Mardi 6 juillet 2021
Aujourd'hui, la contrainte était d'écrire à partir de 3 mots : Ramification, Politique et Écume
Voilà le texte que j'ai soumis :
Il n'y avait que du bruit autour de moi. C'était dans ce capharnaüm constant de sons que se trouvait ma place. Au milieu de la mer, sur mon bateau craquant, battu par les vents.
L'aube froide éclairait la blancheur éclatante des voiles, les rayons baignaient mon visage de leur petite chaleur. Mes cheveux battaient l'air comme le vent faisait battre les ailes. Sur le pont, juste derrière la poulaine qui précédait la coque fendant les flots, j'admirais cet horizon ensoleillé où se joignaient ciel et mer.
Cap à l'Est depuis trois jours, notre voyage s'apprêtait à se terminer. J'étais emplie d'un sentiment étrange à cette idée. Qu'est-ce que je pourrais bien faire après cette fin qui se présentait ? Que deviendrais-je sans ce moteur qu'avait été la révolution ?
Trois années entières à parcourir les mers du continent, ces grandes étendues fermées qui paraissaient pourtant infinies. Trois années à voguer de port en port, à infiltrer chaque ramification du gouvernement, à amputer l'arbre de ses membres corrompus. Avec mes camarades, nous œuvrions pour un monde meilleur, une société où la politique ne serait pas affaire de pouvoir ni d'argent, mais bien de coopération et de solidarité.
Trois ans que je n'avais plus d'autre vie que celle de cheffe de la révolution.
J'avais adoré cette vie, mais il était temps d'en changer. Il était temps de changer la vie des millions d'habitants de ce continent.
J'offrais un dernier regard appréciateur au Soleil qui émergeait, un dernier sourire.
Je repartis vers le centre du bateau et après un court raclement de gorge, je m'exprimai haut et fort :
- Camarades ! Le jour s'est levé !
Les soutes s'agitèrent de bruit et quelques instants plus tard, tout l'équipage était autour de moi.
- Aujourd'hui, nous achevons notre travail ! Aujourd'hui, nous mettons le point final à ces années de labeur ! Aujourd'hui, nous déracinons l'arbre.
La satisfaction s'emparait de moi et faisait couler l'adrénaline dans mes vaisseaux. Je voyais la détermination dans le regard de tous ces gens, cette soif de justice, de bonheur. Bientôt, le fluide de la victoire coulerait et alors leurs gosiers ne seraient plus jamais secs.
- Préparez tout ce dont nous aurons besoin pour notre action. Nous accostons dans trois heures. Après cela commencera la quête finale.
Je claquais dans mes mains en souriant à l'assemblée si diverse. Des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes, quelques enfants qui n'étaient pas nés sur le bateau et d'autres qui y avaient toujours vécu. Tous ces gens voulaient voir le soleil se coucher sans redouter ce qui adviendrait d'eux le lendemain et sans haïr la journée écoulée.
Ils commencèrent à s'affairer. Chacun avait son rôle à jouer, chacun savait ce qu'il devait faire. Je me dirigeai vers le bureau de décisions où les cartes de la ville et les plans du Bâtiment du Conseil étaient étalées. Je me passai une énième fois toutes les étapes de notre frappe en tête une dernière fois. Tout était huilé, la mécanique rodée. Nous n'avions pas essuyé beaucoup d'échecs lors de nos manœuvres et celle-ci ne devait pas se solder en fiasco. Ce ne serait pas le cas.
Deux heures plus tard, alors que je surveillais les derniers préparatifs depuis le poste de barre, le cri de la vigie arrêta tout mouvement.
- Terre en vue !
Ce n'était pas seulement de la terre qu'il voyait. Ce n'était pas seulement une vulgaire montagne qui sortait de l'eau à mesure que nous nous en approchions.
C'était la capitale, cette ville où tout se rejoignait, où les rues vivaient autant que les habitants avant que le Conseil ne soit contrôlé par l'horrible Directeur qui ne jurait que par sa propre suprématie. Cette capitale, je m'étais juré de la sauver.
Et dans quelques moments, je le ferai.
Lorsque les trois heures furent écoulées, notre barque effleura le sable en même temps que l'écume immaculée. La mousse se déposa sur le sable noir et apparut grise. Je ne pus m'empêcher de voir là la représentation de notre révolution.
Nos cœurs étaient purs, avaient une intention juste, et en combattant la noirceur émise par d'autres nous apparaissions, certes, un peu plus gris, mais le mal disparaissait.
Je dégainai mon sabre, admirai son fil affûté, le fit tournoyer quelques fois pour retrouver ma mémoire musculaire. Quand je l'eus bien en main, je me tournai vers mes camarades, tous prêts, remplis d'espoir pour l'avenir.
- Allons chercher nos jours meilleurs.
Après un dernier regard, je me glissai dans les arbres qui bordaient la plage un peu à l'écart de la ville où nous avions débarqué. Le volcan, seul témoin de notre avancée, semblait gronder lui aussi. Peut-être n'était-ce qu'une hallucination, mais je décidais d'y croire.
Nous sortîmes de la forêt dans le jardin du Palais.
Nos cris étaient chargés de vent, nos mouvements, de vagues, et nos cœurs, d'écume.
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J'ai obtenu la note de 4,5/6.
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