Lorsque ses amis lui demandaient comment il pouvait maintenir une relation aussi épanouie avec son petit copain depuis plus de six ans, sans qu'ils se hurlent dessus ou se séparent, Renjun donnait toujours la même raison : Taeyong et lui communiquaient. Ils avaient rapidement compris que s'ils ne faisaient pas d'efforts sur ce point leur relation filait droit dans le mur et ils s'aimaient trop pour prendre le risque de se perdre.

Or, depuis quelques jours, Renjun voyait bien que quelque chose embêtait son petit ami, mais ce dernier refusait de lui en parler. Taeyong maintenait qu'il était juste un peu fatigué, ce que le plus jeune ne pouvait réfuter à la vue des cernes noirs impressionnants sous ses yeux, mais ce n'était pas tout. Renjun connaissait son compagnon et il savait reconnaître un mensonge.

Le premier jour, l'amertume avait saturé son palais. Il croyait sa relation saine et sans secret, découvrir que finalement Taeyong pouvait lui cacher des choses ne lui plaisait pas. Il avait donc fait sa mauvaise tête, boudant comme un enfant pendant plusieurs heures. Il avait cru que son amant serait venu le rassurer, s'excuser et aurait craché le morceau, mais Taeyong s'était contenté de le regarder de ses grands yeux perdus.

Le lendemain, Renjun avait commencé à réellement s'inquiéter. Taeyong mangeait peu, il se levait excessivement tôt et n'était rentré le soir qu'à vingt-trois heures passées. Ses questions s'étaient heurtées une nouvelle fois à une excuse bancale et il avait accepté de laisser son petit ami tranquille. Taeyong semblait si fatigué qu'il n'avait pas eu le cœur d'insister. Malheureusement, la situation ne cessait d'empirer. À défaut d'avoir des explications par le principal concerné, il avait tenté de se renseigner auprès de ses amis proches, mais aucun n'avait d'informations pour lui. Doyoung n'avait pas vu son meilleur ami depuis près de trois semaines, Jaehyun était en voyage aux États-Unis, et si Kun avait remarqué le changement d'attitude de Taeyong il n'avait pas réussi à savoir ce qu'il se passait.

C'était pour cette raison que Renjun avait posé un jour de congé et qu'il se retrouvait dans les locaux de l'entreprise familiale, camouflé derrière un mur à observer son petit ami, et ce qu'il voyait le faisait bouillir de l'intérieur. Il tourna les talons d'un pas rageur et rejoignit la salle de pause de l'étage supérieur où il se fit couler un thé. Le pied tapant vivement sur le sol, il se retourna en sifflant quand une main se posa sur son épaule. Les jolis yeux en amande de sa mère s'écarquillèrent.

– Oh, pardon, maman, je ne t'avais pas entendue arriver.

– Je vois ça, sourit-elle en se faisant un café. Je crois que je ne t'ai pas vu aussi nerveux depuis le jour de l'acceptation des vœux pour l'université. Il s'est passé quelque chose ? Tu ne viens quasiment jamais à l'entreprise.

Elle n'avait pas tort et même si ce n'était pas un reproche, Renjun grimaça. Ses parents avaient déménagé le siège de leur entreprise en Corée du Sud pour se rapprocher de leurs fils, mais ils les voyaient à peine plus. Renjun passait ses journées au cabinet vétérinaire, assistant les propriétaires jusqu'à l'obtention de son diplôme qui devrait se faire dans les prochains mois. Quant à son frère jumeau, Chenle, il était plus souvent en vadrouille à tester tout et n'importe quoi qu'à Séoul. Et à bien y réfléchir, Renjun aurait préféré que sa moitié reste encore un peu loin de lui.

– Personne ne m'a dit que Chenle était de retour, je le croyais au Japon jusqu'à la fin du mois.

– Oh, il est soudainement réapparu la semaine dernière en demandant à travailler pour apprendre le métier.

Renjun haussa un sourcil en buvant son thé. Sa mère lui pinça la joue, un léger sourire aux lèvres.

– Je sais ce que tu te dis et je ne suis pas naïve, je sais qu'il en aura marre d'ici quelques jours et qu'il repartira, mais en attendant je ne vais pas manquer une occasion d'avoir mes deux fils préférés près de moi.

– Tu n'as que deux fils maman.

– Ce qui est amplement suffisant si tu veux mon avis.

Renjun laissa un léger sourire s'épanouir sur ses lèvres, il ne pouvait pas lui donner tort. Son jumeau et lui-même avaient été tumultueux pendant leur adolescence, ils n'avaient pas rendu la vie facile à leurs parents, même si Renjun s'était rangé depuis. Il aurait préféré que ce soit la même chose pour Chenle et l'amertume remplaça le goût du thé sur sa langue. Il posa sèchement la tasse, le regard noir.

– Junie ? Je sais bien que tu n'es plus un enfant, mais tu sais que tu peux venir me parler quand tu le désires, pas vrai ?

– Je sais maman, merci, mais... c'est quelque chose que je vais d'abord essayer de régler seul.

Il ferma les yeux un court instant avant de les plonger dans ceux de sa mère.

– Dis, si j'embroche ton autre fils préféré, tu m'en voudras beaucoup ?

Un rire délicat secoua les épaules fines de la Chinoise. Elle passa une main sur la joue de Renjun qui était à moitié sérieux. Sa mère lui offrit un discret clin d'œil, s'empara de sa tasse de café avant de repartir pour son bureau.

– Ne dis rien de plus, je ne pourrai pas te défendre au tribunal sinon.

Renjun hocha aussitôt la tête, faisant une liste des manières qu'il avait pour confronter Chenle. Il était celui qui le connaissait le mieux et il ne pensait pas qu'un jour il pourrait être autant en colère contre lui. Pourtant, rien n'y faisait. Il ne parvenait pas à calmer la rage qui grondait dans son ventre. Sa moitié avait été trop loin. Il passa tellement de temps à chercher comment aborder le sujet avec Chenle, qu'il manqua le départ de celui-ci et ne l'apprit que par sa secrétaire qu'il croisa dans un couloir. Dépité, il se résolut à appeler son jumeau et à lui donner rendez-vous dans le café juste en face du building de l'entreprise. Renjun fit attention à ne pas se faire remarquer par son amant et quitta les bureaux.

Il commanda un thé vert un peu amer le temps que Chenle fasse demi-tour et le rejoigne. Ces quelques minutes d'attente lui permirent de recentrer ses pensées et de se calmer. Il était toujours en colère, mais il ne ressentait plus l'envie irrépressible d'étrangler Chenle quand celui-ci s'installa de l'autre côté de la table. Il héla un serveur pour commander un latte vanille et un silence étrange s'installa entre eux le temps que la boisson soit apportée.

– Je m'attendais pas à ton appel, sourit le jeune homme. C'est quoi cette tête toute coincée ?

– Je ne m'attendais pas à ce que tu sois à Séoul, contra Renjun en croisant les bras sur son torse.

– Attends, c'est pour ça cette tronche de ronchon ? Parce que je ne t'ai pas dit que j'étais de retour ? Tu sais, je ne l'avais pas prévu, j'improvise au jour le jour. C'est vrai, j'aurais pu t'envoyer un message, mais tu ne vas pas m'en vouloir pour ça ?

Renjun roula des yeux, prit une gorgée de thé avant de reposer sa tasse un peu trop fort sur la table.

– Je m'en tape que tu voyages à travers le monde sans me le dire, on n'a jamais été le genre à s'appeler tous les jours et à tout se dire. Tu as ta vie et je le respecte, le truc c'est que j'aimerais que tu respectes la mienne aussi et ça, tu ne le fais pas. C'est pour ça que je t'en veux et que j'ai demandé à te voir.

Chenle fronça les sourcils, un pli se formant entre ses sourcils. Il balaya l'air de sa main, le menton relevé en une expression hautaine qui fit grincer des dents son jumeau. Renjun détestait cette attitude chez son frère, il avait envie de lui donner des claques.

– Tu dérailles, tu fais bien ce que tu veux de ta vie. À quel moment est-ce que je m'en suis occupé ?

– Beaucoup de fois, mais on va laisser le lycée derrière nous, marmonna Renjun. Moi, je te parle de Taeyong et de ton attitude avec lui.

La mention de son amant déstabilisa Chenle dont l'œil fut agité d'un tic nerveux. Il avait quelque chose à se reprocher, même s'il faisait mine de rien. Renjun savait reconnaître les subtiles indications corporelles de son frère. 

– Quoi, ton mec s'est plaint comme un gamin parce que je lui ai demandé de me dépanner sur un dossier ? Quel fragile, sérieux !

Les yeux ronds, choqué par les paroles de son jumeau, Renjun manqua de s'étouffer avec de l'air.

– Tu penses vraiment ce que tu dis là ?

– C'est quand même pas de ma faute si c'est un gamin.

Renjun fronça les sourcils, mécontent. Taeyong était une personne mature, même lorsqu'il était plus jeune, il n'avait jamais été du genre lâche ou insolent. C'était un homme adorable, attentif et humble. Ils ne devaient pas parler de la même personne.

– Taeyong ne m'a rien dit du tout, je t'ai vu tout à l'heure. Je suis passé aux bureaux, siffla Renjun.

Il eut le plaisir de voir son frère pâlir et serrer les doigts autour de sa tasse. Le changement d'attitude gonfla son courage et il se redressa sur son siège, il était dans son bon droit.

– Je t'ai vu le menacer et le rabaisser, continua Renjun. Je t'ai entendu te servir de moi pour lui refiler les tâches dont tu ne voulais pas. Comment est-ce que tu as pu lui dire qu'il ne me méritait pas ? Qu'il devait faire des efforts pour vous prouver qu'il avait le droit d'être avec moi ? Que son travail n'était pas encore assez bien ! Bordel, Chenle, c'était quoi cette menace de me montrer son dossier pour me prouver son incompétence ?

La voix de Renjun monta dans les aigus sur la fin de sa phrase et il tapa des poings sur la table, hors de lui. Il prenait encore plus conscience de la cruauté des mots de son frère alors qu'il les prononçait à son tour. Essoufflé, il ferma les yeux une demi seconde, le temps de calmer les battements anarchiques de son cœur. Il n'avait jamais autant éprouvé de colère envers celui qui partageait sa vie depuis le tout premier jour.

– C'est que des mots, grogna Chenle. Quoi ? Tu veux que je m'excuse ?

Déçu, Renjun secoua la tête.

– Non, je ne veux même pas ça de toi. Je ne veux plus te voir, plus t'entendre. Je me fous de savoir ce que tu fais de ta vie tant que tu n'es plus impliqué dans la mienne. J'aime Taeyong, je suis heureux avec lui depuis plus de six ans. Il a été à mes côtés pendant tout ce temps, il me respecte, il m'aime, il s'intéresse à moi. Tu te permets d'avoir un jugement de valeur alors que tu ne l'as vu que deux fois, tu n'as pas été là ces dernières années, tu n'as aucun droit sur moi ou sur mon couple.

– Junie !

– Ne m'appelle pas comme ça, t'en as perdu le droit, siffla Renjun les larmes au bord des yeux. Je ne te laisserai pas détruire Taeyong ou te servir de lui pour tes intérêts.

Chenle se redressa à son tour, le regard noir et les dents serrées.

– On est jumeaux, tu ne peux pas le choisir à ma place !

– Si, je peux et je le fais. T'avais qu'à être là Chenle, tu n'avais qu'à faire des efforts au lieu de jouer à l'égoïste pour que tout aille dans ton sens. Je t'ai toujours tout pardonné, parce que t'es mon jumeau justement et que je t'aime, mais cette fois c'est non. J'aime Taeyong de tout mon cœur, je veux passer ma vie avec lui et si t'es pas capable de l'accepter, de le respecter, alors c'est qu'au final on est peut-être liés par le sang, mais pas par les sentiments.

Renjun déposa quelques billets sur la table sans se soucier qu'il y ait bien plus que nécessaire et déglutit. Il se sentait lourd et nauséeux.

– Si un jour tu changes, contacte-moi, mais pas tout de suite. Même si tu veux t'excuser, je ne serai pas en mesure de l'accepter et je vais demander à maman de te changer de département. Je ne veux plus que Taeyong te subisse.

– T'exagères là...

Le jeune homme darda un regard furieux vers son frère qui s'en rassit. Jamais Renjun ne l'avait regardé de la sorte, peu importe la bêtise qu'il avait pu faire. Renjun tourna la tête et sortit d'un pas rapide du café. Il étouffait. 

Ses pas le conduisirent à nouveau au sein du bâtiment de l'entreprise familiale et cette fois il se rendit directement dans le bureau de sa mère. La secrétaire l'avertit qu'elle était en rendez-vous pour encore une dizaine de minutes et qu'elle pouvait prendre un message s'il ne souhaitait pas patienter. Renjun la remercia avec un sourire poli, mais déclina. Il avait besoin de parler à sa mère en tête à tête et surtout, avant que Chenle le fasse. Son jumeau avait un don pour tourner les choses à son avantage, mais Renjun ne comptait pas le laisser faire.

Au bout du temps annoncé, la porte s'ouvrit pour laisser sortir un homme. Renjun entendit sa mère échanger encore quelques mots avec lui avant qu'il ne s'en aille définitivement. Le jeune homme se manifesta dès qu'ils furent seuls.

– Deux fois dans la même journée ? sourit sa mère.

Renjun sourit maladroitement et elle fronça les sourcils.

– Toi, ça ne va pas mieux. Entre. Mademoiselle Shin, est-ce que vous pourriez nous apporter deux tasses de thé s'il vous plaît ? Je vous libère juste après.

Renjun entra dans le bureau ouvert et s'installa dans l'un des confortables canapés de part et d'autre de la table basse. Sa mère appréciait recevoir ses rendez-vous dans un cadre à la fois professionnel et chaleureux, là où son père était plus classique. La secrétaire leur apporta les boissons, ils la remercièrent et lui souhaitèrent une bonne soirée qu'elle leur retourna. Les jambes croisées, Huang Mei le couvait d'un regard préoccupé. Renjun prit une gorgée de thé, la gorge serrée.

– Maman, je sais que je n'ai rien à voir avec l'entreprise et que je n'ai rien à dire sur la manière dont vous gérez les choses avec papa, mais je voudrais que vous changiez Chenle de secteur. Que ce soit d'étage ou de ville, peu importe !

– C'est une demande à laquelle je ne m'attendais pas.

La directrice souffla sur sa boisson, soucieuse.

– Tu vas devoir m'en dire plus que ça, tu le sais, pas vrai ?

Renjun opina, déterminé. Il n'aimait pas étaler sa vie privée, mais parfois la fin justifiait les moyens et il savait que sa mère ne le jugerait pas. Il lui raconta donc le changement d'attitude de Taeyong, la dégradation de sa santé, jusqu'à ses propres investigations qui l'avaient conduit dans leurs locaux un peu plus tôt. Le regard de Huang Mei se durcit quand il lui rapporta mot pour mot les propos tenus par son jumeau. Le cœur battant vite, Renjun attendit une réaction.

– Sans prendre en compte le fait que Taeyong soit ton partenaire de vie depuis de nombreuses années maintenant et que, à titre personnel, je l'apprécie beaucoup, c'est un élément important de notre entreprise. Nous n'avons jamais eu de plaintes ou de retards le concernant, et son travail est irréprochable. L'attitude de Chenle est inacceptable.

Renjun expira et il s'aperçut qu'il retenait son souffle jusque-là.

– Je vais programmer un rendez-vous officiel avec lui et nous discuterons de son attitude, j'en profiterai pour me renseigner auprès des différentes équipes avant. J'ai peut-être eu tort de lui faire aveuglément confiance car c'est mon enfant. J'étais si heureuse de le savoir de retour que j'ai manqué de clairvoyance.

– Ne dis pas ça maman, il a de bonnes compétences. C'est juste que... je ne comprends pas pourquoi il n'accepte pas Taeyong.

Sa mère reposa délicatement sa tasse sur la table basse, pensive.

– Ce n'est qu'une supposition, pour en être sûrs il faudrait que tu en parles avec lui, mais peut-être que ton frère est simplement jaloux.

Renjun haussa un sourcil, dubitatif. Chenle était un électron libre qui ne s'attachait à rien ni personne, il n'y avait aucune raison pour qu'il envie sa relation avec Taeyong. Il était le premier à clamer qu'être en couple ce n'était pas pour lui.

– C'est lui qui ne veut pas s'engager.

– Je ne pense pas que c'est de la jalousie dans ce sens-là, Jun. Vous avez beau avoir grandi tous les deux, parfois je pense qu'il a du mal à l'accepter. Vous étiez collés l'un à l'autre petit et tu t'accrochais à lui à la moindre occasion. Quand tu avais un problème, tu allais toujours vers lui et il n'y avait que ton frère qui arrivait à faire en sorte que tu ne pleures plus.

– C'était quand on était enfants maman.

Un sourire nostalgique s'épanouit sur les lèvres de Huang Mei.

– Tu as évolué quand ton frère est parti arpenter le monde, tu as appris à vivre sans lui et je ne dis pas que Taeyong l'a remplacé, vous n'avez pas la même relation, mais c'est vers Taeyong que tu te tournes maintenant. C'est lui qui te réconforte et qui partage ta vie. Peut-être que ton frère pensait retrouver votre relation d'antan en revenant et qu'il pense que Taeyong lui a volé sa place.

Renjun pinça les lèvres en se rappelant qu'en effet, à une période de sa vie, il avait été comme une ombre collante avec son frère, mais ça remontait à tellement loin ! Ils étaient des adultes maintenant, et c'était Chenle qui était parti vivre la grande aventure.

– Peu importe la raison, ce n'est pas juste. Taeyong n'a rien fait de mal et je ne veux pas le perdre.

– Je sais, je vais gérer ton frère. Toi, tu devrais rentrer chez toi et rester avec ton petit ami. Il doit certainement être parti, nous parlons depuis un petit moment maintenant.

Surpris, Renjun vit que la nuit était tombée et il écarquilla les yeux. Habituellement, il était déjà dans son canapé depuis un long moment. Il sortit son téléphone et vit un nombre de messages non lus inquiétant. Il ignora volontairement ceux de son frère et répondit en vitesse à son amant qui s'inquiétait de ne pas avoir eu de nouvelles de la journée et ne le voyait pas chez eux.

– Mince ! Il faut que je file maman !

– Attends une seconde. Prends un ordinateur du travail pour Taeyong, il pourra avancer depuis chez lui demain et vous pourrez rester tous les deux. Le temps que je parle à Chenle, il vaudrait mieux éviter de les mettre dans la même pièce. Je pense que Taeyong n'a pas besoin de cette charge mentale supplémentaire.

Renjun remercia sa mère avec un grand sourire et un baiser sur la joue. Sacoche contenant le fameux ordinateur sur l'épaule, il s'empressa de se rendre à l'appartement qu'il partageait avec son petit ami. Il se déchaussa, jeta sa veste sur le porte-manteau et gagna la cuisine. Le soulagement se lut sur le visage de Taeyong. Renjun se jeta dans ses bras et manqua de le faire basculer en arrière.

– Désolé de ne pas avoir répondu, je n'ai quasiment pas regardé mon téléphone de la journée.

– C'est rien, sourit Taeyong, je commençais à m'inquiéter. D'habitude j'ai deux cents memes en attente de visionnage, trente-six messages vocaux et une pluie de cœurs de toutes les couleurs.

Renjun gloussa, les joues rouges. Il savait qu'il abusait sur les messages niais toute la journée, mais son amant n'était pas forcément mieux. Parfois, il se disait qu'ils ressemblaient à un couple de lycéens bien mièvres. Ses bras entourèrent la taille de son amant et il déposa un baiser sur la joue légèrement piquante. Une délicieuse odeur de viande piquante émanait de la casserole.

– Je prends le relais, va te poser dans le canapé, proposa Renjun.

– Qu'est-ce qui me vaut cet honneur ?

Le jeune homme piqua un nouveau baiser au coin de ses lèvres avant de le pousser hors de la cuisine. Taeyong accepta son sort et en profita pour aller prendre une douche chaude. Lorsqu'il revint, Renjun terminait tout juste de dresser la table dans le salon. Il tendit une paire de baguettes à son amant et ils commencèrent à manger en silence. Au bout d'un moment, le plus jeune ne tint plus.

– Tae, pourquoi tu ne m'as pas dit ce qu'il se passait avec mon frère ?

Taeyong se figea, les baguettes à quelques centimètres de sa bouche. Il déglutit tout en reposant le morceau de viande dans l'assiette.

– De quoi est-ce que tu parles ?

– Tu vas vraiment me mentir ? demanda Renjun, blessé. Je vous ai vus tout à l'heure, au bureau. Je voulais comprendre ce qu'il t'arrivait et comme tu refusais de m'en parler je n'ai vu que ça comme solution.

Taeyong baissa les yeux et se frotta le visage. Il semblait épuisé.

– Tu dois me trouver pitoyable, pas vrai ?

– Bien sûr que non ! Je ne penserai jamais ça de toi !

– Je voulais que tu sois fier de moi et c'est ton frère jumeau.

Renjun roula des yeux.

– Ce qui ne l'empêche pas d'être un con quand il s'y met. Il n'avait aucun droit de te parler de cette façon ou de te menacer. C'est notre couple, toi et moi. Il n'a rien à voir là-dedans.

– Je ne veux pas être comme ceux qui imposent un choix à leur compagnon, je peux encaisser. Je n'allais certainement pas te demander de choisir entre lui et moi, c'est inhumain. 

– Tu ne peux pas et tu ne le feras pas, s'opposa Renjun. Parce que cet abruti ne fera plus partie de ma vie ni de la tienne tant qu'il ne t'aura pas présenté ses excuses en bonne et due forme. C'est ma décision, je t'aime Tae, et je refuse qu'il se serve de ça pour te manipuler.

Le visage de Taeyong se décomposa et son amant se sentit obligé de lui prendre la main. Il avait peur que l'autre ne disparaisse.

– Non, Jun, tu peux pas faire ça.

– Bien sûr que si, et je rappelle que lui ça ne l'a pas dérangé de se barrer pendant des mois sans donner de nouvelles. Pour une fois que c'est dans le sens inverse, ça le fera peut-être grandir. On est ensemble Tae, je veux que tu sois heureux alors quand ça ne va pas, parle moi. Même si c'est à cause d'un crétin de ma famille. 

– Peu importe ce que je dis, tu resteras en colère contre lui, pas vrai ?

– Oui, et tu devrais l'être aussi, répondit Renjun en redressant le menton. Maintenant, on va passer la soirée tranquille tous les deux et demain tu auras le droit de bosser quelques heures sur l'ordi du boulot que j'ai ramené, mais pas plus. Ce sera détente, bisous et siestes pour tous les deux.

Un léger rire échappa à Taeyong qui laissa sa tête retomber sur l'épaule de son compagnon, un poids en moins sur la poitrine. Renjun lui embrassa la tempe, heureux de le voir plus détendu. Il savait que le problème n'était pas complètement réglé, mais il allait prendre le temps qu'il fallait pour remettre Taeyong sur pied.

Nda :  

Voilà, c'était ma nouvelle production pour ce recueil, je souhaite que vous ayez passé une bonne lecture <3

Pour les intéressés, un petit point sur les dernières actus du compte : 

- J'ai un nouveau recueil d'os, les commandes sont ouvertes

- Le recueil de Salia est également ouvert

- La Meute de Chungju [Jungwoo] est terminée

- Je poste en ce moment sur The Blue Lipstick, je vais la terminer avant de poster une nouvelle fiction <3

N'hésitez pas à laisser un avis, les gens qui en laissent sur les OS sont terriblement rares et ça peut être un peu décourageant ^^" Merci pour vos lectures et vos votes, ça fait chaud au cœur <3

Dalion~ Kiss :3