Shotaro x JiSung
Le clan Nakamoto était géré d'une main de fer par son maître, Yuta, et s'était imposé comme l'une des puissances incontournables du Japon. Membre influent du monde de l'ombre, il avait également ses parts dans les sphères économiques et politiques légales, lui permettant ainsi de jouer sur tous les tableaux et d'étendre son empire. Le clan Nakamoto inspirait la crainte, le respect et l'admiration, tout ça depuis que la reprise du clan par le nouveau maître et sa manière intransigeante de diriger. Shotaro vouait une grande admiration à son frère, lui n'aurait jamais été capable d'accomplir ce genre de chose. Il n'avait pas le mental d'acier de Yuta, ni son sens des affaires ou sa capacité à faire taire ses sentiments. Shotaro était tout en douceur et en émotions, en joie de vivre et curiosité insatiable. Il savait par ailleurs que ce dernier trait de personnalité inquiétait son aîné, Yuta lui avait déjà dit craindre pour sa sécurité et lui avait alloué plusieurs gardes du corps.
Le plus jeune n'était pas assez naïf pour ne pas comprendre que puissance rimait avec envie et ennemis. Son clan avait des détracteurs, des personnes prêtes à tout pour les détruire ou s'emparer de leur force, et il avait également conscience qu'il était le maillon faible de la chaîne familiale. Il était la faiblesse de son frère, le seul pour lequel Yuta serait prêt à sacrifier tout et n'importe quoi. Shotaro culpabilisait parfois, il ne voulait pas être un poids pour son aîné mais il avait toujours catégoriquement ><refusé de se mêler à leurs affaires et de s'entrainer. Yuta ne l'avait jamais forcé et il lui en était reconnaissant, lui souhaitait juste vivre sa vie aussi normalement que possible.
Le jeune homme se baladait pieds nus dans les couloirs de la maison traditionnelle japonaise. Il y avait grandi, connaissait le moindre de ses recoins, mais aimait toujours autant flâner à l'intérieur, son âme d'enfant espérant toujours tomber sur une nouveauté à laquelle il n'avait jusque-là pas prêté attention. Il n'avait pas de gardes du corps à l'intérieur, un soulagement, alors il profitait de cette liberté pour babiller tout seul et chantonner, chose qu'il ne se permettait pas de faire lorsqu'il se savait surveillé.
Des cris le firent sursauter et il se cacha dans un recoin, rentrant le ventre et se terrant dans l'ombre relative. Des hommes de mains de son clan passèrent devant lui sans le voir, traînant un garçon qui hurlait et dont la tête était couverte par un sac de toile. Shotaro mit les mains sur sa bouche pour s'empêcher de faire du bruit et il trembla. Il savait que son clan trempait dans des affaires illégales, mais le voir de ses propres yeux était une première et il se sentit nauséeux. Qu'avait fait ce garçon pour mériter ce traitement et qu'allait-il lui arriver ? Il passa ses doigts dans ses mèches brunes et soupira, son cœur battait terriblement vite, comme s'il désirait sortir de sa poitrine.
Le temps s'égrena avec lenteur et le brun commença à avoir des fourmillements désagréables dans les jambes. Enfin les hommes qu'il avait précédemment vus repassèrent devant lui sans le voir et sans le captif. Shotaro patienta encore un peu, puis lorsqu'il fut sûr que la voie était libre il sortit de sa cachette improvisée. La bouche pincée de peur de laisser passer un son qui le ferait repérer, le jeune homme avança à pas de loup jusqu'à arriver devant une porte close.
Il posa son oreille contre le battant et un pli soucieux barra son front. Il entendait des sanglots à travers le bois qui lui fendirent le cœur et son instinct protecteur prit le dessus avant qu'il n'en ait conscience. Le brun balaya du regard ce qui se trouvait autour de lui et un trousseau de clés suspendu attira son attention. Il savait que Yuta avait demandé à ce que cela soit ainsi fait au cas où une urgence surviendrait et que la personne ayant les clés ne se trouve pas dans les parages. Il remercia mentalement l'organisation de son frère et se saisissant de l'objet puis tenta de faire céder la serrure. Il mit de longues secondes pendant lesquelles la crainte de se faire surprendre fit couler une sueur acide sur ses tempes avant que la porte n'accepte de s'ouvrir pour lui.
Shotaro tâtonna le mur intérieur en quête de l'interrupteur. Il n'y voyait pas à dix centimètres dans l'obscurité totale de la pièce. Les fenêtres avaient été recouvertes pour empêcher le moindre rai de lumière et lorsqu'il parvint à allumer l'ampoule il remarqua que l'autre avait toujours le sac sur la tête. Shotaro s'approcha doucement et les sanglots cessèrent alors que l'inconnu comprenait qu'il n'était plus seul.
- Vous êtes qui ? sanglota-t-il. Je suis désolé, pardon... Laissez-moi partir...
Le brun eut les larmes aux yeux face à la détresse évidente de l'individu. Avec douceur, il enleva le tissu qui lui cachait la vue, dévoilant un visage enfantin mouillé par les larmes. Son cœur se serra, le garçon avait l'air encore plus jeune que lui et complètement terrorisé.
- Je ne te veux pas de mal, chuchota doucement le Japonais en levant les mains pour prouver son innocence.
La suspicion ne quitta pas le regard du noiraud mais il ne pouvait pas lui en vouloir, il ne savait pas pour quelle raison il se trouvait ici mais était certain qu'à sa place il serait également mort de peur.
- Je m'appelle Shotaro, je vais te détacher d'accord ?
Le jeune homme fit attention à parler lentement et distinctement. Il avait repéré un accent lorsque l'autre avait parlé alors il se doutait qu'il n'était pas originaire de la même patrie que lui. Doucement, il contourna la chaise pour aller se positionner dans le dos de l'adolescent. Il voyait ses épaules qui tremblaient et il se mordit la lèvre pour ne pas pleurer.
Les poignets du garçon étaient rougis et quelques entailles avaient laissé couler du sang qui était allé tacher la corde. Shotaro se cassa un ongle en essayant de dénouer les liens mais réussit finalement à libérer le noiraud. Celui-ci s recroquevilla immédiatement sur lui-même, tremblotant comme un chiot sous la pluie. Le Japonais posa une main hésitante sur son épaule pour attirer son attention. Il ne savait même pas pourquoi il faisait cela, il allait avoir des problèmes avec Yuta mais il ne pouvait se résoudre à laisser ce petit bout d'homme seul dans sa détresse.
- Comment tu t'appelles ?
Shotaro essaya doucement d'initier le dialogue et alla s'asseoir à même le sol, à un mètre de distance pour ne pas oppresser le noiraud. Ce dernier finit par relever les yeux et les porter sur le Japonais qui lui sourit maladroitement.
- JiSung, souffla le garçon d'une voix fragile.
- Enchanté JiSung, qu'est-ce qui t'est arrivé ?
Les lèvres du Coréen se mirent à trembler et de nouvelles rivières salées se mirent à couler de ses yeux. Shotaro paniqua et fouilla dans ses poches en quête d'un mouchoir mais n'en trouva qu'un usagé qu'il remit discrètement à sa place. Il ne pouvait pas le proposer à JiSung, c'était dégoutant. Le noiraud essuya son visage à l'aide de ses manches et Shotaro eut une nouvelle fois envie de pleurer. Il était très sensible, il prenait sur lui pour ne pas s'effondrer, mais les marques qu'il avait entraperçues lui faisaient mal alors qu'il n'en était pas la victime.
- Je sais pas, geignit le plus jeune. J'étais juste venu pour les vacances, je ne comprends pas.
- Ça va aller, je suis là.
Le Japonais se releva pour aller le prendre dans ses bras et lui frotter affectueusement le dos. Il voulait le rassurer et le protéger, il semblait tellement innocent, pourquoi donc son frère s'en serait-il pris à lui ? Surtout qu'il était certain d'avoir lu de la sincérité dans les yeux brouillés par les larmes de JiSung, l'autre n'avait vraiment pas l'air de savoir ce qu'il avait pu faire de mal.
Shotaro tentait toujours de réconforter son cadet, tout en réfléchissant à la manière d'aborder le sujet avec Yuta, lorsque la porte de la salle s'ouvrit. Il ne sut qui était le plus surpris, entre les hommes de main de son frère et lui-même. Il y eut un instant de flottement, un bégaiement maladroit des deux côtés, puis un nouveau silence.
- Shotaro que faites-vous ici ? Votre frère était inquiet, il vous a fait chercher partout comme vous n'êtes pas allé déjeuner avec lui ce midi, bafouilla l'un des hommes qui peinait à reprendre contenance.
- Désolé, je vais aller le voir maintenant.
- C'est qu'il a demandé à le voir lui, lâcha l'homme en désignant JiSung du doigt.
- Je viens avec vous.
Le brun vit l'indécision sur le visage de l'homme de main et il espéra qu'il ne rejette pas sa présence. S'il disait non il n'avait certainement pas la force physique pour s'imposer et il n'avait pas de position qui lui permettait de donner des ordres, il n'était que le petit frère adoré du patron. Cette place sembla cependant suffisante pour qu'on ne lui refuse pas de venir et il prit la main de JiSung dans la sienne. Il n'allait pas le laisser seul, surtout face à Yuta qui pouvait être particulièrement intimidant lorsqu'il s'y mettait. Le pauvre adolescent paraissait être déjà assez dévasté et traumatisé pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en rajouter.
Le plus jeune se cramponna à la main du seul visage amical qui lui avait été donné de voir au cours des dernières heures et Shotaro raffermit sa prise en retour. Son cœur battait follement dans sa poitrine, il ne s'était jamais dressé contre son frère ni n'avait remis ses décisions en question jusqu'à présent, et le voilà prêt à lui faire face pour protéger un inconnu. Il se demandait ce qui n'allait pas chez lui pour agir d'une façon aussi suicidaire, même s'il se doutait que Yuta ne lui ferait strictement rien.
La salle de réunion du clan était un endroit où il ne s'était rendu que de rares fois. N'étant pas un membre actif de la famille il n'avait pas vraiment de raison pour y aller et la salle l'avait toujours fait se sentir un peu mal à l'aise. Il n'était pas naïf au point d'ignorer ce qui s'y passait et quel genre de décisions y étaient prises.
Son frère était en train de parler avec son second, la mine parfaitement neutre, lorsqu'ils arrivèrent, et le chef ne leur accorda pas immédiatement d'attention ce qui surprit Shotaro. Lui qui avait l'habitude que son frère soit très attentif avec lui il découvrait un nouvel aspect de sa personnalité.
Les yeux de Yuta clignèrent rapidement, trahissant sa surprise, lorsqu'il avisa son cadet tenant la main de son captif.
- Shotaro ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Yuta, on peut parler s'il te plait ? demanda presque timidement le jeune homme.
L'homme aux cheveux rouges et aux divers tatouages se rembrunit avant de faire un signe de la main. Les hommes de main sortirent sans un bruit et même son second s'éclipsa sur l'ordre silencieux. Le brun garda la main de JiSung dans la sienne pour qu'il reste près de lui, il y puisait autant de courage que d'assurance, et il avait besoin des deux pour ne pas se liquéfier sous le regard interrogateur de son aîné.
- Tu m'expliques ce cinéma Shotaro ?
- Ne lui fais pas de mal, s'il te plait, débita rapidement le brunet.
Le sourcil de Yuta se haussa et d'un mouvement du menton il les invita à prendre place sur un siège. JiSung se cacha derrière le dos du Japonais, même si cela ne servait pas à grand-chose puisqu'il le dépassait presque d'une tête.
- Est-ce que tu sais pour quelle raison il se trouve ici ?
- Non, mais il a eu très peur, je l'ai entendu. Est-ce que ça ne suffit pas à faire passer le message que tu voulais lui transmettre ?
Yuta eut un sourire en coin et s'accouda à la table. Shotaro lut dans son regard que son aîné le trouvait à la fois adorable et stupide sur le moment, chose qui le vexa profondément.
- Tu penses vraiment que je peux pas comprendre hein ? souffla le jeune homme.
- N'est-ce pas toi qui as dit ne pas vouloir être impliqué dans les affaires de la famille ? Pourquoi changer d'avis pour un garçon que tu ne connais pas ? Il pourrait être un tueur ou un escroc, qu'est-ce que tu en sais ?
- Je suis sûr que ce n'est pas le cas !
- Ah oui ? Et comment ?
- On a parlé, marmonna Shotaro, je suis sûr qu'il est gentil.
- Je ne suis pas un escroc ni un tueur, bafouilla JiSung le teint pâle comme la mort. Je ne comprends pas.
Le chef de clan retint difficilement un rire et secoua la tête.
- Tu es trop gentil Shotaro.
- Il n'est pas ce que tu prétends qu'il est !
- Très bien, je le reconnais. Il n'empêche qu'il nous a causé des problèmes, qu'est-ce que je suis censé faire alors ? J'attends tes propositions.
La main de JiSung enserra plus fermement les doigts du Japonais et il se recroquevilla.
- Je suis désolé si j'ai causé des problèmes, pardon...
- Il est désolé Yuta, tu le vois non ? insista Shotaro.
- Et ? Est-ce que ses excuses vous rendre au clan les millions qu'on vient de perdre par sa faute ?
- Comment ça ?
- Ton jeune ami ici présent est tombé je ne sais comment sur une transaction secrète avec certains de nos associés et n'a pas trouvé d'autres idées que d'alerter la police. La cargaison a été saisie. Non seulement nous avons perdu la possibilité de vendre mais la marchandise avait déjà été payée, nous avons perdu sur les deux côtés du tableau. Je te le redemande, qu'est-ce que je dois faire selon toi ?
Shotaro baissa la tête, incapable de fournir la réponse que son frère attendait. Il sentit JiSung se blottir davantage contre son dos et ses épaules s'affaissèrent. Il était venu tête baissée pour se dresser contre Yuta et le protéger, mais au final il ne pouvait rien faire. Il n'y connaissait rien et n'avait rien à négocier. Les larmes lui montèrent aux yeux et l'une d'elles roula silencieusement sur sa joue. Un soupir lui fit relever la tête et la moue ennuyée de son frère lui redonna espoir.
- C'est vraiment pour toi, marmonna le chef de clan. Gamin !
JiSung sursauta et se tassa sur lui-même mais il était à l'écoute de ce que Yuta avait à dire, tout comme le brunet.
- Je veux bien passer l'éponge à certaines conditions.
- Je ferai tout ce que vous voulez, me faites pas de mal, sanglota l'adolescent.
- Reste avec Shotaro.
- Pardon ?
- Il reste avec toi jusqu'à ce que je décide du contraire et tu seras responsable de chacun de ses actes je me suis bien fait comprendre ? Je trouverai quelque chose à lui faire faire pour rembourser les pertes mais en attendant tu le gères. S'il s'échappe ou qu'il y a un problème tu devras être prêt à en subir les conséquences. C'est clair pour tous les deux ?
Shotaro hocha doucement la tête et sous le regard insistant du rouge le Coréen finit par en faire autant. Un nouveau soupir échappa au plus vieux qui se leva, son kimono de soie bruissant dans le mouvement.
- Tu me fais vraiment faire n'importe quoi petit frère, soupira l'homme. Restez ici le temps que je prévienne les autres du changement de plan, j'enverrai quelqu'un vous chercher quand tout sera réglé.
Le brun observa son aîné quitter la salle de sa démarche unique et digne avant que la porte coulissante en bambou ne se referme après son passage. La pression sur ses doigts s'allégea légèrement et il se tourna pour pouvoir regarder le plus jeune dans les yeux. JiSung avait le regard humide et fuyant alors Shotaro le prit dans ses bras. Il percevait les battements anarchiques du noiraud contre lui et il lui caressa doucement le dos pour l'apaiser.
L'adolescent éclata en sanglots bruyants, puis Shotaro laissa ses larmes couler à son tour. Toutes ses émotions s'entremêlaient mais il était sûr d'une chose, il avait sauvé JiSung et il en était heureux.
Nda :
Le retour des yakuzas avec Yuta en Guest star mdr je râle que je l'ai toujours au tirage et pour une fois que je ne l'ai pas c'est moi qui l'inclus de mon plein gré, je crois que tout ne tourne pas rond là-haut xD
J'espère que l'OS vous aura plu, il aurait pu être encore plus long mais comme ce n'est pas une fiction je préfère m'arrêter là ^^" Je vous laisse avec Salia pour le prochain et je vous remercie pour vos lectures/votes/commentaires <3
Dalion~ Kiss :3
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