Yuta x Renjun
A l'instant même où le sac s'était refermé sur sa tête, Renjun avait su que son ex petit-ami était impliqué dans la galère. Il n'avait pas hésité une seconde à l'insulter dans toutes les langues qu'il connaissait, même si cela n'allait rien changer à la situation, et il s'était laissé emporter par ces inconnus. Il ne servait à rien de résister, il le savait bien. Il n'avait ni le physique de géant ni celui d'un athlète, il n'était qu'un ancien étudiant en médecine, fraichement diplômé, n'ayant pas pratiqué le moindre sport depuis la fin des cours obligatoire du lycée. Avec sa carrure maigrichonne et sa force de moucheron, il valait mieux pour lui se tenir à carreaux. Renjun pesta, il avait rompu avec Yuta justement après un événement de ce genre et il avait eu l'espoir de ne plus jamais revivre ça. Un espoir qui avait perduré pendant plus de deux ans mais qui venait brusquement de prendre fin.
Renjun serra les dents quand un virage serré réveilla son mal des transports. Il ne voyait rien, il faisait terriblement chaud sous ce sac, et en plus il avait mal au cœur. Il laissa retomber sa tête contre la vitre et ferma les yeux tout en comptant les secondes. Il espérait que de cette façon le temps s'écoule plus rapidement.
Une erreur, il avait une erreur dans sa vie et il avait l'impression qu'il allait la regretter pour le restant de ces jours. Ce n'était quand même pas de sa faute si son fichu cœur avait flanché pour Yuta. L'autre était âgé de quelques années de plus que lui, le typique du sportif sûr de lui, un côté un peu sombre et mystérieux, il n'en avait pas fallu plus pour que Renjun se prenne d'intérêt pour lui. Un intérêt qui était rapidement devenu réciproque puisque Yuta était celui ayant initié leur rapprochement. Ils en étaient venus à s'aimer, un amour passionné et destructeur auquel Renjun avait mis fin pour se protéger. S'il avait su dès le départ que Yuta était l'héritier d'un clan de yakuzas particulièrement célèbre au Japon, il n'aurait jamais accepté ses avances. Le jeune homme pouvait se montrer téméraire, mais il ne souhaitait pas impliquer sa famille. Or, s'il fréquentait le futur parrain de la mafia japonaise il ne faisait aucun doute que sa famille ne pourrait pas rester telle qu'elle était.
Tout son corps se tendit et il rentra les ongles dans la paume de ses mains quand la voiture s'immobilisa. Il entendit quelques mots être aboyés en japonais puis la portière s'ouvrit brusquement. Il sentit l'air frais fouetter son visage avant qu'une main se referme brusquement sur son avant-bras. Renjun fut violemment tiré en dehors du véhicule et manqua de s'écraser au sol. Incapable de voir, il en était réduit à subir les aléas du terrain sans moyen de les esquiver ou de les prévoir. Un coup dans son dos le précipita en avant et il se mordit la langue pour ne pas laisser passer l'insulte qui lui brûlait les lèvres.
Renjun avait pour habitude de toujours dire ce qu'il pensait sans se soucier de ce que les autres pouvaient penser de lui. Il manquait cruellement de tact et d'empathie, deux qualités que les gens se plaisaient à lui rappeler qu'elles étaient inexistantes chez lui. Il s'en fichait pas mal, il était intrépide et naturel, mais Renjun n'était pas stupide pour autant. Il avait bien conscience que ses camarades de médecine étaient des adversaires bien différents des yakuzas qui venaient de l'enlever. Une parole de travers et il pouvait y laisser sa peau. Il n'était pas téméraire au point de risquer sa vie aussi bêtement.
Renjun maudit une fois de plus son ex petit-ami. Yuta avait été infernal après leur rupture, tant et si bien que Renjun avait quitté la Corée où il poursuivait ses études pour rentrer en Chine. Il y était resté six mois et à son retour il avait cru que le Japonais avait abandonné. Il avait naïvement pensé que leur histoire et tout ce qui l'entourait resterait derrière lui, mais il s'était trompé. Personne ne lui en voulait à ce point personnellement, cet enlèvement ne pouvait qu'être lié à l'héritier.
Le jeune homme se laissa guider malgré lui dans un dédale de couloirs d'où provenait une odeur rance de renfermé et d'humidité. Le nez froncé, Renjun grimaça en inspirant le parfum désagréable. Il avait l'impression d'être près des égoûts ou une décharge. En somme, un endroit bien différent du lit confortable où il aurait dû se trouver. Il avait initialement prévu de se pencher sur le cas d'un patient avant de s'endormir, mais il n'avait eu le temps de rien. On lui avait sauté dessus à peine sorti de l'hôpital où il travaillait.
Une porte s'ouvrit quelque part devant lui, il fit encore quelques pas avant qu'un nouveau coup entre les omoplates le propulse au sol. Les aspérités lui éraflèrent les genoux à travers son pantalon et il grogna de douleur. Le jeune médecin entendit la porte être brusquement refermée, puis les pas s'éloignèrent de lui. Il attendit quelques secondes de plus avant de se décider à enlever le sac qui lui obstruait la vue. Renjun plissa les yeux, il faisait plutôt sombre dans l'espace où il se trouvait mais c'était toujours plus lumineux que sous le sac.
— Quelle vie de merde, grogna le jeune homme.
— Je ne te le fais pas dire Junie.
Renjun sursauta et pesta violemment, surpris par l'élévation soudaine d'une autre voix que la sienne. Il tourna vivement la tête et posa sans grande surprise son regard sur la silhouette allongée de Yuta. Il avait reconnu son timbre unique sans hésitation. Cette voix lui avait murmuré tellement de choses qu'il l'entendait encore dans ses rêves autant que dans ses cauchemars.
— Toi ! Qu'est-ce que t'as encore foutu pour que je sois embarqué dans cette galère ? gronda Renjun.
— Pourquoi tout de suite m'accuser ?
— Peut-être parce que je n'ai personne qui me déteste au point de me kidnapper, ce qui n'est pas ton cas. C'est forcément à cause de toi si j'en suis là.
Un petit rire fatigué passa entre les lèvres de Yuta avant qu'il ne soit coupé par une quinte de toux. La différence de ton intrigua Renjun qui fronça les sourcils. Le jeune homme plissa les yeux dans l'espoir d'y voir plus clair et se rapprocha de la silhouette allongée. Dès qu'il fut assez près, il se tendit comme un arc et retint de justesse un cri. Yuta était à même le sol, une main pressant fermement sa hanche ensanglantée. Il avait le visage bleu sur toute une partie et une coupure sur le front.
— Je plaide coupable, toussa le Japonais, c'est de ma faute.
Renjun soupira lourdement et se laissa tomber près de son ex-petit-ami. Il aurait préféré être capable de rester de marbre, mais il ne supportait pas de savoir Yuta en mauvais état. Une autre raison qui l'avait poussé à se séparer de lui, il n'en pouvait plus de s'inquiéter constamment.
Le jeune homme infligea une tape sèche sur la main du Japonais et se pencha pour avoir une meilleure visibilité sur la blessure. La peau avait été entaillée profondément si bien qu'il parvenait à voir l'os de la hanche à travers le flot de sang qui se déversait. Renjun déchira une large bande de son tee-shirt et en fit un carré serré qu'il pressa contre la plaie.
— Je vais voir ce qu'il y a dans la pièce, appuies fort dessus et ne lâche pas.
— Tu sais que je ne suis pas du genre à lâcher.
Le Chinois roula des yeux, il était quand même le mieux placé pour le savoir. Il ne répondit pas à la provocation évidente et entreprit d'explorer le lieu où ils étaient retenus. Il lui fallut moins de cinq minutes pour faire le tour de l'espèce de cave et il revint près de Yuta avec un sac à la main. Il l'avait trouvé dans un des recoins et il semblait plein de choses intéressantes.
— T'as trouvé quoi ? grimaça Yuta.
— Si tu pouvais agoniser en souffrance alors je pourrais regarder.
— Ce n'est pas très gentil Junie.
— Ne m'appelle pas comme ça.
— Pourquoi ? T'adorais ça avant.
Avant, quand ils étaient un couple. Renjun se mit à fouiller dans le sac pour ne pas avoir à répondre à la question. Lorsqu'ils étaient ensemble il adorait ce surnom que Yuta était le seul à être autorisé à utiliser. Seulement des choses s'étaient passées depuis, ils n'avaient plus ce lien et Renjun ne voulait pas souffler sur les braises de ses sentiments au risque de les réveiller complètement. Il lui avait fallu tout son courage et toute sa raison pour s'éloigner de Yuta la première fois, il ne voulait pas revivre la même torture.
Le jeune homme referma les doigts sur un cylindre froid et cligna des yeux de surprise. Il ne s'attendait pas à trouver une lampe torche ici, c'était plus de confort que ce qu'il pensait trouver. Il alluma la lampe et la tendit à son ex-petit-ami pendant qu'il poursuivait ses recherches. Il en sortit de la nourriture déshydratée à l'air infâme et une trousse de secours.
— On dirait que tes ravisseurs ne veulent pas que t'y passes tout de suite, commenta Renjun.
— Je vois que ça te fait plaisir.
— Ce qui me ferait plaisir ce serait d'être chez moi, tranquille dans mon lit.
— Je peux te servir de matelas si tu le souhaites.
Renjun tressaillit devant le sourire charmeur et frappa l'avant-bras du blessé.
— Comment tu peux draguer en te vidant de ton sang ?
— Je suis multi-tâches quand ça te concerne Junie.
— Je te déteste.
Yuta ne répondit pas à l'affirmation et une certaine amertume emplit la bouche du Chinois. Il ne le pensait pas, même s'il essayait de s'en convaincre, et quelque part il culpabilisait de rejeter autant son ex-petit-ami. Si Yuta n'avait pas été l'héritier des yakuzas, s'il n'avait pas mis en danger toute sa famille avec des idioties, alors Renjun ne serait jamais parti. Parce qu'il était mordu du Japonais, il n'arrivait pas à passer à autre chose.
— Moi je t'aime, finit par répondre simplement le blessé. Je sais que t'as eu peur et je suis désolé d'avoir impliqué ta famille dans les affaires de la mienne. Si j'avais su que je risquais de te perdre en faisant ça j'y aurais réfléchi à deux fois.
Renjun eut un petit rire froid et ses yeux lancèrent des éclairs.
— A quel moment tu t'es dit que ça ne poserait pas problème au juste ?
Yuta planta son regard dans le sien, et malgré la fièvre qui le rendait pâle et transpirant, Renjun le trouva plus attirant que jamais. Il était en manque de ses lèvres, de sa peau et de son amour.
— J'ai cru, commença difficilement le Japonais, que tant qu'on était tous les deux alors rien d'autre ne comptait. Je savais pas que t'avais besoin d'autres personnes, j'avais pas compris. Je voulais et je veux toujours être le seul pour toi Junie. Je te promets que je protégerai ta famille si t'acceptes de revenir vers moi, je ferai de mon mieux.
— Mais est-ce que ça sera suffisant ? Regarde juste dans l'état que t'es.
L'héritier grimaça et Renjun soupira. Il sortit de quoi désinfecter la plaie de la trousse à pharmacie, des compresses épaisses et du sparadrap.
— T'es là depuis combien de temps ?
— Hum... une journée ou deux je dirais ? Je commençais à m'ennuyer tout seul.
— Arrête de flirter, je vois bien que t'as mal idiot.
Renjun pinça les lèvres, agacé que sa voix ait flanché. Il comprit au sourire de Yuta que ce dernier avait bien entendu l'intonation particulière alors il s'empressa de changer de sujet avant que l'autre ne mette les deux pieds dedans.
— Je vais désinfecter et couvrir, je peux pas faire grand-chose sans les équipements de l'hôpital mais ça sera toujours mieux que la situation actuelle.
— Je te laisse faire, doc.
Le jeune homme cessa donc de parler pour pouvoir se concentrer sur sa tâche. Il avait fait de longues années de médecine et n'avait donc aucune difficulté à savoir quels gestes effectuer, mais le fait qu'il s'agisse d'une personne qu'il connaissait rendait ses mains hésitantes. Renjun prit une profonde inspiration et termina de couvrir la plaie en faisant attention à rendre son pansement aussi hermétique que possible. Il y avait de la crasse et de la poussière partout, Yuta risquait de chopper une infection à n'importe quel moment. C'était déjà une chance que ça n'ait pas été le cas avant son arrivée.
— Je t'ai manqué ?
— Personne ne va venir te chercher ?
Une fois de plus Renjun changea de sujet pour ne pas avoir à mentir, il savait que l'héritier aurait détecté immédiatement le mensonge et il ne voulait pas lui faire croire à une seconde chance. Le Chinois s'accrochait de toutes ses forces à sa raison, mais il suffisait d'un rien pour que son cœur l'emporte.
— Ils ne devraient plus tarder j'imagine, ça peut être dans trois minutes comme dans deux heures mais ils vont venir. J'ai confiance en ma famille.
— Si tu le dis, estime toi heureux de ne pas être déjà mort. T'as perdu beaucoup de sang, tu vas avoir besoin d'une transfusion dès que tu seras hors d'ici.
— Tu serais triste ?
— Ferme-la et repose-toi. T'as besoin d'économiser tes forces et j'ai la foi de t'écouter.
Yuta ricana et tendit le bras, plus rapidement que ce que Renjun pensait possible dans l'état déplorable qu'il était. Le Japonais l'attrapa par la nuque et le fit se baisser, juste assez longtemps pour que leurs lèvres aient le temps de se frôler. Renjun écarquilla les yeux.
— Bonne nuit Junie, sourit Yuta en fermant les yeux.
Le plus jeune mit son avant-bras devant son visage pour cacher ses joues colorées et il détourna les yeux. Il se sentait ridicule de s'être fait avoir de la sorte, il aurait dû se douter que son ex-petit-ami allait tenter quelque chose. L'héritier n'abandonnait jamais.
Renjun s'endormit en voulant veiller sur son aîné et se réveilla en sursaut en entendant un bruit de lutte devant la porte qui les séparait de la liberté. Il se plaça devant Yuta, tout le corps tendu. Il ne savait pas vraiment ce qu'il espérait faire, mais il n'avait pas réfléchi avant d'agir. Une clé tourna dans la serrure puis de la lumière se déversa dans la petite pièce. Le Chinois plissa les yeux, agressé par la soudaine luminosité.
— On est venu te chercher patron.
— Je suis là, derrière le doc ! se manifesta Yuta en levant la main.
Le plus jeune soupira de soulagement et se redressa, les jambes faibles. Il ne s'était pas rendu compte du temps qui passait en compagnie du Japonais mais il prenait doucement conscience de la situation critique dans laquelle il s'était trouvé. Elle était moins éprouvante que la première fois, mais il ne doutait pas qu'il aurait dû mal à trouver le sommeil une fois rentré chez lui.
Les hommes de Yuta pénétrèrent dans la salle et aidèrent leur chef à se relever, ce qu'il fit un grognant de douleur. Il resta le bras autour des épaules d'un homme pour se stabiliser et tendit la main vers Renjun. Le médecin fit un pas en arrière malgré la tentation et secoua la tête.
— Il a besoin d'une perfusion et d'être recousu. Il faudra aussi certainement lui faire des examens pour sa tête.
— On va s'occuper de tout ça.
— Junie.
— Non Yuta, je vais juste rentrer chez moi et essayer d'oublier cette nuit d'accord ? Prends soin de toi et ne nous revoyons plus. C'est pour le mieux.
Le Japonais grinça des dents et baissa son bras. Il faisait de son mieux pour laisser Renjun s'éloigner et ne pas dire à un de ces hommes de le retenir. Un pic de douleur le fit grogner et il posa une main sur sa hanche. Près de son oreille, il entendit son petit frère et second souffler.
— Quoi Shotaro ?
— Est-ce que ça en valait la peine ?
— Je vois pas de quoi tu parles.
— Arrête, pas à moi. Je sais très bien que c'était une mise en scène, t'as payé des mercenaires pour tout ça. T'as failli y rester pour quoi ? Eveiller sa sympathie en espérant que ça réveille ses sentiments ?
Yuta se renferma et lança un regard noir à son frère. Ce dernier le soutint, une étincelle inquiète brillant dans le fond de ses yeux.
— Tu ne peux pas comprendre Shotaro.
— Non, je confirme que je comprends pas cette folie.
— C'est pourtant simple, je l'aime et je veux le récupérer. Il n'aurait jamais accepté de me voir, il a même changé de pays pour mettre de la distance entre nous. C'était ma seule option. Dans une situation critique, avec uniquement moi pour repère, il était obligé de baisser la garde.
— Et ? Il n'a pas l'air d'avoir craqué.
Yuta eut un petit sourire et ferma les yeux. La tête sur l'épaule de son frère, il était plutôt confiant.
— Je le connais alors j'ai pu confirmer ce que je soupçonnais. Il m'aime encore, maintenant que j'en suis sûr je continuerai jusqu'à ce qu'on soit de nouveau comme avant.
Shotaro esquissa une moue peu convaincue mais n'ajouta rien. Sa priorité était de réparer son frère autant que possible, et surtout l'autre lui faisait presque peur lorsque son obsession prenait le dessus. Il ne connaissait pas personnellement Renjun, mais il était persuadé que le jeune homme n'avait aucune idée du monstre qu'il avait réveillé.
Nda :
Hello ! Cet OS sera mon dernier jusqu'à Septembre ! Je vais faire ma petite pause Watty estivale. Ce qui ne veut pas dire que j'arrête d'écrire, loin de là, mais je vais peut-être me mettre moins de pression et je reviendrai à la rentrée avec de nouveaux projets (au moins un qui est écrit à 75% je dirais). Pour le reste je vous laisse avec Salia pour le prochain OS :)
Prenez bien soin de vous et je vous dis à bientôt !
Dalion~ Kiss :3
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