Lundi 12 juillet 2021

Sachez qu'une nouvelle phase du Carnet des Dieux a commencé. J'ai changé d'équipe : dorénavant la première épreuve que je rends est doublée ( donc aujourd'hui ) et les textes du lundi et du jeudi sont majorés d'un demi point.

Aujourd'hui, comme tous les lundis, il fallait écrire à partir d'une œuvre d'art.
C'était Goudron sur Verre de Pierre Soulages :


Voilà le texte que j'ai soumis :

TW : Violence

Il faisait blanc.

Je ne savais pas où, je ne savais pas quand, mais il faisait blanc.

Il ne faisait pas blanc comme un jour blanc, où les nuages filtrent les rayons du soleil et rendent le ciel immaculé.

Il faisait juste blanc. Sans sol, sans ciel, sans nuages, sans air.

Juste blanc.

Le blanc demeura alors que je me rendais compte que mes yeux étaient clos.

Aucune diable raison pour qu'ils restent clos, alors je les ouvris.

D'abord, le blanc resta imprimé sur ma rétine. Mais petit à petit, des traits noirs, se croisant, apparurent.

Du bitume.

Le goudron noir de la route devant le lycée.

Les bandes blanches du passage piéton.

Je me souvenais maintenant.

Après la vue du sol, du caniveau souillé, la sensation apparut. Ce sentiment, quelque part en moi, qui me disait que j'avais mal alors que je ne le sentais pas. Cette certitude.

Et je souris.

Pourquoi m'en empêcher ?

Je posai mes paumes sur le noir rugueux.

Je poussai mon corps vers les cieux.

Chancelant, je me plaçai sur mes pieds, face à eux.

Ils me raillaient, mais je ne les entendais pas. Je le voyais juste à leur grimaces, à leurs gestes, à leurs accolades.

J'étais debout maintenant, au milieu de la route. Soudain mon corps fut douleur, l'anesthésie du blanc était partie.

Mes oreilles n'entendaient pas, ma mâchoire était bloquée, et plusieurs de mes os brisés.

J'aurais tellement voulu retrouver le blanc.

Je passais une main dans mes mèches brouillonnes et je sentis la moiteur, la viscosité de leur écoulement entre mes doigts. C'était donc ça qui faisait pulser mon crâne.

Alors je souris de plus belle. Mon visage maintenant dégagé s'offrait à leurs yeux rieurs et leurs moqueries s'éteignirent comme les lumières des appartements dans le lointain.

La violence figea leurs regards et leurs corps dans cette attitude qu'avaient les hommes qui voulaient et aimaient faire souffrir.

Ils s'approchèrent et je ne reculai pas. Il n'y avait que la souffrance en moi. Cette douleur qu'ils avaient provoquée au fil des jours, des semaines, des mois, avec leurs mots ou leurs poings, peu importait, cela faisait toujours aussi mal.

J'avais mal dans mon cœur et dans mon corps, ces deux entités si proches en sonorités et qui résonnaient en ce moment des mêmes accords.

Mon corps voulait abandonner. Je titubais, je pleurais sang par toutes les ouvertures tailladées dans ma chair. Mes yeux se fermaient presque d'eux-mêmes et pourtant je voulais voir ce qui allait se passer.

Mon cœur avait déjà abandonné, la preuve : je souriais.

Je souriais alors que cela me déchirait les joues de douleur.

Je souriais car je savais que la fin était proche.

Je retrouverais bientôt le blanc réconfortant.

Leurs phalanges s'écrasèrent dans mon sourire, leurs pieds dans mes jambes, leurs crachats sur mon torse, mais leurs mots haineux ne trouvèrent pas de terrain d'atterrissage dans mes tympans.

Et je me laissais écraser sur le sol.

Les phares blancs éclairèrent ma silhouette, étalée en travers de l'avenue.

Et le blanc récupéra mon cœur et mon corps.

Puis les phares révélèrent la peinture blanche du passage clouté, et mon sang noir qui la souillait, et mon corps froid qui le déversait.

---
J'ai obtenu la note de 6/6 ( sans majoration )

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top