Atelier - aléatoire
Thème : L'ALEATOIRE
Proposition : "C'est un jour de chaleur atroce sur la place de la république, et j'attends / iel attend la boisson fraiche commandée..." Poursuivez ce début de texte en commençant chaque phrase suivante par un mot au hasard !
Lancez un dé, et :
1 - Soudain / Tout à coup
2 - Cependant / Néanmoins
3 - De plus / En outre
4 - Certainement / A l'évidence
5 - Coquelicot / Tulipe6 - Finalement / Enfin
C'était un jour de chaleur atroce sur la place de la République et j'attendais la boisson fraîche commandée sur un coup de tête.
Tout à coup, il surgit du reflet d'une vitrine acidulée par les couleurs des soldes et je me levai comme un bras de zombie hors de sa tombe. À l'évidence, l'analogie était de mauvais goût, mais de bon contexte, étant donné l'aura spectrale de la silhouette que je suivais. Néanmoins, ses vibrations mordorées la rendaient plus vivante qu'un mort et plus diaphane qu'un vivant. Finalement, je me figurais un être qui pouvait passer pour un rayon de soleil sur un champ de blé.
Soudain, la fumerolle disparut dans la bourrasque humaine qui sortait du tram. Soudain, j'étais la fumerolle. Enfin... il me semblait que je devenais aussi invisible aux yeux des autres, circulant à travers la marée humaine sans qu'un seul regard me soit adressé et je me hissai sur la pointe des pieds pour espérer retrouver la trace subtile de mon rayon de soleil. Certainement pas le plus facile sur cette place baignée de ciel bleu. Certainement pas le plus facile quand on était tangible et qu'on se prenait les pieds dans les pavés. À l'évidence, je partais désavantagée dans cette fausse poursuite où je voulais satisfaire ma curiosité envers ce phénomène au moins étonnant, au plus inquiétant - pour ma santé mentale, ou oculaire - et je n'avais plus que ce désir d'approcher la silhouette pour préciser ses traits. En outre, je devais fuir le périmètre avant que le serveur revienne et m'insulte pour mon abandon de commande.
Finalement agacée par mon échec, je m'apprêtais à monter dans le tram et à fuir tout bonnement, quand la silhouette chatoya de l'autre côté ; je sautai du trottoir en sa direction tandis qu'elle louvoyait jusqu'à la fontaine au centre du grand jardin. Certainement que les éclats de lumière y étaient plus brefs et plus vifs et je commençai à comprendre que le spectre naissait et se nourrissait de ces chatoiements. De plus, il ne m'avait toujours pas remarqué et je m'approchai comme une enfant attirée par une baguette de fée pailletée, retenant tout juste mes bras de s'en saisir afin de pouvoir savourer l'apparition : une succession de voiles dorés, arrangés autour d'une figure humaine, aussi éthérée que l'aube et dont les pas flottants soufflaient une brise alentour, particulièrement libératrice sous ce cagnard, mais qu'aucun ne semblait remarquer, son origine ne restant visible que de moi.
Tout à coup, la gerbe de la fontaine se fit plus violente : le souffle provoqué par le spectre l'avait projetée plus loin et elle éclata, en autant d'éclaboussures, les vibrations quasi boréales. À l'évidence, l'aura fragile n'avait pu lutter contre autant de lumière diffractée. Tulipe, et tous ses voiles, étaient nés d'un reflet et s'étaient fanés d'un coup d'éclats.
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