Jeno x Sungchan
/!\ Le thème principal est sur la mort. Il y a mention de sang et de violence ainsi que de suicide. Si vous n'êtes pas à l'aise avec ça ne lisez pas /!\
Les yeux fermés et le corps tremblant, Jeno se sentait mal. Il avait si froid en cet instant qu'il crut être en plein milieu de la banquise et non dans sa chambre, confortablement installé dans ses draps. Un bruit strident résonnait en continue dans sa tête comme si une alarme était activée, lui donnant encore moins l'envie d'ouvrir les paupières. Le jeune homme avait la sensation d'entendre des voix autour de lui mais il n'était même pas sûr de ça et il se sentait finalement trop faible pour vérifier.
Le noiraud tenta de bouger ses membres mais son organisme lui semblait tellement lourd qu'il n'arriva pas à lever le petit doigt. Plus les minutes passaient et plus il avait la sensation de se sentir plongé à l'intérieur de lui même, comme si il tombait de très haut sans pour autant voir le sol se rapprocher de lui. Le bruit commença à se faire de plus en plus lointain qu'il fini par s'arrêter, faisant un bien fou au garçon. Son corps avait cessé de trembler mais il n'avait pas chaud pour autant. Il ne ressentait pas particulièrement le froid, il se sentait simplement vide.
Jeno eut l'impression que le monde autour de lui s'était stoppé, le laissant seul dans l'obscurité. Il retenta d'ouvrir les yeux mais fit face à un nouvel échec, ce qui le découragea rapidement. Il ne savait pas vraiment ce qui lui arrivait mais il était persuadé de faire un cauchemars et que tout irait mieux une fois qu'il aurait trouvé la force d'affronter le monde.
Il lui fallut de nouveau plusieurs minutes avant d'arriver à bouger un bras, puis l'autre, suivit par une jambe et le reste du corps. Le noiraud tenta d'ouvrir les paupières, même si ces dernières semblaient peser une tonne. Malgré tout le garçon persista et arriva finalement à son but. Jeno eut un peu de mal à s'habituer à la lumière qui lui agressait la vue mais petit à petit le monde qui l'entourait devint plus claire.
Il constata qu'il se trouvait dans une chambre d'hôpital. Il était seul dans la pièce et tout semblait au point mort, comme s'il se retrouvait dans un endroit où il n'aurait pas du être de base. Le noiraud s'étira et se releva difficilement, titubant un peu. Le jeune homme s'approcha de la fenêtre avec lenteur afin de pouvoir voir ce qu'il se passait à l'extérieur. Il faisait nuit et la lune était haute dans le ciel, indiquant qu'il devait au moins être minuit si ce n'est plus. Jeno se se demanda comment il avait fini ici, surtout dans des heures aussi tardives et il se tourna pour quitter la pièce direction la sortie. Son regard noir passa rapidement sur le lit mais bien vite il reporta son attention dessus.
Là, allongé sur le matelas, se trouvait son corps. Ses vêtements étaient dans un sale état et il était couvert de blessures. Son sang avait tâché les draps ainsi que son t-shirt blanc et son pantalon en jean. Son visage était gonflé par endroit et des traces violacés parcouraient son épiderme. Ses yeux étaient tellement enflés qu'il en ressentit presque la douleur d'où il se tenait. Lentement, Jeno s'approcha du lit, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Il ne savait pas ce qu'il se passait, mais ce cauchemar était définitivement bien trop réel pour paraître faux. Le noiraud approcha sa main tremblante, touchant délicatement sa propre joue. Des flashs de douleurs lui secouèrent le corps, le faisant vivement reculer.
- C'est quoi ce bordel ...
Le jeune homme reprit difficilement ses esprits. La vision de sa propre personne dans cet état lui donnait envie de vomir, cela devenait insoutenable. Il eut un haut le cœur quand il constata qu'il lui manquait quatre doigts à sa main gauche, laissant son annulaire seul. Sa main droite n'avait aucune phalanges manquantes mais elle était tout de même dans un sale état. Il fut sorti de sa torpeur quand la porte de chambre s'ouvrit, allumant par la même occasion les lumières de la pièce. Trois hommes en blouses blanches s'avancèrent vers le corps, ignorant totalement sa présence. Paniqué et perdu, le noiraud s'avança vers l'un d'entre eux mais sa main passa au travers du bras de l'inconnu, comme s'il était fait d'air et non de chair. La peur prit possession de son être, il ne comprenait absolument pas ce qui lui arrivait.
- Et beh, ils l'ont pas loupé le pauvre garçon. Il avait l'air adorable en plus.
- Taeyong à raison, ceux qui lui ont fait ça l'ont massacré. Je ne sais pas comment il a pu en arriver là mais c'est terrible. Il avait l'air si jeune.
- D'après la carte d'identité retrouvé sur lui il avait vingt cinq ans. Les flics m'ont demandé de leur donner pour l'enquête. Ce qui me fend le cœur c'est qu'il a, enfin avait, le même âge que mon frère.
- Depuis quand t'as un frère Jaehyun ?
- Depuis toujours Kun mais t'écoutes jamais quand je te parle.
- Il suffit, vous êtes en présence d'un mort. Soyez un peu plus respectueux.
- Oui, pardon Tae.
- Déjà que le pauvre garçon à l'air d'avoir souffert ... Si jamais son esprit nous entend, autant que ce soit avec respect.
- Les esprits n'existent pas. Enfin je n'espère pas car si jamais il se voyait dans cet état, il risque de mourir une seconde fois.
- Jaehyun !
- Pardon Tae, pardon.
- Aller, assez discuté. Transportons le à la morgue. Il faut qu'il soit un peu plus présentable, sa famille va sûrement être convoquée pour l'identifier formellement.
Les trois hommes en blouses blanches retirèrent tous les branchements auquel son corps était accroché avant de le recouvrir d'un drap se trouvant au pied du lit. Celui à la chevelure de feu, Taeyong, se trouvait derrière le lit pendant que les deux autres tirait le devant. Perdu et complètement en panique, Jeno ne put que suivre ces infirmiers ou médecins, il ne savait même pas. Des tonnes de questions lui trottaient en tête mais aucun son ne sortait de sa bouche. Son estomac se tordait dans tous les sens et des gouttes de sueurs se formèrent sur son front. Il était perdu.
Son corps sans vie fut transporté jusqu'au sous sol du bâtiment. Les trois hommes l'emmenèrent jusqu'à une énorme salle froide où plusieurs petites portes de la même taille se trouvaient. Le plus grand des trois, Jaehyun, ouvrit l'une des portes et tira une grande plaque en acier. Son "cadavre" fut déposé dessus avant d'être enfermé. Le dernier, Kun, fit une petite prière avant de quitter la pièce en compagnie de ses deux autres collègues laissant le noiraud seul.
Les genoux de Jeno touchèrent le sol une fois la porte et les lumières éteintes. Il n'avait jamais vraiment eu peur du noir mais en ce moment même l'obscurité était effrayante, le jeune homme aurait voulu être n'importe où qu'ici, seul et tétanisé. Ses larmes coulèrent abondamment sur ses joues et son corps devint douloureux. Le noiraud n'arrivait pas à se souvenir de ce qu'il c'était passé et sa tête lui faisait mal dès qu'il essayait de penser aux événements.
Du bruit autour de lui se fit entendre et bien vite la lumière se ralluma. Il pensa d'abord que les trois hommes qui l'avaient déposé ici étaient de retour mais non. Il se tourna lentement et tomba nez à nez avec un homme de grande carrure, habillé comme s'il allait faire une partie de pêche. Une femme en robe de soirée se tenait non loin de lui, le mascara lui ruinant son visage tant il avait coulé. Une main se posa sur son épaule, le faisant tourner la tête. Un garçon à peine majeur se tenait là, visiblement en tenue de sport. La panique se mélangea à la confusion. La dame en robe s'approcha de lui, ses talons résonnant dans la salle.
- Hey, n'ai pas peur. On est tous pareil ici.
- Pareil ? C'est dire ?
La jeune inconnu s'installa sur le sol pour lui faire face.
- Nous sommes tous morts.
- Qu ... Quoi ?
- Jeune homme, tu n'es plus du monde des vivants.
- Vous plaisantez ? Je ... C'est une blague c'est ça ? Ou alors un mauvais rêve et je vais me réveiller et il n'y aura plus personne, je serais dans mon lit bien au chaud.
La seule présence féminine lui offrit un sourire triste tout en secouant la tête. Le pêcheur semblait aussi peiné que la dame et le jeune garçon à sa droite se mit à pleurer en silence. Lentement, Jeno réalisa la gravité de sa situation. Mort ? Ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas. Il ne devait pas. Le noiraud se leva dans la précipitation, manquant de tomber en se relevant. Il courut jusqu'à la porte et tenta de l'ouvrir. Sa main passa au travers, comme si le battant n'était pas là. Comme pour le bras de Taeyong, il eut l'impression de traverser de l'air.
- Je sais que c'est difficile à avaler mais ... Tu es comme nous désormais.
- Je ... Je ...
- Je suis désolée. J'espère que tu trouveras la paix éternelle petit.
Le jeune homme se laissa à nouveau tomber au sol, les larmes coulant une nouvelle fois de façon abondante. L'information était trop dure à encaisser pour lui, il n'arrivait pas à y croire. Il ne pouvait pas y croire. Jeno sentit la porte s'ouvrir, le traversant comme si il n'était pas là. Les trois hommes de tout à l'heure était là avec une autre personne, probablement décédée dans le même lit que lui. Le noiraud profita de l'instant pour sortir de la salle même techniquement rien ne l'empêchait maintenant de se balader à sa guise.
Il ne savait pas où il allait mais il courrait. Les couloirs sombres semblaient interminables, aucune sortie ne se présentait devant lui. Le jeune homme trouva finalement une issue qu'il traversa sans souci, lui permettant de quitter cet hôpital. Il continua sa course sans savoir où vraiment aller, les larmes brouillant sa vue. Il dut s'arrêter pour reprendre sa respiration mais une voiture lui fonça dessus, les phares braqués sur lui. Instinctivement Jeno plaça ses bras devant lui et ferma les yeux en attendant le choc mais rien ne vint. Il ouvrit lentement les paupières et constata que la voiture lui était juste passer dessus, continuant sa route.
Le noiraud trouva un parc vide en face lui. Il se réfugia sous un arbre où se trouvait un banc. Il se laissa tomber dessus, le cœur battant à tout rompre. Il était perdu, ne savait pas où il était et ne savait pas comment retourner chez lui. Il n'arrivait pas à bien réaliser l'ampleur de sa situation, c'était trop pour lui en si peu de temps. Alors c'est comme ça que ça se terminait ? Il était simplement mort ? Il ne se souvenait même pas de comment il en était arrivé là. Toute sa vie venait de prendre fin avant même qu'il le ne réalise. Il n'avait que vingt cinq ans, il avait toute la vie devant lui, pas toute l'éternité. Vidé, Jeno se coucha sur le banc et s'endormit rapidement.
***
- Hey, réveille toi.
- Hum.
Jeno senti qu'on le secouait. Quelqu'un tentait de le réveiller mais il ne voulait pas ouvrir les yeux, les souvenirs de la veille lui revenant en tête. Il ne se sentait pas prêt à affronter la réalité et refusait de voir la vérité en face.
- Tu ne vas pas rester sur ton banc toute la vie ?
- Je suis mort, rien ne m'en empêche.
La voix de la personne lui était étrangement familière même s'il ne pouvait pas clairement identifier l'inconnu qui le bousculait gentiment.
- Tu sais, je suis mort aussi et pourtant je dors pas sur un banc. Aller réveille toi Jeno.
- Laisse moi tranquille.
- Je ne partirais pas sans toi.
- Laisse moi s'il te plait.
- Seulement quand tu seras réveillé. Allez, fais pas l'enfant.
Le noiraud ouvrit difficilement les yeux. Il se redressa et se mit en position assise. Malgré le fait que le banc n'était pas des plus confortables, il n'avait étrangement pas mal. Enfin pas plus qu'hier. La personne qui tentait tant bien que mal de le réveiller s'installa à sa droite et le jeune homme en profita pour l'observer.
Un jeune garçon dans ses âges se tenait là, un sourire sur les lèvres. Il était bien plus grand que lui et semblait un peu plus jeune. Ses cheveux bruns mi-longs était en accord avec ses yeux noisettes et ses lèvres pulpeuses légèrement rosie lui donnait un air adorable. L'inconnu était habillé d'un sweat à capuche de couleur noir avec un jean de la même couleur déchiré aux genoux, lui donnant un petit air jeune rebelle. Jeno ne savait pas pourquoi ni comment mais il était sûr d'avoir déjà vu ce garçon quelque part. Sûrement de son vivant puisque qu'il n'était pas dans la morgue. Enfin il ne se souvenait pas l'avoir vu dans cet endroit terrifiant. Et puis à moins qu'il ne l'ait rêvé mais il l'avait appelé par son prénom, donc il devait forcément savoir qui il était.
Le garçon à sa droite passa sa grande main dans ses cheveux. Un petit bracelet pendait à son poignet, il était de couleur violette et un petit tigre était accroché à celui ci. La vue du bijou lui donna soudainement mal au crâne et le noiraud reporta son attention sur le doux visage de l'être humain à ses côtés.
- Bon tu te sens de marcher un peu ?
- Qui es tu ?
- Moi ? Je suis comme toi, un jeune homme dans la vingtaine qui n'aura pas la chance de connaitre la crise de la trentaine.
- Je veux dire, quel est ton nom ?
Le brun sembla surprit de la question. Jeno crut voir de la tristesse dans ses yeux mais l'inconnu se redressa et se racla la gorge avant de lui tendre la main.
- Je suis Sungchan.
Le nouveau mort prit la main qui lui était tendu et fut heureux de voir qu'il ne passait pas au travers de cette dernière.
- Jeno. Enchantée.
- Je sais.
- Comment tu me connais d'ailleurs ?
- C'est une longue histoire. Et puis je vais être ton guide dans ce nouveau monde. Enfin en quelques sortes, je ne suis pas mort depuis si longtemps que ça, j'ai moi aussi des choses à apprendre. D'ailleurs je suppose que tu as énormément de question non ?
- Oui. Beaucoup.
- Je ne sais pas si je vais pouvoir t'apporter toutes les réponses mais je vais essayer. Allons marcher, ça te feras du bien.
Sungchan se leva du banc et se tourna pour faire face au noiraud. Il prit la main qui lui était tendu et se leva à son tour. Le jeune homme constata que son guide était vraiment grand, créant un léger écart entre eux. Le brun sorti un chouchou de sa poche et attrapa quelques mèches entre ses doigts pour s'attacher les cheveux, dégageant sa vue. La petite queue de cheval lui donnait encore un air plus jeune mais Jeno senti son cœur louper un battement. Le garçon était vraiment très beau et il se mentirait si il disait qu'il ne lui faisait pas d'effet.
- Bien, déjà j'aimerais savoir si tu as mal quelque part.
- J'ai un peu mal partout.
- Je vois.
- J'ai mal à la tête parfois, comme si mon cerveau avait des flashs mais je ne comprend pas trop pourquoi. Et j'ai encore du mal à croire que je suis ... Plus du monde des vivants.
- C'est normal. Tu essaies de te souvenir de ta mort ou de ton passé, c'est assez douloureux mais on s'y fait vite. Une fois que tu auras retrouver la mémoire tu ne sentiras plus rien.
- Je ... Je ne pense pas avoir perdu la mémoire.
- Es tu capable de me dire comment tu es mort ? Ta vie avant ? Tes dernières vingt quatre heures ou encore la dernière semaine que tu as passé de ton vivant ?
- Je ...
Jeno se stoppa dans sa marche, la panique prenant lentement possession de lui. Il voulait répondre mais il n'y arrivait pas, il ne s'en sentait pas capable. Pourtant il pouvait visionner sa chambre, ses parents, son frère et sa soeur, ses chats ... Mais le reste semblait floue dans son esprit. Il était pourtant sûr qu'au fond de lui il connaissait les réponses aux questions du brun mais il n'arrivait pas à y répondre. Il revoyait juste le moment où il avait vu son corps et son court passage de la morgue, rien au delà. Les larmes lui montèrent aux yeux, il était confus, perdu, en panique et en plus il était mort. Jamais il n'aurait pensé que sa vie prendrais un tournant aussi dramatique en si peu de temps mais plus il réalisait et plus il se sentait mal, vide. Sungchan le prit dans ses bras et le serra fort contre lui. Cette étreinte le fit craquer et bientôt il pleura à chaude larmes contre l'épaule de son guide.
- Pleure, ça fait du bien. Je comprends ce que tu ressens et ce n'est pas facile. Les premiers temps sont compliqués et la découverte de ton nouveau monde va être difficile mais tu n'es pas seul. Je suis là Jeno.
Le noiraud resserra l'étreinte. Il ne savait pas qui était réellement le jeune homme qu'il le tenait dans ses bras mais jamais un câlin ne lui avait fait autant de bien. Lui qui avait si froid et se sentait si seul avait l'impression que ce n'était plus vraiment le cas. Il n'était mort que depuis peu mais il avait l'impression que cela faisait déjà une éternité. Le jeune homme était reconnaissant envers son guide et remercia tous les dieux qu'il connaissait de lui avait fait croiser la route de ce gentil inconnu.
- Tu as besoin de repos. Ce n'est pas parce que tu es techniquement plus vivant que tu n'as pas besoin de prendre soin de toi. Ce que je te propose c'est de t'amener chez moi et de dormir un peu. Je répondrais à tes questions après mais là tu as besoin de souffler un peu, tu as vécu beaucoup de chose en peu de temps et il te reste encore beaucoup de chose à apprendre.
Le plus petit ne put que renifler bruyamment tout en hochant la tête. Sungchan se détacha de lui et lui prit la main, le trainant à sa suite. Jeno ne regardait même pas où il allait, suivant bêtement cet inconnu bienveillant. De son vivant il n'aurait jamais fait ça mais là rien n'était plus pareil et il ne voulait pas lâcher la seule personne qui lui apportait un peu de chaleur dans ce moment sombre.
***
Deux jours avaient passé depuis sa tragique fin de vie. Deux longs jours où il avait eu l'impression d'être juste une coquille vide. Sungchan l'avait amené jusqu'à un petit immeuble qui semblait être neuf et lui avait fait monté quatre étage avant d'entrer dans un appartement. Le logement était propre et plutôt spacieux. C'était accueillant et chaleureux, à l'image du propriétaire des lieux.
Le brun lui avait apprit que c'était l'endroit où il vivait avant de mourir. Son oncle dont il était très proche avait fait aménager l'endroit de son vivant pour que son neveu favoris puisse s'installer. Depuis le décès du jeune homme, la famille de ce dernier ne s'en était jamais vraiment remis et avait donc conserver l'endroit intact, passant de temps en temps nettoyer les lieux. Le plus grand avait les larmes aux yeux à chaque fois qu'il évoquait ses parents et son oncle, mais il pleurait presque à tous les coups quand il parlait de sa petit sœur. Le noiraud n'engageait pas de conversation sur le sujet sensible tant que ça ne venait pas de son guide.
Jeno se leva du lit de son hôte et se dirigea vers le salon. Il trouva le brun assit sur le canapé en pleine concentration sur son bracelet. Le noiraud ne savait pas vraiment ce que représentait ce bijou pour lui mais il n'osait pas lui demandé et cela semblait être un sujet sensible. De plus, il lui était étrangement familier mais il lui était impossible de savoir où il avait vu ça. Le peu de fois où il avait essayé de chercher dans ses souvenirs un violent mal de crâne apparaissait. Mais le jeune homme avait la certitude d'avoir déjà vu ce pendentif quelque part et plus il y réfléchissait et plus le visage du défunt lui semblait familier.
Il s'approcha doucement de Sungchan et s'installa à ses côtés. Le brun sembla se reconnecter à la réalité au même moment, détournant son attention du bracelet pour se concentrer sur le noiraud.
- Comment tu te sens ?
- Mort.
- Je vois que tu t'essaies à la plaisanterie.
- Je n'ai plus trop le choix. Et puis je vais devoir m'habituer au fait que rien ne sera plus pareil et que ma vie à changé. J'ai encore du mal à l'accepter et je suis pas habitué au fait de passer au travers des murs mais bon.
Le plus grand lui offrit un sourire triste et posa sa main sur l'épaule du jeune homme.
- Je sais, c'est compliqué. Mais si ça se trouve tu trouveras ton chemin vers le repos éternel rapidement et tu n'auras pas à réellement t'habituer ! Et puis tu traverse les choses mais avec le temps et de l'entraînement, tu pourras prendre des objets et ouvrir des portes.
- Je vais pouvoir faire peur aux enfants la nuit ?
- Je ne pensais pas à ça mais c'est un objectif comme un autre.
- Faut bien que je trouve des avantages à ma nouvelle condition.
- Dis toi que tu n'es pas seul dans tes débuts et qu'on ...
L'hôte des lieux s'arrêta dans a phrase, semblant chercher ses mots. Il soupira après plusieurs minutes de silence et retira sa main. Il se leva et se dirigea vers sa grande fenêtre qui menait sur un petit balcon, donnant vue sur une partie de la ville. Jeno se leva et le rejoignit.
- Sungchan ? Tout va bien ?
- Oui laisse tomber Nono. Je suis un peu chamboulé, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas eu de la compagnie aussi longtemps.
- Tu voulais me dire quoi ? Je sais qu'on ne se connait pas depuis très longtemps mais tu peux tout me confier. On va devoir se supporter encore un moment.
Le brun tourna son visage vers lui, affichant un air triste sur ce dernier.
- Jeno ?
- Oui ?
- Tu as retrouvé des souvenirs ?
- Non pas vraiment, j'ai des flashs de temps en temps mais rien de concret. Impossible de me remémorer la plus part de mon vivant.
- Tu vois quoi dans ces images ?
- Je me vois entrain de servir des gens, je suppose que j'étais serveur du coup. Par contre je distingue bien le visage de ma famille. Et tu vas me prendre pour un fou mais j'ai la sensation qu'on s'est déjà vu quelque part.
Sungchan eut un léger mouvement de recul.
- Tu l'as déjà vu ? Tu te souviens de quelque chose ?
- Non, j'ai juste la sensation ... Pourquoi, je devrais ?
La réponse ne sembla pas être celle attendu par l'esprit face à lui. Le brun soupira une nouvelle fois avant de regarder à nouveau l'étendu de la ville.
- Alors tu ne te souviens de vraiment rien ...
- Sungchan, je ne veux pas te blesser mais ... On se connaissait ?
- Je ... Tu sais, s'il y a bien une chose que j'ai appris en un an de mort c'est que c'est moins douloureux d'apprendre par soi même.
- Pourquoi ?
- Je préfère que tu te remémores par toi même ta vie, pas que tu l'entende de ma bouche. Et ... Je suis désolé Nono, je ne me sens pas de te raconter quoi que ce soit.
Le plus grand ne laissa pas le temps au nouveau défunt de répondre, le laissant simplement seul sur le balcon. Jeno entendit vaguement Sungchan lui dire qu'il allait prendre l'air avant de quitter le logement tant il était perdu dans ses pensées. Lentement, il retourna à l'intérieur et s'installa sur le canapé.
Sungchan semblait le connaître d'avant mais lui non. Ou tout du moins il n'arrivait pas à s'en souvenir. Le noiraud s'en voulait tellement, il se plaignait de son sort depuis deux longs jours mais au fond le brun souffrait sûrement plus que lui. Il lui était venu en aide et lui laissait du temps, il lui avait parlé un peu de lui mais en retour il n'avait obtenu qu'un fantôme pleurnichard. Malgré le fait que son passé lui était flou, le jeune homme savait qu'au fond de lui il était plus fort que ça. Il se leva du divan et parcouru les pièces, observant la demeure de son guide.
L'endroit était à l'image de son propriétaire, simple et chaleureux. Il y avait des cadres photos un peu partout immortalisant des moments de la vie de Sungchan avec ses proches. Jeno s'approcha de l'un des cadres, essayant de le toucher. Ses doigts traversèrent l'objet pour son plus grand malheur. Il retira sa main et continua sa petite visite. Il jeta un coup d'œil à l'horloge toujours en marche dans le salon, lui indiquant que le brun était parti depuis une dizaine de minutes. Ne sachant pas vraiment quoi faire et en ayant marre de tourner en rond, le jeune homme décida de quitter l'appartement pour faire un tour dehors. Il essaya d'écrire une note pour que son guide ne soit pas inquiet mais ce fut un échec. Il pria intérieurement de rentrer avant lui ou encore de ne pas revenir trop tard, ne voulant pas trop causer de tord à la seule personne qui l'accompagnait dans son autre vie.
Le noiraud traversa la porte d'entrée. Certes cette nouvelle faculté était handicapante mais dans un sens c'était bien pratique de pouvoir se rendre où on le souhaitait. Il se retrouva rapidement dans la rue, cette dernière étant plutôt calme à cette heure de la journée. Jeno erra sans but précis, perdu dans ses pensées. Il ne savait pas quoi faire pour retrouver ses souvenirs et maintenant qu'il savait que Sungchan le connaissait il voulait en savoir plus et le plus rapidement possible. Il ne savait pas trop comment s'y prendre et le brun ne semblait pas prêt à l'aider pour ça.
Le plus grand lui avait apprit des choses sur le monde des morts, comme par exemple que certains ne trouvait pas la paix éternel tout de suite sans trop savoir pourquoi et qu'il fallait qu'il trouve la raison par eux mêmes. Certains restait sur terre par choix, voulant veiller sur quelqu'un ou bien juste parce qu'il n'ont pas réussi à faire quelque chose de leur vivant et souhaitait donc continuer dans la vie d'après. Le noiraud se voyait plus dans la première catégorie mais il se demandait bien où Sungchan se trouvait. Mais bon, déjà qu'il ne se souvenait pas de lui il n'allait pas en rajouter une couche en lui posant une question aussi indiscrète.
Jeno releva la tête et remarqua qu'il avait inconsciemment marché jusqu'à l'hôpital où il était décédé deux jours pus tôt. Un frisson de peur parcouru son corps, le souvenir de se revoir mort au fin fond d'un lit ne lui plaisant guère. Le noiraud se demandait si il était toujours à la morgue, même si l'idée le terrifiait toujours. Malgré tout la curiosité l'emporta et il retourna à l'endroit où tout avait à la fois fini et commencer.
Les couloirs étaient toujours aussi sombres rendant l'endroit plus lugubre qu'il ne le devrait. Sur sa route il avait croisé Jaehyun et Kun, deux des trois hommes en blouse blanche qui l'avait amené ici. Il avait traverser l'un deux, provoquant un frisson désagréable sur celui ci. Le défunt prit mentalement note de ce qu'il venait de se produire et continua sa route jusqu'à revenir dans la pièce maudite. Il inspira un bon coup avant de pénétrer à l'intérieur, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine.
La dame en robe de la dernière fois se trouvait là avec le jeune homme qui l'avait touché en premier. Les deux esprits se retournèrent et le saluèrent, visiblement content de le voir ici.
- Tiens un revenant, si je peux dire ainsi.
- Bonjour. Je ... Je voulais m'excuser pour la dernière fois.
- Y'a pas de mal petit, c'est compréhensible. J'aurais réagis de la même façon si j'avais été à ta place.
La femme s'installa sur le sol et invita Jeno à faire de même. Le garçon, qui jusque là n'avait rien dit, leur avait fait un signe de la main avant de s'éclipser.
- Il va voir sa fiancé. Elle est pour le moment toujours en vie mais son état se détériore.
- Oh, je vois. Je peux vous poser une question madame ?
- Appelle moi Momo. Je t'écoute.
- Vous n'êtes pas obligé d'y répondre si vous le ne souhaité pas mais pourquoi vous auriez réagis différemment si vous aviez été à ma place ?
- Tu n'es sûrement pas mort par choix de ce que j'ai pu voir. Moi, je savais que j'allais mourir car j'ai moi même mit fin à mes jours. J'ai été surprise au début mais c'était un choix, je ne pensais juste pas finir comme ça.
La jeune femme passa une main dans sa longue chevelure noire, un air triste sur son beau visage. Son mascara tâchait toujours son faciès et sa robe noir lui donnait l'impression qu'elle était un croc mort. Chic mais un croc mort quand même.
- Je suis ici jusqu'à ce que je trouve la paix. J'en ai croisé du monde et je ne te cache pas que c'est difficile de voir les esprits aller et venir sachant que toi tu es coincé là.
- Pourquoi ? Vous ne pouvez pas vous balader ?
- Si mais je ne peux pas vraiment partir, je ne préfère pas vraiment parler de ça. C'est compliqué et ... Malgré le temps qui passe, ça reste douloureux.
- Je vois, pardon.
- Il n'y a pas de mal. Mais je ne pensais pas te recroiser un jour.
- C'est en me baladant que je suis revenu ici, inconsciemment.
- Je parlais pas vraiment de ça. J'ai cherché pendant un moment mais j'ai fini par me souvenir, je t'ai déjà croisé de ton vivant, dans cette même pièce.
Le noiraud tourna vivement le regard vers Momo. La jeune femme semblait sérieuse et elle n'avait de toute façon aucun intérêt de lui mentir.
- Je ... Comment ?
- Tu étais venu avec d'autres gens pour voir un garçon de ton âge je dirais. Tu pleurais toutes les larmes de ton corps. Enfin tout le monde était dans le même état que toi mais tu es celui qui m'a le plus marqué. L'esprit du garçon pleurait à tes côtés et je me souviens qu'il avait essayé plusieurs fois de te prendre dans ses bras, sans succès. Je ne me souviens pas de son nom par contre.
- Ce n'est pas grave, c'est déjà très gentil de me partager ce souvenir.
- Je t'en prit, c'est difficile cette perte de mémoire quand on meurt. Comme si on ne voulait pas se souvenir de notre vie antérieure. Mais ne t'en fais pas, ça revient rapidement en général.
- Merci beaucoup Momo.
- De rien. Si jamais, des membres de ta famille sont venu. Tu vas être enterré bientôt. Je ne suis pas non plus une grande experte et tu fais ce que tu veux mais je te conseille d'y aller. C'est en général à ce moment là que les défunts récupèrent la mémoire.
- D'accord, merci infiniment. Je vais devoir partir mais j'espère qu'on se reverra.
- Dans de meilleurs conditions j'espère. Merci pour m'avoir tenu un peu compagnie.
Momo lui offrit un beau sourire que Jeno s'empressa de retourner. Il venait d'en apprendre un peu plus sur lui même si ça restait relativement flou. Il se releva et s'apprêta à partir quand la jeune femme lui attrapa doucement le poignet.
- Il avait un bracelet avec un pendentif, un tigre je crois. Si ça peut t'aider.
- Merci Momo. Au revoir.
- Au revoir petit, à bientôt j'espère.
Le noiraud quitta l'hôpital, son cerveau en ébullition. Il savait maintenant que sa famille allait l'enterré et qu'il pouvait y aller pour obtenir des réponses. Mais une question demeurait toujours : quelle relation avait-il eu avec Sungchan pour venir le voir dans une morgue ?
***
Deux jours supplémentaires avaient passé. Jeno avait finalement retrouvé sa famille et avait appris par la même occasion où son corps allait être placé. Sungchan et lui n'avait pas vraiment reparlé de leur discussion sur le balcon, le brun évitant le sujet. Le plus grand c'était montré chaleureux et avait été absolument adorable avec le nouvel esprit une fois de retour à son appartement, comme s'il voulait détendre un peu l'atmosphère. Le cœur du noiraud agissait bizarrement à chaque fois que son hôte avait une attention pour lui, comme si lui n'avait finalement pas oublié le jeune homme.
Aujourd'hui était le grand jour. Jeno allait se rendre à son enterrement. L'idée même de la chose le terrifiait mais il voulait avoir des réponses, en apprendre plus sur lui et son décès. Et surtout il voulait enfin retrouver un maximum de souvenir afin de savoir ce qu'était le brun pour lui. Le jeune homme était tellement tendu qu'il lui avait été difficile de s'asseoir sur le canapé aux côtés du propriétaire des lieux.
- Détend toi Jeno. Tu n'es pas obligé d'y aller tu sais, si tu veux on peut rester ici ensemble et discuter ou bien aller se balader.
- C'est gentil mais je dois savoir ce qu'il m'est arrivé. Je veux savoir comment j'en suis arrivé là et surtout dans cet état. Je ... Je veux te reconnaitre aussi.
Il murmura sa dernière phrase, presque honteux de faire cette révélation à son ami. Sungchan lui avait demandé de répéter mais il n'en fut pas capable, se levant du divan et se dirigeant vers la porte d'entrée afin d'éviter le regard du jeune homme.
- Je reviens dès que c'est fini.
- Très bien ... Tu veux que je vienne avec toi ?
- Je ne veux pas te forcer à faire ça. Je ... Je te reviens vite Chan.
L'esprit passa à travers la porte, le cœur battant. Il ne savait pas ce qui lui avait prit mais c'était la première fois qu'il donnait un surnom à son guide en l'espace de quatre jours. Ce dernier était venu naturellement, comme si c'était normal. L'envie de retourner près du brun était assez forte mais il devait en apprendre plus, il devait connaître la vérité.
Le trajet jusqu'au lieu de cérémonie ne fut pas très long même si ça lui avait paru des heures. Il avait assisté avec une grande émotion au discours de sa mère, qui lui avait coupé le souffle. Le noiraud avait pleuré à chaudes larmes tout du long, il n'y avait pas vraiment pensé avec tous les derniers évènements mais sa famille allait lui manquer et il n'allait plus jamais passer de moment avec eux ni les prendre dans ses bras. Le noiraud eut du mal à suivre la cérémonie mais il resta aussi fort qu'il le put, malgré la douleur qui lui transperçait le cœur. Il avait prit place à la droite de son père qui pleurait à chaudes larmes. Jamais son paternel n'avait pleuré devant lui, il avait toujours été le moins expressif de ses deux parents. De le voir dans cet état lui faisait encore plus mal, non seulement sa famille allait lui manquer mais il allait manquer aussi à ses proches.
Jeno laissa la salle se vider et resta seul avec son propre corps un instant. Les personnes en charge de porter son cercueil était en discussion avec son paternel, lui permettant de passer un moment rien qu'avec lui. C'était étrange pour lui de se retrouver une nouvelle fois face à lui, même si officiellement il ne pouvait pas voir son enveloppe charnelle. Sa main se posa sur le bois blanc, ne passant pas à travers pour le première fois. Dans un sens, le noiraud ne savait pas s'il souhaitait vraiment toucher son corps sans vie. Même si c'était le sien ça restait un peu glauque.
Le jeune homme sentit ses doigts picoter, la sensation se propageant bientôt dans tout son corps. Son crâne commença à lui faire mal et bien vite les souvenirs de sa mort lui revinrent. Jeno se voyait entrain de faire son service dans le restaurant où il travaillait. Il était sorti dehors pour fumer une cigarette à sa pause, côté sortie de secours vers les cuisines. Il se trouvait dans une toute petite ruelle sans issue vers les énormes bacs à poubelles de son lieu de travail. Il semblait triste, vraiment triste. A son poignet pendait un petit bracelet blanc avec un pendentif en forme de chiot. Le noiraud l'observa longuement, les larmes lui montant aux yeux. Et puis, tout ce passa très vite.
Trois hommes habillés avec des vêtements sombres étaient venu vers lui. Il ne connaissait pas leurs noms mais une chose était sûre, ils venaient pour lui. L'un deux lui demanda à parler avec le patron, Jeno expliqua qu'il n'était pas là. Il savait que son employeur n'était pas net et que le restaurant était loin d'être idéal mais il ne pensait pas que ce dernier trempait dans de sales affaires. Le plus petits des hommes lui attrapa le bras pour le maintenir contre le mur, lui expliquant de pas faire le malin sinon il en payerait les frais. La suite était un peu flou mais le gérant avait fini par sortir pour voir où en était son serveur. Il se fit menacer et une dispute éclata.
Le serveur ne comprenait pas ce qu'il se disait mais il avait senti quelque chose contre son cou, quelque chose de froid. Il n'entendait plus ce qu'il se passait, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Finalement, une douleur lancinante le ramena à la réalité. Il perdit un doigt, puis un autre et ainsi de suite. La torture dura un moment avant qu'il n'entende son patron mais sa voix lui paraissait si lointaine qu'il ne comprit rien. Il senti son corps tomber sur le sol crasseux de l'allée et lentement la vie le quitté. Il n'avait été qu'un dommage collatéral, il n'aurait pas dut mourir. Il avait été au mauvais endroit au mauvais moment avec les mauvaises personnes. Il avait été sacrifié sans raison.
Jeno hurla. Son corps se mit à trembler et il tomba à la renverse. Heureusement que personne ne pouvait le voir dans cet état. Sa vue se brouilla et il eut du mal à voir son cercueil correctement, ce dernier commençant à devenir flou. Il se souvenait de sa mort et c'était franchement la chose la plus douloureuse qu'il avait vécu. Le noiraud se souvenait de son affreux patron qui trempait dans des affaires pas nettes mais malgré tout il payait bien. Il ne comprenait pas vraiment le pourquoi de sa mort mais il était sûr que c'était à cause de lui, son employeur avait sûrement préféré sacrifié un innocent que sa propre personne.
Mais outre tout ça, un autre éléments l'avait intrigué : le bracelet à son poignet. Il ressemblait fortement à celui de Sungchan mais pourtant quand il se regardait il n'avait pas de bijou. Il avait en revanche tous ses doigts. Le jeune homme se leva difficilement quand les porteurs arrivèrent pour le transporter. Il resta un moment debout sans rien faire, réfléchissant à toute vitesse. Jeno suivit le cortège jusqu'au cimetière, toujours choqué de ce qu'il venait de revivre.
Tout se passa relativement vite et rapidement son cercueil fut recouvert de terre. Il vit sa sœur, en pleure, s'approcher du trou et jeter quelque chose. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour reconnaître le bracelet blanc. Le noiraud senti son cœur se serrer, il ne pouvait pas récupérer le bijou et la plus jeune de la fratrie était prise de spasmes tant elle pleurait. Sa famille resta un moment seule devant son épitaphe, sans un mot. Finalement, ce fut son père qui brisa le silence.
- Au moins il n'est pas tout seul là haut.
Sa soeur se frotta les yeux et hocha la tête.
- Oui, au moins Chan prendra soin de lui. Lui qui voulait tant le revoir le voilà de nouveau près de lui.
- J'ai du mal à me dire qu'on ne le reverra plus jamais, que c'est fini ... Même si le voir déprimé depuis la mort de celui qu'il aimait n'était pas l'image la plus joyeuse, il n'en restait pas moins souriant avec nous. Et je ne sais pas si ... Sans lui ça va faire vide.
Son frère, qui ne c'était pas exprimé depuis le début, éclata en sanglot à la fin de sa phrase. Sa mère se précipité vers lui, prenant son deuxième fils dans ses bras.
- Il va nous manquer à tous. Notre petit rayon de soleil est partie rejoindre le sien. J'aime me dire qu'il est toujours avec nous et qu'il ne quittera jamais. Je suis sûre qu'il veille sur nous comme Sungchan veille sur lui.
- Tu as probablement raison maman, mais ça fait mal. Si mal.
- Je sais mon chéri. Je sais.
La petite famille se regroupa pour se faire un énorme câlin. Jeno prit son frère dans ses bras, entouré du reste de sa fratrie. Le défunt sentit une douce chaleur l'envelopper, comme s'il était vraiment là avec ses proches entrain de les serrer contre lui. L'étreinte dura un moment, personne ne voulant la briser. Le noiraud se retira et se sépara d'eux, conscient qu'il était temps pour lui de retrouver son ami qui devait l'attendre patiemment dans son appartement.
Cet échange avec les membres de sa famille lui avait rappelé une tonne de souvenir. Que ce soit avec eux ou bien avec le brun. Il se souvint de sa relation avec Sungchan, de son sourire, de sa joie de vivre. Il se souvenait l'aimer comme un fou et voir sa vie avec lui jusqu'à la brusque fin du plus grand. Déterminé à parler avec lui, Jeno se mit à courir dans les rues afin d'atteindre plus rapidement l'appartement de l'esprit.
Le noiraud entra en trombe dans le salon à la recherche du propriétaire des lieux. Il trouva Sungchan sur le balcon, ses cheveux flottant légèrement dans le vent. Jeno traversa tous les obstacles avant de se jeter sur le dos du brun. Le plus grand se tourna surprit.
- Jeno ?
Le concerné ne répondit pas et lui attrapa le col de son vêtement et l'attira contre lui. Il déposa ses lèvres contre les siennes, embrassant cette bouche qui lui avait tant manqué. Le plus petit se sentait tellement mal d'avoir oublié son premier et seul amour, même si cet amnésie n'avait duré que quatre jours. Sungchan ne lui rendit pas tout de suite son geste, toujours sou le choc. Il lui fallut un moment pour comprendre ce qu'il était entrain de ce passer et réagir. L'hôte lui encercla la taille de ses bras, collant le corps du défunt contre le sien. Leur échange dura plusieurs minutes, chacun étant heureux de retrouver l'autre.
- Je suis désolé Chan.
- Tu n'y es pour rien, ça arrive à tous les esprits cet amnésie.
- J'ai cru comprendre mais ... Je m'en veux tellement de t'avoir oublié toi. De ne pas t'avoir reconnu. Depuis ton décès dans cet accident, j'ai eu énormément de mal à m'en remettre. Je ne voulais qu'une chose, c'était te retrouver et te serrer contre moi une nouvelle fois. Même si je ne souhaitais pas mourir et surtout pas comme ça, j'ai quand même eu la chance de te retrouver. Je suis désolé d'avoir été aussi distant, aussi triste, aussi ...
- Chut. Tu n'y peux rien. Tu sais, quand j'ai vu que tu m'avais "oublié" j'ai eu mal au cœur mais dans ton regard j'ai revu la même étincelle avec laquelle te me regardait à chaque fois qu'on était ensemble. J'ai su que même si tu ne te souvenais pas, au fond de toi tu m'aimais toujours.
- Je suis si bête. Je suis désolé.
- Ne le soit pas Nono. Ce n'est pas de ta faute. J'ai veillé sur toi à chaque instant et te voir souffrir par ma faute m'a fait du mal. Dans cette ruelle, j'étais là aussi. Mais ... Je n'ai pas pu assister à toute la scène, je ne voulais pas voir ça. Je me suis senti si mal en te voyant ainsi et de voir ton corps au sol m'a brisé. J'ai eu une pensée égoïste en me disant que malgré tout on serait de nouveau ensemble, mais j'ai pensé à ta famille et à ta vie et je me suis dit que j'étais horrible.
- Je n'ai pas pu récupérer le bracelet d'ailleurs ...
- Ce n'est pas grave. Je suis avec toi maintenant.
Le brun se pencha légèrement pour l'embrasser. Jeno sentit la même chaleur que précédemment l'envelopper, comme si il était sur un petit nuage. Sungchan et lui restèrent un moment sans bouger dans les bras l'un de l'autre, profitant simplement de l'instant présent. La séparation avait été brutale et douloureuse et les retrouvailles désastreuses. Mais maintenant que tout était rentré dans l'ordre et qu'ils étaient de nouveau ensemble, rien ne pourrait plus jamais les séparer. Ils n'étaient pas mort ensemble mais ils seraient maintenant tous les deux pour l'éternité.
Voilà ! Un beau bébé de presque 8000 mots x) Je suis vraiment désolée pour cette fin, elle est désastreuse. J'ai abrégée car c'était déjà trop long et je suis vraiment désolée pour cet OS, dans ma tête l'idée était bien mais finalement c'est un peu claqué :/
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !
A la prochaine :)
S~
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