~~ 7 minutes au paradis ~~ Hinata Shoyo

Hello mes petits citrons ! 

Pas d'introduction pour ces plus de 17 000 mots car je me réserve la fin pour vous saouler avec mon blabla.

!!! Spoiler alert aussi si vous n'avez pas lu les derniers chapitres de Haikyuu  !!! 

Bonne lecture ❤️

/i\ Une fois n'est pas coutume, j'ai fait une petite image pour illustrer la fin. Je vous conseille donc fortement de ne PAS scrollez en bas du texte, si vous ne voulez pas vous spoiler la fin. /i\

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— Yachi, c'est ma 3e année... tu crois que je lui plais ? Ou au moins, une toute petite chance que je l'intéresse ?

— Il n'y a qu'une seule façon de le savoir, il faut que...

— Je sais... il faut que j'essaye mais... c'est Shoyo... je veux dire, à part le volley, il ne semble pas vouloir d'autre chose, me lamenté-je, exaspérée, à mon amie Yachi, assise près de moi.

— Avant que tu ne me coupes, j'allais te rappeler les fois où je l'ai déjà surpris à rougir quand vous parliez tous les deux, argumente-t-elle avec douceur pour me remonter le moral. Il n'en reste pas moins un garçon, hein ? Avec un cœur et des envies.

— Oui, mais, c'est juste que... Il rougit à chaque fois qu'une fille lui parle de toute façon... Je ne l'intéresse clairement pas plus qu'une autre.

— Tu le connais bien maintenant, il ne verrait même pas son nez au milieu de sa figure sauf, bien évidemment, si c'est un ballon de volley, et encore... Hésite-t-elle avec un petit rire avant de reprendre. Alors, peut-être qu'il a juste besoin que tu lui ouvres les yeux sur ce que tu ressens vraiment pour lui ? Est-ce que tu as, au moins, remarqué comme il te regarde par moment ? Je ne l'ai pas vu faire ça avec les autres filles.

— Arrête... ne me donne pas de faux espoirs.

— Je ne te dis que ce que j'ai observé, dit-elle malicieusement pendant qu'elle hausse ses épaules.

Je roule des yeux et laisse un soupir dépité vider mes poumons. Je ne veux pas en croire un mot mais elle arrive à alimenter beaucoup trop facilement cet espoir douloureusement fou que, peut-être, on pourrait devenir plus. Observer les gens, c'est le truc de Yachi après tout. Peut être que je devrais l'écouter ? Non mais, je n'y arriverai jamais, ça va être trop difficile de l'avouer à Shoyo. Une déclaration ? Je n'ai clairement pas assez de courage pour ça.

— D'ailleurs, tu viens toujours chez moi, ce soir ? S'enquit-elle ensuite.

— Ben oui, on avait prévu de réviser. Tu as changé d'avis ? Demandé-je tandis que je reviens subitement à des choses bien plus terre à terre.

— J'ai une idée, je vais inviter d'autres personnes, déclare t-elle alors bien trop mystérieusement.

— Qu'est ce que tu as en tête ? la questionné-je, peu rassurée de la voir partir à présent dans une réflexion trop profonde.

— Ne t'inquiète pas, je m'occupe de tout, s'exclame-t-elle après être revenue de ses pensées.

— Si tu le dis... dis-je à moitié convaincu. Est ce que je dois m'inquiéter ?

— Pas du tout ! s'offusque-t-elle faussement avant de redevenir sérieuse. Promets moi juste que, si tu en as l'occasion, tu avoues tes sentiments à Shoyo.

Je souffle sèchement prête à refuser énergiquement mais devant son entêtement si bienveillant, je ne peux que donner mon accord. Au fond, j'ai envie d'y croire. Et puis rien ne me dit que j'aurais à le faire de si tôt.

— Ok... ok, promis... réponds-je négligemment pour sceller cette promesse ridicule.

Elle m'adresse alors un large sourire avant de rejoindre sa classe pendant que je me dirige vers la mienne.

— Elle est marrante... Ça reste quand même plus facile à dire qu'à faire.... marmonné-je dans ma barbe avant de finir par m'asseoir à ma place. 

*****

— Elle m'a bien eu...

Ma mine déconfite provoquée par mes doutes, a sûrement poussé Yachi à vouloir forcer le destin et, la séance de révision prévue à la base, s'est alors transformée en petite soirée informelle chez elle pendant l'absence de sa mère. Et elle a vraiment tout prévu comme promis. Je ne sais pas encore si je suis en colère ou bien reconnaissante envers elle quand je vois débarquer, sous mes yeux ébahis, tous les troisièmes années du club de volley dont elle est manager. Tous les yeux se rivent sur eux et les miens avec. Comment faire autrement quand leur charisme prend possession de toute l'attention avec une telle aisance ? Ou bien, c'est seulement moi qui suis déjà envoûtée par cette tête aux cheveux roux indisciplinés qui s'agite derrière ses immenses amis.

Quand Shoyo pose ses yeux sur moi, je manque de peu de m'étouffer avec ma boisson. Mais c'est le sourire qu'il me lance lorsqu'il réalise que c'est moi, qui rend tout à coup ma respiration incontrôlable. Il me prend par surprise et je deviens brusquement impuissante. Je tente malgré tout de finir ma gorgée mais le résultat ne se fait pas attendre: j'avale inévitablement de travers. J'essaye alors de me retenir de ne pas tout cracher et de partir dans une quinte de toux tonitruante mais je suis prise de spasmes tandis que j'essaye de me contenir. Je voudrais avaler mais, à mon plus grand désespoir, le jus déjà présent dans ma bouche en a décidé autrement et trouve le moyen de ressortir par la seule issue possible: mon nez. Au milieu de toute cette tournure cauchemardesque, je veux par-dessus tout rester discrète et tente de cacher l'écoulement honteux pendant que je scrute du regard l'appartement. Pourvu que personne n'ait assisté à ce spectacle déplorable. Et tandis que je pense que rien ne peut être pire, ce que je redoute le plus arrive. Mon faible espoir est aussitôt réduit à néant quand je tombe sur le regard de Shoyo rivé sur moi. Je deviens aussi livide qu'un cachet d'aspirine et je n'ai alors plus qu'une envie, c'est d'aller me cacher dans un coin et disparaître. Pourquoi faut-il toujours que ce genre de chose m'arrive ? Piégée par la situation, je me fais la plus discrète possible tout en cherchant désespérément quelque chose pour m'essuyer. Pendant que je m'affaire, je m'attends inévitablement à ce que Shoyo éclate de rire mais au lieu de ça, je le vois s'avancer vers moi avec une mine concernée.

Arrivé à mes côtés, il me tend une serviette et se met à tapoter gentiment mon dos. 

— Tu vas bien ? S'enquit-il d'une voix douce.

— Oui... j'ai avalé de travers, bredouillé-je alors que je m'essuie avec embarras. Merci Shoyo, ça va mieux, dis-je plus clairement maintenant que j'ai enfin repris mon souffle et épongé les dégâts.

— De rien, ça m'arrive tout le temps. Je bois toujours trop vite, ricane-t-il avec légèreté.

J'ai l'impression de me décomposer sur place. Il a donc vraiment tout vu. Il me sourit pourtant une nouvelle fois chaleureusement avant de s'éloigner pendant que je vais m'asseoir de mon côté.

— Il n'y a pas à dire, c'était une belle entrée en matière, lance alors une voix que malheureusement je reconnais comme appartenant à mon camarade de classe et un autre des coéquipiers de Shoyo.

— Merci Tsukishima mais je me passerais de tes commentaires, lui asséné-je bien plus froidement que nécessaire.

Il hausse les épaules avec son petit air suffisant et s'en retourne aussitôt vers Yamaguchi, sans rien dire. Dépitée, je souffle sèchement et essaye d'oublier aussitôt cette mésaventure qui m'a passablement agacée mais Tsukishima a raison, je le lui accorde. C'était totalement ridicule.

"A ce rythme, ce n'est pas comme ça que je vais gagner en confiance et réussir à faire ma déclaration..." 





Au fur et à mesure que la soirée avance, tous le monde se relaxe et les esprits commencent doucement à s'échauffer. Certaines filles lancent des regards plus appuyés aux garçons et inversement. Pourtant, personne ne semble prévoir de faire plus que de seulement languir chacun dans son côté. Personne ne veut oser et ce n'est pas vraiment étonnant après tout, on reste quand même en comité réduit et il faut du courage pour aller aborder, devant tout le monde, celui ou celle sur qui on a jeté notre dévolu. Pourtant, il y en a qui devraient se faire confiance. Je dis ça mais je ne suis guère mieux dans mon coin à siroter mon jus de fruit et soupirer pendant que Shoyo braille aux côtés de Kageyama, qui en fait de même. Ils se chamaillent encore pour quelque chose ou alors, s'excitent d'un prochain challenge. De toute façon, qu'il soit en colère ou heureux, c'est le même vacarme quand ils sont tous les deux. J'intercepte cependant quelques œillades qu'ils lancent dans ma direction durant leur conversation. Mon cœur fait de délicieux petits bonds quand je croise le regard de Shoyo mais je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'ils peuvent bien se dire.

Yachi, qui vient de raccrocher le téléphone après avoir commandé quelques pizzas, me sort de mes rêveries quand elle vient s'asseoir près de moi. Elle pose sa main sur ma cuisse et me sourit avant de se tourner vers tous le reste de nos camarades qui discutent toujours chacun de leur côté. 

— Et si on pimentait un peu les choses ? Déclare alors subitement mon amie manager. Vous connaissez le jeu des sept minutes au paradis ?

Tout le monde se tourne aussitôt vers elle. Kageyama et Hinata l'observent le regard vide, Tsukishima, de son côté, se met à sourire narquoisement pendant que Yamaguchi commence à rougir en regardant Yachi.

— C'est quoi ce jeu ? Interroge Kageyama avec une curiosité candide, son esprit de compétition aussitôt intéressé.

Ceux qui n'ont pas osé demander se rapprochent alors pour mieux entendre la réponse dont moi, qui ne connaît absolument pas le principe de ce jeu.

— Tout d'abord, deux noms sont tirés au hasard puis, ces deux personnes doivent aller s'isoler, plus ou moins 7 minutes, dans le placard juste là, explique calmement Yachi.

A part cette proximité imposée, jusque-là, rien de bien compliqué. C'est même plutôt simple. Pourquoi je sens alors que les explications ne sont pas finies et que la suite ne va pas forcément me plaire ?

— Ok, et qu'est ce qu'on doit faire une fois qu'on est dans ce placard ? Continue de questionner le passeur de l'équipe.

— Alors la règle, c'est, au minimum, d'embrasser la personne qui est avec vous. Juste un smack fait l'affaire mais après ça, vous êtes libre, déclare-t-elle un peu plus espiègle tout en me lançant un regard appuyé.

Je bondis à l'écoute de cette règle dont j'ignorais tout. Elle m'a piégé en beauté. Je la regarde avec des yeux ronds comme des soucoupe avant d'observer le reste de mes camarades. Je les vois glousser entre eux. Tout le monde a l'air enthousiaste à l'idée de jouer. Je croise ensuite le regard de Shoyo et il est devenu aussi rouge que je dois l'être. Nos yeux n'osent pas trop s'accrocher et se détournent rapidement. J'ai sûrement dû rêver mais, j'ai cru apercevoir un sourire furtif sur ses lèvres. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir plus car Tsukishima se rapproche du groupe.

— Et si on ne veut rien faire ? Questionne t-il avec une certaine appréhension dans la voix, sans doute mal à l'aise à l'idée de se retrouver enfermé et d'embrasser quelqu'un sans son consentement .

Pour une fois, je suis entièrement de son avis. Je ne veux pas me retrouver à échanger un baiser avec n'importe qui. Encore plus si ça tombe sur lui. Si nos noms sont associés par le hasard, je ne sais pas comment je me sortirai de cette situation. Je n'ai aucune envie d'embrasser Tsukishima.

— Si rien ne se passe et bien, vous aurez tous les deux droit à un gage, tranche Yachi.

J'aurais dû m'en douter, ça aurait été trop facile sinon.

— Alors ? Vous voulez jouer ? Conclut-elle enfin en s'adressant à tout le monde.

Je balaye le salon des yeux et vois tout le monde acquiescer avec des sourires plus ou moins prononcés et les mêmes rougeurs sur chacune de leurs joues. Tout le monde est partant, et malgré ma réserve et les doutes sur ma propre chance, j'approuve aussi d'un mouvement de tête peu assuré.  

Des petits papiers sont alors griffonnés avec les noms de tous les participants puis mélangés dans une boîte. Pendant qu'on la referme, ma jambe se met à trembler tellement l'anxiété me gagne.

— Tiens pioche, s'exclame mon amie tandis qu'elle tend la boîte à une camarade de classe afin de débuter le jeu et implicitement, marquer le début d'un moment de stress bien trop démesuré pour ma faible personne.

Qu'est ce qu'il m'a pris d'accepter ? J'ai l'impression que mon cœur va s'arrêter quand elle déplie le papier pour finalement prononcer le nom de Tsukishima et permettre à mon cœur de battre à nouveau.

Les deux désignés se dévisagent et leurs mines montrent alors clairement qu'ils ne sont pas heureux de ce que le hasard leur a concocté. Ils s'éclipsent quand même, à contre-cœur, dans le placard désigné par Yachi et en ressortent assez vite. Seulement une ou deux minutes après avoir réussi à faire rentrer toute la hauteur du volleyeur. Visiblement l'expérience n'a pas été des plus agréables. Même si je suis en plein stress, j'arrive néanmoins à me moquer de la tronche que tire Tsukishima. Douce vengeance après sa remarque de tout à l'heure. Ses déboires m'aident malgré tout à calmer mes nerfs et ça me fait du bien.

Deux autres couples partent encore dans ce placard, dont Yachi qui a eu la chance de piocher Yamaguchi. Je sais ce qui se trame entre eux mais rien n'est officiel. Peut-être que ce jeu va aussi les aider ? Je les regarde s'enfermer et j'attends avec les autres qu'ils finissent leur tour. J'ose à peine lancer un coup d'œil en direction de Shoyo mais quand je me décide, c'est celui bleu nuit de Kageyama que je rencontre à la place de celui orangé que je recherchais naïvement. Je sursaute et je le vois faire de même. Je détourne alors vivement mon regard avant même de voir la suite de sa réaction et c'est à ce moment-là que Yamaguchi et Yachi se décident à clôturer leurs sept minutes au paradis. J'oublie ce qu'il vient de se passer et me mets à espérer que mon amie a passé un bon moment.

Pendant que j'observe s'estomper sur leurs joues, les dernières rougeurs de cet instant intime partagé, je souris niaisement à leur passage. Les choses se font vraiment en douceur entre ces deux là, je les envie vraiment. Et je reste alors à rêvasser là, jusqu'à ce que la réalité me rattrape et qu'on me fasse passer la boite qui renferme les derniers noms.

Il ne reste donc plus que trois potentiels choix. Kageyama, Shoyo et un autre camarade de classe. Ma chance ou pas. Tout va se jouer maintenant. Au pire du pire, je préfère encore me retrouver avec le volleyeur brun boudeur. Une chose est sûre, tous les trois fixent nerveusement le petit récipient que je tiens à présent entre mes mains tremblantes. On est tous aussi rouges les uns que les autres. J'ai l'impression de bouillir sous le regard brûlant d'impatience de toutes les personnes présentes et cette pression est insupportable. Je retiens mon souffle et plonge enfin ma main au milieu du panier avant d'en extirper mon choix et d'expirer bruyamment quand je découvre le nom sur mon bout de papier.

— Sh... Shoyo... baragouiné-je avant de lui montrer aussitôt la preuve.

Je le vois se mettre à sourire à pleines dents avant de se tourner triomphalement vers Kageyama qui se renfrogne.

— La chance est de mon côté ce soir, lance t-il fièrement, le plus naturellement du monde, à l'intention de son ami bougon assis à ses côtés.

Tout est une question de compétition entre ces deux là. Je suis presque persuadée que Kageyama n'a pas vraiment saisi l'importance de ce qu'il doit se passer une fois entré dans le placard mais, et Shoyo ? Il ne semble pas du tout stressé ou angoissé. Peut-être que lui non plus ne sait pas ? Ou bien peut-être que si et qu'il en connaît plus que moi à ce niveau ? Parce que de mon côté, je suis à la fois sur un nuage et en pleine crise de panique. Je n'ai aucune idée de comment gérer cette situation. Ce n'était pas prévu dans mes plans. Bon, il faut dire qu'ils étaient quasi inexistants ces fameux plans, mais tout de même. Je me retrouve au pied d'un mur de presque 1m65 et j'ai tout à coup l'impression qu'il est infranchissable. J'ai pourtant promis à Yachi. J'aurais mieux fait de tenir ma langue.

Lorsque Shoyo arrive à mon niveau, avant d'ouvrir les portes du placard, son regard se pose sur moi et il ne semble soudainement plus si sûr de lui. La réalité paraît le rattraper et son assurance s'effrite quelque peu. Je me mords l'intérieur la joue, incertaine. Yachi se place à mes côtés et m'adresse un clin d'œil entendu avant de me pousser dans l'espace réduit prévu pour que son plan incroyablement rusé continue de se dérouler sans accroc. Elle a signé un pacte avec le démon du hasard, je ne vois que ça.

— Ce n'est pas très grand ici, s'exclame Shoyo alors qu'il pénètre après moi dans ce placard microscopique.

Je ne sais même pas quoi répondre car mon esprit est déjà en roue libre face à tout ce qu'il se passe. Et rien ne s'arrange lorsque je sens sa cuisse frotter contre la mienne suivis de ses hanches qui essaient de s'ajuster aux miennes pour nous laisser libres de nos mouvements afin de nous installer correctement. Je finis par me plaquer contre le mur et lui, contre celui opposé mais, malgré tous nos efforts, nos corps n'ont de cesse de se frôler. Un pied, un genou, ou même un bras. Je sens une fièvre suffocante monter graduellement en moi et pourtant, dès que je peux sentir une de ses caresses fortuites et involontaires, je suis parcouru de frissons incontrôlables. À la fois délicieux et beaucoup trop affolant. Me retrouver avec lui dans ce placard minuscule ne me semble maintenant plus être une si bonne idée pour ma santé mentale. Je ne sais plus quoi faire ni quoi dire et nos regards se fuient même encore quelque secondes avant que je ne fixe mes yeux droit devant moi. Quelle erreur !

Sa carotide semble pulser anormalement vite pendant que sa glotte monte et descend au rythme de ses multiples déglutitions. Sa chemise n'est pas fermée jusqu'en haut et me laisse la chance d'apercevoir le début de sa clavicule. Ce n'est pas beaucoup mais ça me suffit à imaginer la suite de son corps. Rien qu'à cette pensée je me pince incontrôlablement la lèvre. Il ne fait aucun doute que ce qui se cache sous ce fin tissu blanc est plutôt ferme et bien taillé. Un corps d'athlète avec le visage d'un ange. 

A quoi peut-il bien penser en ce moment ? Veut-il la même chose que moi ? Ressent-il un temps soit peu quelque chose tandis qu'on est aussi serré l'un contre l'autre ?

Sans m'en apercevoir je laisse alors un lourd soupir passer mes lèvres crispées.

— Désolé que tu te retrouves coincé ici avec moi. J'imagine que tu voulais être avec Kageyama.

— Kag... ? Mais non, pas du tout ! Dénié-je aussitôt. Qu'est ce qui te fais penser ça ?

Il se gratte alors le menton et détourne son regard du mien. Son visage affiche maintenant une moue presque boudeuse que j'ai du mal à cerner.

— Tu es toujours dans tous tes états quand tu le vois.

Moins étonnée qu'il ait noté un changement de comportement de ma part lorsque je les vois, c'est la raison de ce changement qui me fait basculer en plein dilemme. Je me retrouve prise au piège. Je ne peux pas lui dire que c'est quand je le vois, lui, que je perds mes moyens. Pas déjà. Ça serait beaucoup trop rapide. Surtout que je ne sais pas où il veut en venir avec cette remarque.

En y repensant, ils sont toujours tous les deux ensemble donc forcément, il ne peut pas savoir. Le grand brun à l'air renfrogné n'est pas le garçon le plus avenant alors, inévitablement, il pense que c'est à cause de lui si je me mets à agir bizarrement. Mais si je ne nie pas tout de suite, je lui laisse croire que j'ai des sentiments pour son ami et coéquipier et je laisse passer ma chance à jamais. On vient à peine d'arriver et Shoyo aborde déjà le sujet sans même savoir ce qui se trame dans ma petite tête. Pourquoi a-t-il fallu qu'il parle de ça ? Soit il lit dans mes pensées soit, c'est autre chose. Inconsciemment, je commence alors à me mordre le bout du pouce avec anxiété, perdue dans mes réflexions cornéliennes.

— Ce n'est pas grave, on peut ressortir de là si tu v...

— Non ! Sursauté-je aussitôt.

Merde j'ai laissé passer ma chance de m'expliquer. Ça y est, c'est mort, il pense que je craque pour Kageyama. Il va falloir que je me bouge ou sinon c'est définitivement fini. Une chance comme celle-là ne se représentera pas deux fois.

— Non, on devrait rester encore un peu... repris-je à la hâte pour rattraper mon manque de réactivité juste avant.

— D'accord, me répond t-il simplement sans protester.

Cette approbation sans détour à vouloir rester encore un peu avec moi dans ce placard inconfortable, suffit à me rassurer mais je ne me suis toujours pas fait à l'idée de lui déballer mes sentiments tout de suite. Mes méninges s'agitent alors et je me sens obligé de justifier cette décision de le retenir avec moi par une autre vérité beaucoup plus pragmatique.

— Si on sort tout de suite, on va forcément se faire remarquer par les autres et je n'ai pas envie de me prendre leurs réflexions, esquivé-je avec cette excuse toute faite. Et j'ai encore moins envie de me prendre un gage. Imagine ce que pourrait inventer Tsukishima...brrr, rien que d'y penser j'en ai des frissons.

— Tu as raison, moi aussi j'en tremble déjà. Je le vois déjà annoncer notre gage fièrement tout en replaçant ses lunettes sur son nez, approuve t-il tandis qu'au même moment, il commence à mimer son coéquipier.

Je pouffe de rire devant son imitation et Shoyo se met alors à rougir. Il interrompt ses gestes et repart dans ses réflexions.

— Et Kageyama risque de me le rabâcher aussi... conclut-il en se pinçant les lèvres en une moue boudeuse complètement craquante.

Une fois cette décision mutuelle prise de rester dans cette boîte à sardines, un silence de plomb s'installe beaucoup trop pesamment entre nous. Je joue nerveusement avec mes doigts pendant que Shoyo se frotte la nuque. Ce malaise ambiant est si palpable que ça en devient pénible. C'est la première fois que ça nous arrive. Je me fais alors violence et essaye d'entamer une conversation normale. Il ne faut pas que cette chance me passe sous le nez, je dois réagir.

— On- , tenté-je.

— On- , amorçe également Shoyo. Ah ! Pardon, toi d'abord.

— Non, toi, vas-y... bredouillé-je aussitôt ayant soudainement perdu tout mon courage.

— Ok, je me disais que... continue ensuite Shoyo avec hésitation.

Je sens déjà le parfum des regrets chatouiller désagréablement le bout de mon nez. Un rejet reste un rejet mais je dois avouer que ça aurait pu être bien pire. Il va surement me sortir une excuse du genre: on n'a qu'à dire qu'on s'est embrassé et le tour est joué. J'en suis tellement persuadé que je suis déjà prête à dire oui sans même écouter la suite de sa phrase. Mon regard vient alors dériver sur cette ridicule porte de placard qui nous retient. A ce moment-là, je ressens l'envie de l'ouvrir et de simplement m'enfuir.

— Tu as raison, faisons ça comme ça, soufflé-je résignée, sans rien avoir entendu de ce que Shoyo m'a raconté, entêtée farouchement dans mon idée.

Un blanc impressionnant s'abat alors soudainement dans l'espace clos qui nous restreint l'un contre l'autre. Le temps se met en suspens et tout devient aussi pesant que si j'avais dit une énorme bêtise.

— Tu... tu veux bien ? Articule Shoyo qui, sans le vouloir, provoque l'apparition d'une boule nerveuse dans mon estomac.

La déception commence à gonfler dans ma poitrine alors autant en finir vite mais, pourtant, son hésitation pousse la mienne à se manifester doucement.

— Oui, si c'est ce que tu veux, réponds-je, réitérant mon affirmation avec toutefois moins d'assurance pendant que mon regard se retourne vers lui.

Tandis que je l'observe, un doute bien plus persistant me prend devant cette mine aussi surprise, mais surtout aussi rouge, qu'il affiche.

— Attends, tu pourrais répéter ce que tu as dis ?

À son tour, il hésite et détourne son regard du mien pour tenter de le fixer sur ses pieds mais il rencontre nos corps. Il fait une pause fébrile et après un moment de flottement, dirige finalement son visage vers la porte du placard. Je vois ses lèvres se crisper avant de déglutir encore une fois avec force et de se racler discrètement la gorge.

— J'ai dit: puisque qu'on est coincés ici, est ce qu'on ne pourrait pas simplement faire ce qu'ils nous ont demandé ?

Il me faut bien plusieurs secondes pour intégrer ce que Shoyo vient de me dire. Sa demande une nouvelle fois formulée et devant mon silence, ses yeux reviennent plonger sur moi pour ne plus me quitter, pendus à mes lèvres. Je sens alors que mes jambes défailles sous le poids de ces paroles. J'ai envie de me pincer tant j'ai l'impression de rêver pendant, qu'en même temps, je me sens franchement bête. Comment ai je pu croire un seul instant qu'il veuille mentir ? C'est si mal connaître la sincérité de Shoyo. Il ne triche jamais et même en cet instant, il me le prouve.

— Tu veux qu'on ..? repris-je encore stupéfaite.

Sans me répondre, il affiche alors un sourire crispé et des joues en feu qu'il n'essaye même pas de camoufler. Maintenant que je peux l'avoir qu'à quelques centimètres de moi, je ne peux m'empêcher de le dévorer du regard. Il est affolant de sensualité avec ce jeu d'ombres qui danse et s'amuse à souligner chaque trait de son visage. Ses prunelles éclairées seulement par la lumière qui filtre par les embrasures régulières de la porte du placard, le rendent véritablement hypnotisant. Je suis à présent prisonnière de cette beauté candide qui se dévoile gracilement devant mes yeux. Comme si tout ce que je savais déjà de lui, révélait en cet instant, son plein potentiel. Stupéfiant.

— Mais si tu ne veux pas...

— Non, non, je veux ! Lâché-je brusquement avec une précipitation beaucoup trop passionnée qui me fait aussitôt me terrer dans un nouveau silence gênant quand j'en prend conscience.

Je l'entend ricaner et, devant ce visage angélique qu'il affiche, la gêne s'estompe doucement. Son rire devient contagieux et je me mets à pouffer aussi. Mon empressement à lui répondre et toute la situation devient risible. On relâche un instant cette tension qui commençait à nous étouffer mais il ne nous faut pas bien longtemps avant que la promesse de ce baiser revienne installer une atmosphère beaucoup plus pesante, quoique différente. Et si tout ça n'avait servi qu'à retarder l'échéance de ce moment où nos bouches devaient se rencontrer ? Un instant pour nous mettre dans le bain peut-être ? Je me sens moins gênée, comme si tout redevenait un peu plus naturel. Après tout, ce n'est que le jeu qui nous a réunis ici. Dans tous les cas, je sais que je veux être dans ses bras. C'est quelque chose que j'ai envie d'assouvir plus que tout. Je ne veux pas reculer, bien au contraire. Rien que l'idée de pouvoir frôler la pulpe de ses lèvres agite ma raison et fait frissonner mon corps. Puisque je n'arrive pas à lui dire mes sentiments, il faut que je les lui fasse comprendre avec ce baiser. Je dois tout donner.

Avant de franchir ce pas de géant, je l'observe encore une fois. Je ne m'en lasse pas. Captivée, je me sens si petite face à cette situation sidérante mais surtout face à lui. Toute sa dualité transparaît librement dans ce clair-obscur intime. Son expression enfantine laisse lentement place à quelque chose de plus mature. Il devient bien plus séduisant et viril sous mes yeux hypnotisés. A chaque fois que son regard croise le mien, des éclairs orangés sont projetés directement sur moi et transpercent mon cœur sans ménagement. J'en viens à me demander si tout ceci est encore réel ou si je ne fantasme pas simplement toute cette scène. Dans tous les cas, je suis subjuguée. Je suis sous son charme. Sous le charme de cet instant magique qui s'offre à moi dans la promiscuité de cette minuscule pièce qui nous réunis.

Le regard de Shoyo continue de peser sur moi en silence et je comprends qu'il attend nerveusement mon approbation pour s'approcher de mon visage. Pressée de balayer définitivement ce malaise provoqué par ce début boiteux mais surtout impatiente de partager cet instant, je la lui donne encore très vite. Trop, peut-être, toute aussi anxieuse de cet émoi qui grandit dans le creux de mon ventre.

Et s'il est déçu de ma réaction ? Et si je ne ressens rien ? Et si je m'y prend mal ? Toutes ces questions se percutent soudainement dans mon esprit et j'ai conscience qu'elles m'empêchent de profiter de cette chance qui me tend les bras. Sans plus faire attention à rien, je repars me battre avec mes pensées. Dans le brouillard dans lequel je me suis perdue, je ne remarque aucun mouvement en face de moi et je tressaute alors, sans le vouloir, quand je sens la main de Shoyo se poser timidement sur ma hanche. Le sursaut qu'il m'a provoqué involontairement, lui fait retirer sa main et je perds aussitôt la chaleur de son toucher. Mince, je l'ai fait reculer. Mes questions repartent alors de plus belle dans mon esprit. Qu'est ce que je dois faire maintenant ? Fermer les yeux et attendre qu'il revienne ? Mettre mes bras autour de son cou ? Sur son torse ?

"Allez, calme toi... Souffle un grand coup et rattrape ça."

Laborieusement, j'arrive enfin à mettre ma raison en sourdine et laisse mon corps prendre un semblant de contrôle avant de m'avancer vers lui. Sans tout de même oser le regarder, je viens blottir timidement ma joue contre son torse et tout doucement, du bout de mes doigts, je commence à vouloir venir effleurer délicatement son avant-bras dénudée. C'est venu naturellement, un geste spontané, sans aucune autre raison que d'essayer de calmer toute cette situation. Paradoxalement, j'avais besoin de venir rechercher sa chaleur. En faisant ce pas vers moi, il a réussi à rendre les choses plus faciles. Il a réussi à baisser quelques barrières qui me retenaient.

Quelque peu déstabilisé par mon geste impromptu, je sens cependant Shoyo se tendre mais sans pour autant me repousser. Il reste immobile et sa respiration alourdie, soulève même quelques mèches de mes cheveux. Malgré l'effet de surprise que je lui inflige, il me laisse faire.

Alors, au rythme des battements rapides de son cœur, mes doigts continuent leur course vers son bras avant de rentrer directement en contact avec sa peau chaude. Ma main arrête aussitôt de trembler et, dans la foulée de ce soudain apaisement qui m'envahit, je presse plus fermement ma paume sur son avant-bras. Sa chaleur me rassure et ma panique capitule docilement. Je commence à me sentir un peu mieux et, lentement, je fais maintenant courir mes doigts le long de ses muscles avant d'arriver à son poignet. 

— Je peux toucher ta main ? murmuré-je tandis que je relève ma tête de son buste confortable, mon regard encore hésitant, perdu entre l'étendue rassurante de ce torse et son visage.

Shoyo déglutit péniblement avant de hocher timidement la tête pour me répondre. Il relève sa main entre nous deux et mes doigts viennent alors caresser sa paume moelleuse et ses extrémités que je découvre rugueuses. Sa main est ferme et tendue mais je peux ressentir une immense douceur en émaner lorsqu'il relâche enfin cette tension dans ses doigts et les laisse glisser délicatement entre les miens. Un moment de plénitude se crée tendrement entre Shoyo et moi. Notre attention est uniquement concentrée sur nos mains qui se touchent. Focalisées exclusivement sur nos doigts qui s'amusent maintenant à se mêler avant de se démêler avec lenteur en un ballet parfaitement désorganisé. Hypnotisés, on les observe danser en silence comme si ces mains ne nous appartenaient pas et un sentiment de quiétude s'installe maintenant que les choses se sont un peu ralentis.

Apaisée par ce premier toucher innocent, tranquillisée par ce préliminaire tout en douceur, je viens plonger mes yeux dans ceux de Shoyo et d'un geste discret, je l'encourage à revenir continuer ce qu'il avait entrepris sur ma hanche pendant que je pose mes paumes sur son buste. Subtile et hésitante, sa main s'avance alors de nouveau lentement. J'anticipe ce toucher avec une impatience mêlée d'appréhension. Je ne suis pas sûre de comment réagir. Mais, tandis que mon cerveau s'acharne à vouloir encore tout rationaliser, quand mes mains épousent enfin les muscles de son torse, je me rends compte que sa respiration est aussi erratique que la mienne. De savoir qu'on est dans le même état m'aide davantage à laisser cet instant se faire et sa main, qui entre en contact avec mon corps, me fait l'effet d'un coup de tonnerre qui finit aussitôt de me rendre sourde à toutes les questions disparates qui tentaient encore m'assaillir. Ma raison n'existe bientôt plus et toutes mes pensées anxieuses s'évaporent instantanément.

Le bout de quelques-uns de ses doigts osent même s'aventurer sous mon t-shirt pour aller trouver ma peau et venir en effleurer sa surface. Tout le duvet qui recouvre mon épiderme se pare aussitôt d'une chair de poule intense et je ne peux retenir mon ventre de se contracter. Sa main recule alors un peu en réponse à ma réaction mais mon corps le rappelle aussitôt à lui. Il doit comprendre qu'il ne fait rien de mal et que je ne compte pas changer d'avis sur ce baiser. Je réduis de nouveau cette frêle distance créée par la découverte de cette nouvelle et exquise sensation pendant que sa main revient retrouver pleinement sa place sur ma hanche. Mon visage s'avance à présent vers lui et je ferme les yeux, les lèvres tendues en avant. Je recommence à trembler un peu mais mes mains viennent s'accrocher à sa chemise tandis que la deuxième main de Shoyo se pose fébrilement sur mon cou. Son toucher est délicat mais c'est son pouce, qui se met à caresser ma joue avec une lenteur délicieuse, qui fait s'envoler des milliers de papillons dans le creux de mon estomac.

J'ai l'impression d'attendre d'interminables secondes. Secondes qui me font prendre conscience de ma posture suppliante. Je me sens tout à coup ridicule dans cette position mais j'arrive aisément à passer au-dessus de ce malaise. Je veux vraiment ce baiser. Je l'ai tant rêvé que je ne peux pas imaginer qu'il ne se produise finalement pas. J'attends donc encore et lorsque je commence à perdre espoir, mes lèvres entrent subitement en contact avec quelque chose de chaud et humide.

C'est une véritable explosion qui se produit dans tout mon être au moment où je comprends que ses lèvres se pressent contre les miennes. Il les écrasent même avec presque un peu trop de force mais je m'en fiche. Je recule un peu le visage et m'ajuste à lui. Il me sent faire et me rattrape alors de ses mains inquiètes sur mon corps. Ses doigts s'enfoncent et s'agrippent. Il tente de me rattraper et veut me ramener complètement contre lui quand bien même je n'ai bougé que de quelques millimètres. Je le laisse faire à mon tour. Je le laisse mener cette étreinte qu'on s'échange avec une maladresse déconcertante mais bien plus passionné que je ne l'aurais pensé.

Notre baiser qui ne devait être qu'un simple effleurement timide et léger prend subitement une tournure beaucoup plus suave lorsque la langue de Shoyo se risque à prendre de l'assurance et se glisse discrètement dans ma bouche qui s'entrouvre naturellement, obéissant docilement à son initiative. Une décharge exaltée descend le long de ma colonne tandis que je l'accueille bien plus avidement que je ne l'aurais voulu. Ça y est, je sens sa langue sur la mienne. C'est rugueux et humide mais aucun sentiment de dégoût ne traverse mon esprit, au contraire. Je veux continuer de caresser sa langue et goûter davantage à sa saveur. Ma salive se mêle à présent lentement à la sienne. Sa bouche se superpose sensuellement sur la mienne qui s'ajuste pour lui rendre cette douceur qu'il me transmet. Je me cale sur un rythme désordonné qu'il m'imprime sans s'en rendre compte mais plus les secondes passent plus je sens nos mâchoires se détendre et mes doutes arrêter d'essayer de me torturer. Tout devient plus charnel et moins cérébral.

La timidité du début laisse peu à peu place à quelque chose de plus audacieux. Insufflée par l'évidence, une envie vibrante inédite nous incite à approfondir bientôt ce premier baiser avec plus de passion. Nos langues se cajolent, caressent l'intérieur de nos joues, effleurent nos dents, avec vigueur. Nos bouches échangent et mélangent nos souffles qui s'emballent avec tout le reste. Au fur et à mesure que notre baiser prend de l'assurance, nos corps s'échauffent et s'attirent. On devient même plus pressés et effrénés. Un peu comme si une ridicule crainte que tout s'arrête au moment où nos lèvres se séparent, nous oblige à nous raccrocher désespérément l'un à l'autre. C'est si intimement vrai, impossible de le nier. Maintenant qu'il est tout contre moi, contre mes lèvres, contre mon cœur, je veux le garder égoïstement pour moi toute seule. Tout le reste de la soirée et après. Pour toujours même, si je m'autorise une pensée aussi folle.

Il faudrait que je respire maintenant mais je ne veux plus m'éloigner de sa bouche. Je ne veux pas couper ce lien charnel qui nous lie et j'inspire alors profondément par le nez pour prolonger comme je peux cet instant. Mon corps semble tellement s'enflammer que je me sens entièrement fondre sous ce baiser. Mes mains se retiennent à présent plus fermement à sa chemise. Mes doigts se referment sur le tissu et le serre entre mes poings tremblants. Mon corps me réclame désormais distinctement quelque chose de plus.

Poussée par cette sensation qui commence à obséder le bas de mon ventre, j'ouvre légèrement les yeux pour pouvoir observer Shoyo. Il a les siens toujours fermés, froncés et concentrés. Son expression impliquée si lascive, s'applique sans qu'il le sache, à embraser les restes de bienséance qui tentent de subsister faiblement en moi. Je ne peux m'empêcher de sourire contre ses lèvres et tandis que je referme mes paupières pour m'abandonner encore à ce sensuel duel, je sens sa main sur mon cou se mettre à descendre sur mon corps. Elle parcourt mon dos puis passe plus lentement mon flanc, avant de venir s'agripper plus fermement à ma taille. Je suis dorénavant prisonnière de ses bras puissants et lorsqu'il m'intime de me rapprocher de lui, je n'ai d'autre choix que de lui obéir.

Je voudrais tant pouvoir rester éternellement dans ce baiser mais j'ai pourtant fatalement besoin de reprendre mon souffle. Je m'éloigne alors légèrement de ses lèvres qui tentent de me retenir en vain et rompt cette étreinte des plus fougueuse. Ma respiration est devenue trop capricieuse et mon sang bat à tout rompre dans mes tempes. Je suis à deux doigts de tomber tellement je tremble d'un mélange d'excitation pressante et d'une crainte inconsidérée maintenant que nous avons fini de nous plier aux exigences du jeu qui nous lie ici.

L'embarras de cette pulsion qui nous a désinhibé et entraîné dans une étreinte bien plus brûlante qu'un simple baiser, nous empêche encore de nous regarder dans les yeux. Ce baiser m'a clairement mis dans tous mes états. Je dois me calmer. J'ai toujours eu un faible pour lui et ce soir tout semble enfin prendre une direction vers laquelle je n'ai pensé que dans mes rêves les plus fous. Ce baiser lent et doux était si passionné, si intense. Shoyo qu'est-ce qu'il signifie pour toi ? Non, il faut que j'arrête de me voiler la face et me raccrocher à un ridicule espoir, il ne veut sans doute rien dire. Après tout, il a été forcé par un jeu et simplement renforcé par une pulsion charnelle venue de nulle part. Pourtant, je voudrais lui dire que pour moi, c'était tellement plus, mais j'en suis encore incapable. Je me sens tellement idiote de ne pas réussir à lui parler alors que j'ai tant espéré, et même rêvé, d'avoir un instant comme celui-là, seule avec lui. De l'avoir en face de moi, en tête à tête, rien que nous deux.

Dans mon affliction, j'essaye alors de trouver quelque chose auquel me raccrocher mais la seule chose à laquelle je pense, c'est Shoyo. Mes yeux viennent réclamer les siens et je plonge dans son regard fauve profond. Il arrive à apaiser un peu mes doutes mais, la situation dans laquelle nous sommes toujours, ne nous permet manifestement pas de calmer nos ardeurs et nous fait replonger dans une concupiscence incontrôlable. On s'observe intensément en silence. Un silence oppressant qui arrive à raréfier l'air autour de nous. Le temps semble se suspendre en une tension chargée d'une électricité suffocante qui aimante de nouveau nos corps. Je n'ai pas envie de m'arrêter là et je ressens à présent, sans aucun mal, toute cette sensation d'insuffisance, cette impression que ce baiser n'était pas assez, qui envahit toujours plus l'atmosphère du placard. Depuis combien de temps est-on enfermé ici, déjà ? Question stupide car, à vrai dire, ça n'a pas vraiment d'importance. Enfermé ici ou ailleurs, peu m'importe, du moment que c'est lui et moi. Du moment que je peux me laisser enivrer par cet érotisme ambiant qui prend possession de nos instincts les plus primaires.

— Les pizzas sont arrivées ! Annonce Yachi qui, sans le savoir, brise cet écrin fragile qui nous enveloppait Shoyo et moi.

J'entends alors tout le monde quitter la pièce et je m'attends à ce que Shoyo veuille également les rejoindre. En ce qui me concerne, je ne bouge pas, je n'en ai aucune envie. Je ne veux plus sortir de ce placard. Je suis bien trop à ma place dans le creux de ses bras, ses mains caressant ma peau, son souffle chatouillant mon visage. Je me risque à l'implorer de rester du regard mais je le découvre qui me dévisage déjà avec intensité. Lui aussi n'a pas bougé d'un centimètre, ses mains toujours ancrées sur mes hanches.

— Je n'entends plus rien, chuchote-t-il alors.

— Moi non plus, dis-je en détournant mon regard vers la porte du placard pour vérifier.

— Tu crois qu'on peut rester encore un peu ? Me demande-t-il maintenant d'une voix un peu moins assurée.

La réponse à cette question est évidente et d'ailleurs, je ne lui réponds même pas car au moment où mes pupilles croisent les siennes, il soude son regard au mien et finit de nous isoler sans mal dans notre bulle de luxure qui ne cesse de s'étendre. Nos corps se réclament et plus rien ne semble pouvoir nous empêcher de revenir se blottir l'un contre l'autre et de se laisser tenter par un autre baiser à la saveur si addictive.

Plus que tout, je veux encore qu'il m'embrasse. Même si ce n'est que pour une seule fois. Même si ce doit être le dernier. Même si à l'instant où l'on quitte ce placard, on redevient ce rien qui me désespère. Un retour à cette amitié que l'on partage comme si rien ne s'était passé. Il faudrait que je lui avoue mes sentiments au risque de gâcher l'instant mais ma raison se bat contre cette pulsion et je me retrouve en plein paradoxe. Encore une fois, je me raccroche à Shoyo pour essayer de démêler les nœuds que s'amuse à faire mon esprit et trouver une réponse sur son visage. Mais devant cet homme bien trop ensorcelant, mes sens s'emballent de cette envie éhontée et prennent finalement aisément le dessus sur cette bataille déséquilibrée, boutant ma lucidité hors de ce placard.

J'ai cette soudaine envie, non, c'est même plus fort que ça. J'ai ce furieux besoin qu'il se rapproche encore de moi, qu'il me touche davantage, qu'il me ressente pleinement. Je veux pouvoir m'enivrer à nouveau de ce parfum musqué que j'ai pu découvrir un jour par hasard, pendant cette fin d'après-midi où j'ai eu le malheur de me retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Enfin c'est ce que j'ai cru au début. Au détour du gymnase, alors que je vaquais à mes occupations, l'épaule de kageyama a fait connaissance sévèrement avec ma mâchoire qui se serait bien passé de cette rencontre brutale. Il m'a littéralement envoyé valser sans ménagement dans les airs et tandis que j'allais rencontrer le sol, j'ai été retenu au vol par deux bras fermes. Mon nez s'est alors retrouvé enfoui dans un t-shirt à moitié imbibé de transpiration. J'aurais pu être dégoûté mais, à moitié sonné et la douleur commençant à me mordre le visage, j'avais l'impression d'avoir atterri dans un nuage à la chaleur accueillante. A ce moment-là, cette odeur envoûtante, qui ressortait sous cette sueur, s'est associée à cette douce rencontre et s'est ancrée en moi avant même que je découvre la personne qui me faisait ressentir cet émoi nouveau. Puis j'ai découvert le visage souriant de Shoyo et mon cœur a failli s'arrêter. Il m'a même accompagné à l'infirmerie et on en a profité pour faire connaissance. Depuis cette percutante rencontre, on s'est mis à parler régulièrement avant de devenir amis. Cette journée où quelque chose s'est éveillé en moi, n'a plus jamais quitté mes pensées mais je ne pourrais jamais lui avouer ça. Je vais passer pour une folle.

Même si je reste encore obstinément muette sur mes sentiments envers lui, cette opportunité nouvelle, loin des oreilles indiscrètes des autres partis manger, nous ouvre une toute autre perspective que rien ne semble pouvoir entraver. Quelque chose de plus audacieux qu'un simple baiser ou quelques caresses, quelque chose de plus osé. Je relève alors mon visage vers lui pour peut-être essayer d'y déceler cette même envie brûlante qui me trouble et me pousse irrésistiblement vers lui.

Supplié par mon regard lascif, Shoyo semble comprendre la fougue de mon invitation muette et vient faire courir lentement ses doigts sur ma mâchoire. Cette affection inattendue dont il fait preuve à mon égard emporte mon cœur dans une cavalcade effrénée. Il dessine les contours de mon visage, effleure ma peau avec douceur. Ses caresses sont telles que j'ai l'impression qu'il mémorise, avec une tendre concentration, chaque détail des traits de mon visage. Ma tête se penche alors naturellement pour se lover dans sa paume pendant que son pouce vient effleurer mes lèvres. Il les malmène à peine mais c'est suffisant pour que j'entrouvre spontanément la bouche, entièrement charmée par la volupté de son geste si candide.

Je me hisse légèrement sur la pointe des pieds et me blottit contre lui. Ma bouche vient effleurer la sienne et se met à jouer un peu avec afin que lui aussi l'entrouvre. Je m'amuse à faire rebondir mes lèvres sur les siennes sans jamais conclure ce baiser que je laisse languir, juste assez, pour que son souffle assèche leurs pulpes. Égoïstement effrontée, je veux qu'il fasse le reste du chemin. Mine de rien, je prends goût à cette satisfaction de me faire un peu désirer. Shoyo, piégé dans les filets de ma tentation lascive, penche alors son visage dans ma direction, volontaire et persistant. Même si ses yeux semblent hagards et brouillés par ce désir qui nous gouverne désormais entièrement, sa bouche, elle, réclame de nouveau urgemment mes lèvres. Il réduit aussitôt à néant le petit rien qui nous sépare encore et ses lèvres devenues sèches, viennent me voler ce baiser que je lui fait miroiter assidûment.

Un ballet bien plus rythmé emporte immédiatement nos langues qui retrouvent une nouvelle vigueur. Nos bouches sont de plus en plus impatientes. Elles se dévorent avidement, s'ajustent puis se détachent pour mieux se réajuster sans aucune autre logique que celle de la passion qui nous assaille. Nos mains empoignent nos vêtements presque avec fougue. Comme si on savait subitement quoi faire de nos corps alors qu'en vrai, on ne maîtrise rien du tout de ce qu'il se passe entre nous. Notre envie brûle entièrement nos êtres et pourtant notre pudeur arrive encore à nous retenir. Qui de nous deux va oser briser cette barrière de bienséance qui, miraculeusement, nous contient encore ?

— Tu es si proche... je me sens bizarre... c'est... c'est comme si je voulais te toucher davantage... qu'il m'en faille plus... articule t-il difficilement à demi-mot de sa voix si grave.

A ces paroles, je me pince la lèvre pendant que mon estomac se serre. Il n'aura pas fallu longtemps avant que ma question trouve une réponse et même s'il me met mal à l'aise à dire tout haut ce qu'il ressent, d'un autre côté, il me rassure autant qu'il continue de m'exciter. Je semble lui plaire un peu même si ce n'est que physiquement et en cet instant, ça me suffit amplement. C'est à présent cette sensation qui se déchaîne dans le bas de mon ventre qui dicte irrésistiblement mon corps et mes pensées. Plus rien d'autre.

En face de moi, Shoyo est également agité et je peux ressentir cette envie qu'il a de revenir me toucher mais pourtant il ne force rien. Il attend que je l'invite à pousser plus loin cette pulsion qui nous rassemble. Je me sens alors pousser des ailes d'une luxure insoupçonnée et je me blottie contre son corps. Je perds définitivement tout le peu de contrôle qu'il me restait encore. Je me presse davantage contre Shoyo qui m'accueille dans ses bras et je commence à faire flirter plus volontairement ma poitrine contre son torse. Lorsque je sens son corps répondre à mes avances et venir à la rencontre du mien avec plus de résolution, je comprends que l'on va prolonger notre chance au-delà du raisonnable. On a tous les deux envie que ces sept minutes soient réellement paradisiaques.

Nos vêtements se mettent à se frotter de plus en plus franchement. Quelques bruissements s'échappent de notre corps à corps volontaire et nous font hésiter. Nos yeux veulent se fuir mais ils ont ce constant besoin de revenir sans cesse se souder. Une nécessité de revenir se brûler dans le feu ardent des pupilles de l'autre. Un moyen illogique de se rassurer dans le reflet passionné de nos regards alors qu'ils alimentent tout ce délire indomptable. Avec ses prunelles qui reflètent l'image fidèle de mon désir avec tout autant, si ce n'est plus, de force, j'ai un autre Shoyo en face de moi. Il se révèle intime, timide et presque trop calme, trop sérieux comme il pourrait l'être lors de ses matchs mais là, avec moi, je suis déstabilisé. Je le trouve définitivement plus grand, plus intense, plus impressionnant, et dans un certain sens, même plus sûr de lui. Cette intensité qu'il dégage m'enchaine délicieusement à ses yeux et arrive déjà à me procurer un sentiment de pur plaisir.

"Ne me regarde pas comme ça. Ne me regarde pas avec ses yeux là... C'est trop... "

Mon cœur s'affole encore davantage devant cette exquise confiance qui ne convoite que moi et je n'ai plus qu'une seule envie. Un désir fou qui ne devrait même pas germer dans mon esprit vu l'endroit où nous sommes, mais quand son regard me capture aussi sensuellement, il me semble que le champ des possibles devient infini. Je perds la raison, je le sais très bien, mais j'en veux plus et mon corps aussi en demande plus.

Comme pour répondre à cet appel des sens hurlé dans un silence électrisant, quelques-uns des doigts de Shoyo se faufilent alors entre ma peau et l'élastique de mon pantalon. Il s'attarde un peu et dessine lentement sur mon épiderme frissonnant quelques cercles aux contours incertains avant de m'attirer doucement dans sa direction. Je le laisse faire sans rechigner. Geste subtile et délicat, qui me démontre une déférence malmenée par cette envie pressante qu'il a qu'on pousse plus loin la découverte de ce désir qui nous embrase. Il tire maintenant plus résolument dessus et m'incite plus impérieusement à me rapprocher de lui, à épouser entièrement son corps avec le mien. Sursaut d'autorité qui me fait plier sans résister et, pendant que mes mains retrouvent le chemin de son corps et viennent caresser ses flancs, il finit de me plaquer contre lui. Ses doigts restent encore coincés dans ma ceinture et ils entraînent maintenant discrètement mon pantalon vers le bas. J'essaye de comprendre s'il le fait intentionnellement mais je n'arrive plus à réfléchir raisonnablement. Mes pensées ne connaissent plus aucune raison que celle du désir qui me tourmente. Cette tension met mes sens en ébullition, je ne suis maintenant plus rien d'autre qu'une boule d'envie impatiente qui se languit d'être libérée dans ses bras d'une façon ou d'une autre. Je me perds de nouveau dans son regard et ses yeux me renvoient l'exact image de ma propre concupiscence. Nous sommes dans un état second, un état qui me fait littéralement fondre et oublier que le monde existe en dehors de nous, qui nous soustrait à tout autres réalités.

Nos corps se frottent, se caressent, se touchent avec une excitation démesurée. Nos cuisses se heurtent, se croisent et se décroisent pendant que nos bras ne savent plus où se poser et se mettent à parcourir nos corps avec empressement. Je bouge un peu et il me répond avec une langueur exquise. Il amorce un geste et je viens le suivre aussitôt. Nos corps s'épousent et se quittent au rythme décousue d'un élan titubant, emprunt d'inexpérience.

Mais au milieu de toute cette confusion des sens, je sens distinctement quelque chose de dur s'exaspérer contre le bas de mon ventre. Ses hanches basculent régulièrement en avant et cette pression résolue devient de plus en plus évidente. Je me recule juste un peu pour aviser le trouble qui s'empare de son corps avant de revenir river mes yeux sur lui tandis qu'un sourire gêné étire ses lèvres. 

— Désolé... murmure t-il tout bas tout en maintenant ce contact visuel qui m'asservit si aisément.

Cette tension insoutenable teinté de pudeur a, à elle seule, réussi à faire s'envoler tout ce qu'il me restait de chasteté. Ma lucidité se fait toute petite devant le feu qui vient ravager tout mes sens. Plus rien ne semble impossible, ni même interdit, quand son regard fauves aux pupilles dilatées d'un désir manifeste, paraît m'autoriser à m'emparer de lui et m'encourager à toutes les folies. Je lui succombe sans plus aucune résistance et laisse dorénavant mon envie s'exprimer pleinement. Celui-ci guide mes gestes et mes mains reviennent se presser contre son torse. Je prends cette fois le temps de le toucher pleinement du plat de mes paumes. Même à travers sa chemise, je peux ressentir ses muscles se contracter à mon passage. Cette sensation qui s'en dégage alors, déchaîne un gigantesque frisson de plaisir dans mon être qui tend aussitôt ma poitrine et aggrave les picotements en bas de mon ventre.

Je me tortille un peu et, en bougeant, ma main heurte par mégarde son entrejambe. J'ai juste le temps de sentir ce renflement de plus en plus proéminent avant que Shoyo ne sursaute et n'éloigne son bassin de moi. 

— Pardon ! Je t'ai fait mal ? demandé-je avec inquiétude.

— Non... souffle t-il péniblement tandis qu'il cache maladroitement son érection. Ce n'est pas que ça m'a fait mal... loin de là... susurre t-il du bout des lèvres.

Je reste un peu bête avant de comprendre où il a voulu en venir. Je me pince alors la lèvre et, sans y réfléchir vraiment, je reviens effleurer délibérément cette bosse sensible qui tire sur son vêtement. Lorsque mes doigst entre en contact avec le tissu rugueux de son pantalon, je me rend alors compte que son sexe le repousse déjà avidement. Je le cajole alors doucement de ma main et, du bout de mes doigts, en éprouve toute sa fermeté. Shoyo expire bruyamment à chaque caresse mais m'autorise à continuer ma découverte. Ses hanches s'inclinent discrètement en avant et il vient même défaire le premier bouton. Ça doit être désagréable pour lui d'être aussi inconfortablement à l'étroit.

Flattée de lui provoquer ce genre de réaction physique si puissante, je tire alors sur le passant de son pantalon et finit de le déboutonner complètement pour, non seulement l'aider mais aussi, satisfaire plus en avant ma curiosité. Je suis impatiente autant qu'intimidée quand je plonge ma main dans son caleçon pour venir découvrir enfin ce qu'il renferme. Shoyo exhale un râle sourd quand mes doigts s'enroulent autour de son membre déjà fermement dressé. Je m'étonne de la douceur de sa peau avant de soudainement me sentir désarçonnée. Je ne sais plus quoi faire. Je sais que c'est moi qui suis allé aussi loin mais maintenant, je suis perdue sur la marche à suivre. En plus de ça, je sens le regard débordant d'attente de Shoyo peser lourdement sur moi et ça ne m'aide pas du tout à trouver une solution. Je ne contrôle rien de ce que je fais et je reste alors un instant figée avec son sexe dans ma main.

Devant mon ignorance flagrante, il décide heureusement d'abréger mon supplice indécis et vient à ma rescousse. Il finit de baisser son boxer et d'exposer entièrement sa hampe tendue afin de se mettre plus à l'aise et de me faciliter les choses. Dans un mouvement bienveillant quoique extrêmement sensuel, il pose ensuite sa main sur la mienne et me montre quel mouvement il attend de moi. Son geste est tendre malgré l'effronterie de notre pulsion et je le laisse me guider docilement. Nos tremblements indiquent clairement le malaise qui nous habite mais notre désir décide de nous empêcher de reculer. Il nous pousse à embrasser ce coup de tête dévergondé qui nous plonge dans l'indécence de cette envie charnelle.  

Guidée par sa main, rythmée par ses doigts entremêlés aux miens, je monte et descend sur son sexe dressé. Il me dirige encore quelques fois avant de me laisser seule maîtresse de son plaisir. Je ressens une certaine excitation à voir ce visage, si innocent les autres jours, se muer ce soir, en une expression bien plus lascive. Un plaisir que j'apprends à savourer maintenant sans retenue. Mes doigts remontent doucement sur son membre et plus mes caresses s'attardent sur les différentes irrégularités soumises aux caprices de mes doigts, plus je le sens durcir. Il pulse et se gorge d'un désir que je lui insuffle. Je me découvre même une satisfaction orgueilleuse à le voir réagir autant à mon toucher et, invitée par son corps qui se tend vers moi, je me laisse même tenter à varier mes mouvements avec volupté. Je tourne mon poignet différemment. J'accélère puis décélère. Je presse ma paume quand j'arrive au sommet. Je comprends sans peine que cette partie est bien plus sensible que le reste, quand ma main s'y attarde et lui provoque des réactions plus intenses. J'entends Shoyo respirer de plus en plus lourdement. De ses plaintes sourdes que je lui arrache, s'écoulent un souffle brûlant qui vient courir sur ma peau déjà bien trop tourmentée par tout le panel d'émotions qui domine ce moment avec lui. Je recommence plusieurs fois et ses mains viennent se raccrocher maintenant à mon t-shirt. Ce visage empli de plaisir que je lui procure rien qu'avec une main, échauffe tout mon être et instinctivement je viens encore me rapprocher de lui. Il m'accueille contre lui tandis que je glisse une jambe entre ses cuisses.

— Ta main... j'ai l'impression que tout mon corps est en train de fondre. Je ne contrôle plus rien... J'ai si chaud et...

Shoyo ne finit même pas sa phrase que ses lèvres se déforment en une expression inédite que je ne lui avait jamais vue. Un mélange de douleur et de plaisir qui le pousse à me resserrer brusquement contre lui. Mais ses mains ne savent plus quoi faire ni à quoi se raccrocher lorsque, prise dans son élan imprévu, je resserre mes doigts autour de son membre. L'une d'elle vient alors saisir de nouveau mon poignet pendant que l'autre se retient difficilement à mon épaule. Il est clairement submergé par cette sensation que je lui procure. Pourtant, lorsque je le vois continuer de grimacer, inconsciemment, je ralentis jusqu'à presque m'arrêter. J'ai vraiment l'impression de lui faire mal et je suis prête à tout arrêter mais sa main sur mon poignet me retient aussitôt avant même qu'il puisse prononcer la moindre parole. Il expire encore quelques lourdes fois avant de déglutir un grand coup et d'entrouvrir une bouche haletante.

— N'a... n'arrête pas...articule-t-il enfin péniblement à bout de souffle.

Entre deux plaintes, toutes plus sensuelles les unes que les autres, ses yeux s'ouvrent sur mon visage. Il me couve avec volupté de son regard mi-clos embrumé d'un désir honteux. Ses joues rouges semblent brûler d'une émotion intense. Sa main restée sur mon épaule descend alors lentement le long de mon bras. Il le presse le plus tendrement possible avec quelques soubresauts discrets avant de le quitter et de venir se poser sur mon flanc. Gentiment mais fermement, il me ramène vers lui et me presse contre son torse. Ses lèvres tremblantes réclament les miennes et avec maladresse, son baiser atterrit sur le coin de ma bouche. Avant qu'il puisse faire le moindre geste de recul, je rectifie immédiatement ce touchant loupé, provoqué par ce déferlement d'émotions qui le gagne, et ajuste aussitôt mes lèvres aux siennes. Nous sommes deux dans cette découverte des sens et je ne compte pas le laisser tout seul à vouloir démontrer son envie. Ma main reprend alors ses mouvements sur sa verge languissante pendant que l'autre vient se glisser dans son dos et se faufiler sous sa chemise. Je m'autorise même à faire courir mes doigts sur son dos transpirant. Chaque muscle est un plaisir à éprouver. Chaque ligne, un délice à redessiner. Sa peau, une jouissance à ressentir. Je veux connaitre tout de son corps et apprendre par cœur chaque parcelle de son dos.

— Ah... laisse soudainement échapper Shoyo.

— Pardon ! M'écrié-je aussitôt tandis que je relâche toute prise sur lui et recule.

— Non... non..., ça... ça fait du bien...

Mes joues s'échauffent dès qu'il recommence à décrire ce qu'il ressent et je sais très bien que je suis en train de rougir au moins jusqu'aux oreilles et même au-delà.

— Ne dis pas ça... c'est...

— Mais c'est vrai ! Le bas de mon ventre me chatouille et j'ai des sensations agréables qui se répandent partout en moi.

— Tais toi... murmuré-je laborieusement, incapable de le regarder en face tant je commence à être embarrassée.

Ma main s'éloigne maintenant franchement de lui. Je me sens beaucoup trop gênée surtout que moi aussi, le bas de mon ventre se crispe et se bouleverse au rythme de sensations troublantes. Mes cuisses se frottent entre elles et je sens comme une moiteur entre mes jambes.

— Continue s'il te plaît... me supplie-t-il le souffle court pendant que ses mains s'agrippent maladroitement à moi

Alors que je sens ses doigts se crisper à nouveau sur mes vêtements, je lui succombe encore. Embarrassée et pourtant prête à tout. Je n'ai aucun moyen de lutter devant ce visage angélique flirtant de bien trop près avec la tentation et ce corps aux abois qui me pousse toujours plus loin dans cette luxure. Si je dois encore me laisser dévorer par cette passion, j'ai maintenant envie que ses mains se fassent plus audacieuses et que, lui aussi, me provoque ces sensations qui le mettent dans un tel état. Je veux lâcher entièrement prise et qu'il éveille en moi les mêmes frissons et sursauts qui parcourent son corps et pulsent dans le creux de ma paume.

— Tu... euhmm... bafouillé-je avant d'arriver à lâcher enfin le morceau et de laisser parler pleinement mon envie. Toi aussi, tu peux me toucher, Shoyo...

Quand mes paroles atteignent ses oreilles, il ouvre aussitôt deux grands yeux ronds et me dévisage, l'air abasourdi. Je fais fit de sa réaction et continue sur ma lancée. J'attrape sa main et vient la déposer doucement contre ma poitrine. Il hésite tout de même quelques secondes avant de se décider à venir frôler plus franchement un de mes seins. Il en dessine les courbes passe dessus puis dessous, en caresse son galbe malgré la présence de mes vêtements avant de venir l'empoigner pleinement. Un soupir s'échappe alors de sa bouche et un sourire béat étire maintenant ses lèvres. J'émets un léger gémissement quand il le cajole un peu trop vigoureusement mais, curieusement, je n'ai pas mal. Au contraire, mon excitation semble se décupler de cette exquise maltraitance et de ce fait, m'incite à lui faire explorer d'autres parties de mon corps. Cette sensation que je ressens est sans pareille. Je suis à la fois anxieuse et excitée mais tout semble former un tout naturel, et évident. Une réaction spontanée et sincère à cette réalité nouvelle qui s'impose à moi: J'en veux plus. Tellement plus.

J'empoigne à nouveau tendrement son poignet pour, cette fois, l'inciter à aller plus bas sur mon corps. Pressée, je ne lui laisse pas le temps de caresser mon ventre mais fais quand même bien attention à ce que ses doigts se glissent entre ma peau et la ceinture de mon pantalon. Je ne sais pas ce qu'il me prend mais devant la mine paniquée de Shoyo, j'arrive étonnement à garder tout mon calme. Une détermination qui réussit à le convaincre de s'aventurer sur le velours de ma peau et de se laisser aller à cette proximité nouvelle que je lui offre. Une descente secrète sur la partie la plus intime de mon corps.

Ses doigts sont tendus et brûlants quand ils se posent sur ma peau sensible juste au-dessus de ma féminité. Sa paume moite se colle même trop facilement sur le moelleux de mon ventre. Pris indépendamment, tout pourrait sembler désagréable mais c'est tout l'inverse qu'il se passe. Lorsque le bout de ses doigts descendent et glissent enfin sur mon sexe impatient, mon être entre aussitôt dans une dimension de délices indécents. Ses mouvements lents sont effectués avec une maladresse touchante mais si rassurante qu'il arrive curieusement, à apaiser tous mes aprioris. Il me caresse avec hésitation, effleure mes nymphes avant de reculer et de remonter un peu et de frôler par mégarde mon bouton de plaisir. Heureux hasard qui me fait aussitôt frémir d'extase et tend mes bras autour de lui. Des gestes incertains mais qui restent, sans le moindre doute, attentionnés. Je n'ai aucun mal à lui accorder toute ma confiance et à le laisser continuer de m'apprendre.

— C'est tout mouillé... souffle t-il naïvement.

— Mais chut, Shoyo ! Arrête de dire des choses comme ça...C'est si embarrassant... et en plus, on va finir par nous entendre...

Mon excitation retombe un peu et se cache derrière cette gêne qu'il vient de faire ressortir malgré lui.

— Désolé... c'est plus fort que moi.

Mais tandis qu'il s'excuse, je sens ses doigts reprendre et continuer de s'aventurer plus en profondeur. Les mots qui s'apprêtaient alors à sortir de ma bouche se transforment immédiatement en une plainte sourde. Je manque de m'étrangler de surprise devant ma propre réaction. Je me sens ridicule et toute la situation me paraît également si malaisante. Tout ce qu'on se dit, tous nos gestes maladroits, et pourtant, pourtant ça reste notre moment rien qu'à nous, notre pur instant de spontanéité sans penser à après.

Cette manière malhabile qu'il a de me toucher, d'enfoncer ses doigts impatient dans ma peau, me fait tourner la tête. Ce tourbillon de geste maladroit qui s'empare de nous, de moi, est dévastateur. Comme si les vannes bien trop pleines de notre désir s'ouvraient enfin et créaient un raz de marée sur notre raison. Emportés par cette luxure candide et touchante de deux adolescents en pleine exploration des sens.

Au fur et à mesure qu'il me découvre et s'habitue à mes courbes, je le sens même prendre de l'assurance. Plusieurs doux va-et-vient excitent encore un peu plus ma féminité jusqu'à ce qu'un de ses doigts ne devienne plus téméraire. Il s'infiltre maintenant lentement à travers mes plis détrempés avant de continuer ses mouvements novices. Plusieurs fois, il touche de sa paume, ce point de plaisir qui attise tout mes sens. De faibles gémissements, encore miraculeusement retenus, tentent, avec toujours plus d'obstination lascive, de s'échapper de mes lèvres qui commencent à se desserrer dangereusement. Tout ceci est nouveau et il ne m'en faut visiblement pas beaucoup pour que cette luxure ravageuse oblige ma tête à basculer automatiquement en arrière, mon esprit à se vider et mon corps se soumettre à ce plaisir qui s'empare de moi. Plus il me caresse, plus ma bouche s'entrouvre et plus je me mets à gémir, plus il accélère. Je suffoque et n'en revient pas qu'il me mette au supplice avec seulement une seule main. Je comprends maintenant aisément ce qu'il pouvait ressentir juste avant. Mes râles deviennent alors plus aiguës et je peine maintenant à les retenir. Ses gestes sont hésitants mais ces exquises caresses qu'il m'accordent, provoquent déjà en moi des milliers d'étincelles. Il ne suffirait plus de grand chose pour que je m'embrase totalement.

Tandis qu'il s'occupe de moi, je sens cependant quelque chose taper mollement mais régulièrement contre ma cuisse. Aidée par un peu de lucidité qui fait un retour inespérée dans mon esprit, je jette un coup d'oeil et je decouvre que c'est le sexe de Shoyo qui se désespère contre moi. Délaissé par mon plaisir égoïste, il se languit, à moitié réveillé, qu'on lui redonne cette attention qui le faisait se dresser fièrement. Ma main, guidée par la simple volonté lascive de mon instinct primaire, vient alors, sans réfléchir, s'enrouler autour de son membre esseulé et lui redonner toute la chaleur qu'il espère.

La respiration de Shoyo déjà si accablée se mue rapidement en plaintes sourdes dès que je m'occupe de nouveau de lui. Son souffle accablé vient se mêler au mien tout aussi tourmenté de plaisir. On reprend alors nos mouvements sans plus se soucier qu'ils soient gauches ou empressés. Plus rien d'autre que nous n'existe et je souhaiterais capturer cet instant et l'enfermer à clef quelque part pour le garder à jamais dans mon esprit.

Doucement. Gentiment. Sûrement. Shoyo me fait sienne avec une facilité déconcertante sans même s'en rendre compte. Il a cette flamme dans ses yeux. Un feu ardent qui me consume sans aucun mal, qui m'ensorcelle pour faire de moi tout ce qu'il souhaite. Je lutte péniblement pour reprendre le contrôle de la moindre portion de ma respiration mais je perds complètement pied. Je suis prise dans les filets de passion qu'il tisse du bout de ses doigts confortablement installés entre mes chairs. Je ne cherche même pas à me débattre, je m'y jette la tête la première. Consentante et volontaire. Ma timidité est maintenant facilement balayée par cette présence qu'il m'impose sans même en être conscient. Je suis accablée d'un désir implacable qui se libère avec puissance dans cet espace pourtant si restreint.

A demi clos, ses yeux sont rivés sur moi. Il me dévore d'un regard indéchiffrable. Doux mais pourtant si intense. Son souffle continue de s'écraser pesamment sur la peau de mon cou et des râles sourds s'échappent par moment quand j'essaye de trouver une position plus confortable pour nous deux. Je me contorsionne comme je peux mais devant l'empressement de nos corps à vouloir se réunir farouchement en une seule étreinte, je n'ai bientôt plus la place de passer mon bras entre nos deux ventres et ma main quitte alors son membre. Pour combler cette nouvelle absence de chaleur, le bassin de Shoyo vient aussitôt se plaquer entièrement contre le mien. Dans son élan frustré, il devient plus dominateur. Soutenu par son regard hypnotisant d'intensité, il me fait reculer pour finalement m'acculer contre le mur. Nos deux sexes se cherchent de nouveau laconiquement avant de rapidement se retrouver. Ils recommencent à se frotter, s'exaspérer, se presser l'un contre l'autre.

Sans qu'on ne contrôle plus grand chose de nos corps, la hampe de Shoyo essaye maintenant de se frayer un chemin entre mes jambes. Il s'impose en douceur sur ma féminité et engage lentement son sexe entre mes cuisses fermées. Cette barre tendue pulse à présent entre le moelleux de mes jambes et s'évertue de nouveau à agacer ma féminité sous le fin tissu de ma culotte détrempée.

Au même instant, alors que tout prend une direction exquise hors de toute raisonnabilité, j'entends soudainement Tsukishima revenir dans le salon. 

— Ils sont encore là dedans ? Ils doivent sûrement ne rien faire et attendre pour faire passer le temps et essayer de nous faire croire des choses. Pff... ricane-t-il pendant qu'il farfouille je ne sais où. Et si je tapais à la porte ? Elle va peut-être encore s'étouffer. Revoir son visage avec une expression aussi honteuse pourrait être intéressant.

"Ferme la, Tsukishima, c'est franchement pas le moment...oublie moi."

Il doit s'adresser à Yamaguchi ou bien se parler tout seul. A vrai dire, ce qu'il fait n'a aucune importance. Il tombe mal. Shoyo semble rejoindre directement mes pensées et par prévention, retient la porte de son bras. Dans son désir de vouloir conserver jalousement notre moment, il revient captiver mon esprit de son regard tout aussi nébuleux que le mien. Je replonge alors avec un empressement éhonté, dans notre monde de luxure. Mon bassin, emporté par tout ce tourbillon de sensations, commence maintenant à bouger et légèrement accélérer sur son sexe toujours gorgé de désir, délibérément emprisonné entre mes cuisses. Puissant et gonflé d'une envie incommensurable et inépuisable, il se languit et m'implore lui aussi par de petits mouvements. Nous sommes livrés à un désir devenu bien trop grand pour un quelconque retour de lucidité. On ne peut clairement pas s'arrêter maintenant, c'est inconcevable, on a déjà passé le point de non-retour. A la merci d'une passion ravageuse qu'on ne peut plus faire taire. Hors de question de se faire interrompre de cette manière. C'est trop tard.

Heureusement pour nous, Tsukishima abandonne vite son idée et ressort aussitôt de la pièce. On laisse alors échapper, tous les deux, un profond soupir de soulagement. Soupirs à l'expiration fiévreuse qui ne tarde pas d'être suivi par un nouveau déferlement de cette fougue ardente qui fait taire nos esprits pour laisser s'exprimer nos corps.

Les mains de Shoyo se mettent à descendre dans mon dos. Elles dérapent difficilement sur mon t-shirt et l'accrochent fébrilement par moment quand mon bassin continue de rouler sur sa verge. Une fois passé le creux de mes reins, il agrippe ma croupe et sans hésiter, les glisse directement sous mon pantalon qu'il fait légèrement descendre. Il m'attire irrésistiblement contre lui et j'ai, moi aussi, besoin de le ressentir entièrement. Mes mains se glissent sous sa chemise et se mettent à parcourir son dos avec avidité. Je le griffe légèrement sans faire exprès tandis que je me laisse aller à ma propre avidité. Mes doigts courent sur toute la surface de son dos dégoulinant de sueur avant de descendre plus bas. Je finis de passer son pantalon en dessous de ses fesses rebondies et j'ose, à mon tour, venir les toucher avant de les cajoler avec plus d'assurance tout en accompagnant nos mouvements de va et vient.

Je voudrais le toucher encore et encore, tous les jours du reste de ma vie. Que la chaleur de ses doigts ne quitte plus jamais la froideur de ma peau. Que mon regard ne perde jamais de vue le sien. Mes gestes resteront encore incertains et sans aucune expérience sur ce que je dois faire sur son corps mais je sais ce que je veux, là, maintenant. Je le veux lui, plus que tout. Que son cœur trouve le chemin du mien. Je veux croire qu'un amour est possible.

La fermeté de ses doigts qui s'enfoncent dans ma peau pour me plaquer contre lui. Son souffle dense et saccadé qui soulève mes cheveux à chaque expiration. Sa langue qui goûte ma gorge avec volupté. Ses hanches qui percutent les miennes par à-coups à la force imprévisible. Et surtout, mon prénom qui s'échappe régulièrement de sa bouche haletante. L'instant est irréel et profondément envoûtant. Je pense alors avoir atteint ce que je pense être le paroxysme du plaisir. A tort. Une exaltation démesurée s'échappe précipitamment de mes lèvres quand mon corps me prévient impétueusement qu'il n'a pas encore atteint son apogée. Ce que Shoyo me provoque, par la simple pression de son sexe sur le mien, était encore inimaginable il y a quelques douces minutes. Et plus il s'exaspère contre mon bouton de plaisir, plus je sens une fièvre dévorante envahir mon être. Tout en nous, s'évertue à se précipiter vers le sommet d'un plaisir encore jamais ressenti. Je sens que je suis au bord de quelque chose qui arrive à tendre tout mon être sans que je ne puisse plus rien y faire.

Son corps répond à mes caresses comme le mien répond à l'appel des siennes. Plus rien de ce qu'on fait n'a dorénavant d'autre but que de satisfaire cette course à cette délivrance qui nous tourmente. Obstinés, on se hâte, on se précipite, on s'acharne à vouloir en ressentir toujours plus et, soudainement, tout semble s'accélérer. J'ai subitement la sensation que tout se met à tourner autour de nous et mon souffle se coupe sans crier gare. J'ai l'impression d'être transpercée par une lame étouffante de sensualité qui remue profondement mes tripes d'une manière telle que, doucement, emportée par la chaleur de sa peau, j'aspire à présent, à l'éternité de cette délicieuse torture. Cette douleur vibrante qui semble me prendre à la gorge, me figer d'une force nouvelle, se transforme irrésistiblement en un plaisir furieux qui enflamme mon corps.

Il me précipite au bord d'un gouffre immense emplit d'un plaisir infini qui me prend au tripes et me coupe le souffle. Je suis tendue mais je n'ai pas peur, au contraire, je suis prête à m'y jeter. Je suis prête à le laisser me happer et sombrer dans cet abyme de jouissance miroité qui me tend les bras. Je me porte volontaire pour ressentir une éclatante délivrance après ce délicieux tourment de mon être. Un exquis soulagement rejoint rapidement par un puissant et fulgurant déferlement de plaisir qui se déverserait au gré des soubresauts de mes chairs bouleversées. Réponse physique brutale à cette visible et audible libération. Ce n'est plus qu'une question de seconde, j'y suis presque, je peux le sentir dans tous mon corps. Je veux être submergée par la puissance de toutes ses émotions. Je voudrais que cet exquis supplice, ce paradoxe des sens, ne s'arrête pas. Jamais.

Brusquement, Shoyo inspire plus profondément et colle son front contre le mien. Je reviens difficilement à moi pendant que sa respiration ne se résume maintenant qu'à de courts râles sourds. Il ne prend plus le temps de respirer et je le sens se tendre entre mes cuisses. Il fait maintenant rouler ses hanches rapidement contre ma féminité.

— Je vais... grogne alors Shoyo.

Son bassin bascule et accélère plus franchement contre moi. Il m'assène encore plusieurs brèves secousses avant de se retirer brusquement.

— Attends, attends ! Je n'ai rien pour... m'écrié-je à la hâte.

Je n'ai pas le temps de finir mon avertissement qu'un liquide blanchâtre est projeté subitement avec une vélocité stupéfiante contre mon ventre à moitié exposé et mes vêtements. Je n'avais aucune idée de la rapidité à laquelle ça pouvait sortir et j'en reste totalement interdite, incapable de faire le moindre mouvement devant la soudaineté de la chose.

— Oh non, pardon ! S'écrit Shoyo, une fois sa délivrance satisfaite et son épanchement spasmodique assouvi, quand il découvre, encore hagard, le résultat de sa jouissance.

Il ne prend alors pas le temps d'étancher les quelques gouttes qui menacent encore de s'échapper de son sexe repu avant de remonter à la hâte son caleçon et son pantalon. Il ne finit même pas de refermer ce dernier et, à moitié débraillé et paniqué, il se met à chercher précipitamment dans toutes ses poches. Après quelques secondes singulières où je le vois s'activer devant moi, il en ressort finalement quelques mouchoirs. Je reste encore un instant figée par la surprise de cette éjaculation, libérée sur moi sans sommation, pendant que j'écoute distraitement Shoyo continuer de se confondre en excuses. Il essuie ce qu'il peut et s'affaire même sur mon t-shirt comme un beau diable, à essayer de faire partir les dégâts qu'il a causés dans sa précipitation. Mais c'est peine perdue. En même temps, je ne peux pas vraiment lui en vouloir, on a été emportés tous les deux par cet élan avide incontrôlable mais, maintenant que la réalité nous a rattrapés, je dois avouer que je me retrouve bien emmerdé.

Pendant que je me triture le cerveau à la recherche d'une solution viable pour camoufler la scène du crime, j'aperçois Shoyo qui enlève à présent laborieusement sa veste du club de volley en se tapant pratiquement contre tous les murs du placard jusqu'à réussir à s'en défaire. Il passe ensuite ses bras autour de ma taille, fait glisser sa veste derrière moi puis fait revenir les manches sur le devant avant de finalement les nouer en un nœud solide autour de ma taille. Une fois fait, je relève mes yeux vers lui et il laisse glisser son regard sur moi. Il rougit timidement alors qu'il s'immobilise devant mon visage.

— Ça devrait cacher ma bêtise, me susurre-t-il du bout des lèvres tandis que son visage n'est plus qu'à quelques centimètres du mien. Excuse-moi, déclare t-il avec la plus craquante des expressions de gêne que j'ai pu voir.

Je vérifie rapidement ce qu'il a fait et il a raison, sa veste passe parfaitement là où les tâches se sont formées..

— Ne t'excuse pas Shoyo, ce n'est rien, réponds-je faiblement tout en frissonnant de son souffle chaud qui glisse sur mes lèvres.

Il me sourit tendrement mais ne semble toujours pas vouloir bouger. Il reste proche de moi. A portée de mes lèvres, m'enivrant sans cesse de cette odeur dont je suis accro, exaltant tout mon être. Je pourrais rester dans cette position des heures durant mais j'ai l'impression qu'il se retient de me dire quelque chose. Son regard me dévisage intensément et je pourrais presque apercevoir un combat intérieur de là où je suis. Je me sens alors tout à coup poussée par une force invisible qui met en branle les muscles de ma mâchoire.

— C'est toi.

— Moi ? s'étonne Shoyo qui sort alors de sa torpeur.

— C'est avec toi que je voulais me retrouver dans ce placard... ajouté-je alors sans plus aucune envie de retenir mes sentiments.

Cette détention consentie, suivit par cet échange enflammé, m'a soit, vraiment donné un surplus de courage présomptueux, soit fait perdre complètement le sens des réalités. Dans tous les cas, c'est maintenant trop tard. Il fallait que ça sorte et j'ai laissé parler mon coeur pour une fois. Malgré tout, on est presque à la fin de l'année alors je dois tout tenter sinon j'aurais fatalement des regrets et je ne veux pas vivre avec des regrets, surtout pas le concernant, lui. Je veux vivre chaque instant à fond comme il le fait. Avec autant de passion et de candeur. Espérons que c'était le bon choix.

Shoyo ne semble pourtant pas encore comprendre le véritable sens de mes paroles et reste figé devant moi avec une moue déconcertée. Cependant encore fébrile, je le laisse tout de même réfléchir à ce que je viens de lui révéler, soulagée de l'avoir finalement fait, pendant que je finis nerveusement de me rendre présentable aux yeux des autres.

Je commence à ouvrir le battant de la porte juste après avoir vérifié une dernière fois, qu'aucune tâche n'était visible. Je commence à m'extraire du placard et je sens que Shoyo me suit mais c'est son silence qui ne me rassure pas.

— Je n'en reviens pas de ce qu'on a fait... marmonné-je pour moi-même alors que je réalise pleinement notre acte.

— Tu as honte ? me répond t-il subitement derrière mon dos avec un ton beaucoup trop grave pour lui.

Il m'a parfaitement entendu et je me retrouve bête. Il faut quand même que je lui dise la vérité.

— Bien sûr que j'ai honte mais...

Je fais une pause car même si je suis gênée, une part de moi est euphorique d'avoir fait ça avec lui pendant que le reste, ne l'assume encore qu'à moitié.

— Mais ? Dit-il avec une lueur d'espoir retrouvée dans la voix.

— Parce que c'était avec toi... je... j'ai...

Mes mots restent coincés à la porte de mes lèvres. Je suis incapable de lui dire clairement. Je voudrais lui dire que j'ai des sentiments forts pour lui mais après ce qu'on a fait, est ce que c'est vraiment le bon moment ?

— Je ne l'aurais fait avec personne d'autre que toi... me coupe-t-il dans mes réflexions inconsistantes de manière si salvatrice.

Nos yeux sont alors incapables de se détacher.

— Tu veux bien qu'on... qu'on se voit plus souvent ? En dehors de l'école, je veux dire, continu-t-il tout en détournant à présent ses yeux des miens, son doigt grattant distraitement son menton.

— Tu veux qu'on recommence ?

— Oui, enfin...

— Je vois... dis-je alors plus gravement.

La déception gagne férocement mon coeur. J'aurais dû m'en douter. Je n'aurais jamais dû aller aussi loin. J'ai trop donné. J'ai trop voulu lui montrer à quel point il m'attirait, à quel point je le voulais, à quel point je l'aimais.

— Non, attends !

—Je vais rentrer.

— Je te demandais d'être ma petite amie ! S'époumone-t-il subitement tout en me retenant de partir de sa main sur mon poignet.

— Shoy...

— Oi ! Hinata boke, t'es obligé de crier ? On t'entends de l'autre pièce, se met aussi à hurler Kageyama de la cuisine.

Il n'y en pas un pour rattraper l'autre mais ce n'est pas le moment.

— Si c'est pour ça, alors non merci, laché-je tandis qu'Hinata est encore en train de regarder en direction de son coéquipier indélicat, prêt à répondre à sa provocation. Je ne suis pas ce genre de fille. Je t'ai dit que... laisse tomber, j'ai compris... Lâche moi maintenant.

— Quo... Mais non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! Je sais que tu n'es pas comme ça ! S'écrie-t-il aussitôt, paniqué.

J'arrête presque aussitôt de tirer sur mon bras pour tenter de m'échapper quand le ton de sa voix suppliante m'arrive jusqu'au oreille et entrave tout mouvement de mon corps.

— Pour te dire la vérité, je pense tout le temps à toi depuis qu'on s'est rencontré au gymnase. Et je te cherche tout le temps dans les couloirs de l'école pour essayer de t'apercevoir. C'est... c'est devenu plus fort que moi. Avant ce soir, j'étais sûr que tu t'intéressais à Kageyama alors je n'ai jamais pu te le dire mais je t'apprécie vraiment beaucoup et j'ai enfin compris que c'était bien plus que seulement de l'amitié. Enfin... j'ai eu de l'aide pour mettre des mots sur ce que je ressentais... mais maintenant que je sais ce que tu éprouves envers moi, je voudrais qu'on puisse vraiment être ensemble.

Je l'observe avec gravité tandis que je mesure toutes ses paroles. Sa sincérité poignante qui transparaît derrière cette timidité qui colore de rouge son visage, me convainc sans mal de la force de ce qu'il me révèle. Je n'ai, de toute façon, jamais connu un garçon aussi honnête que lui. Je reste sans voix devant tant de conviction. Tout ça reste encore bien trop incroyable pour que mon cerveau en prenne encore pleinement conscience. Mon rêve devient réalité, et le choc que j'éprouve me cloue sur place. Shoyo tire alors doucement sur mon poignet pour que je vienne lui faire face et me ramène timidement vers lui. Je reprends doucement des couleurs lorsque je peux de nouveau ressentir sa chaleur contre moi. Cependant, mon coeur est toujours hors de contrôle. Shoyo pose alors sa main sur ma joue et scrute mon visage avec inquiétude.

— Ça y est, vous avez enfin fini ? s'exclame soudainement Kageyama tandis qu'il nous rejoint avant de s'arrêter et de nous dévisager d'un air perplexe. Quoi ? Qu'est ce qu'il se passe ? J'ai interrompu quelque chose ? Demande-t-il alors avec toute la naïveté du monde quand il nous surprend si proche Shoyo et moi.

A ces paroles, je me mets à cligner des yeux et reprend enfin mes esprits. J'ignore à moitié Kageyama et me met à pouffer quand enfin mon cerveau veut bien se remettre à marcher correctement. Je réalise enfin et assimile pleinement que Shoyo vient d'accepter mes sentiments mais, chose encore plus extraordinaire, c'est réciproque. Il veut de moi. Il veut qu'on soit ensemble. Envahie par une douce euphorie, je glisse alors ma main dans celle de Shoyo qui emmêle aussitôt ses doigts aux miens sans hésitation. De toute la scène, il n'a pourtant pas détaché son regard du mien, pendu à mes lèvres. Il a visiblement besoin d'une réponse plus claire qui dissipe tout ce malentendu.

— Ça t'embête si Shoyo devient mon partenaire ? lancé-je à Kageyama tandis que je place nos mains enlacées devant ses yeux ahuris.

A cette réponse, il reste planté sur place comme un nigaud. Je crois qu'on vient de le perdre.

— Tu comptes apprendre le volley ? demande-t-il, hébété par ma question.

Shoyo sort enfin de sa torpeur confuse et se met à rire à gorge déployée lorsqu'il saisit ma réponse. Il resserre alors sa main autour de la mienne et se tourne vers son ami avant de lui tirer la langue dans une attitude puérile des plus provocante.

— Il semblerait que j'ai une copine maintenant, lui assène t-il fièrement. Je prends de l'avance sur toi !

Je roule des yeux et les laisse débattre un instant sur cette nouvelle pour tourner la tête en direction de Yachi qui fait son apparition dans la pièce. En nous apercevant, elle se met à sourire à pleines dents et m'adresse même un pouce en l'air. J'articule alors un merci silencieux à son attention. Je ne sais comment lui exprimer toute ma reconnaissance sur ce miracle qu'elle a accompli. La soirée ne pouvait pas mieux se terminer et j'espère que demain serait encore meilleur.





*****

— Je pars au Brésil...

Et comme ça, en quelques secondes, ce nuage de bonheur, tout ce petit monde serein qu'on avait bâti, s'est écroulé, évaporé, disséminé aux quatres vents. Quatre malheureux petits mots et j'ai senti le sol se dérober impitoyablement sous mes pieds. J'allais déjà le perdre alors qu'on pouvait enfin être ensemble ? Qu'on s'est même avoué ressentir des sentiments forts l'un pour l'autre ?

Cette stupide phrase qu'il m'a déclaré, à la fois sincèrement heureux et profondement affligé, continue de retentir inlassablement dans ma tête. Une rengaine douloureusement entêtante qui m'a fait vivre un véritable cauchemar éveillé toutes ces dernières semaines avec Shoyo. Malgré cette épée de damoclès pendant dorénavant au-dessus de notre couple, on a tout fait pour profiter de chaque instant ensemble jusqu'à ce que nos années lycée soient définitivement derrière nous. On a tout fait pour nous rassurer mutuellement. Tout. Et je crois qu'on a réussi.

Ces derniers mois avec Shoyo, en dépit de l'échéance de la sentence impitoyable qui nous tendait les bras, ont tout simplement été parfaits. On a même peaufiné, plusieurs délicieuses fois, ce qu'on a effrontément entrepris dans ce placard de la providence. Son dévouement et son application à me faire plaisir et me rendre heureuse est au-delà de tout ce que je pouvais espérer. Sa bouche et sa langue savent maintenant faire autre chose que s'époumoner et brasser de l'air sur les parquets ou avec ses amis. Je pouffe et rougis rien qu'en y repensant mais la fin de cette année me laisse un goût amer. J'étais bien, tout était enfin devenu parfait et me voilà pourtant à l'aéroport pour laisser partir celui qui m'a persuadé, avec simplicité et bienveillance, d'être l'amour de ma vie. 

Avant de partir, il a dit au revoir à ses parents et à Natsu chez lui. La veille, on a même mangé tous ensemble et tellement ris que j'en ai encore des courbatures aux abdominaux. Shoyo ne voulait pas embêter sa famille alors il leur a demandé de ne pas venir mais je ne pouvais pas me résigner à le laisser aller à l'aéroport seul. Égoïstement, je voulais aussi être avec lui jusqu'à la dernière seconde. Il n'a même pas cherché à protester. A la place, il m'a enlacé fermement et lancé un "bonne nuit" tremblant, étouffé dans le creux de mon cou avant de me relâcher beaucoup trop rapidement et de me laisser rentrer chez moi. Je sais qu'il a pleuré ce soir-là, tout comme moi. Une secret à peine privé qui n'en est pas un mais qui avait besoin de sortir sans pour autant être partagé. Un moment de désespoir solitaire pour réussir à avancer à deux.

— Je te promets de devenir bien plus fort et de revenir aussi vite que je peux. Je penserais à toi chaque jour alors s'il te plaît ne m'oublie pas, chuchote Shoyo tandis que je suis encore dans mes souvenirs de la veille.

Souvenirs précieux qui arrivent malgré tout à me réchauffer le cœur et me donner un peu plus de courage pour affronter cet instant tant redouté.

— Dans tout ce qu'on s'est promis, je ne me souviens pas qu'il est prévu que je t'oublie, Shoyo, dis-je avec humour pour essayer de le rassurer et détendre cette atmosphère pesante.

Je le vois alors sourire discrètement avant qu'il ne s'efface gravement.

— Pardonne moi de te faire subir tout ça...

Je me pince aussitôt l'intérieur de la joue pour détourner la douleur de la boule qui se forme dans ma gorge et les larmes qui commencent à me piquer les yeux, avant de poser ma main sur sa joue. Il l'attrape tendrement dans la sienne et on reste encore quelques secondes à, simplement, profiter l'un de l'autre pendant qu'on le peut encore. Tout. Chaque seconde, chaque toucher, chaque sourire, tout est inestimable.

— Je porterais notre bague tous les jours et je ne l'enlèverai jamais.

Il me la pointe alors du doigt, pendante au bout d'une chaîne autour de son cou. Ces bagues qu'on s'est échangées symbolisent tout notre amour et la promesse faite de lier à nouveau un jour nos vies et nos destins. Je souris alors et joue aussitôt avec la mienne autour de mon doigt.

— Si notre couple survit à la distance alors plus rien ne pourra plus jamais nous séparer mais tu es sure que tu veux m'attendre ? me demande-t-il encore fébrile du sacrifice qu'il me demande de faire.

— Certaine ! La question ne se pose même pas à moins que toi, tu veuilles rompre ici et maintenant ?

— Ça va pas ? Jamais de la vie !

On se met alors à s'esclaffer d'un rire sincère malgré la douleur qui nous enserre le cœur.

— D'ailleurs, tiens... reprend t-il en me tendant une enveloppe qu'il extrait de sa poche.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Ne l'ouvre pas tout de suite, s'il te plaît. Ouvre-la quand tu seras chez toi. C'est une surprise. Quand tu la découvriras, je serais dans l'avion mais j'aurais peut être ta réponse à l'atterrissage.

— Ma réponse ? Mais pou...

— Tu verras, ricane-t-il espièglement tandis qu'il passe son doigt sous son nez avec un air mutin.

Il régresse toujours de quelques années quand il affiche cette frimousse mais je succombe à chaque fois. Il arrive à être à la fois craquant et séduisant et, je ne sais toujours pas comment il fait.

En dépit de la perspective de cette surprise et poussé par une peine grandissante suscitée par l'approche inévitable de son départ, mon visage vient se cacher contre son torse puissant. Je m'étais promis d'être forte mais je m'écroule à la seconde où son regard rencontre le mien, c'est nul. 

— Hey... commence-t-il dans un souffle lourd de sens tandis qu'il glisse délicatement sa main sous mon menton.

Il me force affectueusement à affronter son regard rassurant mais aussi, inévitablement, par la force des choses, toute cette situation que je me refuse à braver et que je déteste. Son pouce parcourt tendrement les contours de ma mâchoire. Il effleure lentement ma peau, mémorise avec attention chaque ligne de mon visage. Glisse son doigt sur mes lèvres asséchées par mon souffle devenu pénible. Je vois ses yeux tout retenir de mes traits, les fixer pour longtemps dans son esprit. Je sens alors mes larmes monter mais je me mords la lèvre pour me calmer aussitôt. Je sais très bien que je ne suis pas la seule et qu'on est deux à souffrir de ces au-revoir, mais putain, c'est si dur de me retenir. Au bord de la rupture, je m'élance contre lui et mes lèvres viennent chercher les siennes dans une étreinte désespérée pour faire taire ma peine, essayer de la camoufler contre l'homme qui a toujours su faire taire mes peurs, celui à qui j'ai donné mon coeur et qui va pourtant partir loin de moi. Tandis que je me sens sombrer, je sens ses bras s'enrouler fermement autour de ma taille. Je n'entends alors plus rien que le son de son cœur qui bat à tout rompre, exactement comme le mien.

— ...tous les jours... le temps...

— Quoi ?

Shoyo ricane alors difficilement tout en s'écartant un peu de moi pour mieux me couver de son regard bienveillant

— J'ai dit qu'on s'appellera tous les jours comme promis et tu verras que le temps passera bien plus vite que prévu.

J'aperçois des larmes commencer à s'accumuler aux coins de ses yeux et menacer de se déverser sur son visage qui n'arrive presque plus à dissimuler sa douleur. Il souffre autant que moi de la situation mais je dois être forte et lui confirmer qu'on fait le bon choix. Il doit partir l'esprit apaisé et réaliser son rêve.

— Hey Shoyo..?

Je voudrais lui dire mais pourtant même ces mots restent coincés dans ma gorge. Tout ce que j'arrive à faire c'est de le fixer d'un regard désespéré et tenter de le rassurer avec un sourire misérable.

— Je sais... me susurre-t-il pendant que son souffle chaud vient s'écraser, en une caresse bien trop lourde, sur la peau fine de mon visage, chargée de paroles qu'on a même pas prononcées.

"Est ce qu'il sait vraiment ?"

Ce baiser qu'il me dépose ensuite avec force sur le front m'aide à y croire. Malgré cette boule coincée dans la gorge qui m'empêche de parler. Malgré ce mal qui me lacère l'estomac. Malgré mes jambes flageolantes prêtent à céder à tout moment. Malgré le poids de cette peine immense qui écrase mes épaules. Malgré cette envie dévorante de venir m'agripper à lui et de le retenir contre moi avec les faibles forces qu'il me reste. Je ne montre rien, je ne fais rien et je souris comme je peux. Je m'inflige cette façade parce que je l'aime et je veux plus qu'il parte serein. Que ce soit pour sa carrière mais aussi sur nous. Je l'attendrais le temps qu'il faut pour qu'il me revienne. On se l'est promis, la distance ne nous empêchera pas de pérenniser notre amour.

Je l'observe aussi intensément que lui ancre son regard fauve au mien. Un silence des plus pesant s'installe alors qu'on se tient l'un en face de l'autre, le brouhaha de l'aéroport semblant n'avoir plus aucun effet sur cette bulle douloureuse autant que chaleureuse qui nous isole de tout le reste. Et c'est seulement sa voix qui la perce après des secondes interminables qui me ramène à une réalité que j'aurais voulu oublier. 

— Je dois y aller...

Le moment que je redoute arrive fatalement. Celui des au-revoirs. On s'échange alors éhontément un dernier baiser au milieu de ce hall immense. Un dernier baiser avant de ne plus pouvoir goûter à la saveur de ses lèvres. Un dernier toucher avant de ne plus pouvoir ressentir sa peau contre la mienne. Une dernière inspiration avant que son odeur ne s'estompe. Une dernière étreinte avant d'éprouver ce vide qui va se créer en son absence.

— Je t'attendrais le temps qu'il faudra, Shoyo, lui assuré-je alors sans trembler après avoir rassemblé mes dernières forces de persuasion.

Il me sourit tendrement et dépose encore un long baiser sur mon front avant de malheureusement se détacher de moi et de se retourner pour partir. Quand ses lèvres quittent ma peau, le poids, que j'avais porté en avant pour essayer vainement de prolonger cet instant, me fait alors basculer et perdre l'équilibre. Je titube, tend mes bras pour l'atteindre mais il est déjà hors de portée. Son dos me fait maintenant face et je ne peux rien faire d'autre que de le regarder s'en aller. Il se retourne une ultime fois et me fait un dernier signe de la main avant que la foule ne le dérobe à ma vue. Je le cherche encore désespérément des yeux jusqu'à la dernière seconde, jusqu'à ce que je ne puisse plus du tout apercevoir sa crinière rousse.

Mon cœur fait alors de si grands bonds dans ma poitrine que j'ai l'impression qu'il va me briser les côtés à chaque battement. Mes doigts serrés en poings douloureux me lancent et me rappellent la soudaine froideur mordante de mon chagrin. Tout le courage que j'avais rassemblé pour me montrer forte devant lui, s'évanouit à l'instant même où je me retrouve seule au milieu de la foule d'inconnus qui s'agitent, ignorant de toute la peine qui déferle en moi. J'inspire profondément mais ma poitrine se comprime. Je ne lutte pas contre ce sentiment qui dévaste mon être puisque désormais, je n'ai plus de raison de retenir cette tristesse. Cette fois, les larmes se mettent à couler aux yeux et à la vue de tous. Peu importe, j'ai juste mal. 



Tout en séchant laborieusement mes pleurs, je rentre finalement chez moi. Je me jette sur mon lit et regarde vaguement mon plafond qui se brouille au rythme de mes larmes qui continuent de couler. Je me sens entièrement vide. Je repense alors à ce moment où tout a commencé. Pour moi, ça a été bien plus que seulement sept minutes au paradis et malgré ce chagrin que je ressens, je ne regrette rien, pas même de l'avoir laissé partir poursuivre son rêve parce que je sais qu'il me reviendra et que notre avenir est ensemble. Je n'ai aucun doute sur nous.

J'essaye de me donner un peu de courage et me redresse sur mon lit. Je scrute mon téléphone et fais un rapide calcul mental du décalage horaire avec le Brésil. Une habitude qu'on a prise ensemble pour nous aider avec nos appels. Je repense alors subitement à la lettre que Shoyo m'a donnée et m'empresse de l'extirper de ma poche.

C'est une enveloppe blanche, toute simple, sur laquelle il a simplement écrit mon prénom.

— Vas-y, montre-leur que tu es le meilleur, déclaré-je à haute voix en m'adressant à cette lettre comme si elle le représentait, avant de l'ouvrir à la hâte. Le monde te verra bientôt comme je te vois.

Son contenu à moitié extirpé, je me remets subitement à pleurer. Mais cette fois ce sont des larmes de joie qui se déversent à torrent sur mes joues. Même s'il est maintenant à des milliers de kilomètres, il arrive encore à me faire sourire et me prouver son amour.

— Moi aussi je t'aime, Shoyo.








*****

Petit OS très coquin mais aussi plutôt touchant d'après moi. La maladresse qui accompagne la timidité de la découverte d'un corps autre que le sien, je trouve ça terriblement craquant et intéressant à décrire. C'était un touche pipi version adulte quoi XD J'espère avoir réussi à bien faire passer les intentions que je voulais :s 

Pour ce qui concerne la fin, pour être honnête, je voulais finir sur le moment où Shoyo annonce à reader qu'il part au brésil. Ça aurait été très abrupt et plutôt inattendu (souvenez-vous des jumeaux mouahahaha) en plus de me laisser le loisir d'avoir une fin très ouverte. J'aime ça, les fins ouvertes dans mes OS huhuhu. Puis, au fur et à mesure de mon écriture, mon âme de romantique a quand même voulu m'imposer de trouver une conclusion plus claire et optimiste pour ce couple. (et me rajouter du boulot par la même occasion mais hey... c'est ma malédiction de ne jamais être contente XD) 

En tout cas, j'espère que ce gros pavé vous aura plu et que ça colle avec ce que vous imaginiez d'Hinata. Pas si innocent que ça, le garçon ;) J'ai hâte de lire vos commentaires !!!

Cette fois j'ai réalisé deux montages. L'image qui illustre cet OS et bien sur celle qui le conclut. Je ne me suis pas autant donné que pour Kita mais quand même, j'en suis bien contente 😅 Qu'est ce que vous en pensez ? 

Enfin, je vais conclure différemment ma note avec un message plus personnel. Je veux vous dire un gros merci de faire de ce recueil un livre lu malgré son caractère léger sans grande prétention et son thème olé-olé qui peut en rebuter beaucoup. Presque 50k tout de même pour seulement 7 OS (plus les chapitres bonus). C'est grâce à vous qu'il rencontre son petit succès malgré ses très nombreuses imperfections et mon temps de publication à rallonge. C'est grâce à vos votes, commentaires et même juste le fait que vous vous y intéressiez que ce simple recueil en est là où il est. 

Je tente de rendre les lemons un peu plus... normal on va dire. De le "détabouhifier'', de dédramatiser et peut être le déromantiser. (Je sais c'est pas français tous ça mais vous saisissez le concept XD). J'essaye aussi de les ancrer dans une certaine "réalité", certes encore bien idéalisée j'en conviens, et pas juste écrire deux personnes sans âmes qui se sautent dessus sans avant ni après. Même si lorsqu'on lit la présentation de ce recueil, écrire du cul pour du cul était le but du livre. Force est de constater que c'est plus fort que moi. 😅😅😅

Alors on va me dire: 

- Non mais oh, mollo l'asticot ! Dis donc, tu t'emballes pas un peu trop là ? Ça va, c'est pas ouf non plus.

Ben peut-être XD Mais en tout cas, pour moi, c'est déjà énorme et je tenais à vous le dire.

Je vais vite arrêter là avant de me faire moi-même chialer pour rien et vous laisse avec ce nouveau slogan:

Un vote = Un bisou

Un commentaire = Un câlin

Un partage (liste de lecture ou autre) = Coeur sur vous ❤️

Et si vous êtes plutôt du genre discret, vous comptez tout autant et vous recevez ma gratitude (terme non péjoratif ou risible. Il exprime un sentiment affectueux que l'on éprouve envers qqn dont on est l'obligé, dixit Google) la plus sincère car, comme tous les autres, vous avez également cliqué sur mon livre et êtes venu me lire ❤️❤️❤️

DU FOND DU COEUR, MERCI A TOUS !

Voilà, j'espère vous avoir fait, faire et ferai, passer un bon moment. Sans mauvais jeu de mot ! (Vraiment, je le dis avec la plus grande pureté !) Et je vous dis à bientôt pour un autre OS déluré ! Je ne sais pas encore qui va être la cible de mon esprit douteux mais j'ai quelques pistes hehehe

Prenez soin de vous ! Des bisous,

Noctyss❤️


























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