Hendery X DoYoung
Les pans de son Hanfu précieusement enroulés autour de son corps, comme une barrière protectrice pouvant le protéger de la folie extérieure, GuanHeng se terrait derrière les tentures de son imposant lit. Le prince était blême, ses lèvres bleues de peur et ses pupilles terrifiées accrochaient chaque ombre de la pièce. De sa chambre, il entendait les hurlements de douleur et de rage. Son nez habitué aux parfums délicats captait l'odeur capiteuse et métallique du sang frais qui coulait à flot. Ses mains tremblantes étaient cachées par les manches amples du vêtement, alors que la jupe longue couvrait ses pieds et s'étendait sur les couvertures comme une coulée de soie flamboyante.
Les longues mèches noires du jeune homme, encore peu de temps auparavant soigneusement coiffées dans une coiffure élégante convenant à son rang, étaient emmêlées et imbibées d'une sueur acide qui témoignait de sa peur. Le prince plaqua ses mains contre ses oreilles dans l'espoir d'étouffer les râles d'agonie qu'il percevait, et il éclata en sanglots silencieux, le cœur douloureux et pétrifié par l'angoisse.
La fenêtre éclata en mille morceaux de verre sous l'impact d'une flèche. Le trait mortel se ficha à quelques centimètres des orteils du jeune homme qui ne put refréner un cri. Il se recroquevilla encore plus sur lui-même, ses pleurs redoublant de violence comme en écho à ce qui se passait dans la cour du palais impérial. GuanHeng était seul dans sa tour de pierre et de tissu précieux, abandonné des siens comme un boulet inutile. Il aurait aimé fuir, vivre, mais il n'en avait pas le courage. Il ne pouvait même pas se lever de son lit tant ses jambes flageolaient et que son cœur menaçait d'exploser.
La porte de la suite princière s'ouvrit violemment. La respiration du jeune homme se coupa et il ferma les yeux, pensant sa dernière heure déjà venue. Pourtant, plutôt que de sentir le froid de la mort, ce fut une étreinte chaude et humide qui s'enroula autour de lui. Les yeux du prince s'ouvrirent en grand alors qu'il reconnaissait le parfum familier, même si ce dernier était entaché par l'odeur de rouille et d'hémoglobine. Ses mains sortirent immédiatement des plis de sa robe pour aller s'accrocher au dos de la chemise de l'homme, ses sanglots reprenant de plus belle.
- GuanHeng, nous n'avons que très peu de temps. Il faut que tu te changes au plus vite et que tu partes loin du palais.
Les orbes noirs de la figure impériale se posèrent sur le visage entaillé et maculé de sang de l'homme. Ses doigts immaculés glissèrent sur les blessures avec douceur, l'horreur se peignant sur ses traits alors qu'il en dénombrait de plus en plus sur le peu de peau qu'il pouvait voir. Les mains du soldat s'enroulèrent autour de ses poignets pour le stopper dans son exploration et il plongea son regard dans le sien.
- GuanHeng, je t'en prie. Il faut faire vite, le palais va bientôt tomber. Si les révolutionnaires te trouvent ils te tueront.
- Mais je n'ai rien fait de mal, gémit piteusement le Chinois.
DoYoung essuya les larmes qui ravageaient les joues de son prince, dans un geste à la fois doux et rude. Il savait que GuanHeng n'y était pour rien, au contraire le prince, troisième dans l'ordre de succession, avait toujours été apprécié du peuple à la différence du reste de sa famille. D'une gentillesse sans égale, il lui arrivait régulièrement de fuir la demeure impériale pour se rendre dans les bas-fonds de la société pour apporter de la nourriture chapardée en cuisine aux orphelins de la capitale. C'était une chose qu'il faisait depuis son plus jeune âge, comme apporter des soins lorsqu'il le pouvait.
Cependant les dernières prises de décisions de l'empereur avaient effacé de l'esprit du peuple tout ce que son plus jeune fils avait pu faire. Accablés par les taxes, le mauvais temps et la famine, les gens du peuple se rebellaient. Mais comment leur en vouloir songeait le soldat. Ils se tuaient à la tâche, n'avaient pas de quoi se nourrir, alors que leurs dirigeants se pavanaient dans leurs hanfu de soie en gâchant ce pour quoi eux trimaient. Ce n'était pas juste pour GuanHeng qui n'avait rien à voir avec le reste de sa famille, mais le désespoir ne demandait pas la justice. Il demandait satisfaction et que la situation change. Il fallait que la dynastie impériale disparaisse. C'était la seule solution que le peuple avait trouvé à ses malheurs. Même si cela signifiait tirer un trait sur toutes les bonnes actions d'un garçon innocent qui n'avait que commis pour crime d'être né dans la mauvaise famille.
- Je sais que tu n'as rien fait de mal mon prince, mais ce n'est plus la question. Il faut se dépêcher à présent.
DoYoung aida le jeune homme à se hisser sur ses jambes tremblantes puis à se dévêtir. Il lui tendit des vêtements qu'il avait pris à la buanderie des travailleurs du palais et l'aida à s'habiller. Le prince avait toujours eu des servantes à sa disposition et il était incapable de le faire par lui-même, à sa plus grande honte. Rougissant d'être nu devant le soldat, le Chinois se hâta de se glisser dans les habits. Il grimaça au contact de la matière rigide et irritante contre sa peau sensible mais il pinça les lèvres et ne dit rien. Il n'était pas en mesure de se plaindre ni de continuer à pleurnicher comme un enfant. L'étranger lui noua sa ceinture et lui ceint les bottes de cuir usé similaires aux siennes. GuanHeng recula alors que l'autre dégainait sa dague et s'approchait dangereusement de lui.
- DoYoung ? Qu'est-ce que tu fais ?
- Ne bouge pas.
Une vague de panique ébranla le plus jeune mais, comme précédemment, il fut incapable de bouger ou de se débattre alors que la lame acérée s'approchait de plus en plus de lui. Les yeux clos au point d'en avoir mal, les épaules raides, GuanHeng tressaillit lorsque l'autre se saisit de ses cheveux. Il sentit un rapide tiraillement puis un nouveau et encore un autre mais aucune douleur. Un peu rassuré de ne pas être blessé, il souleva une paupière et hoqueta en avisant l'épaisse masse brune à ses pieds. Ses doigts allèrent immédiatement se perdre dans ses mèches sombres et il glapit en sentant qu'elles ne lui arrivaient plus qu'au milieu du cou.
- Tu as vraiment cru que j'allais te faire du mal ?
La voix peinée du soldat détourna l'attention du prince de son massacre capillaire et il posa sa main sur la joue blessée. Il s'en voulait d'être peureux au point d'en blesser les gens qu'il aimait.
- Tu sais comment je suis DoYoung, j'ai peur de mon ombre, avoua honteusement le plus jeune. Alors une arme, même si c'est la tienne, ça me terrifie. Je suis désolé. Pourquoi mes cheveux ?
- Je sais... Tu as déjà vu un homme du peuple avec une chevelure aussi longue et brillante ? Ça ne servirait à rien de t'habiller comme eux si le reste te trahit aussi facilement.
Le prince baissa la tête les joues rouges. La situation et les démarches à faire paraissaient tellement évidentes pour son compagnon armé alors que lui se sentait totalement dépassé par la situation. S'il n'avait dû compter que sur lui-même, il ne faisait aucun doute qu'il serait encore en train de geindre sous ses couettes en attendant que la faucheuse ne vienne le chercher pour son dernier voyage. Une fois qu'il fut prêt, son aîné ouvrit la porte et regarda si le champ était libre avant de lui faire signe de venir.
GuanHeng le regarda comme une biche face à un chasseur, ses grands yeux noirs écarquillés. Le soldat esquissa un sourire tendre, avant de lui tendre la main. Avec précautions, le plus jeune la saisit et s'y accrocha farouchement, resserrant sa poigne et sursautant au moindre bruit.
- DoYoung... qu'allons nous faire ? J'ai peur...
- Je sais, mais je suis avec toi et je te protégerai d'accord ? Nous allons rejoindre le bâtiment ouest en passant par les hauteurs, ce sera le plus rapide mais aussi le plus dangereux donc reste près de moi.
L'ouest était le point le plus éloigné de l'entrée principale du palais, il était quasi certain que le peuple ne s'y était pas encore rendu les portes n'étant pas encore tombées même si cela ne saurait tarder encore bien longtemps. Le prince cessa de se cramponner à son protecteur pour que ce dernier puisse se saisir et manier son épée correctement. Au pas de course, ils traversèrent les appartements des princes, vides.
- Mes frères sont ils protégés ?
Le soldat ne répondit rien, mais ses traits se tendirent. GuanHeng baissa la tête. L'autre n'avait pas besoin de formuler une phrase, son attitude lui avait révélé tout ce qu'il souhaitait savoir. Sa famille avait dû s'enfuir loin du palais dès les premières lueurs de la révolution, le laissant seul à la merci des vengeurs. Il savait qu'il était loin d'être le favori de ses parents, qu'il n'hériterait jamais de rien tant il était loin de la succession du trône, mais savoir qu'il avait été volontairement abandonné lui brisait le cœur.
- Je suis là mon prince.
Le jeune homme força un sourire triste.
- Je sais, et je t'en suis très reconnaissant. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, merci DoYoung.
Ils continuèrent de marcher rapidement, les bruits de combat se faisant de plus en plus proches. Les portes principales étaient tombées, l'armée révolutionnaire était entrée dans le palais alors qu'ils n'avaient parcouru que les deux tiers du chemin envisagé. Le soldat intima à son protégé de presser le pas, même s'il était essoufflé de faire autant d'efforts d'un coup. Un homme surgit d'un couloir adjacent, ses robes luxueuses chuintant dans son sillage. DoYoung tendit le bras derrière lui et empêcha l'héritier d'avancer plus.
- DoYoung ? C'est l'un des conseillers de mon père, qu'est-ce qui se passe ?
- Reste derrière moi, siffla l'étranger.
Deux hommes sortirent de l'ombre du dignitaire et se postèrent à ses côtés, armes sorties. GuanHeng se figea, son regard perdu alternant entre les différentes personnes présentes.
- Conseiller Qin, qu'est-ce que tout cela signifie ?
- Voyons mon prince, vous n'avez toujours pas saisi ? Vous êtes mort pendant l'attaque.
- Que- ? Mais non voyons, vous voyez bien que je suis devant vous conseiller !
- Ce que veut dire le conseiller c'est que tu n'es pas censé survivre à cette guerre. Tu n'es pas resté seul dans tes appartements par hasard, soupira lourdement le soldat. L'empereur ne veut pas que tu t'en sortes, tu leur serais bien plus utile mort que vivant.
- DoYoung ?
- Vous n'êtes que le troisième fils, vous n'avez pas de pouvoir, vous n'apportez rien à l'empereur, enchaîna durement le vieil homme. Mais si vous périssez lors d'une révolte, alors vous avez enfin une utilité. Les puissances alliées se feront un plaisir d'aider l'empereur à reconquérir le trône sous prétexte de venger l'héritier adoré et perdu tragiquement. D'un autre côté, l'impératrice et ses fils ne seront plus aucunement menacés par votre existence.
D'un signe de main du noble représentant du régime impérial, les deux hommes qui l'accompagnaient s'avancèrent vers le prince, prêts à accomplir leur tâche. DoYoung se plaça devant son protégé.
- Chien ! Tu oses te dresser devant tes maîtres ? Tu n'es qu'un étranger que l'empereur a eu la bonté d'accepter au palais, comment oses-tu aller à l'encontre de ses ordres ?
- L'empereur m'a donné à son troisième fils, le prince Huang GuanHeng. C'est à son service que je suis, à celui de nul autre.
L'héritier eut le souffle coupé. Ses parents voulaient le voir mort, c'était encore différent de l'avoir abandonné. Ils souhaitaient qu'il périsse. La main de son protecteur qui appuya contre son torse le fit reculer de plusieurs pas, juste assez pour que l'autre puisse parer le premier coup d'épée sans le blesser.
Abasourdi, les épaules voûtées, GuanHeng se laissa tomber au sol, loin du combat. Sa famille l'avait jugé inutile mais avait-elle tort ? Il était là, regardant simplement son protecteur se battre et mettre sa vie en jeu pour protéger la sienne, mais était-ce vraiment utile ? Est-ce que sa vie valait réellement la peine que DoYoung risque la sienne ainsi ?
Le soldat et son adversaire se tournaient autour, frappant et parant à tour de rôle dans de puissants crissements de métal, entaillant la chair et faisant gicler le sang. Le prince blanchit. Il voyait les vêtements de son aîné se teinter de pourpre et s'imbiber de fluide. Un éclat vif attira son regard sur le côté et un cri silencieux se bloqua dans sa gorge. DoYoung ne pouvait le voir, mais l'acolyte de son adversaire venait de se glisser dans son dos, arme levée prête à tuer. Dans une pulsion dictée par son instinct et poussé par l'adrénaline, le jeune homme bondit sur ses pieds et se projeta contre le traître, lui faisant perdre l'équilibre au point de chuter au sol.
- GuanHeng !
L'exclamation de son protecteur lui fit rapidement reprendre ses esprits, et il s'accroupit de justesse pour éviter d'être décapiter par l'adversaire de DoYoung qui avait réussi à passer la garde de ce dernier. Le Coréen lui ne manqua pas son coup en retour, et la tête de l'homme roula jusqu'aux pieds du dignitaire écœuré. Il profita du fait que celui qui avait essayé de l'attaquer en traître soit au sol, sonné, pour l'exécuter avant de se tourner vers le commanditaire de l'attaque.
- Si vous souhaitez mourir ici libre à vous, nous y allons.
Son épée légère dans une main, il attrapa la main du prince de l'autre et l'attira contre son flanc. Ils passèrent sans un regard pour le conseiller, figé. A partir de là les couloirs étaient vides, mais les bruits de conflit qui jusque là semblaient assez lointain étaient à présent proches.
- Cette altercation nous a pris trop de temps, si nous n'accélérons pas ils vont nous rattraper. GuanHeng, va plus vite.
Le jeune homme s'exécuta, et dans un même temps glissa sa main immaculée dans celle caleuse de son protecteur. Les doigts de celui-ci s'enroulèrent automatiquement autour et la pressèrent doucement. Le prince déchu sentit une partie du poids qui pesait sur son cœur et ses épaules s'enlever. DoYoung était avec lui et il ne le laisserait jamais tomber, sinon il ne serait pas revenu le chercher alors qu'il aurait pu fuir. Après tout rien ne le retenait au palais.
Le soldat avait été fait prisonnier lors d'une bataille contre un pays voisin, plus d'une dizaine d'années auparavant. Séquestré, torturé, puis façonné comme l'empereur le souhaitait, il avait ensuite été donné en cadeau au troisième héritier pour ses treize ans. Sept ans plus tôt, GuanHeng rencontrait le premier Coréen de sa vie et son seul protecteur. L'étranger avait alors huit ans de plus que lui, ne parlait pas la langue du noble, et était aussi froid que le plus glacial des hivers chinois. Il avait terrifié le jeune prince qui avait mis plusieurs mois avant de lui adresser la parole. Il avait alors compris le parcours qu'avait dû traverser son aîné et s'était dit que c'était une réaction logique, qui irait faire la discussion avec une personne du peuple l'ayant emprisonné ?
La loyauté sans faille de DoYoung fut ce qui les lia. Si GuanHeng était persuadé que son garde attitré n'était là que pour faire décoration et que finalement il se fichait de lui comme tous les autres, il eut rapidement la preuve que non. Son frère aîné l'avait enfermé dans l'une des salles inoccupées du palais, par ennui ou méchanceté le plus jeune n'en sut jamais rien, mais DoYoung qui gardait toujours un œil sur lui vint quasi immédiatement le délivrer en même temps qu'il donna une leçon à l'héritier en titre. Une correction qui lui valut une sanction et des coups de fouet mais qui fut le début de sa relation avec le troisième fils.
De retour auprès de son maître, malgré ses blessures, il n'avait rien laissé paraître de son état jusqu'à ce que GuanHeng, qui entrait dans sa quatorzième année, ne lui donne l'ordre d'être soigné. Le plus jeune avait profité des soins pour faire la conversation, seul d'abord, puis au bout de plusieurs semaines il eut quelques réponses. Maladroites, incomplètes et parfois n'ayant rien à voir avec ce qu'il demandait, mais c'était déjà mieux que rien. Après cela ce fut le prince lui-même qui donna des cours au soldat pour lui apprendre la langue de l'empire. Discrets, leurs rendez-vous permirent à l'étranger de progresser très rapidement et une année plus tard il parlait presque aussi bien que les autres du pays.
GuanHeng n'avait jamais su quelle était la nature exacte des sentiments que nourrissait le Coréen pour lui. Il le protégeait, l'aidait, le regardait parfois avec tendresse, mais n'avait jamais eu le moindre geste réellement affectif pour lui. Quelques très rares fois leur corps s'était collé l'un à l'autre le temps d'une brève poignée de secondes, comme un rêve fantomatique, mais jamais plus. Alors quand la révolution avait éclaté, le prince s'était presque attendu à ce que le soldat ne le laisse seul et s'en aille reprendre la vie de liberté qui lui avait été dérobée depuis tant de temps. Qu'il le laisse seul avec ses peurs, ses doutes, et cet amour dévorant qui le rongeait depuis des années. Mais il était revenu, pour lui. C'était battu pour lui, et à présent le guidait vers leur seul espoir de survie. Et il l'appelait par son prénom, chose qu'il n'avait jamais fait avant et qui gonflait la poitrine du prince déchu de bonheur.
- DoYoung ?
Un bref regard de l'autre lui appris qu'il l'écoutait même au beau milieu de leur course effrénée et GuanHeng invoqua tout son courage.
- Je sais pas si on va s'en sortir, je l'espère sincèrement. Mais si jamais ce n'est pas le cas je voulais te confesser mes sentiments avant qu'il ne soit trop tard.
- Ne dis rien. Je sais.
La déclaration brève et nette du soldat coupa le jeune homme dans sa lancée, mais le regard doux qu'il lui adressa le rassura. Ce n'était pas un rejet, simplement une promesse qu'il aurait tout le temps de se confesser plus tard, qu'ils allaient s'en sortir sains et saufs.
Nda :
Première fois que je fais un truc pseudo historique, c'était rigolo x) En vrai je trouve que Hendery a trop une allure princière, impossible de penser à autre chose depuis que le générateur m'a sorti ce pairing ^^" J'espère que ça vous a plu et je vous laisse avec Salia pour le prochain Os, de mémoire c'est encore quelque chose d'assez improbable xD
N'hésitez pas à laisser vos avis et merci pour vos lectures/votes/commentaires. Ça nous fait vraiment super plaisir que ce que l'on écrit vous plaise <3
Dalion~ KIss :3
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