

La présence de son foutu nerd le rassure tant bien que mal, et le souffle qui se faisait toujours un peu plus manquant à chaque seconde, commence à daigner lui revenir. Calquant sa respiration contre celle du plus jeune, il sent son thorax se soulager d'un poids, et constate avec bonheur que ses poumons fonctionnent encore, et ne l'ont pas complètement abandonné. Bien sûr, il en a conscience, la présence d'Izuku n'est pas un traitement magique, et bien qu'il connaisse le processus par cœur, à force d'avoir à gérer ce genre de situation, il lui faut toujours plusieurs minutes, pour réussir à calmer ses sanglots, et retrouver sa voix.

Mais à chaque fois, c'est Deku, lui et lui seul, qui arrive à le sortir de ce labyrinthe tortueux dans lequel il s'emmêle seul. C'est lui qui parvient à le rassurer, quitte à en perdre son propre sommeil, en lui murmurant de douces paroles, l'invitant à le regarder dans les yeux, pour s'ancrer à ce point, et enfin arrêter de voir les monstres dans l'espace. C'est d'ailleurs pour cette raison que le jeune garçon ne quitte plus le domicile de Bakugo, allant maintenant jusqu'à s'incruster dans son lit, pour vérifier que son ami d'enfance va bien, et peut se reposer. Qu'il ne sera pas encore prit par ces images d'horreur, et incapable de ce sortir de ce cercle vicieux.

« - C'est ça Katchan, respire calmement, je suis là. Je ne te lâche pas, je te le promet »

Le dit Katchan, hoche la tête, toujours posé dans son cou, savourant ce parfum qui parvient jusqu'à ses narines. Il resserre sa poigne sur le sweat-shirt de Midoriya, et ne peut s'empêcher de somnoler un peu, épuisé par la violence de cette crise, qui commence doucement à s'estomper, pour ne devenir plus qu'un mauvais souvenir.

Sa trachée se libère petit à petit, et les tremblements de ses mains finissent par cesser d'eux-mêmes, preuve irréfutable qu'il n'est pas de meilleur traitement en ce monde, que la douceur légendaire d'Izuku Midoriya.

Toujours posé dans ses bras, il continue de faire correspondre sa respiration sur le souffle du numéro un, sans pour autant bouger de sa position. Il se sent un peu mieux, là, assis sur cette moquette grise immonde, au milieu de ces murs blancs et jaunes qu'il trouve tout simplement ignoble à regarder. Perdu au milieu de l'étreinte de son Deku, il fini par sourire faiblement, en continuant de garder les yeux fermés. Ses cordes vocales complètement à bout, à cause de la fatigue, peinent à laisser passer un filet de voix correct. Pourtant à force de persévérance et d'efforts, il fini par se faire entendre.

« - T'en a mis du temps le nerd... »

Le susnommé se raidit, tout en frottant sa nuque nerveusement, visiblement pas très fier de lui. Prenant son temps avant de prendre la parole, comme si il cherchait une excuse valable, ou des mots pouvant justifier son retard monumental, il vient resserrer son étreinte.

« - M'en parle pas, Kirishima m'a cherché dans toute l'agence, j'étais dans le bureau du chef. Pardon Katchan...

- T'excuse pas, idiot. Merci d'avoir été là...fichu nerd... »

L'homme à la chevelure verte se contente d'acquiescer, tout en continuant ses marques d'affection à l'égard du héro explosif, qui se remet enfin de cet épisode martyrisant. Il passe une main dans ses cheveux, et intensifie sa prise contre son dos, pour l'amener un peu plus contre lui, comme pour être sûr que Katsuki ne lui échappe pas encore une fois, et qu'il est bien là. Brisé, en vrac, et pas complètement lui-même, malheureusement, mais il est tout de même là.

Et Izuku se fait la promesse que jamais plus il ne laissera Katchan seul, un seul instant. Qu'ils traverseront cette mauvaise passe ensembles, pour qu'enfin, le blond retrouve une vie paisible.

« - On rentre à la maison ?

- Oui, s'il te plaît, Deku. »

Il hoche la tête en regardant l'explosif dans les yeux, tout en lui offrant un sourire des plus sincères. Celui-ci y répond positivement, avec une expression indescriptible sur le visage, heureux de savoir que le nerd est toujours à ses côtés.

Ils restent ainsi quelques minutes, sans pour autant se lever, malgré leur souhait, et finissent par échanger un baiser, à même le sol, prostrés sur cette moquette qui semble bien loin de leurs pensées à cet instant.

Katsuki se redresse difficilement, ancre ses deux pieds sur la surface place en-dessous de lui, et continue de sourire discrètement.

Aucun médecin n'aurait pu trouver un traitement plus efficace que celui-ci pour soigner ses maux. Il le sait pertinemment, la solution a toujours été sous son nez de toute manière. Il n'y a que son petit ami, pour éloigner ces grains de cauchemars de son existence, pour la rendre plus vivable.

Alors, en sortant de cette pièce, fixant leur mains liées, il s'en fait la promesse. Quand ils sortiront de cette période délicate, il pensera à le demander en mariage. Et il continuera à remplir la boîte à souvenir, quelque part dans son crâne. Il en est persuadé : ceux-ci, par leur pureté et leur douceur, viendront effacer les monstres sanguinolents, avec le temps, ça ne fait aucun doute.

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Bonjour, bonsoir,

Comme vous voulez après tout, je ne suis pas difficile. Un immense merci à tout ceux qui prennent le temps de jeter un œil à mes quelques petites histoires, ainsi qu'à ceux qui prennent le temps de voter. Ça me touche sincèrement !

En espérant que celle ci vous plaise également, plein de bisous 😘

Onyx

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