SungChan x Shotaro
L'imposante bâtisse, aux allures de temple respectable, qui se dressait sous le regard envieux de SungChan dominait une bonne partie des bâtiments alentours. De nombreuses personnes bien habillées, à l'air influent, entraient, passant à côté de lui et le bousculant sans même prendre la peine de lui adresser un mot d'excuse. Le jeune homme retint sa langue et baissa la tête, il ne pouvait rien dire. Il ne parlait même pas la langue du pays, il pouvait tout juste lire et dire quelques mots s'ils n'étaient pas trop compliqués ce qui ne l'aidait pas à se repérer dans la ville inconnue.
La pluie tombait finement, accompagnée d'un vent glacial qui s'engouffrait sous les pans de son kimono uni et le laissait transi jusqu'aux os. Il mourrait d'envie d'entrer se réchauffer, mais il ne savait pas ce qu'était le bâtiment et il avait peur de pénétrer ailleurs que dans un endroit où il avait le droit d'aller. Il hésitait donc depuis un très long moment, ses mèches brunes dégoulinant sur son visage et dans son cou.
Des souffles chauds s'échouaient contre ses jambes lorsqu'un individu passait les portes de l'établissement avant de s'éteindre dès que celles-ci se refermaient. Son estomac grogna et SungChan plaça honteusement ses mains sur son ventre en vérifiant que personne n'ait entendu le bruit. Il avait faim, il avait froid, et il était toujours aussi perdu que deux heures plus tôt. Le Coréen commençait vraiment à regretter d'être venu au Japon et des larmes de colère perlèrent au coin de ses yeux fatigués. Il ne voulait pas quitter sa ville natale, ni ses amis et toutes ses habitudes, mais encore une fois il n'avait pas eu le choix et il avait dû se conformer aux décisions de ses parents. Il leur en voulait terriblement, il voulait rentrer chez lui.
Reniflant pitoyablement, SungChan se laissa glisser contre un mur. Le bord du toit le protégeait à peine de l'eau, une précaution inutile puisqu'il était déjà si mouillé qu'il pouvait essorer ses vêtements juste en les serrant à l'aide de ses mains. L'adolescent ramena ses jambes contre sa poitrine et ferma les yeux. Il espérait simplement qu'une personne de sa connaissance le trouve et puisse le ramener auprès de ses parents. Une utopie, le nombre de personnes qu'il connaissait tenait sur les doigts d'une main.
Des bruits de pas, légers, percèrent à travers la mélodie continue de la pluie. SungChan se fit encore plus petit pour se soustraire à un regard qui pouvait rapidement devenir jugeur mais son geste ne servit à rien puisque les pas s'arrêtèrent juste devant lui avant qu'il ne soit soudainement au sec. Relevant son regard humide, le Coréen découvrit une ombrelle délicatement peinte de motifs raffinés au-dessus de sa tête. Il essuya ses larmes d'un revers de manche et renifla en se redressant.
Sous l'ombrelle inclinée se tenait un jeune garçon, d'un âge avoisinant visiblement le sien. Son visage avait été artificiellement blanchi, seules quelques pointes de rouge égayant ses traits juvéniles. Ses petits yeux sombres, doux, étaient maquillés d'un trait noir et de fard carmin, cette dernière couleur se retrouvant également sur ses lèvres pleines. Il tendit une main amicale à SungChan qui la regarda sans la prendre, incrédule. Qui était ce garçon et que lui voulait il ? La bouche s'ouvrit pour laisser passer une voix délicate à la tonalité chantante, malheureusement SungChan ne comprit que quelques mots et il sentit le ridicule venir lui brûler les joues.
- ...
Le jeune pinça la bouche, il voyait bien que l'autre était décontenancé par son absence de réponse et il se força à chercher dans sa mémoire des mots lui permettant de former une phrase.
- Pas Japonais, bégaya le garçon honteux de sa diction maladroite.
La compréhension illumina le regard de son bon samaritain et il retrouva le sourire qui s'était légèrement affaissé auparavant. Il pointa du doigt l'établissement derrière lui et mima une personne en train de se sécher.
- Chaud, entrer ?
SungChan comprit les deux mots et il rougit, il se sentait honteux, comme s'il était un enfant à qui on apprenait seulement à parler. Pour autant il ne voyait aucune moquerie dans le regard de son vis-à-vis, seulement une patience infinie et une gentillesse débordante.
- Je n'ai pas d'argent, bafouilla SungChan.
La phrase simple était de son niveau, même s'il avait dû creuser ses méninges pour qu'elle soit correcte. Son accent était prononcé mais cela n'empêcha pas l'autre de le comprendre. Le garçon aux longs cheveux noirs soigneusement attachés lui sourit à nouveau et l'attrapa par la main pour le relever avant de le tirer à sa suite. Déboussolé, le Coréen se laissa faire. Il grimaça en sentant son kimono coller à sa peau et ses pieds baigner dans ses chaussures.
- Je suis Shotaro, se présenta le garçon en le faisant entrer.
- SungChan, sourit timidement le brun en retour.
L'adolescent se laissa tirer dans l'entrée traditionnelle élégante où une femme d'un certain âge attendait. Elle fronça les sourcils en voyant la geisha entrer accompagnée. Shotaro abandonna le Coréen un instant pour échanger quelques mots avec elle que l'autre ne comprit pas. Il revint un instant plus tard pour guider SungChan dans une petite pièce chaleureuse, couverte de tapisseries et de babioles délicates. Un paravent raffiné se tenait dans un coin de la salle et le jeune garçon y fut poussé alors que le Japonais lui tendait de quoi se sécher et se changer.
Embarrassé, SungChan n'osa pas bouger pendant plusieurs minutes. Voyant que personne ne venait, il se débarrassa de ses vêtements trempés, se sécha et enfila le kimono de soie. Il ressemblait beaucoup à celui que portait son sauveur, même s'il avait moins de motif, et il se surprit à humer discrètement l'odeur de fleurs qui s'en dégageait, les oreilles rouges. Shotaro l'attendait silencieusement derrière le paravent, assis devant une petite table en bois sur lequel trônait un service à thé. Intimidé, le Coréen se glissa face à lui, s'asseyant les fesses sur les talons dans une posture similaire à celle du noiraud.
- Thé ?
Il hocha la tête et en profita pour détailler son vis-à-vis. Son cœur loupa un battement. Plus que ça, il s'emballa follement et SungChan détourna le regard en ne comprenant pas ce qu'il lui arrivait. Il n'avait jamais ressenti une chose pareil de toute sa courte existence. Il trouvait le jeune homme adorable, magnifique, magnétique. Il peinait à détourner le regard de lui, de ses lèvres charnues et de son teint de porcelaine. SungChan se surprit à s'imaginer les embrasser et il hoqueta, honteux de ses propres pensées. Jamais il n'avait réagi ainsi.
Son regard accrocha les gestes parfaits de Shotaro et il en oublia son fantasme précédent. Le rituel du thé était une cérémonie dont il avait entendu parler même lorsqu'il était encore dans son pays natale et il n'avait jamais compris l'intérêt que les gens lui portaient, mais à présent qu'il y assistait il se trouvait étroit d'esprit. C'était de toute beauté, chaque geste était fluide, précis, maitrisé à la perfection. Le bruit du thé percutant la porcelaine de la tasse était comme une mélodie alors que la brillance du liquide captivait autant le regard que la grâce de celui qui effectuait l'action.
SungChan porta la boisson à ses lèvres sous l'invitation de la geisha et la chaleur coula dans sa gorge, réchauffant l'ensemble de son corps transi. Le thé était délicieux.
- C'est bon, marmonna t il doucement.
Le sourire éclatant du Japonais déclencha une explosion dans sa poitrine et il détourna les yeux, les joues empourprées. C'était la chose la plus belle qu'il n'avait jamais vue. Shotaro le resservit jusqu'à ce qu'il soit sûr qu'il n'avait plus froid et s'absenta ensuite pour ne revenir que quelques minutes plus tard en compagnie d'une jeune femme. SungChan apprit ainsi qu'elle parlait sa langue et que le Japonais était aller la déranger pour pouvoir l'aider lui. Touché, il sourit à Shotaro qui le lui rendit. Il expliqua alors, soulagé, qu'il s'était perdu et ne savait comment rentrer chez lui. Elle lui indiqua la route d'une voix douce et l'adolescent s'aperçut alors qu'il n'était pas si éloigné que ça de son domicile, seulement une vingtaine de minutes à pied.
- Comment est-ce que je fais pour te rendre tes vêtements ? Je dois aussi te rembourser pour le service que tu m'as rendu, merci beaucoup Shotaro, s'inclina le Coréen.
La jeune femme se chargea de traduire sa demande et il vit que le noiraud réfléchissait. Il parla trop vite et avec des mots trop compliqués pour qu'il ne comprenne mais la traductrice prit le relais avec aisance.
- Shotaro dit que tu n'auras qu'à revenir à l'okiya pour lui rendre le kimono et qu'il aimerait beaucoup apprendre à te connaitre, c'est ce qu'il demande en contrepartie de son aide si cela te convient, transmit elle avec son accent chantant.
Un sourire dévoilant ses dents se dessina sur le visage de SungChan qui accepta la poitrine gonflée de joie, il n'avait pas cru que Shotaro voudrait le revoir. Il se fit alors la promesse de se dépêcher d'apprendre la langue du pays afin de pouvoir échanger seul à seul avec l'autre adolescent. Il s'inclina respectueusement avant de s'engouffrer sur le chemin de sa maison, il comptait bien s'y mettre dès son arrivée chez lui et revoir la geisha sous peu.
Nda :
L'os n'est pas aussi long que ce que j'avais voulu de base mais il ne fait pas 200 mots non plus donc ça va x) J'ai eu de la chance avec le pairing x) Je vous laisse avec Salia pour le prochain et je vous dis à bientôt <3
Dalion~ Kiss :3
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