Taeyong x Johnny

Ps : Cet os se passe après le Taeyong x Jeno mais il n'est pas nécessaire de l'avoir lu pour le comprendre, c'est juste un plus :)





Un plaid bien chaud autour des épaules, Taeyong descendit les escaliers pour rejoindre la cuisine de la maison qu'il habitait depuis quelques années. D'un geste automatique, le jeune homme se fit chauffer un thé, y ajouta une dose de sucre et alla se blottir dans le canapé du salon. Il ne parvenait pas à trouver le sommeil depuis plusieurs jours et même s'il en connaissait la raison il n'avait pas encore trouvé la solution pour arranger les choses. Il passa une main dans ses cheveux abimés par de trop nombreuses colorations, les larmes aux yeux. Il ne faisait que ça, mais ça ne l'aidait pas à réfléchir, bien au contraire, il était juste encore plus fatigué après une nouvelle crise de larmes.

Du bruit provenant de l'étage attira son attention et il pinça la bouche. Il espérait que son départ du lit n'avait pas réveillé son compagnon. Ce dernier avait passé une semaine terrible au travail, il n'avait pas compté ses heures supplémentaires et il était rentré complètement épuisé. Il se redressa en entendant les pas se rapprocher et il vit rapidement les grandes jambes de Johnny apparaitre entre les barreaux des escaliers. Son petit-ami le rejoignit dans le salon, les yeux encore à moitié collés par le sommeil et la trace de l'oreiller sur la joue.

Un sourire attendri força les lèvres de Taeyong à se relever. Son compagnon était tellement adorable au réveil, il ressemblait à un enfant ou à une peluche géante. Johnny se dirigea sans hésitation vers lui et s'assit dans le canapé avant de tapoter légèrement la place libre entre ses jambes. Taeyong rit doucement et, sensible à l'invitation, il posa sa tasse sur la table basse pour aller se blottir contre son petit-ami. Johnny réajuste le plaid sur ses épaules avant de l'embrasser tendrement sur la joue.

— Je suis désolé si je t'ai réveillé.

— Ce n'est rien, tu fais encore une insomnie ?

Taeyong hocha mollement la tête. Il était impossible de cacher son incapacité à dormir à l'homme qui partageait sa vie et son lit. Johnny ne lui avait pas posé de questions quand il avait remarqué qu'il ne souhaitait pas en parler, mais Taeyong avait l'impression que ce soir-là serait différent et son intuition s'avéra exacte.

— Tu sais que je préfère quand tu te confies de toi-même mon amour, mais ça ne peut plus durer. Je ne sais pas ce que tu gardes en toi, mais ça te ferait du bien d'en parler, peut-être que je pourrais t'aider et on cherchera une solution ensemble.

— C'est compliqué pour moi d'en parler, j'ai peur, souffla le jeune homme d'une voix à peine audible.

— Est-ce que ça a un rapport avec l'homme qui est venu en début de semaine ? Tu avais l'air complètement chamboulé après son passage.

— Tu le savais ?

Taeyong se redressa nerveusement, ses yeux balayant le visage de son petit-ami. Johnny lui caressa doucement les avant-bras pour le rassurer et il attendit que les battements de cœur du plus jeune s'apaisent avant de lui répondre.

— J'étais en train de me garer et je vous ai vus parler un moment.

Johnny se pinça les lèvres.

— Pour être honnête, j'ai hésité à intervenir quand je t'ai vu pâlir, mais... je sais que tu tiens à ton indépendance et il ne semblait pas y avoir de tension entre vous alors j'ai préféré attendre que tu m'en parles de toi-même, mais...

— Mais je ne l'ai pas fait, termina Taeyong à sa place.

— Je me doute que tu as tes raisons pour ne pas m'en avoir parlé et je veux que tu saches que je te fais confiance mon amour, je m'inquiète juste pour toi. Si c'est cette visite qui t'a mis aussi mal, qui t'empêche de dormir, alors je veux savoir de quoi il retourne pour être en mesure de t'aider. Je ne pourrai pas le faire si tu me gardes à l'écart.

Taeyong ferma les yeux, une boule dans la gorge. Souvent, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il ne méritait pas Johnny. L'expatrié était un homme brillant, il menait une carrière d'avocat pénal avec brio, il possédait un grand sens moral et un cœur aussi vaste que l'océan. Un peu étourdi, parfois maladroit, il en restait un rayon de soleil qui avait permis à Taeyong de sortir des ténèbres. Que lui, qui n'avait été qu'un pauvre déchet pendant la majeure partie de sa vie, puisse vivre un bonheur sans nom dans les bras d'un tel homme... il se sentait comme un immonde imposteur.

Johnny avait passé de nombreuses heures au début de leur relation et même encore maintenant à le rassure, à lui dire qu'il méritait d'être heureux, qu'il ne devait pas se dénigrer et qu'il l'aimait tel qu'il était et pas autrement. Taeyong était moins drôle, moins sûre de lui, son travail rapportait moins et n'avait rien de glorieux, mais cela n'avait aucune importance aux yeux de Johnny. Taeyong voulait bien le croire, il essayait en tous cas, mais est-ce que son compagnon pourrait continuer à penser la même chose s'il apprenait tout ce que Taeyong s'était efforcé à lui cacher depuis le début ? Ce passé répugnant qui lui causait encore des cauchemars et des angoisses, personne ne l'accepterait en toute connaissance de cause.

— Il y a des choses sur moi que tu ignores et qui te ferait vomir, murmura Taeyong.

Johnny fronça les yeux et usa d'un peu de sa force pour forcer l'autre à lui faire face. Ce dernier gardait les yeux baissés, incapable de soutenir le regard de son amant.

— Taeyong, je t'aime d'accord ? Donc à moins que tu m'annonces être un violeur pédophile et nécrophile, il n'y a rien qui pourra me faire vomir ou partir d'accord ?

Un sourire triste fit tressauter les lèvres du vendeur. Il comprenait ce que Johnny voulait dire et même s'il trouvait la phrase un poil maladroite, elle n'en réchauffait pas moins son petit cœur incertain. Il se risque à lever les yeux dans la direction de son compagnon et son estomac se tordit. Cet amour, cette tendresse et cette confiance, il ne les avait jamais vu dans le regard d'une autre personne.

Et Taeyong voulait croire que ce mélange si chaleureux ne disparaitrait pas après sa confession parce que cela le détruirait. Il avait réussi à se relever une fois mais il savait qu'il n'avait pas l'étoffe pour se remettre de la destruction une seconde fois.

— L'homme que tu as vu en début de semaine, débuta Taeyong, il s'appelle Lee Jeno et je le connais depuis huit ans. Il est policier, quand je l'ai connu il était en infiltration pour une opération conjointe entre la brigade des mœurs et celle du crime organisé.

Johnny fit doucement descendre ses mains sur les avant-bras maigres et s'arrêta dans le creux des coudes. Taeyong ne baissa pas les yeux mais il savait ce que son compagnon sentait sous la pulpe de ses pouces et voyait. De nombreuses cicatrices, des petits points blancs, lisses, qui marquaient son épiderme à tout jamais. Les traces de ses péchés, tout du moins d'une partie d'entre eux.

— C'est en rapport avec tes cicatrices c'est ça ?

— Oui, j'étais... j'étais un junkie complètement défoncé tout au long de la journée. J'étais paumé, au départ j'ai essayé la drogue pour oublier la vie que je menais, mes relations avec ma famille, mon échec scolaire plus qu'évident. J'ai cru être plus fort que tout le monde, que la dépendance c'était que pour les faibles.

— T'étais un ado quand tu as commencé à te droguer ?

— Oui, j'avais quinze ans la première fois. A seize je me shootais à toutes les soirées possibles, à dix-sept c'était plus vital que l'air pour moi. Je pensais qu'à ça à longueur de journée.

Taeyong frissonna et retint un haut-le-cœur, un affreux goût de bile dans la gorge. Tout ce dont il parlait à Johnny, personne d'autre ne le savait à part le psychiatre que Jeno l'avait forcé à consulter. Il avait tassé ces souvenirs dans un coin de son esprit en priant pour qu'un jour ils disparaissent. Il ne se souvenait pas de grand-chose de cette période, juste de la sensation de planer autant que celle du manque qui se faisait immanquablement sentir après.

— Tes parents n'ont rien fait pour te sortir de là ? J'ai dû mal à croire qu'ils ne s'en soient pas rendus compte...

— Oh ils le savaient, c'est juste qu'ils ont transféré leurs attentes sur mon frère et ils ont fait comme si je n'existais plus. J'étais devenu invisible et quand je suis parti de la maison ils ne m'ont même pas cherché. J'ai pas eu de nouvelles d'eux depuis.

Johnny lui caressa doucement les cheveux. Son expression bienveillante l'était toujours, même si une pointe de tristesse avait affaissé son tendre sourire. Taeyong déglutit, il n'avait raconté qu'une partie des choses, le pire restait à venir.

— Je suis désolé d'apprendre que tu n'as pas une famille à la hauteur de l'être humain exceptionnel que tu es et j'espère qu'un jour ils regretteront ne pas avoir pris soin de toi, murmura Johnny.

Taeyong renifla, les larmes aux yeux. Il était de plus en plus dur de faire sortir les mots, d'exprimer ce qu'il avait fait, ce qu'il avait été pendant une partie de sa vie. Johnny ne le pressait pas, il continuait de lui prodiguer des marques d'affection apaisantes, comme à un enfant après un cauchemar. Malheureusement il ne s'agissait pas là d'une obscure chimère mais d'événements réels l'ayant déchiré à un point inimaginable.

— J'avais pas d'argent, pas de diplôme rien, à part cette addiction qui me ruinait la santé mais je m'en rendais même pas compte. A partir du moment où j'ouvrais les yeux, il n'y avait plus qu'une seule chose importait, comment j'allais me procurer ma dose du jour. Je me disais que j'avais pas le choix mais j'avais tort.

Taeyong explosa en sanglots, la honte le rongeant de l'intérieur. Il avait vu à son expression que Johnny avait compris ce qu'il avait essayé de lui dire et il se recroquevilla sur lui-même. Il allait être jeté. Personne ne voulait d'un ancien toxico, ancien prostitué, qui avait passé cinq ans à cacher la vérité. Peut-être même que Johnny allait le frapper, lui dire à quel point il était une ordure. Il était prêt à tout entendre, à tout subir pour sa pénitence.

— Mon amour, regarde-moi.

La voix douce mais ferme, si familière, lui parvint à travers ses propres pleurs et le jeune homme renfila piteusement. Il leva doucement les yeux, le cœur serré à l'idée de ce qu'il allait trouvé dans le regard de son compagnon.

— Je t'aime, ça n'a pas changé en l'espace d'une heure et ça n'aura pas plus changé demain.

Johnny essuya de ses mains les joues couvertes de larmes de son petit-ami et Taeyong sanglota à nouveau.

— Pourquoi tu le prends aussi bien ? Tu devrais être en colère ou au moins dégoûté ! J'aurais pu aller en désintox au lieu de vendre mon corps, je suis dégoûtant !

Les grandes mains de Johnny claquèrent sur les joues de son compagnon, interrompant immédiatement le flot de larmes qui les dévalait. Taeyong hoqueta, choqué autant par le geste que par l'expression sévère qui durcissait les traits de l'expatrié.

— Mon amour, tu étais dépendant. Je travaille avec la police, avec des drogués, des prostitués, des voleurs et des meurtriers toute la journée et il y a quelque chose que j'ai rapidement compris : très peu font ça de gaieté de cœur et encore plus rare sont ceux qui s'en sortent sans une intervention extérieure. Mon amour, tu n'étais pas dans une situation où tu pouvais prendre des décisions rationnelles, tu ne pouvais pas prendre soin de toi, et ça c'est parce que tes parents et ceux qui t'entouraient n'ont rien fait pour t'aider. Tu n'es pas dégoûtant, tu es toujours toi-même à mes yeux, rien n'a changé.

— T'es même pas en colère ?

— En colère ? demanda Johnny la mâchoire serrée. Je suis fou de rage comme je ne l'ai jamais été. Parce que personne ne t'a aidé à t'en sortir, parce que tu as été abandonné et que tu as dû faire des choses alors que tu n'étais pas conscient de tes actes. Je me doutais de certaines choses, les marques sur tes bras ne mentent pas mais j'espérais quelque part que cela ne soit pas aussi tragique. Je voulais attendre que tu te confies à moi mais maintenant je suis aussi en colère contre moi-même. Parce que si j'avais insisté, peut-être que si j'avais fait plus alors j'aurais pu être là pour toi et tu n'aurais pas souffert seul.

Johnny prit une profonde inspiration sans le lâcher du regard un seul instant.

— Je suis aussi sous le choc, c'est difficile à entendre et à accepter. Je suis triste, en colère, un peu perdu, mais je suis surtout encore et toujours amoureux de toi, peu importe ton passé. Il me permet de mieux te comprendre mais ce qui m'intéresse c'est le Taeyong du présent, celui que je tiens dans mes bras et qui semble pouvoir se briser au moindre souffle.

— T'es le seul qui le sait, je veux pas te perdre Johnny, pleura Taeyong. Ne me quitte pas, je t'en supplie !

— J'ai pas trop galéré à percer cette carapace pour que tu m'acceptes dans ta vie pour partir maintenant, je te l'ai dit, je ne te quitterai jamais, même si tu en as marre de moi.

Le plus jeune pouffa à travers ses larmes. Comment pouvait-il en avoir assez de la seule personne à l'accepter dans son entièreté ? Il ne le méritait décidément pas.

— Quand Jeno a terminé sa mission, il a fait en sorte que je ne sois pas interpellé et il m'a trouvé un centre de désintoxication. Il a passé un an à me surveiller, à me botter les fesses et à s'assurer que je ne repartais pas en vrille. Il m'a trouvé un appartement, des réunions anonymes pour anciens drogués et quand il a changé de ville il m'a embarqué avec lui, c'est comme ça que je suis arrivé ici. Il m'a permis de me reconstruire et c'est grâce à lui que je t'ai rencontré, c'est mon sauveur.

— Et vous n'avez jamais... ?

Taeyong embrassa son compagnon au coin des lèvres et Johnny l'attira contre son torse pour mieux le câliner.

— Au début, si. Je croyais que je l'aimais parce qu'il était le premier à essayer de m'aider mais une fois mon programme terminé on en a parlé et on est d'accord, nous sommes simplement amis, sans aucune ambiguïté ou autre.

— J'aimerais bien le rencontrer un jour, l'homme qui a sauvé l'amour de ma vie de l'enfer.

Un gloussement lui échappa et il se blottit dans l'étreinte. L'acceptation de Johnny était merveilleuse et même s'il se doutait qu'ils devraient en reparler tous les deux pour mettre toutes les choses à plat, pour l'instant cela suffisait à son bonheur.

— Mais, il ne venait pas pour une visite de courtoisie pas vrai ? Tu n'aurais pas été aussi déstabilisé sinon.

— L'homme pour qui je travaillais... il a été condamné à dix ans de prison incompressibles. Il aurait dû sortir dans un peu moins de deux ans. Jeno est passé pour me dire qu'il a été tué en prison, il ne pourra jamais me retrouver, plus jamais je ne verrai ce monstre...

Enfin, il allait pouvoir cesser d'avoir peur, de toujours regarder par-dessus son épaule. Cependant, avec cette annonce, tous les souvenirs enfouis étaient remontés à la surface. Il n'avait pas pu continuer à les ignorer.

Johnny déposa un chaste baiser sur sa joue, le regard débordant de tendresse.

— Tout est fini maintenant, tu ne crains plus rien. Je suis là mon amour et le monstre n'existe plus, tu peux te reposer, tu peux vivre.

Enfin, il pouvait vivre et être heureux dans les bras de l'homme le plus merveilleux qu'il avait eu l'occasion de rencontrer. Il ne le méritait certainement pas, mais il n'allait pas refuser cette nouvelle chance qui lui était accordée. Cette fois il en prendrait soin, il allait vivre dans le bonheur, Johnny tout contre lui, pour le reste de leur vie. 









Nda : 

Hop, celui-là il a été écrit sur un coup de tête mdr je vous laisse avec Salia pour le prochain, bonne soirée tout le monde !

Dalion~ Kiss :3

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