Yuta x Johnny


La bouche impétueuse s'écrasa sur celle de l'endormi qui gémit en quittant les bras de Morphée. Une main se glissa derrière la nuque décorée de morsures et de taches bleutées, rapprochant l'autre de son envahisseur, et Yuta laissa un sourire carnassier étendre ses lèvres alors qu'il sentait l'Américain se laisser aller contre lui. Johnny était comme une poupée de chiffon au réveil, malléable à souhait et totalement réceptif aux attentions voraces du Japonais. Le blond gémit douloureusement quand Yuta se pressa contre son torse, et ce dernier se renfrogna avant de s'éloigner. 

Les sourcils froncés et la mâchoire contractée, l'homme balança ses jambes en dehors du lit et ramena ses mèches longues en arrière d'un mouvement de main agacé. Il se leva sèchement et s'empara d'un kimono qu'il noua lâchement à la taille, le laissant bailler sur son torse marbré de cicatrices et de tatouages. Il entendit un soupir derrière lui et se retourna pour porter son regard noir sur son amant. Johnny s'était redressé tant bien que mal parmi les coussins, une grimace déformant son beau visage un peu plus pale qu'à l'accoutumée. Les orbes de Yuta observèrent les traits tirés de l'Américain, la nuque qu'il avait revendiquée pendant la nuit et les clavicules qui avaient subi un sort similaire, puis descendit jusque sur le bandage qui ceignait le haut du torse du blond. 

Une trace sombre s'y étendait doucement, à peine visible à travers l'épaisseur mais Yuta pinça les lèvres : la blessure de Johnny s'était rouverte par sa faute. Parce qu'il avait passé sa rage et sa peur de le perdre sur son corps déjà bien éprouvé. Comme s'il avait suivi le cheminement de ses pensées, le plus grand lui sourit avec tendresse et ouvrit les bras. Yuta hésita à accepter l'invitation, mais en voyant le regard suppliant de son compagnon il capitula et retourna s'installer près de lui. 

- Je vais demander à ce qu'on vienne changer tes pansements, prévint le rouge. 

- Je ne suis pas à l'article de la mort, soupira Johnny, je peux très bien me déplacer jusqu'à l'infirmerie. 

Les yeux noirs qui se fichèrent dans les siens, transpirant d'une colère difficilement contenue, lui firent regretter ses mots et il se tendit, dans l'attente d'une réaction qui ne tarda pas. Le Japonais se redressa sur le lit et le toisa de toute sa hauteur. Les doigts fins et légèrement caleux se saisirent de son menton et serrèrent, arrachant une nouvelle grimace d'inconfort du blond qui ne se plaignit pas, ne souhaitant pas aggraver son cas.

- Tu n'es plus à l'article de la mort, gronda sourdement Yuta les yeux plissés dangereusement. Ce qui n'était pas le cas il y a trois jours, j'ai dit que j'allais faire venir quelqu'un. Je ne tolérerai pas de désobéissance concernant mes ordres, ils sont absolus. Ne l'oublie pas Johnny.

L'Américain acquiesça silencieusement, de peur de s'attirer encore plus les foudres de son amant. Le temps d'un instant il avait oublié que Yuta n'était pas que son mari, mais qu'il était également un yakuza expérimenté à la tête de son propre clan. En tant que tel le clan était sacré, c'était la famille plus que celle du sang, il ne tolérerait jamais que quelqu'un s'en prenne à eux. Ses ordres étaient pour la famille, pour la protéger et en prendre soin, même s'il devait passer pour le pire des tyrans sanguinaires le jeune homme s'en fichait. Et Johnny avait une place particulière dans cette famille, il était sien, absolument et totalement sien. Et quelqu'un avait osé s'en prendre à lui, Yuta n'avait pas anticipé cette action, il n'avait pas été là pour le protéger et il ne se le pardonnait pas. Comme il ne pardonnerait pas au traître qui avait commis cette infamie.

En attendant que celui-ci soit démasqué il veillerait au rétablissement complet de son amant, même si ce devait être contre le gré de ce dernier et qu'il devait le priver de sa liberté. Johnny était à lui, et il se fichait pas mal que l'Américain ne soit pas totalement d'accord avec ça et argumente qu'il avait le droit de choisir. Yuta était absolu sur son clan, et le blond était entré dans celui-ci de son plein gré. 

Deux coups secs furent frappés à la porte des appartements du couple, et le rouge adressa un dernier regard d'avertissement à son mari avant de se lever pour aller ouvrir. Toujours contrarié, son humeur ne s'arrangea pas en découvrant Ten et son visage fermé. 

- J'avais demandé à ne pas être dérangé, grinça sombrement le chef de clan. 

- On l'a trouvé. 

Son second n'eut besoin de rien dire de plus, Yuta avait compris. Le Japonais fit claquer sa langue contre son palais et referma la porte au nez du noiraud qui ne s'en formalisa pas. Il retourna près de son amant toujours dans le lit et il l'embrassa longuement. 

- Tu dois y aller, devina Johnny. 

- Oui, je règle ça rapidement et je te rejoins. Quelqu'un va venir pour tes soins pendant mon absence, sois sage. S'il te plait. 

- Très bien, se retint de soupirer le blond, je vais faire un effort. 

- Bien, je t'aime. 

Il ne manqua pas l'air surpris de son compagnon devant ces trois petits mots qu'il ne prononçait que très rarement, mais il ne l'embêta pas dessus. Il avait une affaire bien plus importante à traiter et elle nécessitait son attention immédiate. Yuta sortit alors, retrouvant son bras droit qui attendait patiemment sa venue, sans prendre la peine de mieux se vêtir. Il avait gagné le respect de son clan avec ses décisions et ses actes, il pourrait se balader nu et avec un confetti sur la tête qu'aucun d'eux ne se permettrait le moindre rire et le révérerait avec la même déférence. 

- J'ai envoyé chercher Shotaro, il va s'occuper de changer les bandages de Johnny. Les autres se sont réunis dans la grande salle, prévint Ten. 

- Excellent. Qui a trouvé ce rat ? 

Le noiraud pinça les lèvres, une étincelle de colère faisant flamboyer son regard onyx. 

- Mark. Il était dans tous ses états lorsqu'il est venu me trouver, j'ai cru qu'il allait me faire une syncope avant de réussir à déballer son histoire. 

Yuta haussa un sourcil intrigué. Il considérait Mark comme étant le plus pacifique des membres de son clan, et il était l'un des rares qu'il était impossible d'associer aux yakuzas sans l'avoir vu de ses propres yeux. Il n'avait pas de cicatrices visibles, il ne causait pas de problème et évitait les conflits, et son unique tatouage était celui de son appartenance au clan et il n'était pas visible par des étrangers. Il était étrange que ce soit ce jeune homme en particulier qui ait découvert l'identité du traître, il n'aurait même pas dû participer à la traque. 

- J'ignorais que tu l'avais inclus dans les recherches, reprocha doucereusement le rouge. 

- Je ne l'ai pas fait, contra aussitôt Ten, il n'en faisait pas partie. L'agresseur s'est dénoncé de lui-même auprès de lui, il n'avait juste pas cru que Mark le vendrait. 

- Je vois. 

Le Thaïlandais le précéda d'un pas et fit coulisser la porte pour révéler la pièce centrale du domaine. Aussi traditionnelle que le reste de la maison, en accord avec l'esprit du chef de clan, elle abritait les membres de la famille assis sur des coussins autour des zatakus, ces tables basses anciennes, disposées en forme de U. Ses hommes s'inclinèrent, front contre le sol quand il entra et il leur rendit leur salut en inclinant la tête. Yuta pouvait lire la tension dans leur façon de se tenir et la colère qui tendait leurs muscles. 

Le Japonais se rendit en bout de table et s'assit en tailleur à sa place, ses yeux scrutant avec attention chacune des personnes présentes. Ten s'installa à sa droite, le siège de gauche restant vide par respect pour Johnny qui ne pouvait être présent à cette réunion. Yuta attrapa une coupelle de sake et la but tranquillement, il savourait de voir le corps recroquevillé au milieu de la pièce guetter le moindre de ses gestes. Il reposa la guinomi en terre cuite avec lenteur et riva son regard sur la silhouette prostrée. 

- DongHyuck, appela froidement le chef de clan. 

L'interpellé tressaillit et un sanglot se fit entendre. 

- Regarde-moi, gronda Yuta. 

Le plus jeune se redressa péniblement sur ses genoux, offrant son visage ravagé par les larmes à ceux qu'il considérait comme sa famille. Mais aucun d'eux ne lui offrit de soutien, ils se contentèrent de le dévisager froidement, la rage se lisant dans leurs yeux. 

- Je t'ai accueilli dans mon clan comme l'un des miens, comme un frère. Tu as rejoint notre famille il y a quatre ans, te souviens-tu de ton serment ? Celui que tu as prononcé au moment où notre marque a été gravée dans ta chair ? 

- J'ai juré d'être loyal à la famille et de ne jamais manquer à son honneur, balbutia mécaniquement le jeune homme. 

- Et que penses-tu avoir fait ? Croyais-tu qu'essayer de tuer mon mari, de lui tirer dessus, un membre de notre famille, allait rester impuni ? Ne penses-tu pas qu'il s'agit d'un manquement à ton serment ? susurra froidement Yuta. 

- Je- je voulais protéger le clan ! s'exclama alors DongHyuck. 

- En tuant l'un de tes frères ? s'étrangla Ten la main sur l'arme à sa ceinture. 

- Depuis qu'il est là on ne fait plus rien, on se terre comme des souris, gronda l'accusé sans remarquer le changement d'expression de son chef de clan. Nous n'avons pas fait de gros coups depuis près de deux ans, depuis qu'il est là ! On devient faible à cause de lui, je voulais qu'on redevienne fort. 

- Faible ? Tu me trouves faible DongHyuck ? répéta le rouge un sourire effrayant aux lèvres. 

Yuta se leva de son coussin et fit lentement le tour des tables pour venir se poster à quelques centimètres de son cadet. Il mit un genou au sol pour être à la même hauteur que lui et le brun comprit qu'il avait été beaucoup trop loin. Le rouge ne lui pardonnerait pas, il ne ressortirait pas de cette salle vivant. 

- Ten. 

L'appelé se leva sans un mot et alla ouvrir le coffre se trouvant derrière la place normalement occupée par son chef. Les autres membres baissèrent la tête respectueusement quand il en sortit le wakisashi de Yuta, le katana court traditionnel. Il en sortit également le katana long de son autre main et les déposa sobrement aux pieds du rouge avant de retourner à sa place. 

- Je te laisse l'opportunité de laver ton honneur et le nôtre que tu as bafoué, ou tu peux continuer dans le déshonneur et périr de ma main. 

DongHyuck trembla, la terreur secouant ses membres et il déglutit difficilement. Son regard croisa celui de Mark un peu plus loin et il ferma les yeux. La déception qu'il y avait lu avait été plus dure que toutes les paroles de Yuta. 

- Je vais le faire. 

Le rouge hocha sérieusement la tête et se releva, emportant son long sabre dans son sillage. Le brun dégaina celui qui restait et se mit en seiza avant d'entrouvrir son kimono. Il posa la lame glacée contre la peau de son ventre et déglutit difficilement. Personne n'interviendrait pour le sauver. Ils étaient des yakuzas, l'honneur et la famille prônaient sur le reste. Il les avait trahis, il était un paria même s'il avait voulu bien faire. 

- Une dernière chose DongHyuck, l'arrêta Yuta. Johnny n'y est pour rien dans notre baisse d'activité, nous préparons simplement un énorme projet qui demande de la préparation, du temps et des moyens. Je n'avais pas encore mis tout le monde au courant car je voulais que tout soit prêt avant de le faire, ton geste en plus d'être stupide se retrouve donc dénué de sens.

Un sourire las se dessina sur le visage de l'accusé, il avait tout risqué pour rien et maintenant il avait perdu. La lame trancha rapidement la peau de son ventre et il hoqueta. Le sang gicla sur le bas du kimono de Yuta qui se trouvait à proximité, le fixant de son regard froid, et s'écoula sur le sol. Le froid saisit rapidement les membres du jeune homme et il claqua des dents. 

Le rouge observa celui qui avait fait partie de son clan se vider de son sang, un sentiment de satisfaction s'emparant de son être. L'honneur de sa famille avait été lavé et Johnny avait été vengé comme il se devait. 

- Que quelqu'un se débarrasse du corps, et cette fois qu'on ne me dérange pas jusqu'à nouvel ordre, lança Yuta en s'éloignant. 

Ten lui ouvrit la porte et la referma silencieusement derrière lui. Le Japonais remonta le couloir qu'il avait traversé précédemment et retourna à ses appartements. Johnny qui était coincé entre les différents coussins du lit se redressa et posa son livre sur les couvertures, la mine inquiète.

- Yuta, tout va bien ? C'est du sang sur tes vêtements ? 

Le jeune homme soupira et lui tourna le dos en se défaisant de son kimono qu'il lança négligemment sur un siège. Il perçut le regard de Johnny qui s'attardait sur les tatouages de son dos et de sa chute de reins en voulant vérifier qu'il n'était pas blessé. Un sourire en coin remonta la commissure de ses lèvres et il s'avança comme un prédateur vers son mari qui recula imperceptiblement. 

- La vue te plait ? 

- Je regarde si tu es blessé, répondit le blond en fronçant les sourcils. D'où vient tout ce sang ? 

- Ton bandage a été changé ? 

L'Américain grinça des dents, Yuta ne faisait même pas semblant de l'écouter. C'était horriblement frustrant et agaçant. Dommage qu'il ne soit pas en mesure de s'opposer physiquement à son époux à cause de sa blessure. 

- Oui, Shotaro est venu. Maintenant réponds moi, s'il te plait Yuta, supplia Johnny.

Le rouge soupira, contrarié, et il se laissa tomber sur le matelas. Son compagnon posa immédiatement la tête sur son torse et ses doigts jouèrent sur la peau marquée dans l'espoir de le détendre. Yuta les attrapa et les entrelaça avec les siens. 

- Disons que plus personne ne devrait s'en prendre à toi maintenant, il n'y a plus de rat au palais de sa majesté. 

- Tu ne m'en diras pas plus pas vrai ? 

- Pas si je peux faire autrement non, maintenant arrêtons de parler de ça. Pour me faire pardonner je suis à toi pour toute la journée, le soudoya Yuta. 

Un sourire détendit immédiatement les traits soucieux du blond et il se redressa sur le torse de son compagnon. 

- Vraiment ? Pas de réunion ou urgence ? 

- Que toi et moi, promit le rouge. 

Johnny embrassa chastement les lèvres du Japonais, la main de ce dernier allant se poser dans son cou pour approfondir leur échange. Yuta était incapable de se satisfaire du minimum. 






Nda : 

Et un nouvel OS pour ce recueil en peu de temps ! J'ai dû un peu abréger pour pas faire du 15 000 mots, j'avais trop de choses à dire pour un OS mais bon x) 

J'espère que cette partie vous aura plu, et n'hésitez pas à me laisser vos avis <3

Dalion~ Kiss :3

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