Doyoung x Jungwoo


— COURS !

Doyoung se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Sa main trouva immédiatement la poignée de son arme et il se mit debout d'un bond. Un haut-le-cœur lui serra soudainement le ventre et il fit quelques pas pour aller rendre le maigre contenu de son estomac. Sa bouche était pâteuse, un goût amer, répugnant, ne voulait pas le quitter.

Le jeune homme passa ses doigts dans sa chevelure humide, poissée autant de sang, que de crasse et de sueur. Depuis combien de temps n'avait-il pas eu le luxe de se laver ? Deux semaines ? A moins que ce ne soit trois. Dans l'enfer qu'était devenue sa vie il avait perdu la notion du temps. Doyoung resserra sa prise autour de la vieille batte de base-ball qui le ne quittait plus depuis le début de l'horreur. Usée, des morceaux de bois commençaient à se détacher et une fissure inquiétante la parcourait, elle n'en avait plus pour longtemps. A l'image de son propriétaire.

Doyoung traversa la pièce où il était réfugié en compagnie de quelques autres. Il ne les connaissait pas avant, ne les connaissait pas plus maintenant et ne le souhaitait pas. S'attacher c'était se condamner et condamner l'autre. Le jeune homme avait de la fièvre, il le sentait aux courbatures de son corps, à sa vision trouble et ses difficultés à se concentrer. Cette fièvre signait sa mort prochaine et il le savait, il devait juste tenir encore un peu pour s'assurer que Jungwoo était en sécurité. Rien d'autre n'avait d'importance à ses yeux.

Ils avaient été séparés la semaine précédente, alors qu'ils fuyaient comme s'ils avaient le diable aux trousses. Doyoung esquissa une moue amère, la comparaison était atrocement réaliste et l'expression n'avait plus rien d'amusant. Leur squat avait été déniché et le jeune homme serait prêt à tuer l'abruti ayant trahi leur position s'il n'était pas déjà mort. Les règles étaient strictes dans les camps pour une raison, mais non. Il avait fallu que l'un d'eux se pense invincible et qu'il décide de mettre un peu de musique pour « remonter le moral des troupes » comme il avait dit. Doyoung serra les poings, une écharde lui rentrait dans la peau mais c'était sans importance.

Le noiraud salua la jeune femme qui était chargée de veiller sur eux pour cette nuit et elle ne tenta pas de l'arrêter. L'espoir avait déjà disparu dans son regard, elle n'agissait plus que par automatisme et Doyoung al comprenait. S'il ne devait pas s'assurer que Jungwoo allait bien alors certainement qu'il serait devenu complètement apathique. Il n'avait plus de famille, plus d'amis, comme les autres, mais il avait encore Jungwoo. 

Le jeune homme s'engouffra dans la nuit noire de Séoul. Il ne reconnaissait pas la si belle capitale qui l'avait vu naitre et grandir. Les bâtiments n'étaient plus que ruines et désolation, une immonde odeur de chair putréfiée régnait dans l'air et le silence. Un silence effrayant qui lui transperçait l'âme et les os. Ce n'était pas naturelle pour cette ville habituellement si peuplée, si vivante, d'être comme une terre abandonnée.

Doyoung avançait d'un pas à la fois prudent et rapide. Son temps était compté, il ne pouvait se permettre de lambiner. D'un autre côté, s'il attirait l'attention d'indésirables alors jamais il ne retrouverait Jungwoo.

Un flash obscur troubla sa vision et il vacilla. Son corps tomba contre un mur en pierre dans un état encore relativement bon et il haleta, une douleur lancinante remontant le long de son bras jusqu'à son cœur. Doyoung grimaça en relevant la manche de sa veste. L'odeur était immonde, à l'image de celle qui contaminait la rue. Il avait envie de vomir. L'empreinte d'une dentition se devinait à peine tant la chair avait noirci en l'espace de quelques jours. La peau était suintante, boursoufflée. Il n'y avait plus aucun espoir pour lui. Son sang avait noirci, de même que les veines qui remontaient le long de son bras. La contamination avait trop avancé, enfin, ce n'était pas comme s'il existait un remède de toute façon.

Doyoung baissa sa manche en entendant du bruit et il se remit correctement debout. Un râle, profond, incapable de formuler un mot correct mais qui le fit frémir jusqu'au plus profond de lui-même. Il était tout près de ces choses mais cette fois il ne pourrait pas les contourner. Les informations qu'il avait pu récolter lui indiquaient que Jungwoo se trouvait au bout de cette ruelle. Il n'y avait qu'un seul moyen d'y accéder et elles étaient sur son chemin. Doyoung fit rapidement tournoyer la batte dans sa main et essuya la sueur qui coulait devant ses yeux à l'aide de sa manche. 

Un sourire empreint d'une folie malsaine se dessina sur son visage aux traits fatigués. Jungwoo l'avait complètement rendu dingue, il avait le garçon dans la peau au point de passer les dernières heures de sa vie à aller affronter des monstres pour lui.

Il devait y aller, il n'avait pas le luxe de perdre du temps. Il s'avança dans la ruelle en faisant attention à ne pas faire de bruits mais il fut incapable de réprimer le hoquet de dégout qui lui échappa. Il avait cru que l'odeur venait des monstres, mais... le charnier devant lui racontait une toute autre histoire. Il détourna les yeux rapidement pour ne pas se laisser déconcentrer malgré la puissante envie de vomir qui lui secouait les tripes. Trahi par son incapacité à rester de marbre face à une telle horreur, il dut se résoudre à user de ses maigres forces pour combattre.

Le bois de son arme percuta avec puissance le crâne décharné de l'une des créatures, l'éclaboussant en retour d'un sang aussi noir et putride que le serait bientôt le sien. Le coup avait été suffisamment fort pour que la chose ne se relève plus jamais et Doyoung soupira, tremblant. Il en restait trois devant lui et elles ne semblaient pas l'avoir vu. Pourtant, s'il voulait faire sortir Jungwoo de là, il devait libérer la voie.

Une dizaine de minutes plus tard il fracassa le visage du dernier monstre qui rampait sur le sol pour lui attraper la jambe. Le noiraud essuya la sueur brûlante qui lui irritait la nuque de son unique main fonctionnelle. L'autre l'avait abandonné pendant l'affrontement. Le poison répugnant qui coulait dans ses veines soustrayait peu à peu son corps à son commandement en même temps qu'il brouillait sa conscience.

Sa main appuya sur la poignée du bâtiment qui céda sans aucune résistance. Doyoung eut envie de rire de désespoir. L'humanité affrontait des monstres sortis de nulle part, qui ne mourrait que si leur crâne explosait en morceaux mais qui étaient incapables d'ouvrir une porte. Un comble qui ne faisait rire que ceux déjà fous. 

— Jungwoo ?

Sa vois résonna contre les murs de béton nu. Il serra les dents, avançant en regardant attentivement autour de lui. Ses informations ne pouvaient pas être fausses, il n'avait plus le temps d'aller ailleurs. Il se retourna brusquement, sa batte pointée devant lui. Doyoung la baissa rapidement et une grimace tordit sa bouche.

— Taeyong, c'est bien toi ?

Le jeune homme en face de lui n'avait plus rien du brillant étudiant, coqueluche des professeurs et du reste du monde. Il était décharné, ses habits étaient troués et ses grands yeux noirs empreints d'un vide abyssal.

— Jungwoo est au dernier étage, murmura Taeyong d'une voix éteinte.

Il ne dit rien de plus et retourna s'asseoir à même le sol, dos au mur, et se mit à se balancer en fredonnant doucement. Doyoung détourna les yeux. Il ne pouvait rien pour lui, si l'autre n'était pas contaminé il avait en revanche perdu toute envie de se battre, de vivre. Il ne faisait qu'attendre que la mort vienne l'étreindre, sans chercher à la provoquer ou à l'éviter.

Doyoung chercha les escaliers des yeux et pria pour que son corps ne le lâche pas avant d'avoir trouvé Jungwoo. Il y avait une dizaine d'étages, il n'était pas certain d'avoir la force d'atteindre le dernier d'entre eux. 

Il dut faire plusieurs pauses avant d'atteindre son objectif et chacune d'entre elles se faisait de plus en plus longue. Il avait regardé son corps avant de reprendre la dernière montée, l'observant dans un débris de ce qui semblait avoir été un miroir. L'infection avait atteint son cou et une bonne partie de son torse, il ne pouvait plus la dissimuler sous sa veste à présent. L'odeur était atroce.

— Jungwoo ?

Un silence s'étendit sur quelques secondes avant qu'une voix ne lui réponde. Il soupira de soulagement.

— Doyoung ?

Le noiraud s'élança dans la pièce avec ses dernières forces et il fondit en sanglots en repérant son amant, assis sur le sol glacial. Son cadet avait l'air aussi fatigué que lui, d'épais cernes violets mangeaient son visage de poupon et il avait facilement perdu une dizaine de kilos pendant les jours o ils avaient été séparés. Doyoung s'accroupit devant lui, incapable de retenir ses larmes. Jungwoo pleurait tout autant et il essaya de le toucher mais le noiraud se recula.

— Non Jungwoo, souffla Doyoung. C'est trop tard pour moi, je ne veux pas te contaminer.

Le plus jeune ne l'écouta pas à se jeta dans ses bras, ignorant ses protestations. Doyoung la sentit alors, l'infection.

— Non... pas toi...

— Je suis désolé, pleura Jungwoo. J'ai voulu te retrouver mais je savais pas où aller... et il y avait ce petit garçon, il avait besoin d'aide.

— Il s'est transformé devant toi c'est ça ? murmura Doyoung.

Il connaissait Jungwoo, il avait toujours eu le cœur tendre. Si quelqu'un avait besoin d'aide il n'avait jamais pu lui tourner le dos, même si ça devait le mettre en danger.

— Oui, je croyais pouvoir l'aider, je suis désolé.

Doyoung le serra contre lui et lui embrassa les cheveux, le cœur brisé. Il avait espéré que son amant s'en sorte, qu'il puisse vivre pour eux deux. 

— Je ne veux pas devenir un monstre Doyoung, souffla Jungwoo.

— Je ne te laisserai pas en devenir un.

Le noiraud se releva et entraina son amant avec lui. Il la voyait à présent, la trace noire sur l'épaule de l'autre et les veines sombres gonflées. Il le serra contre lui et l'embrassa. Un baiser au goût de malédiction, de mort et de fin. Il ferma les yeux un instant, puis désigna la baie vitrée brisée d'où provenait un vent frais. Jungwoo hocha la tête et ils lièrent leurs doigts.

Ils ne deviendraient pas des monstres. 







Nda : 

Bon, l'angst c'est clairement pas mon domaine mais j'avais envie d'essayer pour une fois x) Je ne suis pas sûre du résultat... Je vous laisse de suite avec l'OS de Salia, c'est fou ce qu'on est productives début Janvier x)

Dalion~ Kiss :3

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