Ten x Yuta
Perché au sommet de l'une des tours du château de vieilles pierres, les jambes dans le vide, Chittaphon défiait la gravité avec une insouciance empreinte de provocation. Il s'amusait, se rapprochait, se laissait tomber avant de se rattraper in extremis. Qu'importe qu'il chute, ni la trentaine de mètres le séparant du sol, ni les pierres tranchantes qui pointaient hors de la boue et des rares brins d'herbe bruns ne seraient mesure de le tuer. Il aurait mal et quelques os cassés, mais rien qui ne l'empêcherait de reprendre sa vie comme si de rien n'était un peu plus tard. Il rejeta la tête en arrière, un sourire extatique dévoilant ses crocs et étirant ses lèvres.
La pluie tombait dru depuis des jours, imbibant le sol habituellement sec du pays, et rendait la marche difficile. La terre était devenue boue, elle alourdissait les bottes des combattants et les épuisait bien plus qu'ils l'auraient été sur un autre terrain. L'eau avait plaqué les mèches corbeau sur le crâne du jeune homme, laissant voir son visage hypnotique. Sa peau dorée se teintait de reflets sombres sous le ciel de nuit, une carnation particulière qu'il savait fortement appréciée par une certaine personne. Chittaphon fit glisser sa langue sur ses crocs effilés, impatient.
Sa nuque picota doucement, lui indiquant une présence proche, et son sourire se fit carnassier. Il en avait mis du temps.
- Si tu voulais que je te rejoigne plus tôt tu aurais dû participer à cette réunion, souffla une voix contre son oreille. Ils auraient moins chipoté si tu avais été là pour leur dire de se taire avec ta délicatesse légendaire.
Un ronronnement fit vibrer la gorge du noiraud alors que les dents de son amant se refermaient sur son lobe, assez fort pour le faire saigner. Le muscle chaud qui vint récupérer les quelques perles rouges le fit frissonner et sa gorge laissa passer un son appréciateur.
- Tu aurais juste pu les tuer, tu serais venu encore plus tôt, soupira Chittaphon alors que la bouche de l'autre s'aventurait le long de son cou. Et ça m'ennuie, c'est chiant à mourir.
- Tu es trop impatient, ils nous sont encore utiles pour le moment.
Le noiraud fit la moue, pas vraiment convaincu, et il se retourna. Ses jambes cessèrent de se balancer dans le vide pour retrouver un contact avec la pierre et il les écarta pour laisser son compagnon se mettre entre elles. Yuta avait une beauté toute particulière sous les rayons de la lune. Chittaphon attrapa le haut de cuir entre ses mains et tira fortement, forçant l'autre à avancer d'un pas et à se coller contre lui. La bouche du noiraud se posa sur l'angle de la mâchoire bien dessinée, et l'un de ses crocs sortis entailla la peau blanche. Il avait envie de le mordre, là, maintenant, sans attendre une seconde de plus.
- Qu'est-ce qui t'en empêche ? Tu vas attendre ma permission maintenant ? le provoqua ouvertement Yuta d'une voix basse où perçait l'amusement.
- Arrête de lire dans mes pensées, grogna Chittaphon en léchant la fine trainée écarlate.
- Comme si ça te dérangeait vraiment.
Les doigts du blond s'enfoncèrent dans les cuisses musclées couvertes d'un pantalon de cuir noir similaire au sien. Chittaphon avait enfoncé ses crocs dans sa gorge sans aucune délicatesse et ses ongles devenus griffes creusaient des sillons carmin dans la peau pâle. Le liquide était chaud, épais sur la langue du plus jeune. Il captait la moindre saveur, sentait les battements lents, presque inexistants, pulser contre ses lèvres alors qu'il aspirait le sang avec férocité.
- T'es un gamin Chi, gronda le décoloré qui avait bien compris qu'il ne s'agissait que des représailles pour avoir embêté le noiraud un instant auparavant.
Yuta serra plus fort les cuisses entre ses mains, et sa tête partit en arrière, les crocs de Chittaphon arrachant un peu de peau à cause du mouvement soudain. La toxine produite par le noiraud pénétra le corps de l'aîné, lui causant de brusques bouffées de chaleur et une envie dévorante. Un sifflement aigue filtra d'entre les lèvres de Yuta, son souffle se fit erratique.
- Chi, on n'a pas le temps pour ça.
Le noiraud sourit contre la peau blanche maculée de rouge et Yuta sentit l'intensité de son désir flamber. En totale opposition avec son rappel à l'autre, son amant déversait davantage de sa toxine à travers sa morsure, attisant sa faim. Ses battements de cœur se firent plus rapides, plus forts et le rouge finit par décrocher lui-même son amant de sa veine pour l'embrasser à pleine bouche. Les crocs de Chittaphon lui abimèrent les lèvres, la langue, et le sang du plus jeune se mélangea au sien déjà présent dans la bouche impudente.
Les jambes du noiraud se nouèrent autour de la taille de Yuta et ses mains se perdirent dans la chevelure décolorée. Le contact humide n'était pas des plus agréables, les cheveux accrochaient contre sa peau, pourtant il poursuivit ses gestes. Chittaphon se laissait toujours guider par ses envies et Yuta était le plus souvent l'acteur principal de celles-ci.
- On n'a pas le temps, répéta le plus jeune dans un souffle, pourtant je pense que tu devrais le prendre. Je te sens bien... tendu, chéri.
- C'est non espèce de petit démon, refusa Yuta en lui tapotant le bout du nez. Nous avons du travail.
- C'est pas juste, geignit Chittaphon.
- Je sais.
Le blond lui embrassa le front et lui frotta doucement le dos pour qu'il cesse de râler.
- Dis-toi que plus vite on en aura terminé ici et plus vite on repartira. On pourra faire ce que tu veux d'accord ?
- Pfff, bon, on y va maintenant alors ?
- Non, je ressens ta fatigue Chi. On va d'abord aller dormir quelques heures et ensuite on ira. Tu as pu faire tout ce que tu avais prévu ?
Le plus petit des vampires fit la moue, son front allant appuyer sur la poitrine de son amant.
- Presque, il y a un des conseillers que j'ai pas réussi à chopper mais c'est bon pour les autres. Ils ne nous poseront pas de problèmes.
Chittaphon sentit la grande main de Yuta se glisser contre sa nuque et la caresser doucement. Un soupir filtra d'entre ses lèvres alors que sa frustration redescendait. Son amant savait le canaliser et pouvait se targuer d'être le seul à pouvoir le faire changer d'avis, même s'il n'usait de ce talent qu'en de rares occasions. Le noiraud était libre, sauvage, guidé par son instinct et ne se souciait généralement de rien. Il laissait cette tâche ingrate à son compagnon.
Rebelle, le jeune homme fit glisser ses doigts sous le haut du blond, sur le ventre musclé et aussi froid que Chittaphon l'était lui-même. Un frisson parcourut le corps sous ses mains et le noiraud souris narquoisement, il savait que la température n'y était pour rien. Les dents de Yuta se refermèrent sur le haut de son oreille et il glapit, surpris.
- J'ai dit non espèce de petit démon. Allons nous coucher, l'aube sera là dans quelques heures et nous aurons besoin d'être en pleine forme. Même si je me doute que ce ne sera pas un problème pour toi avec le repas que tu viens de te faire, le taquina Yuta en s'éloignant d'un pas.
Obligé de dénouer ses jambes de la taille de son amant, Chittaphon sauta sur le sol, ses bottes éclaboussant ce qui l'entourait. Il replaça d'une main ses mèches onyx en arrière pour dégager ses yeux et l'autre trouva refuge dans celle de Yuta. Le blond lui sourit doucement et entrelaça leurs doigts, avant de le tirer à l'intérieur.
La différence de température n'était pas flagrante avec l'extérieur, à peine quelques degrés de plus, mais au moins la pluie ne leur tombait plus dessus. Ils croisèrent quelques gardes à la peau brune et crevassée, sèche comme le désert, qui resserrèrent leur prise sur les lances qui les accompagnaient où qu'ils aillent. Chittaphon montra les crocs, et ceux-ci, encore rougis par le sang de son amant, firent reculer les gardes de quelques centimètres.
- Ils nous recrutent et après ils nous traitent comme des ennemis, cette blague.
- Si tu ne leur avais pas dit que tu arracherais les organes de celui qui me regarderait un peu trop pour t'en faire un collier je suis sûr que leur réaction serait différente, lui rappela Yuta amusé.
- Il n'avait pas qu'à te regarder comme ça.
- Il regardait le mur.
- De ton côté.
Yuta leva les yeux au ciel, à la fois attendri et désespéré par la manière que son compagnon avait de toujours trouver réponse à tout, même quand il savait avoir tort. Surtout quand il avait tort en réalité. Chittaphon sourit, fier de lui, et il se rapprocha du blond. Il était excité, et s'il n'était pas aussi épuisé et que son amant n'avait pas insisté pour qu'ils aillent se reposer il se serait certainement balader toute la nuit, s'amusant à faire peur aux gardes ou à aller en reconnaissance. Il savait que Yuta n'aimait pas quand il faisait ça, surtout seul, mais Chittaphon trouvait l'adrénaline qui courait dans ses veines grisante. Il était dépendant de ce feu qui coulait dans ses veines et faisait pulser son cœur plus fort alors qu'il frôlait les lignes ennemis, enveloppé dans l'obscurité. Un jour cette manie lui jouerait des tours, mais il avait beau le savoir il n'avait pas envie de s'en empêcher.
Il se laissa guider jusqu'à leur chambre par son amant, et une grimace s'étira sur son visage doré. Lui qui aimait le faste et les dorures il détestait vraiment cette salle. Elle était terne, simple et fonctionnelle. Aucun intérêt. Yuta se pencha pour lui embrasser la joue, le chatouillant de ses mèches décolorées et Chittaphon se promit d'essayer de faire un effort, ou tout du moins de ne pas trop se plaindre ouvertement.
- Merci mon cœur, souffla son amant contre son oreille.
- Mais, geignit son cadet, mes pensées c'est une zone privée. Est-ce que je vais fouiner dans ta tête moi ? Non, et ne me dis pas que c'est parce que je ne le peux pas, tu sais très bien ce que je voulais dire.
- Pourquoi vouloir lire dans mon esprit ? Tu sais très bien que je ne fais que penser à toi.
- Ouh, c'était très niais ça, ricana le noiraud en s'éloignant d'un pas.
- Mais tu as adoré ça, t'as les joues toutes rouges, chéri.
Chittaphon grommela que c'était déloyal et il se coucha tout habillé sur le lit de fortune. La prochaine fois qu'ils décideraient de louer leurs services de mercenaires à un royaume, il se renseignerait lui-même sur la situation financière du pays. La veuve et l'orphelin c'était bien beau mais ce n'était pas ce qui lui permettrait de passer ses nuits dans la soie.
- Tu dirais non à un combat bien sanglant juste pour des draps de soie ? le taquina Yuta.
- Bien sûr que non, s'offusqua le noiraud, un combat déséquilibré et bien sanglant ça vaut tous les lits du monde.
Les yeux clos il se représenta parfaitement Yuta lever les yeux au ciel avant que le lit ne s'affaisse et que le vampire ne se colle contre son dos. Chittaphon se blottit dans l'étreinte et ne tarda pas à sombrer dans le sommeil, les activités de ces dernières semaines ayant eu raison de son excitation.
Le son impressionnant d'un clairon les réveilla une poignée d'heure plus tard, alors que l'aube n'était pas encore complètement installée, et en un rien de temps ils furent tous les deux debout et prêts. Le noiraud s'étira sommairement pour échauffer ses muscles, tandis que son compagnon glissait deux poignards à sa ceinture.
- Enfin, sourit Chittaphon, j'ai cru qu'ils allaient jamais se décider à attaquer !
- Ils ont dû essayer de négocier une capitulation sans succès et en ont eu marre d'attendre, tu sais tout le monde n'est pas un fou de la baston comme toi ?
- Mais toi si, alors ça me suffit.
Le jeune homme posa ses lèvres sur la joue blanche et fut le premier à s'élancer dans le couloir pour rejoindre la place extérieure, là où l'armée du royaume était en train de se réunir. Il savait que Yuta n'aurait aucun problème à le rattraper, le blond était plus rapide que lui et il savait où le trouver.
La pluie n'avait toujours pas cessé de tomber et Chittaphon grimaça. Il voyait les visages renfrognés des soldats, la manière qu'ils avaient d'enfoncer leur cou dans leurs épaules pour se protéger de l'eau et la rigidité de leurs postures. C'était un peuple du soleil, habitué à vivre dans le sable et sous des chaleurs infernales. Les envahisseurs avaient été très intelligents en engageant les services d'élémentaires aquatiques, et leurs employeurs à eux avaient été stupides de ne pas avoir envisager cette option. C'était à cause de ça qu'ils avaient dû se rabattre sur les services des vampires pur défendre leur patrie et pour cette même raison qu'ils avaient payé le prix fort. Yuta savait négocier ses services et le noiraud faisait pleinement confiance à son amant pour qu'ils s'en mettent plein les poches. Enfin autant que c'était possible avec un royaume au bord de la ruine.
Il sentit la présence de Yuta se glisser à côté de lui, et la colère qui grondait sourdement dans la poitrine de son amant l'intrigua. Curieux, Chittaphon suivit le regard du décoloré et un sentiment de pitié l'envahit. Ce roi était pathétique, caché derrière ses remparts tandis qu'il envoyait ses hommes à la mort. Yuta avait un honneur fort, et respectait les dirigeants qui se battaient au côté de leurs troupes, il ne pouvait s'empêcher d'être déçu de ce genre d'attitude.
- Tu sais Yuta, si ce roi de pacotille est même pas foutu d'envisager que la faiblesse de son peuple peut être utilisée contre eux il n'y avait aucune chance pour qu'il ait un minimum de courage.
- Je sais, mais c'est de sa faute, à cause de son incompétence qu'ils en sont là. Il pourrait assumer, gronda le plus vieux.
- Bien sûr que non, souffla Chittaphon. On a travaillé pour des dizaines de pays, et ceux qui se sont battus avec nous se comptent sur les doigts d'une seule main. Tu as un petit côté naïf touchant parfois tu sais ?
Yuta grogna et le noiraud rit, tirant sur son bras pour capter son attention et poser sa bouche sur la sienne. Il ne savait pas s'ils seraient séparés sur le champ de bataille, même s'ils essayaient de rester dans le même périmètre, alors il en profitait un peu.
Les pupilles rondes du jeune homme s'étirèrent alors qu'il sollicitait sa vue perçante pour détailler plus en détails l'armée ennemie s'approchant. Ils étaient plus nombreux qu'eux, mieux, équipés, et leurs armures brillaient d'un éclat magique. Certainement une protection initiée par les élémentaires afin que l'eau ne les dérange pas. Un combat qui semblait perdu d'avance. Le sang de Chittaphon s'embrasa, c'était ses préférés. Il prenait un malin plaisir à défier les statistiques et ce ne serait pas la première fois que son amant et lui-même permettraient d'inverser le cours d'une guerre. Les vampires étaient rares, mais reconnus pour leur grande puissance, ce n'était pas pour rien qu'ils étaient si chers à recruter.
- Sois un minimum prudent mon cœur, c'est pas sur eux que tu vas pouvoir compter si tu es blessé.
- Ça je l'avais deviné, grinça le plus jeune.
La masse ennemie s'approchait de plus en plus et l'angoisse montait dans les rangs de leurs employeurs. Ce n'était pas des guerriers, ils avaient peut-être reçu un entrainement mais leur mental était faible. Il se passa de longues minutes silencieuses durant lesquelles ils se firent face, puis le clairon retentit puissamment, annonçant le début des hostilités.
Chittaphon s'élança le premier, et sa vitesse vampirique lui fit dépasser tous les autres en une fraction de seconde. Il sauta dans les airs, un sourire extatique sur le visage et les pupilles fendues. Il percuta le premier avec fracas, son talon enfonçant la protection de métal dans le sternum de son adversaire. Le son de l'acier se pliant et des os éclatant le fit rire, l'adrénaline inonda ses veines. Des semaines qu'il attendait ça, il n'en pouvait plus de croupir dans ce château moisi alors que les autres discutaient stratégie. Il était fait pour être sur le champ de bataille, il était un vampire, pas un chat à sa mamie.
Son corps souple et ses réflexes affinés par des années de combat lui permettaient de se glisser entre les combattants ennemis avec facilité. Sa force monstrueuse brisait les os aussi facilement que des brindilles, les armures ne le ralentissaient qu'à peine et ne protégeaient en rien de ses coups. Chittaphon se déchainait comme un beau diable, riant de la faiblesse de ses ennemis.
Il s'enfonçait dans les lignes adverses, massacrant à tour de bras sans recevoir en retour plus que des égratignures. Il était trop vif, trop expérimenté et sa présence n'avait pas été prévue. Ils ne savaient pas comment gérer un vampire déchaîné.
Une puissante attaque aqueuse le percuta sur le flanc et il roula sur plusieurs mètres, toussant pour expulser l'eau qu'il avait avalé par inadvertance. Il se remit sur ses jambes, prêt à faire face à la nouvelle menace, mais il ne trouva que Yuta, un poignard enfoncé jusqu'à la garde dans la poitrine d'un élémentaire.
- Sérieux fais attention, le rabroua son amant, tu aurais dû le sentir celui-là.
- Je pensais juste pas qu'il allait dégommer ses alliés pour m'atteindre, se défendit le noiraud en évitant un coup d'épée.
Il acheva son opposant en grognant et frotta son arcade, du sang coulait sur son visage, ce dernier s'étant ouvert sous la force de la projection qu'il avait subi. La blessure se refermait d'elle-même, mais la gêne occasionnée par l'hémoglobine partiellement coagulée fit grimacer Chittaphon. Yuta se glissa à côté de lui comme une ombre, et il lécha la joue souillée.
- Fais attention, je n'aime pas quand tu es blessé, susurra le décoloré à son oreille. Je m'occupe des élémentaires, je te laisse le reste.
Le jeune homme hocha la tête, mais son amant s'était déjà sauvé accomplir sa mission. Il se concentra à nouveau sur la sienne et déchaîna la sauvagerie qu'il gardait le plus souvent sous clé. Les heures s'écoulèrent comme dans un rêve, l'aube laissa place au jour, puis la nuit fit son apparition. Ce schéma se reproduisit plusieurs fois sans que le vampire n'y prête spécialement attention. Du fait de sa nature il n'avait pas besoin de repos comme les humains ou de se sustenter autant, surtout qu'il s'était nourri à la veine de Yuta avant le combat, le plus puissant sang qu'il ait eu l'occasion de goûter. Il brisait et déchirait machinalement, l'excitation du début du combat ayant fait place à la lassitude. Il s'ennuyait.
Ses adversaires étaient lents, manquaient de force et d'inventivité. Il en avait attendu plus et était déçu alors il ne faisait plus que le strict minimum, ce pourquoi il avait été engagé.
Le silence qui s'empara du champ de bataille fit du bien à ses oreilles, et son regard morne effleura la scène. Il n'y avait plus d'adversaires debout, plus beaucoup d'alliés non plus. Mais Yuta était quelques dizaines de mètres plus loin, et c'était tout ce qui lui importait. Les autres auraient pu tous mourir qu'il n'aurait rien ressenti. Chittaphon marcha sur les corps au sol, certains agonisants, sans y prêter attention et alla se blottir contre son compagnon. Le décoloré enroula un bras autour de ses épaules pour le serrer contre lui et posa sa bouche contre le front du plus jeune.
- Tu es blessé ?
- Non, marmonna le noiraud, et toi ?
- Quelques contusions et coupures mais rien qui ne guérira dans les prochains jours. Allons-y, finissons-en avec cette histoire et partons.
Chittaphon hocha la tête et subtilisa un baiser à son amant avant de nouer leurs doigts ensemble. Ils regagnèrent le château à pas lents, la fatigue prenant progressivement possession de leur corps. Ils ne s'étaient pas reposé depuis plusieurs jours, le manque de sommeil et la faim se faisaient ressentir.
Aucun d'eux ne fut surpris lorsque le roi se dressa devant eux et qu'ils furent encercler par sa garde rapprochée. Ni quand il prit la parole de sa voix stridente et déplaisante.
- Merci pour vos services mes seigneurs, je vais malheureusement devoir m'en passer à présent. L'histoire se souviendra que vous avez péri en tant que sauveurs de notre peuple, n'ayez pas trop de regrets, sourit doucereusement le souverain.
Yuta soupira, lassé.
- C'est un truc de dingue, vous avez vraiment du mal à mettre la main à la bourse vous les rois.
- Comment oses-tu !
- Vous êtes tous les mêmes, continua le décoloré. Vous pensez toujours avoir un coup d'avance mais vous réfléchissez tous de la même manière, c'est affligeant. Vous embauchez quelqu'un en lui promettant une fortune, vous l'exploitez puis il disparait mystérieusement. Vous pensiez vraiment nous surprendre avec ce plan médiocre ?
Chittaphon sourit en coin, comprenant que c'était à son tour de jouer. Il avait passé les semaines précédentes à mettre au point leur toile, il était temps de la révéler. Il chercha dans son esprit le lien qui le reliait à ses proies et il les soumit. Une morsure était suffisante pour créer ce lien, et il ne disparaissait qu'à la volonté du vampire. Un don rare que Chittaphon avait et dont il n'aimait pas vraiment se servir, mais juste l'air dérouté du roi suffit à lui remonter le moral. Il adorait quand les chasseurs devenaient ses proies.
A son ordre muet, la garde rapprochée cessa de les prendre pour cible et pointa les lances sur la famille royale. Le souverain sursauta et se mit à hurler, son visage se parant de rouge alors qu'il s'étouffait de rage.
- Comment osez-vous vous retourner contre moi ? Je suis votre roi ! Vous me devez obéissance ! Vos vies sont à moi !
- Voyez votre altesse, ils sont complètement sous les ordres de mon compagnon. Ils ne vous entendent pas, ne vous obéissent pas. Je vous conseille donc d'allonger la monnaie avant de finir en brochette. Imaginez bien que c'est une offre que vous devriez saisir, nous n'aurions aucun problème à vous tuer et à récupérer notre dû par nous-mêmes.
- Pourquoi on fait pas ça plutôt d'ailleurs ? geignit Chittaphon. Il me casse les oreilles à beugler comme un goret...
Sa remarque fit taire l'homme qui pâlit brusquement en comprenant qu'il n'était pas en position avantageuse, qu'il ne l'avait même jamais été contrairement à ce qu'il avait cru. Il déglutit en contenant sa rage et fit signe à l'un de ses conseillers d'aller chercher ce que les vampires demandaient. La bouche du noiraud s'étira en un large sourire dévoilant ses crocs alors qu'il recevait une lourde bourse pleine d'or. Il prit le temps de compter que tout y était, puis fit signe à son compagnon que tout était bon.
- Bien, maintenant que ce problème est réglé nous allons reprendre la route. Ce fut un plaisir de faire affaire avec vous votre altesse, ironisa Yuta.
Chittaphon leur tira malicieusement la langue, et d'une poussée mentale fit s'évanouir tout ceux qu'il avait mordu pendant le temps qu'il avait passé dans ces lieux. Personne ne tenta de les arrêter et ils récupérèrent leurs chevaux à l'écurie royale.
- Ils n'apprennent jamais, c'est quand même dingue, râla Yuta en grimpa sur son étalon.
- Peut-être mais dis toi que c'est drôle de voir leur tête quand on les contre. C'est presque plus amusant que la baston.
Yuta se pencha pour l'embrasser au coin des lèvres, un léger sourire amusé étira sa bouche. Chittaphon fit une moue innocente et réclama un autre baiser avant de se redresser sur sa monture, prêt à quitter les terres boueuses de leur précédent travail
- Alors, quel est le programme ?
- Eh bien on pourrait commencer par se trouver une auberge avec des draps de soie et se reposer quelques jours, qu'en penses-tu ?
- Toi et moi dans un lit après une bonne bataille ? Tu sais comment me parler Yuta, sourit le noiraud.
Il appuya ses talons contre les flancs de l'animal, le faisant partir au galop et il entendit que son amant faisait de même dans son dos. Une bonne semaine de repos, juste à se faire dorloter et à manger c'était exactement ce dont il avait besoin, il avait hâte d'arriver à destination.
Nda :
Hey ! Je vous propose donc aujourd'hui ma version du Yuta x Ten, j'espère qu'elle vous aura plu et que vous avez passé un bon moment à la lire :) N'hésitez pas à nous donner votre avis et à nous faire savoir ce que vous pensez de nos écrits, c'est toujours un plaisir d'échanger avec vous et d'avoir des retours <3
Merci pour vos lectures/votes/commentaires sur ce livre !
Dalion~ Kiss :3
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