Sans adjectif
Ce texte est le résultat d'un exercice très amusant proposé par Cyril Destoky, qui donne des conseils d'écriture, notamment sur Instagram. La consigne était de faire une description sans adjectif.
Je crois avoir respecté la règle et recommande la playlist Train Sounds sur Spotify.
Je monte à bord du train. La moquette s’étale à perte de vue. Je trébuche au démarrage, emportée par le poids de ma valise. La soirée ayant à peine débuté, l’éclairage est encore endormi. La lueur voguant entre les sièges, coincée entre chien et loup, ne va pas pour me rassurer. J’avance en crabe, parcourant du regard les numéros gravés sur les dossiers.
Enfin, le nombre « 83 » apparaît. Je retiens pourtant ma respiration. Impossible de porter cette valise à bout de bras !
Mon voisin le remarque. Bien que son sourire exprimât la politesse, son coup d’œil vers l’avant du train m’indique le véritable motif de son aide. Je bloque complètement l’allée. Il lâche ses propres bagages pour s’occuper du mien et je l’assiste lorsqu’il faut le pousser sur la grille.
— Merci.
— Pas de quoi.
Je m’assieds. L’entièreté du wagon a la même teinte, dont la chaleur m’offre peu de réconfort face à l’odeur qui y plane et me donne la nausée. Au-dessus de la porte, le mot « FUMEUR » n’apparaît qu’à travers un brouillard trouvant naissance au bout des cigarettes et aux creux des pipes. Je n’ai pas eu le choix ; il ne restait que cette place.
Je laisse échapper un toussotement alors que les voyageurs, montés après moi, repèrent leur siège. Puis, je me lève à nouveau pour me débarrasser de mon manteau. Je secoue les épaules jusqu’à ce qu’il glisse sur mes coudes.
Le trajet jusqu’à la gare m’a épuisé. Je coule dans le siège et décide de me laisser bercer par le bruit des roues sur les rails. À travers la fenêtre, je peux voir la forêt défiler, avant qu’elle ne se fasse chasser par les champs. J’ai tellement hâte d’apercevoir la mer. En attendant, je ferme les yeux.
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