RenJun x Ten
RenJun observait la devanture de l'établissement de loisir avec une certaine appréhension mêlée d'excitation. Il adorait les escapes game, devoir chercher des indices, résoudre des énigmes et passer de salle en salle, mais il n'était pas très confiant concernant ses capacités. Pourtant il en avait déjà fait plusieurs, il s'était plutôt bien débrouillé et n'était que rarement sorti après l'heure réglementaire, mais il ne savait pourquoi il avait toujours peur de se couvrir de ridicule. D'autant plus à côté de Chittaphon qui trépignait à côté et paraissait le voir comme le dieu de l'escape qu'il n'était pas. Son petit-ami lui rajoutait une pression sans même s'en rendre compte et RenJun n'osait pas lui en parler, de peur de réveiller la culpabilité chez le Thaïlandais.
— Bon, on essaye de sortir dans les temps cette fois ! rit Chittaphon. On serait morts la dernière fois si ça avait été vraiment un tueur, et encore Johnny était avec nous ce qui faisait un cerveau en plus.
— Ouais enfin si quelqu'un avait pensé à appuyer sur l'interrupteur on aurait peut-être un peu moins galéré, sourit moqueusement le Chinois.
Il vit le joli minois de son ami se parer d'une moue offusquée et le jeune homme croisa les bras sur sa poitrine en lui tournant le dos. RenJun éclata de rire devant la bouderie enfantine et alla se plaquer contre le dos de son amant. Il l'entoura de ses bras et tordit le cou pour atteindre la joue dorée. Ses lèvres se posèrent sur la peau douce de Chittaphon qui tenta de se soustraire au contact par pure fierté et jeu. La petite pique était récurrente entre eux, suscitant chamaillerie et moquerie, mais n'était absolument pas méchante. Chittaphon ne mit d'ailleurs que quelques secondes avant de se laisser attendrir et il entoura la taille de son copain de son bras.
— Pour ma défense je rappelle que ni Johnny ni toi n'avez vu cette foutue lumière non plus, maugréa le noiraud.
— Je n'étais même pas dans votre salle, geignit RenJun, comment tu voulais que je le sache ?
— Pas mon problème mon cœur.
Chittaphon embrassa le plus jeune au coin des lèvres et le Chinois leva les yeux au ciel, le plus vieux l'emportait pour cette fois, il n'avait plus le temps d'argumenter. Comme pour prouver ses pensées, la porte du bâtiment s'ouvrit sur la frimousse joyeuse de JungWoo, leur ami et Game Master qui les avait initié à ce monde merveilleux. Le châtain portait un tee-shirt aux couleurs de l'entreprise, noir avec des engrenages dorés, et il leur sourit en les voyant.
— On vous entend de l'intérieur, vous êtes insortables tous les deux.
— Continue et je demande à ce qu'on ait un autre GM, menaça faussement RenJun.
— Comme s'il y avait mieux que moi, renifla dédaigneusement JungWoo.
Le jeune homme se décala pour laisser passer le couple qui pénétra enfin dans le bâtiment, leurs yeux émerveillés se déposant sur la nouvelle décoration. L'enseigne de loisirs avait été fermée quelques temps pour rénovations et ils pouvaient enfin découvrir le résultat. L'ambiance Steampunk était très appréciable et RenJun trottina jusqu'à un énorme fauteuil marron à l'air particulièrement confortable. Il entendit JungWoo ricaner tandis que Chittaphon s'installait dans le canapé face à lui.
— Bon, vous êtes prêts à affronter une terrifiante sorcière aujourd'hui ?
— Je vis déjà avec l'une d'entre elles, fit remarquer RenJun.
— Mange tes morts mon cœur.
JungWoo les laissa se chamailler encore un peu avant d'y couper court, il avait d'autres sessions après eux et une salle à ranger, il ne pouvait pas se permettre de les faire démarrer avec quarante minutes de retard.
— Bon, maintenant que vous êtes à peu près sages, non RenJun ne recommence pas je te vois, on va pouvoir passer aux choses sérieuses. Je n'ai pas besoin de vous rappeler les règles de sécurité ? On ne lèche pas les prises, on ne grimpe pas sur les objets et on n'explose rien. Compris le bourrin ?
RenJun plissa le nez et décida d'ignorer son ami, feintant de ne pas savoir que le surnom peu glorifiant s'adressait à lui. Il remarqua alors que Chittaphon souriait et il bouda de plus belle.
— Bien, bienvenue donc à NCT, la Neo Culture Technology, les leaders dans le domaine des voyages dans le temps et l'espace. Je suis JungWoo et je serai votre agent de liaison pour votre mission du jour.
Le Chinois se retint de rire, amusé de voir son ami aussi à fond dans son rôle. Il hésita à faire une remarque mais la main de Chittaphon qui lui serra la cuisse le convainquit de se retenir un peu.
— Nous avons été contactés par les inquisiteurs, les forts célèbres chasseurs de sorcières du XVIIème siècle afin de les aider dans l'une de leurs plus terribles missions : arrêter la dernière des profanes. On sait qu'elle se cache dans son manoir au fond d'une terrifiante forêt et qu'elle s'absente de temps à autre pendant une heure. C'est ce temps que vous allez avoir, courageux aventuriers, pour réussir à trouver la preuve de sa culpabilité, chuchota JungWoo comme une confession.
RenJun vit que Chittaphon était absorbé par le speech de leur ami et il laissa son sourire s'étendre, il le trouvait terriblement mignon lorsqu'il était aussi concentré sur sa tâche. Il lia leurs doigts tandis que le châtain continuait son explication.
— Pour prouver la culpabilité de cette fameuse sorcière, vous allez devoir me ramener sa tablette du démon, une grande plaque en bois avec un bouc gravé dessus.
Le plus jeune vit que le Game Master regardait par-dessus leurs têtes, en direction du comptoir, et il vit une affiche traîner dessus. L'expression désespérée de JungWoo manqua de le faire éclater de rire alors qu'il comprenait que leur ami avait oublié la représentation graphique de la tablette qu'ils allaient devoir lui ramener et qu'il se forçait à masquer son trouble. RenJun nota l'information dans un coin de sa tête pour pouvoir se moquer de l'autre plus tard, mais ne dit rien sur le moment pour ne pas casser l'immersion de Chittaphon qui semblait totalement absorbé.
— Donc la tablette je disais, marmonna JungWoo, il me la faut vraiment sinon les inquisiteurs n'auront pas leur preuve et ils ne pourront pas la juger donc c'est très important, ne l'oubliez pas !
— Mais elle ressemble à quoi ? demanda le Thaïlandais en fronçant les sourcils.
— Vous la reconnaitrez en la voyant, se sauva le châtain in extremis.
— Cool, j'ai trop hâte Junie !
— Attention, vous allez aussi devoir trouver le nom du chat de la sorcière pour vous enfuir afin de contrer le maléfice qu'elle a jeté sur son manoir. Vous vous sentez prêts ?
— Non mais maintenant qu'on est là on n'a plus vraiment le choix, ricana RenJun en se levant.
JungWoo le foudroya du regard, fatigué en avance de devoir accompagner le couple à travers les micros et les caméras. Il sentait qu'il n'était pas au bout de ses peines et le fait que Chittaphon se prit le canapé en essayant de les rejoindre n'arrangea pas ses craintes. Le couple était adorable, mais les deux garçons pouvaient aussi être de terribles boulets. Il les accompagna jusqu'à une porte grise qui ne payait pas de mine avant de s'effacer pour les laisser entrer, après quoi il referma la porte derrière eux, entraînant le lancement du chronomètre.
— Bon, commençons donc par chercher un peu ! lança RenJun en observant autour de lui.
Le jeune homme grimaça, les ambiances glauques comme celle qui régnait dans la salle n'était pas vraiment faites pour lui, mais tant qu'il n'y avait pas de table de Ouija dans le coin il pouvait garder un minimum la face. Les doigts de Chittaphon se glissèrent discrètement sous son tee-shirt et il sentit leur caresse rassurante sur la peau de son dos. Son petit-ami savait exactement comment le rassurer sans même avoir besoin de parler. Un peu embarrassé quand même de paraître aussi peu courageux devant son aîné, RenJun se racla la gorge et mit un pas devant l'autre pour explorer la pièce.
Elle n'était pas très grande, mais une multitude de cachettes potentielles se dessinaient devant lui et il ne voulait passer à côté d'aucun élément. Il se souvenait d'une fois où il s'était loupé tellement lamentablement qu'il en avait encore honte deux ans plus tard, il ne voulait pas se couvrir du même ridicule devant son beau noiraud. Ils réunirent les objets qu'ils trouvèrent au centre de la pièce et RenJun laissa son amant, visiblement sous le coup d'un éclair de génie, résoudre la première énigme. Il n'avait même pas eu le temps de comprendre que déjà Chittaphon brandissait fièrement une grosse clé à bout de bras.
— Tadaaaaa ! Alors, elle ouvre quoi à ton avis ?
- Au vu de la taille, je dirai certainement l'énorme armoire avec plein de fioles bizarres, de cadavres de serpents en décomposition et de recette cheloues juste devant toi ?
Chittaphon fit la moue, refroidi par le cynisme de son cadet. Il déverrouilla l'imposant meuble et grimaça avant de faire un pas en arrière. Les larmes aux yeux, il se tourna vers RenJun et fila se blottir contre lui en pleurnichant.
— Mon cœur ? s'inquiéta le rouquin.
— Il y a un problème ? résonna la voix de JungWoo dans la salle.
Le visage de Chittaphon se releva brusquement vers la caméra et RenJun vit à quel point il était empourpré et couvert de larmes.
— Qui a eu l'idée de mettre des insectes dans les bocaux ? geignit le jeune homme. C'est dégoutant, je refuse de m'approcher. Je vous préviens, s'il y a une sauterelle dans ce bordel je me tire en hurlant.
Un long silence s'étendit dans la pièce et le Chinois se pinça les lèvres. Il mourait d'envie de faire remarquer que pour une salle sur le thème des sorcières il était plutôt logique de voir des insectes mais il préférait ne pas tenter le diable. Et le diable c'était un petit joueur à côté de Chittaphon faisant face à une sauterelle.
— T'inquiète mon cœur, s'il y a une mante-religieuse je ferai comme toi, plaisante RenJun.
— Bon les chochottes, il n'y a ni sauterelles ni mante-religieuses, soupira JungWoo, et vous êtes déjà en retard alors dépêchez-vous.
— T'es marrant toi mais on sait pas ce qu'on doit faire nous, râla le roux.
— Vous avez des pots devant vous, essayez de voir ce que vous pouvez en faire.
RenJun laissa son petit-ami, remis de sa frayeur, aller inspecter lesdits pots pendant que lui-même visitait l'autre côté de la pièce. Une étrange étagère attira son attention et il s'y dirigea, ses grands yeux bruns analysant les trous cachés par des couvercles en bois. Intrigué, il en souleva un et une bouffée parfumée lui chatouilla les narines. Aussitôt un sourire carnassier étira ses lèvres.
— Mon cœur, viens voir, j'ai trouvé quelque chose !
— Moi aussi, lui répondit le noiraud, y a un pot qui sent le citron.
Chittaphon le rejoignit, sa trouvaille à la main et RenJun lui désigna le trou.
— Sens ça, tu vas adorer.
Le noiraud, lui faisant parfaitement confiance, approcha son nez de la zone désignée. Une grimace de pur dégoût tordit ses traits alors qu'il s'éloignait d'un bond, son avant-bras allant soustraire ses narines à la senteur florale. Aussitôt RenJun explosa de rire et se tint le ventre, son hilarité lui tordant douloureusement les entrailles. Les réactions de son petit-ami étaient aussi épiques qu'il l'avait espéré.
— Je savais que c'était pour toi, rit le rouquin.
— De la lavande, t'es sérieux Junie, pesta Chittaphon. Ah ça pue trop, c'est horrible ! Comment les gens peuvent aimer ça sérieux, c'est une infection. Je te déteste.
RenJun reçut une claque sur son biceps en guise de punition mais cela ne suffit pas à enlever le rictus hilare qui lui barrait le visage. C'était beaucoup trop drôle. Sa joie déchanta cependant rapidement lorsqu'il se fit prendre à son propre piège et que le parfum de la menthe lui explosa aux sinus. Ce fut à son tour de grimacer de mécontentement et de s'éloigner en toussant loin du parfum frais si désagréable à ses yeux.
— C'est le karma mon cœur, pouffa Chittaphon en passant près de lui.
— Gnagnagna, karma de mes deux, maugréa RenJun vexé.
L'aîné gloussa et lui embrassa le coin des lèvres en passant près de lui pour aller vérifier les autres pots. Dans d'autres endroits ils se seraient certainement abstenus de se donner des marques d'affection alors que quelqu'un les observait à la caméra, mais JungWoo les connaissait depuis des années et il se donnait bien en spectacle devant eux avec sa copine alors ils étaient quittes.
Quelques minutes plus tard ils avaient trouvé le code en associant les bonnes odeurs entre elles, malgré les grimaces dégoûtées des deux garçons qui se retrouvaient face à des parfums qui les répugnaient au plus profond d'eux-mêmes, et ils purent ainsi ouvrir un coffre renfermant une autre clé. Chittaphon se redressa alors et se dirigea vers l'unique bibliothèque de la pièce, il se souvenait y avoir vu une serrure lors de la fouille des lieux. La bibliothèque coulissa pour dévoiler une nouvelle salle et un gémissement de dépit passa les lèvres du noiraud.
— Qu'est-ce qui t'arrive mon cœur ? se renseigna RenJun qui n'était pas encore près de lui.
— Après les insectes voilà les araignées, geignit Chittaphon. Je te préviens, si elles bougent je te sacrifie sans hésiter.
— Je suis ravi d'apprendre les limites de ton amour et de ta dévotion Chi, ricana le plus jeune.
— C'est pas ça, tu le sais. C'est juste qu'elles sont terrifiantes avec toutes leurs pattes là. En plus regarde, elles ont des yeux de couleurs différentes c'est vraiment atroce.
RenJun leva les yeux au ciel, ou plutôt vers les araignées en plastique qui occupaient une bonne partie du plafond, et s'avança dans le couloir nouvellement révélé. L'ambiance était très différente de la première pièce, il aimait beaucoup ce changement et se demanda à quoi pouvait bien ressembler la prochaine salle s'il y en avait une.
— T'as vu la tablette du bouc ?
— C'est une tablette démoniaque Junie, par la tablette du bouc, soupira Chittaphon désabusé à l'autre bout du couloir.
— C'est pareil.
— Pour répondre à ta question non je ne l'ai pas vue, mais il y a encore une porte vers moi donc elle est certainement derrière. Tu as trouvé quelque chose ?
RenJun posa son regard sur le renfoncement devant lui et ses doigts soulevèrent un cadenas qui ceignait un coffre en bois. Ils avaient besoin de quatre chiffres pour l'ouvrir mais il ne voyait rien dans le couloir qui leur permettrait de trouver le code. Le garçon fit la moue, il n'aimait pas ne pas savoir, il avait l'impression d'avoir manqué quelque chose d'important.
— J'ai un coffre mais c'est un code à quatre chiffres. T'as un truc toi ? Je vais retourner voir dans la première salle s'il y a quelque chose dont on ne s'est pas servis.
Chittaphon hocha la tête, restant quelques secondes de plus dans le couloir avant de se décider à rejoindre son petit-ami dans ses recherches. A deux ils retournèrent la première pièce en un rien de temps mais rien, aucun élément ne se dévoila à eux et RenJun sentit l'agacement pointer le bout de son nez. Il n'était pas très patient, un défaut plutôt gênant dans ce type de jeu. Chittaphon vint se presser dans son dos et l'embrassa juste en dessous de l'oreiller avec douceur.
— Calme toi, on a dû louper un truc mais on va trouver.
— Je comprends pas, ça m'énerve, grogna RenJun.
— Les gars, vous devriez vous concentrer sur le texte que vous avez trouvé, intervint JungWoo.
RenJun resta un instant interdit avant de froncer le nez. De quel texte parlait le Game Master ? Il n'avait rien trouvé de tel dans le couloir et ils avaient déjà utilisé toutes les feuilles de la première salle.
— Aaaah ce truc ?
Le rouquin se retourna vers son amant qui tenait une feuille dans les mains, l'air légèrement embarrassé. Il sentit alors que son agacement l'emportait sur sa perplexité alors qu'il comprenait plus ou moins ce qu'il s'était passé.
— Mon cœur ? susurra-t-il dangereusement.
Il vit son aîné sursauter et lui adresser un sourire contrit.
— Ah Junie, tu vas rire, mais en fait j'ai trouvé ça dans le couloir tout à l'heure héhé.
— Où ? Je n'ai rien vu.
— Dans la main de Jean-Pierre, tu sais le squelette sur le fauteuil ? D'ailleurs je lui ai arraché une jambe sans faire exprès, désolée Woowoo, s'excusa-t-il en se tournant vers la caméra. Je vais essayer de lui faire une petite chirurgie réparatrice.
- T'embête pas, je le ferai quand je rangerai la salle. Concentrez-vous sur votre mission, gloussa leur ami dans le micro.
Le texte leur permit finalement de comprendre l'énigme des araignées et malgré la réticence de Chittaphon à les regarder ils réussirent à obtenir le code. RenJun s'empara à peine du cryptex que renfermait le code qu'il el jeta dans les mains de son amant avant de s'éloigner en râlant. Il détestait ce genre de mécanisme, avec ses techniques de bourrin il n'arrivait jamais à les ouvrir même s'il avait la bonne réponse. Ce fut d'ailleurs lui qui trouva le mot nécessaire à l'ouverture et qui leur permit de passer à la dernière salle.
— Je ne la sens pas, marmonna le rouquin.
— Ne t'inquiète pas mon cœur, je te protégerai, lui sourit Chittaphon fièrement.
— Je compte sur toi alors.
— Fais-moi confiance !
RenJun sourit, à la fois attendri et rassuré par l'attitude de son copain. Il n'aimait pas reconnaitre qu'il avait peur mais quelque chose dans cette dernière pièce ne lui inspirait pas confiance alors qu'il n'avait même pas encore mis un pied dedans. Chittaphon s'engouffra plein de bonne volonté dans la pénombre et il le suivit avec un peu plus de réserve.
— Aaaaaah ! hurla le noiraud.
Le plus jeune, avant même de comprendre ce qui avait bien pu se passer, se retrouva tout à coup en bouclier de son amant prostré dans son dos. De la fumée grise s'éleva devant lui et il comprit alors que c'était ce qui avait effrayé son aîné, jusqu'à le pousser à se retrancher dans son dos. Sa propre frayeur passée, il ricana.
— Je rêve ou tu viens de me sacrifier au premier démon qui passa là ?
— Je ne t'ai pas sacrifié !
— Tu t'es planqué derrière moi sans pression ! T'as pas dit que tu me protégerais ? Tu comptes faire comment alors que je t'ai servi de bouclier sans mon consentement, le charria RenJun.
Le visage de Chittaphon s'embrasa alors qu'il cherchait un moyen de convaincre son petit-ami que non il n'avait pas prévu de le sacrifier pour se sauver. Tout du moins pas volontairement, il avait agi par réflexe, ce n'était pas de sa faute. Ses excuses ne parvinrent pas à convaincre le rouquin, au contraire elles amplifièrent simplement son hilarité et par conséquence l'embarras du Thaïlandais.
— T'as fini de rigoler comme une baleine ? râla le noiraud.
— Non, c'était beaucoup trop drôle, refusa RenJun en continuant à ricaner.
Le jeune homme s'avança prudemment dans la pièce en évitant le pentacle lumineux au sol et son regard croisa alors sa plus grande crainte. Son teint palit et il appela faiblement son amant.
— Chi, par pitié, dis-moi que c'est pas une table Ouija.
— Ah bah si, c'en est clairement une là. Pis elle est énorme en plus.
RenJun crut qu'il allait défaillir et il frappa l'épaule de son petit-ami par réflexe. Il n'y avait rien qui le terrifiait plus au monde que cet instrument, même les mante-religieuses lui semblaient presque inoffensives à côté de cette horreur.
— Chi, tu pouvais pas me mentir et me dire que non ce n'en est pas une. Je vais m'évanouir.
— Mais non mon cœur, ça va aller, le rassura son aîné en lui frottant doucement le dos. Regarde, on va s'en éloigner et aucun problème.
Le jeune homme jeta un regard méfiant à la table en question avant de s'éloigner. Il récupéra une bougie dans un chaudron suspendu afin de continuer son exploration avec un peu plus de luminosité et alla chercher une clé coincée dans un labyrinthe. Pendant ce temps Chittaphon avait repéré l'emplacement de la tablette de la sorcière et avait ramené son grimoire, instrument essentiel pour la prochaine énigme. Le noiraud se prit le chaudron dans le visage en souhaitant rejoindre son copain et il manifesta bruyamment son mécontentement.
— Quelle idée de mettre ça là sérieux.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Rien, j'ai ramené le grimoire, il va certainement nous être utile.
— Je pense, la clé que j'ai trouvé a ouvert ce coffre. Il y avait une fiole et des instructions dedans, expliqua RenJun.
— Hé mais c'est pas la fiole du grimoire ? Il y a un truc de marqué ?
— Eau. On n'avait pas déjà trouvé l'air et le feu dans la première salle ?
— Si ! Je vais les chercher, se proposa Chittaphon.
Le Thaïlandais revint en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, les objets concernés dans les bras. RenJun l'aida à les disposer aux endroits indiqués et ils se regardèrent, perplexes.
— Il nous manque le chaudron, constata Chittaphon. Tu ne l'aurais pas vu ? Il doit aussi y avoir un élément de notédessus.
— Nan, le seul que j'ai vu c'est dans la première salle mais il est accroché à la balance.
— Bah mince alors.
— Les gars vous êtes sérieux ?
La voix, surprise, de JungWoo les tétanisa une demi-seconde avant qu'ils ne se reprennent. Ils froncèrent les sourcils, perplexes.
— Bah quoi ?
— RenJun, tu l'as pris où cette bougie au juste ? Et toi Chi ? Tu t'es pas cogné dans un truc y a genre cinq minutes ?
Un éclair de compréhension les traversa et d'un même mouvement ils se tournèrent vers le chaudron. Celui dans lequel RenJun s'était servi pour obtenir de la lumière et où Chittaphon s'était plaint de son emplacement étrange. Un peu honteux, ils rirent de leur bêtise en s'accusant mutuellement d'avoir été pire que l'autre jusqu'à ce que la voix de JungWoo ne résonne à nouveau dans la pièce.
— Vous devriez vous munir du grimoire de la sorcière pour déchiffrer son incantation.
— Ce grimoire-là ? demanda Chittaphon en désignant le pupitre sur lequel reposait le livre qu'il avait précédemment apporté.
— Vous devriez aller chercher le grimoire, répéta JungWoo.
Frustrés de s'être faits avoir pour le chaudron, les deux jeunes hommes retournèrent main dans la main dans les autres salles. Pourtant ils ne trouvèrent rien, puis ils entendirent JungWoo toussoter dans le micro.
— Ok, désolé les gars, j'avais pas vu que vous l'aviez déjà pris.
— Ah bah bien Mr le GM, plaisanta Chittaphon. T'étais parti te balader ou quoi ?
— Alors je faisais réchauffer mes pâtes, j'avais faim, répondit naturellement JungWoo.
RenJun ricana et se moqua sans vergogne de son ami qu'il devinait blasé. Une fois tous les éléments, dont le fameux chaudron, en main ils purent terminer l'énigme du pentacle.
— Au lieu de rire comme une dinde dépêche-toi, il ne vous reste que quatre minutes avant que la sorcière ne revienne pour vous transformer en ragoût.
Un petit cri échappa à Chittaphon qui se dépêcha d'aller récupérer la tablette démoniaque qu'ils venaient de libérer. Ce faisant il découvrit des morceaux de bois cachés derrières avec les consignes pour l'utilisation de la table de Ouija. RenJun blanchit furieusement et recula en agitant les mains devant lui.
— Je peux pas faire ça, je suis désolé Chi mais c'est sans moi.
— Pas de problème, ça ne me dérange pas de le faire, le rassura le noiraud. Je sais que tu n'aimes pas ça.
RenJun hocha la tête pour confirmer l'euphémisme, cette chose était terrifiante ni plus ni moins. Il ne comprenait pas comment Chittaphon qui pouvait être une vraie poule mouillée arrivait à s'en servir sans pression. Lui n'avait qu'une envie et c'était de s'enfuir. Et accessoirement de se plaindre auprès de JungWoo pour ne pas l'avoir prévenu de la présence de cet objet maléfique, jamais il ne serait venu s'il l'avait su.
— C'est bon j'ai le nom ! On peut s'enfuit Junie ! S'exclama Chittaphon.
Le roux sentit son amant lui attraper la main et le tirer à sa suite, son autre main accaparée par la tablette démoniaque. Ils coururent comme deux enfants jusqu'à la porte d'où s'échappa un sifflement strident annonçant la fin du temps imparti et Chittaphon se dépêcha d'entrer le nom du chat de la sorcière sur le digicode. La porte s'ouvrit dans un grincement digne d'un film d'horreur et ils purent aviser JungWoo qui se tenait derrière, tout sourire.
— Félicitations ! Bon vous êtes morts mais vous êtes quand même sortis de la salle.
— Ouais enfin si tu n'étais pas aller te faire à manger on aurait gagné, marmonna RenJun mauvais perdant.
— Au moins tout ça, se moqua l'animateur. Bon, vous avez aimé ?
Ils débriefèrent pendant plusieurs minutes, expliquant ce qu'ils avaient apprécié ou à l'inverse moins aimé dans la salle, revenant sur certaines énigmes plus complexes ou le Game Master s'amusant de leurs théories folles de certains moments. Finalement JUngWoo les abandonna pour aller ranger la salle et préparer la prochaine session alors que le couple quitta les lieux.
— C'était vraiment sympa, sourit Chittaphon en descendant les marches du perron. Il faudra qu'on revienne avec Johnny la prochaine fois pour faire la dernière salle.
— C'est bon pour moi, sourit RenJun.
— Hé Junie, tu sais, je suis vraiment désolé pour tout à l'heure....
Le rouquin s'arrêta pour dévisager son amant qui arborait un air peiné qui contrastait avec sa joie précédente. RenJun alla se poster face à lui et lia leurs mains, inquiet de ce soudain changement de comportement.
— Qu'est-ce qu'il y a mon cœur ?
— Je voulais pas vraiment te sacrifier tout à l'heure, je me sens trop mal...
— Mais, gloussa le plus jeune, je plaisantais quand je t'ai dit ça Chi ! Ce n'est qu'un jeu, tu t'inquiètes beaucoup trop pour rien.
— Tu ne m'en veux pas ? espéra le noiraud.
— Bien évidemment que non idiot, sourit RenJun avec tendresse.
Chittaphon pouvait vraiment être beaucoup trop adorable et c'était toujours au moment où il s'y attendait le moins. Il était alors complètement vulnérable et fondait sous son charme innocent comme de la neige au beau milieu de Juillet. Les mains de RenJun se détachèrent de celles de son aîné pour aller se glisser autour de la nuque de Chittaphon qui frissonna.
— Je ne t'en voudrais jamais pour un truc aussi bête, chuchota RenJun en l'embrassant tendrement. Je t'aime beaucoup trop pour ça mon adorable froussard.
Nda :
Hey ! L'update a été très rapide pour une fois xD Je pensais que cet OS allait faire 2000 mots, il en fait 4500, pour les estimations on repassera x) J'espère qu'il vous aura plu, il est inspiré de faits réels mdr Je vous laisse avec Salia pour le prochain !
Dalion~ Kiss :3
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