4. Revanche couleur oxygène
- A-Arrête.
- Ça ne te dérange pas, ose me dire que ce petit jeu te dérange ?
Tu t'avances vers moi, avec une lenteur étudiée et tu me pousses contre le mur, mon dos fait un bruit sourd contre la paroi. Je te fixe la bouche entrouverte, désireux de connaître ton prochain mouvement. Tu souris lascivement, je frémis d'envie. Tes lèvres rouges et gonflées se déplacent dans mon cou, tu le suçotes délicatement. Mon gémissement n'atteindra jamais tes oreilles, tu t'effondres à terre. Un instant, je te fixe croyant à une blague mais bien vite je remarque le sang qui coule, la personne face à moi pose un pied dédaigneux sur ton dos. Ma voix tremble de peur, de douleur, de culpabilité. Faible et incapable de résister à la tentation de ta compagnie, voilà ce que je suis.
- Que- Qu'est ce que tu fais là?
Incrédule, je fixe Ava. Elle me sourit, jouant nonchalamment avec le pistolet entre ses mains.
- Je rappelle simplement à ton meilleur ami qu'il n'a pas le droit de poser en serait-ce qu'un seul baiser sur toi. Tu es à moi.
Je ne réponds pas, bien trop occupé à m'inquiéter de ton état. Paniqué, je compose le 112. Quand ils décrochent enfin, je leur expose du mieux que je peux la situation. L'homme au bout du combiné me demande de patienter. Il n'y a que ça à faire de toute façon!
Je ramasse mon t-shirt, que tu m'as enlevé quelques minutes plus tôt dans un élan sauvage, et l'appuie contre ta plaie. La balle s'est logée en haut de ta clavicule, c'est une vraie boucherie. Autour de moi, Ava se mord les ongles, babillant des excuses, elle m'explique qu'elle est trop jalouse, trop impulsive. Je l'ai déjà remarqué pas besoin de m'expliquer comment tu fonctionnes chérie!
L'ambulance finit par arriver j'use de mes meilleurs pouvoirs pour rester avec toi. Pour le moment, tes yeux sont ouverts, tu me regardes en esquissant un sourire. Je tente de te rendre la pareille, mais mes lèvres ne suivent pas mes ordres. Une fois à l'hôpital, je dois me séparer de toi.
À part tes parents, Donald et mon prof de géographie, je n'ai jamais voulu tuer personne. Ma liste se voit officiellement agrandie de absolument tout le monde présent dans cet hôpital, à part toi. Bordel tu as intérêt à guérir !
Je perçois vaguement la voix de ma supposée amoureuse en fond. Elle explique tout à Elena, ta fiancée. Quelques minutes plus tard, une brune inquiète, furieuse et jalouse débarque par les portes de l'hôpital. Moi je ne pense qu'à toi, je prie pour que tu t'en sortes.
Après une grosse heure d'attente, on me permet d'entrer dans ta chambre. Le docteur de cet étage m'avertit: je ne dois surtout pas faire tomber la machine bleue, celle qui t'aide à respirer. J'entre à pas de velours et m'assieds sur le bord de ton lit. Tu es plongé dans un sommeil sans rêves, ta respiration paisible et régulière me rassure.
Je repense à ton visage, sur la plage en été, si pâle malgré le soleil brûlant. Je t' avais taquiné, et d'une manière où d'une autre tu t'étais retrouvé sur moi, me plaquant contre le sable chaud. Ce fût notre premier baiser.
Sans que je m'en rende compte, je te raconte à haute voix notre histoire. Je t'explique pourquoi nous sommes restés simples amis aux yeux du monde entier, bien que tu le saches déjà. J'évoque notre éditeur, si homophobe. Je ressasse l'histoire que nous avons écrite ensemble, Trouble Saphir, la première d'une longue et palpitante série. Elle nous avait mise sur la voie du succès, notre lectorat augmentait au fil des livres publiés.
Tu te rappelles, la petite Elena de vingt ans nous proposant de s'occuper des finances si nous lui permettons d'être publiée à son tour ? Elle paraissait si amoureuse et tu jouais à perfection le petit ami épris d'elle. Comme j'ai pu l'envie ! À cette époque, l'unique baiser que nous avions échangé révélait du tabou.
Tu m'avais assuré aimer cette jeune fille si différente de moi, j'ai décidé de te croire. Quelques mois plus tard, j'ai rencontré Ava. Je fis d'elle ma petite amie, même si j'avais le sentiment de m'y forcer. Je voyais que tu ne l'appréciais pas, même si tu essayais. J'avais le même problème avec Elena.
Un jour d'hiver, nous avions décidé de prendre une pause écriture pour boire un café. La neige tombait sur nous, tu étais si beau et insouciant, dansant comme un gamin. J'avais rejeté la tête en arrière, laissant les délicats flocons glacer mon visage.
Lorsque je remis la tête droite, tu te trouvais devant moi, avançant en ma direction à petits pas. Je t'avais surpris, tu t'étais arrêté, demandant d'un air inquiet si je voulais que tu recules, que la distance entre nous soit à nouveau amicale. M'approchant encore un peu, j'avais murmuré prudemment que non.
Je m'arrête de parler quelques secondes, essoufflé de dire autant en un coup. Je bois un verre d'eau et reprends prestement mon récit.
Nous étions collés l'un à l'autre, nos lèvres s'effleuraient. Cette situation n'était pas nouvelle, ce qui était surprenant fût la suite des événements. Tu ne tardas pas à poser tes lèvres douces sur les miennes, me réchauffant de la meilleure des manières.
Nous avions passé l'après midi dans ma chambre, parlant et riant comme à notre habitude. La différence était la sensation de tes baisers, si addictive. Je compris ce jour-là que c'était toi que j'aimais, depuis le début, et non pas Ava. Les pièces du puzzle se mettaient toutes en place, et je ne pouvais m'empêcher de sourire.
Amoureux de mon meilleur ami, un garçon qui plus est ! Ça sonnait improbable mais c'était notre heureuse réalité. Le problème que formaient nos petites amies nous fit ressentir bien de scrupules, nous avons tenté de leur dire plusieurs fois sans aucun succès. Notre éditeur, Albert, était au courant de notre histoire. Il nous avait directement fait comprendre que nous avions grand intérêt à rester amis aux yeux du public.
Nous avions sauté sur cette excuse pour continuer notre ''jeu'' sans rien dire. Se cacher constamment n'était pas simple, leur faire du mal aurait été bien pire. Ces deux filles nous aimaient, et elles étaient très précieuses à nos yeux... Amicalement. Nous n'arrivions tout simplement pas à les aimer...
Les mois puis les années s'enchaînèrent, chaque livre que nous écrivions me rendait encore un peu plus fou de toi. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Ces baisers que tu distribuais dans mon cou étaient les meilleurs des cadeaux. Bordel je t'aime tellement !
Un bruit à ma droite me surprend. Je cesse de caresser ta joue et lève lentement les yeux vers le reste de ta chambre. L'horreur de la situation me parvient lentement. Elena et Ava se tiennent devant moi, depuis quand exactement ? Je leur pose la question, elles ne daignent pas me répondre.
Au lieu de ça, l'une d'elle shoote un bon coup dans la machine qui assure ta respiration, et ta survie par la même occasion. Un cri d'avertissement reste bloqué dans ma gorge. Elle l'a fait exprès, j'en suis sûr.
Ava s'avance vers moi, me roule une pelle dès plus répulsives et murmure contre mes lèvres :
- On a tout entendu mon cœur... Et l'amour de ta vie, il sera mort très bientôt.
Elle m'attache à un fauteuil solidement, me forçant à te voir suffoquer, vivant tes derniers instants. Tu prononces mon prénom, une dernière fois.
Tu meurs, mon cœur aussi.
đđđ
Parce que tu me l'as demandé :)
Bisous!
Gret
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