Ses lunettes de confort vissées sur le nez, Kun plissa les yeux pour distinguer l'assemblage de lettres précis sur son écran et en comprendre le sens. Sa vue commençait à fatiguer, il n'avait pas lâcher son ordinateur depuis près d'une dizaine d'heure. En réalité il était dessus depuis son réveil, soit six heures quarante-cinq du matin et ça commençait à faire beaucoup malgré toute sa bonne volonté. Pour autant il n'avait pas le choix, ce dossier inattendu qui lui était tombé dessus au milieu de la nuit devait être rendu pour le soir même et il n'avait aucun moyen de rallonger ce délai. Tout ça parce que son collègue était étrangement tombé malade à deux jours de l'audience. Leur patron avait demandé au Chinois de reprendre l'affaire et de se charger de finir le compte-rendu. Ce qu'il ne savait pas, et que Kun ne savait pas non plus avant de le découvrir le matin-même, c'était que le collègue en question n'avait juste rien fait. Même le rappel des faits n'avait pas été inscrit. Le jeune avocat devait donc tout faire par ses propres moyens, y compris recherché les informations puisque l'autre ne lui avait rien transmis.

Heureusement son assistant lui était venu en aide. Kun lui avait envoyé un message de détresse dès qu'il avait compris l'ampleur de la catastrophe et YukHei avait fait en sorte de lui donner les pièces rapidement. Il était même allé au bureau en dehors de ses horaires de travail, juste pour aller lui chercher des éléments qui n'avait pas été numérisés et dont le plus âgé avait désespérément besoin s'il espérait faire son travail correctement. Il savait déjà que son dossier ne serait pas parfait, il n'avait pas le temps, pas la connaissance du client et n'avait pas vécu les précédentes audiences. Néanmoins il ne comptait pas rendre quelque chose de bâclé et allait faire au mieux. Le greffier lui assura qu'il pouvait le contacter à n'importe quel moment s'il avait besoin d'informations complémentaires et Kun l'en remercia, il lui sauvait véritablement la vie.

Le regard toujours fixé sur l'écran, il fit défiler la page en tapotant légèrement sur sa souris. De l'autre il s'empara de sa tasse chat, cadeau de son petit-ami, et avala les dernières gorgées de son café froid. Le jeune homme grimaça, l'arrière-goût amer désagréable sur ses papilles, et il reposa la tasse d'un mouvement un peu brusque. Il avait encore besoin de caféine s'il espérait en finir avant trois heures du matin. Il enregistra ce qu'il avait déjà fait, en envoya une copie à YukHei pour obtenir son avis et se leva pour regagner la cuisine. L'image de la cafetière vide le fit soupire, décidément rien n'allait dans son sens aujourd'hui. Il remplit l'appareil d'eau, y ajouta un filtre puis la poudre brune avant de l'enclencher. Le doux ronronnement et les effluves fortes qui en émanèrent l'apaisèrent un peu et il fit rouler sa nuque et ses épaules pour les détendre un peu. Rester assis commençait à être douloureux.

Il releva ses lunettes sur le sommet de son crane afin de pouvoir se frotter les yeux, et appuya le bas de son dos contre le rebord du meuble de cuisine. Il avait quelques minutes avant que sa boisson ne soit prête.

Le bruit du code tapé sur le petit boitier à l'entrée attira son attention et il jeta un œil à son poignet. Sa montre lui indiqua dix-sept heure trente-deux et sonnait le retour de son bruyant mais adorable compagnon. Kun tiqua, une veine tressautant nerveusement sur sa tempe alors qu'il entendait d'autres voix se mêler à celle de DongHyuck. Déjà qu'il ne les appréciait pas spécialement en temps normal, il les appréciait encore moins alors qu'il avait un travail monstrueux à abattre et qu'il avait donc besoin de calme. Il se servit son café en pestant, y ajouta du lait et du sucre, avant d'essayer de rejoindre le salon qu'il avait provisoirement aménagé en bureau.

Sa tension augmenta, en parallèle de son agacement, en constatant que le groupe de jeunes avait dégagé ses affaires, plié son ordinateur et ses notes, afin de pouvoir poser leurs boissons. Kun les fusilla du regard, mais ils ne jetèrent même pas un œil dans sa direction, ils préféraient continuer de rire plutôt que d'accorder un minimum d'attention à l'hôte des lieux.

- DongHyuck, appela le brun, faut qu'on parle.

- Oh ça va Kun, laisse-le respirer !  

- Le jour où j'aurai besoin de ton avis je trouverai quand même le moyen de m'en passer, mêle-toi de ce qui te regarde Hendery.

L'étudiant ferma immédiatement la bouche, vexé par la remarque acide du plus vieux de la pièce et il se renfrogna. Kun retint sa rage quand le visage contrarié de son compagnon entra dans son champ de vision. Il récupéra ses affaires et ils s'isolèrent dans la chambre. Le plus jeune ne perdit pas une seconde avant de planter son index dans la poitrine du Chinois qui recula son l'agression inattendue.

- Je peux savoir pourquoi tu es toujours aussi désagréable avec mes amis ? Ils ne t'ont rien fait à ce que je sache, si c'est encore ta jalousie mal placée ça ne va pas le faire, gronda le coloré.

Kun ouvrit les yeux en grand alors que la stupeur et la stupéfaction l'empêchait de répondre sur le moment. Il n'en revenait pas que c'était lui que se faisait disputer, dans sa propre maison. Un ricanement cynique lui échappa et DongHyuck fronça les sourcils.

- Attends, tu crois que c'est de la jalousie ? Tu te fiches de moi ou tu n'écoutes juste jamais quand je te parle ?

- Parce que c'est de ma faute si tu agresses mes potes maintenant ?

- Je t'ai dit ce matin que j'avais un dossier super important à rendre, qu'il allait me prendre toute la journée et certainement une partie de la nuit. Je pensais que c'était explicite mais apparemment pas donc je te le fais en plus clair : j'ai besoin de calme, de travailler. Je n'ai pas vos horaires de facs.

- Hyung...

- Oh et pendant que j'y suis, j'aurais également apprécié que vous ne dégagiez pas mes affaires de ma propre table alors que j'y bossais. Puisque je rappelle que je n'ai plus de bureau, vous aviez juste à me demander ou à attendre deux minutes que je sorte de la cuisine, mais non. Faut que ce soit tout et tout de suite pour ces messieurs, qu'est-ce qu'ils en ont à foutre du vieux chiant qui vit là ? 

Le visage de DongHyuck se décomposa. Kun ne s'énervait jamais, il était calme et posé, mais pour la première fois il venait de lever la voix sur lui et il comprit qu'il avait dépassé les limites. Le jeune homme voulut tendre la main pour la poser sur le bras de son petit-ami mais celui-ci se dégagea d'un mouvement sec avant de s'éloigner. Le Chinois balança avec rage ses affaires sur le lit, il était furieux et n'arrivait pas à faire passer cet état.

- Hyung... l'appela faiblement le violet. 

- Tu devrais rejoindre tes amis, je suis occupé.

L'étudiant baissa piteusement la tête, désolé de son attitude précédente. Il voulait s'excuser correctement mais Kun ne semblait pas être en état de l'écouter pour le moment, il valait mieux qu'il le laisse tranquille. Le Chinois lui tourna le dos et alla s'installer entre les coussins. Il n'aimait pas travailler comme ça, il préférait largement les cadres rigides, les tables, les vrais sièges, mais comme le salon lui était inaccessible il n'avait pas vraiment d'autres choix que de s'adapter.

Le brun ralluma son ordinateur et étala les feuilles autour de lui, bizarrement cette disposition lui rappelait ses années étudiantes, à la fois si proches et si lointaines. Il en avait passé des heures, en tailleurs, à réviser ses cours magistraux et à peaufiner ses travaux dirigés. Il se sentait à la fois nostalgique et pas du tout. Il regrettait le temps où s'il se loupait il lui suffisait de travailler mieux le prochain exercice et où ça n'avait pas plus de répercussions qu'une mauvaise note dans sa moyenne. Aujourd'hui s'il se loupait il pouvait rendre infernal la vie d'une personne qui avait compté sur lui pour lui venir en aide. C'était un poids dont il n'avait pas pris la pleine mesure lorsqu'il était encore en cours mais qui pesait lourdement sur ses épaules ce soir-là.

Kun regretta sa tasse de café restée dans le salon, mais il n'avait pas la motivation d'y retourner et de se disputer une nouvelle fois avec son copain. Il n'aimait pas ça, et habituellement il était celui qui faisait le premier pas pour apaiser le caractère volcanique de DongHyuck, mais là il ne voulait pas laisser passer. Il ne lui avait demandé qu'une seule chose, alors qu'en général il trouvait une solution pour ne pas perturbé la vie légère du violet, mais il ne l'avait pas respecté. Il ne voulait pas être le seul à faire des efforts dans leur relation, sinon elle ne durerait pas parce que le jour où il arrêterait alors ils n'auraient plus d'équilibre. L'autre devait aussi faire des concessions. 

L'arrivée d'un mail le sortit de ses pensées et il secoua la tête, ce n'était pas le moment de se laisser aller où alors il était bon pour une nuit blanche. Il fit redescendre les lunettes de son crâne, là où elles n'étaient pas utiles, et se pencha sur le document que venait de lui transmettre YukHei. Le greffier avait ajouté quelques annotations mais pour le reste tout semblait être en règle et Kun pu attaquer une autre partie, serein.

La baisse de luminosité avec la tombée de la nuit le força à se lever pour allumer la lumière, et il en profita pour faire un saut aux toilettes. Les litres de café engloutis commençaient à jouer dangereusement sur sa vessie. Des éclats de rire et l'augmentation du volume sonore attirèrent son attention et il se questionna sur ce qu'il se passait dans le salon. La soif se faisant plus importante que sn envie d'esquiver le groupe d'étudiants, il se motiva à rejoindre la cuisine où il récupéra une tasse de liquide fumant. Une paire de bras se referma autour de sa taille pendant qu'il y versait du sucre, et la joue de DongHyuck se pressa entre ses omoplates.

- Tu es toujours fâché hyung ? Je suis désolé, vraiment, je ne voulais pas te blesser.

Kun se retourna, les bras de son petit-ami toujours autour de lui, et il baissa les yeux pour tomber sur le regard humide du violet. Le plus jeune avait faire ressortir sa lèvre inférieure et était prêt à user de ses larmes de crocodile pour l'attendrir. Le Chinois secoua la tête, amusé malgré lui, et il se pencha pour venir doucement embrasser son cadet. Les mains de DongHyuck lâchèrent instantanément son maillot pour se poser sur ses joues et il répondit à son baiser, heureux qu'il ne lui en veuille plus.

- Fais attention la prochaine fois.  

- Promis, je serai plus attentif. De toutes façons tu vas être tranquille, c'est l'anniversaire de JiSung alors ils ont décidé d'aller en boîte pour fêter ça, sourit le violet.

- Encore ?

Le visage du plus jeune se durcit et il se recula d'un pas, agacé par l'insinuation. Dire qu'il pensait qu'ils en avaient fini avec les prises de tête.

- Ce n'est pas comme si je sortais tous les jours non plus !

- Non, mais je te rappelle que les deux dernières fois vous étiez tellement déchirés que j'ai dû aller vous chercher et ramener tes potes ? Et que celle d'avant vous vous êtes retrouvés pris dans une bagarre, que RenJun a eu un joli coquard pendant trois semaines et que j'ai dû payer la casse ?

- Si ça te dérangeait tu n'avais qu'à le dire, on serait rentrés en taxi et tout le monde aurait été content, se vexa DongHyuck.

Kun ricana. Ils étaient tellement imbibés d'alcool que deux d'entre eux n'arrivaient même plus à se lever lorsqu'il était allé les chercher. Son copain avait l'air d'oublier aussi que ce n'était même pas lui qui l'avait contacté, c'était le barman avant de les mettre à la porte car il craignait que l'un des jeunes fasse un coma éthylique et qu'il n'en soit tenu responsable. Son compagnon ne semblait se souvenir que de ce qui l'arrangeait et ça commençait à sérieusement l'agacer.

- Faites ce que vous voulez, mais si tu es si sûr de toi alors ne compte pas sur moi. J'ai autre chose à faire que de jouer les taxis pour des idiots qui n'arrivent pas à s'abstenir de se mettre la tête à l'envers.

Le Chinois vida son café d'une traite, se brûlant la langue et le palais au passage, avant de bousculer légèrement son cadet et de sortir de la pièce. Il retourna s'enfermer dans leur chambre et enfila des écouteurs pour ne plus avoir de bruits parasites. 

Une dizaine de minutes plus tard il distingua quand même le bruit de la porte d'entrée qui était claquée et il leva les yeux au plafond. DongHyuck était en colère mais il était temps qu'il grandisse un peu aussi et qu'il cesse de compter sur Kun pour assumer ses erreurs à sa place. S'il voulait se prendre une cuite grand bien lui fasse, mais qu'il ne compte plus sur lui pour le ramasser et s'en occuper.

C'était pour cette raison que Kun n'aimait pas les amis de son amant, et non pas pour une quelconque jalousie ridicule. Il avait confiance dans les sentiments de son cadet envers lui alors il n'avait pas peur qu'il aille voir ailleurs. Non, ce qui lui déplaisait chez le groupe d'étudiants était leur fâcheuse tendance aux beuveries extrêmes et à vouloir tester tout et n'importe quoi. DongHyuck n'était pas comme ça avant, mais maintenant il se comportait de manière totalement irresponsable lorsqu'il sortait et le Chinois ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter, parce qu'il n'était pas sûr que l'autre refuse si quelqu'un lui proposait de tester de nouvelles substances ou autres. Pourtant il ne pouvait pas non plus le cloîtrer dans l'appartement, DongHyuck était majeur et libre de faire ce qui lui plaisait mais le brun n'était pas obligé de l'accepter en souriant. 

Il arrivait à la dernière partie du dossier quand la sonnerie de l'entrée retentit. Il enleva ses écouteurs, enregistra sa session, et se rendit curieusement vers la source du bruit. Il regarda rapidement à travers l'œilleton et fut surpris d'y découvrir YukHei ainsi que deux de ses collègues, dont celui-là même qui était censé être malade et dont il se coltinait le fichier. Il leur ouvrit la porte et les invita à entrer en se décalant.

- Oh Kun, tu as une tête à faire peur ! s'exclama SiCheng en grimaçant.

Le jeune homme rit face à l'honnêteté parfois désarmante de son collègue avocat avant de porter son regard sur le troisième individu qui se tortillait, mal-à-l'aise. Kun croisa les bras sur son torse et attendit des explications car pour un malade l'autre lui paraissait bien en forme. 

- Ta grippe a l'air d'aller mieux JungWoo, grinça l'hôte des lieux.

- Pardon Kun ! Je suis désolé, couina son cadet en s'agenouillant au sol.

Surpris par le geste, l'avocat fit un bond en arrière. Il ne s'attendait pas à des excuses aussi rapidement et d'une manière aussi particulière.

- Il sortait du concert de je ne sais quel groupe encore quand je suis tombé sur lui, expliqua SiCheng. YukHei m'avait parlé du fait que tu t'étais retrouvé à devoir gérer son affaire parce qu'il était malade alors j'ai décidé de te l'amener. N'est-ce pas JungWoo ?

- Je suis vraiment désolé, je comptais le faire vraiment ! Mais ma copine m'a fait du chantage. Comme j'ai annulé nos dernières sorties parce que j'étais de garde elle m'a dit que si je ne l'accompagnais pas à cet événement elle me quitterait...

- C'est jamais bon de sortir avec quelqu'un qui te met la pression comme ça, commenta le seul greffier du groupe. Tu devrais la larguer, ça va mal finir cette histoire...

- Il y a juste un problème que tu sembles oublier : je suis amoureux de cette fille. 

Le blond haussa les épaules, une manière de signifier que ce n'était pas son problème. Il avait apporté une solution, à l'autre d'en faire ce qu'il voulait. Kun soupira, le mal était déjà fait et le dossier presque bouclé. Ça ne servirait à rien de s'en prendre à son ami maintenant, en revanche il n'hésiterait pas à lui refiler ses pires cas lorsqu'ils se manifesteraient et il le lui fit bien comprendre.

- Je ferai tout ce que tu voudras, je suis vraiment désolé...

- C'est bon, pas la peine de s'éterniser là-dessus... Je suppose que vous êtes venus les mains vides et que vous attendez que je vous nourrisse ?

Les trois grands sourires innocents qui se dessinèrent lui firent comprendre qu'il avait viser juste et il les envoya s'installer dans le salon pendant qu'il regardait ce qu'il lui restait dans le frigo.

- Tu en es où dans le dossier ? questionna SiCheng. On va t'aider à le terminer et te faire une relecture si tu veux, on est aussi venus pour ça.

- Merci les gars ! J'ai envoyé la première partie à YukHei mais le reste est sur mon ordi, il est sur mon lit.

- J'y vais ! 

Après une rapide inspection il dût se rendre à l'évidence qu'il n'aurait jamais de quoi faire à manger pour autant de monde et il attrapa les différentes brochures de menus qui trainaient sur le micro-ondes. Il retourna dans le salon et les lança au plus jeune qui les récupéra tant bien que mal.

- Choisissez ce que vous voulez, comme ça on commande rapidement et je pourrai terminer le compte-rendu.

YukHei revint avec l'ordinateur et les dossiers afin qu'ils puissent avancer tandis que SiCheng appelait la pizzeria. A quatre ils allèrent beaucoup plus vite, et trente minutes plus tard, juste avant que la livraison ne soit effectuée, Kun appuya sur le point final. Un soupir de soulagement fit trembler ses lèvres et il se laissa retomber contre le dossier du canapé, vidé de ses forces.

- J'ai passé toute ma journée sur ce truc, je te jure que tu me le revaudras JungWoo.  

- Promis !

Le brun descendit récupérer les pizzas après avoir enfin appuyer sur le bouton « envoyer » qui signait sa délivrance. Ils mangèrent tranquillement en discutant des cas particuliers qu'ils avaient eu dernièrement, et même de leurs années de facs. Kun se détendait progressivement, le stress de sa journée commençait à redescendre et il remercia mentalement ses amis pour ça. Néanmoins un coin de son esprit continuait de s'inquiéter, il n'avait pas de nouvelles de DongHyuck. Non pas que ce soit étonnant, il devait encore bouder.

Une heure du matin sonna, et ses collègues annoncèrent qu'il était temps pour eux de partir et de le laisser se reposer. Kun n'allait pas les contredire, il était épuisé et ne demandait qu'à aller dormir pour le restant de la semaine. Il débarrassa la table une fois les autres partis, fit la vaisselle rapidement, et se mit en pyjama. Le bruit de son téléphone vibrant sur la table de chevet capta son regard et il décrocha en fronçant les sourcils. Il ne connaissait pas ce numéro mais il avait un étrange pressentiment, un qui lui déplaisait fortement.

- Commissariat Central de Séoul, ici TaeYong. Dis-voir, tu es toujours debout Kunie ?

- Si j'ai décroché je suppose que oui, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Une patrouille a récupéré ton copain complètement défoncé dans la rue avec ses potes, ça s'est pas très bien passé et ils les ont insultés.

- Pitié, me dis pas ça, gémit l'avocat.

- Désolé, ils vont être inculpés pour outrage à agent. J'ai dit aux gars d'aller se détendre avant de lancer la procédure mais je garantis pas que ça fonctionne. Ils sont en cellule de dégrisement, c'est eux que tu peux entendre chanter dans le fond. Tu passes les chercher ?

Kun retint un cri de rage, la colère luisant dans son regard. Il était hors de question qu'il paye les pots cassés cette fois-là aussi.

- Certainement pas, ils vont y rester le temps de décuver et j'irai récupérer DongHyuck plus tard. Il est temps qu'ils assument leurs conneries, désolé pour ta nuit Tae.

- Pas de problème, à demain, je te le garde au frais ! 

Le brun raccrocha le premier, jeta son téléphone sur le sol avant d'enfouir la tête dans son oreiller. Il était une nouvelle fois furieux et inquiet, mais il se refusait à aller sortir son petit-ami de là immédiatement. Il allait mettre du temps avant de pouvoir s'endormir, mais DongHyuck lui devrait se contenter du banc inconfortable de sa cellule. 

Le lendemain matin Kun se réveilla au son de son réveil, encore fatigué de sa courte nuit. Il se prépara comme à son habitude, se forçant à ne pas se précipiter vers son copain, et une fois qu'il eut petit-déjeuner, il embarqua dans sa voiture direction le commissariat. Il était tôt, à peine huit heures vingt alors TaeYong n'avait pas encore terminé son service et ce fut lui qui l'accueillit.

- Ah Kunie te voilà. Les monstres se sont calmés.

- Super... mais ne rêve pas trop, je n'en récupère qu'un seul, tu te débrouilles avec les autres, sourit le Chinois.

- Maître Qian ? Qu'est-ce qui vous amène ici aussi tôt ? s'étonna une jeune femme en uniforme.

- Officier Song comment allez-vous ? Je viens chercher mon petit-ami qui a visiblement fait des siennes et passé la nuit dans vos locaux.

- C'est l'un des jeunes qu'on a récupérés ?

Le sourire du brun fana et la gêne s'empara de son être.

- Ne me dites pas que vous faites partie de la patrouille avec laquelle il y a eu une altercation ? se renseigna le Chinois d'un ton suppliant.

- J'ai bien peur que si...

- Je suis sincèrement désolé pour cet idiot, veuillez accepter mes excuses.

Il s'inclina profondément, plusieurs fois en réitérant ses excuses que la jeune femme accepta rapidement, gênée de voir cet homme lui demander pardon pour un autre. Après discussion avec le reste de son équipe, cette dernière accepta de passer l'éponge pour cette fois et Kun soupira de soulagement. TaeYong alla chercher DongHyuck et après avoir signé quelques papiers ils purent quitter le commissariat. 

- Hyung... tu m'en veux ?

La voix triste de son cadet ne parvint pas à l'attendrir et il l'ignora pour monter dans sa voiture. Il attendit que l'autre occupe le siège passager avant de démarrer, toujours dans un silence terrifiant. Il roula un moment, pour finir par se garer devant le tribunal où il travaillait. Ce fut seulement à ce moment-là qu'il ouvrit la bouche.

- J'ai une grosse audience qui m'attend, j'en ai pour plusieurs heures.

- Hyung...

- Il y a de quoi manger derrière, il y a aussi une bouteille d'eau et des cachets pour la gueule de bois et un plaid. Fais ce que tu veux mais tu restes dans cette foutue voiture. Quand je reviendrai nous aurons une discussion.

Kun sortit sans plus attendre, ses dossiers sous le bras. Il avait une montagne de travail qui l'attendait. Il avait une montagne de travail qui l'attendait. La matinée passa à la vitesse de l'éclair, il n'avait pas eu le temps de souffler et à peine celui de prendre une gorgée d'eau. Il avait la bouche sèche à force de parler et d'exposer ses conclusions au juge. Il croisa YukHei en sortant de sa séance et après lui avoir promis de venir à la soirée qu'il comptait organiser il sortit. Le jeune homme soupira en avisant sa voiture, il devait parler avec le violet mais n'en avait pas spécialement envie. Il n'était pas son père, il ne devrait pas avoir besoin de lui faire la leçon. 

DongHyuck dormait quand il arriva, mais il le réveilla en ouvrant la portière et le plus jeune se redressa sur son siège. Penaud, il garda la tête baissée pendant que l'avocat s'installait. Kun posa ses mains sur le volant, tendu. Il finit par briser le silence pesant.

- Comment va ta tête ?

- Mieux... grâce à toi. Merci...

- Bien. Tu as mangé ?

- Oui aussi, merci hyung... Hyung, je suis vraiment désolé. Je sais pas pourquoi j'ai fait ça, je sais que j'ai abusé.

Le regard neutre, les traits impassibles, le brun se tourna vers son compagnon.

- Je pense que tu ne te rends pas compte d'à quel point c'est grave Lee DongHyuck. Tu t'es mis en danger, tu as mis tes amis en danger parce que pas un seul de vous n'était sobre pour veiller sur les autres. Vous étiez sur le bord de la route, vautrés sur un trottoir, vous auriez pu vous faire écraser mais vous ne vous en êtes même pas rendu compte.

- Je suis désolé...

- Oh mais je n'ai pas fini, est-ce que tu sais que tes actes ont aussi des conséquences sur moi ? Je suis avocat DongHyuck, je travaille avec la police, ce sont mes collègues. Comment tu penses qu'ils me perçoivent maintenant qu'ils savent que c'est mon petit-ami qui les a insultés ? J'ai dû m'incliner, présenter des excuses, mais je sais que ce ne sera pas suffisant et que j'ai perdu leur respect parce que tu ne leur en a pas témoigné.

- Je suis vraiment désolé, pardon hyung... pleurnicha l'étudiant.

- Non, je refuse de te pardonner. Est-ce que tu sais que je suis mort de peur à chaque fois que tu sors ? Que je me demande dans quel état je vais te retrouver ? A chaque fois je suis en panique, je me demande si le prochain appel que je recevrai sera de l'hôpital ou de la morgue. T'étais pas comme ça, tu n'as pas besoin de boire pour être cool DongHyuck. 

Le plus jeune fondit en sanglots, le corps secoué de spasmes. Kun soupira doucement et défit sa ceinture de sécurité pour pouvoir prendre son cadet dans ses bras. DongHyuck se blottit contre lui en ne cessant de répéter qu'il était désolé et que ça ne se reproduirait plus. Il lui promit d'arrêter de faire des sorties pareilles et Kun l'embrassa sur le front. Il ne voulait pas le blesser, simplement lui faire comprendre que ses actes étaient dangereux autant pour lui que pour les autres. Pour la première fois, il eut l'impression que son compagnon avait compris ce qu'il voulait lui dire et qu'il l'acceptait, qu'il allait se reprendre.

Le brun le serra fort contre lui. Il l'embrassa longuement, doucement, sur les joues, les pommettes, les tempes, le bout du nez, les lèvres, jusqu'à ce que les pleurs de DongHyuck cessent et qu'il lui offre enfin un joli sourire.

- Allez, rentrons à la maison je ne travaille pas cet après-midi. On va gentiment rester sous la couette, avec un pot de glace et une série pourrie. 

Nda : 

La fin n'est pas ouf, mais je suis contente du reste donc c'est déjà pas mal xD J'espère qu'il vous aura plu, étonnement j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire ^^ Je vous laisse avec Salia pour le prochain, elle a prévu du lourd ;)

Merci pour tous vos retours <3

Dalion~ Kiss :3