Jeu de corbeaux
TW : gore
J'ai vu cette image où je marchais au milieu des corbeaux. Le sol que je foulais vibrait sous mes pas brutaux. Je n'étais plus moi mais un dédoublement abouti, renforcé en courage et confiance en soi.
Mes talons s'enfonçaient dans la terre humide au rythme des battements de mon cœur et mon souffle s'exhalait dans l'air électrique. Mes sensations décuplées, je pouvais sentir chaque mouvement environnant. A l'unisson, la nature ne vibrait que d'une seule voix et je lui donnais cette impulsion.
J'avais le contrôle, je me sentais au-dessus de tout. Chaque parcelle du monde autour de moi m'appartenait. J'en avais la possession comme de mon propre corps. Un rêve d'humain.
L'engouement me prit ; mon cœur battait si fort que les corbeaux venaient se pencher sur mon chemin. D'autres prirent leur envol et maintenaient un cercle de plumes autour de moi.
A mon flanc accroché, un long poignard battait ma cuisse au rythme de mes pas. Dans le dos, un carquois rempli de flèches s'attachait à mes épaules. Les vibrations, encore, me poussaient à marcher à cette allure et à ne jamais m'arrêter.
Je savais enfin où j'allais, ce que j'avais à accomplir. Tout dépendait de moi. J'avais le contrôle sur le cours du temps, le fil des évènements. Je cousais désormais ma propre histoire. Plus rien ni personne n'allait me déterminer mis à part moi-même. La puissance à l'état pur, personne ne pouvait plus m'entraver. Je continuais à avancer.
J'arrivai alors devant cette maison bâtie de bois brut, aux allures de décennies usées.
Je traversai la cour avec le même pas lent mais assuré, mes hanches se déroulant à la perfection : la mécanique de mon corps harmonisée comme jamais.
Quelqu'un sortit et tenta un tir de flèche. Aucune peur, je suis invincible. J'évitai la flèche comme s'il s'agissait d'une brindille lancée au hasard, en inclinant seulement de quelques centimètres la tête sur le côté. La flèche siffla à mon oreille et je la narguai d'un sourire arrogant.
Avant que l'autre ne put enchaîner un second tir, je saisis un carreau de mon carquois et armai l'arbalète que je tenais dans une main. Un mètre lui traversa le cœur comme l'eut fait un couteau dans une part de gâteau.
N'ayant toujours pas arrêté ma course, je me trouvai bientôt sur le pas de la porte. Un coup de pied bien placé fendit la fibre du bois qui laissa échapper la poignée.
Quelqu'un se jeta sur moi. Je le renvoyai d'où il venait par un coup de coude mué en élan de ma lame, qui lui saigna la gorge et lui délogea la trachée. Je répondis de l'autre côté par la saisie d'un carreau, que je plantai dans l'œil d'un attaquant. Il se retrouva lui aussi bientôt vidé de son sang par la béance de sa gorge.
Je me dégageai ainsi un chemin jusqu'à l'étage, nettoyant le lieu de toute sa vermine. Personne n'eut assez de force pour me tenir tête plus d'une seconde et demie.
Après un coup dans le dos de quelqu'un que je balançai par-dessus la rampe d'escalier, j'empruntai au futur défunt la machette pendant à sa ceinture. J'ouvrai encore quelques ventres avec celle-ci, vidant mes assaillants de leurs entrailles gluantes, avant de m'attaquer à la porte du fond d'un couloir sombre, barricadée de l'intérieur.
Je réceptionnai au passage un adversaire pensant me prendre par surprise, occupée comme je l'étais à me tailler un chemin à travers cette porte et l'utilisai comme bouclier alors que je pénétrai dans la salle protégée.
Mon amulette me protégea d'un gaz empoisonné qu'on me balança à la figure, puis je combattis un à un mes assaillants, plus redoutables que les précédents, limitant leurs mouvements grâce à l'embrasure de la porte. Je lâchai la machette pour gagner en vitesse et en précision avec mon long poignard, récemment affuté pour plus de dégâts. Le scintillement de sa lame ne semblait pas être altéré par les nombreux filets de sang qui glissaient jusqu'à mon poignet.
Le dernier ennemi envoyé au sol par une clef de bras fatale, j'avançai avec ce même pas décidé jusqu'à la table en pierre située dans le creux du mur. Je m'emparai du cristal posé en son sein et le fourrai dans ma poche, après l'avoir un instant contemplé sous la lumière perçant à travers la fenêtre.
Celui-ci me transporta dans un autre lieu, un château de verre comme on n'en a jamais vu ; étape suivante : je gagnai un niveau.
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