Taeyong regardait fixement par la fenêtre, le regard vide mais le cœur lourd. Les gouttes de pluie s'écrasaient en rythme contre la vitre, laissant des traces qui troublaient son reflet. Taeyong eut une grimace douloureuse, même déformée par l'eau son image restait désastreuse. Les creux noirs sous ses yeux tranchaient avec la pâleur cadavérique de sa peau, peau qu'il n'avait plus que sur les os. Le jeune homme n'avait jamais été particulièrement épais, mais les derniers mois avaient eu raison de sa santé. Il n'était plus que l'ombre de lui-même, une épave qui s'enfonçait dans les abimes un peu plus profondément chaque jour.

Il passa une main dans sa chevelure un peu trop longue, négligée, et les larmes lui montèrent aux yeux. Il était si fatigué, fatigué d'attendre, fatigué de se détruire pour un autre. Mais il ne pouvait pas abandonner, il devait tenir jusqu'à son retour et rester fort. Plus que quelques heures ou peut-être est-ce que cela se comptait en minutes ? Taeyong avait perdu la notion du temps, l'esprit brumeux et le cœur prit dans la tempête. Il sursauta lorsque la porte d'entrée de la petite maison s'ouvrit et que des pas se firent entendre.

Les jambes tremblantes, il se releva. La gorge nouée, il ferma les yeux et attendit. Il n'eut pas à patienter longtemps avant que la voix de son petit-ami ne se fasse entendre.

- Taeyong...

Un souffle, un murmure tendre, qui le percuta avec l'acuité d'un coup de poignard. L'homme ouvrit les yeux. Yangyang se tenait à quelques pas de lui, la silhouette maigre et rachitique, le corps meurtri d'hématomes et de coupures, une veste bien trop grande pour lui couvrant ses épaules. Une boule se forma dans la gorge de Taeyong qui sentit les larmes lui monter aux yeux, il ne pouvait définitivement plus supporter ça. Devoir attendre sans jamais savoir dans quel état son amant allait revenir ou même tout simplement s'il allait revenir. Il n'avait pas un mental assez solide pour le supporter, il avait prévenu Yangyang mais il était arrivé à ses limites.

Incapable de lui répondre, Taeyong fit demi-tour. Il récupéra le sac de voyage qui patientait sagement depuis plusieurs semaines et jeta un dernier regard dans la chambre qu'il avait occupée au cours des cinq dernières années. Son cadet n'avait pas bougé de l'entrée et son expression brisée heurta Taeyong.

- Tae, hésita le jeune homme. Pourquoi la maison est aussi vide ? Et... c'est quoi ce sac ?

Le noiraud déglutit tout en raffermissant sa prise sur la hanse du sac. Sa décision avait été murement réfléchie, il faisait ça pour son bien, pour vivre à nouveau. Pour une fois il devait être égoïste sinon il ne se relèverait pas. 

- Je m'en vais Yangyang.

- Quoi ? Attends, je comprends pas...

- C'est exactement ce que je dis, je pars d'ici. Je ne reviendrai pas, souffla Taeyong.

Son cadet fit un pas vers lui mais il recula, il avait peur de céder s'il y avait le moindre contact entre eux. Il mourait d'envie de se jeter dans les bras de son amant, de vérifier qu'il allait bien et qu'ils passent la nuit à se câliner, à se promettre de ne jamais se quitter. Seulement les promesses ne lui suffisaient plus, il avait besoin de réalité, de quelqu'un de présent.

- Pourquoi ?

La voix de Yangyang trancha l'air, amère, et Taeyong releva la tête. Il était en colère que le plus jeune ose poser cette question, il connaissait très bien la raison.

- Je ne supporte plus tout ça, je t'avais prévenu.

- C'est mon travail, tu le savais avant qu'on se mette ensemble alors pourquoi maintenant ?

Un rire sans joie échappa à Taeyong qui fixa son amant stupéfait. Il était réellement sérieux ?

- T'es sérieux ?

- J'ai l'air de ne pas l'être ?

Les épaules du noiraud s'affaissèrent, comment Yangyang pouvait-il ne pas comprendre la douleur qu'il ressentait ?

- Tu te souviens de ce que tu m'as dit lorsque tu es parti pour ta dernière mission ?

Le jeune homme fronça les sourcils mais Taeyong ne lui laissa pas le temps de répondre.

- Tu m'as dit que ce n'était qu'une mission de deux mois et qu'après tu arrêtais, tu m'as promis de me demander de t'épouser pour mon anniversaire parce que je t'avais dit que c'était ce que je souhaitais le plus au monde.

- Tae...

- Huit mois, t'es parti huit putains de mois pendant lesquels je n'ai eu aucune nouvelle de toi. Mon anniversaire je l'ai passé à pleuré en me demandant si tu étais vivant ou mort.

Un air coupable se peignit sur le visage du policier qui tenta une nouvelle approche mais Taeyong recula une fois de plus, les larmes coulant sans retenue sur son visage émacié. Il avait vécu l'enfer pendant cette période, à espérer sans aucune preuve un retour de son petit-ami. Personne ne voulait rien lui dire, il était isolé de tout.

- Tout ne s'est pas passé comme prévu...

- Non, tu crois ? rit hystériquement Taeyong. Je ne l'aurais pas deviné. Et dis-moi, tu comptais me le dire quand que tu avais changé d'avis ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Le noiraud essuya rageusement ses joues, la colère montait de plus en plus en lui.

- Ton supérieur m'a appelé pour me prévenir que tu allais rentrer, il en a profité pour me dire de bien en profiter puisque tu repartais sur le terrain une fois tes blessures remises.

- Tae...

- T'es un menteur Yangyang ! T'as jamais eu la moindre intention de rester près de moi, j'ai été le seul abruti à y croire !

Le plus jeune profita de l'état instable de son amant pour se rapprocher et il le plaqua contre lui, le serrant aussi fort qu'il le pouvait dans ses bras. Il avait le cœur qui battait vite, il s'emballait à cause de la peur et de la panique. Il ne voulait pas perdre le noiraud.

- Je t'aime Taeyong mais ce que je fais est important, tu le sais non ?

Taeyong renifla et posa ses mains à plat sur la poitrine de son cadet. Yangyang souffla, soulagé de le sentir un peu plus calme.

- Je sais.

Le policier esquissa un petit sourire que son petit-ami ne lui rendit pas.

- Je sais aussi que ton travail sera toujours prioritaire sur moi et je ne veux pas de cette vie-là. Tu trouveras peut-être quelqu'un que ça ne gênera pas mais cette personne ça ne sera pas moi.

Taeyong le repoussa et se recula. Il récupéra son sac qui était tombé de son épaule et se redressa, le regard digne. Il ne changerait pas d'avis, même pas pour effacer cette tristesse sans nom qui tordait les traits de Yangyang. Il ne savait pas si c'était mieux pour tout le monde, mais même si cette décision était dure à prendre elle était ce qu'il y avait de mieux pour lui, pour qu'il apprenne à se reconstruire après s'être détruit.

- Je t'aime Yangyang, j'espère que tu le sais, mais cette vie n'est pas pour moi et tu ne sacrifieras jamais ta vocation pour moi. Restons en-là, je te souhaite de trouver quelqu'un de mieux.

Les larmes s'échappèrent une nouvelle fois de ses yeux sans qu'il ne tente de les retenir et il fuit de cette maison, celle qui avait accueilli son premier véritable amour et ses plus belles autant que ses pires années. Il ne regrettait rien, pourtant son cœur se serrait un peu plus à chaque pas qui l'en éloignait. Il leur faudrait du temps, mais un jour tout ira mieux. 

Nda : 

Pas mon style l'angst, je suis pas très douée dedans, je vais retourner au fantastique mdr

Je vous laisse avec Salia pour le prochaine, passez un bon week-end ! 

Dalion~ Kiss :3