Son corps surplombant aisément celui du garçon sous lui, Jeno arborait un rictus satisfait. Il aimait se savoir responsable du souffle court de Scarlet, de ses joues rouges, de la sueur qui perlait à son front. Il adorait voir la pomme d'Adam se soulever frénétiquement, sentir le cœur battre à tout rompre contre le sien et les lèvres s'entrouvrirent à chacun de ses passages pour qu'il en donne toujours plus. L'une des mains de Jeno remonta sur la hanche nue, osseuse et blafarde de son amant avec lenteur sans que ses yeux ne quittent un instant le visage du rouge sous lui. Il ne voulait louper aucune de ses réactions.

— Encore ? murmura Scarlet.

— J'en ai jamais assez de toi, j'en veux encore plus.

Jeno se pencha pour l'embrasser fougueusement et il sentit son amant se cambrer pour se coller encore plus à lui. Ils avaient déjà passé la nuit ensemble et même si le soleil illuminait le ciel depuis un moment déjà, le noiraud ne parvenait pas à se résoudre à quitter ce lit. Ses caresses se firent plus aventureuses, plus poussées et Scarlet gémit contre lui. Encore une fois, il voulait le prendre une toute dernière fois avant de devoir y aller. Il n'y avait rien de moral là-dedans, juste une envie irrépressible qu'il voulait assouvir avant que ça ne soit plus possible.

— Vas-y, arrête de faire trainer les choses.

Le noiraud mordit l'épaule sous lui pour punir son amant, il ne voulait pas être pressé. Pourtant il regretta d'avoir pris son temps quand quelqu'un tambourina violemment à sa porte et qu'il fut forcé de se lever. Un air impassible sur le visage il alla ouvrir sans prendre la peine de se couvrir. Au milieu des draps, Scarlet tenta de soustraire son corps nu au nouveau venu.

— Si t'as fini de baiser ta pute on t'attend.

— Passe pas tes nerfs sur moi, j'y peux rien si même en payant tu peux pas tirer ton coup, ricana le noiraud.

Son vis-à-vis l'attrapa par la gorge de rage et le visage de Jeno se durcit.

— T'as deux secondes pour me lâcher si tu veux pas crever comme un chien, Mark.

Son camarade renifla dédaigneusement mais baissa sa main. Il jeta un regard méprisant à l'intérieur de la pièce avant de faire demi-tour tout en lui rappelant qu'il était attendu. Une grosse opération se préparait et ils n'allaient pas patienter longtemps. Jeno grogna doucement, mécontent d'avoir été interrompu. Il referma la porte et attrapa les affaires de l'autre garçon qui trainaient sur le sol pour lui jeter dessus. Scarlet comprit le message et sortit du lit pour s'habiller. Jeno, lui, alla rapidement se nettoyer dans la salle de bain avant de marquer une pause devant le miroir ébréché. Si on lui avait dit quelques années en arrière qu'il ressemblerait à ça il n'y aurait pas cru. 

Le torse couvert de tatouages sombres et de cicatrices, de l'encre noir jusqu'à l'os de sa mâchoire, sur ses bras et même ses mains. Le petit garçon modèle et propre sur lui avait disparu depuis longtemps, même ses parents seraient incapables de le reconnaitre s'il venait à croiser leur route. Jeno boutonna son jean, glissa une arme à feu à sa ceinture avant d'enfiler un tee-shirt simple. Il ne passa que quelques minutes dans la petite pièce d'eau et Scarlet n'avait pas terminer de se vêtir quand il revint. Jeno lui jeta une poignée de billets sur le lit sans même le regarder.

— C'est beaucoup, commenta le rouge.

— Prends ça comme une indemnité de départ.

Scarlet se figea, incapable de finir de boucler sa ceinture. Il releva son regard perdu vers Jeno qui ne put se retenir de le détailler une dernière fois. Le prostitué était misérable, il lui faisait de la peine et pourtant, même s'il savait à quoi il devait s'en tenir, il n'avait pas pu s'empêcher de se prendre d'affection pour lui. Pire, il en était tombé amoureux.

Le rouge ramassa les billets, les mains tremblantes et quand il tendit le bras Jeno vit les marques de seringues dans le creux de son coude. Il le savait, Scarlet était accro, complètement perdu et manipulable. Un pauvre cas désespéré qui n'aurait pas dû interférer avec son objectif. Mais il avait suffi d'une fois, d'une seule fois où il avait rencontré le garçon alors qu'il était complètement lucide. Scarlet était intelligent, drôle, un peu bizarre et terriblement attachant pour peu qu'on prenne le temps de le regarder tel qu'il était sous la couche de drogue qui l'encrassait.

— J'ai fait un truc qui t'a pas plu ?

— Casse-toi juste et ne reviens jamais ici, soupira simplement Jeno.

— Pourquoi ? Je vais me faire buter si tu me vires ! Ils me laisseront pas tranquille !

Jeno serra les poings avant de craquer. Il combla la distance qui les séparait et embrassa violemment Scarlet. Le rouge se tut pour mieux s'accrocher à lui mais Jeno le repoussa au bout de quelques secondes. Il n'avait plus le temps, s'il voulait que Scarlet s'en sorte il devait lui faire quitter la bâtisse immédiatement. 

— Ils te feront rien.

— Qu'est-ce t'en sais ? Je suis qu'une pute, c'est facile de se débarasser de moi !

— Scarlet, t'es pas que ça ok ? Maintenant je te le dirai qu'une fois alors écoute bien. Casse-toi d'ici. Prends cette thune, quitte cette putain de ville et arrête de te défoncer. T'es capable de t'en sortir alors bouge toi le cul pour réussir.

— Pourquoi tu dis ça... je croyais que...

— Je sais pas ce que t'as cru et je m'en branle. Fous juste le camp de ma piaule et que je te recroise jamais, j'en ai mare de toi.

Jeno tourna les talons sans prendre le risque de passe une seconde plus auprès de son amant. S'il voyait les larmes de Scarlet il était capable de faire une erreur qui coûterait bien trop cher à bien trop de monde. Rien qu'en lui disant de partir il commettait une erreur. Ilétait temps de laisser place à un nouvel acte en espérant que ça ne soit pas ledernier.  

L'arrière du crâne en appui contre les barreaux de métal, Jeno gardait résolument les paupières closes. D'un côté car l'hématome sur le droit l'empêchait de l'ouvrir, et de l'autre car il ne supportait plus de voir son camarade de cellule faire les cents pas. Il avait hâte qu'on le sorte de là.

— Putain Mark, gronda le noiraud. Je t'éclate si tu poses pas toi-même ton cul maigrichon sur ce banc. T'es chiant.

Il devina plus qu'il ne vit le doigt d'honneur qui lui était adressé et il ricana, pas du tout atteint par la provocation. Il y avait une chose que Mark ignorait et rien que d'imaginer sa tête lorsqu'il l'apprendrait suffisait à le faire sourire.

— Putain ça me fout les nerfs.

— Quoi encore ?

— Comment ils ont su ce qu'on préparait. Si je trouve ce rat je le bute.

Du bruit près de leur cellule interrompit leur joute verbale et Jeno se redressa, un petit sourire au coin des lèvres. Le commissaire en personne ouvrit la porte et la tint ouverte. Mark le regarda sans comprendre et Jeno leva un majeur dans sa direction.

— Le rat te souhaite un agréable moment en taule.

Le noiraud sortit naturellement de la cage et la porte de celle-ci se referma dans son dos. Il entendit son ancien camarade vociférer et l'insulter dans son dos mais il n'en avait rien à faire, ces types étaient tous des raclures. Il en avait terminé avec eux.

— Joli cocard Lee.

— Il fallait bien rendre ça crédible patron, non ? 

— Faites votre rapport et rentrez chez vous Lee, je ne veux pas vous voir ici avant deux semaines. Je me suis bien fait comprendre ?

Jeno leva les mains en signe d'innocence tout en se dirigeant vers son bureau. La pièce sentait un peu le renfermé et il se douta que personne n'était venu aérer depuis le début de son infiltration, dix-huit mois plut tôt. Il se mit à rédiger son rapport final et arrivait à la fin lorsque son supérieur direct entra. Il sourit à Jaehyun et encore plus au café qui fut déposé juste à côté de lui.

— T'as une sale tête.

— J'ai failli me prendre une balle pendant votre intervention et j'ai été à deux doigts de me faire cramer juste avant la fin de ma mission alors j'estime avoir le droit d'avoir une sale gueule.

— Ton langage.

— Il va me falloir du temps pour que ça me passe.

Jaehyun soupira et lui tapota gentiment l'épaule. Il lui dit de déposer son rapport sur son bureau avant de partir et surtout de prendre soin de lui. Il le voulait en pleine forme à son retour. Jeno s'attela alors à taper sur son clavier pour boucler son fichu compte-rendu, opération rendue compliquée par l'incrustation systématique de Scarlet dans ses pensées. Il n'avait pas vu son profil parmi les interpellations et il espérait réellement que le rouge avait décampé à l'autre bout du pays. S'il le trouvait en train de se faire un shoot dans un squat miteux à la place il se chargerait en personne de lui botter les fesses jusqu'à un centre de désintoxication. 

Trois heures plus tard il quittait le commissariat, une cigarette au coin des lèvres. Il ne fumait pas avant son infiltration mais il avait pris cette habitude sans s'en rendre compte. Le policier écrasa le mégot en grognant, il détestait quand ses missions déteignaient sur lui et il craignait de se perdre complètement un jour ou l'autre.

— Alors t'es un flic ?

Jeno releva brusquement les yeux. Scarlet se tenait devant lui, pitoyable dans sa tenue trop large et avec son chapeau moche sur la tête. Ses grands yeux bruns détaillaient d'un air incertain le policier qui ne sut pendant un instant quoi lui répondre. Il masqua sa surprise derrière un masque de suffisance et continua sa route sans se préoccuper du prostitué.

— Hé !

— Quoi ?

— Pourquoi tu m'as aidé ?

Scarlet courut pour le rattraper et lui tint l'avant-bras. Jeno plongea son regard dans le sien, happé.

— Tu délires.

— Je suis un drogué, pas un abruti fini, s'agaça le rouge. J'aurais dû me faire attraper aussi mais tu m'as dit de partir et tu m'as donné de l'argent.

— Qu'est-ce que tu veux entendre Scarlet ?

— M'appelle pas comme ça. Si t'es flic tu sais déjà qui je suis...

Jeno pinça les lèvres et croisa les bras sur son torse.

— Très bien, alors, Lee Taeyong, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

— Que tu m'aimes bien. Qu'on peut rester ensemble.

— J'ai pas envie d'avoir un toxico dans ma vie. Tu sais même pas qui je suis, tu connais que mon alter ego et rien de ce que tu n'as vu était vrai.

Taeyong leva ses yeux humides vers lui tout en se triturant les mains. Il transpirait et était agité, Jeno devina qu'il ne devait pas avoir pris sa dose et il fronça les sourcils. Le Scarlet qu'il connaissait n'était pas du genre à se priver d'une seringue et il avait l'argent pour s'en procurer une.

— Justement, murmura le rouge. Si t'étais gentil avec moi quand tu ne devais pas l'être alors c'est que tu es une personne bien et je t'apprécie beaucoup.

— Assez pour arrêter tes conneries ? Tu stopperais la drogue et tu arrêterais de te prostituer ? Ce ne sont que des paroles en l'air, ça ne vaut rien. Je ne suis pas un baby-sitter ni le secours populaire.

Le rouge serra les poings et Jeno s'en voulut de se montrer aussi dur mais malgré ce qu'il ressentait pour Taeyong il ne pouvait pas risquer sa carrière pour des chimères.

— Si je te prouve que je suis sincère, que je vais en désintox, que je deviens quelqu'un de bien...

— Oui ?

— Est-ce que tu peux m'attendre ? Un an, c'est tout ce que je te demande. Si dans un an je ne suis pas désintoxiqué et que j'ai pas repris ma vie en main alors laisse moi tomber, mais s'il te plait, reste avec moi en attendant. 

Le rouge tendit la main pour effleurer son cocard du bout des doigts et Jeno l'attrapa par le poignet pour le tirer vers lui. Il se pencha pour l'embrasser juste en surface, son regard terriblement sérieux s'ancrant dans celui de Taeyong.

— Un an. Pas un jour de plus. Je vais faire de ta vie un enfer pour que tu t'en sortes. Tu vas me haïr, tu voudras que je dégage de ta vie, mais je resterai pendant un an.

— C'est tout ce que je te demande. Je deviendrai quelqu'un de bien, alors ne me lâche pas.

Jeno le lui promit et même s'il s'en voulait d'avoir fait cette promesse il savait aussi qu'il allait la tenir. Parce que Taeyong avait raison, il l'aimait bien et même un peu plus que ça mais le rouge n'avait pas besoin de le savoir, pas pour le moment. 

Nda : 

Alors je sais pas ce que j'ai foutu mais c'est vraiment pas bien mdr c'est méga fouillis, j'ai voulu essayer quelque chose d'un peu différent mais je ne suis pas convaincue, il va falloir que je travaille dessus pour en faire un truc acceptable. Je vous laisse avec Salia pour le prochain, elle vous fera un meilleur os que moi ^^"

Dalion~ Kiss :3