Mercredi 4 août 2021

Aujourd'hui, nous devions écrire avec une fin imposée.

Voici ce que j'ai écrit :


Ce fut l'eau que j'entendis en premier, au milieu du silence qui avait envahi mes pensées.

L'eau du robinet de la cuisine, qui gouttait après que je l'ai mal refermé.

Je le dévisageais, lui et son air inquiet.

Toute la salle à manger semblait être dans le même état que moi, bien que chacun des membres de la famille le gère différemment.

L'instant s'éternisait et déjà, une larme de choc roulait sur la joue de ma mère, et le poing de mon père se serrait. Mon oncle tenait une cuillère dont le contenu dégoulinait sur sa chemise, et le bébé sur ses genoux n'appréciait visiblement pas que le trajet de l'assiette à sa bouche soit si long. Les enfants déjà en âge de jouer étaient bien loin, occupés à protéger un château fort sans aucun doute.

Le temps semblait arrêté à première vue. En observant assez longtemps, on se rendait vite compte que ce n'était pas le cas. Les tressautements de l'œil de ma grand-mère, la bouche de ma grande sœur qui s'ouvrait et se fermait à intervalles réguliers, mon grand-père qui sucrait les fraises avec ses lunettes, qu'il avait retirées pour les nettoyer... Tout cela se mêlait dans un fouillis de micro-mouvements qui saturaient mon regard.

Après l'eau, je fus soudain très consciente du poids du plat entre mes mains. Avant qu'il ne lâche sa bombe, j'étais partie chercher le gâteau que j'avais moi-même préparé dans l'après-midi. La rumeur qu'il était absolument délicieux, comme chaque dessert que je réalisais, s'était répandue comme une traînée de poudre autour de la table, sans que l'on ne puisse vraiment savoir qui en était à l'origine. Les attentes pour ce fameux gâteau étaient donc assez hautes.

Mon chef d'œuvre culinaire devait se trouver bien loin dans les esprits dorénavant. On ne pouvait décemment pas penser à manger après une telle annonce. Pourquoi est-ce que j'y pensais, moi ?

Dans une tentative de remettre mes neurones à l'endroit, je fermai les yeux et secouai la tête comme un chien qui s'ébroue. Une fois mes paupières soulevées, mes pupilles se rivèrent dans les siennes. Mais qu'est-ce qui lui avait pris ?

- C'est vrai ?

Ma voix était chevrotante, et je posais une question peu pertinente. Cela eut au moins l'effet de sortir de leur mutisme la majorité des invités. Ils attendaient maintenant tous la réponse, espérant sans doute qu'il soit foudroyé par un éclat de rire en annonçant une blague.

Mais il n'en fit rien. Il hocha simplement la tête, désolé de décevoir notre dernier espoir.

Alors, je ne fus plus vide. Une vague d'émotions me submergea au moment où la tripotée d'enfants débarquait en demandant le dessert. Je fus bousculée par un de mes cousins sans doute, et le choc physique fit écho à celui, mental, qui me traversait.

Le poids quitta mes mains alors que celui de la vérité, invisible, s'abattait sur mes épaules.

Le gâteau tant attendu tomba par terre, et fut perdu.


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J'ai obtenu la note de 5/6.

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